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Module SST6

Structures métalliques

Partie I
Les aciers et les produits sidérurgiques
Les poutres et poteaux métalliques

IUT du Limousin Semestre 2


Département Génie Civil 2015 / 2016
Emmanuel MARIEZ
Elie BASTIEN
Fazia FOUCHAL
Sommaire de la partie I

1 Les aciers courants de construction, matériaux industriels ....................................................... 1


1.1 Structure interne : atouts et points faibles des aciers............................................................. 1
1.2 Caractéristiques mécaniques ................................................................................................. 2
2 Les produits sidérurgiques ........................................................................................................ 4
2.1 Les produits courants............................................................................................................. 4
2.2 Les produits dérivés pour la construction.............................................................................. 6
1.1.1 Les profilés pliés ............................................................................................................ 6
2.2.1 Les poutrelles ajourées ................................................................................................... 6
2.2.2 Les P.R.S. ....................................................................................................................... 6
3 Typologie des ouvrages métalliques ......................................................................................... 7
3.1 Les bâtiments et les couvertures spéciales ............................................................................ 7
3.2 Les ponts................................................................................................................................ 7
3.3 Les structures verticales élancées .......................................................................................... 8
3.4 Les ouvrages de stockage de matériaux fluides ou pulvérulents........................................... 8
3.5 Conclusions ........................................................................................................................... 8
4 Charpentes métalliques ............................................................................................................. 9
5 Réglementation pour la conception : l’Eurocode 3 ................................................................. 11
6 Classification des sections droites des barres ......................................................................... 13
6.1 Ductilité plastique des aciers de construction ..................................................................... 13
6.2 Définition des classes de section ......................................................................................... 14
7 Vérifications aux ELU ............................................................................................................ 19
7.1 Résistance des éléments à l’effort axial de compression..................................................... 19
7.1.1 Flambement expérimental ............................................................................................ 19
7.1.2 Longueur de flambement de calcul et réalité ............................................................... 19
7.1.3 Limite du modèle élastique déterministe d’Euler ........................................................ 21
7.1.4 Courbes de flambement de l’EC3 ................................................................................ 24
7.2 Résistance des sections transversales à l’effort axial de traction ........................................ 26
7.3 Résistance des sections transversales en flexion pure ......................................................... 27
7.4 Résistance des sections transversales à l’effort tranchant ................................................... 28
7.4.1 Résistance à l’effort tranchant seul .............................................................................. 28
7.4.2 Résistance à l’effort tranchant avec présence de moment de flexion .......................... 28
7.4.3 Résistance des sections transversales à la flexion bi-axiale avec effort normal ......... 29
8 Vérifications des éléments structuraux aux ELS .................................................................... 29
9 Poutres à treillis....................................................................................................................... 31
9.1 Forme................................................................................................................................... 31
9.2 Dimensions .......................................................................................................................... 31
9.3 Calcul des efforts ................................................................................................................. 31
9.4 Dimensionnement des barres............................................................................................... 32
9.4.1 Résistance des barres à la traction ............................................................................... 32
9.4.2 Résistance des barres à la compression ....................................................................... 32
9.5 Longueur de flambement des barres ................................................................................... 32
9.6 Calcul des déformation Déformations ................................................................................ 33
9.7 Calucl des efforts secondaires ............................................................................................. 34
9.7.1 Défaut de convergence des axes des barres ................................................................. 34
9.7.2 Efforts secondaires dus aux déformations ................................................................... 34
9.7.3 Conséquence sur les dispositions constructives ........................................................... 34
Les aciers courants de construction, matériaux industriels
Structure interne : atouts et points faibles des aciers.

La structure des matériaux métalliques à été étudiée dans le module MX1. Vous connaissez donc
les différents éléments constitutifs des aciers et les modes d’obtention de ces matériaux industriels.
Les aciers de construction possèdent une structure atomique leur conférant des propriétés
particulières avec des conséquences importantes sur leur utilisation en génie civil :

1. Une densité élevée liée à des résistances mécaniques importantes. L’acier


possède donc un rendement mécanique élevé en comparaison d’autres matériaux de
construction : il permet de concevoir des structures « légères », architecturalement aérées (les
surfaces habitables sont maximum), en augmentant les portées franchies et en réduisant les
actions verticales sur les systèmes de fondation. D’autres avantages très appréciables peuvent
être également retenus : les structures légères sont plus résistantes aux actions sismiques et leur
construction nécessite des systèmes de levage moins importants.

2. Matériaux ductiles puisque les


aciers de construction peuvent absorber
de grandes déformations avant de
rompre (figure n°1 ci-contre). Cette
propriété observée en TP ST1 est
primordiale pour la sécurité structurale
d’un pro jet dans les études aux états
limites ultimes.

Figure 1 : Loi de comportement en traction des


aciers S235 et S355 à température ambiante

3. Isotropie : L’acier résiste aux diverses sollicitations mécaniques indépendamment de sa


structure atomique interne.
4. Conductivité thermique : les transferts de chaleur s’effectuent rapidement dans les
métaux. La première conséquence est que les structures métalliques possèdent une mauvaise
capacité d’isolation thermique bien connue ; l’isolation thermique des enveloppes de bâtiment
doit donc être effectuée par ajout de matériaux isolant spécifiques comme pour les structures
non métalliques.
La seconde conséquence, drastique pour la sécurité structurelle, est que le module élastique des
aciers diminue fortement lorsque la température du métal augmente (figure n°2 ci-dessous). En
effet, la conductibilité thermique étant importante, les aciers captent très rapidement le moindre
apport de chaleur tel que celui fourni par un incendie : la ruine de la structure peut donc
intervenir très rapidement à cause des déformations excessives induites par la diminution
violente du module élastique.
L’histoire nous prouve que ce phénomène
est le principal défaut des structures
métalliques. Les remèdes consistent à
limiter d’une part les apports de chaleur
accidentels et d’autre part de limiter la
vitesse de transfert dans la structure en
interposant d’autres matériaux.
Figure 2 : Loi de comportement d’un acier
S235 à différentes températures

5. La conductivité électrique élevée des aciers est une propriété utilisée dans de
nombreuses méthodes de soudage permettant d’effectuer une continuité matérielle fine entre deux
pièces. La conductivité électrique peut néanmoins être pénalisante dans le cas de structures
équipées d’installations à courants forts : dans ce cas, les résistances mécaniques sous charges

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cycliques (résistance à la fatigue) peuvent être affectées par la circulation dans la structure de
courant parasites. Ce problème affecte également les aciers de précontrainte.
6. Taux de carbone (ou équivalent) : il caractérise la capacité de l’acier à être soudé de façon
durable ou non.
7. Corrosions : de part leurs propriétés électro-chimiques, les aciers de constructions sont
facilement oxydables. Les structures métalliques peuvent voir leur capacité portante diminuer dans
le temps par perte de sections résistantes liée à ce phénomène néfaste. Il est donc nécessaire de
prendre ce phénomène en compte, dès la phase de projet d’une construction, en prévoyant une
protection ou un sur-dimensionnement des sections soumises aux corrosions. Une autre solution
consiste à utiliser des aciers spéciaux tels que les aciers patinables ou inoxydables.

Comme toujours en génie civil, l’utilisation optimale d’un matériau de construction demande une
grande connaissance de ses diverses propriétés. Lorsque toutes ces propriétés ont été prises en compte, il
est possible de choisir la ou les solutions adéquates en fonction du coût. Le choix ne dépend pas
uniquement de la structure seule mais aussi de son environnement et des contraintes de mise en œuvre lié à
l’entreprise et aux transports.

Il est très important de noter que les aciers possèdent une structure bien connue et stable, produite
industriellement avec une variabilité très faible comparée à d’autres grands matériaux de construction (béton
ou bois). Ce point est d’autant plus important que les méthodes de dimensionnement semi-probabilistes (cf.
module ST1) permettent d’affecter les résistances des matériaux structuraux de coefficients partiels de
sécurité optimisés : les aciers possèdent actuellement les coefficients les plus faibles. Les économies
engendrées lors du dimensionnement sont fort appréciables.

Pour finir, pour les aciers de construction l’Eurocode 3 fixe les grandeurs physiques suivantes :

  7850 kg.m3 
 masse volumique :
  .
  12.10  6 K  1 
 coefficient de dilatation thermique :   pour T ≤ 100 °C.

Caractéristiques mécaniques
Une fois que l’acier a été choisi pour construire, la principale propriété qui intéresse le projeteur sont
les caractéristiques mécaniques intrinsèques du matériau. L’objectif est de pouvoir déterminer les quantités
de matière dans la structure permettant de supporter les différentes sollicitations.
Les aciers possèdent une désignation symbolique normalisée (NF EN 10027) basée soit sur les
caractéristiques mécaniques ou physiques (groupe 1) soit sur la composition chimique (groupe2). Pour le
dimensionnement, la première désignation est plus appropriée :
Symboles Symboles
principaux additionnels
1 2 3 4
exemple S 355 J2 N

1 S pour acier de construction (Structure), B pour les aciers à béton, etc


2 Valeur nominale de la limite d'élasticité notée en MPa pour la gamme d'épaisseur la
plus faible. Cette valeur est appelée nuance de l ‘acier.
3 Energie de rupture minimale en Joules pour une température d'essai de résistance aux chocs
définie par un système de lettres et de chiffres déterminés comme suit :

Température [°C]
20 0 -20 -30 -40 -50 -60
Energie de 27 JR J0 J2 J3 J4 J5 J6
rupture (Kv) 40 KR K0 K2 K3 K4 K5 K6
[J] 60 LR L0 L2 L3 L4 L5 L6

4 Modalité d'obtention de l'acier : M (formage thermomécanique),


N (normalisé ou par laminage normalisant) ou Q (trempé et revenu)

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Les points 3 et 4 représentent la qualité de l’acier.
Les caractéristiques, compositions chimiques et conditions générales de livraison, incluant l'état final de
livraison des aciers de construction, sont définies par les trois principales normes européennes suivantes :

NF EN 10025 « Produits laminés à chaud en aciers de construction non alliés » : cette norme
concerne des aciers de limites d'élasticité échelonnées de 235 à 460 MPa. Ces aciers sont normalement
livrés soit bruts de laminage, soit à l'état normalisé ou équivalent.

NF EN 10113 « Produits laminés à chaud en aciers de construction soudables à grain fin »:


elle concerne des aciers de limites d'élasticité échelonnées de 275 à 460 MPa. Ces aciers peuvent être
soit livrés à l'état normalisé ou équivalent, soit obtenus par laminage thermomécanique.

Le choix des qualités d'acier, notamment la résilience (résistance aux chocs), devient indispensable
pour des constructions qui sont réalisées dans des conditions climatiques particulières, par exemple dans des
stations de sports d'hiver où la température de service peut être très basse. Dans les cas les plus courant de
la construction métallique, la nuance S 235 est utilisée par défaut avec la meilleur rapport qualité/prix. Les
nuances S 275, S 355 et S 450 sont utilisées plus rarement, par exemple pour les ouvrages d'art.

Enfin, les normes actuelles autorisent le calcul en plasticité (étudié au module MS4) dans l'analyse
globale des structures ou de leurs éléments, à la condition que l'acier satisfasse aux trois exigences
suivantes :
f
1. la contrainte nominale à la rupture en traction notée u , doit être supérieure de 15 % au
f
moins à la limite d'élasticité y ,
r
2. l'allongement relatif à la rupture doit être supérieur à 15 % ,
r 
3. l'allongement à la rupture doit être supérieur à 15 fois l'allongement limite élastique e .
Les nuances d'acier figurant dans le tableau suivant extrait des normes aciers NF EN satisfont à ces
trois exigences. Elles permettent donc un dimensionnement plus économique puisque l’on peut utiliser le
« réservoir de plasticité du matériau ». Nous étudierons cette possibilité dans le cours sur la résistance en
flexion.

Caractéristiques mécaniques des aciers de construction Nuances d'aciers (extrait NF EN 10025-2)


en fonction de leur épaisseur t
S 235 S 275 S 355 S 450
fy
Limites élastiques [MPa]
Laminés à chaud

t  40 mm 235 275 355 440


40 mm  t  80 mm 215 255 335 410
fu
Contraintes de rupture en traction [MPa]
t  40 mm 360 430 490 550
40 mm  t  80 mm 360 410 470 550

Nuances d'aciers (extrait NF EN 10210-1)


S 235 H S 275 H S 355 H S 460 NH
fy
Limites élastiques [MPa]
t  40 mm 235 275 355 460
Profils creux

40 mm  t  80 mm 215 255 335 430


fu
Contraintes de rupture en traction [MPa]
t  40 mm 360 430 510 560
40 mm  t  80 mm 340 410 490 550

Module d’élasticité longitudinal : E  210 GPa


Module de cisaillement : G  81 GPa
Coefficient de Poisson :   0,3

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Les produits sidérurgiques
La construction métallique utilise des produits métalliques industriels de formes, dimensions et
caractéristiques variés. Ces produits préfabriqués sont préparés en atelier pour pouvoir être assemblés entre
eux soit en atelier soit directement sur chantier. Toute construction métallique utilise ces « briques
élémentaires » pour reconstituer la structure recherchée par le projeteur.

Les produits courants

Vous possédez un catalogue de profilés usuels que nous continuerons d’utiliser durant ce cours.

Les tableaux ci-dessous présentent les grandes familles de produits. Chaque profilés est conçu pour
remplir des fonctions mécaniques bien particulières au sein d’une structure que nous découvrirons au fur et
à mesure du cours.

IPN IPE

HEA HEB

Poutrelles classiques

UPN UAP

Cornière égale Cornière inégale Té égal à congé Petit fer U

Laminés
marchands
usuels Fer plat Rond Carré

Profil creux rond Profil creux carré Profil creux rectangulaire

Profils creux

(les profils creux peuvent être laminés à chaud ou formés à froid puis soudés)
Produits Tôle laminées à chaud ou bobine ; bande refendue au chaud ; tôle forte et plaque ; tôle
plats laminée à froid en feuille ou en bobine.

Tous ces produits sont livrés en longueur de 6 ou 12 mètres sauf pour les bobines.

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Les profilés existent avec des dimensions et épaisseurs variables. Les catalogues de profilés utilisent
les notations et repérages suivants pour définir les caractéristiques géométriques des sections fabriquées et
éventuellement des associations de plusieurs sections. Les tolérances des caractéristiques sont définies de
façon normative.
Le mm est l’unité de prédilection de la construction métallique.

Important : les notations de ce cours seront celles utilisées par l’Eurocode 3 (Partie 1-1 1.6.7). Les anciennes
notations CM sont données pour mémoire dans votre catalogue fourni.
Les épaisseurs normalisées des tôles et plaques sont (en mm) :
1,5 – 2 – 2,5 – 3 – 4 – 5 – 6 – 8 – 10 – 12 – 15 – 16 – 18 – 20 – 22 – 25 – 30 – 35 – 40 – 45.

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Les produits dérivés pour la construction

1.1.1 Les profilés pliés


Profils souvent galvanisés, ils sont très utilisés en charpente industrielle comme pannes de toiture et
lisses de bardage. La forme bien étudiée (Σ, Z, U, L) fait que ces profils ont des bonnes caractéristiques en
flexion. Vu leur poids réduit, ils sont facilement maniables.
Les perforations de fixation en combinaison avec les grandes longueurs possibles (5 à 15 mètres
suivants les produits) et les repères sur les profils garantissent un montage rapide.
Grâce à la galvanisation, ils sont extrêmement résistants à la corrosion et ne nécessitent pas d'entretien. Les
profilés sont accompagnés d'une collection d'accessoires pour leur mise en œuvre (liernes, éclisses,
échantignoles,tirants, bracons).

Extraits documentation Arcelor

2.1.1 Les poutrelles ajourées

Elles sont fabriquées à partir de poutrelles standards I ou H par découpe de l’âme suivant une ligne
en dent de scie et soudure avec ou sans ajout de « plaquettes intercalaires ». Cette solution permet
d’augmenter les portées franchies avec la même quantité de matière. De plus, les alvéoles permettre le
passage d’éventuels équipements techniques.

2.1.2 Les P.R.S.


Ce sont les Profilés Reconstitués Soudés à partir de produits plats soudés. Cette technique permet
de fabriquer des profilés de grandes hauteurs pour lesquels il n’existe pas de profils laminés, éventuellement
à hauteur variable. L’utilisation de tôles de nuances différentes peut être envisagée. Cette méthode est très
souvent utilisée pour les ouvrage d’art : exemple du Viaduc mixte de Vézère-Corrèze sur l’A89 ci-après.

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Typologie des ouvrages métalliques
Quatre groupes principaux d'ouvrages métalliques peuvent être distingués. Il s'agit respectivement
des bâtiments et des couvertures spéciales, des ponts, des structures verticales élancées et enfin
des ouvrages destinés au stockage ou au transport de matériaux fluides ou pulvérulents.

Les bâtiments et les couvertures spéciales


Ce type d'ouvrages correspond à des ensembles qui sont constitués d'une ossature porteuse
supportant une enveloppe totale ou partielle, destinée à isoler le contenu du bâtiment de certaines actions du
milieu extérieur. Suivant leur nature et leur destination, ils comportent éventuellement des planchers et des
cloisons.
Ce groupe de structures comprend différentes sortes de réalisations incluant les bâtiments d'habitation
et les bâtiments à usage de bureau, mais aussi les centres commerciaux, les constructions agricoles comme
les hangars et les serres, les bâtiments destinés aux fabrications industrielles ou au stockages, les bâtiments
scolaires, les ouvrages destinés aux activités physiques et sportives, les auditoriums, les salles de spectacles
et les grandes salles de conférence, etc. De grandes variétés de formes et de dimensions le caractérisent
puisqu'il couvre l'ensemble des structures allant des halles industrielles parallélépipédiques jusqu'aux gratte-
ciel en passant par les géodes de forme sphérique. Il est à noter que la présence ou non de ponts roulants
constitue un élément de dimensionnement important des structures à usage industriel. Ce groupe de
construction représente la majorité des marchés de construction métallique.
Les couvertures spéciales comme les gares, les tribunes de stade , les couvertures de péages
autoroutiers ou de stations-service et les verrières font également partie de ce groupe.
Ces structures se modélisent en général à l'aide d'éléments de barre ou de poutre.

Les ponts
Les ponts ou ouvrages d'art représentent un secteur d'activités important pour la construction
métallique. Il s'agit de ponts à poutres droites ou courbes, de ponts en arc ou à béquille, de ponts suspendus
ou haubanés. La dalle peut être en acier (dalle constituée d'une tôle de platelage raidie par des nervures
longitudinales) ou en béton. Dans ce dernier cas, elle est souvent liée à la structure porteuse en acier par
l'intermédiaire de connecteurs et elle prend le nom de dalle collaborante ; l'ouvrage rentre alors dans la
catégorie des ponts mixtes acier-béton.
Pendant longtemps, les ponts ont été constitués de poutres en treillis réalisées à partir de cornières et
de plats assemblés par rivetage ou par boulonnage. Ces poutres étaient alors disposées pour permettre la
mise en place de la dalle supportant le trafic, soit au niveau de leur membrure supérieure, soit au niveau de
leur membrure inférieure ; le choix dépendant essentiellement du gabarit à respecter sous l'ouvrage, De
nombreux ponts de chemin de fer ont été construits selon la dernière disposition afin de limiter la différence
de niveau à franchir.
De nos jours, les progrès réalisés en matière de soudage permettent de concevoir la plupart des
ouvrages d'art en acier à partir de poutres ou de caissons à âme pleine en acier possédant des formes
relativement complexes.

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Dans le cadre d'une analyse, en fonction de la nature de la structure, en treillis ou à âme pleine et à
caisson, les ponts se modélisent respectivement par des éléments de barre ou de poutre, des éléments de
plaque ou de coque.

Les structures verticales élancées


Les plates-formes offshore de type « jacket » ou à lignes tendues, font partie de ce groupe, ainsi que
les tours, les mâts et les pylônes , destinés par exemple au transport de l'énergie électrique, à supporter les
antennes de transmission de signaux hertziens ou encore des câbles de remontées mécaniques. Il faut
également leur associer les grues et les systèmes de levage en général comme les portiques de déchargement
portuaires.
Si ces structures sont destinées à supporter des charges gravitaires diverses, elles présentent toutes la
particularité de posséder un poids propre aussi faible que possible et d'être soumises à des charges
horizontales parasites comme le vent ou la houle. Afin de limiter l'intensité des actions correspondantes, ces
ouvrages sont le plus souvent réalisés en treillis. Ils peuvent être constitués de pièces de dimensions plus ou
moins importantes (de gros tubes soudés pour les structures offshore, des cornières pour les pylônes ou
même des caissons pour certains portiques de levage), mais ils visent à offrir un maître-couple aussi faible
que possible face aux actions horizontales dues au vent. En conséquence, ils ne comportent souvent aucun
remplissage. La Tour Eiffel est certainement l'exemple de plus connu des structures de ce type.
Selon le type de liaison entre les éléments (articulés ou non), ces structures se modélisent à base
d'éléments de barre ou de poutre comme pour les bâtiments.

Les ouvrages de stockage de matériaux fluides ou pulvérulents


Cette catégorie d'ouvrages concerne essentiellement les silos, les réservoirs, les pipelines destinés au
transport des fluides sur de grandes distances mais aussi les cheminées. D'une manière générale, leur
enceinte doit présenter une étanchéité suffisante en relation avec la nature du produit contenu ou transporté.
À la différence de la catégorie précédente, ces structures sont constituées de plaques et de coques plus ou
moins raidies associées ou non à une ossature porteuse .
Les silos sont destinés au stockage des produits granulaires ou pulvérulents. Il en existe deux types :
 les silos-tours, destinés à conserver un matériau pendant de longues périodes. Ils sont de
capacité souvent très importante (10000 tonnes ou plus) et permettent par exemple de stocker du grain, du
sucre ou des engrais ;
 les accumulateurs, conçus pour maintenir en réserve un stock-tampon d'un produit alimenté
souvent de manière discontinue mais extrait de manière pratiquement continue. Il s'agit en particulier
des silos à ciment ou à minerai. Par leur nature, ces silos sont habituellement de contenance plus faible
que ceux du premier type.
Les réservoirs, de forme cylindrique ou sphérique, sont réservés au stockage des liquides et des gaz
(hydrocarbures, gaz liquéfiés ou sous pression, etc.). Les pipelines, constitués de gros tuyaux, sont destinés au
transport de ces produits.
Les cheminées représentent un ensemble à part de structures de ce type. Proches des structures
verticales élancées, elles sont cependant constituées d'une enveloppe continue.
Ces structures sont modélisées à base d'éléments de coque.

Conclusions
Les modules MS vous permettent de prédire le comportement mécanique des poutres mais n'aborde
pas le comportement des coques et/ou des plaques. Il en résulte que nous concentrerons à l'IUT notre étude
des constructions métalliques aux bâtiments et à certains types de ponts (les bi-poutres par exemple).
La suite du cours traite donc exclusivement des éléments porteurs tels que les poutres et les
poteaux ainsi que leurs assemblages divers et variés. Les figure n°3 et n° 4 de la page suivante présentent
des charpentes métalliques types correspondant à cette limitation. Elles sont accompagnées du vocabulaire
minimal qu’il est nécessaire de connaître.

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Charpentes métalliques

Figure 3 : Charpente métallique à portique ; vocabulaire

Figure 4 : Charpente métallique poteaux-poutres ; vocabulaire


Vous avez étudié au module ST1 le calcul des actions sur une structure et la transmission de ces
actions à travers des structures telles que les charpentes des figures 3 et 4. Vous avez notamment
discerné différents types d’éléments porteurs dans ce type de construction :

SST6 – Construction Métallique 9 IUT - Génie Civil - Egletons


 Les porteurs horizontaux tels que poutres et planchers recevant des charges verticales qu’ils
transmettent aux appuis dans le plan horizontal. Ces porteurs sont constitués par :

o des poutres à âme pleine comportant deux semelles et une âme (ex : IPE)

o des poutres en treillis avec des membrures, des montants et des diagonales,

Figure 5 : Poutre treillis

o des poutres métalliques associées à des dalles en béton constituant des poutres mixtes.

Figure 6 : Poutre mixte acier- béton armé

Chacune de ces poutres peuvent être soumises à de la flexion, de la torsion et


éventuellement à de la traction ou compression.

 L’ossature verticale constituée de poteaux qui transmet jusqu’au fondations les charges
verticales cumulées. Ces poteaux sont le plus souvent constitués de profils I ou H éventuellement
renforcés par soudage de plat en cas de fortes charges. Les profils creux sont également utilisés et
présentent des avantages architecturaux.

Figure 7 : Poteaux types

Notons que les profils creux peuvent être associés à du béton éventuellement armé.

 Les systèmes de contreventement horizontaux et verticaux qui transmettent aux


fondations les efforts horizontaux qui s’exercent sur la construction dus par exemple aux actions du
vent ou aux actions sismiques. Le systèmes le plus économique et le plus efficace consiste a
trianguler la charpente à l’aide de croix de Saint-André, système que vous avez déjà étudié au
module ST1.

SST6 – Construction Métallique 10 IUT - Génie Civil - Egletons


Figure 8 : Contreventement par triangulation

Tous les éléments structuraux sont liés entre eux à l’aide d’assemblages mécaniques de conception très
variées. La fonction de ces assemblages est d’assurer la transmission des sollicitations à travers la
structure et d’assurer la stabilité globale de celle-ci.

Réglementation pour la conception : l’Eurocode 3

Ce code européen de « calcul des structures en acier » et son Annexe Nationale (AN) permettent de
concevoir et de vérifier les constructions métalliques telles que les bâtiments, les ponts les mâts et pylônes
haubanés, les silos, les réservoirs, les canalisations, les pieux, les palplanches ainsi que les chemins de
roulement.

Le tableau de la page suivante présente les différentes parties de l’Eurocode 3 qui ont été publiées par
l’AFNOR depuis 1992. A ce jour, ces textes qui définissent les exigences de résistance, d’aptitude au
service et de durabilité des structures aciers représentent un document papier de près de 2000 pages.
La typologie présentée à la partie 3 sert en partie à structurer le corps de l’Eurocode 3.

EUROCODE 3 – STRUCTURES EN ACIER


Référence norme Contenu
NF EN 1993-1-1 Partie 1-1 : Règles générales et règles pour les bâtiments.
Chapitre 1 : Généralités.
Chapitre 2 : Bases de calcul.
Chapitre 3 : Matériaux

SST6 – Construction Métallique 11 IUT - Génie Civil - Egletons


Chapitre 4 : Durabilité.
Chapitre 5 : Analyse structurale.
Chapitre 6 : Etats limites ultimes.
Chapitre 7 : Etats limites de service.
NF EN 1993-1-2 Partie 1-2 : Calcul du comportement au feu.
NF EN 1993-1-3 Partie 1-3 : Profilés et plaques formés à froid.
NF EN 1993-1-4 Partie 1-4 : Aciers inoxydables.
NF EN 1993-1-5 Partie 1-5 : Plaques planes chargées dans leur plan.
NF EN 1993-1-6 Partie 1-6 : Coques.
NF EN 1993-1-7 Partie 1-7 : Plaques planes chargées transversalement à leur plan.
NF EN 1993-1-8 Partie 1-8 : Calcul des assemblages.
NF EN 1993-1-9 Partie 1-9 : Fatigue.
NF EN 1993-1-10 Partie 1-10 : Choix des qualités d’acier.
NF EN 1993-1-11 Partie 1-11 : Calcul des structures à câbles, tirants ou autres éléments tendus.
NF EN 1993-1-12 Partie 1-12 : Règles additionnelles pour l’utilisation des aciers S700
NF EN 1993-2 Partie 2 : Ponts métalliques
NF EN 1993-3 Partie 3 : Tours, mâts et cheminées
NF EN 1993-4 Partie 4 : Silos, réservoirs et canalisations
NF EN 1993-5 Partie 5 : Pieux et palplanches
NF EN 1993-6 Partie 6 : Chemins de roulement
en préparation… Partie 7 : Structures marines et maritimes
en préparation… Partie 8 : Structures agricoles

Nous n’utiliserons dans ce cours que les parties concernant les bâtiments. Seule une petite partie de cette
sélection (les zones grisées) vous sera présentée au fur et à mesure du cours : l’objectif n’est pas de vous
faire utiliser directement les textes réglementaires mais plutôt de vous fournir en fonction des besoins les
« morceaux choisis ».

L’Eurocode 3 utilise l’Eurocode 1 pour la détermination des actions et de leurs combinaisons. En ce qui

concerne les coefficients partiels M affectant les résistances caractéristiques des aciers, l’Eurocode 3 utilise
M
une collection de valeurs i que nous découvrirons tout au long du ce cours.

Attention : le présent document utilise l’Annexe Nationale à la NF EN


1993-1-1 de mai 2007.
En cas d’utilisation pour un autre pays, consulter les différentes
annexes disponibles.

SST6 – Construction Métallique 12 IUT - Génie Civil - Egletons


Classification des sections droites des barres
Ductilité plastique des aciers de construction
L’acier possède une loi de comportement élasto-plastique en traction-compresssion permettant des
déformations importantes avec un plafonnement des contraintes normales (cf. figure n°1 du chapitre1).
L’Eurocode 3 considère une relation contrainte-déformation simplifiée bi-linéaire (figure 9) :

Figure 9 : relation contrainte-déformation bi-linéaire (extrait EC3)

Cela signifie, par exemple, qu’une section d’une poutre en acier suffisamment sollicitée en flexion
peut voir ses fibres les plus déformées entrer dans le domaine plastique alors que des fibres voisines, moins
 f y
sollicitées, restent dans le domaine purement élastique ( ). Si la sollicitation vient alors à augmenter,
les fibres déjà plastifiées présenteront la même résistance (en réalité légèrement supérieure) en continuant
à se déformer et ce sont certaines fibres précédemment moins déformées qui entreront alors dans le
domaine plastique. Progressivement, la sollicitation augmentant, toutes les fibres de la section peuvent ce
plastifier pour former une rotule plastique. Le moment résistant de la section augmente jusqu’à ce que
toutes les fibres soient plastifiées : il devient alors constant (non nul) d’où le vocable de rotule plastique.
L’Eurocode 3 permet de prendre en compte cette capacité de plastification des sections qui permet,
à quantité de matière égale, de reprendre des sollicitations plus élevées (cf illustration à la figure 10). Il
précise toutefois que, dans certains cas, cette plastification peut être partiellement ou totalement limitée. La
figure 10 présente les différents cas pouvant se produire dans le cas d’une section fléchie susceptible de
plastifier.

Figure 10 : relation moment-rotation dans une section fléchie sans déversement (extrait EC3)

Mel.Rd
Le moment élastique résistant de calcul est obtenu lorsque la fibre la plus déformée arrive à la
f y Mpl.Rd
contrainte élastique . Le moment plastique résistant de calcul est quant à lui obtenu lorsque
toutes les fibres sollicitées sont plastifiées : ce moment représente la résistance de la rotule plastique décrite
plus haut. La figure 10 montre différents comportements pour diverses sections de poutre : quatre classes
de section sont ici représentées. Elles font référence aux classes de comportement en flexion définies par
l’Eurocode 3.

SST6 – Construction Métallique 13 IUT - Génie Civil - Egletons


Définition des classes de section
Les quatre classes de sections transversales sont :

• Classe 1 - Sections transversales pouvant former une rotule plastique avec la capacité de
rotation requise pour une analyse plastique.
• Classe 2 - Sections transversales pouvant développer leur moment de résistance plastique,
mais avec une capacité de rotation limitée à cause d’un voilement local.
• Classe 3 - Sections transversales dont la contrainte calculée dans la fibre extrême comprimée
de l'élément en acier peut atteindre la limite d'élasticité, mais dont le voilement local est susceptible
d'empêcher le développement du moment de résistance plastique.
• Classe 4 - Sections transversales dont la résistance au moment fléchissant ou à la
compression doit être déterminée avec prise en compte explicite des effets de voilement local.

Le principal paramètre de cette classification est le risque de voilement local de la section ou plus précisément des
différents plats constituant cette section lorsque ceux-ci sont comprimés. La figure 11 présente des exemples de
ce type d’instabilité locale de forme.

(a) flambement d’âme (b) flambement court de semelle

(c) flambement d’âme (d) flambement local et global de tube


Figure 11 : exemples de voilement local dans une section

SST6 – Construction Métallique 14 IUT - Génie Civil - Egletons


Ces instabilités sont directement liées à la finesse des tôles qui constituent les sections. Une section
possédant que des éléments suffisamment épais sera de classe 1. Seules ces sections dites « massives »
permettent d’utiliser le concept de rotule plastique dans l’étude d’une structure hyperstatique. Dès qu’un seul
des éléments de la section devient trop fin vis-à-vis du phénomène de voilement local alors la section est
considérée de classe 2, 3 ou 4 (sections les plus fines) : ces sections n’autorisent pas la prise en compte
d’éventuelles rotules plastiques.
Le tableau ci-dessous récapitule les quatre classes de section en fonction du comportement
moment-rotation et du diagramme de contrainte de calcul dans le cas de la flexion.

Il apparaît ci-dessus que les réductions de résistance dues aux effets de voilement local des sections
de classe 4 sont prises en compte à l’aide de la méthode des « largeurs efficaces » qui consiste à ne pas
prendre en compte une partie des parois comprimées dans les calculs résistants. Cette méthode développée
au chapitre 5.3.5 de l’EC3 n’est pas présentée ici. A titre d’exemple, la figure 12 présente différents cas
usuels de réduction. Pour de plus amples informations, consulter l’EC3.

SST6 – Construction Métallique 15 IUT - Génie Civil - Egletons


(a) Sections fléchies (b) Section comprimées
Figure 12 : exemples de réduction local de section de calcul pour la classe 4 (extraits EC3 5.3.5)

Les tableaux 5.3.1, 5.3.2 et 5.3.3 de l’Eurocode 3 (pages 19 et 20) permettent aux projeteurs un
classement systématique d’une section en fonction des élancements des différentes tôles de celle-ci mais
aussi de la sollicitation agissante qui engendre ou non des zones de compression. Le tableau ci-dessous
présente une synthèse de classement des profilés usuels de nuance S235.

SST6 – Construction Métallique 16 IUT - Génie Civil - Egletons


SST6 – Construction Métallique 17 IUT - Génie Civil - Egletons
SST6 – Construction Métallique 18 IUT - Génie Civil - Egletons
Vérifications aux ELU
Ce sont principalement les résistances mécaniques des sections transversales sous diverses
sollicitations qui font l’objet de ces vérifications. Les différents coefficients partiels utilisés pour ces
vérifications (pour les bâtiments) sont fixés par le DAN Français de l’EC3.

Symbole Valeurs Françaises Utilisation


 M0 1,00 Résistance des sections transversales (classes 1 à 4).
 M1 1,00 Résistance des barres aux instabilités.
 M2 1,25 Résistance à la rupture des sections transversales en traction.

Résistance des éléments à l’effort axial de compression


χ.A.fy
NEd  NRd 
M
A vérifier :

Aucun risque non   0,2 oui Risque


de flambement ? de flambement

 1 a,b,c ou d
Calcul de

Section de classe Section de classe Section de classe Section de classe


1,2 ou 3 4 symétrique 1,2 ou 3 4 symétrique

A.fy Aeff .fy .A.fy .Aeff .fy


NRd  Nc,Rd  Nc,Rd  NRd  Nb,Rd  Nb,Rd 
M0 M0 M1 M1

NEd NRd
: :

7.0.1 Flambement expérimental


Durant votre TP ayant pour objet d’étudier le modèle de flambement d’Euler, vous observerez le
phénomène de flambement. Le modèle mécanique permettant de prédire cette instabilité est obtenu en
écrivant l’équilibre statique d’un poteau bi-articulée (initialement droit au repos) dans son état déformée (cf.
Tableau 1 page 21) lorsque seul un effort normal de compression agit à ses extrémités. On obtient :

• la première charge critique d’Euler s’exprime en fonction de la longueur de flambement cr
(cf. Tableau 1), du module d’élasticité de l’acier E et du moment quadratique d’inertie autour de l’axe de
flambement  :
E
Ncr = 2
 cr 2
Pour le poteau bi-articulé, la longueur de flambement est la distance entre les deux articulations.
L’expérience (cf. TP) montre que :
• le flambement est un phénomène brusque et instable qui doit être évité absolument avec
une fiabilité élevée,
• les éventuels défauts géométriques du poteau ou du matériau qui le constitue ne sont pas pris
en compte dans le modèle déterministe ci-dessus bien qu’ils aient une influence certaine sur le comportement
mécanique d’un poteau.

7.0.2 Longueur de flambement de calcul et réalité


 cr
La longueur de flambement s’exprime en fonction de la longueur libre du poteau L et de ses
conditions de liaisons à ces extrémités. Souvent difficile à modéliser, ces conditions dépendent du

SST6 – Construction Métallique 19 IUT - Génie Civil - Egletons


principe d’assemblage en pied et tête de poteau. On peut néanmoins donner quelques exemples

d’assemblages en précisant le modèle choisi permettant une détermination de


 cr .

Figure 13 : exemples d’assemblages en tête de poteau aux angles de cadres


avec modélisation simplifiée. Articulation (a) Encastrement (b) (c)

Figure 14 : exemples d’assemblages en pied de poteau avec modélisation simplifiée


Articulation (a) (b) Encastrement (c) (d)
(extrait Traité de Génie Civil – vol 11 PPUR)

SST6 – Construction Métallique 20 IUT - Génie Civil - Egletons


La modélisation des liaisons aux extrémités du poteau peut s’avérer plus délicate si les éléments
solidaires de celui-ci présentent une rigidité partielle comme c’est souvent le cas pour les traverses des
portiques ou les solives des planchers. Dans ce cas, l’EC3 permet de prendre en compte les rigidités des
traverses ou solives pour déterminer finement la longueur de flambement (étudié en ST5).
En tout état de cause, les erreurs de modélisation des liaisons doivent toujours amener des rigidités plus
faibles que celles présentes en réalité : la résistance au flambement calculée est alors sécuritaire.
Une fois les liaisons modélisées, les longueurs de flambement théoriques suivantes peuvent être
utilisées :

Nœuds fixes
 cr  Nœuds déplaçables
 cr 
L L 2L
L 2 2 L

Tableau 1 : différentes longueurs de flambement en fonction des liaisons d’extrémités

7.0.3 Limite du modèle élastique déterministe d’Euler


Le comportement réel des poteaux en acier est assez différent du comportement idéalisé décrit par
la théorie d’Euler (cf. TP flambement). En général, certains poteaux peuvent subir une ruine par flambement
inélastique avant d'atteindre la charge de flambement d'Euler en raison de diverses imperfections de
l'élément "réel" dont :
 le défaut de rectitude initial et d’excentricité des efforts normaux appliqués,
 les contraintes résiduelles et l’écrouissage de l’acier.
Toutes ces imperfections affectent le flambement et, par conséquent, la résistance ultime du poteau.
Les études expérimentales de poteaux réels donnent les résultats illustrés par la figure 15. On rappelle les

cr / i, pour le
résultats démontrés en TP, en introduisant le rayon de giration, i = I / A , et l'élancement,
mode de flambement approprié :

E. E
Ncr   2   cr   2
2
 cr 2
1

Le point d'intersection P des deux courbes théoriques représente la valeur théorique maximale de

l'élancement d'un poteau comprimé jusqu'à la limite d'élasticité. Cet élancement limite, où cr est égal à la
limite d'élasticité de l'acier, est donné par l'expression :

1   E / fy  93,9    [235/ fy ]0,5


avec

1 f  235 MPa
Par exemple, est égal à 93,9 pour y

1 cr max
La contrainte minimale est obtenue à partir de l’élancement

SST6 – Construction Métallique 21 IUT - Génie Civil - Egletons


Elancement moyen Elancement élevé

P
fy

Point
d'inflexion

1 

Figure 15 : Résultats d'essais (x) de poteaux réels et courbes de flambement

Comparé aux courbes théoriques, le comportement réel montre de plus grandes différences dans le
domaine d'élancement moyen que dans le domaine d'élancement élevé. Dans la zone des valeurs moyennes
de  (représentant les éléments comprimés les plus couramment utilisés), l'effet des imperfections
structurales est significatif et doit être soigneusement étudié. La réduction la plus importante de la valeur
théorique se situe dans la région de l'élancement limite 1. La courbe limite inférieure est obtenue par une
analyse statistique de résultats d'essais et représente la limite de sécurité pour le chargement.
Un poteau peut être considéré comme élancé si son élancement est supérieur à celui correspondant
au point d'inflexion de la courbe limite inférieure indiqué dans la figure 15. La charge de ruine ultime pour
ces poteaux élancés est proche de la charge critique d'Euler et elle est donc indépendante de la limite
d'élasticité de l’acier.
Les poteaux moyennement élancés sont ceux dont le comportement s'écarte le plus de la théorie
d'Euler. Lorsque le flambement se produit, certaines fibres ont déjà atteint la limite d’élasticité et la charge
ultime n'est pas simplement fonction de l'élancement; plus les imperfections sont nombreuses, plus grande
est la différence entre le comportement réel et le comportement théorique. Les défauts de rectitude et les
contraintes résiduelles sont les imperfections qui ont l'effet le plus significatif sur le comportement de
cette sorte de poteau. Les contraintes résiduelles peuvent être réparties de diverses façons dans la section
comme indiqué dans la Figure 16.
La combinaison de contraintes résiduelles et de contraintes normales produit finalement une
plastification prématurée dans la section transversale, et l'aire efficace capable de supporter l’effort normal
est donc réduite.

SST6 – Construction Métallique 22 IUT - Génie Civil - Egletons


 0,3 f y
compression

 0,2 f y
traction

 0,2 f y
compression

Exemple de contraintes résiduelles Exemple de contraintes


résiduelles provoquées
Figure 16: Schéma des
provoquées par le laminage à chaud
(a) par le soudage

contraintes résiduelles

+ = ou

N= N/A R n < f y fy

Combinaison avec contraintes normales n atteignant f y


(b)

Un défaut de rectitude initial eo, provoque un moment fléchissant donnant une contrainte de flexion
 
maximale B (cf. figure 17a), qui, lorsqu'elle est ajoutée à la contrainte résiduelle, R donne la répartition

élastique de contraintes indiquée dans la figure 17b. Si max est supérieure à la contrainte limite d'élasticité,
la répartition finale sera partiellement plastique et des zones de certaines sections de l'élément subiront une
plastification en compression, comme indiqué dans la figure 17c.

e0

B Figure 17: Elément comprimé


(a) partiellement plastifié
N
N= N/A R B max

+ + =

(b)
P

Zones
plastifiées

P (c)

SST6 – Construction Métallique 23 IUT - Génie Civil - Egletons


7.0.4 Courbes de flambement de l’EC3
Ces courbes de flambement sont fondées sur les résultats de plus de 1000 essais réalisés sur divers
types d'éléments (I H T   ), avec différentes valeurs d'élancement (de 55 à 160) par des laboratoires
européens ayant participés à l’élaboration des Eurocodes. Une approche probabiliste, utilisant la résistance
expérimentale, associée à une analyse théorique, permet de dessiner des courbes décrivant la résistance des
poteaux en fonction de l'élancement de référence. Une imperfection géométrique sinusoïdale de grandeur
égale à 1/1000 de la longueur du poteau, ainsi que l'effet de contraintes résiduelles concernant chaque type
de section transversale, sont pris en compte.

La valeur du coefficient de réduction


 utilisé à la page 19 est obtenue en fonction de celle de

l'élancement réduit  :
A.f y A eff .f y
  sections de classe 1, 2 et 3  ou    sections de classe 4 
N cr N cr
Ce sont les « courbes de flambement » empiriques présentées en Figure 18 qui fournissent la

valeur de pour différents types de sections transversales affectées de différentes valeurs d’un facteur
d'imperfection  .
Courbe de flambement a0 a b c d
Facteur d’imperfection  0,13 0,21 0,34 0,49 0,76

Figure 18 : Courbes de flambement EC3 (Extrait EC3)

Les courbes de la figure 18 sont obtenues à partir des expressions suivantes analytiques suivantes :

1 2
 1 [1 (  0,2)   ]
2 
  2   et 2 2

Ces dernières étant lourdes à utiliser manuellement, il est possible de déterminer directement le

coefficient de réduction en fonction de l'élancement réduit  et de la courbe de flambement avec le
tableau fourni à la page suivante.
La courbe de flambement appropriée est choisie en fonction de l’axe de flambement et de la section
du poteau à l’aide du tableau 6.2 de l’EC3 également fourni ci-après.

2
Ces relations sont à utilisées pour un calcul informatisé par tableur ou autres logiciels.

SST6 – Construction Métallique 24 IUT - Génie Civil - Egletons



Coefficients de réduction
Courbes de flambement
 a0 a b c d
0,20 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000
0,25 0,9931 0,9889 0,9822 0,9746 0,9611
0,30 0,9859 0,9775 0,9641 0,9491 0,9235
0,35 0,9783 0,9655 0,9455 0,9235 0,8866
0,40 0,9701 0,9528 0,9261 0,8973 0,8504
0,45 0,9612 0,9391 0,9057 0,8705 0,8146
0,50 0,9513 0,9243 0,8842 0,8430 0,7793
0,55 0,9402 0,9080 0,8614 0,8146 0,7444
0,60 0,9276 0,8900 0,8371 0,7854 0,7100
0,65 0,9130 0,8700 0,8112 0,7554 0,6762
0,70 0,8961 0,8477 0,7837 0,7247 0,6431
0,75 0,8764 0,8230 0,7547 0,6935 0,6109
0,80 0,8533 0,7957 0,7245 0,6622 0,5797
0,85 0,8266 0,7659 0,6931 0,6308 0,5496
0,90 0,7961 0,7339 0,6612 0,5998 0,5208
0,95 0,7620 0,7003 0,6290 0,5695 0,4933
1,00 0,7253 0,6656 0,5970 0,5399 0,4671
1,05 0,6870 0,6306 0,5657 0,5115 0,4423
1,10 0,6482 0,5960 0,5352 0,4842 0,4189
1,15 0,6101 0,5623 0,5060 0,4583 0,3969
1,20 0,5732 0,5300 0,4781 0,4338 0,3762
1,25 0,5382 0,4993 0,4517 0,4106 0,3568
1,30 0,5053 0,4703 0,4269 0,3888 0,3385
1,35 0,4746 0,4432 0,4035 0,3684 0,3215
1,40 0,4461 0,4179 0,3817 0,3492 0,3055
1,45 0,4197 0,3943 0,3613 0,3313 0,2906
1,50 0,3953 0,3724 0,3422 0,3145 0,2766
1,55 0,3728 0,3521 0,3245 0,2989 0,2635
1,60 0,3520 0,3332 0,3079 0,2842 0,2512
1,65 0,3328 0,3157 0,2925 0,2705 0,2397
1,70 0,3150 0,2994 0,2781 0,2577 0,2289
1,75 0,2985 0,2843 0,2646 0,2457 0,2188
1,80 0,2833 0,2702 0,2521 0,2345 0,2093
1,85 0,2691 0,2571 0,2403 0,2240 0,2004
1,90 0,2559 0,2449 0,2294 0,2141 0,1920
1,95 0,2437 0,2335 0,2191 0,2049 0,1841
2,00 0,2323 0,2229 0,2095 0,1962 0,1766
2,05 0,2217 0,2129 0,2004 0,1880 0,1696
2,10 0,2117 0,2036 0,1920 0,1803 0,1630
2,15 0,2024 0,1949 0,1840 0,1731 0,1567
2,20 0,1937 0,1867 0,1765 0,1662 0,1508
2,25 0,1855 0,1790 0,1694 0,1598 0,1452
2,30 0,1779 0,1717 0,1628 0,1537 0,1399
2,35 0,1707 0,1649 0,1565 0,1480 0,1349
2,40 0,1639 0,1585 0,1506 0,1425 0,1302
2,45 0,1575 0,1524 0,1450 0,1374 0,1257
2,50 0,1515 0,1467 0,1397 0,1325 0,1214
2,55 0,1458 0,1413 0,1347 0,1278 0,1173
2,60 0,1404 0,1362 0,1299 0,1234 0,1134
2,65 0,1353 0,1313 0,1254 0,1193 0,1097
2,70 0,1305 0,1267 0,1211 0,1153 0,1062
2,75 0,1259 0,1224 0,1170 0,1115 0,1029
2,80 0,1216 0,1182 0,1132 0,1079 0,0997
2,85 0,1175 0,1143 0,1095 0,1045 0,0966
2,90 0,1136 0,1105 0,1060 0,1012 0,0937
2,95 0,1098 0,1070 0,1026 0,0981 0,0909
3,00 0,1063 0,1036 0,0994 0,0951 0,0882

SST6 – Construction Métallique 25 IUT - Génie Civil - Egletons


Résistance des sections transversales à l’effort axial de traction

SST6 – Construction Métallique 26 IUT - Génie Civil - Egletons


NEd :
A vérifier : avec
N t,Rd
:

Type de
Section brute section ? Section nette

Boulons Boulons
ordinaires précontraints
( catégorie C )
A.f y 0,9.A net .fu A net .f y
Npl,Rd  Nu, Rd  Nnet, Rd 
M0 M2 M0

La résistance en traction est traitée durant l’étude en TD des assemblages boulonnés compte
tenu de l’importance de la présence d’éventuels trous de perçage venant transformer les sections brutes en
sections nettes.

Résistance des sections transversales en flexion pure

A vérifier :

oui Risque de non


Calcul de LT  1
déversement ?
W pl . f y
Wpl.fy Section de M c , Rd  M pl, Rd 
 M0
Mb,Rd  LT
M1
classes
1 ou 2
Wel ,min . f y
Section de M c , Rd  M el , Rd 
 M0
classe 3

Section de M c , Rd 
Weff ,min . f y
classe 4  M0

Pour les sections de classe 4, le module Weff,min doit

SST6 – Construction Métallique 27 IUT - Génie Civil - Egletons


prendre en compte les réductions de sections abordées au chapitre 6. L’indice de W min indique que le
module correspond à la fibre subissant la contrainte élastique maximale.
Pré-dimensionnement économique des profils I PRS en flexion simple - proportions à utiliser

L hL
 17 10 où L est la portée de la poutre,
 0, 3 h  b  0, 4 h ,
tw  h
 120 pour garantir une âme fléchie de classe 3 au pire,

t f est obtenue en supposant que seules les semelles équilibrent le moment
agissant

fy
MEd  h.t f .b.
Soit :
 m0

Résistance des sections transversales à l’effort tranchant

7.3.1 Résistance à l’effort tranchant seul

VEd  Vpl,Rd 
Av 
. fy 3  Détermination de l’aire de cisaillement.
(pour laminés cf. catalogue)
M0 hw et tw sont respectivement la hauteur et l’épaisseur d’âme.
A vérifier :

A 
PRS en  ou H, charge suivant l’âme : v  h w .t w 

A A
PRS en , U ou H, charge suivant les semelles : v  hw .t w 

A  2A/
Sections creuses circulaires : v

7.3.2 Résistance à l’effort tranchant avec présence de moment de flexion


Nous supposons ici qu’il n’y a aucun risque de déversement ( LT  1 )
A vérifier :
M ed  min( M c ,Rd ; M pl, Rd )
 2.V 
 Ed  1  oui non
V 
 pl, Rd  V  0,5.Vpl,Rd ? Mv,Rd  Mc,Rd

 ρ.A v 2  f y
M v,Rd   Wpl - 
 4.t w 
 M0 

SST6 – Construction Métallique 28 IUT - Génie Civil - Egletons


3
7.3.3 Résistance des sections transversales à la flexion bi-axiale avec effort normal

Pour des sections bi-symétriques en  ou H 4


de classes 1 ou 2 soumises à
NEd , My,Ed et Mz,Ed , on doit
 
 My,Ed   Mz,Ed 
    1
vérifier :  MN, y,Rd   MN,z,Rd 
 N  NEd
M  pl,Rd h w .t w fy  n
 pl, y,Rd si N Ed  min  4 ; .  Npl,Rd
MN, y,Rd  

2  
M0 
 A  2.b.t f  1 
 
 min  Mpl, y,Rd .
1  n) ; M  a  min  ; 
pl, y,Rd  sinon  A 2
  1  a/2  
  2 et   max1 ;5.n 
où :

  N  
   pl,Rd h w .t w fy  
M
 pl,z,Rd si N
 Ed  min  4 ; .  et n  a
MN,z,Rd






2  
M0 


    n  a 2  
 
 min Mpl, y,Rd .1 -   ; Mpl, y,Rd  sinon
    1  a   

Remarques : il n'est pas nécessaire de considérer l'incidence de l'effort normal sur le moment résistant
plastique autour de l'axe y -y lorsque les deux critères suivants sont satisfaits :
fy
NEd  0, 5 .hw .t w .
NEd  0, 25 .Npl,Rd m0 
et
Il n'est pas nécessaire de considérer l'incidence de l'effort normal sur le moment résistant plastique autour
de l'axe z -z lorsque :
fy
NEd  hw .t w .
 m0

Vérifications des éléments structuraux aux ELS


Dans le domaine des ouvrages métalliques, les états limites de service correspondent à :

 des déformations ou flèches affectant l'aspect ou l'exploitation efficace de la construction (y


compris le fonctionnement des machines ou des services);
 des vibrations, oscillations ou déplacements latéraux provoquant l'inconfort des occupants d'une
construction ou des dommages à son contenu;
 des déformations, flèches, vibrations, oscillations ou déplacements latéraux causant des
dommages à des finitions ou à des éléments non structuraux.

Afin d'éviter le dépassement de ces états limites, il est donc nécessaire de limiter les déformations,
les flèches et les vibrations.

Valeurs limites

Les notations des valeurs limites de flèches verticales indiquées ci-après sont représentées sur la figure
page suivante dans le cas de la poutre simplement appuyée, où :

w max  w tot  w c

3
Il s’agit d’un effort de compression ou de traction
4
Pour d’autres formes de profilés, cf. EC3 - 6.2.9 Flexion et effort normal

SST6 – Construction Métallique 29 IUT - Génie Civil - Egletons


Avec
w max = flèche totale, par rapport à la droite reliant les appuis.

wc = contre flèche de la poutre non chargée,

w tot = flèche totale =


w1  w 2  w 3

w 1 = partie instantanée de la flèche de la poutre due aux charges permanentes après la mise en charge,

w 2 = partie différée de la flèche de la poutre due aux charges permanentes (nulle avec le métal),

w 3 = partie additionnelle de la flèche de la poutre due aux actions variables,

En ce qui concerne les bâtiments, des valeurs limites recommandées de flèches verticales sont
données ci-dessous, où L est la portée de la poutre. Pour les poutres en porte à faux, la longueur L à considérer
est égale à deux fois la longueur du porte-à-faux.

Valeurs limites recommandées pour les flèches verticales

Conditions w max w3

Toitures en général. (C1) L / 200 L / 250


Toitures supportant fréquemment du personnel autre
que le personnel d'entretien. L / 200 L / 300

Planchers en général. (C2) L / 200 L / 300


Planchers et toitures supportant des cloisons en plâtre ou en autres
matériaux fragiles ou rigides. L / 250 L / 350
Planchers supportant des poteaux (à moins que la flèche ait été
incluse dans l'analyse globale de l'état limite ultime). (C3) L / 400 L / 500

w max L / 250 -
Cas où peut nuire à l'aspect du bâtiment.

C1 On entend par toitures en général, les toitures non accessibles aux usagers. Ces toitures supportent,
uniquement, le passage des personnes chargées de l'entretien.

C2 Les conditions d'utilisation de certaines machines peuvent nécessiter des flèches admissibles plus
faibles que celles fixées par les règles générales ; ces limites sont alors à préciser par accord entre le
client et le concepteur ou l'autorité compétente.

C3 Cette limitation n'est à considérer que si la flèche de ces planchers a une influence sur le
comportement de la structure supportée par ces poteaux. Dans le cas contraire, on se reportera aux
limitations des deux cas précédents.

SST6 – Construction Métallique 30 IUT - Génie Civil - Egletons


Poutres à treillis
Forme

Les poutres en treillis ou triangulées sont Légères et permettent de franchir de grandes


portées. Elles sont constituées d’une membrure supérieure, d’une membrures inférieure et d’un treillis
constitué de montants et de diagonales. Les barres peuvent avoir des sections identiques ou non ce qui
permet de réaliser des poutres à inertie variable pour répondre de manière optimale aux efforts.

En fonction de leur forme générale, elles sont classées en fermes triangulaires, trapézoïdales ou
droites ( à membrures parallèles). Les fermes en treillis triangulaires sont articulées à leurs appuis et
reposent en général sur les poteaux alors que les fermes trapézoïdales ou droites peuvent être encastrées.

Selon la disposition des barres (figure 19), on distingue divers systèmes de triangulation. Les plus
courants étant les treillis en N (Pratt ou Howe), en V (Warren) ou en croix de Saint-André.

Pr
att

H
o
w
e
War
ren

Croix de St- Treillis à


André l’ancienne
Figure 19 : Exemples de fermes en treillis

Dimensions

Pour le choix des dimensions d’une poutre en treillis, il est conseillé de respecter les conditions ci-
dessous pour obtenir une poutre économique de portée L et de hauteur h la :

L hL
12 7

   60
0 0
30

avec  est l’angle d’inclinaison des diagonales.

Calcul des efforts

Le treillis est une structure en équilibre, donc chacune de ses parties et composantes (barres, nœuds et
sections) est en équilibre. Afin de déterminer les forces internes de traction ou de compression dans les
barres, plusieurs méthodes sont proposées :

méthodes manuelles : Crémona, méthode des nœuds et méthode de Ritter. Il faut que les barres soient
articulées, que les efforts s'appliquent sur les nœuds et que le treillis soit isostatique (avec Ritter on peut
résoudre des treillis hyperstatiques).

SST6 – Construction Métallique 31 IUT - Génie Civil - Egletons


Par logiciel : toutes les structures peuvent être calculées mais attention aux barres très élancées
car elles ne peuvent reprendre d’efforts de compression.

méthode simplifiée
P

F
L
P/2 P/2

Dimensionnement des barres

Tout d’abord, il faut s’assurer que le chargement que doit supporter un treillis doit être appliqué
aux nœuds. Cependant, les barres de treillis vont être soumises soit à un effort de traction ou bien
un effort de compression. Dans le cas contraire, c’est à dire lorsque une charge est appliquée
entre les nœuds d’une barres, ceci provoquerait un effort de flexion qui pourrait conduire à la
ruine de ce dernier. La démarche de dimensionnement suivante ne concerne pas ce dernier cas.

9.3.1 Résistance des barres à la traction

N Ed  Nt , rd (voir organigramme cours page 26)

9.3.2 Résistance des barres à la compression

N Ed  Nb, rd (voir organigramme cours page 18)

Longueur de flambement des barres

Les longueurs des barres (L) à prendre en considération pour les calculs sont données dans le
tableau 2.

Les longueurs de flambement Lcr extraites de EC 3 sont données dans le tableau suivant (tableau3)
en fonction de type de barre, type de profilé et plan de flambement.

Remarque : pour le cas des Treillis en profilés ouverts les barres sont assemblées soit par des
goussets et boulons (pour les cornières c’est le système le plus utilisé), soit directement par des
soudures quand les formes s’y prêtent. Lorsque les diagonales et montants sont attachés avec un
seul boulon, Lcr = L dans tous les plans car les barres sont articulées dans tous les sens.

SST6 – Construction Métallique 32 IUT - Génie Civil - Egletons


L de la barre pour les cas de flambement dans le
Type de barres plan de la poutre plan perpendiculaire au
plan de la poutre

Membrures (inférieures et
supérieures)

Diagonales et montants

Tableau 2 : longueurs de barre en fonction des plans de flambement.

Lcr longueur de flambement =


Treillis en profilés ouverts Treillis en profilés fermés
(cornières, IPE, etc....) (tubes ronds, tubes carrés,
Type de barres etc.....)
plan de la plan  plan de la plan 
poutre de la poutre poutre de la poutre

Membrures (inférieures et 0,9L L 0,9L 0,9L


supérieures)

Diagonales et montants 0,9L L 0,75L 0,75L

Tableau 3 : différentes longueurs de flambement longueurs pour les poutres en treillis.

Calcul des déformation Déformations

Elles sont obtenues par :


méthodes manuelles : méthode du potentiel élastique, épure de Williot-Mohr (rarement utilisées
depuis l’apparition des logiciels),
logiciels,
méthode approchée :
Dans une poutre, la flèche totale est la somme de la flèche due au moment et de celle due
à l'effort tranchant : w = wM + wV
On appelle AV l’aire cisaillée d’une section et elle intervient dans le calcul de wV.

SST6 – Construction Métallique 33 IUT - Génie Civil - Egletons


Pour une poutre à âme pleine, AV est important donc wV est négligeable (1 % de wM)
Pour une poutre treillis, AV est très faible et wV peut être supérieur à wM.

On considère en simplifiant que wV = 4.wM/3 d’où l’on déduit que :

w = wM + wV = 7.wM/3

Calucl des efforts secondaires

Actuellement on fait travailler l'acier plus près de fy : on soude de plus en plus (contraintes
résiduelles) et on utilise des nuances d'acier souvent plus dures donc moins déformables d'où la
nécessité de bien connaître les efforts secondaires.

9.6.1 Défaut de convergence des axes des barres


L'effort dans une barre ne dépend pas de la forme des organes d'assemblage mais seulement de la
situation respective de la barre et des forces dont elle assure la transmission.
Dans un treillis, il faut faire concourir les axes neutres et non pas les axes de trusquinage.

9.6.2 Efforts secondaires dus aux déformations


Les barres étant toujours partiellement encastrées, elles fléchissent légèrement quand les nœuds se
déplacent.

9.6.3 Conséquence sur les dispositions constructives


Une barre bi-encastrée dont un des appuis se déplace de , est soumise à des moments
d’encastrement
M = 6.E.I./L²

M augmente quand I augmente et L diminue d’où


les dispositions constructives ci-dessous :
● réduire l’inertie des barres de treillis dans le plan de la poutre
● réduire la taille des goussets en réduisant l’espacement des boulons pour augmenter L et
diminuer l'encastrement.

SST6 – Construction Métallique 34 IUT - Génie Civil - Egletons

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