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Compagnons

TOME 1


Fais-Moi
Revivre





CARDENO C.







RÉSUMÉ

Un puissant loup Alpha et un humain têtu surmontent des traditions
enracinées de génération en génération et révèlent des secrets depuis longtemps
enfouis pour accomplir leur destinée en tant que compagnons.
Considéré comme le plus puissant loup depuis des générations, l’Alpha Zev
Hassick est surpris et confus par son désir pour son meilleur ami. Son meilleur
ami très humain et très viril. Un métamorphe mâle doit s’accoupler avec une
femelle pour préserver son humanité, donc leur espèce ne pouvait pas être gay.
Pourtant, tout son être lui dit que Jonah est son véritable compagnon.
Maintenir une relation avec l’homme qu’il aime depuis l’enfance n’est pas
facile pour Jonah Marvel, mais il ne laissera pas la distance ni la famille étrange
de Zev se mettre en travers de leur chemin. Quand des maux commencent à
affecter Jonah, il doit sauver sa propre vie et sa santé mentale pour envisager un
futur avec Zev.
Zev et Jonah savent qu’ils sont destinés l’un à l’autre, mais ils doivent
surmonter des traditions enracinées depuis des générations et des secrets depuis
longtemps enfouis pour accomplir leur destinée.



Nombre de mots : 80 442








COPYRIGHT

Fais-moi revivre
Copyright © 2012 Cardeno C.
Publié par : The Romance Authors, LLC, Juin 2015
ISBN 978-1-942184-77-5

Traduction de l’Anglais : © HL
Relecture : © Reivilo, © V.
Éditeur : © Jay Ashley
Design intérieur du livre : © Kelly Shorten
Couverture : © Jay Aheer

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décrits ne sont que le produit de l’imagination de l’auteur, ou utilisés de façon
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ou décédées, des établissements commerciaux ou des événements ou des lieux
ne serait que le fruit d’une coïncidence.
AVIS

Johnnie : De la drogue, je vous dis. Les romans de CC sont une drogue douce,
sucrée, mielleuse, et j’en suis addict.
—My Fiction Nook.

La Maison de Blue Mountain : Si vous êtes déjà un fan, celui-ci est un
incontournable. Si vous n’avez jamais lu les livres de cet auteur encore… eh
bien, la meilleure manière de commencer, c’est avec une nouvelle série avec des
métamorphes sexy et grognons.
—The Novel Approach Reviews

Marche avec moi : Une fin belle et émouvante pour une incroyable série. Je
peux facilement et entièrement vous recommander chaque livre et toute cette
série.
— Rainbow Book Reviewers

À Jamais : J’ADORE ce livre. Je l’ai lu et écouté des dizaines de fois.
L’attirance entre Ethan et Miguel est en même temps, chaude, et si tendre et
adorable… le parfait mélange !
— The Blogger Girls

Il me complète : Ce roman est bien écrit, amusant et bouleversant… une totale
réussite pour moi.
— Redz World

La ferme des McFarlands : C’est une petite lecture très sexy… j’aime à quel
point Cardeno nous offre des émotions et à quel point je me sens attaché aux
personnages.
— Wicked Reads
PROLOGUE

— Je suis d’accord avec toi, mère. Clarissa est une très belle femme, mais je
ne vais pas sortir avec elle.
Zev ne daigna même pas cacher l’irritation qui transparaissait dans sa voix.
Honnêtement, combien de fois devait-il dire à sa famille qu’il n’était pas
intéressé par les rancards qu’elle lui arrangeait ? Épuisé, il s’adossa contre le
canapé en cuir et se frotta les yeux de ses paumes. Le sommeil se faisait rare, et
quand il s’endormait, il restait toujours alerte, terrifié à l’idée de perdre son
humanité pendant qu’il était inconscient. En ce moment, il y arrivait à
peine alors cette discussion était la dernière chose dont il avait besoin.
La voix de sa grand-mère, Mae, interrompit ses pensées. Sa frustration envers
Zev avait atteint un tel degré qu’elle l’avait interrogé, lui, son Alpha, chose
qu’elle n’aurait jamais osé faire en son temps. Là encore, ce n’était peut-être pas
sa frustration ; les tentatives de Zev à rendre leur meute plus moderne avaient
peut-être été plus réussies qu’il ne l’avait espéré.
— Je ne comprends pas, Zev. Tu as trente ans. Ton grand-père et moi étions
mariés depuis plus d’une dizaine d’années quand nous avions ton âge. Ce n’est
pas naturel ni sain pour notre espèce de rester seule.
Comme sur un signal, son grand-père, Walter, se joignit à la conversation.
Avaient-ils tiré à la courte paille à l’avance pour déterminer l’ordre selon lequel
chaque membre de sa famille lui parlerait ?
— Je réalise que nous te donnons l’impression que nous empiétons sur ta vie
privée, fils, mais chaque métamorphe avec des yeux peut voir les problèmes que
tu as, et la raison est simple : les loups sont des créatures très sexuelles, mais
les…
Walter s’interrompit et déglutit difficilement, comme si ça le peinait de
continuer la phrase.
—… les femmes qui ont l’habitude de satisfaire tes besoins physiques sont
des demi-âmes. Elles ne sont pas suffisantes pour préserver ton humanité, surtout
pendant tant d’années. Tu es un homme fort, et un puissant loup, Zev, le plus
puissant que je n’ai jamais vu de ma vie. Mais aucun métamorphe ne peut
échapper à sa nature, bien que je ne comprenne pas pourquoi tu insistes tant à
essayer. Quelle qu’en soit la raison, si tu ne te lies pas à une louve bientôt, ton
côté humain sera perdu.
Sa famille pensait-elle vraiment lui dire quelque chose qu’il ne savait pas
déjà ? Leur seule erreur était de sous-estimer sa force et sa détermination. Bien
que l’idée de satisfaire ses besoins sexuels avec des humains – ou des demi-
âmes, comme les métamorphes les appelaient – révulsait sa famille, il y avait
certains membres qui en avaient fait une habitude. Comment avait-il pu
préserver ses côtés humain et loup pendant trois décennies ? Ils ne pouvaient pas
comprendre qu’un métamorphe puisse vivre aussi longtemps sans partager un
quelconque lien physique.
Eh bien, ils avaient tort. Zev ne s’était lié avec personne – humain ou
métamorphe – dans sa vie, qu’ils le croient ou non. Mais pour combien de temps
encore ? Reprendre son apparence humaine devenait de plus en plus difficile à
chaque transformation. Son loup s’accrochait à sa forme, refusant que l’homme
en lui prenne le dessus. Et plus longtemps son loup avait le contrôle de leur
corps, moins son humain serait capable de revenir à la surface.
— Inutile de le nier, Zev. Nous savons ce que tu fais, et nous ne te jugeons
pas.
Bien qu’il croie en la sincérité de son père, Zev savait également qu’il était
mal à l’aise à l’idée qu’un métamorphe se livre à des actes sexuels avec des
humains. La seule raison pour laquelle ils acceptaient ce qu’ils appelaient « les
bizarreries » de Zev était parce que la meute d’Etzgadol n’avait cessé de
progresser depuis qu’il avait commencé son entraînement pour devenir Alpha,
même plus depuis qu’il l’était devenu. Zev avait également eu du succès dans le
business familial, doublant le revenu annuel de sa famille depuis qu’il avait pris
les rênes.
— Enlève tes mains de ton visage et regarde-nous, Zev. C’est sérieux. Tu ne
peux pas continuer à choisir ce train de vie. Ton corps n’y survivrait pas, déclara
Gregory Hassick, la voix remplie d’inquiétude.
Zev laissa tomber ses mains et ouvrit les yeux, sachant qu’ils étaient injectés
de sang et cernés. À quand remontait la dernière fois où il s’était réellement
reposé ? Il enfouit ses doigts dans ses cheveux et résista à l’envie de hurler. Sa
famille l’aimait. Il le savait. Et cette conversation était le reflet de cet amour, peu
importe à quel point elle était déplacée.
— Combien de fois devrais-je expliquer ça, Père ? Je ne choisis pas ce train de
vie. Je déteste être seul. Je ne me suis lié à aucune humaine. Je veux revendiquer
mon âme sœur plus que tout.
Lori s’approcha de lui sur le canapé et prit sa main. Dès son arrivée à la tête
de la meute, Zev avait mis en place une nouvelle structure plus égalitaire et sa
puissante sœur l’avait énormément aidé afin qu’il atteigne ses objectifs. Elle
dirigeait les femelles par exemple et celles-ci l’admiraient toutes. Elle ne pouvait
pas s’opposer à leurs aînés, ce qui était la raison pour laquelle elle avait accepté
de faire partie de cette petite réunion familiale. Mais elle ne pourrait jamais aller
à l’encontre de son frère non plus, donc, elle restait silencieuse et le soutenait par
ses gestes.
— Tout le monde veut une âme sœur, Zev, mais peu de métamorphes arrivent
à la rencontrer, lui rappela Gregory. Le reste d’entre nous tombe amoureux et
nous nous sentons complètement satisfaits avec les partenaires que nous avons
choisis. Ta mère et moi avons été heureux ensemble pendant plus de la moitié de
nos vies et nous n’étions pas des âmes sœurs. S’il te plaît, il est temps de laisser
tes rêveries puériles derrière toi et d’accepter ton destin. Tu n’as pas été béni
d’une âme sœur, mais tu peux toujours mener une vie remplie. Lie-toi avec
Clarissa ou une des autres femelles de la meute. Quel mal y a-t-il à essayer ? Au
mieux, tu trouves cette âme sœur, qui selon toi, existe. Au pire, tu as une
compagne régulière et une union digne de ce nom.
Zev ne put empêcher le grondement qui sortit de sa poitrine. Il était fatigué de
leur refus constant à reconnaître l’existence de son âme sœur et de leurs
perpétuels rendez-vous arrangés. Ses parents avaient depuis longtemps arrêté de
prétendre que les rancards qu’ils lui organisaient se constituaient d’un dîner et
d’un film. Étaient-ils honnêtes avec ces femmes à propos du rôle sexuel qu’elles
devaient jouer dans sa vie ? Probablement pas. Personne en dehors de sa famille
ne connaissait la vérité. Bon sang, même ses proches le niaient, en dépit du fait
qu’il avait été clair avec eux depuis des années.
— Clarissa n’est pas ma véritable compagne. Et je ne suis pas intéressé par
une union avec elle, dit-il d’une voix sèche, son ton exprimant clairement le
dégoût qu’il éprouvait à cette idée.
— Pourquoi pas, Zev ? Ses seins sont-ils trop petits ? Son derrière est-il trop
gros ? Parle-nous, et nous t’aiderons. Si les femelles de notre meute ne te
satisfont pas, nous en trouverons une dans la meute voisine afin que tu puisses te
lier physiquement.
Il grimaça. Maintenant, son autre grand-mère rejoignait la partie. Existait-il un
homme ayant été confronté à une vieille femme de quatre-vingt-dix ans lui
proposant de choisir des seins et des culs ? Seigneur Dieu, faites que ça s’arrête !
— Je suis gay, Mami Betty. Les seins ne m’attirent absolument pas, et je n’ai
jamais fait attention au… euh… derrière de Clarissa.
La toute petite vieille femme leva les mains au ciel.
— Notre espèce ne peut pas être gay, Zev. Ça ne marche pas de cette manière.
Un mâle métamorphe a besoin de se lier avec une femelle métamorphe afin de
garder son humanité, et la femelle doit accepter cette union afin de libérer sa
louve. C’est ce qu’on nous apprend depuis l’enfance, chéri.
Zev laissa tomber sa tête dans ses mains, qui étaient croisées sur ses genoux.
Ouais, il connaissait très bien leur version des mystères de la vie. Toutes les
âmes métamorphes chevauchaient deux corps : le loup et l’humain. Les femmes
étaient naturellement liées à leur côté humain, mais leurs louves étaient
enfermées, incapables de se libérer pour exister vraiment. Les mâles, d’un autre
côté, avaient un libre accès à leur loup depuis l’enfance, mais leur emprise sur
leur humanité était tenace. La seule manière pour un métamorphe mâle de
conserver son côté humain était de se lier à une femelle et d’absorber une partie
de son humanité. De même, afin que la femelle puisse conserver sa raison, elle
devait libérer sa louve de sa cage, et la seule manière d’y arriver était d’accepter
le lien d’un mâle.
Alors, oui, Zev connaissait les concepts fondamentaux, mais il avait depuis
longtemps rejeté l’idée qu’ils étaient inconditionnels. Parce que croire à ça
voudrait dire croire qu’il était contre nature, ce qui était bien loin de la vérité
puisqu’il était béni du plus précieux des cadeaux que la nature avait à offrir : une
âme sœur.
Bien entendu, il avait dit à sa famille que la raison pour laquelle il ne s’était
pas lié était qu’il attendait son véritable compagnon. Un mâle. La première fois
qu’il avait dit ces mots à ses parents, ils avaient été choqués. Son père avait hurlé
si fort que les fenêtres avaient littéralement tremblé, et sa mère s’était tenue là,
dans la cuisine, et avait pleuré. Quand Zev avait refusé de céder, en dépit des
protestations de ses parents, leur sentiment à ce sujet s’était transformé en
dégoût, et ils lui avaient interdit d’évoquer la question de nouveau.
Après des années sans aucune femelle dans la vie de Zev, ses parents avaient
commencé à s’inquiéter. Ils étaient trop gênés de raconter aux gens ce qu’ils
appelaient la « condition » de leur fils, mais ne sachant quoi faire d’autre, ils
avaient finalement fléchi et en avaient parlé à leurs propres parents. Tous les
grands-parents de Zev avaient insisté sur le fait qu’ils n’avaient jamais entendu
une chose pareille, et que cela ne pouvait être vrai. Donc, après ça, sa famille
vivait à regret dans le déni, refusant de reconnaître la possibilité qu’il puisse être
véritablement gay.
Être assis dans le salon de ses parents et repousser sans cesse leurs tentatives
pour le lier à quelqu’un fit réaliser à Zev qu’il y avait un inconvénient à autoriser
sa meute à donner leur avis… maintenant, il était forcé de les écouter. Peut-être
qu’il aurait dû laisser les choses telles qu’elles étaient auparavant. Alors
personne, et certainement pas une femelle, même si elle était une aînée et une
proche, n’oserait parler d’une manière aussi condescendante à un Alpha.
Zev repoussa cette pensée dès qu’elle traversa son esprit. Il était heureux que
sa famille tienne à lui, heureux que sa grand-mère se sente assez confiante pour
l’interroger et heureux que les membres de sa meute soient à l’aise pour partager
leurs avis. La meute était plus forte ainsi, même si cela voulait dire que Zev
devait endurer cette discussion familiale, émotionnellement déprimante. Il leva
les yeux et répondit à sa grand-mère.
— Je ne chercherai aucune autre compagnie que celle de mon âme sœur. Tu
sais que seuls les métamorphes qui n’ont pas de véritable compagnon peuvent
choisir un partenaire de vie. Un loup lié ne peut conserver son humanité que
grâce à son âme sœur. Alors avoir des relations sexuelles avec Clarissa ou
n’importe quelle autre femelle dans la meute ne réglera rien du tout. Et en dépit
de ce que vous pensez, j’ai une âme sœur. Nos âmes sont liées ; un métamorphe
ne peut pas se tromper sur ce genre de chose. Je peux sentir le lien au plus
profond de moi-même.
Oh, Zev avait été confus au début, ça, c’était certain. Les sentiments qu’il
ressentait n’avaient eu aucun sens compte tenu de ce qu’on lui avait appris.
Cependant, aucune leçon, pas même les membres de sa meute qui s’évertuaient à
expliquer la constitution de leur espèce, ne pouvait surpasser la plus importante
vérité qui faisait vibrer son corps ; la présence de son âme sœur. Alors, avant
qu’il n’atteigne la vingtaine, Zev avait déjà accepté l’idée qu’il était gay, malgré
le fait que cela allait contre tout ce que sa meute pensait être naturel ou même
possible.
Zev regarda Papi Hugh et Mami Betty, les suppliant du regard de l’aider. Ils
étaient les seuls véritables compagnons de la famille, et l’un des rares couples
dans l’histoire de la meute ayant trouvé leur âme sœur. Ils comprenaient
forcément la puissance du lien. Il était absolu. Zev ne pouvait satisfaire son
besoin de se lier avec son âme sœur en s’unissant avec un autre métamorphe,
c’était comme si on lui demandait de respirer en inhalant de l’eau.
Hugh serra la main de Betty et regarda Zev avec compassion.
— Si tu as une âme sœur, Zev, alors tu as un devoir envers elle. Elle a besoin
de toi afin de libérer sa louve ou elle perdra l’esprit. Et si tu étais en train
d’abandonner ta véritable compagne, Zev ? Et si tu ne l’as pas trouvé justement
parce que tu ne veux pas garder l’esprit ouvert à propos des femelles ?
Zev leva les yeux au ciel, trop frustré pour se soucier que ce soit un geste
incroyablement puéril et irrespectueux. Il se demandait souvent si sa famille
aurait cru qu’il était gay s’il leur avait dit qu’il connaissait depuis longtemps
l’identité de son véritable compagnon. Peut-être qu’à ce moment-là, ils auraient
arrêté de nier que son refus de coucher avec des femelles métamorphes n’était
pas un exercice rebelle et philosophique auquel il s’adonnait.
Mais peu importe à quel point Zev aimait sa famille et avait confiance en elle,
il ne voulait pas prendre ce risque. Personne ne le croirait s’il disait que Jonah
était son compagnon, et celui-ci serait perçu comme une menace pour la meute.
Le moyen le plus facile d’éliminer cette menace serait d’éliminer l’intrus. Les
principes basiques de leur espèce étaient si enracinés, et si fondamentalement
basés sur le besoin qu’un métamorphe mâle se lie avec une femelle, qu’il
craignait qu’on puisse faire du mal à son compagnon si les autres découvraient
l’identité de l’homme destiné à s’unir avec leur Alpha.
Non, Zev ne pouvait pas risquer la vie de son compagnon. Le seul moyen pour
lui de reconnaître le rôle de Jonah dans son avenir serait de se lier à lui. Leur lien
serait complet, et personne ne pourrait contester leur relation. Ou sa sexualité.
— Si mon âme sœur était dans un rayon de dix kilomètres, je l’aurais senti.
Les rendez-vous arrangés ne sont pas un moyen sûr pour la trouver. Si vous vous
inquiétez tellement que j’abandonne ma moitié, je vous propose un marché : je
vous promets de rencontrer toutes les femelles que vous voulez, platoniquement
bien sûr, pour voir si l’une d’elles est ma compagne, et en retour, vous promettez
que quand je trouverai mon âme sœur et me lierai avec elle, vous soutiendrez
mon union en tout point.
Le soulagement qui envahit ses parents et grands-parents était palpable. Les
six personnes assises autour de lui se détendirent et de larges sourires ornaient
leurs visages. Sa sœur pressa sa main et lui adressa un clin d’œil. Zev était
certain qu’elle connaissait l’identité de son compagnon depuis aussi longtemps
que lui, bien qu’aucun d’eux n’en ait encore parlé.
— Bien sûr, chéri, dit sa mère, le visage illuminé. L’union de deux âmes sœurs
est une bénédiction.
— Surtout quand il s’agit de l’union de l’Alpha, parce que cela dévoile le
cœur de notre meute, ajouta Papi Hugh d’un air rêveur.
Zev savait que le vieux loup se remémorait sa propre union.
— Ton âme sœur et toi seriez soutenus par nous et toute la meute !
La voix profonde de son père ne laissait aucune place à la discussion. C’était
sans équivoque et irrévocable. Un serment.
Zev se leva, faisant redresser toutes les personnes autour de lui et carra les
épaules.
— Alors, nous avons un marché. Je m’unirai à mon âme sœur quand le temps
viendra et vous nous appuierez. Peu importe qui elle …
Il regarda intensément les visages des sept personnes qu’il aimait le plus au
monde, en dehors de l’homme qui n’était pas dans la pièce, évidemment.
—… ou il sera, poursuivit-il. Bonne nuit.
Et avec ces dernières paroles, Zev tourna les talons et s’avança vers la porte
d’entrée, ignorant les grognements qui s’entendaient derrière lui. Ils avaient
donné leur parole, et cela apporterait un déshonneur impardonnable sur leurs
ancêtres s’ils revenaient dessus, donc il savait que sa famille tiendrait sa
promesse. Quant au reste de la meute, ce serait éventuellement un défi
insurmontable, même en sachant que les anciens Alphas approuveraient son
union.
Une union entre deux mâles menaçait de briser tout ce qu’on avait appris à la
meute à propos de la connexion d’une femelle avec son côté humain et le mâle
avec son côté loup. Et, comme si l’idée de deux hommes liés n’était pas assez
pour causer une grande panique, Jonah n’était pas seulement un mâle, il était
aussi un humain – une demi-âme – pas un métamorphe. Et chacun savait qu’un
loup ne pouvait pas s’unir à une demi-âme.
Mais quand le temps viendrait, la meute pouvait soit le soutenir, soit se
trouver un autre territoire. Les terres de la meute d’Etzgadol avaient appartenu
aux Hassick pendant dix générations. Et avec ses grands-parents, parents et sœur
à son côté, Zev était certain qu’il pourrait perpétuer la tradition. Même si cela
signifierait qu’il le fasse tout en reconstituant une nouvelle meute. Zev savait
que si c’était le prix à payer pour être avec Jonah Marvel, il le ferait sans aucune
hésitation. Il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour revendiquer et garder
son âme sœur.
Zev sortit de la maison de ses parents et se dirigea vers son pick-up. Il posa la
tête contre la portière et prit une profonde inspiration, laissant l’air frais
s’infiltrer dans ses poumons. Prendre une nouvelle fois la parole devant sa
famille et avoir leur soutien pour sa future union était bien beau, mais cela ne
voulait pas dire grand-chose si son compagnon ne revenait pas et n’acceptait pas
sa place dans la meute aux côtés de Zev. Si Jonah ne rentrait pas bientôt, il ne
savait pas s’il y aurait un mâle Hassick disponible pour diriger la meute
d’Etzgadol.
Il releva les yeux vers le ciel. Les étoiles étaient belles. Elles brillaient au-
dessus de lui, montrant les esprits de ceux qui avaient été là, auparavant.
Reviens-moi, Jonah. Nos esprits sont liés, et mon corps ne pourra plus supporter
de rester sans son autre moitié très longtemps.
Il ressentait la douleur au plus profond de lui-même, l’envie de se transformer
et de courir. Mais il la repoussa, heureux que pour l’instant du moins, son côté
humain ait autant de détermination. Son loup était fatigué d’attendre que leur
compagnon revienne et il voulait avoir le contrôle de leurs deux formes afin
qu’il puisse aller chercher Jonah et le revendiquer. Mais leur âme sœur était
depuis longtemps partie, et bien trop loin pour que son loup puisse la sentir. Les
chances qu’il le trouve avant qu’il ne croise des chasseurs ou des véhicules
étaient minces.
À moins qu’il ne revendique son âme sœur, le moment où son côté humain ne
pourrait plus avoir le contrôle approchait. Quand cela arriverait, la peur que sa
famille avait évoquée cette nuit deviendrait une réalité : l’humain de Zev serait à
jamais perdu. Et sans le bon sens de ce dernier pour le calmer, son loup se tuerait
probablement en essayant de retrouver leur véritable compagnon.
Le pick-up noir s’avança sur la route sinueuse, passant à travers les arbres et
emmenant Zev loin de la discussion sérieuse que les siens avaient organisée à la
maison familiale, pour rejoindre l’endroit qu’il appelait « chez lui » depuis plus
d’une décennie. C’était inhabituel pour un métamorphe de vivre seul. Ses
semblables restaient dans la maison familiale jusqu’à ce qu’ils choisissent un
partenaire, et ensuite, ils construisaient leur propre demeure, qui accueillait des
petits assez rapidement. Toutefois, Zev avait déménagé quand il avait eu dix-huit
ans, espérant qu’un peu de distance l’aiderait à réduire sa frustration par rapport
au refus de sa famille de reconnaître la possibilité qu’il puisse avoir un véritable
compagnon mâle.
La terre de la meute d’Etzgadol comprenait des milliers d’hectares, jouxtant
un parc national. En plus d’être un endroit où toute la meute pouvait courir, la
forêt accueillait l’entreprise de céramique des Hassick ainsi que les différentes
maisons de sa famille. Chaque membre de celle-ci avait droit à cette terre, alors
personne n’avait pu empêcher Zev d’en revendiquer une partie et d’y construire
sa maison. Ce que ses parents auraient pu faire et qu’ils avaient fait d’ailleurs,
était de lui couper les vivres.
Ils n’avaient pas compris son désir de vivre seul ; « anormal », avaient-ils
appelé ça. Cela n’aurait pas eu d’importance s’ils n’avaient pas à nouveau utilisé
ce mot pour décrire ses sentiments quand il leur avait dit qu’il était gay. Après
tout, son âme sœur était un mâle et qu’est-ce qui était plus naturel que ce lien
sacré ?
Quoi qu’il en soit, les parents de Zev avaient espéré le garder chez eux en lui
coupant les vivres, mais il avait pris sa tente, l’avait plantée dans la forêt et avait
vécu là-bas. Il avait commencé à travailler dans l’entreprise familiale à ce
moment-là, et avait vécu des ressources naturelles, économisant chaque dollar
jusqu’à ce qu’il ait assez d’argent dans la banque pour construire une maison,
celle qu’il avait prévu de partager avec son compagnon.
À l’époque, Zev était trop jeune pour se lier. Oh, il était physiquement apte,
mais les métamorphes s’unissaient rarement avant la trentaine. Donc, son loup
aurait dû être heureux de jouer et de chasser, comme ses semblables. Mais cela
n’avait pas été le cas. Son loup n’avait pas été satisfait et son côté humain non
plus. En fait, Zev ne s’était pas senti en paix depuis qu’il avait dix-huit ans.
Parce que c’était l’année où il avait perdu Jonah.
Zev alluma la radio, espérant qu’un peu de musique bruyante l’aiderait à
rester éveillé. Il avait l’impression que sa nuque était en caoutchouc, et il frotta
ses yeux fatigués d’une main. Son corps lui faisait tellement mal qu’il n’avait
pas dormi paisiblement depuis très longtemps. La douleur qui était
profondément ancrée en lui avait été sa seule compagne puisque Jonah avait
déménagé douze ans plutôt, mais la plus grande partie de son agitation était due
au loup tourmenté qui essayait désespérément de sortir. Zev ne s’était pas
autorisé à se transformer depuis trois mois.
Son loup n’était jamais resté aussi longtemps sans être libéré. En réalité, Zev
s’était toujours transformé plus fréquemment et pendant de plus longues
périodes que les autres. Sa mère disait fièrement que c’était parce que le loup de
Zev était très puissant. Et peut-être que c’était vrai. Son loup était plus grand,
plus fort et plus conscient de son environnement que les autres de la meute.
Gregory Hassick avait alors commencé à emmener Zev aux réunions du
Conseil Inter-meutes quand le présumé Alpha avait eu dix-huit ans. Cela faisait
partie de l’entraînement, un moyen pour Zev d’apprendre ce qui était attendu de
lui et de créer des liens avec les dirigeants d’autres meutes. À chaque fois qu’on
le présentait à ces chefs, les métamorphes avaient reconnu la puissance
remarquable du loup de Zev. Certains évitaient ce dernier quand ils le sentaient
pour la première fois, inquiets qu’il les défie pour le contrôle de leurs meutes.
Mais ils ne mettaient jamais longtemps avant d’admettre que Zev était loyal,
qu’ils constatent qu’il n’avait aucun désir de prendre ce qu’il leur appartenait.
Par conséquent, les liens forts qu’il avait établis avec les meutes voisines
pendant ces douze dernières années avaient permis d’apporter à la sienne l’aide
et le soutien dont elle avait besoin.
La puissance de son loup était la raison pour laquelle Zev ne pouvait plus lui
permettre de vagabonder en liberté comme avant. Le fait était qu’il ne se sentait
pas assez confiant pour arriver à contrôler cette part de lui-même et cela l’avait
obligé à l’emprisonner. Sa famille avait raison de s’inquiéter pour lui. Trois
décennies sans se lier représentaient une longue période pour un métamorphe.
Il ne s’était jamais attendu à ce que sa séparation avec Jonah soit aussi longue,
ni aussi difficile. Quand il avait compris que Jonah était son véritable
compagnon à la veille de son départ, Zev avait cru qu’ils ne seraient éloignés
l’un de l’autre que quelques années seulement et que ces années seraient
parsemées de quelques visites. Pas grand-chose.
Zev avait totalement sous-estimé à quel point son ami lui manquerait. Il avait
sous-estimé le besoin ancré en lui d’être avec son compagnon. Et, le pire, il avait
sous-estimé la longueur de leur séparation. Quand Jonah avait déménagé cet été-
là, douze ans plus tôt, il avait percé un trou en Zev. Et ce dernier commençait à
se demander si Jonah allait rentrer un jour à la maison pour refermer cette plaie.











CHAPITRE 1

— Zev Hassick, reviens ici tout de suite !
Zev remua sa queue et releva un peu plus son museau. Il poursuivait la plus
délicieuse odeur qu’il n’avait jamais sentie. Un mélange d’herbes fraichement
coupées, de citron, et de menthe, l’odeur réchauffait son ventre de l’intérieur et
le rendait tout frissonnant. Zev courut à travers les arbres, remarquant à peine ce
qui l’entourait. Tout son être était focalisé sur cette odeur. Il ne savait pas quelle
distance il avait parcouru ni depuis combien de temps il courrait quand il
remarqua qu’il ne pouvait plus sentir le bruissement des feuilles et le craquement
des branches sous ses pattes. Il regarda autour de lui, et réalisa que les arbres
n’étaient plus là. Il se tenait au bord d’une clairière qui faisait face à un terrain de
jeux. Des enfants se balançaient et glissaient pendant que les adultes se tenaient
debout et parlaient, mais d’où venait cette odeur douce et fruitée ?
Zev balaya l’endroit de ses yeux et son museau jusqu’à ce qu’il la repère. Elle
venait de l’autre côté de la clairière, à côté d’un banc. Assis sur une couverture
striée des couleurs rouge, blanche et bleue se trouvait un bébé humain. Zev fixa
cet enfant et gémit. Il voulait se rapprocher, voulait le sentir et le lécher. Mais il
y avait tellement d’humains, et ses parents lui disaient toujours de rester éloigné
des demi-âmes, surtout lorsqu’il était sous sa forme de loup.
Zev leva la tête, et essaya de hurler de frustration, mais ses cordes vocales
étaient trop récentes, trop nouvelles pour sortir ce son. Il avait tout juste un an, et
c’était sa première transformation. Cela prendrait quelque temps encore avant
qu’il ne s’ajuste à son corps de loup. Se laissant tomber sur le sol sur son ventre
et posant son museau sur ses pattes, Zev gémit à nouveau et fixa son regard sur
le bébé humain.
Les humains ne pouvaient pas le voir de là où il se trouvait, entouré par les
branches d’arbres et les fleurs, mais il eut bien l’impression que le bébé savait
qu’il était là, parce que des yeux aussi noirs que la nuit lui retournèrent son
regard. Puis, avant qu’il ne réalise ce qui se passait, le bébé se releva sur ses
petits pieds vacillants et commença à trottiner vers lui. Les adultes étant engagés
dans une conversation, personne ne remarqua le petit enfant, habillé d’un petit
tricot bleu et ne portant aucune chaussure, se tracer un chemin à travers les
arbres. Zev bondit sur ses pattes et remua furieusement la queue, jappant
doucement alors que la source de l’odeur se rapprochait de plus en plus.
Quand le bébé sortit de la clairière et entra dans la forêt, Zev s’élança vers lui
et le fit tomber sur le dos. De profonds yeux noirs s’écarquillèrent de surprise,
mais l’humain ne pleura pas, il tendit juste sa petite main et caressa sa fourrure.
Sous sa forme de louveteau, Zev gémit de joie et se pressa contre le petit, léchant
son cou et se frottant contre son corps. Il voulait se marquer de cette odeur
citronnée. Ce parfum était si bon et si juste.
Maintenant qu’il se trouvait près du bébé, Zev réalisa que ce qu’il pensait être
une tête chauve était en fait recouverte de cheveux d’un blond clair. Des cheveux
si blonds qu’ils n’avaient pas été visibles de l’autre côté de la clairière. Zev
inclina la tête sur le côté et contempla attentivement son nouvel ami. Il n’avait
jamais vu des cheveux d’une couleur telle qu’on aurait presque dit qu’ils étaient
blancs, et avec ses yeux si noirs. C’était un mélange inattendu et intrigant.
L’humain enveloppa ses petits bras autour du cou de Zev et le serra contre lui.
— Jonah ? Jonah, où es-tu ?
Les voix paniquées des adultes percèrent l’air. Zev regarda la clairière et vit
des humains recherchant frénétiquement son ami. Jonah. C’était le nom du bébé.
La langue du loup lécha longuement le visage de Jonah, et celui-ci gloussa
bruyamment.
— Il est là, Kevin ! Regarde, près du grand arbre !
Les humains pointèrent leurs doigts dans leur direction, et Zev sut qu’il était
temps de retourner à la maison. Si les adultes se rapprochaient un peu plus,
Jonah ne cacherait plus son corps et ils le verraient. Mais Zev ne voulait pas
partir. Il ne voulait pas quitter Jonah.
Les demi-âmes sont dangereuses, Zev. N’oublie pas de rester loin d’elles. Les
paroles qu’il avait écoutées encore, et encore de la part des aînés de la meute
retentirent dans sa tête. Après s’être blotti encore une fois contre le cou du bébé
et un dernier coup de langue, Zev se détourna et se précipita vers la forêt.


— Pourquoi je ne peux pas aller à cette école, maman ?
Zev demanda cela tout en indiquant la petite maison rose avec l’insigne
lumineuse et colorée, sur laquelle se lisait : École Maternelle Soleil et Clair De
Lune. Il mourrait d’envie d’en franchir les portes, il l’avait toujours voulu, mais
comme d’habitude, sa mère soupira et répondit à la question sans même tourner
la tête.
— Zev, chéri, je te l’ai déjà expliqué. Je comprends que cette image d’une
belle lune sur l’insigne attire ton loup, mais cette école est pour les demi-âmes.
Nous devons rester avec notre espèce afin que tu puisses apprendre des choses
utiles, te transformer et jouer. Les demi-âmes ne comprennent pas la
signification de la lune, Zev ; ils ont juste pensé que cela ferait une très belle
image.
Zev soupira lourdement et se rassit sur sa chaise. Il appuya sa main sur la
fenêtre comme si ça pouvait le rapprocher du garçon blond qui jouait dans cette
maison rose. Ce n’était pas l’insigne coloré qui attirait le loup de Zev. C’était
Jonah. Le bâtiment rose était l’école de Jonah. Zev le savait parce qu’il avait
traqué l’odeur du garçon humain jusqu’à cet endroit.
Cela faisait trois ans maintenant depuis la dernière fois où il l’avait vu sur le
terrain de jeux des demi-âmes, et durant ce temps, Zev s’était transformé et avait
trouvé la maison de Jonah et son école. Il devait toujours rester à la périphérie de
la forêt, sous le couvert des arbres, et il ne pouvait jamais rester longtemps parce
que ses parents n’appréciaient pas l’inclinaison de son loup à vagabonder. Bien
sûr, s’ils réalisaient où Zev se rendait quand il errait, ils l’apprécieraient encore
moins, mais cela n’arrêtait pas le jeune loup. Il devait poursuivre son ami
humain, devait savoir où Jonah dormait, mangeait et jouait.
Parfois, quand Zev était vraiment chanceux, Jonah le regardait et souriait. À
quelques occasions, le petit garçon avait même réussi à s’éloigner des adultes
pour se diriger vers lui. Jonah enveloppait immédiatement ses bras dorés autour
du cou de Zev et caressait sa fourrure, et ce dernier léchait son ami, pressant son
corps de loup contre le petit humain.
Si sa mère l’envoyait seulement à l’École Maternelle Soleil et Clair De Lune,
alors il pourrait parler à Jonah et jouer avec lui sous sa forme humaine. Il savait
qu’ils seraient les meilleurs amis du monde, même si Jonah était une demi-âme.
Il fronça les sourcils quand il pensait au dégoût qui s’entendait dans la voix
des aînés quand ils utilisaient ce mot. Même quand les humains étaient des
clients de leurs magasins, la meute les tolérait à peine. Il savait que son espèce
était supposée ne pas faire confiance aux demi-âmes, garder leur distance, mais
Zev ne comprenait pas pourquoi, et il ne pouvait pas faire ça avec Jonah. Le
garçon blond était le sien. Son loup le savait instinctivement, et sa moitié
humaine aussi. Peut-être que, quand il serait un peu plus grand, il serait capable
de trouver un moyen pour jouer avec son ami.


Zev releva les yeux de la mêlée, et tourna sa tête vers l’autre côté du terrain.
Le groupe d’humains portant des maillots de sport d’un rouge éclatant écoutait
attentivement leur coach. Eh bien, tous sauf un. Les yeux noirs de Jonah étaient
fixés sur lui.
C’était la première fois que Jonah voyait l’humain de Zev. Les six années,
depuis que son loup avait rencontré le garçon blond, étaient passées sans qu’il ait
eu l’opportunité de se présenter à son ami sous cette forme. Mais à présent, le
moment était finalement arrivé. Les deux garçons jouaient au football dans la
ligue d’Etzgadol City. Cependant, ils appartenaient à des équipes différentes.
Celle de Zev n’était constituée que de métamorphes. Il était certain que la meute
les aurait obligés à jouer dans une ligue formée que de leur espèce si cela
existait. Mais la population métamorphe n’avait pas assez de garçons de son âge
pour créer toute une ligue, donc, la meute avait formé sa propre équipe.
Quand Zev avait entendu parler d’une intégration de ligue, il y a deux ans, il
avait immédiatement développé ce que ses parents appelaient « une obsession
presque maniaque » pour le football et le baseball… et étrange coïncidence qui
n’en était pas une, il s’agissait des deux sports de la ligue d’Etzgadol City. Il
n’avait jamais été intéressé par d’autres sports parce qu’il n’en avait pas vu le
but. La seule raison de participer, en ce qui concernait Zev, était la possibilité de
jouer avec son ami humain.
Son loup avait pris la brochure de la ligue de football pour la montrer à Jonah,
quelques mois plus tôt. Au début, le garçon humain avait paru confus par le
geste. Il avait juste pris le papier du museau du loup et l’avait enfoui dans sa
poche avant de commencer leur habituelle salutation… un câlin de Jonah, et des
léchouilles de Zev.
La deuxième fois où Zev avait ramené la brochure, Jonah l’avait parcouru des
yeux, avait fixé le regard ambre du loup et avait demandé d’une voix hésitante :
— Tu essayes de me dire quelque chose, Chiot ?
La troisième et dernière fois, Jonah avait juste éclaté de rire alors qu’il
bondissait sur le loup de Zev pour le plaquer au sol.
— OK, j’ai compris le message, Chiot ! J’ai parlé à mon père et il m’a dit que
je pouvais jouer au football.
Zev avait été si heureux qu’il avait glapi et léché Jonah partout tandis qu’ils
jouaient. Il n’était plus le louveteau d’autrefois, du moins en taille. Sa forme
humaine était bien plus large que celle des autres enfants de son âge et son loup
était du gabarit d’un gros chien adulte. Il avait grandi depuis le temps, mais
même avec sa taille actuelle, il ne ressemblait plus à un chiot. Et bien que ce mot
soit une raillerie parmi son espèce, il aimait l’entendre de la part de Jonah.
C’était tendre et doux.
Après ce jour-là, chaque fois que Zev venait rendre visite à Jonah, le garçon se
faufilait vers les arbres à l’extrémité de son jardin et amenait son ballon de
football.
— Mon papa m’a acheté un ballon. Tu veux jouer ?
Leurs jeux ne duraient pas plus de dix minutes. Zev devait toujours retourner à
la maison avant que ses parents ne soient trop en colère de son absence, et quant
à Jonah, il devait lui aussi revenir au jardin avant que son père ne devienne trop
curieux sur ce qu’il faisait. Mais ils s’étaient amusés tous les deux, entre Jonah
qui frappait le ballon et Zev qui la bloquait avec sa tête et bondissait sur le
garçon, le plaquant au sol, ce qui provoquait toujours des éclats de rire de son
ami humain et était récompensé de câlins et de caresses sur sa fourrure. À
présent, l’humain de Zev se tenait sur un terrain de football. Il ne restait que trois
minutes avant la fin du match, durant lequel, pour la première fois, il avait eu la
possibilité de regarder Jonah à travers ses yeux humains.
L’équipe de Zev, les Fury, avait été invincible durant toute la saison. Les loups
étaient généralement plus forts que les humains, même en tant qu’enfants, donc
l’une de leurs équipes avait toujours été championne de la ligue. Les matchs
avec les équipes humaines n’étaient qu’un réchauffement pour l’événement
majeur : un métamorphe face aux éliminatoires des métamorphes. Mais c’était
différent contre cette équipe humaine. Les Storm avaient vaincu toutes les autres
durant toute la saison et avaient presque battu l’autre équipe de loups. Après
avoir été avec Jonah sur le terrain pendant seulement quinze minutes, Zev et les
autres joueurs comprenaient la raison du succès de l’équipe humaine : Jonah
était très doué.
Le garçon blond gardait le but de son équipe avec une vitesse et une agilité,
qui étaient normalement réservées aux loups. Ses yeux de couleur charbon
parcouraient le terrain, prenant note de la place de chaque joueur et il trouvait
toujours un moyen de prendre la bonne position pour bloquer les buts. Jonah
était tellement brillant en fait, que les deux seuls buts qui avaient été marqués
par les Fury avaient eu lieu seulement quand Jonah se reposait sur le banc, et
qu’un autre joueur se tenait à sa place. Zev avait marqué ces deux buts.
— Nous n’en sommes plus qu’à un point, les gars. Il est temps de montrer à
ces bâtards de quoi nous sommes faits !
Zev grogna quand il entendit son équipier, Brian Delgato, dire ça. Il n’avait
jamais aimé entendre sa meute injurier les humains, mais en réalisant que c’était
Jonah qui en faisait les frais, il commençait vraiment à s’énerver. Ses coéquipiers
étaient si concentrés sur le match qu’ils n’avaient pas réalisé que la colère de
Zev était dirigée vers l’un de leur espèce au lieu de l’équipe opposée.
Brian, Zev et Toby se passèrent le ballon à travers le terrain alors que
l’horloge faisait le décompte. Toby le passa à Brian, et il fit un dernier effort
pour marquer un but. Même avec ses yeux fixés sur Zev, Jonah put bondir à sa
gauche pour dévier le ballon. Le coup de sifflet retentit et Brian sortit du terrain
d’un pas rageur. Le reste de l’équipe de Zev retourna sur les bancs, heureux de
leur victoire, même si le score avait été plutôt serré. Quelques garçons dans
l’équipe de Jonah essuyèrent leurs larmes, tristes que leur saison soit finie. Jonah
et Zev restèrent sur le terrain, se regardant l’un l’autre de leurs places, séparés de
trois mètres.
Zev avait l’impression que son cœur allait bondir de sa poitrine. Il ne s’était
jamais posé de questions sur sa réaction envers Jonah. Il avait été fasciné par
l’humain depuis toujours, alors cela semblait normal à Zev comme de courir ou
de manger. Mais à présent qu’il avait atteint l’âge de sept ans, il commençait à
réaliser que sa fascination était inhabituelle, et pas seulement parce que Jonah
était humain. Aucun des métamorphes n’avait besoin de l’un des siens de la
manière dont l’être de Zev lui disait qu’il avait besoin de Jonah.
— Mon nom est Jonah. C’est quoi le tien ?
Cette voix, que Zev avait entendu rire avec son loup pendant des années,
parlait enfin à son humain. Comme attiré par une force magnétique, Zev
s’avança vers l’autre garçon. Jonah releva ses cheveux blonds de son visage et le
rencontra à mi-chemin. Quand ils furent assez proches l’un de l’autre qu’ils
pouvaient sentir leurs souffles, ce dernier répondit.
— Je suis Zev.
Les yeux noirs de Jonah le regardaient attentivement, alors il inclina sa tête
sur le côté et se tint parfaitement immobile, laissant le jeune humain l’évaluer.
Ses propres instincts lui dictaient de se pencher et de sentir le garçon, lui tourner
autour afin de le saluer, et peut-être même le lécher. Cependant, même à son âge,
Zev savait déjà que ce type de comportement n’était pas bienvenu ni compris par
les demi-âmes, pas lorsqu’il était sous sa forme humaine. Son loup, bien
entendu, s’était comporté exactement comme ça avec Jonah.
— Tu es mon ami. Pas vrai, Zev ?
Aucune déclaration ne lui avait jamais paru aussi juste.
— Oui, je le suis, répondit Zev en hochant vivement la tête.
Jonah sourit et prit sa main.
— Tu veux rencontrer mon papa ?
Tout son corps vibrant de plaisir au contact, Zev serra ses doigts sur ceux de
son ami et se laissa guider vers les adultes assis sur les bancs. Dans quelques
années, ils seraient trop âgés pour se toucher de cette manière. Toutefois, pour
l’instant, Zev remarqua que les humains ne pensaient pas qu’il y avait quelque
chose d’inhabituel à propos de deux garçons se tenant la main, et il voulait bien
supporter les rappels constants que feraient les aînés sur l’importance de rester
éloigné des demi-âmes.

















CHAPITRE 2


— S’il te plaît, Papa ! Les autres petits de mon âge vont au collège Etzgadol,
cette année aussi ! supplia Zev Hassick.
Il avait douze ans et espérait désespérément pouvoir convaincre son père que
son seul enfant n’était pas trop jeune pour quitter l’école des métamorphes et
s’exposer aux humains quotidiennement.
— Zev, nous en avons déjà parlé. Il y a peu de loups qui envoient leurs enfants
à l’école de la ville avant le lycée, et ceux qui le font sont… euh… des activistes.
Zev perdait du terrain. Encore. Et il n’avait plus assez de temps. L’école
commençait la semaine prochaine, et c’était sa dernière chance pour convaincre
ses parents d’aller au collège Etzgadol. C’était le seul moyen pour lui de passer
huit heures par jour avec son Jonah.
— Toby va aussi à l’école de la ville, Papa, et il vient d’une famille respectée.
Tu connais Monsieur Harrison depuis l’enfance.
— Oui, je connais le père de Tobias depuis plusieurs lunes, et Jeremiah est un
homme bien. Mais sa mère… eh bien, Leah… est étrange, Zev. Elle n’est pas de
la région. Tu sais que Jeremiah l’a rencontré quand il est parti faire ses études et
était accueilli par la meute Miancarem.
Zev refusait de céder. Il garda une posture redressée, la tête levée en regardant
son père dans les yeux. Il n’aimait pas la manière dont ce dernier et les autres
membres de la meute ignoraient Madame Harrison. D’ailleurs, il n’aimait pas la
manière dont ils rejetaient l’importance de toutes les femelles.
— Madame Harrison est une louve forte, Papa. Elle était très respectée dans
son ancienne meute, et ils étaient dévastés quand elle est partie. Toby m’a dit que
quand ils allaient rendre visite à ses grands-parents, les femelles de la meute
Miancarem venaient toujours saluer sa mère et la supplier de revenir.
Gregory Hassick plia son journal et le posa à côté de lui sur le canapé. Il
inclina la tête sur le côté et dévisagea son fils. Zev savait que son père
réfléchissait. Combien de fois lui avait-on dit qu’il était différent, différent des
autres loups de son âge, différent de tout autre métamorphe que son père n’avait
jamais rencontré ?
Même à un très jeune âge, Zev se rappelait avoir entendu ses parents dire
qu’il avait libéré son loup très souvent et pendant une longue durée, qu’ils ne
pensaient possible. La plupart des loups ne se transformaient pas jusqu’à ce
qu’ils aient atteint l’âge de cinq ans, mais Zev s’était métamorphosé peu après sa
première année. Même quand cela arrivait pour la première fois, les jeunes
garçons arrivaient rarement à maintenir leur forme loup plus de quelques
minutes, mais Zev l’avait fait pendant des heures. Pas seulement ça, mais il
n’avait jamais souffert de l’inconfort associé aux os qui bougeaient et se
déplaçaient. Ses parents avaient l’air d’être fiers de la nature unique de leur fils
quant à la puissance de sa transformation. Il avait souvent entendu sa mère se
vanter auprès des autres femelles que son garçon était un métamorphe si fort
qu’il avait besoin d’espace pour courir, et son père renchérissait toujours ces
déclarations en disant que son fils ferait un excellent dirigeant un jour. Mais en
dépit de tous ces compliments, Zev savait que ses parents étaient inquiets au
sujet de ce qu’ils appelaient « sa tendance à vagabonder ».
Les métamorphes étaient des créatures très sociables, restant toujours
ensemble, jouant, mangeant et dormant avec leur meute. Zev était très populaire
parmi ses semblables et adoré par les anciens, alors ses parents ne comprenaient
pas pourquoi il vadrouillait seul, se transformant en loup et disparaissant dans les
bois. Ce que ses parents ne savaient pas, ce qu’il avait toujours caché, était qu’il
ne partait pas pour être seul. Il partait pour jouer avec Jonah.
Décidant de se concentrer sur ce qu’il savait être le plus important pour son
père – la destinée de Zev à diriger leur meute – il essaya un dernier argument
pour le convaincre de l’inscrire à l’école des humains.
— L’école de la ville est plus grande que celle de la meute, Papa, elle fait au
moins deux fois sa taille. Leurs professeurs sont plus jeunes ; ils comprennent la
technologie et appréhendent mieux le monde extérieur. Les choses ne sont plus
comme elles étaient quand tu avais mon âge. Je dois apprendre toutes sortes de
nouvelles choses pour être un bon Alpha et diriger notre entreprise de
céramique.
Zev vit immédiatement le changement dans l’expression de son père. C’était
comme s’il avait finalement entendu une raison logique pour permettre à son fils
d’aller à une école remplie de demi-âmes. Zev était le dernier de la longue lignée
des Alphas Hassick. Sa famille avait toujours eu de puissants mâles dans la
meute pendant des générations.
— D’accord, Zev. Nous allons essayer. Il est vrai que les aînés qui enseignent
à l’école de la meute sont bien ignorants des changements de ce monde. Et ce
serait important pour nous d’avoir des dirigeants qui ont un temps d’avance, dit
Gregory.
Le loup de Zev bondissait pratiquement de joie, mais son humain réussit à
maintenir une façade satisfaite, et non très enthousiaste. Il ne pouvait pas laisser
son père savoir à quel point cette décision était importante pour lui. Après tout,
personne ne devait savoir au sujet de son attachement pour un humain. Il se leva
du canapé et se dirigea vers son père, donnant au grand homme un câlin.
— Merci, Papa.
Calculant avec précaution l’étape suivante afin que ça ait l’air spontané, Zev
tourna vers le couloir, puis regarda par-dessus son épaule :
— Et ne t’inquiète pas ; je garderai un œil sur Lori.
Les yeux de Gregory s’écarquillèrent, et Zev sut que son père n’avait pas
réfléchi à l’inscription de sa fille à l’école humaine. L’Alpha ne traiterait jamais
intentionnellement ses enfants de façon inéquitable, mais Lori était une femelle
et par conséquent, il la considérait comme vulnérable. En plus, aucun aîné ne
pensait que les femelles avaient besoin d’apprendre les méthodes modernes
étudiées à l’école de la ville parce que celles-ci ne seraient d’aucune utilité à une
femelle pour diriger sa maisonnée un jour.
Le jeune garçon resta immobile et laissa son père digérer la situation, espérant
que le désir de garder Lori avec Zev serait assez pour l’influencer.
Gregory grogna son accord et reprit son journal. Zev se précipita dans le
couloir, ferma la porte de sa chambre et se laissa tomber sur le lit, un sourire
extatique sur le visage.
— Entre, sœurette, je sais que tu attends là-dedans.
Lori ouvrit la porte de la salle de bain qui liait leurs deux chambres.
— Eh bien ?
— Il a dit que je pouvais y aller.
Elle soupira et regarda son frère.
— Bien sûr qu’il a dit que tu pouvais y aller, Zev. Tu peux être très persuasif,
et s’il avait refusé, tu aurais probablement fait une fugue. Mais qu’a-t-il dit à
mon sujet ? Je peux aller à l’école de la ville aussi ? demanda Lori en se mordant
les lèvres et dansant d’un pied à l’autre.
Son anxiété était manifeste. Tellement que Zev se sentait mal de la taquiner.
— Oui, tu viens aussi, Lori. Va appeler Toby et informe-le des bonnes
nouvelles.
Lori s’écria et bondit sur son frère pour lui faire un grand câlin. Puis elle se
mit à courir vers la salle de bain qui menait à sa propre chambre. Zev supposait
qu’elle parlerait sûrement à Toby pendant des heures. C’était son meilleur ami et
ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne devienne le petit-ami de Lori.
Zev aurait voulu appeler Jonah et l’informer de la bonne nouvelle, mais son
humain n’avait pas ce genre de relation avec l’autre garçon. Ils pratiquaient des
sports dans la même ligue depuis des années, et Zev n’avait pu s’empêcher de
remarquer qu’il n’était pas le seul qui s’évertuait à arriver très tôt à chaque
rencontre que son équipe avait contre celle de Jonah. Les deux garçons
utilisaient ce temps pour courir ensemble, jouant et riant. Le cœur de Zev
bondissait quand il voyait que Jonah aimait leurs moments ensemble autant qu’il
aimait jouer avec son loup. Pour des raisons que Zev ne comprenait pas, il avait
besoin que Jonah apprécie ses deux formes, humaine et loup.
Bien que l’humain de Zev ne puisse pas appeler Jonah au téléphone, il pouvait
toujours partager sa joie. Il devait juste être sous sa forme loup pour le faire. Il
ouvrit la fenêtre de sa chambre et se transforma si vite que ses vêtements
tombèrent au sol sans se déchirer. C’était un tour pratique qu’aucun loup n’avait
pu faire, et il n’avait permis à personne d’en être témoin. Puis Zev bondit de la
fenêtre de sa chambre et courut à travers les bois, espérant que Jonah soit en
train de jouer dehors ou regardait sa fenêtre afin que Zev puisse célébrer avec
son humain.
CHAPITRE 3

— Où est Jonah ? demanda Toby à Zev alors qu’il retirait son sweat noir.
Les deux jeunes hommes se tenaient dans les vestiaires du lycée, enfilant leurs
shorts et tee-shirts de sport. Après trois ans de collège ensemble, Zev et Jonah
étaient devenus des amis proches, et Toby passait aussi beaucoup de temps avec
eux. Quand il n’était pas avec Lori, cela dit.
C’était leur première semaine de lycée, et c’était déjà difficile. Seule une
poignée de familles métamorphes avaient envoyé leurs enfants au collège, et ces
familles le faisaient généralement parce qu’elles croyaient en l’importance de
s’intégrer avec les humains. On avait appris à ces loups particuliers l’acceptation
depuis leur plus jeune âge et ceux-ci s’étaient facilement fondus dans la masse.
Par conséquent, leurs différences n’avaient pas été remarquées et n’avaient
jamais posé de problèmes.
Cette fois-ci, durant les dix minutes de marche jusqu’au lycée d’Etzgadol, Zev
savait que cette expérience serait nettement différente. La meute n’avait pas de
lycée – il n’y avait pas assez de jeunes gens dans chaque niveau pour créer les
classes séparées qu’il fallait pour les adolescents – donc leur collège, ainsi que
les deux autres de la ville, introduisaient leurs élèves dans le même lycée. Même
s’ils étaient dans le même bâtiment que les humains, les enfants de la meute
restaient ensemble et ne faisaient aucun effort pour s’intégrer.
Quand Zev, Toby et Lori y étaient entrés le premier jour, ils avaient vu leurs
amis d’enfance regroupés ensemble. Les humains qui avaient étudié dans leur
propre collège se tenaient eux aussi à l’écart, regardant avec confusion les
enfants qu’ils ne connaissaient pas. En l’espace de quelques jours, tous les
enfants humains âgés prévenaient les plus jeunes… restez éloignés des enfants
de la meute. Non qu’ils les appelaient « meute », bien sûr. Certains disaient
qu’ils appartenaient à une secte, d’autres disaient qu’ils faisaient partie d’un
groupe religieux bizarre. Mais tout le monde comprenait les principes basiques :
ils sont différents, ils ne sont pas comme nous, ne parlez pas avec eux, n’étudiez
pas avec eux, restez à l’écart. Selon le cas où un enfant de la meute ou un enfant
de la ville parlaient, le « ils » et le « eux » changeraient de place, mais la
signification resterait toujours la même : métamorphes et humains ne se
mélangeaient pas.
Zev regarda l’horloge qui se trouvait sur le mur. Les entraînements étaient sur
le point de commencer et Jonah n’était pas là, ce qui ne lui ressemblait pas.
L’humain n’avait pas manqué un seul jour d’école ou d’entraînement pendant
leurs années au collège. Et il avait l’air d’aller bien pendant le cours d’anglais
qu’il partageait avec Zev.
— Hé ! Tu n’as pas le droit d’être ici !
Un remue-ménage à l’entrée des vestiaires interrompit les pensées de Zev.
Puis il entendit la voix paniquée de sa sœur.
Toby renfila le jean qu’il avait baissé aux genoux et trébucha pratiquement en
se précipitant vers Lori.
— Lori ? Nous sommes ici ! Que se passe-t-il ?
Zev rejoignit son ami et parcourut sa sœur du regard. Elle ne semblait pas
blessée, juste effrayée et essoufflée.
— C’est Jonah !
L’estomac de Zev se serra. Il referma les mains sur l’épaule de sa sœur.
— Jonah ? Où est-il ?
Les épaules de Lori s’affaissèrent et elle laissa tomber ses mains sur ses
genoux ; elle recherchait son souffle.
— Il est derrière l’école, Zev. Tu dois te dépêcher ! Ils l’ont encerclé et ils ne
veulent pas m’écouter ! s’exclama-t-elle en se redressant et fixant son regard sur
celui de son frère. Dépêche-toi !
Zev bondit par-dessus les bancs et sortit des vestiaires en courant à toute
vitesse. Heureusement, il portait déjà son short et ses baskets quand Lori était
arrivée, sinon il aurait couru à travers l’école nu pour atteindre Jonah. Son sens
de l’ouïe développé lui permit d’avoir une idée sur le problème avant qu’il ne
soit proche pour intervenir. Brian Delgato et deux autres métamorphes criaient
sur Jonah.
— Nous t’avons averti de rester loin d’elle ! Elle n’est pas pour toi, t’as
compris ? Mais puisque tu es apparemment trop stupide pour entendre raison,
nous sommes obligés de te montrer ce qui arrive aux personnes qui ne font pas
ce qu’on leur demande.
Le cœur de Zev battait furieusement, et il réussit en quelque sorte à augmenter
sa vitesse, courant plus vite qu’auparavant. Jonah était un grand garçon,
presqu’aussi grand que Zev. Et il était fort. Mais les métamorphes l’étaient plus
que les humains. Et avec trois d’entre eux encerclant Jonah, celui-ci n’avait
aucune chance. Merde, même certains loups n’arrivaient pas à sortir vainqueurs
contre ça.
Le son de poings frappant des corps, mélangé à des cris fit encore plus monter
l’anxiété de Zev. Alors qu’il allait tourner au coin, les bruits s’arrêtèrent. Ce
silence inattendu augmenta tellement sa crainte qu’il pensait qu’il était sur le
point de vomir.
— Lâchez…
L’avertissement de Zev se coinça dans sa gorge tandis qu’il réussissait
finalement à tourner au coin du bâtiment pour évaluer la scène devant lui. Brian
étendu sur le sol, tenant son bras. Un métamorphe qui était de deux ans plus âgé
que Zev était étalé sur le dos, les yeux fermés. Le troisième loup qui avait
menacé Jonah tenait son nez, essayant de bloquer le sang qui coulait d’entre ses
doigts. Et au centre des dégâts, se dressait son ami humain, les poings serrés, le
visage en sueur, ses cheveux blonds ébouriffés et l’expression farouche.
— Jonah ? Tu vas bien ? demanda Zev en approchant lentement son ami, la
main levée en signe de paix.
Les yeux noirs de Jonah s’écarquillèrent alors qu’il paraissait remarquer pour
la première fois ce qu’il avait fait. Il s’avança vers Zev puis se figea quand
d’autres garçons métamorphes sortirent de l’école, virent leurs semblables et
réalisèrent qu’un humain en était responsable. Ils se mirent à courir d’un pas
rageur vers Jonah.
— Hé ! Tu as fait quoi ? Attrapez-le !
Zev compléta les quelques pas qui le séparaient de Jonah. Il se redressa devant
son ami, bloquant le groupe de loups, puis découvrit ses crocs et émit un
grognement du fond de sa gorge. Les garçons qui approchaient hésitèrent, se
cognant les uns contre les autres dans leur précipitation à s’arrêter devant le
garçon qui dirigerait leur meute un jour.
Deux métamorphes qui se trouvaient au sol se mirent debout pendant que le
troisième essayait de se relever, mais trébucha et atterrit à nouveau sur les fesses.
— Il s’est battu à vos côtés. Cela veut dire que vous l’aidez quand il tombe,
gronda Zev.
Même s’il était en colère face à la menace qui était dirigée contre Jonah, il ne
pouvait ignorer son besoin de diriger et de former les membres de sa meute. Il
n’était pas encore leur Alpha, mais les instincts étaient profondément enracinés.
Brian s’agenouilla rapidement et aida le garçon à se relever du sol. Quand ils
furent sur pieds, ils rejoignirent les autres garçons de la meute.
— Zev, il s’en est pris à l’un des nôtres, dit Conrad, un loup puissant qui était
en dernière année de lycée.
Il croisa les yeux de Zev, mais garda la tête légèrement baissée en signe de
respect. Il ne savait clairement pas comment se comporter avec le fils de l’Alpha
qui défendait un humain. Celui-ci ayant attaqué trois de leurs semblables, par-
dessus le marché.
— Ils l’ont provoqué ! s’exclama la voix fatiguée et suraiguë de Lori.
Zev ne se tourna pas, gardant ses yeux sur ceux qui menaçaient son ami
humain. En quelques instants, Lori et Toby étaient à son côté.
— Qu’est-ce qui s’est passé, Lori ?
La surprise sur les visages des autres loups était évidente quand Zev demanda
à Lori de prendre la parole. Durant une confrontation entre mâles, une femelle ne
devait même pas être là, encore moins donner son opinion.
Réussissant enfin à se calmer à présent que le danger était passé, Lori se
redressa. Quand elle parla à nouveau, ce fut avec la force d’une jeune femme
destinée à diriger les femelles de leur meute.
— Brian et les autres ont la même heure de déjeuner que Jonah et moi. Ils
n’étaient pas heureux que je mange avec lui au lieu de déjeuner avec eux. Alors,
ils ont attendu que nous sortions du bâtiment à la fin des cours, et ils l’ont suivi !
Ses yeux lançaient des éclairs alors qu’elle se tournait vers Brian et le
regardait d’un air accusateur.
— Même après leur avoir dit d’arrêter !
Zeb grogna, son corps vibrant du besoin de se transformer et de punir ceux qui
avaient manqué de respect à sa sœur et menacé la personne qui représentait tout
pour lui. La réalisation d’à quel point il tenait à Jonah le fit sursauter, mais ne le
calma pas.
— Restez ici.
Lori et Toby obéirent instinctivement, se redressant et regardant le groupe de
métamorphes qui s’était assez éloigné pour laisser une distance raisonnable entre
eux.
— Que penses-tu faire, Zev ? demanda Jonah qui semblait enfin sortir de son
état second.
Il posa la main sur l’épaule de Zev, et le retint.
— Je vais m’occuper d’eux pour qu’ils ne t’embêtent plus à l’avenir, voilà ce
que je vais faire.
Zev essaya de s’avancer, mais la prise de Jonah était étonnement forte.
— As-tu remarqué par hasard que je me suis débrouillé tout seul ? Je ne suis
pas une damoiselle en détresse que tu dois sauver, Hassick ! Je peux me battre.
En plus, je ne me souviens pas t’avoir demandé de l’aide.
Lori grimaça de manière perceptible en réaction aux paroles de Jonah et à son
ton. Il remettait en question les décisions de Zev, son autorité, son droit de régler
une situation qui impliquait sa meute. Mais au lieu de punir l’humain ou de
démontrer à Jonah sa puissance afin qu’il laisse tomber, Zev se tourna et fit face
à son ami, sa posture se détendant, la tête inclinée sur le côté et la voix douce.
— J’ai vu ce que tu as fait, Jonah, et je suis très impressionné. Plus
qu’impressionné. Mais je te demande de me laisser gérer ça. Les gars qui t’ont
attaqué, et les autres là-bas, je les connais depuis toujours. Ce sont… des amis de
la famille. Peux-tu, s’il te plaît, attendre ici pendant que je leur parle ?
La mâchoire de Toby se décrocha de surprise face à la réaction de Zev. Ouais,
celui-ci réalisait que la manière dont il interagissait avec Jonah était inhabituelle.
Après tout, un puissant loup ne demandait jamais la permission d’agir à un autre,
encore moins un humain. Même Lori, qui était bien plus habituée aux petites
manies de son frère, haleta au ton apaisant que son frère utilisa quand il parla à
Jonah.
L’inquiétude de celui-ci, ne voulant pas que Zev le pense faible et incapable
de gérer la situation, se dissipa en réponse à la voix et à la posture de son ami. Il
hocha la tête et détendit les mains à ses côtés.
Les articulations gonflées et sanglantes de Jonah n’échappèrent pas à Zev, et il
dut réprimer l’envie écrasante de prendre les mains de son ami dans les siennes
et de lécher ses blessures jusqu’à ce qu’elles guérissent. Repoussant le
grognement qui voulait s’échapper de sa gorge à la vue des meurtrissures, Zev se
détourna et se dirigea vers les membres de sa meute. Il regarda seulement
Conrad, le plus âgé, et le puissant loup de ce groupe formé spontanément, et
parla dans un grondement sourd.
— Il s’est battu avec un humain à l’école et en pleine journée. Nous n’avons
pas besoin de ce genre d’attention. C’est mauvais pour la meute.
Conrad hocha la tête en accord et se tourna vers les trois métamorphes qui
avaient été impliqués dans la bagarre. Deux des garçons se tenaient immobiles,
leur tête inclinée sur le côté, le cou exposé, dans une posture détendue, montrant
leur soumission de toutes les manières possibles. Seul Brian garda la tête haute
et osa ricaner devant Zev. Conrad grogna face à la stupidité que le métamorphe
démontrait. Peu importe la cause de la lutte, il n’y avait aucun doute que Zev
pouvait vaincre Brian sans effort. Chaque membre de la meute connaissait la
puissance du fils de l’Alpha. Conrad fusilla Brian du regard.
— Explique-toi, ordonna-t-il d’une voix dure.
Brian croisa les bras et continua de regarder Zev avec un air de défi, faisant
reculer ses compères, espérant se distancer de leur ami irrespectueux.
— Il était en train de manger avec ta sœur, toute la semaine, Zev, même après
qu’on lui ait dit de rester éloigné d’elle. Les filles sont faibles ; nous avons le
devoir de les protéger. Tu devrais nous remercier d’éloigner cette demi-âme de
Lori.
Zev grogna aussi fortement qu’il le put sous sa forme humaine. Il releva les
lèvres pour montrer ses crocs, et se redressa afin que sa taille soit plus
imposante. Quand il domina Brian, il parla calmement, contenant à peine sa
rage.
— Ma sœur est la plus forte femelle de la meute. Elle est capable de prendre
ses propres décisions et elle t’a dit de ne pas t’en mêler. Même si tu pensais
qu’elle avait besoin d’aide, tu n’aurais pas dû provoquer une bagarre. Ce que tu
aurais dû faire était de venir m’en parler ou d’en parler à mon père. Nous
sommes responsables de nos femelles, pas toi, Brian !
Les garçons qui avaient participé à la bagarre tombèrent presque tous à
genoux. Ils gémirent, exprimant leurs regrets. Brian baissa également la tête,
mais Zev savait que l’autre garçon le faisait à contrecœur.
— Vous n’avez jamais interagi avec les humains, alors je vais mettre ça sur le
compte de l’apprentissage et je n’en parlerai pas à mon père ni aux aînés de la
meute.
Quand Zev finit de parler à Brian et ses deux amis, il regarda Conrad, qui,
malgré le fait qu’il ne se soit mêlé à la situation qu’à la dernière minute et qu’il
soit innocent de toute implication dans la bagarre, avait la tête baissée et les yeux
rivés au sol.
— Conrad, je ne sais pas ce qu’il se passait avant que je ne vienne dans cette
école, mais cette animosité envers les humains cesse maintenant. Je ne peux pas
vous forcer à devenir leurs amis, mais je vous demande un peu de civilité. Si
j’apprends que l’un de vous se bat avec eux, j’interviendrais. Et la prochaine
fois, ça ne se réglera pas à l’école. Si un métamorphe expose notre meute à
l’attention des autres, il confrontera mon loup sous la pleine lune.
Zev regarda chaque garçon et s’assura que sa menace avait fait son effet. Les
expressions effrayées, les gorges exposées, et les légers tremblements lui firent
savoir qu’il avait fait la bonne impression.
— Faites passer le message, termina-t-il avant de retourner à sa place auprès
de Jonah.






















CHAPITRE 4

— Tu es le deuxième de notre promotion, Zev. Tu seras admis à l’université.
Je ne comprends pas pourquoi tu n’y vas pas, dit Jonah.
Il avait répété ces mots des douzaines de fois durant leur dernière année.
Zev donna un coup de coude à Jonah et se mit à rire.
— Si je ne te connaissais pas mieux, Blondinet, je dirais que ce petit
commentaire était juste une excuse pour me rappeler encore ta meilleure
moyenne générale. Même si elle n’est seulement élevée qu’à deux centièmes de
points.
— Oh, je n’ai pas besoin d’excuse pour te rappeler ma perfection outrageuse
et supérieure. Mes notes sont meilleures que les tiennes, j’ai marqué plus de
circuits que toi, cette année, et tu n’aurais pas pu bloquer une seule balle du but
si ta vie en dépendait. Conclusion, mec, je suis supérieur.
Zev rit et prit des chips du sachet qui se trouvait sur ses genoux. Il en prit une
poignée, les lançant à Jonah un par un alors qu’il parlait :
— J’ai réussi à faire plus de lancers parfaits qu’aucun autre dans toute
l’histoire de notre école. Idem pour mes scores au football, Monsieur Je-ne-
marque-que-des-buts. En plus, j’ai une plus grosse queue.
— Oh ! Tant de violence ! Pas sûr que je puisse gérer ça. Sauvez-moi !
Sauvez-moi ! cria Jonah en riant alors qu’il protégeait son visage des chips avec
ses mains et oscillait sur ses pieds.
Zev laissa tomber le sachet de chips et plaqua Jonah sur le lit, tombant sur lui.
Les deux amis étaient pressés l’un contre l’autre, leurs corps se touchaient des
chevilles, cuisses et torses. Étrangement, être étendu de cette manière rendit la
respiration de Zev plus difficile que quand il bondissait dans la chambre de son
ami. Ses yeux de couleur ambre se verrouillèrent aux pupilles intenses et noires
de Jonah. Pourquoi cette personne l’affectait-elle tellement ?
— Tu ne plaisantais pas à propos de la dernière, n’est-ce pas ? demanda Jonah
à bout de souffle, et Zev réalisa que leur proximité physique avait fait durcir son
sexe contre la hanche de son ami.
Il devrait se lever. Les sensations qui traversaient son corps étaient mal. Mais
être près de Jonah semblait si juste. En fait, aussi longtemps que Zev s’en
souvienne, il se sentait mieux dans sa peau quand ses formes humaine ou loup
étaient avec Jonah. Et ce moment, étendus ensemble dans le lit de son ami, ne
faisait pas exception à la règle.
— Qu’est-ce que c’est, Jonah ? demanda Zev, sa voix apparaissant rauque et
incertaine même à ses propres oreilles.
Il savait que sa confusion – merde, sa crainte – était évidente dans son
expression. Jonah le connaissait trop bien pour manquer ça. Et même si ce
n’était pas le cas, étant si proches l’un de l’autre, Jonah pouvait sûrement sentir
le cœur battant à tout rompre de Zev.
Jonah leva la main et repoussa les mèches brunes du front de Zev, une
expression tendre sur son visage.
— Nous avons fini le lycée, Zev, je vais à l’université dans deux jours. Je suis
fatigué de faire semblant, dit Jonah en prenant une profonde inspiration avant de
continuer. C’est de l’attirance, finit-il doucement.
La crainte se transforma en terreur tandis que les yeux de Zev s’écarquillaient,
et il secoua furieusement la tête.
— Non, impossible. Je ne peux pas ressentir ça pour toi. Ce n’est pas possible.
En dépit de sa panique, Zev était toujours dur et il ne fit aucun mouvement
pour séparer leurs corps. Mais Jonah ne le remarqua pas. Au lieu de ça, il
continua à caresser les cheveux de Zev et parla doucement, comme s’il calmait
un animal sauvage.
— Pourquoi ne serais-tu pas attiré par moi, Zev ? Ou bien penses-tu que tu ne
devrais pas ressentir ça envers les mecs en général ?
La tête de Zev se mit à tourner. Que ressentait-il envers les mecs en général ?
Il laissa cette idée s’enraciner et réfléchit. Il ne ressentait rien en particulier pour
les hommes ; il ne pensait pas à eux de cette manière. Eh bien, excepté Jonah. Il
pensait toujours à Jonah.
— Je ne ressens rien pour les gars en général. Je le jure, répondit-il.
Son ton paraissait désespéré, mais il n’y pouvait rien. C’était ce qu’il
ressentait.
Jonah continua de le caresser, encourageant Zev à presser son visage contre ce
contact bienvenu. Il renifla la paume de Jonah et l’odeur familière l’excita et le
calma en même temps. Pourquoi réagissait-il ainsi envers son ami ?
— Alors, tu es en train de me dire que tu aimes les filles, Zev ? À ma
connaissance, tu n’as jamais eu de petite amie ni même un rendez-vous.
Les paroles de Jonah étonnèrent Zev, non qu’elles soient une révélation. Après
tout, ce dernier était bien conscient de son passé amoureux. Ou plutôt de son
absence. C’était juste qu’il n’y avait jamais pensé. Que ressentait-il par rapport
aux filles ? Zev y réfléchit et en vint à la même conclusion que les mecs… il ne
pensait pas à elles. Il secoua la tête de nouveau, son corps tremblant alors qu’il
réalisait dangereusement quelque chose.
— Je n’aime pas les filles, non plus. Je veux dire, je les aime bien, tu sais.
Mais… pas comme ça.
Jonah sourit tendrement.
— Zev, tu as dix-huit ans. Tu ne t’attends pas à ce que je pense que tu es
asexuel ou quelque chose comme ça. Tu dois avoir ces sentiments. Tu n’as pas à
faire semblant avec moi. Je suis ton ami. Ton meilleur ami. Tu es en sécurité
avec moi, Zev. Peu importe ce que tu me diras sur toi, je ne te jugerai pas.
Merde, je pourrais même te surprendre sur certaines choses qui me concernent.
Bien que Zev sache que Jonah parlait de ses propres désirs, sa déclaration
avait mis en évidence le cœur du problème. Zev était un métamorphe. Il ne
pouvait pas désirer un autre mâle. Son espèce n’était pas faite ainsi.
— Je dois y aller, dit Zev en trébuchant sur ses pieds quand il se leva.
Ses yeux parcouraient la pièce comme s’il était un animal piégé, puis il se
précipita vers la porte, l’ouvrit brusquement et s’enfuit.
Zev courut à travers les bois, sa grâce habituelle remplacée par des
mouvements frénétiques et sauvages. Des brindilles et des feuilles craquèrent
sous ses pieds et des branches frappèrent son visage et ses bras, y laissant des
coupures et des zébrures sur leur passage. Les métamorphes guérissaient
rapidement, mais cela ne voulait pas dire que ces blessures ne lui faisaient pas
mal. Néanmoins, dans son état agité, Zev ne ressentit aucune douleur externe.
Chaque once de puissance mentale était concentrée sur la conversation qu’il
avait eue avec Jonah, sur la manière dont son cœur battait à tout rompre quand il
était en compagnie de son ami, sur la délicieuse odeur du jeune homme, sur le
mot que Jonah avait utilisé pour décrire toutes ces émotions : attirance.
Zev arriva à la maison et entra. Il tituba vers sa chambre, essayant de retrouver
son souffle.
— Zev ? Chéri, c’est toi ?
La voix chaleureuse de sa mère venant de la cuisine força Zev à se contrôler.
Il ralentit le pas, mais continua de marcher en direction de sa chambre.
— Ouais, c’est moi, Mama. J’ai besoin d’aller courir. Je vais laisser mes
vêtements dans ma chambre et puis j’y vais.
Le jeune homme avait atteint sa porte quand elle répondit. D’après le volume
de sa voix, il savait qu’elle était derrière lui.
— Et le dîner, Zev ? Tu dois avoir faim.
Il s’avança dans sa chambre et enleva son tee-shirt, lui tournant le dos. Quand
il était seul, il permettait à son loup de surgir si vite que se déshabiller n’était
même pas nécessaire parce que les vêtements tombaient facilement sur le côté.
Mais avec la présence de sa mère, Zev se força à se dévêtir lentement. Il n’était
pas prêt à expliquer son aptitude à se transformer plus vite que les autres. Ses
parents savaient déjà qu’il était différent, plus fort que les autres loups. Ils
n’avaient pas besoin de connaître tous les détails.
— Je vais chasser quelque chose pour le dîner, Mama. Je dois m’éclaircir la
tête, mon loup a besoin de courir.
Elle hésita, connaissant le penchant inhabituel de son fils à courir seul, puis
céda.
— Je comprends, chéri. Profite bien de ta promenade et de ta chasse. Reste
aussi longtemps que ton loup le demandera.
Les vêtements de Zev étaient en pile sous la fenêtre quand sa mère finit sa
phrase, et puis il fut dehors, laissant son animal contrôler ses pulsions et ses
désirs. Il était certain que se transformer en loup réglerait le dilemme qui
déchirait son côté humain. Après tout, son animal était plus primal que
l’homme ; il agissait plus par instinct que par logique. Mais comme son humain,
le loup était convaincu qu’il était attiré par Jonah.
C’était comme si le fait que Jonah ait dit ces mots à haute voix avait fait
tomber les murs. La conscience de Zev à présent mise au courant de cette
évidente attirance n’était désormais plus bloquée. Il ne pouvait pas continuer à
cacher ni à prétendre qu’il ne savait pas. Comment était-ce possible ? Comment
pouvait-il être attiré par un humain mâle… deux facteurs qui auraient dû
l’empêcher de se lier et qui auraient dû par conséquent le dégoûter, ou au moins
dégoûter son loup ?
Il attrapa un lapin pour le dîner, grimpa la plus haute crête de la forêt et hurla
de frustration à la lune. Comme si l’attirance qu’il éprouvait envers son meilleur
ami n’était pas assez confuse, ce n’était pas la seule chose que sa conversation
avec Jonah avait mise en évidence. L’autre réalisation qui le consumait à présent
était qu’il n’avait jamais été attiré par quelqu’un d’autre de toute sa vie.
Cela n’avait aucun sens. Les loups étaient, en fait, plus sensuels que les
humains. Ses pairs étaient depuis longtemps sexuellement actifs. En fait, la seule
fois où Zev avait entendu parler d’un métamorphe qui aurait une attraction
limitée était quand… son loup inspira brusquement alors que le choc faisait
trembler son corps. La seule fois où il avait entendu parler d’un métamorphe qui
n’était attiré que par une seule autre personne était quand ledit métamorphe avait
rencontré une âme sœur. Et dans ce cas-là, celui-ci ne désirerait que son véritable
compagnon parce qu’en liant son âme à celui de son autre moitié, il ne pourrait
jamais éprouver quoi que ce soit pour quelqu’un d’autre.
Jonah était le véritable compagnon de Zev.
Il attendit que son loup repousse cette idée, mais au lieu de cela, tout ce qu’il
ressentit fut une profonde sensation de paix inonder tout son corps, comme s’il
avait été tendu pendant toute sa vie, attendant que cette vérité éclate. Zev ne
comprenait pas comment cela était possible ; c’était complètement contradictoire
à tout ce qu’on lui avait appris. Pourtant, peu importe à quel point cette
réalisation était illogique, sous sa forme loup, Zev ne pouvait le nier. Son loup
était primitif, et la seule chose qu’il ressentait était l’absolue vérité, le fait
indéniable que l’humain dont l’odeur l’avait appelé dix-sept ans plus tôt et avait
provoqué sa première transformation, son meilleur ami, la seule personne qui
l’attirait à tous les niveaux, était son compagnon. Jonah Marvel était l’âme sœur
de Zev.


CHAPITRE 5

Avant que son esprit n’enregistre ce que son corps faisait, le loup brun, plus
grand que les autres de son âge, courrait à travers les bois à pleine vitesse. Il
devait être avec son compagnon, à ce moment précis et tous les moments à venir.
Quand il aperçut la maison de Jonah, Zev se raidit. Il n’était jamais allé plus loin
que l’extrémité sous sa forme de loup, sachant qu’il serait risqué de s’exposer
aux humains. Mais c’était le milieu de la nuit, alors Jonah n’était pas dehors et
ne le verrait pas à moins qu’il ne soit proche de la maison. Zev avait besoin de
son compagnon. Comme si une force l’attirait, le loup s’approcha de la bâtisse
au moment où la fenêtre de la chambre de Jonah s’ouvrait.
— Zev ? C’est toi ? murmura une voix ensommeillée de la fenêtre.
Comme un chiot recevant le meilleur os possible, le loup de Zev courut vers
Jonah, bondissant et posant ses grandes pattes sur le rebord de la fenêtre. Le
jeune homme se mit à rire, tendit sa main vers lui et caressa la fourrure épaisse
de Zev.
— Oh, c’est toi, Chiot ! Je croyais avoir entendu mon ami, là dehors.
Zev inclina sa tête sur le côté et regarda Jonah, le regarda vraiment. Le jeune
homme ne pouvait avoir entendu quelque chose. La fenêtre était fermée, et Zev
n’avait fait aucun bruit. Même un métamorphe ne l’aurait pas entendu
s’approcher.
Alors que Zev réfléchissait à la situation, il se rappela les autres fois durant les
dix-sept dernières années quand son loup rendait visite à Jonah. Il y avait eu des
jours où celui-ci jouait à l’extérieur, mais ces moments-là étaient de loin
minoritaires. Habituellement, le loup de Zev s’asseyait pendant quelques
minutes et Jonah sortait, toujours heureux de le voir.
Le métamorphe se demandait si l’humain réalisait qu’il avait été attiré à
l’extérieur. Non, il ne pouvait pas le savoir. Zev ne l’avait pas su à ce moment-là,
et il était un loup, familiarisé avec leur histoire, connaissant bien leurs pouvoirs,
et en fin de compte, comprenant personnellement l’appel entre véritables
compagnons. Il était certain que Jonah l’avait senti plus qu’entendu… que son
ami pouvait sentir l’appel lui aussi. C’était leur lien qui avait attiré Jonah dans le
jardin durant les années où le loup de Zev venait à lui.
Zev blottit son museau contre la main de son ami et geignit, ses yeux ambre
fixant les pupilles noirs brillants dans le visage adoré au-dessus de lui. Laisse-
moi entrer, Jonah. J’ai besoin d’être avec toi.
Les sourcils de Jonah se froncèrent de confusion. Il recula d’un pas et tapota
le rebord de la fenêtre.
— Tu veux entrer, Chiot ?
Son compagnon avait-il entendu ses pensées ? Les âmes sœurs partageaient
parfois un lien mental. Pourtant, on avait appris à Zev que ce don rare ne venait
qu’après que les deux compagnons aient été liés pendant plusieurs lunes.
Comme la plupart des aspects du lien entre compagnons, les connexions étaient
cumulatives, devenant fortes et s’approfondissant à mesure que le temps passait.
Avec chaque lien, les compagnons devenaient plus proches, si proches que
quelques âmes sœurs avaient dit qu’ils entendaient les pensées de l’autre. Pas
possible. Jonah n’aurait pas pu m’entendre. C’était une coïncidence.
Quelle que soit la motivation de l’invitation, Zev avait l’intention de
l’accepter. Il recula un peu de la fenêtre et s’expulsa du sol, bondissant dans les
airs, au-dessus du rebord et atterrissant tout contre Jonah, qui trébucha et tomba
par terre. Et juste comme ça, Zev se retrouva dans la même position qu’un peu
plus tôt dans la journée, son corps couvrant celui de son meilleur ami, ses yeux
fixant ceux de Jonah, et oui, son sexe aussi dur que la pierre en étant si proche de
cet homme… du contact de ses mains caressant sa fourrure, de son odeur
stimulante. Celui-ci désirait Jonah comme il n’avait jamais voulu autre chose
dans sa vie. Le besoin était si puissant qu’il en était douloureux.
L’humain enfoui sous la peau du loup menaçait chaque once de contrôle qu’il
avait et forçait l’animal à reculer, de crainte d’effrayer son meilleur ami. Zev se
leva de Jonah, se tenant sur ses pattes tremblantes et se déplaça vers le coin de la
pièce. Il se mit en boule et geignit doucement. Il avait mal. Chaque terminaison
nerveuse de son corps voulait toucher Jonah. Il voulait revendiquer son
compagnon, mais il ne le pouvait pas parce que son ami était un mâle et un
humain. Zev n’avait jamais connu une douleur aussi intense que celle qui le
traversait parce qu’il refusait d’être avec son âme sœur, de se lier et de s’unir à
lui de toutes les manières possibles.
— Qu’y a-t-il, Chiot ? demanda Jonah en s’approchant de Zev, la main levée.
Il s’agenouilla devant lui et le regarda avec inquiétude.
— Es-tu malade ?
La position du jeune homme amenait son sexe dangereusement près du
museau de Zev. Son odeur entêtante était plus forte sur cette partie-là de son
corps, et il ne pouvait s’empêcher de lever la tête et de la poser sur les genoux de
Jonah, le reniflant et se blottissant contre lui aussi près que le permettait la
barrière protectrice qu’était le pyjama de son compagnon. Ils étaient ensemble.
C’était suffisant. Cela devait être suffisant. Pour l’instant. Sa dernière pensée –
une promesse intérieure que l’humain faisait au loup : leur séparation du corps
de Jonah n’était que temporaire – était ce dont avait besoin le corps de Zev pour
soulager les crampes qui avaient envahi ses intestins.


Jonah s’assit sur le sol et s’adossa contre le mur. Il garda sa main sur la
fourrure épaisse et caressa le loup qu’il avait vu presque quotidiennement depuis
aussi longtemps qu’il s’en souvienne.
Pour la première fois depuis le désastre de cet après-midi avec Zev, Jonah se
sentit plus serein. Il avait eu du mal à trouver le sommeil, encore nerveux de la
réaction de son ami à propos de ce qui s’était passé un peu plus tôt et
l’affirmation de Jonah que Zev était attiré par lui. Même quand il était tombé
dans un léger sommeil, il s’était tourné et retourné fébrilement, terrifié à l’idée
qu’il ait fait fuir son meilleur ami pour de bon. Mais en cet instant, assis sur le
sol avec ses bras autour du loup brun, il se sentait mieux. Il y avait quelque
chose à propos de cet animal qui calmait son inquiétude et le détendait.
Jonah soupira. Ses paupières étaient lourdes et son corps était épuisé de cette
journée stressante. Mais par-dessus tout, il se sentait complet et en paix. Tant et
si bien qu’avec le corps chaud du loup pressé contre le sien, il succomba au
sommeil, trop fatigué pour comprendre pourquoi son sexe s’était durci quand il
avait étreint la créature.


Jonah se blottit contre l’oreiller chaud et doux et soupira de contentement. Le
grognement en réponse le fit réévaluer la théorie de l’oreiller. Alors que son
esprit s’éclaircissait des dernières brumes de sommeil, Jonah devint conscient
des battements de cœur près de son oreille et le bruit de quelqu’un d’autre qui
respirait. Zev. Il sentait Zev.
Mais la dernière fois qu’il avait vu son meilleur ami, celui-ci avait
apparemment eu une crise de panique et s’était enfui, alors cela n’avait aucun
sens.
Jonah ouvrit un œil et fut accueilli par des yeux ambre qui n’étaient pas
attachés au corps d’un jeune homme qui était le héros de chacun de ses
fantasmes. Ils étaient attachés à un loup brun que Jonah avait connu depuis
toujours. Son bras était déjà enveloppé autour de l’animal, alors Jonah
commença à caresser la douce fourrure, câlinant son ami canidé.
— Bonjour, Chiot. Quelqu’un t’a-t-il déjà dit que tu faisais un superbe
nounours ?
Jonah rit quand le loup grogna. Il avait l’air en fait offensé. Qui aurait cru que
cette expression serait possible sur un animal ?
— Oh, Chiot, t’ai-je offensé ? Désolé, mon garçon, plaisanta Jonah en
l’enlaçant étroitement.
C’était réconfortant. Il ne voulait plus le relâcher.
— Jonah ?
La voix de son père venant de l’extérieur de sa chambre força Jonah à relâcher
la créature sauvage. Le loup se mit debout et lécha le cou du jeune homme. Puis
il s’avança vers la fenêtre et bondit.
— J’arrive, papa !
Jonah regarda le loup courir à travers le jardin. Au moment où l’animal
atteignait les arbres, il entendit un brusque halètement. Il se tourna pour voir son
père se tenant juste derrière lui, regardant par la fenêtre, les yeux écarquillés et
l’expression pétrifiée.
— Papa ? Tu vas bien ?
Kevin Marvel ne répondit pas à son fils. Sa soudaine pâleur et son souffle
rapide inquiétèrent Jonah. Il agrippa les épaules de son père et le secoua
légèrement, espérant attirer son attention.
— Papa ! Qu’est-ce qui ne va pas ?
Kevin déglutit difficilement plusieurs fois et secoua la tête.
— Rien. Ça doit être mon imagination, répondit-il, tendu. J’ai cru pendant un
instant avoir vu un loup.
Le père de Jonah était allergique aux chiens. C’était pour ça qu’il ne lui avait
jamais permis d‘avoir un animal de compagnie. Mais il n’avait pas réalisé qu’il y
avait également de la crainte en plus de l’allergie. Il se demanda si son père avait
été mordu à l’enfance. Il allait lui parler de sa réaction bizarre, quand Kevin
déclara en premier.
— J’ai préparé le petit-déjeuner. Viens te joindre à moi, Jonah. J’ai de bonnes
nouvelles à t’annoncer.
Eh bien, son ton incertain trahissait une nervosité que Jonah n’avait jamais
entendue. Son père était-il tendu à propos des bonnes nouvelles ou bien était-il
toujours en proie à sa réaction étrange envers le loup ? Il n’y avait qu’une seule
manière de le savoir.
— D’accord. Je te rejoins dans une seconde.
Son père hocha la tête et partit. Jonah prit un tee-shirt de son tiroir et l’enfila.
Puis il s’arrêta rapidement à la salle de bain avant de sortir de la chambre,
s’avançant dans le couloir et allant vers la cuisine où son père l’attendait à table.
— Quoi de neuf ? demanda-t-il alors qu’il prenait un verre de jus et le levait à
sa bouche.
— L’hôpital près de l’université avait du travail. J’ai postulé et ils m’ont
accepté. Cela veut dire que je serais en mesure de vendre la maison et de
déménager avec toi.
Jonah ne savait pas quoi répondre. Il avait une relation fusionnelle avec son
père, mais l’homme avait toujours été un peu surprotecteur. Dans l’ensemble, ça
ne dérangeait pas Jonah. Le vieux béguin qu’il avait pour son meilleur ami
l’avait empêché de filer en douce pour rencontrer des filles, et jusqu’à hier,
Jonah n’avait jamais été assez courageux pour exprimer ses sentiments pour Zev.
Cependant, relation fusionnelle ou non, que votre père vous suive jusqu’à
l’université était juste bizarre.
— Écoute, je peux voir que tu es préoccupé à propos de ça, mais ne t‘inquiète
pas. Je ne te gênerai pas, fiston, affirma Kevin Marvel en tendant la main et la
posant sur la joue de son fils. Tu es ma seule famille, Jonah, je sais que tu es un
adulte maintenant, mais tu seras toujours mon bébé, et je veux te garder en
sécurité.
Comment était-il supposé répondre à ça ? Jonah n’avait jamais connu sa mère.
Elle était morte quand il n’était qu’un bébé. Son père n’était plus jamais sorti
avec une autre femme, consacrant entièrement sa vie à son fils. Parfois, Jonah
sentait que c’était trop de pression, mais il aimait son père et se sentait
reconnaissant que leur relation soit aussi complice.
— D’accord, Papa. Je suis content que nous déménagions ensemble. Ce sera
super.
Quand il vit son père se détendre et un large sourire orner son visage, Jonah
sut qu’il avait dit ce qu’il fallait. Il commença à manger et essaya de penser à
quel point ce serait génial de déménager dans un nouvel endroit, à quel point il
s’amuserait à l’université, ce qu’il allait apprendre. En gros, Jonah essaya de
penser à tous les bons côtés qui l’attendaient, sauf qu’avec le déménagement de
son père, il n’y aurait plus aucune raison pour lui de revenir à Etzgadol. Plus
aucune raison de voir Zev Hassick, même si son ami voulait passer du temps
avec lui après le fiasco d’hier. Quelque chose au fond de son cœur, lui faisait
comprendre que s’il n’arrangeait pas les choses avec son ami, il ne serait jamais
en mesure de se remettre de cette perte.













CHAPITRE 6

Après avoir aidé son père à nettoyer la cuisine, Jonah se dirigea vers la salle
de bain adjacente à sa chambre, enleva son pantalon de pyjama et son tee-shirt,
et entra dans la douche. Il rejeta la tête en arrière et savoura la sensation de l’eau
tombant sur ses cheveux et ses épaules, caressant son corps. Comme toujours,
pour stimuler son corps, il pensa immédiatement à Zev. À dix-huit ans, Jonah
mesurait déjà un mètre quatre-vingt, plus grand que les autres gars de son âge.
Mais son meilleur ami avait quand même plusieurs centimètres de plus que lui.
Jonah ricana. En se basant sur le sexe dur pressé contre sa hanche, la veille, il
supposa que la taille n’était pas la seule chose chez Zev qui était plus grande que
les autres gars. Un étrange sentiment au plus profond de lui le détourna de son
monologue comique. Il se sentait soudain… vide. C’était le seul mot qui
convenait. Son corps semblait vide. Et sans qu’il en soit conscient, son entrée se
contracta et se relâcha selon son bon vouloir. La sensation aurait dû être
inconfortable, mais au lieu de cela, elle était excitante.
Le membre de Jonah pulsa avec les contractions de son cul. Son sexe se durcit
et il se sentit étourdi par l’intensité de son soudain désir. Jonah ferma les yeux et
posa son front et ses bras contre le carrelage froid. Son cœur battit la chamade, et
il eut besoin de quelque chose, mais il ne savait pas ce que c’était.
— Merde !
Jonah sursauta en relevant brusquement la tête pour trouver les yeux de Zev le
fixant. Ce dernier tenait les rideaux de douche dans ses poings serrés et son
regard parcourait le corps nu de Jonah, le contemplant de haut en bas. Son sexe
qui avait été durci en fantasmant sur son ami, frétilla en réponse au Zev réel qui
se tenait en face de lui.
— Que… que fais-tu ici ? bégaya Jonah.
— Ton père m’a laissé entrer alors qu’il partait au boulot. Il m’a dit que tu
étais retourné dans ta chambre. J’ai entendu la douche et j’ai juste…


Zev regarda les gouttes d’un liquide séminal coulant du gland de Jonah et
gémit. Il se lécha les lèvres et entra dans la cabine de douche, complètement
habillé. Tendant une main tremblante, Zev toucha l’épaule de Jonah, sa nuque,
son torse, ses muscles et sa hanche… puis l’enveloppa autour de son sexe
pulsant et brûlant.
Oh, Seigneur, ça faisait du bien. Zev ferma les yeux. Le plaisir que lui procura
le contact de Jonah était si juste. Glissant sa main le long de son membre, le
jeune homme savoura la sensation de ses doigts autour de la douce peau qui
recouvrait une dureté en acier.
— C’est si bon, souffla Jonah en enserrant la taille de Zev. Mes jambes sont
faibles.
Il donna des coups de reins dans le poing de Zev.
— Je vais… vais…
Jonah trembla et haleta, serrant Zev si violemment qu’il fut certain qu’il
laisserait des bleues plus tard.
Zev continua de bouger sa main, son emprise légèrement plus serrée, et allant
plus vite.
— C’est si bon, si bon, Zev !
De la semence jaillit du sexe de Jonah et coula sur la main de Zev. Son corps
devint mou, il laissa tomber sa tête contre le cou de son ami et garda ses mains
sur la taille de celui-ci.
Zev enveloppa ses bras autour de son compagnon et le serra contre lui. Quand
Jonah releva finalement la tête et le regarda, la douche les avait trempés tous les
deux.
— Tu es trempé, murmura Jonah.
— Toi aussi, répondit Zev alors qu’il dessinait des cercles sur la peau de
Jonah.
— Mais tu es habillé et je suis nu.
— Ouais, j’avais remarqué. C’est pour ça que je me suis précipité ici.
Zev soupira. Cela allait être dur de penser devant cet homme. Son loup voulait
revendiquer son compagnon et toute perturbation était malvenue. Mais ils
allaient devoir avoir une longue conversation avant que ça ne se produise. Pas
seulement à propos de leur relation, mais également à propos du fait que Zev ne
soit pas complètement humain. Un pas à la fois. La relation en premier ; les
révélations au sujet des métamorphes - qui n’étaient pas que des personnages de
fiction - un autre jour. Zev serra Jonah plus fort contre lui.
— Ça ira, Jonah ?
Celui-ci hocha la tête.
— Oui, ça ira. J’ai toujours voulu ça, avoua-t-il, puis il leva les mains et
s’arrêta à quelques centimètres de la tête de Zev. Bon sang, tu es mon meilleur
ami. Je ne devrais pas m’inquiéter de te dire ce genre de choses.
— Ne te retiens pas, Blondinet, dit Zev en fronçant les sourcils, n’aimant pas
la pensée que son compagnon lui cache quelque chose, même si lui-même le
faisait.
Jonah déglutit nerveusement.
— Puis-je te toucher aussi, Zev ?
— Ouais, tu peux me toucher, répondit celui-ci en éteignant l’eau. Mais tout
d’abord, nous devrions sortir de la salle de bain. Ces vêtements mouillés
commencent à devenir inconfortables.
Avec un hochement de tête, Jonah sortit de la cabine de douche et prit la
serviette sur le crochet. Il se sécha rapidement, puis s’entoura la taille avec et
s’avança vers la porte.
— Je vais aller te chercher une serviette. Je ne serai pas long.
Zev enleva son tee-shirt mouillé et fit descendre son jean trempé jusqu’à ses
pieds, où ils restèrent coincés au niveau de ses baskets. Il grogna de frustration et
allait se baisser pour se défaire de ses chaussures quand Jonah revint. Celui-ci
éclata de rire à son embarras, lui tendit la serviette, puis s’agenouilla devant lui
et délaça ses baskets alors que Zev se séchait.
Une fois qu’il eut fini, il enjamba son pantalon et son caleçon et sortit enfin de
la douche. Jonah était toujours agenouillé sur le sol. Il releva les yeux et laissa
glisser son regard sur le corps de Zev, le posant finalement sur son membre
couvert par la serviette.
— Je vais mettre tes vêtements dans le sèche-linge, dit Jonah en rassemblant
ses vêtements mouillés dans ses bras et se redressant. Tu peux m’emprunter des
fringues si tu veux, Zev, mais…
Jonah se dandina nerveusement d’un pied à l’autre et baissa les yeux au sol.
— Mais je préférerais que tu ne t’habilles pas, termina-t-il dans un murmure,
son ton et son expression inhabituellement timides.
Zev prit le menton de Jonah dans sa main et le redressa afin que son ami
croise ses yeux. D’accord, donc il avait été aveugle à propos de ses sentiments
pour cet homme pendant des années. Mais ce qui était certain, c’était qu’il
n’allait pas se cacher, n’avait pas envie de perdre plus de temps. Zev était né et
avait été élevé afin de diriger et il n’avait jamais eu de problème avec ce rôle.
C’était une partie de lui. La puissance se dégageait de lui depuis l’enfance,
faisant savoir à chaque loup qu’il était destiné à diriger leur meute. Il avait
toujours été décisif, fort, et déterminé, et ces traits de caractère n’allaient
sûrement pas changer.
Le déni et l’hésitation que Zev avait montrés au début quand Jonah avait été
obligé de remarquer ses propres désirs avaient disparu. Il ne savait pas comment
il était possible d’avoir un compagnon humain ou comment se lier avec un mâle,
et il se devait de le découvrir, mais il n’allait pas nier, n’allait pas se cacher de
ça. Non, Zev accepterait son véritable compagnon. Jonah était un cadeau. Un
cadeau beau, drôle, fort et brillant.
— Je ne m’habillerai pas. Et, Jonah ? Ne te cache plus de moi. Je suis ton
meilleur ami. Tu es en sécurité avec moi. Peu importe ce que tu me diras à
propos de toi, je ne te jugerai pas, dit Zev, répétant les mots que Jonah avait
utilisés, le jour précédent.
Celui-ci sourit et hocha la tête, puis sortit de la salle de bain, traversa la
chambre et se dirigea vers le couloir. Zev finit de se sécher, accrocha sa serviette,
et entra à son tour dans la chambre à coucher. Il remarqua le tas de cartons dans
le coin, les affaires de Jonah prêts pour son déménagement et sentit comme un
coup de poignard dans la poitrine. Avec une main pressée contre son cœur, Zev
s’étendit sur le lit et réfléchit à la manière de gérer la situation avec Jonah.
Les véritables compagnons ne se séparaient pas. Jamais, pas même pendant
une courte période. On disait que les âmes sœurs étaient incomplètes l’une sans
l’autre, un seul esprit déchiré en deux, résidant dans deux entités différentes.
Quand les deux compagnons se retrouvaient finalement, ils se liaient l’un à
l’autre, permettant à l’esprit de se reconstituer, redevenant un tout. La légende
disait qu’il était rare pour les âmes sœurs d’être séparés, même pour quelques
heures ; la plupart trouvaient des jobs ensemble durant la journée afin de garder
une connexion presque constante. Et parce que le lien rare des véritables
compagnons inspirait le respect, les meutes faisaient tout ce qui était en leur
pouvoir pour s’assurer que les compagnons restent ensemble tout le temps.
Alors qu’était supposé faire Zev ? Il avait un compagnon, mais celui-ci était
humain. Jonah ne savait pas à propos des esprits. Il ne comprenait pas le concept
des âmes sœurs ou le lien qu’ils partageaient. Jonah était humain. Comment Zev
pouvait-il se lier avec un humain ? Bon sang, comment pouvait-il se lier à un
mâle ? Rien de tout cela n’avait de sens, et le jeune homme n’avait pas le temps
d’essayer de comprendre parce que Jonah allait déménager pour aller à
l’université. À cette pensée, la douleur dans son torse s’intensifia et Zev eut du
mal à respirer.
— Hé.
Jonah se tenait près de la porte, une serviette enveloppée autour de sa taille,
ses mains formant des poings serrés à ses côtés.
— Hé toi-même, répondit Zev, la douleur dans sa poitrine diminuant à la vue
de son âme sœur.
Il sourit, releva la couverture, et l’invita à le rejoindre.
Les mains de Jonah se détendirent et un large sourire éclaira son beau visage.
Il fit les deux pas nécessaires pour se rapprocher du lit, laissa tomber la serviette
et se réfugia sous les couvertures, s’arrêtant lorsqu’il fut à quelques centimètres
de Zev. Ils restèrent allongés sur leurs côtés, face à face. Bientôt, ils tendirent
leurs mains, caressèrent la peau de l’autre, parcoururent le corps de l’autre et
explorèrent.


Après des années à se demander ce que ce serait de toucher Zev, la curiosité
de Jonah fut enfin satisfaite. C’était incroyable. Chaque partie de son être était
impliquée… son corps, son esprit et son cœur. Il voulait que son ami se glisse
dans sa peau, se loge à l’intérieur de son corps. Jonah avait l’impression que
c’était le seul moyen de se rapprocher encore plus de Zev.
Quand la main de ce dernier caressa sa joue et que ses doigts effleurèrent son
oreille, Jonah leva les yeux et croisa le regard ambre de son ami. D’un petit coup
de coude, Zev l’attira contre lui et le rencontra à mi-chemin. Des lèvres roses et
fermes se posèrent sur les siennes et Jonah fut au paradis. Il céda, entrouvrit la
bouche et gémit lorsque la langue de son ami s’engouffra en lui. Leurs corps nus
comblèrent le vide qui les séparait encore et se pressèrent l’un contre l’autre. Des
langues dansèrent, des mains s’enfouirent dans des cheveux, et des membres se
frottèrent contre des peaux chaudes.
Jonah sentit les mouvements de Zev augmenter, écouta son souffle devenir
plus haletant, sentit son cœur battre plus vite, et il sut que son ami était au bord
du précipice. Brusquement, Zev roula au-dessus de Jonah, le clouant contre le
matelas et fit aller et venir ses hanches contre les siennes alors que ses longs
doigts s’enfouissaient dans ses cheveux et qu’une langue talentueuse continuait
son assaut dans sa bouche. Il suivit chaque mouvement de Zev, agrippant les
hanches de ce dernier et rencontrant ses coups de reins.
Il gémit dans la bouche de Zev, et juste alors que son soulagement approchait,
Jonah tourna instinctivement la tête sur le côté, exposant son cou. Il entendit un
grognement, le sentit se réverbérant contre sa peau, dans sa peau. Zev parcourut
son cou de ses dents, mais ne le mordit pas. La légère pression contre cette partie
de son corps fut suffisante pour Jonah. Il cria le nom de Zev et sentit son sexe
pulser entre leurs deux corps, rejoint quelques secondes plus tard par son ami.
Ils restèrent l’un à côté de l’autre, collants de leur sperme, cherchant leur
souffle et attendant que les battements de leurs cœurs ralentissent. Zev fit
pleuvoir de petits baisers sur son cou, son épaule et son visage. Jonah enlaça le
corps imposant de son ami, caressa sa peau, et frissonna de plaisir à leur
nouvelle connexion.
— Whaou. C’était bien mieux que de me masturber, rigola Jonah.
Zev se mit à rire à son tour, puis il hocha la tête et embrassa la joue de son
ami.
— Ouais, c’était bien mieux.
— Qu’est-ce qui t’a pris autant de temps, Hassick ?


CHAPITRE 7

Qu’est-ce qu’il lui avait pris autant de temps ? Comment avait-il pu manquer
les signes durant toutes ces années ? Ils étaient tous là, aussi clairs que le jour.
C’était juste que Zev ne pensait pas qu’il était possible pour les loups de se lier à
des humains, ne pensait pas qu’il était possible pour les métamorphes d’être
gays. Ajoutez à ça le fait que les vrais compagnons étaient extrêmement rares, et
les seules choses qu’il savait sur eux étaient les histoires qu’il avait entendues
des aînés ou d’avoir vu ses grands-parents ensemble et… bon sang, aucune de
ces raisons n’était une bonne excuse pour avoir été aussi aveugle sur leur lien.
— J’étais un idiot. Peut-être que c’est toi le plus malin de nous deux,
Blondinet.
Jonah tendit le cou et embrassa chastement les lèvres fermées de Zev. Un
baiser n’était pas assez, alors Zev inclina la tête et en prit un autre. Jonah se
détendit sur le lit et sourit pendant que son ami continuait à faire pleuvoir de
petits baisers sur sa bouche.
— Tu te moques de moi ? demanda Zev. Peut-être que tu n’es pas aussi malin
que je le pensais.
Le sourire de Jonah se transforma en gloussements.
— Et si je me moquais, Hassick ? Que vas-tu faire ? M’embrasser jusqu’à ce
que mort s’ensuive ?
Zev le regarda fixement, essayant de garder une expression sérieuse, puis il se
jeta sur Jonah, plaqua ses bras dorés sur les côtés et le garda immobile avec ses
genoux.
— Qu’est-ce que tu fais ? demanda Jonah, son large sourire et son rire
heureux prouvant que Zev n’avait pas réussi à cacher son amusement.
— N’est-ce pas évident ?
— Non, si c’était évident, je ne t’aurais pas…
Zev attaqua les côtés de son ami et son ventre d’une rafale de chatouilles.
— Zev ! cria Jonah, surpris, un rougissement envahissant son visage d’avoir
émis ce son pas très masculin.
Il essaya de se soustraire de ce pétrin, mais Zev l’avait déjà affaibli avec son
assaut de chatouilles afin qu’il ne se dégage pas.
— Merde, Hassick ! protesta Jonah alors qu’il cherchait son souffle et se
tortillait.
Il se mit à rire si fort qu’aucun son ne sortit de sa bouche et des larmes
strièrent ses joues.
— Arrête !
C’était plus une mimique qu’un mot verbal parce qu’il n’avait pas assez d’air
dans ses poumons pour parler. Mais c’était assez pour accomplir son but.
Les chatouilles se transformèrent en douces caresses. Zev se pencha et lécha
les larmes de son visage, continuant ensuite vers sa bouche, l’effleurant de sa
langue et entrant quand Jonah ouvrit ses lèvres pulpeuses pour l’accueillir. Zev
relâcha sa prise sur les bras de son amant et fondit sur lui, son corps détendu et
étalé sur le sien, ses mains enfouies dans les cheveux blonds et doux, et sa
bouche fusionnant avec celle de son ami, goûtant la délicieuse saveur.
Sans s’éloigner, Zev gémit et murmura dans la bouche de Jonah.
— Merde, Blondinet, tu embrasses très bien.
Jonah fit remonter ses bras le long du dos de Zev, l’enlaçant et caressant sa
peau.
— Tu n’es pas mal non plus, Hassick. Tu as pratiqué avec quelqu’un sans que
je le sache ?
Zev ricana.
— T’es jaloux ?
Au lieu de lui retourner son sourire, Jonah le regarda intensément.
— Ouais, répondit-il franchement. Je suis jaloux de toute personne qui a pu te
toucher.
Puis il retint son souffle et fixa Zev, attendant clairement une réaction négative
face à sa confession.
Mais à présent que le jeune Alpha comprenait qui était Jonah pour lui, il en
avait fini de paniquer. D’un air complètement calme, il lui retourna le regard et
essaya de lui transmettre toute la puissance de son émotion.
— À moins que tu ne réussisses à être jaloux de toi-même, tu n’as pas à
t’inquiéter. Comme je te l’ai dit hier, je n’ai pensé à personne d’autre – filles ou
garçons – sans parler d’avoir touché quelqu’un d’autre. C’est uniquement toi,
Blondinet. Ça a toujours été toi.
Zev laissa son ami assimiler ses paroles avant de renverser la situation.
— Et qu’en est-il de toi ? Des baisers volés sous les gradins avec les pom pom
girls ?
Jonah grogna plus qu’il ne rit.
— Euh, Zev, je te taquinais quand je t’ai dit que tu n’étais pas très malin, mais
maintenant, je pense que je pourrais avoir raison. Cette dureté que tu sens contre
ton ventre n’est pas une banane. C’est moi, tout content de te voir, ou de te sentir
dans ce cas-là. Et tu es un gars. Dans ce contexte, je pense que nous pouvons en
tirer des conclusions et même une personne avec tes notions de maths limitées
peut trouver la bonne réponse. Je suis gay. Je n’ai aucun sombre secret caché
avec une pom pom girl.
Zev était étonné de voir avec quelle facilité Jonah disait les mots. Il admirait
son ami d’avoir accepté complètement cette partie de lui-même. Pas de honte ni
d’hésitation. Juste une déclaration très terre à terre. À cet instant, Zev décida
qu’il allait adopter la même approche. Il savait que cela choquerait ses parents.
Merde, cela allait bouleverser toute la communauté. Mais il était attiré par un
homme. Il avait une âme sœur mâle. Cela voulait dire qu’il était gay. Zev
Hassick était un métamorphe gay. La meute devrait juste trouver un moyen de se
faire à cette vérité, même s’ils avaient toujours cru que c’était impossible.
— Et au cas où tu te poserais la question, continua Jonah, sa main caressant
toujours le dos de Zev, mais à présent, continuant plus bas, se dirigeant vers son
cul. Je n’ai aucun sombre secret avec un joueur non plus. J’ai eu le béguin pour
un seul gars depuis aussi longtemps que je m’en souvienne et j’ai un peu mis
tous mes œufs dans le même panier.
Zev lui donna un autre baiser, lent, doux et sucré cette fois.
— J’espère pour toi que c’est moi le « gars » dans cette histoire, Blondinet, ou
sinon les chatouilles vont revenir en force.
Prenant Zev par surprise, Jonah répondit en le repoussant et le plaquant sur le
dos, inversant leurs positions. Puis il riposta contre l’attaque de chatouilles d’un
peu plus tôt en faisant de même. Zev éclata de rire et se tortilla sous lui, mais ne
fit aucun effort pour se dégager. Décidant apparemment que Zev en avait eu
assez, Jonah se rallongea contre lui, repoussa sa mèche de son front et répondit
au dernier commentaire de son ami, le visage impassible.
— Ouais, je parlais de ton panier.
Zev grogna et leva les yeux au ciel.
— C’est une bonne chose que tu sois si incroyablement beau, parce que ton
sens de l’humour est terrible. C’était supposé être une blague ? Les sous-
entendus ne comptent pas.


— Tu… tu penses que je suis beau ?
Jonah détesta son ton geignard et incertain, mais il était surpris d’entendre son
meilleur ami le décrire ainsi.
Zev était franchement le plus beau mec que Jonah n’avait jamais vu. Et pas
seulement des gens qu’il connaissait personnellement ; il incluait aussi les
hommes des films et des magazines. Ses traits étaient fermes et masculins, des
cheveux marron avec une pointe de mèches d’une couleur châtaigne, des yeux
ambre remarquables éloignés d’une bonne distance, un nez d’une parfaite
proportion par rapport au reste de son visage, un menton puissant… il avait
même des fossettes. Et c’était juste son visage. Le corps de Zev était carrément
incroyable. Si grand et large que le mot « immense » n’était pas exagéré, et
couvert d’une musculature saillante. Jonah était toujours le plus fort, le plus
rapide, et le plus grand, jusqu’à ce que Zev entre dans une pièce, et là, il se
sentait vraiment petit en comparaison. Cela aurait dû l’énerver, cependant, cela
excitait Jonah. Tout à propos de Zev l’excitait.
— Je pense que tu es beau, Jonah. Je l’ai toujours pensé.
Zev paraissait sincère, son regard tendre, alors Jonah réalisa qu’il croyait son
ami même si cela n’était pas vrai. Il savait qu’il avait un beau corps, grand, fort,
bien défini. Mais il y avait quelque chose à propos de son visage qui semblait
clocher. Chaque trait était beau individuellement, mais combiné, cela ne semblait
pas correspondre. Ses yeux étaient trop larges pour la forme de son visage, son
nez paraissait petit. Et il n’avait jamais vu un vrai blond avec des yeux noirs.
Eh bien, si la réaction de Zev était d’une quelconque indication, son meilleur
ami n’avait aucun problème avec son apparence, et c’était tout ce qui importait.
Jonah donna un coup de reins, pressant son ventre contre l’érection de Zev.
— Es-tu de nouveau dur, Hassick ?
— Tu te plains de mes remarquables pouvoirs de régénération, Blondinet ?
Jonah s’installa au-dessus de Zev, posa sa tête sur son large torse dur et
soupira.
— J’aime tes pouvoirs de régénération.
Ils restèrent allongés ensemble, silencieusement, Zev caressant la tête de
Jonah, et celui-ci jouant avec le duvet de sa poitrine.
— Hé, Zev ?
— Ouais ?
— Pourquoi ce revirement ?
— Que veux-tu dire ?
Jonah ne voulait pas tenter le diable en rappelant à Zev la réaction qu’il avait
eue la journée précédente, de peur qu’il ne s’enfuie à nouveau. Mais c’était
Zev… son ami d’enfance, son meilleur ami. Ils étaient restés ensemble même
quand tous les enfants avec lesquels Jonah avait grandi lui avaient dit de rester
éloigné de Zev parce que celui-ci et les familles de ses amis appartenaient à une
secte. Et Jonah savait que son ami avait fait face à la même pression de la part
des siens qui ne comprenaient pas ou n’aimaient pas leur amitié.
Mais aucun d’entre eux ne s’était éloigné de l’autre ; au contraire, ils étaient
devenus plus proches. Et leurs désormais anciens camarades avaient finalement
renoncé à les convaincre et apprenaient même à se tolérer les uns les autres. Par
conséquent, faire front ensemble, faire confiance l’un à l’autre, avaient bien servi
pour Jonah et Zev. Il n’y avait aucune raison de penser que cela avait changé.
— Hier, tu t’es enfui d’ici comme si les démons de l’enfer étaient à tes
trousses quand j’ai suggéré que tu pourrais peut-être être attiré par moi. Et
maintenant, tu es étendu nu dans mon lit. Je dirais que c’est un sacré revirement.
Zev se raidit pendant quelques secondes, mais continua à caresser les cheveux
de Jonah.
— Je suis désolé pour hier, Jonah. J’étais confus. Je…
Celui-ci pouvait sentir la frustration de Zev, alors il resta parfaitement
immobile et laissa son ami répondre à son propre rythme.
— Je n’ai jamais pensé que je pouvais ressentir ça pour toi. On m’a appris que
ce n’était pas possible. Alors quand tu as dit ces choses hier, elles n’avaient juste
aucun sens dans le contexte de ma vie.
Jonah avait rencontré les parents de Zev, mais seulement en passant. Ils étaient
venus encourager leur fils à chaque match de football et de baseball durant le
lycée, mais un bref « bonjour, Monsieur et Madame Hassick » n’était pas assez
pour connaître leurs croyances. En fait, c’était le manque de temps passé
ensemble qui en disait long.
Zev ne l’avait jamais invité chez lui et on ne lui avait jamais permis de passer
la nuit chez Jonah. Même si on ne parlait pas des raisons, le jeune homme savait
que c’était parce qu’il ne faisait pas partie de leur cercle d’amis. Il respectait bien
trop Zev pour les appeler une secte, mais il devait certainement reconnaître que
c’était étrange, l’attachement que tous ces enfants avaient les uns pour les autres,
leur refus de laisser quelqu’un d’autre s’intégrer. Mais aussi bizarres soient-ils,
les Hassick ne lui avaient jamais paru cruels ni odieux. Et ils avaient élevé leurs
enfants qui étaient ouverts et tolérants. Zev et Lori étaient les personnes les plus
gentilles que Jonah connaissait.
— Que veux-tu dire par « ce n’est pas possible » ? Ta famille ne pense pas que
des personnes peuvent être gays ?
Zev fut silencieux pendant si longtemps que Jonah se demandait s’il l’avait
entendu.
— Non, ils réalisent que des personnes peuvent être gays, c’est juste qu’ils…
Zev remua sous lui, mal à l’aise, et Jonah décida de laisser tomber. Il avait
compris un point important : la famille de Zev n’allait pas lui faciliter les choses,
et il n’y avait aucune raison pour Jonah d’ajouter à son stress en parlant d’eux
plus longtemps.
— J’ai saisi. Je suis désolé, Zev. Aurais-tu… euh…
Jonah s’éclaircit la gorge et trouva la force de continuer sa phrase.
— Aurais-tu voulu ne pas être comme ça ? Aurais-tu voulu… euh… ne pas
ressentir ça pour moi ?
Zev l’enveloppa de ses bras et le serra plus fort contre lui.
— Oh, bon sang, non ! T’avoir pour âm… ressentir ça pour toi est un cadeau,
Jonah. Je suis désolé que cela m’ait pris si longtemps pour le comprendre.
Jonah se détendit dans l’étreinte de son ami. Il avait été inquiet d’avoir ouvert
la boîte de Pandore et de laisser ensuite Zev seul pour faire face à la dévastation
quand il déménagerait pour l’université. Mais son ami ne semblait pas avoir de
difficultés avec ses nouveaux sentiments. Il n’y avait ni colère, ni honte dans sa
voix et ses actions. Il était la même personne forte et assurée que Jonah avait
toujours admirée et adorée. La pensée de laisser Zev avait été douloureuse, mais
après ce qu’ils avaient partagé, elle était devenue dévastatrice.
— Zev, tu es certain de ne pas vouloir aller à l’université ? Je sais que ta
famille veut que tu diriges l’entreprise familiale, mais est-ce que tu le veux
vraiment ? Et même si c’était le cas, ne veux-tu pas aller à l’université d’abord ?
Jonah baissa la voix alors qu’il finissait sa supplication.
— Viens avec moi.
Zev s’étira et embrassa le front de Jonah, qui était toujours sur son large torse,
puis il frotta sa nuque.
— Je ne peux pas m’éloigner d’Etzgadol, Blondinet. J’ai des responsabilités
ici, des choses que je ne peux apprendre que de mon père et de mon grand-père.
En plus, ton université est au milieu de la ville. Je ne pense pas que je pourrais
gérer le fait d’être enfermé dans ces grands immeubles sans arbres ni prairies.
Ouais, Jonah le savait. Il ne pouvait imaginer son ami entouré par la pollution
et la circulation.
— Tu vas me manquer, Hassick.
— Tu vas me manquer aussi, Blondinet. Mais tu seras à la maison pour les
vacances, pas vrai ? Les vacances scolaires, et les longs week-ends et….
— Pas de vacances. Mon père déménage avec moi. Il va vendre la maison.
Jonah sentit la tension consumer soudain le corps grand et large de son ami.
— Que veux-tu dire ? C’est ta maison. Il ne peut pas vendre ta maison !
La voix de Zev était paniquée, et Jonah sentit le cœur de son ami battre plus
vite.
— Il vient de me le dire ce matin même. Il veut que nous restions ensemble,
donc il a trouvé un nouveau travail. Il va vendre la maison. Alors, ouais, pas de
vacances à Etzgadol.


Les yeux ambre de Zev se fermèrent, son souffle devenant haletant et son
emprise sur Jonah se resserrant. Plus rien n’avait de sens. Il avait passé toute sa
vie à penser que certaines choses étaient absolues et tout à coup, le haut devenait
le bas, la lumière s’assombrissait, et les âmes sœurs étaient forcées de se séparer.
Bien sûr, ce n’était pas la seule chose qui n’avait pas de sens à propos de sa
situation avec Jonah. En vérité, tout ça n’avait aucun sens du début à la fin.
En premier lieu, les âmes sœurs ne se rencontraient pas à l’enfance. On disait
que c’était une manière de les protéger. Parce que le désir de se lier avec un
véritable compagnon était écrasante, et s’ils se rencontraient durant l’enfance, ils
se lieraient trop jeunes. Le fait que des préadolescents et des adolescents portent
des petits pouvait se révéler dangereux, et les aînés avaient toujours expliqué
pourquoi les âmes sœurs ne venaient jamais d’une même meute, de cette
manière. Au lieu de cela, ces métamorphes rares et chanceux à qui l’on accordait
un véritable compagnon sentiraient l’existence de l’autre moitié de leur âme,
mais ne seraient bénis d’une rencontre que lorsque leurs corps seraient prêts pour
le lien, en général, à la vingtaine ou la trentaine. Mais Zev avait connu Jonah
depuis toujours. Ses premiers souvenirs étaient de son loup roulant avec Jonah
dans l’herbe de leur jardin.
Mais ce n’était pas seulement leur jeune âge quand ils s’étaient rencontrés qui
différait de tout ce qu’on lui avait appris sur les véritables compagnons. Le plus
grand problème, bien sûr, était que Jonah n’était pas un loup et qu’il était un
mâle. Même si une femme humaine voulait se lier avec un loup, Zev ne savait
pas si leur lien serait suffisant pour préserver l’humanité du métamorphe. Mais
se lier avec un mâle était physiquement impossible.
La combinaison de toutes ces incohérences aurait pu être suffisante pour que
Zev rejette la possibilité que Jonah soit son vrai compagnon. Mais à présent qu’il
savait la vérité, son humain et son loup ne permettraient jamais à Zev de le nier à
nouveau.
Il fit rouler leurs deux corps afin qu’il soit au-dessus de Jonah, puis pressa son
nez contre ses cheveux blonds et doux et inspira son odeur fraîche et propre. Il
enfouit la tête dans son cou et lécha timidement l’endroit derrière son oreille. La
saveur de l’autre homme explosa dans sa bouche et sa langue voulut plus. Il se
blottit contre lui et mordit, lécha et suça, jusqu’à ce qu’il voie sa marque sur le
cou de son ami.
Zev releva la tête et regarda Jonah sous lui, qui avait le corps tremblant, le
cœur battant et la tête inclinée sur le côté afin que son cou soit exposé pour ses
attentions et portant sa marque. Il était son âme sœur. Il n’y avait aucun doute
dans son esprit ni dans son cœur. Il était certain qu’il y aurait d’autres questions
auxquelles il faudrait répondre, des choses à apprendre, mais Zev les
découvrirait. Peut-être que c’était la raison pour laquelle Jonah partait, pour lui
donner le temps dont il avait besoin pour comprendre comment se lier à un mâle
humain.
Ouais, ça a du sens, pensa Zev. On m’a donné un aperçu de mon compagnon
plus tôt parce que j’ai besoin de plus de temps pour comprendre comment me
lier à lui. Il me reviendra quand il aura atteint l’âge requis.
Avec cette explication bien en place, le corps de Zev se calma. Il allait
réfléchir, chercher et résoudre son dilemme et savoir comment se lier à son
compagnon. Et jusqu’à ce qu’ils puissent vivre ensemble et compléter le lien, il
trouverait un moyen de voir Jonah.
— Eh bien, je viendrai te voir, Blondinet. Je ne sais pas combien de fois je
pourrais le faire, mais j’y arriverai. Et c’est seulement pour quatre ans. Puis tu
pourras revenir ici définitivement et nous serons assez vieux pour… nous serons
assez vieux pour, euh…
Zev ne savait pas comment verbaliser sa pensée. Il n’était pas prêt à expliquer
les liens et les âmes sœurs à Jonah. Il avait besoin de plus de temps pour
s’adapter à leur situation unique.
— Es-tu en train de dire que tu voudrais qu’on ait une relation longue
distance, Zev ? Comme… euh… sortir ensemble ou quelque chose comme ça ?
— Sortir ensemble ou quelque chose comme ça ? répéta lentement Zev.
Il n’avait aucune idée de ce dont Jonah parlait, et la confusion était évidente
dans sa voix.
Une rougeur envahit les joues de son ami, ce que Zev trouvait absolument
adorable, et puis il bégaya :
— Ce que je voulais dire, c’était : est-ce que c’est une aventure sans
lendemain entre nous, Hassick, ou bien es-tu en train de dire que tu en veux
plus ?
Sa question n’avait aucun sens jusqu’à ce que Zev se rappelle que son ami
était humain. Celui-ci n’avait pas les mêmes instincts que lui, ne comprenait pas
qu’ils étaient faits pour être ensemble. Zev ne pouvait être avec personne d’autre
même s’il le voulait, non qu’il imagine éprouver un désir aussi ridicule.
— Ce n’est pas une aventure sans lendemain, Blondinet. Nous sommes faits
l’un pour l’autre. C’est du sérieux.
Jonah sourit, caressant le visage de Zev, et il marmonna contre la bouche de
son compagnon.
— Du sérieux, hein ?
Zev mordit sa lèvre pulpeuse et lui retourna le sourire.
— Oh oui, répondit-il avant d’incliner sa tête et d’enfoncer sa langue dans la
bouche douce de Jonah.


Jonah suça la langue de Zev, savourant la chaleur de la peau douce roulant
sous les bouts de ses doigts et ondula son bassin contre le corps dur au-dessus de
lui. Zev frotta les épaules de Jonah, caressa son torse et alla jusqu’à sa taille pour
s’accrocher à lui alors que le baiser devenait plus profond et plus passionné.
— Merde, c’est si bon, Zev.
— Oui, Blondinet, répondit Zev alors qu’il roulait sur le côté, prenant Jonah
avec lui.
Puis Zev aligna leurs membres durs et enveloppa sa large main autour d’eux,
caressant de haut en bas lentement. Jonah regarda entre leurs deux corps et
apprécia le spectacle de la main de son ami bougeant sur leurs deux sexes
engorgés. Il posa la sienne sur la joue de Zev et l’attira à lui pour un autre baiser,
puis il la fit courir plus bas et entoura leurs membres de ses doigts jusqu’à ce
qu’ils rencontrent ceux de Zev.
Ils bougeaient en continu, prenant du plaisir dans le corps de l’autre et
donnant également. Jonah pouvait sentir le souffle chaud de Zev sur son visage,
entendre des gémissements silencieux, et goûter sa saveur unique alors qu’ils
continuaient à s’embrasser, à se caresser et à permettre au plaisir de leur
accouplement de prendre le pas.
— Je te désire depuis si longtemps, Zev.
La confession sortit de la bouche de Jonah sans réfléchir et sans
avertissement. Les émotions du moment étaient trop écrasantes pour lui
permettre de retenir les sentiments qu’il éprouvait depuis longtemps pour son
ami.
— Tu m’as, Jonah. Je suis à toi. Tout à toi.
Jonah arqua le dos, rejeta la tête en arrière et ferma les yeux alors que son
corps trouvait le soulagement et jouissait sur leurs mains enveloppées autour de
leurs membres fermes.
— Oh, regarde-toi, Jonah, murmura Zev. Si beau.
Sa bouche trouva sa place dans le cou de Jonah et le mordilla pendant qu’il le
rejoignait dans l’extase.
Alors que leurs corps tremblants s’accrochaient l’un à l’autre et que leurs
bouches se liaient à nouveau, Jonah se demanda comment il arriverait à survivre
durant les années à venir en étant séparé de Zev.


CHAPITRE 8

— Là-bas, c’est le salon. Juste à côté, il y a le bureau. La chambre se trouve
sur la gauche. Là, nous sommes dans la kitchenette et la salle de bain se trouve
derrière cette porte. Et voilà le tour complet. Bienvenue dans mon humble
demeure.
Jonah adressa à Zev un sourire hésitant alors qu’il lui faisait le tour de son
dortoir qui consistait à se tenir au centre de son dix-neuf mètres carré et bouger
ses mains dans tous les sens. Il espérait que sa nervosité concernant cette visite
n’était pas trop évidente. Après toutes ces années, grandissant ensemble,
devenant de meilleurs amis, et puis finalement parvenus à accepter la profondeur
de leurs sentiments, Jonah avait déménagé pour aller à l’université et avait laissé
son cœur derrière lui. Il avait eu le béguin pour Zev depuis des années, mais
c’était seulement quand il ne put plus voir son ami tous les jours qu’il avait
réalisé l’énormité de son désir pour l’autre homme.
Cela faisait six mois depuis la dernière fois qu’il avait vu Zev. Ils avaient
gardé le contact, bien entendu, mais cela n’avait pas été assez. Jonah avait rêvé
de lui chaque nuit depuis qu’il avait déménagé. Il avait comparé chaque homme
qu’il rencontrait sur le campus à celui qu’il avait laissé derrière lui et aucun
d’entre eux ne lui arrivait à la cheville.
Jonah avait eu hâte de revoir son ami depuis le jour où ils s’étaient quittés.
Mais à présent que Zev se tenait à quelques centimètres de lui, il était nerveux.
Auraient-ils toujours leur connexion fluide ou les choses seraient-elles tendues ?
Zev voulait-il continuer leurs petites explorations ou était-il là juste pour rendre
visite à un vieil ami dans le sens platonique du terme ?
— Ok, canapé et oreillers colorés, noté. Deux bureaux, noté. Deux lits
superposés, noté. Un micro-onde et un mini frigo, noté. Tu vis la belle vie ici,
Blondinet, plaisanta Zev alors qu’il fermait la porte du dortoir derrière lui et
laissait tomber son sac sur le sol.
— Hé, va te faire voir, Hassick. Je te ferai savoir que c’est le logement
principal pour étudiants. Il y a même une liste d’attente pour cet endroit.
Zev s’avança vers son ami et entoura sa taille de ses bras.
— Je ne te taquinais pas, Jonah. Crois-moi, c’est bien mieux que là où je dors,
ces jours-ci. Au moins, tu as de l’eau courante.
Le badinage familier et la sensation du corps de Zev si proche de lui
réconfortèrent Jonah. C’était toujours son Zev ; le temps et la distance les
avaient séparés physiquement, mais rien n’avait changé entre eux. Le
soulagement se transforma rapidement en désir quand Jonah sentit la raideur
pressée contre sa hanche. Et soudain, ce dernier ne put plus se rappeler de quoi
ils discutaient.
Une seconde ! Zev avait-il dit qu’il n’avait plus l’eau courante ? Jonah leva la
main et caressa la joue de son ami, savourant la rugosité de la barbe de trois
jours.
— De quoi parles-tu, Zev ? Tu ne vis plus avec ta famille ?
— Nan. J’ai déménagé il y a quelques mois. Je campe dans une tente et
j’économise pour mon propre chez-moi.
Bon sang, que Zev sentait bon ! Aussi proches qu’ils soient l’un de l’autre,
Jonah pouvait sentir la chaleur qui irradiait de ce corps dur et musclé, pouvait
sentir le souffle de Zev effleurer son visage, pouvait voir les yeux ambre qui
semblaient étinceler et le regarder avec une expression qui s’accordait avec le
désir qu’il sentait dans ses propres tripes à chaque fois qu’il ne faisait que penser
à Zev.
— Tu n’as jamais rien dit au téléphone. Pourquoi as-tu déménagé ?
Jonah pouvait entendre l’enrouement dans sa propre voix. Il essaya d’étouffer
son besoin. Ils avaient été séparés depuis des mois. Ils devraient discuter,
rattraper le temps perdu. Il devrait parler à Zev de l’université, savoir comment il
s’en sortait avec le business familial, prendre des nouvelles de Lori et Toby.
— Veux-tu vraiment parler de mes conditions de logement maintenant,
Blondinet ?
Zev se pencha vers lui, lécha le cou de Jonah et gémit. Le son vibra à travers
la peau de Jonah, provoquant des frissons de plaisir et de désir de son torse
jusqu’au bas du ventre. Il était déjà douloureusement dur et ils s’étaient à peine
touchés.
— Hum, fit Jonah puis il s’éclaircit la gorge. Non, nous ne sommes pas
obligés de parler de ça. De quoi veux-tu parler, Hassick ?
— Je ne veux pas parler, Blondinet, dit Zev, la voix rauque.
Jonah n’eut pas l’occasion de répondre parce que Zev resserra ses bras forts
autour de lui, caressa son flanc, puis pressa ses lèvres fermes sur les siennes. La
pression de la bouche de Zev était chaude et bienvenue. La langue de celui-ci
glissa sur ses lèvres et se pressa plus fermement contre sa bouche, et les deux
hommes grognèrent de plaisir. C’était si bon de sentir le corps de Zev contre le
sien et de goûter à sa saveur, que le cerveau de Jonah court-circuita
complètement et son corps prit le dessus, relâchant les sensations du toucher, du
goût et de l’odorat. Le Zev réel était bien mieux que ce que Jonah se rappelait
dans ses nombreux et nombreux fantasmes.
Avant que Jonah sache qu’il bougeait, Zev les avait rapprochés du lit et son
ami faisait descendre sa fermeture éclair avec un désespoir qui le réconforta ; il
n’était pas seul dans son désir dévorant. Le manque d’oxygène rendait Jonah
étourdi, mais il gémit quand même de regret lorsque Zev éloigna sa bouche
délicieuse. Puis les lèvres pleines de celui-ci tracèrent leur chemin sur la
mâchoire de Jonah, derrière son oreille et le long de son cou, mordillant et
léchant. Jonah gémit son plaisir.
— Je te veux, Blondinet, grogna Zev, sa voix provoquant un désir avide et
familier qui parcourut le corps entier de Jonah.
— Oui…
Jonah ne savait pas si Zev lui avait demandé quelque chose, mais il voulait
que son amant sache qu’il était d’accord pour tout.
Zev tira le tee-shirt de Jonah d’un coup sec, fit descendre son jean et son
boxer à ses chevilles, et ensuite, le poussa vers le lit. Jonah releva les yeux vers
son ami, le plaisir et le désir parcourant son corps. Il donna des coups de pieds,
essayant de déloger le pantalon piégé à ses chevilles, mais il n’y arriva pas.
Zev se mit à rire, s’assit et délaça les baskets de Jonah. Des doigts épais et
forts enlevèrent les chaussures pendant que la bouche talentueuse de Zev
couvrait chaque centimètre de peau disponible de baisers et de coups de langue.
Quand Jonah fut finalement nu, Zev prit le bas de son tee-shirt et le passa par-
dessus sa tête. Il commençait à se lever, mais s’interrompit quand il fut au niveau
de l’érection de Jonah. Sortant sa langue, il lécha ses lèvres et releva les yeux.
— Jonah ?
Le cerveau de Jonah mit quelques secondes pour enregistrer le changement
dans le ton de Zev et plusieurs secondes encore pour ses neurones avant qu’il ne
puisse parler.
— Ouais ?
— Je veux… je veux…
Jonah s’assit, son regard parcourant le torse dur de Zev avec avidité, et suivit
de ses doigts la toison brune et douce couvrant les renflements de ses muscles.
— Que veux-tu, Zev ?
Des yeux ambre intense lancèrent des coups d’œil furtifs au visage de Jonah,
puis sur ses genoux, et puis revinrent vers son visage.
— Je veux poser ma bouche, là. Je veux… euh… te goûter là, dit Zev en
regardant le sexe dur de Jonah à chaque « là ».
Un son avide et embarrassant sortit de la bouche de Jonah. L’idée que les
lèvres de Zev soient enveloppées autour de son membre était si foutrement sexy
qu’il était miraculeux qu’il n’ait pas explosé en entendant seulement les mots.
— S’il… te… p… plaît.
Le consentement bafouillé de Jonah semblait être la seule motivation que Zev
avait besoin pour continuer. Celui-ci enveloppa des doigts fermes et sûrs autour
de la base du membre de Jonah et pencha son visage jusqu’à ce que ses lèvres
humides touchent la peau chaude. Zev bougea sa main le long du sexe dur et fit
pleuvoir des baisers doux sur son membre. Jonah fondit sur le lit. Il resta allongé
sur le dos, accoudé sur les oreillers, et fixa son ami d’un regard intense.


Les doux baisers se transformèrent en succions, puis Zev le caressa de la
langue, goûtant et léchant. Bien que ses premières tentatives soient hésitantes, le
goût de Jonah déclencha quelque chose de primitif au plus profond de lui et il
eut rapidement besoin de plus. Avec de longues caresses de sa langue, il fit des
va-et-vient sur chaque centimètre de peau, puis des baisers et des succions
suivirent la veine proéminente qui pulsa avec l’excitation accrue, et finalement,
Zev ouvrit les lèvres sur le sexe de Jonah et suça le gland de sa bouche humide
et chaude.
— Mmm, Zev ! cria Jonah.

Serrant les draps dans ses poings, il rejeta la tête en arrière et ferma les yeux
alors qu’il haletait.
Zev retira sa bouche de la dureté douce qui lui avait semblé si parfaite sur sa
langue.
— T… T’ai-je fait mal, Blondinet ? Tu veux que j’arrête ?
Jonah serra les muscles de son estomac et releva la partie supérieure de son
corps du lit. Ses yeux étaient sauvages et désespérés alors qu’il regardait son
ami.
— S’il te plaît, Zev. Ne t’arrête pas. S’il te plaît, ne t’arrête pas.
— Oh, merde. Tu es tellement sexy, Blondinet !
Avec ces mots, Zev ouvrit la bouche et se pencha sur lui, prenant Jonah
profondément. Il tourna sa main pendant qu’il la bougeait sur la base de son
membre afin qu’elle rencontre sa bouche alors qu’il faisait des va-et-vient avec
sa tête, prenant son sexe aussi profondément qu’il le pouvait.
— Je vais… Zev, oh Mon Dieu ! Tu dois enlever ta bouche avant que je…
Zev !
Jonah serra les cheveux de son amant entre ses doigts et essaya de tirer sa tête,
mais il n’y avait aucun moyen que Zev relâche son prix. Il était trop excité par
les bruits de Jonah, par la sensation de son érection et par le goût de sa peau. Et
il en voulait plus. Il voulait savourer sa jouissance.
Sans vraiment réaliser ce qu’il faisait, Zev dirigea sa main droite vers son
jean. Il ouvrit le bouton, fit descendre sa fermeture éclair et fit sortir son sexe
douloureusement dur de son boxer. Puis Zev ferma son poing sur son membre
engorgé alors qu’il suçait et arrachait le plaisir de Jonah.
— Zev, Zev, mmh, Zev !

Jonah cria le nom de Zev d’un air triomphant et donna un coup de reins juste
avant que son sperme ne remplisse sa bouche accueillante.
La saveur de son compagnon était un élixir érotique qui touchait tous les
points sensuels de Zev. Il déglutit la jouissance de Jonah et gémit alors que son
propre sperme humide et chaud couvrait sa main. Zev suçait toujours le sexe
flasque quand des mains tendres caressèrent ses cheveux et le relevèrent
doucement.
— Suis trop sensible, Zev. Viens là.
Celui-ci retira sa bouche du magnifique sexe de Jonah et lui donna un dernier
coup de langue.
— Tu as une langue inhabituellement longue et coordonnée.
Ignorant la remarque, Zev rampa sur son compagnon et caressa sa peau
chaude.
Les narines frémissantes, Jonah tourna la tête sur le côté. Ses yeux
s’agrandirent alors qu’il regardait la paume couverte de sperme de Zev. Il
entoura la main de celui-ci de ses doigts et l’approcha de sa bouche, se pencha
légèrement et lécha le liquide.
— Merde, Blondinet !
Zev haleta en voyant le spectacle sexy qui prenait place devant lui. Il pencha
la tête jusqu’à ce que sa bouche rencontre celle de Jonah et enfonce sa langue à
l’intérieur. Leurs goûts se mélangèrent et son corps s’éveilla.


Jonah sentit un étrange resserrement et relâchement au plus profond de lui-
même. Il n’avait ressenti cette sensation qu’une seule autre fois : le jour
précédent son départ d’Etzgadol, quand il fantasmait sur Zev dans la douche.
Mais cette fois-ci, les sentiments étaient plus forts, plus insistants. Il avait besoin
de… quelque chose. Non, pas quelque chose. Il avait besoin de Zev. De son ami
à l’intérieur de lui.
Bien que les expériences sexuelles de Jonah soient limitées à celles qu’il avait
partagées avec Zev, il avait passé plus de temps à voir du porno sur le net qu’à
faire ses devoirs durant les six derniers mois. Il avait vu des corps durs bouger
ensemble dans différentes positions et s’était toujours imaginé avec Zev à leurs
places. Et alors que la plupart des scènes et positions avaient alimenté les
fantasmes de Jonah voulant jouer l’un des rôles des acteurs, il y avait une
exception importante. À chaque fois qu’il regardait une pénétration entre deux
acteurs, Jonah s’imaginait toujours être le passif. À chaque fois.
Au début, Jonah s’était demandé si c’était étrange. Si cela avait un sens plus
profond concernant sa personne. Mais ensuite, il avait trouvé différents sites qui
parlaient d’hommes gays, avait lu des articles et les rubriques de conseils et avait
décidé que cela ne voulait rien dire. C’était ainsi. Il espérait juste que Zev
prendrait le rôle de l’actif. Si ce n’était pas le cas, ils se relaieraient. Jonah
n’allait pas laisser tomber son petit-ami pour un problème d’actif et de passif.
CHAPITRE 9

— Quand est-ce que ton colocataire revient ? Devons-nous nous habiller ?
La voix de Zev paraissait soudainement tendue. Jonah fit courir sa main sur la
joue ombrée de son ami. Elle était chaude et rugueuse et parfaite.
— Il reste chez sa petite-amie tout le week-end. Nous avons la chambre pour
nous.
Même s’il y avait quelque chose d’excitant à avoir son corps nu couvert par
celui à demi vêtu de Zev, Jonah voulait sentir sa peau contre la sienne. Alors il
tendit ses mains vers la ceinture du jean de son compagnon, fit entrer ses pouces
sous le lourd tissu et son boxer, et fit descendre les barrières sur les hanches de
Zev et à mi-cuisses.
— Retire tes chaussures, Hassick.
Zev obéit et remua jusqu’à ce que son jean soit au niveau de ses chevilles,
puis il enleva ses chaussures, retira son pantalon et installa sa nudité chaude sur
le corps de Jonah. Instinctivement, les jambes de celui-ci s’écartèrent, faisant de
la place pour Zev entre elles. Il frotta ses mollets contre les jambes de Zev, plia
les genoux et enveloppa ses chevilles autour des cuisses de son compagnon, puis
les bougea de haut en bas en une douce caresse. Et durant tout ce temps, Jonah
soutint le regard de Zev, savourant la chaleur et l’affection qui remplissaient
clairement ses yeux.
Mais il y avait autre chose en eux aussi. Quelque chose que Jonah avait
rarement vu chez son ami. Il y avait un soupçon d’incertitude et d’anxiété. La
dernière fois qu’il avait vu ces émotions chez son compagnon était quand il avait
confronté Zev à propos de leur attirance, et celui-ci y avait répondu en
s’enfuyant de sa chambre. Jonah s’inquiéta soudain du fait qu’ils étaient peut-
être revenus à ce stade, que Zev soit trop submergé par ce qu’ils avaient partagé
et qu’il change d’avis.
— Zev ?
Il ne pouvait rien faire d’autre que dire son prénom. Jonah voulait supplier
Zev de rester, mais sa gorge était nouée et son corps entier tendu. Il resserra
l’emprise de ses jambes autour de son ami pour l’empêcher de s’échapper.
— Tu exhibes tes jambes fortes, Blondinet ? demanda Zev avec un rire alors
qu’il caressait une cuisse avec des doigts fermes, massant le muscle et faisant
détendre l’emprise que Jonah avait sur lui.
— Désolé, tu m’as juste inquiété pendant une minute, répondit Jonah
calmement.
Il se mordit la lèvre et regarda Zev à travers ses cils.
— J’ai pensé que tu allais peut-être filer d’ici ou quelque chose comme ça.
— Nan. Je ne te fuirai pas, Blondinet. J’ai juste un peu paniqué. Je n’ai pas
trop l’habitude de… hum... ce truc d’être avec un autre gars.
Jonah se demanda, et non pour la première fois, ce qui se passait exactement
dans l’église de Zev, ou peu importe, comment ils appelaient ça dans leur
religion. En y pensant, Jonah n’avait jamais entendu Zev, Lori ou Toby l’appeler
religion. Il ne les avait jamais entendus donner un nom à cette chose. Les
camarades à l’école l’appelaient une secte, mais Jonah savait que ce n’était pas
vrai. Il avait eu l’impression que Zev et les enfants qu’il considérait comme des
amis de la famille se connaissaient tous. Ils étaient tous allés à une école
primaire privée dont ils n’avaient jamais entendu parler, et ils semblaient ne faire
confiance qu’à ceux qui appartenaient à leur petite communauté. Eh bien, pas
tous. Zev avait toujours été agréable envers Jonah et les autres enfants à leur
école. Et Lori et Toby n’étaient pas mal non plus. Ils étaient gentils avec tout le
monde, bien qu’ils n’aient pas le charme et le caractère ouvert et amical de Zev.
— Es-tu inquiet à propos de la réaction de ta famille ? À propos de ce qu’ils
vont penser de toi ? Ou si ton père va te virer ou quelque chose comme ça ? Je
ne suis pas un grand expert, Hassick, mais j’imagine que c’était plus facile pour
moi de… hum… faire mon coming-out à mon père. Parle-moi. Peut-être que je
peux aider. Ou es-tu inquiet de… euh… d’aller en enfer ou quelque chose
comme ça ?
Waouh ! C’était éloquent. Eh bien, au moins il essayait. Ce n’était pas une
conversation facile pour Jonah non plus. Celui-ci sentit Zev trembler au-dessus
de lui et quelque chose d’humide tomba sur sa joue. Son cœur se serra, et il
releva vivement les yeux pour regarder ceux de son ami, s’attendant à voir de la
tristesse. Au lieu de cela, Zev riait tellement fort qu’il en pleurait.
— Hé ! s’exclama Jonah en frappant l’épaule de son ami. Arrête ça ! J’essaye
d’être à l’écoute et tout, et toi, tu gâches tout !
— Désolé, haleta Zev, s’arrêtant de rire pour reprendre son souffle.
Il essuya ses yeux du dos de la main.
— C’était profond, mec, sérieusement. Aller en enfer ou… ouille ! cria Zev
quand Jonah frappa le côté de sa tête, fort.
— Ferme-la, connard ! Comment suis-je supposé savoir ce qui t’inquiétait ?
C’étaient des questions parfaitement normales. Maintenant, arrête de te moquer
de moi !
Après quelques petits rires, Zev se releva de Jonah et se mit sur le côté, sa tête
posée sur une main, l’autre caressant le torse de son ami.
— D’accord, d’accord ! Tu as raison, désolé. Non, je ne m’inquiétais pas à
propos de ma famille ou d’être viré ou aucune de ces conneries. Je ne sais juste
pas quoi faire avec toi, Jonah. Je ne sais jamais si mes… euh…. envies sont
bizarres, tu vois ?
— Tes envies ?
Jonah se releva aussi jusqu’à ce que sa joue soit posée sur sa main, prenant la
même position que Zev. Puis il glissa son genou entre ceux de son compagnon.
— Ouais, tu sais, comme ce que je t’ai fait, répondit Zev, regardant fixement
le membre de Jonah alors qu’il se léchait les lèvres. C’est normal ou bien
étrange ?


Zev savait que sa question n’expliquait pas bien ce qu’il voulait dire, mais il
ne savait pas de quelle autre manière demander. Il ne savait pas comment les
humains couchaient ensemble. Franchement, il ne savait même pas comment les
métamorphes couchaient ensemble non plus, juste ce que son père lui avait
raconté quand il avait douze ans.
Ses plus proches amis étaient Jonah et Toby, et le sexe n’était pas quelque
chose dont ils discutaient beaucoup. Avec Toby, c’était parce que l’autre loup
avait toujours eu le béguin pour sa sœur et elle avait été sa seule petite amie. Il
ne voulait certainement pas parler de la vie sexuelle de celle-ci et Toby n’était
probablement pas désireux de partager ces informations avec lui non plus. Et
avec Jonah, eh bien, après coup, Zev supposait qu’ils avaient tous les deux évité
le sujet pour la même raison… comment aborder le sexe avec le garçon que vous
désiriez quand vous ne saviez pas s’il vous désirait en retour ?
Jonah adressa à Zev un regard étrange.
— Je ne comprends pas ce que tu me demandes, Zev.
La conversation aurait dû être inconfortable, mais ça ne l’était vraiment pas.
Jonah était d’abord son meilleur ami. Il se sentait en sécurité et à l’aise avec lui,
comme s’ils pouvaient parler de tout et de rien, et Jonah ne le jugerait pas. Eh
bien, presque de rien. Zev n’était pas encore prêt à cracher le morceau
concernant son côté loup.
— Je te demande si les huma… euh… les autres gens utilisent leurs bouches
les uns sur les autres comme ça.
— Eh bien, euh…, ouais, je pense. Les pipes sont plutôt courantes.
La tension de Zev s’évanouit. Il s’étendit sur le dos, plia ses bras sous sa tête,
et regarda le plafond.
— OK. Cool. Parce que j’ai vraiment aimé ça.


Jonah roula sur lui et redressa les bras, se relevant au-dessus de Zev en une
position assise et regardant le beau visage de son ami.
— Tu penses que tu pourrais aimer ça aussi ? Parce que je veux mon tour.
La dureté qui effleura sa hanche répondit à la question de Jonah.
— Je prendrai ça pour un oui, Hassick.
— Oh, c’est définitivement un oui, Blondinet. Montre-moi ce que t’as dans le
ventre, répondit Zev avec un ricanement et haussant les sourcils d’un air
comique.
Jonah se mit à rire.
— Arrête de me faire rire, Zev. Tu gâches la romance. Et j’ai fait de gros
efforts pour te séduire. J’ai enlevé mes chaussettes sales, jeté les boîtes de Pizza
et j’ai même changé les draps du lit.
— Oh, waouh ! Comment pourrais-je résister quand tu sors la grosse artillerie
comme ça ? Rien ne m’excite plus que le ménage.
Un grommellement fut la seule réponse de Jonah, et puis il commença à
embrasser et lécher le cou de Zev, s’arrêtant quelques fois pour sucer les points
sensibles. Quand il arriva au téton de son compagnon, Jonah l’encercla de sa
langue avant de le prendre en bouche et de le sucer jusqu’à ce qu’il durcisse. Zev
trembla et gémit sous lui.
— On n’est plus très bavard maintenant, hein, Hassick ? demanda Jonah alors
qu’il passait à l’autre téton et faisait courir ses doigts sur la queue dure de Zev et
sur ses lourdes boules. On dirait que j’ai trouvé la Kryptonite qui freinera ton
super sarcasme.
— Hum. Fini la parlotte et plus de léchouilles, Blondinet, haleta Zev.
— Enfoiré arrogant, répondit Jonah, mais il n’y avait aucune animosité
derrière ces mots, juste un amusement affectueux.
Lorsque Jonah se traça un chemin vers le sexe de Zev, les deux hommes en
avaient fini de parler, fini de penser et agissaient seulement par pur instinct.
Quelques caresses sur l’érection de Zev firent gémir Jonah, et le premier coup de
langue sur le gland humide lui coupa le souffle. Avant qu’il ne le sache, ses
lèvres étaient enveloppées autour d’un membre dur. Il sentit une caresse tendre
sur son front et des doigts chauds repoussant ses cheveux en arrière. Il releva les
yeux pour découvrir Zev le regardant.
Jonah ne bougea pas sa bouche, sortit juste la langue et lécha la peau salée.
Les doigts de Zev se tracèrent un chemin à travers ses cheveux, passant par sa
nuque, où ils massèrent et rapprochèrent Jonah. Celui-ci gémit en signe
d’approbation et suça encore plus ce membre dur dans sa bouche. Il aimait sentir
le besoin de Zev, aimait quand l’autre homme se soumettait à son plaisir et
exigeait ce qu’il voulait, aimait le fait que Zev le veuille, lui.
Jonah prit en coupe les boules de Zev, les serrant et les roulant dans ses mains,
savourant leur poids et texture. Sans arrêter cette caresse, Jonah retira sa bouche
du sexe de Zev, se lécha les lèvres, puis collecta plus de salive avant de l’avaler
d’un coup, laissant l’humidité sortir et couler sur son compagnon, facilitant ses
mouvements. Sa main libre alla à la base du membre et rencontra sa bouche à
mi-chemin.
Les deux mains de Zev touchèrent Jonah, caressant ses joues et s’enfouissant
dans ses cheveux.
— C’est si bon, Jonah ! Je n’ai jamais pensé qu’une chose pouvait être aussi
bonne.
La voix essoufflée de Zev le félicitant ajouta une autre couche au maelström
de sensualité que Jonah expérimentait. Il ondula des hanches contre la jambe de
son compagnon, voulant sentir la friction contre son propre membre dur.
— Mmm, Hmm. Mmm, hmm, gémit Jonah alors qu’il augmentait la vitesse de
ses va-et-vient et enserrait sa bouche encore plus autour du membre de Zev.
Il poussa ses hanches plus fort contre la jambe de son compagnon, augmentant
la vitesse, et il ne fallut pas longtemps avant que Jonah ne gémisse autour du
sexe dans sa bouche alors qu’il jouissait sur le lit et sur la peau de Zev. Le cri de
celui-ci en réponse vint juste avant que son large corps ne tremble, ses doigts
épais se resserrant dans les cheveux de Jonah, et sa queue dure explosant dans sa
bouche.
Après qu’il eut avalé l’offrande de Zev, Jonah posa sa joue contre sa cuisse et
essaya de reprendre son souffle.
— Alors…
La voix de Zev brisa le silence, une fois leur souffle repris.
— Qu’en penses-tu ? Tu as aimé ?
Jonah frotta sa main le long de la jambe de Zev, embrassa le membre flasque
de son compagnon, et releva difficilement son corps musclé.
— Je pense que c’est absolument bon. Ajoutons ça au programme.
Zev se mit à rire, enveloppa ses bras autour de Jonah et le serra fort contre lui.
— Ce que tu veux, Blondinet. Après tout, tu es le cerveau de cette opération.
Ou du moins, c‘est ce que tu me dis toujours.
— Ha ha.
Le ton sarcastique de Jonah était étouffé parce qu’il ne paraissait pas vouloir
enlever sa bouche de la peau de Zev. Il embrassa sa joue ombrée d’une barbe de
trois jours et soupira d’un air satisfait alors qu’il remuait, s’installant plus
confortablement contre le corps chaud sous lui.
— Tu m’as manqué, Blondinet.
— À moi aussi. Il n’est pas trop tard pour changer d’avis à propos de
l’université, tu sais. Je suis sûr que tu peux encore t’inscrire.
Zev caressa les cheveux de Jonah et embrassa son front.
— Je ne peux pas quitter Etzgadol, Jonah.
Ce dernier ne voulait pas insister, mais il ne comprenait vraiment pas. Ce
n’était pas juste son propre désir d’être près de son ami qui le poussait à remettre
le sujet de l’université sur le tapis. Il pensait aussi que ce serait vraiment bon
pour Zev. Le père de Jonah lui avait toujours inculqué qu’il termine ses études et
ait un diplôme. C’était évident. Il ne pouvait pas comprendre pourquoi les
parents de Zev ne voudraient pas la même chose pour leur fils.
— Explique-moi, Zev. Parce que de ce que je comprends, tu vis dans une tente
dans les bois, tu travailles pour l’entreprise de ton père. Cette vie ne sera-t-elle
pas toujours là quand tu auras ton diplôme ? Pourquoi ne pas étudier avant de
t’engager dans la vie professionnelle ? Peut-être que l’entreprise en bénéficiera
bien plus de cette manière. Toby va à l’université. Ses parents ne peuvent-ils pas
parler aux tiens ? Ils sont amis, n’est-ce pas ?
Il n’y eut aucune réponse de la part de son ami pendant plusieurs minutes,
mais Jonah savait que Zev n’était pas en colère qu’il ait posé sa question, parce
que sa grande main continuait sa caresse et plusieurs baisers furent déposés sur
la tête de Jonah.


— C’est différent pour Toby. Il veut un métier qui exige un diplôme. Ce que je
vais faire n’est pas quelque chose que je pourrais apprendre à l’université. Et
même si je le pouvais, ça ne pourrait pas être ici.
Zev s’interrompit, essayant de penser à la manière dont il pourrait expliquer
que les métamorphes qui continuaient leurs études le faisaient dans les villes qui
avaient des meutes. Ils seraient acceptés dans celles-ci comme des étudiants
hébergés, vivraient avec d’autres loups pendant qu’ils apprendraient, puis
retourneraient à la meute maternelle avec leurs diplômes. Il n’y en avait pas dans
la ville parce qu’il n’y avait pas d’endroits où courir et chasser. En plus de cela,
les zones urbaines étaient généralement occupées par des vampires. Et les loups
ne se mêlaient pas aux suceurs de sang.
— Je sais. Tu as besoin d’être dans la forêt. Tu m’as déjà dit ça.
Bien qu’il n’apprécie clairement pas la situation, au lieu d’insister, Jonah
changea de sujet.
— Très bien, que veux-tu faire pendant que tu es ici ? Y’a-t-il quelque chose
que tu veux voir ?
Zev fit courir ses mains sur la nuque de Jonah, passant sur son dos pour aller à
son cul. Il massa les globes fermes alors qu’il répondait.
— Je suis d’accord pour tout. Je dois juste m’arrêter dans deux magasins pour
voir s’ils seraient intéressés par les poteries d’Etzgadol.
— Ça m’a l’air d’être bien. Nous pouvons faire ça demain et déjeuner à Old
Town.
— D’accord. Que veux-tu faire d’autre, Blondinet ?
Jonah posa sa tête sur le torse de Zev et se blottit contre lui.
— Je veux juste être avec toi. Alors, mets-moi au courant de tout. Dis-moi
comment vont Lori et Toby. Parle-moi du travail. Oh et dis-moi pourquoi tu vis
dans une tente.
CHAPITRE 10

— Alors, quand Zev doit-il arriver déjà ?
Jonah enregistra la dissertation qu’il écrivait sur son ordinateur, rangea ses
livres dans son cartable et pivota pour regarder son colocataire, Dennis.
L’homme était assis sur le canapé amoché de leur chambre, jouant à la Xbox
avec un autre gars de leur fraternité.
— Il devrait être là d’une minute à l’autre. Son vol est arrivé ce matin, mais il
avait quelques réunions de travail aujourd’hui. Il est cinq heures passé, alors je
parie qu’il a fini. Tu es sûr que ça ne te dérange pas de nous laisser la chambre
pendant le week-end ?
Dennis ouvrit une bière et prit quelques gorgées avant d’essuyer sa bouche du
dos de sa main et de répondre à la question de Jonah.
— Nan, mec. C’est bon. Je vais squatter chez Cohen parce qu’Alex n’est
jamais là. Il économisera l’argent de ses parents si seulement Sheila et lui
arrêtaient de jouer à la comédie et admettent qu’ils vivent ensemble.
L’homme assis à côté de Dennis jeta la manette sur le sol et s’avança vers le
mini-frigo pour prendre une autre bière.
— Je déteste ce putain de jeu !
Dennis leva les yeux au ciel face à cet éclat.
— Tu ne crains pas comme d’habitude, aujourd’hui, Mathews. Et tu es
meilleur sur un écran que quand nous jouons au foot pour de vrai. Tu veux jouer,
Jonah ?
— D’accord.
Jonah prit sa manette, s’assit près de son colocataire sur le canapé, et
commença un nouveau jeu, mais son esprit n’était pas vraiment dedans. Son
corps était si tendu, attendant de voir Zev, qu’il lui fut difficile de se concentrer
sur autre chose.
— Je cherche la chambre de Jonah Marvel, dit la voix profonde de Zev, qui lui
parvint à travers la maison de fraternité et qui fit immédiatement bondir Jonah
sur ses pieds.
— Ici, Hassick ! lança-t-il alors qu’il se dirigeait vers la porte.
Un large sourire s’épanouit sur le visage de Zev quand il aperçut Jonah.
Quand ils ne furent qu’à quelques centimètres l’un de l’autre, Zev entoura la
taille de Jonah et l’attira pour une étreinte ferme.
— Tu m’as manqué, marmonna Jonah dans le cou de son compagnon.
C’était devenu leur salutation habituelle.
— Tu m’as manqué aussi, souffla Zev avant de se redresser et de regarder
autour de lui. Waouh, cet endroit est plus grand que le dortoir dans lequel tu
vivais avant.
Jonah se mit à rire.
— Ouais, eh bien, le dortoir appartenait à l’université, et ils avaient un
personnel d’entretien. Cette maison est prise en charge par un groupe de
première année. Mais je te promets que ma chambre est propre.
Jonah baissa la voix et regarda son ami intensément.
— Je me souviens à quel point le ménage est important pour toi.
Cette remarque tira un rire de Zev. Il laissa tomber son bagage sur le sol, près
du bureau de Jonah et s’avança vers les deux hommes assis sur le canapé,
tendant sa main pour se présenter.
— Salut. Je suis Zev Hassick. Je suppose que l’un de vous est Dennis.
Le colocataire de Jonah sourit à Zev, se leva du canapé et prit sa main.
— Ouais, c’est moi. Ravi de te rencontrer enfin en personne, mec. Hâte de te
connaître mieux pendant le week-end.
Après avoir serré la main de Dennis, Zev se tourna vers Bob, qui semblait
concentré sur le jeu auquel il jouait.
— Ce crétin poli est Bob Mathews, l’informa Jonah avec un gloussement. Tu
as faim ou as-tu eu le temps de déjeuner ?
— J’ai faim, dit Zev en revenant vers lui, repoussant sa mèche de son front et
la coinçant derrière son oreille. Tes cheveux sont plus longs.
— Je n’ai pas eu le temps de me faire faire une coupe.
Jonah pouvait entendre le halètement de sa propre voix. Avoir Zev proche de
lui, le touchant, même innocemment, était assez pour exciter son corps et le
rendre prêt pour plus de contact.
— Ça te va bien, Blondinet.
La voix de Zev était un grognement rauque qui indiquait à Jonah que
l’excitation qu’il ressentait était réciproque.
La litanie de jurons venant du canapé fit savoir à Jonah que Bob avait encore
perdu la partie. Il ne se retourna pas ; toute son attention rivée sur Zev. Ces yeux
ambre le regardaient, une expression tendre sur son beau visage. Jonah
s’approcha plus près de Zev, ne s’arrêtant pas jusqu’à ce qu’il sente le souffle de
l’homme effleurer son visage.
— La bande va aller au Tens, ce soir, Jonah. Tu dois amener ton ami, dit Bob
alors qu’il se dirigeait vers le mini-frigo et prenait une autre bière.
— Tu n’es pas plus malin maintenant qu’il y a quelques heures, Mathews.
Pose la cannette, et allons-y, ordonna Dennis en posant sa main sur l’épaule de
Bob et essayant de le tirer vers la porte.
— Quoi ? demanda Bob pendant qu’il se dégageait de la main de Dennis.
Pourquoi nous sortons ? Qu’est-ce que j’ai dit ?
— Mec. Je ne pense pas que Jonah et son petit ami veuillent venir à un club de
strip-teaseuses avec toi. Maintenant, sortons d’ici et donnons-leur un moment
seul.
Le silence remplit la chambre alors que les yeux de Bob s’écarquillaient,
remarquant pour la première fois à quel point Jonah et Zev se tenaient proches
l’un de l’autre.
— Jonah est gay ? C’est vraiment tordu, mec !
— Waouh, Mathews, tu viens juste de devenir bigot en soixante secondes.
Impressionnant. Sors d’ici, mec. Allez.
Dennis poussa Bob vers la porte alors qu’il adressait un regard navré à Jonah
et Zev.
Bob se dégagea une nouvelle fois de l’emprise de Dennis et continua de
parler, sa voix s’élevant et son visage devenant rouge.
— Tu le savais, Dennis ? Et tu vis toujours avec lui ? T’es pédé aussi ?
Jonah et Zev se figèrent et regardèrent la scène qui se jouait devant eux dans
la petite pièce. Dennis se pencha vers Bob, les poings serrés.
— Je suis hétéro, mais ma sœur est lesbienne alors surveille ton putain de
langage !
Apparemment incapable de s’éloigner, Bob continua à vociférer.
— Ce n’est pas la même chose avec les nanas, Dennis. Les mecs gays aiment
se… euh… faire baiser dans le cul, mec ! Est-ce que les autres gars savent à
propos de Jonah ? Il ne devrait pas vivre ici. Et s’il tente quelque chose sur nous
pendant notre sommeil ?
— Tu sais quoi, Mathews ? Aucun de nous ne s’est inscrit pour un tour dans
ton bateau de bigoterie, alors dégage de notre putain de chambre. Bon vent !
Hasta la Vista. Attention à ne pas te prendre la porte sur les fesses en partant !
Avec ces mots, Dennis réussit finalement à faire sortir Bob de la chambre et
vers le couloir. Il le suivit, mais se retourna pour les regarder alors qu’il prenait
la poignée de la porte pour la fermer derrière eux.
— Désolé pour ça, les gars. Zev, ne laisse pas ce petit incident te laisser
penser que tu n’es pas le bienvenu. Tu peux être sûr que Bob ne parle pas en
notre nom à tous. En fait, je pense qu’il vient juste de se faire nommer le Plus
Grand Etroit d’Esprit Et Connard Ignorant De l’Année avec cette petite tirade. À
plus, les gars !
Jonah fixa la porte fermée, ayant peur de regarder Zev. Merde, merde, merde !
C’était la dernière chose que Jonah voulait que Zev voie. C’était là une autre
raison pour son ami de s’inquiéter d’être gay, que sa famille et ses amis n’en
sachent rien à Etzgadol.
— Euh, Jonah ?
La voix de Zev était affreusement calme, ses mots sortant aussi lentement que
l’avancée d’un escargot.
Jonah prit quelques profondes inspirations puis se tourna vers Zev.
— Ouais ? fit-il.
— De quoi parlait-il ?
Jonah ne pouvait pas décrypter les émotions de Zev. Il ne semblait pas
embarrassé ni en colère. Mais plus curieux. Sa réaction n’avait aucun sens.
— Écoute, Zev, c’est un connard. Il y aura des connards dans le monde. Nous
ne pouvons pas les laisser nous dicter nos vies. Et je sais que tu es inquiet à
propos de ce que ta famille dira quand tu feras ton coming-out, mais allez, tes
proches sont plus malins que cet idiot.
Zev secoua la tête et fit un geste de la main.
— Ouais, ouais. Mais que voulait-il dire à propos des hommes gays qui
baisent le cul de l’autre ? C’est pas vrai, n’est-ce pas ? Je veux dire, bien sûr que
non. Il faisait l’idiot, pas vrai ?
La mâchoire de Jonah se décrocha, choqué. Zev était-il sérieux ? Bien
entendu, Etzgadol était une petite ville isolée, mais comment un homme
homosexuel d’une vingtaine d’années ignorait-il tout du sexe gay ? Toutefois, les
sourcils froncés et l’inquiétude qu’exprimait son visage informaient Jonah que
son ami ne plaisantait pas.
Jonah se rappela que la famille de Zev n’était pas comme la sienne. Son père
s’était installé à Etzgadol quand Jonah n’était qu’un bébé, mais il avait parcouru
tout le pays avant cela, et Jonah avait appris beaucoup de choses pendant les
dîners. Les membres de la famille de Zev, d’un autre côté, venaient tous
d’Etzgadol. Ils avaient été élevés dans une petite ville.
En plus de cela, Jonah avait fait plusieurs voyages avec son père dans
l’enfance, quand Zev avait quitté pour la première fois la ville, c’était pour
rendre visite à Jonah à l’université. Et l’école était une autre différence. Jonah
avait pratiquement une expérience de deux ans d’études, où il s’était fait de
nouveaux amis et avait rejoint des groupes d’étudiants gays, pendant que Zev
restait à la maison avec les mêmes amis qu’il avait connus au lycée.
— Viens, allons nous asseoir. Tu es un peu pâle, s’inquiéta Jonah en prenant la
main de Zev dans la sienne et en allant vers le canapé.
Quand son ami fut assis, Jonah le rejoignit. Il écarta les genoux, se pencha, et
y posa ses avant-bras.
— Très bien, donc ouais, Bob est un idiot, mais il disait vrai sur cette partie.
C’est comme ça que certains hommes couchent ensemble.
Jonah s’interrompit, rassemblant son courage. Il avait prévu d’en discuter avec
Zev quand il viendrait le voir, mais certainement pas de cette manière. Il avait
pensé qu’ils seraient nus, excités, et au lit quand il demanderait à Zev de le
prendre. Mais puisqu’ils en parlaient déjà…
— Je veux essayer ça, Zev. Avec toi. Je veux que tu… hum… me fasses
l’amour de cette manière.
D’accord, alors il rougissait. Au moins, il avait dit les mots. Même s’ils
avaient eu l’air incroyablement idiot sortant de sa bouche.
Zev secoua la tête vivement et attira Jonah à lui. Il embrassa doucement son
ami et caressa ses cheveux.
— Je ne pourrais jamais te faire du mal de cette manière, Jonah. Je ne veux
pas te faire du mal.
Jonah était sous le choc. Qu’aurait fait Zev si Jonah ne l’avait pas obligé en
quelque sorte à sortir du placard ? Aurait-il réalisé qu’il était gay ? Jonah
commença vraiment à se demander si son ami vivait dans une bulle. Peut-être
que le mot « secte » n’était pas une description aussi exagérée de l’église de Zev,
ou peu importe ce que c’était, comme l’avait pensé Jonah.
— Ça ne doit pas forcément faire du mal, Zev. En fait, je suis certain que c’est
bon. Les mecs aiment. Du moins, je pense que j’aimerais ça.
L’expression incrédule sur le visage de Zev fit rire Jonah. Il était en train
d’expliquer les tenants et aboutissants du sexe à un homme d’un mètre quatre-
vingt-quinze, et de cent kilos comme s’il était un adolescent pubère. C’était en
quelque sorte touchant. Il regarda Zev tendrement et embrassa sa mâchoire.
Laissant sa langue mener la danse, Jonah traça un chemin sur le cou de Zev et
sur son oreille, où il resta quelques moments à sucer le lobe.
— Tu n’as jamais vu de porno en ligne, Hassick ?
Zev enfouit ses mains sous le tee-shirt de Jonah et caressa son dos.
— Euh… non.


L’idée n’avait jamais traversé l’esprit de Zev. Tous ses fantasmes sexuels
concernaient Jonah, alors il n’avait pas voulu voir d’autres hommes. En plus, il
n’avait pas d’ordinateur dans le petit mobil-home qu’il appelait maintenant
maison. C’était mieux que la tente, mais c’était toujours rudimentaire. Zev ne
passait pas beaucoup de temps chez lui pour économiser de l’argent et construire
une maison que Jonah considérerait comme la sienne.
Après avoir blotti son nez dans le cou de Jonah, Zev fit courir une main de son
torse vers l’arrière de sa tête et attira son ami pour un baiser. Il mordilla la lèvre
de Jonah, la suçant dans sa bouche et la léchant. Celui-ci donnait autant qu’il
recevait, et il ne fallut pas longtemps avant qu’il ne chevauche les genoux de
Zev, poussant son sexe dur contre son ventre et suçant sa langue dans sa bouche
chaude.
Quand les deux hommes rompirent finalement le baiser afin de reprendre leur
souffle, Jonah posa son front sur l’épaule de Zev et continua leur conversation.
— Je veux te montrer, Zev.
Il se dégagea à contrecœur et le releva du canapé.
— Viens.
Zev suivit Jonah jusqu’au bureau et se tint debout derrière lui, massant ses
épaules alors que Jonah tapait sur quelques touches sur le clavier. Il ne fallut pas
longtemps à l’écran pour qu’il affiche une scène de deux hommes dans un lit.
L’un d’eux était sur ses mains et ses genoux et l’autre se trouvait derrière lui,
pressant des doigts sur son entrée puis avec son membre dur dans son cul
accueillant. L’expression béate sur les visages des deux hommes et les
gémissements satisfaits qui sortaient de leurs bouches semblaient confirmer
l’argument de Jonah.
— Tu vois, c’est bon.
La voix rauque de Jonah fut accompagnée par le mouvement de son cul contre
le sexe de Zev. Celui-ci se pencha par-dessus son épaule, regardant l’écran.
— Merde, Zev, d’après ce que je sens, je pense que tu pourrais être intéressé.
Tu veux essayer ?
Les mains de Jonah se dirigèrent vers son pantalon, et il enfonça les pouces
dans la ceinture et attrapant son boxer, il les fit descendre jusqu’à ses genoux.
Zev ne pouvait pas rester à l’écart de cette vision alléchante, alors il caressa
avec révérence les globes fermes du cul de Jonah pendant qu’il suçait et
mordillait sa nuque.
— Je ne peux pas faire ça, Blondinet. Pas encore. Je dois réfléchir d’abord.
Mais, oh bon sang, j’ai tellement envie de toi.
Zev bougea sa main vers le bouton de son pantalon et réussit à le baisser. Son
boxer fut le prochain, puis son membre fut enfin libre de se frotter contre le cul
de Jonah.
— Lubrifiant, haleta Jonah. J’ai du lubrifiant dans le tiroir droit.
Jonah se déplaça vers le côté, ouvrit le tiroir et sortit une bouteille de lotion.
— Je l’ai utilisé pour… euh… me masturber quand je regardais ces vidéos.
Il ouvrit le bouchon et tira la main de Zev devant lui, y versant un peu du
liquide.
— Mets-en un peu sur ton sexe. Fais-moi ce que tu veux, Zev. Je le veux. Je te
veux.
Et avec ces mots, Jonah s’arrêta de parler. Il se pencha sur le bureau, posa son
visage sur sa surface, releva son cul, et tendit ses mains pour écarter ses fesses.
— Merde, Jonah ! Bon sang !
Zev bougea son doigt le long de la fente de Jonah et bientôt, il le remplaça de
son membre. Une fois son sexe dur installé entre ses fesses, ils bougèrent
ensemble, faisant des allers-retours. Se concentrer sur cette partie du corps de
Jonah le mit en ébullition. Celui-ci rendit les mouvements de Zev et gémit son
plaisir. Quand la main de son ami attrapa son sexe et commença à le caresser,
Jonah cria et jouit sur son bureau.
— Jonah ! Oh Jonah !
Zev ondula des hanches contre son corps ferme, grogna et trembla, couvrant le
bassin de Jonah de sa semence et mordant le muscle où la nuque de Jonah et son
épaule se rejoignaient.
Bien qu’il ait léché et mordillé cet endroit auparavant, Zev ne l’avait jamais
vraiment mordu. Même à ce moment-là, il n’avait pas laissé les canines de son
loup sortir ni percer la peau, mais sa morsure était définitivement plus dure que
ce qu’il n’avait jamais fait à son âme sœur. Avant qu’il ne s’inquiète s’il faisait
du mal à Jonah avec l’emprise ferme de ses dents sur sa nuque, Jonah cria son
nom et Zev sentit le sexe dans ses mains revenir à la vie et jouir à nouveau.
Les muscles sans forces pour rester debout, les genoux de Jonah fléchirent et
il s’effondra. Zev enroula un bras autour des épaules de son compagnon et
l’autre sous ses genoux. Puis il prit Jonah dans ses bras et se dirigea vers le lit.
Ses mouvements étaient lents et bizarres puisque son pantalon était toujours
autour de ses chevilles, mais une fois qu’il atteignit le matelas, il arracha ses
vêtements, déshabilla Jonah puis enveloppa l’autre homme dans une étreinte
ferme.
— C’était quoi ça, Zev ? demanda Jonah alors qu’il se blottissait contre son
petit-ami, tremblant. Je n’ai jamais joui aussi fort de toute ma vie. Ou deux fois
de suite si vite. Bon sang, je n’ai jamais pensé que j’aimais la douleur, mais
quand tu m’as mordu, j’avais l’impression que mon corps entier était en feu. Un
très bon feu.
— Ce n’est pas la douleur…
Zev s’interrompit avant qu’il ne dise quoi que ce soit d’autre et révèle son
secret. Il voulait tout dire à Jonah. Il voulait lui expliquer leur transformation, les
âmes sœurs, et la morsure d’accouplement. C’était ça qui avait excité Jonah, une
morsure si proche de celle que Zev allait lui donner un jour pour le marquer
comme sien définitivement et laisser le monde savoir que Jonah était pris. Basé
sur la réaction de ce dernier, Zev savait que le corps de son compagnon était prêt
pour cette étape, mais cela ne pouvait pas arriver jusqu’à ce qu’ils soient
finalement chez eux.
Oh, Seigneur, Zev voulait tellement expliquer leur lien. Il s’était demandé
comment l’accouplement serait avec un compagnon mâle et maintenant, il le
savait. Et si les paroles de son âme sœur étaient une quelconque indication,
Jonah était prêt. Eh bien, il était prêt pour le sexe. L’humain ignorait tout du lien
entre deux véritables compagnons.
Mais il n’était pas question de se lier à Jonah pour ensuite le laisser partir.
C’était déjà assez dur de vivre séparé de son ami. La distance entre eux allait
contre tous les instincts de Zev. Il devait se rappeler régulièrement qu’il devait
laisser Jonah poursuivre ses rêves, et pour le moment, il ne pouvait pas ramener
son compagnon à Etzgadol, et le forcer à vivre à ses côtés.
Une fois qu’ils seraient liés ensemble, Zev savait que son loup ne permettrait
pas à Jonah de partir. Merde, il n’était pas sûr que son côté humain puisse rester
assez civilisé pour permettre une distance entre eux après qu’il se soit lié avec
lui. Donc, il n’y avait aucun autre choix. Le lien devrait attendre jusqu’à ce que
Jonah ait son diplôme et revienne à la maison.

















CHAPITRE 11

— Tu vas manger la dernière part, Zev, ou pourrais-je l’avoir ? demanda Toby
à travers une bouche pleine de pizza.
— Nan, vas-y. Je ne sais pas comment tu peux manger comme ça après une
course.
Zev prit une bouteille d’eau du frigo et s’effondra sur le canapé. Toby était en
ville pour quelques jours. Entre tout le temps que l’homme avait passé avec Lori,
et sa propre famille, Zev n’avait pas eu l’occasion de voir beaucoup son ami.
Mais ce soir-là, Toby s’était montré avec une pizza extralarge et un pack de
bières.
Ils avaient mangé un peu de pizza puis s’étaient transformés et étaient allés
courir. C’était bon d’avoir pu libérer son loup et senti le vent toucher sa fourrure.
Si bon, en fait, que Zev avait presque souri. Une expression qui s’était faite rare
sur son visage ces jours-ci.
— Écoute, Zev, je sais que tu aimerais mieux t’asseoir sur mes genoux
pendant que je suis aux chiottes que de parler de tes sentiments, mais qu’est-ce
qui se passe ?
Zev s’étouffa face à la scène que ce petit commentaire avait fait naître dans
son esprit.
— Je ne sais pas de quoi tu parles, répondit-il, sans conviction.
Puis il rejeta la tête sur l’arrière du canapé et jeta son bras sur son visage.
— Bien sûr que non. Les bruits de nausées que Lori me dit avoir entendus
quand tu vas à la salle de bain prouvent bien à quel point tu vas bien.
Il y eut une pause puis Zev entendit Toby changer de CD.
— Bon sang, tu n’as aucune musique décente dans cette maison ? Je reviens
tout de suite, je prends mon iPod dans la voiture.
— J’ai un fusil chargé sous ce canapé, Toby, et je le sors si j’entends du
Michael Bolton. Et ce n’est pas une maison. C’est une petite boîte de conserve
métallique.
Toby grogna.
— Pourquoi toute cette haine, mec ? La voix de l’homme est magnifique. Je te
le dis, s’il se montrait un jour devant ma porte pour me chanter une ballade, je
lui donnerai tout ce qu’il voudra sans ciller. Mon numéro de sécurité social,
l’endroit où je garde la clé de la maison, le secret pour mettre fin au Crying
Game, tout.
— Si je prétends être sourd, peut-on arrêter cette conversation sur ces
chanteurs pleurnichards ? Et ma sœur connaît-elle ton obsession malsaine pour
la musique ? Parce que j’imagine que le point positif dans tes goûts musicaux est
tout l’argent que tu économises pour acheter les préservatifs.
— Très bien. Mais je ne veux pas entendre tes conneries ; alors pas de
musique.
Toby s’avança vers le canapé et s’y laissa tomber à côté de Zev, puis posa ses
pieds sur les boîtes de dossiers servant de table basse et frappa légèrement son
ami à l’estomac.
— Aïe ! Merde, Toby, ça fait mal.
— Ouais, c’est ça. Allez, Zev, je n’ai pas toute la nuit. Je dois aller à la
maison, prendre une douche et prétendre aller au lit, puis aller voir ta sœur
devant la maison de vos parents afin que je puisse la débaucher. Et je ne vais pas
aller loin avec elle si elle n’est pas convaincue que je t’aie fait parler, alors
crache le morceau.
Zev grimaça.
— Il y a tellement de choses qui ne vont pas dans cette phrase que je ne peux
même pas les classer par ordre. Peux-tu, s’il te plaît, me passer de l’eau de javel
pour me laver l’esprit ?
— OK, très bien. Lori et moi allons jouer aux échecs toute la nuit. C’était ça
que tu voulais entendre ? Ou peut-être que tu veux qu’elle soit en colère contre
moi et commence à sortir avec Brian Delgato ? Parce que ce connard court
toujours après elle. Allez, Zev, tu as perdu au moins treize kilos depuis la
dernière fois que je t’ai vu. Tu as des cernes sous tes yeux. Bref, t’as une sale
gueule. Parle-moi.
— Je vais bien, Toby. J’ai juste beaucoup travaillé.
Son meilleur ami haussa un sourcil, incrédule.
— Travaillé, hein ? C’est ce que tu appelles boire jusqu’à l’aube tous les jours
et puis t’effondrer sur le lit ? Je dois te prévenir que tu vas perdre plus de masse
musculaire en continuant comme ça. Allez, Zev.
Quand ce dernier ne dit rien, Toby se raidit ; semblant rassembler son courage
avant de continuer à parler.
— Est-ce en rapport avec Jonah ?
— Nous n’avons pas parlé de Jonah depuis son déménagement, répondit Zev
après une petite pause.
— Je sais.
— C’était il y a trois ans et demi, continua Zev.
— Je sais.
Il devrait probablement être surpris que Toby sache qu’il ait gardé le contact
avec Jonah, mais Zev ne l’était pas. Lori était très perspicace, et elle savait
probablement où Zev se rendait exactement pendant ses voyages d’affaires. Et ce
que Lori savait, Toby le savait également. Qu’ils soient au courant de la nature
des sentiments de Zev pour l’humain n’était pas clair, mais il était trop fatigué
pour essayer de trouver des excuses.
— Il va à l’école de médecine.
Zev n’avait toujours pas bougé son bras de son visage, alors il ne put pas voir
la réaction de Toby.
— École de médecine ? répéta Toby, la voix tempérée, mais confuse.
— C’est comme quatre années d’études de plus et puis quatre autres de
résidence. Ce qui veut dire huit années de plus loin d’Etzgadol.
Huit années de plus loin de moi.
La dernière partie était le nœud du problème, mais Zev n’osa pas le dire à
haute voix. Cela en révélerait bien trop. Et pourtant, cela n’avait toujours aucun
sens. Quelques années éloignés l’un de l’autre afin qu’ils puissent grandir et être
assez âgés pour se lier quand ils se réuniraient, Zev pouvait presque comprendre.
Mais ce temps-là était passé, il avait enfin compris comment se lier à un autre
mâle, et il était prêt pour que son compagnon le rejoigne.
Pourquoi Mère Nature lui donnerait-elle un compagnon qui s’acharnait à
rester éloigné de lui ? Zev devait avoir manqué quelque chose, mais il ne savait
pas ce que c’était. Au lieu d’apprendre la leçon ou d’avoir plus de sagesse, il se
sentait frustré et en colère. Il y avait tellement de pensées qui tournaient dans sa
tête qu’il ne remarqua pas le long silence de Toby jusqu’à ce que l’autre homme
parle à nouveau.
— Tu sais que maman travaille avec Doc Carson.
Le changement de sujet était bizarre, mais bienvenu alors Zev répondit.
— Ouais, je sais.
— Alors je lui ai demandé l’autre jour si elle pensait qu’il me prendrait quand
j’aurais mon diplôme d’infirmier, et tu sais ce qu’elle m’a dit ?
La conversation était aussi intéressante que regarder une peinture s’écailler,
mais au moins, cela le faisait penser à autre chose qu’à Jonah. Presque.
— Quoi ?
— Elle m’a dit que je pourrais peut-être chercher à l’hôpital en ville parce
qu’elle ne savait pas combien de temps le docteur allait encore travailler. Il fait
son métier depuis des années et apparemment, il en a assez. Il veut prendre sa
retraite.
Zev était suffisamment distrait de ses problèmes personnels par cette
déclaration pour finalement s’intéresser à la conversation. Il se redressa et
regarda Toby. Merde. Le docteur Carson était le seul guérisseur de la meute. S’il
prenait sa retraite, ils allaient rester sans aucune autre assistance médicale que la
mère de Toby, qui était une infirmière. Eh bien, Toby aussi, quand il aurait son
diplôme. Mais ce n’était pas assez pour une meute de leur taille.
Leur meute s’était agrandie au fil des années lentement, mais
progressivement. Des familles demandaient leur admission très fréquemment à
présent, et Zev savait que cette dernière partie de leur croissance était due au
résultat des améliorations et infrastructures qu’ils avaient mises en place dans les
espaces communs. La plupart d’entre elles avaient été financées avec l’argent
supplémentaire que leur commerce de céramique leur avait procuré grâce aux
nouveaux clients que Zev avait trouvés.
Il s’était avéré qu’interagir avec des humains était profitable. Et bien que Zev
ait commencé à voyager pour le travail comme excuse afin de voir Jonah, cela
avait vraiment aidé. Il revenait à la maison avec de nouveaux clients, et le
bouche-à-oreille l’avait souvent amené vers d’autres. Quelle qu’en soit la raison
pour la croissance de la meute, cela ne s’arrêtait pas, et même s’ils avaient deux
infirmiers, une meute de leur taille avait besoin d’un guérisseur.
— Nous devrons trouver un nouveau docteur qui prendrait la relève de Doc
Carson. Et ce n’est pas facile de trouver un guérisseur. Toutes les professions
sont supposées avoir des successeurs, mais celle-ci est si rare que nous n’avons
personne de prévu. Mon père le sait-il ?
Toby secoua la tête.
— Je suis presque certain qu’il ne le sait pas encore. Ma mère n’est même pas
supposée savoir, elle a juste entendu le Doc marmonner dans la clinique quand il
pensait qu’il n’y avait personne.
Toby regarda attentivement Zev.
— Écoute, Zev, je ne sais pas de combien de temps nous parlons ici, mais ce
n’est probablement pas dans l’immédiat. Doc ne ferait jamais quelque chose
comme ça, sans en parler à l’Alpha et ton père te le dirait sûrement, pas vrai ?
— Ouais, il le ferait. Il m’inclut dans toutes les affaires de la meute. Cela fait
partie de mon entraînement d’Alpha. Je prendrai la relève dans quelques années
donc je suis impliqué dans chaque décision maintenant.
— C’est vrai. Donc si ton père ne te l’a pas dit, cela veut dire que Doc ne lui
en a pas parlé. Et si celui-ci n’a encore rien dit, c’est qu’il a prévu de rester au
moins cinq à six ans.
Comme si on cliquait sur un interrupteur, tout devint soudainement clair dans
l’esprit de Zev.
— Jonah a dit qu’il étudierait encore pendant huit ans, dit Zev, regardant le
visage de Toby pour jauger sa réaction à l’implication de cette déclaration.
Allait-il rechigner à l’idée qu’un humain travaille pour la meute ? Pour être le
guérisseur de celle-ci, Jonah devrait comprendre qui ils étaient. Et la meute ne
partageait jamais ce secret avec les humains.
— Huit ans, hein ? Je te parie que Doc resterait tout ce temps si on lui
demandait.
Toby n’était même pas ébranlé. Zev se détendit pour la première fois depuis
que Jonah lui avait annoncé son admission à l’école de médecine. Peut-être que
cela faisait partie du plan. Jonah viendrait à la meute, pas seulement en tant que
véritable compagnon de l’Alpha, mais aussi en tant de guérisseur… un talent
dont ils avaient besoin. Cela aiderait les métamorphes à accepter l’humain dans
leur meute. Cela avait du sens, ce qui voulait dire que la séparation avait du sens.
Ça craignait, mais cela avait du sens.
— Ouais, je parie qu’il le ferait. Je vais mettre un point d’honneur à en faire
part à Doc avec subtilité la prochaine fois que je le verrai. Merci, Toby.
— Quand tu veux, mec, dit Toby en tapotant le genou de Zev, puis il se leva
du canapé et se dirigea vers la porte. Essaye de dormir un peu, vieux. Tu as
vraiment une sale gueule.
Zev suivit son ami à la porte et lui dit au revoir alors qu’il se dirigeait vers son
camion.
— Amuse-toi bien, ce soir. Rends Lori heureuse. La dernière chose que je
veux est Brian Delgato pour beau-frère.
Toby s’était installé sur son siège et allait fermer la porte quand il ajouta un
dernier commentaire.
— Je m’en suis occupé. Ne t’inquiète pas à ce sujet. Et la prochaine fois que
tu parleras à Jonah, dis-lui qu’il nous manque à Lori et à moi. Tu n’es pas le seul
à attendre qu’il rentre à la maison.












CHAPITRE 12

— Bon sang, ce que tu es beau, Blondinet ! Comment arrives-tu à être plus
beau à chaque fois que je te vois ?
Jonah était nu, se tenant debout sur le seuil de son petit appartement du
campus. Ses cheveux blonds étaient débraillés, ses joues étaient roses et ses yeux
clignaient pour se réveiller. Zev entra, laissa tomber son bagage à côté de la
porte et attira ce corps contre son torse, serrant Jonah et les balançant d’un côté à
l’autre.
— Que fais-tu ici, Zev ?
La froideur de la voix de Jonah et la tension dans son corps étaient comme un
coup de poing dans l’estomac.
— Je suis là pour ta remise des diplômes, Blondinet.
Les quatre années qui les avaient séparées n’avaient pas été faciles. Bon sang,
ils avaient été misérables, mais tous les deux avaient survécu. Zev avait réussi à
trouver des excuses pour faire ses voyages afin de voir Jonah plusieurs fois dans
l’année, et ils avaient tous les deux des forfaits cellulaires illimités. Ce n’était
pas suffisant – loin d’être suffisant –, mais ils n’avaient pas eu d’autres choix.
Pas si Jonah voulait faire les études qui étaient clairement très importantes pour
lui.
— Ah bon ? Je suppose que je suis surpris que tu sois là, compte tenu de la
manière dont tu te comportais chaque fois que nous parlions, ces derniers mois.
Zev soupira et frotta les bras nus de Jonah. Ils lui semblaient plus minces, et
Zev se demanda si son ami avait tellement étudié qu’il en avait oublié de
manger.
— Je suis désolé, Jonah. J’ai agi comme un con. Je suis vraiment très fier que
tu entres à l’école de médecine. J’aurais dû dire ça quand tu m’as annoncé la
nouvelle la première fois. Je suppose que j’ai été égoïste. J’espérais que tu
reviendrais à la maison maintenant, pas commencer d’autres années d’étude.
Mais je comprends.


Les mois précédents avaient été un pur enfer. Depuis que Jonah avait dit à Zev
qu’il voulait continuer ses études, leurs appels avaient été tendus. Et c’était la
première visite que Zev avait faite depuis que Jonah lui avait annoncé ce qu’il
considérait être comme de bonnes nouvelles. Compte tenu du comportement de
Zev, Jonah avait vraiment pensé que son ami n’allait pas venir à sa remise des
diplômes, mais cela n’avait pas été sa plus grande inquiétude. Il s’était demandé
si Zev était assez furieux pour rompre avec lui.
Cette crainte avait été comme un coup de poignard dans le cœur, le paralysant.
Tellement que Jonah avait pensé abandonner ses études et retourner à Etzgadol.
Juste le fait qu’il ait eu ces inquiétudes, qu’il ait pensé à abandonner sa carrière
qu’il voulait vraiment poursuivre alors que Zev refusait de considérer même la
possibilité de construire une vie avec lui loin de leur petite ville natale avait
rendu Jonah rancunier.
— Tu comprends, hein ? Eh bien, moi pas. Qu’attends-tu de moi, Zev ? Tu me
dis que tu veux que je revienne à Etzgadol, mais quel serait ton plan une fois que
je l’aurais fait ? Tu vas me cacher quelque part ? Redeviendrons-nous amis ? Je
ne veux pas vivre ma vie dans le placard, Zev.
Jonah essaya de ne pas paraître en colère, mais il lui était difficile d’effacer le
soupçon d’amertume dans sa voix. Étant donné le rôle important que Zev jouait
dans le business familial, il lui semblait impossible d’arracher l’homme
d’Etzgadol. Donc un avenir avec Zev, c’était un avenir vivant sous le contrôle de
sa famille étrange et autoritaire. Jonah était surtout furieux que les parents de son
ami fassent sentir à leur fils qu’il était obligé de se cacher, mais il mentirait s’il
disait qu’il n’y avait pas de ressentiment envers Zev aussi. Être un secret caché
donnait l’impression à Jonah que Zev avait honte de lui, honte de ce qu’ils
partageaient.
— S’il te plaît, ne sois pas en colère, Blondinet. C’est dur de l’expliquer, mais
mes parents ne comprendraient jamais.
Jonah ricana.
— Laisse-moi deviner, tu as dit à ton père que c’était un voyage d’affaires, pas
vrai ? Sait-il seulement que nous sommes restés en contact ? As-tu dit à tes
parents que tu venais en ville pour ma remise des diplômes ?
Jonah posa son front sur le torse de Zev et glissa sa main sous son tee-shirt,
caressant la toison brune qui couvrait ses muscles saillants. Il ne savait pas
pourquoi il cherchait la bagarre quand tout ce qu’il avait attendu depuis des mois
était de voir Zev à nouveau. La situation avec la famille de son ami avait été la
même durant des années ; rien n’avait changé. D’accord, ce n’était pas vrai. Il
savait exactement pourquoi il cherchait la bagarre. Il était frustré. Et pas
seulement à cause de la situation avec sa famille ni de la tension existante entre
eux depuis que Jonah avait parlé de son école de médecine.
— Je te promets, Jonah, que je ne te cacherai jamais de ma famille une fois
que tu seras à la maison. Je ne peux pas leur parler de toi en ce moment. Je veux
qu’ils nous voient ensemble, et là, je saurai qu’ils vont comprendre. S’il te plaît,
fais-moi confiance là-dessus. C’est le seul moyen.
La sincérité dans la voix de Zev et la sensation de l’homme qui lui avait
manqué au-delà de toute raison fit disparaître toute tension du corps de Jonah. Il
n’était toujours pas heureux d’être un secret bien caché de sa famille, mais il
avait confiance en son meilleur ami, son petit ami, son amant, son tout. Il croyait
Zev quand celui-ci disait qu’il allait dire aux Hassick qu’ils étaient ensemble
quand Jonah reviendrait à Etzgadol.
Ils s’étaient avancés plus loin dans l’appartement alors qu’ils parlaient, et ils
se tenaient à présent dans la petite cuisine. Sans même le réaliser, Jonah avait
tourné son corps afin qu’il soit sur le comptoir avec le dos pressé contre le torse
et son cul nu contre le sexe couvert de Zev. La sensation de la large érection
contre cette partie de son corps causa la réaction habituelle : son ouverture picota
et se serra, sa peau frissonna, et sa queue devint dure. Il désirait tellement Zev
qu’il pensait parfois qu’il pourrait en perdre l’esprit.
— Tu m’as tellement manqué, Blondinet, dit la voix rauque de Zev à son
oreille.
— Tu m’as manqué aussi.
Jonah se tortilla et se plaqua encore plus contre lui alors qu’il répondait,
espérant encourager Zev à faire ce qu’il avait jusqu’à maintenant refusé. Tendant
une main derrière lui, il trouva le bouton du pantalon de Zev et l’ouvrit. Puis il
fit descendre la fermeture éclair et gémit quand la queue dure de Zev se libéra et
tapota le bas de son dos.
— Oh oui, pas de sous-vêtements. J’aime ça, gémit Jonah, continuant à se
tortiller.
Il se pencha en avant, posant son front sur le comptoir et relevant son cul bien
haut en une invitation silencieuse, Zev grogna et se pressa contre lui, faisant
pleuvoir des baisers sur ses épaules.
— Blondinet, tu me tues là. Tu ne peux pas imaginer à quel point j’ai envie de
toi.
— Alors, prends-moi, Zev. Je te veux. Tu me veux. Rien ne nous retient.
Zev soupira et le serra étroitement dans ses bras.
— L’école de médecine nous retient, Jonah. Nous devons attendre jusqu’à ce
qu’on en finisse avec cette relation longue distance.
Le fait que Zev refuse constamment de passer à la prochaine étape devenait de
plus en plus difficile à comprendre pour Jonah. Ils sortaient ensemble depuis
quatre ans. Pourquoi devraient-ils vivre dans la même ville avant de coucher
ensemble ? Leur relation n’était-elle pas assez solide, même pour quelqu’un
d’aussi vieux jeu que Zev ? Le besoin de Jonah que son amant le remplisse était
devenu si intense qu’il pensait qu’il pourrait pleurer ou démolir le mur de son
poing si Zev persistait à lui refuser sa demande.
— Chht, Jonah. Je te ferais sentir bien même sans ça. Je te le promets.
Jonah n’avait pas réalisé qu’il tremblait jusqu’à ce que Zev murmure ces mots
à ses oreilles. Il voulait protester, exiger, cajoler, merde, faire n’importe quoi
pour faire changer d’avis Zev, mais ensuite, il devint distrait par la perte de
chaleur du corps de son amant contre son dos. Un gémissement plaintif fut tout
ce qu’il put sortir de sa bouche avant qu’il ne sente Zev lécher sa colonne
vertébrale jusqu’au-dessus de son cul. Après avoir posé plusieurs baisers au bas
du dos, Zev sépara les fesses de Jonah et continua le chemin que sa langue avait
pris, descendant plus loin et commençant à sucer son entrée.
— Oh, Mon Dieu ! cria Jonah alors qu’il poussait son cul plus en arrière,
espérant encourager Zev à continuer.
Et il continua, avec des succions et des coups de langue, et finalement, une
langue épaisse et talentueuse se traça un chemin dans son corps. Le simple fait
de se sentir pénétré fut la stimulation dont Jonah avait besoin et il cria le nom de
Zev avant de jouir, couvrant le devant du placard de son soulagement. Il fit des
allées et retours contre le visage de Zev, chevauchant son plaisir jusqu’à ce que
son corps n’en puisse plus. Puis il se laissa tomber à genoux sur le sol, où Zev
l’attrapa et le prit dans ses bras forts.
— Si bon, Zev. Si bon, soupira Jonah, juste avant que ses yeux se ferment et
qu’il tombe dans un profond sommeil.


Zev tint Jonah contre son torse et se leva, portant son compagnon dans la
chambre. Il savait que Jonah voulait qu’ils se lient – Ou, comme Jonah l’avait
décrit, avoir des relations sexuelles –, mais jusqu’à ce qu’ils voient le désespoir
sur son beau visage, il n’avait pas réalisé à quel point l’instinct d’accouplement
était en partie responsable de ce désir.
Jonah étant humain, Zev ne savait pas si l’homme aurait la même connexion
et le même désir qui accompagnaient les métamorphes quand ils rencontraient
leurs âmes sœurs. Eh bien, si les dernières trente minutes étaient d’une
quelconque indication, ces émotions étaient aussi fortes chez son compagnon
humain qu’elles l’étaient chez son espèce. En fait, Zev se demandait parfois si
leur lien était aussi puissant qu’il l’avait entendu dire. Quoi d’autre sinon
pourrait expliquer la capacité de Jonah à sentir sa présence et parfois même
écouter ses pensées ? Il avait depuis longtemps compris que ces événements
n’étaient pas que des coïncidences.
Prenons ce matin, par exemple. Jonah ne s’était pas attendu à voir Zev.
L’homme venait juste de sortir du lit. Et pourtant, son ami avait ouvert la porte
avant même que Zev ait entré la clé dans le verrou. Il n’était pas possible que
Jonah l’ait entendu, et il était certain que son compagnon n’avait pas l’habitude
d’arracher la porte sans raison et en tenue d’Adam. Heureusement, Jonah avait
été trop groggy pour s’interroger sur ses propres actions, mais Zev l’avait
parfaitement remarqué.
Que des âmes sœurs aient cette connexion profonde même après des
décennies ensemble serait inhabituel et démontrerait un lien fort. Mais de l’avoir
avant qu’ils ne soient liés, avant qu’ils ne soient en mesure de vivre ensemble, et
pendant que tous les deux étaient sous forme humaine ? Eh bien, c’était du
jamais vu.
Il n’y avait aucun doute dans l’esprit de Zev qu’il avait été vraiment béni.
Même s’il devait souffrir encore huit années de plus avant qu’il ne puisse se lier
avec son compagnon, son lien avec Jonah était une bénédiction. Mais serait-il en
mesure d’y survivre aussi longtemps ?
Après avoir déposé Jonah sur le lit, Zev se déshabilla et s’enfouit sous les
ouvertures. Son compagnon se rapprocha immédiatement de lui et se blottit dans
son étreinte, passant une jambe entre les siennes et enveloppant un bras autour
de la taille de Zev. La manière dont Jonah aimait dormir tout emmêlé avec lui
était une autre particularité que Zev adorait. Cela lui rappelait son enfance quand
il dormait avec les autres louveteaux, empilés tous ensemble.
Son espèce était très tactile. Ils se liaient à travers le toucher et l’odorat. Zev
ne s’était pas attendu à ce qu’un humain ait le même désir pour le contact
physique. Mais Jonah, si. Il semblait se délecter de sa proximité, se tenant
toujours très près de lui, l’embrassant, lui tenant la main.
Alors, ouais, Jonah était un humain, mais il demeurait toujours le compagnon
parfait, pensa Zev avec un sourire alors qu’il sombrait à son tour dans le
sommeil.
















CHAPITRE 13

— Qui diable êtes-vous, bon sang ?
Jonah tira la chasse d’eau dans les toilettes, releva son boxer et courut vers la
chambre dès qu’il entendit le cri. Il ressemblait à celui d’une femme. Il lui fallut
quelques minutes pour comprendre la scène qui se déroulait devant lui.
Une femme très enceinte se tenait dans la chambre, agitant furieusement ses
clés en direction de Peter. Ou était-ce Paul ? Merde, quelle différence cela
faisait-il ? La femme criait après le mec qu’il avait ramené chez lui, cette nuit.
Quand Jonah s’était rendu dans la salle de bain, son rancard (waouh, le mot lui
semblait inutile) était nu dans le lit. À présent, l’homme remontait fébrilement
son pantalon tout en se chaussant.
— Je pars ! Je pars ! Je ne savais pas qu’il était marié, je vous le jure !
Marié ? Que disait ce Peter… Paul… merde, Jonah devrait se rappeler le nom
des gars qu’il ramenait chez lui, la prochaine fois. Ça, s’il y aurait une prochaine
fois.
La première fois qu’il avait essayée, il avait fini par vomir sur le gars dont il
ne se souvenait plus le nom. Il avait réussi à ne pas faire la même chose sur le
suivant, mais il s’était trouvé dans une situation plus qu’embarrassante d’un
dysfonctionnement physique, il n’avait pas pu avoir d’érection, alors il avait fini
par laisser tomber en prétextant une urgence. Maintenant, il avait le gars numéro
trois dans sa chambre, et une étrange femme était venue et avait commencé à
crier avant qu’ils ne puissent faire quoi que ce soit. De toute évidence, ce n’était
pas censé arriver. Comme s’il ne le savait pas déjà. L’idée d’être avec quelqu’un
d’autre que Zev rendait Jonah malade.
— Je n’ai pas envie d’entendre vos excuses, espèce de salope ! Dégagez !
En dépit du fait que la femme était plus petite que lui, eh bien, ailleurs que le
ventre, Jonah grimaça quand il entendit le ton de voix qu’elle utilisa. Elle avait
l’air tellement furieuse que personne ne voulait se trouver en travers de son
chemin. L’autre gars était sûrement du même avis parce qu’il sortit avant même
qu’il ne puisse mettre son tee-shirt. Jonah allait demander à la femme qui elle
était et ce qu’elle faisait dans son appartement quand elle pivota et rejeta ses
cheveux noirs en arrière. Il regarda son visage pour la première fois et en tomba
presque par terre.
— Lori ?
Il ne pensait pas qu’il avait bu autant. Juste une bière et deux sodas light. Ce
n’était pas assez pour causer des hallucinations. De plus, il était habituellement
endormi quand les visions perturbantes de son enfance apparaissaient dans sa
tête.
— Pas maintenant, Jonah. Nous n’avons pas le temps. Je sais que tu es
seulement humain, mais ça n’excuse pas ton comportement !
La manière dont Lori avait dit cette phrase, la jeune femme semblait vouloir
dire autre chose que l’habituelle « tu n’es qu’un humain, tu n’es pas à l’abri des
erreurs ». Mais Jonah n’avait pas le temps de réfléchir à ça.
— Que… que fais-tu ici ?
Lori laissa tomber son petit sac et ses clés sur le sol et marcha dans la
chambre, inspectant chaque recoin. À la façon dont elle reniflait, Jonah se
demanda si elle avait développé des allergies suite à sa grossesse.
— Je suis ici avec toi pour célébrer ta remise de diplôme à l’école de
médecine, Jonah Marvel. Mon frère pensait que tu aimerais peut-être que Toby
et moi soyons là, alors nous avons laissé les jumeaux avec mes parents et avons
passé la moitié de la journée à voyager.
Elle marcha vers le lit alors qu’elle continuait.
— J’ai le mal des transports même quand je ne suis pas enceinte, et porter la
prochaine génération dans mon corps rend les choses pires, alors Zev m’a
déposé ici pendant que Toby et lui cherchent une place de parking. Il m’a donné
tes clés afin que je puisse entrer si tu n’étais pas à la maison, mais je devais
pisser alors, je n’ai pas pris la peine de frapper.
Elle se tourna vers Jonah et posa ses mains sur ses hanches dans un
mouvement totalement maternel.
— Avec ces informations utiles, as-tu d’autres questions urgentes pour moi ou
vas-tu commencer à régler ce problème ?
Jonah était sidéré. Il se contentait de regarder Lori et essayait de comprendre
ce qu’elle avait dit. Il était coincé à la partie où elle avait dit que Zev était là,
dehors.
— Mais… mais Zev ne vient pas avant vendredi.
— Sérieusement, Jonah ? C’est tout ce que tu as capté ? Très bien ! Toby doit
être au boulot samedi donc nous ne pouvons pas rester pour le week-end. Ce
voyage est bien trop long pour une nuit seulement, alors nous avons tous décidé
de te surprendre en venant deux jours plus tôt.
Lori le poussa du coude et entra dans la salle de bain.
— Désolée d’interrompre les festivités, dit-elle, n’ayant pas l’air du tout
désolée. Maintenant, enlève ces draps et mets-les dans un sac-poubelle épais.
Non, mets-les dans deux sacs. Je dois vraiment aller aux toilettes.
Ce furent les dernières paroles de Lori avant que la porte de la salle de bain ne
se ferme. Jonah n’avait toujours pas bougé de sa place quand il entendit le bruit
de l’eau dans le lavabo, ensuite, il regarda une Lori encore furieuse sortir de la
salle de bain.
— Jonah ! Est-ce que tu m’écoutais ? Si mon frère vient ici et sent un autre
homme, il va perdre l’esprit ! Et si tu le blesses de cette manière, alors enceinte
ou non, je te botterai le cul !
Elle leva les mains au ciel en signe de frustration.
— Tu sais quoi ? Oublie les draps, je vais m’en occuper. Va dans la salle de
bain et frotte jusqu’à arracher cette peau !
Elle se dirigea vers la fenêtre et l’ouvrit, puis elle se tourna vers Jonah.
— Maintenant !
Le hurlement fut ce dont Jonah eut besoin pour faire fonctionner ses jambes et
courir sous la douche. Il régla l’eau à une haute température que d’habitude et
versa beaucoup de gel sur son éponge. Il n’avait pas vu Lori depuis huit ans. Pas
depuis qu’ils avaient eu leurs diplômes. Et ce n’était pas de cette manière qu’il
imaginait leurs retrouvailles. Quand il fut certain qu’il ne pourrait pas être plus
propre, Jonah éteignit l’eau et tira sur le rideau de douche.
— Ahhh ! cria-t-il quand il vit Lori se tenir devant lui, enfouissant les
vêtements qu’il avait portés cette nuit-là dans un sac-poubelle. Il couvrit
automatiquement son sexe de ses deux mains. Lori leva les yeux au ciel.
— Laisse tomber, Jonah. Ta dignité est déjà ruinée. Va t’habiller. Si nous
sommes chanceux, nous pouvons sortir d’ici et retrouver Zev et Toby en bas.
Puis quand tu reviendras ici cette nuit, la chambre sera peut-être aérée.
Il ne comprenait pas de quoi Lori parlait. Ce n’était pas comme si son
appartement sentait le sexe. Les vêtements venaient juste d’être enlevés avant
que Lori n’entre dans la pièce, donc franchement, rien ne s’était passé. En plus,
Zev n’avait pas informé sa famille de leur relation, alors elle ne pouvait pas être
inquiète que son frère soit jaloux.
Peut-être qu’elle était juste dégoûtée par le fait que Jonah soit gay et avait
pensé que Zev le serait également ? Ouais, cela avait du sens étant donné la
manière dont son ami avait réagi la première fois à leurs sentiments l’un envers
l’autre. Il avait bien dit que sa famille ne pensait pas qu’il puisse être gay. Jonah
ricana. Comme si les proches avaient un quelconque contrôle sur la manière dont
une personne était faite.
Pourtant, il n’avait aucune envie d’en discuter avec une Lori enceinte et
furieuse. C’était juste stupide et probablement suicidaire. Il se sécha rapidement
et se précipita vers la chambre, où il tira des vêtements aussi vite que possible. Il
remarqua la fenêtre ouverte et envisagea d’émettre une remarque désagréable,
d’à quel point c’était destructeur pour l’environnement d’aérer tout le voisinage,
mais laissa tomber. Heureusement que ses neurones marchaient encore.
— Où est ta buanderie ?
Jonah se força à ne pas bondir d’une jambe à l’autre et tirer sur sa chaussette
pour répondre à Lori.
— Je n’ai pas de buanderie. C’est un appartement de deux pièces. Cette
chambre et la salle à manger/cuisine.
— Euh… eh bien, ça ne va pas marcher, dit-elle avant de se diriger vers la
fenêtre et de jeter le sac-poubelle dans l’allée.
— Hé ! C’était mes vêtements ?
— Ouais, et tes draps.
Jonah courut vers la fenêtre et regarda en bas, non qu’il puisse voir quoi que
ce soit dans le noir, du septième étage.
— Pourquoi as-tu fait ça, Lori ? Je suis un étudiant. Je ne roule pas sur l’or. Je
ne peux pas me permettre de jeter mes vêtements et mes draps !
Lori se tourna vers lui avec une colère tellement féroce que Jonah recula de
quelques pas et leva les mains devant lui en une posture défensive.
— La personne que tu avais ici se trouvait dans ton lit, Jonah. Et même moi,
je l’ai senti sur tous tes vêtements. Tu penses que mon frère ne va pas le
remarquer ?
Elle ricana et le regarda avec dégoût.
— Finis de t’habiller. Nous devons sortir d’ici avant que…
Elle ne finit jamais sa phase parce qu’ils entendirent tous les deux la porte
d’entrée s’ouvrir.
— Merde ! murmura-t-elle. Je suppose que ton joli cœur n’a pas fermé la
porte en sortant.
— Ce n’est pas mon amant. Je te le promets, Lori, rien ne s’est…
— Pas maintenant, Jonah ! siffla-t-elle dans un murmure furieux.
Puis elle passa une main sur sa chemise pour la lisser, rejeta ses cheveux
derrière ses oreilles, et s’avança dans le petit salon. Elle semblait prendre l’air
d’une indifférence décontractée, mais Jonah pouvait encore entendre la tension
dans sa voix quand elle parla.
— Hé, j’ai surpris Jonah dans la douche, il finit de s’habiller, et nous pensions
sortir et aller manger un morceau.
Quand Lori sortit de la pièce, Jonah prit le temps de s’asseoir un moment et de
se reprendre. Que diable venait-il juste de se passer ?
Il avait été hors de contrôle ces derniers temps. Plus que d’habitude. Il ricana à
cette pensée.
Il ne savait plus ce qui était habituel. Il était en train de perdre lentement
l’esprit, et il n’avait pas le pouvoir de l’arrêter. De quelle autre manière sinon
pouvait-il expliquer les sentiments qu’il avait ? C’était comme s’il voulait
arracher sa peau, comme si son propre corps était une prison de laquelle il ne
pouvait s’échapper.
Au début, il avait pensé que ces émotions étaient dues au stress. Cette école de
médecine allait le bousiller. Il ne serait pas la première personne à connaître le
même destin. Une des femmes qui avait commencé l’école avec lui avait fini par
abandonner après six mois quand la police l’avait trouvé errante dans les rues
tard la nuit, ignorant complètement son propre nom. Après quelques nuits à
l’hôpital psychiatrique, elle s’était reprise, mais elle avait refusé de retourner à
l’école. Il avait entendu dire qu’elle dirigeait joyeusement une boutique de fleurs
à Austin.
Mais Jonah aimait vraiment ce qu’il faisait. Les deux dernières années avaient
été consacrées au travail clinique plus qu’au travail de classe. Les patients
aimaient bien qu’ils soient pris en charge par lui. Il semblait avoir le don de les
mettre à l’aise. Et il aimait vraiment les aider. Alors l’école n’était pas le
problème ; le problème était en lui.
Jonah connaissait très bien la famille de son père et ne pensait pas qu’il y ait
un antécédent de maladie mentale, mais il ne savait rien du côté de sa mère. Au
fil des années, il avait voulu en parler à son père plusieurs fois, mais la douleur
qui faisait briller les yeux de Kevin Marvel quand l’homme ne faisait que
regarder la photo sur sa table de chevet en révélait plus à Jonah que des mots.
Parler de sa mère allait lui causer plus de douleur.
Alors, Jonah n’avait pas posé de question, mais maintenant, il se demandait si
ce n’était pas des antécédents médicaux du côté de sa mère qui expliquaient ce
qu’il lui arrivait. Il frotta ses mains sur ses yeux fatigués. Les différents troubles
mentaux se manifestaient entre l’âge de vingt ans jusqu’à l’âge de vingt-cinq
ans. Et, s’il était honnête, les signes étaient déjà apparus durant ces deux
dernières années. Mais Jonah avait fait quelques recherches sur ces symptômes,
et ils ne correspondaient en rien à ce qu’il avait appris en psychiatrie.
Incapable de trouver le cœur du problème, il avait pris la décision de continuer
sa vie. Il s’était forcé à se concentrer sur l’école, les amis, quand il pouvait
encore voir Zev, et juste ignorer la douleur dans son corps et les bestioles
rampantes de son esprit, espérant qu’ils s’ennuient et disparaissent. Mais ensuite,
les rêves avaient commencé et Jonah ne pouvait plus ignorer ce qui se passait
dans son corps. Il devait arrêter les rêves.
C’était ce qui avait mené aux gars qu’il avait ramenés chez lui. Il avait espéré
que son envie d’être empli par un homme pouvait arrêter les images perturbantes
qui le pourchassaient dans son sommeil. Bien sûr, son désir était seulement pour
un seul homme, mais Zev continuait à le refuser, et finalement, la frustration de
Jonah l’avait emporté sur le bon sens et sa décence. C’était une bonne chose que
son corps ne lui ait pas permis d’avoir des relations sexuelles avec ces étrangers.
Même si Zev lui avait pardonné, Jonah était certain qu’il n’aurait jamais été en
mesure de se pardonner.
Secouant la tête pour échapper à ces pensées distrayantes, Jonah essaya de se
concentrer sur le présent. Il ne l’avait pas trompé. Zev était là. Et l’homme avait
ramené Toby et Lori.
Oh, bon sang ! Lori. Cela avait été des retrouvailles désagréables.
Sérieusement, comme une version adulte du rêve habituel « aller à l’école en
sous-vêtements ». En parlant de Lori, elle était étrangement silencieuse.
D’ailleurs, Zev et Toby l’étaient également.
Jonah n’avait pas vu le temps passer pendant qu’il était perdu dans sa propre
tête, mais maintenant qu’il y prêtait attention, il ne put que remarquer le silence.
Son appartement n’était pas si grand. Comment pouvait-il ne pas entendre trois
personnes l’attendant dans le petit salon ? Le cœur de Jonah battait la chamade
alors qu’il avait l’horrible pensée qu’il avait tout imaginé. Devrait-il ajouter des
hallucinations visuelles et auditives à la liste de ses symptômes ?
Il ordonna à son corps de se lever et d’aller vers le salon. Ses amis seraient là.
Ils le devaient. La visite de Lori n’était pas une vision précise que son esprit
avait fabriquée. Mais il ne pouvait pas se forcer à se lever, ne pouvait pas
prendre le risque qu’il sombre encore plus dans les ténèbres.



















CHAPITRE 14

— Allez, Blondinet. Tu dois juste te lever quelques minutes pendant que je
fais le lit.
La voix familière de Zev emplit l’esprit de Jonah comme un baume
réconfortant.
Il pouvait presque sentir la tension s’évanouir de son corps alors qu’un bras
fort tenait sa nuque, un autre fit son chemin sous ses genoux et il fut enveloppé
dans une étreinte familière. Il posa sa joue contre le torse large et éprouva de la
reconnaissance pour ce rêve.
Avec une taille de deux mètres et une carrure pesant quatre-vingt-deux kilos,
Jonah n’était pas le genre d’homme qu’on pouvait facilement porter. Mais Zev
était affreusement fort. Tellement que quand Jonah avait acheté un nouveau
canapé, son ami avait porté le lourd mobilier sept étages jusqu’à son
appartement sans paraître essoufflé. Quand le sofa fut sur le sol, Jonah avait été
si excité par cette démonstration de puissance qu’il avait poussé Zev sur le
canapé et avait pratiquement déchiré son pantalon avant de se laisser tomber sur
les genoux et de prendre sa queue délicieuse dans sa bouche.
Le tissu rugueux de ce même divan griffa la peau de Jonah alors qu’on
l’éloignait du corps chaud qui le tenait, le distrayant du souvenir heureux. Il
s’accrocha aux larges biceps, ne voulant pas déjà le relâcher. Ne voulant pas se
réveiller seul encore.
— Chhhhut, je ne serai pas long, Blondinet. Repose-toi ici et je reviens tout de
suite.
Un gémissement fut la seule réponse de Jonah. Cela ne servait à rien de
combattre la séparation. Cela arriverait certainement. Le matin viendrait bien
assez tôt et éloignerait Zev à nouveau, laissant Jonah dévasté. Des frissons
violents couvrirent son corps. Il se roula en boule, espérant trouver la chaleur,
mais sachant qu’il n’y en aurait pas. Comment repousser un froid qui venait de
l’intérieur ?
— D’accord, nous y voilà. Ouvre-toi pour que je puisse te prendre au lit. Tout
va bien, Jonah. Je suis là à présent, et je vais prendre soin de toi.
Il força ses muscles à se détendre et sentit l’étreinte puissante se refermer
autour de lui. Zev semblait si réel. Avait une odeur si réelle. Jonah refusait
d’ouvrir les yeux, ne voulant pas que la sensation d’être entouré dans cette
confortable chaleur finisse. Une fois que des draps froids furent sous son corps,
des doigts sûrs enlevèrent ses chaussures, ses chaussettes, et son jean.
— Relève la tête.
Il obéit, relevant son cou alors que son tee-shirt était relevé et passé par-dessus
sa tête. Puis un corps dur se pressa contre lui et bientôt, des bras forts
encerclèrent sa taille et l’enlacèrent. Il se détendit immédiatement dans cette
étreinte.
— B’nuit, Chiot, murmura Jonah alors qu’il sombrait à nouveau dans le
sommeil, se demandant pendant ce temps si les visions perturbantes empliraient
son esprit à nouveau.


Zev haleta et s’efforça de rester immobile en dépit de ce qu’il avait entendu.
Chiot. Jonah l’avait appelé Chiot. L’autre homme savait-il quelque chose ?
Avait-il en quelque sorte fait le lien entre son petit ami et le loup qu’il
connaissait depuis son enfance ?
Non, il ne pouvait pas savoir. Du moins, pas consciemment. Mais leur lien
était si fort, plus fort que toutes les unions qu’avaient évoquées les anciens, qu’il
pouvait facilement imaginer Jonah réaliser qui était son ami sous les deux
formes. En fait, Zev pensait que son compagnon l’aurait compris s’ils étaient
retournés à Etzgadol, où il pourrait voir le loup de Zev.
L’homme n’avait pas vu Zev sous sa forme de loup depuis la nuit où ils
avaient dormi dans les bras de l’un et l’autre, quand il s’était enfui de la maison
de Jonah et n’était pas revenu avant d’avoir repris apparence humaine et d’avoir
compris ses vrais sentiments pour son compagnon. Après tout, ce qu’ils avaient
partagé durant les huit dernières années, sur le plan physique et émotionnel, Zev
savait que leur lien était exceptionnel, plus fort que ce qu’il avait été durant leur
enfance.
En ce temps-là, Zev ignorait tout du lien. Mais tout le déni et la stupidité dans
le monde ne pouvaient l’empêcher de le ressentir maintenant. La connexion qu’il
avait partagée avec son compagnon était presque un objet tangible. C’était
indéniable. Et il savait que Jonah le sentait également. L’humain n’avait
simplement pas le contexte ou les mots pour décrire ce qu’il ressentait.
Devrait-il dire la vérité à Jonah ? C’était une question que Zev s’était posée
presque tous les jours. Il avait parcouru ses options, se demandant s’il y avait un
moyen pour Jonah d’apprendre cette facette inhabituelle de son petit ami et leur
rôle dans la vie de chacun, sans que son ami ne parte en courant ni ne perde
complètement l’esprit.
Non, Jonah ne le quitterait pas. Il ne le pouvait pas. Même sans faire partie de
la meute, son compagnon semblait avoir un besoin ancré en lui d’être avec Zev.
Son désir de se lier avait progressivement augmenté au fil des années, au point
où presque tout contact sexuel qu’ils avaient partagé durant leurs deux dernières
visites avait impliqué Jonah faisant tout ce qui était dans son pouvoir pour que
Zev le prenne.
Refuser était difficile, mais la volonté de Zev de voir Jonah réaliser son rêve
de devenir un médecin lui avait donné la force d’ignorer ses propres besoins et
ceux de son compagnon. Ils devaient attendre. Juste quelques années de plus
maintenant et Jonah aurait fini ses études. Ensuite, il serait de retour à Etzgadol
et ils pourraient enfin se lier. Zev devint dur rien qu’en y pensant. À présent, il
devait comprendre ce que Jonah faisait avant que Zev n’arrive à l’appartement,
cette nuit.
— Zev ? marmonna Jonah, sa voix paraissant endormie.
Il cligna ses yeux noirs, la confusion claire sur son visage.
— Es-tu vraiment là ? Quelle heure est-il ?
— Ouais, je suis là. C’est le milieu de la nuit. Tu peux te rendormir.
Jonah frotta ses yeux et s’assit. Il prit en coupe la joue de Zev et fit courir un
doigt sur son menton couvert de chaume, descendant sur les muscles de son cou,
puis il prit la main de Zev dans la sienne et la releva à sa bouche pour un baiser.
— Mais qu’est-ce que… ?
Le regard de Jonah alla des doigts sanglants de Zev à ses yeux. Il tendit la
main vers la table de chevet et alluma la lampe.
— Qu’est-ce que t’as fait, Hassick ? Je pense que tu as besoin de points de
suture.
Zev reprit sa main.
— Je vais bien. Je me sentirai mieux au matin. Je guéris vite.
— Ouais, je sais, mais c’est grave. Viens à la salle de bain avec moi et je
pourrais voir ça avec plus de lumière.
— Je vais bien, Jonah. Promis.
Celui-ci arrêta de fixer la main de Zev et releva les yeux sur son visage.
— Tu n’as pas l’air bien.
Il regarda Zev et fronça les sourcils, comme s’il essayait de comprendre
quelque chose.
— Tu as l’air… en colère.
Incapable de le nier, Zev soupira et éloigna sa main.
— Que s’est-il passé cette nuit, Jonah ?
Tout à coup, les yeux de celui-ci s’écarquillèrent et il recula brusquement, se
rappelant clairement ce qui s’était passé ce soir-là.
Au lieu de jouer l’idiot, ou de faire comme si de rien n’était, sa posture
s’affala et il murmura.
— Il y avait un gars dans mon appartement quand Lori est entrée.
Lorsque Zev entendit ces mots, une douleur atroce lui poignarda le cœur. Il
savait déjà qu’il y avait eu un homme ici. Il avait senti l’humain dès qu’il était
entré. Alors pourquoi cela faisait-il aussi mal d’entendre Jonah le dire ?
— Oh. C’était un camarade de classe ? Étiez-vous en train d’étudier ?
Même à ses propres oreilles, la voix de Zev lui semblait désespérée.
Il prit quelques inspirations pour se calmer. Tout allait bien. Son compagnon
était avec lui. Pas de quoi s’énerver.
— Non, Zev, ce n’était pas un camarade de classe, soupira Jonah lourdement.
Je… je pense que j’ai un problème, Zev. Un sérieux problème.
Peu importe ce qui s’était passé cette nuit, Zev se souciait plus de la source de
la douleur de son compagnon. Et il était clair qu’il y avait une douleur. Jonah
semblait plus mince que la dernière fois que Zev l’avait vu, et les cernes sous ses
yeux ne venaient pas d’une nuit de sommeil continu.
— Quel genre de problème, Blondinet ? Parle-moi.


Jonah se poussa en arrière jusqu’à ce qu’il soit adossé contre le mur. Il ferma
les yeux, rejeta la tête et tendit une main vers Zev. Celle-ci fut immédiatement
enveloppée par une plus grande, des doigts épais s’entremêlèrent avec les siens,
et il se sentit mieux.
— Je ne sais pas comment l’expliquer. C’est juste… je ne me sens pas bien.
Je n’ai pas de fièvre, je n’ai pas de symptômes qui correspondent à une
quelconque maladie, mais je ne vais pas bien.
Bien qu’il ne veuille pas continuer, Jonah se força à le faire. Il devait à Zev
toute la vérité et franchement, il avait besoin de l’aide de son ami.
— Et puis, il y a ces rêves, Zev, ces horribles rêves.
De la chaleur tout près de son côté droit fit ouvrir les yeux à Jonah et tourner
sa tête. Zev était assis tout près de lui. Il soupira et s’approcha un peu plus de ce
corps. Il posa sa tête sur l’épaule de Zev.
— C’est comme si quelque chose me démange constamment. Réveillé,
endormi, ça n’a pas d’importance. C’est la première fois que je suis à l’aise dans
ma propre peau depuis des semaines, peut-être un peu plus.
Il ferma les yeux à nouveau et prit des inspirations pour se calmer.
— Parle-moi des rêves, dit Zev, la voix tendue.
— Ce sont des rêves d’enfance, mais rien dont je me souvienne. Même pas
des choses que je pourrais me rappeler. La plupart d’entre eux concernent ma
mère.
— Elle est morte quand tu étais bébé, pas vrai ? Avant que tu n’emménages à
Etzgadol ?
Jonah hocha la tête.
— Oui, un accident de voiture. Je ne me rappelle pas d’elle, bien sûr. Je sais
que je suis nommée d’après elle… son nom est Joan, donc ouais, Jonah. Et j’ai
vu quelques photos d’elles, mais c’est tout. Mon père ne parle pas d’elle, donc ce
n’est pas comme si tous mes rêves étaient vrais. Mais c’est juste…
Jonah déglutit difficilement.
— C’est juste que ça me fait peur. Il y a toujours tellement de sang dans les
rêves. Parfois, elle crie, demandant de l’aide. Parfois, elle est immobile, son
corps tordu dans des angles étranges, les yeux vagues. Parfois, nous sommes
seuls. D’autres fois, il y a un groupe d’hommes avec nous que je ne reconnais
pas.
— Que penses-tu que cela veuille dire ? murmura Zev.
— Si seulement je le savais. Qu’elle me manque ? Que ça me manque d’avoir
une mère ? Je n’en ai aucune idée. Ce sont des cauchemars ; ils ne sont pas
supposés avoir un sens. Quelques fois, elle est même une louve dans les rêves,
mais je sais quand même que c’est ma mère. Comme je te l’ai dit, rien de tout ça
n’a de sens, mais cela me rend malade.
La main qui tenait celle de Jonah se resserra et il entendit Zev haleter.
— C’est une louve ? Tu rêves que ta mère se transforme en louve ?
— Les rêves ne concernent pas tous ma mère, Zev. D’autres te concernent
aussi.
Quand Zev ne dit rien, Jonah continua, gardant les yeux fermés. Il ne pouvait
pas supporter de terminer l’explication s’il voyait la douleur dans les yeux de
Zev.
— Parfois, tu es un loup aussi, un loup avec qui j’avais l’habitude de jouer
quand j’étais petit. Cela a du sens parce que mon esprit essaye juste de remplacer
un ami d’enfance par un autre, mais Zev…
Jonah soupira et croisa le regard de son ami.
— La plupart qui te concernent sont, eh bien, très érotiques. La vérité, c’est
qu’ils me rendent fou. Et dernièrement, je ne peux m’arrêter de penser à eux. Je
sais que tu ne veux pas… tu sais. Mais j’en ai besoin. J’en ai vraiment besoin.
— Donc, tu es sorti et tu as trouvé quelqu’un pour coucher avec lui.
La manière froide et presque détachée dont Zev résumait la situation lui fit
mal plus que n’importe quels cris ou coups ne le pourraient jamais.
— Non. Je n’ai pas pu le faire, mais… ouais, j’ai essayé. Je sais que c’était
mal. Je sais, je sais. Je n’ai aucune bonne excuse, Zev. Je suis désolé.
Jonah essuya les larmes de sa joue d’une main tremblante.
— Rien ne s’est passé. Pas que cela justifie mon comportement, mais j’ai
pensé que tu voudrais le savoir.
Silence. Pas de réponse. Jonah se força à ouvrir les yeux et à regarder la
personne dont il se sentait le plus proche au monde, même s’ils avaient presque
passé tout leur temps séparés.
— Dis quelque chose, Zev. Dis-moi que tu me pardonnes.
Il lui fallut de longues minutes, mais finalement, Zev attira Jonah sur ses
genoux et l’enlaça.
— Je te pardonne, Blondinet. Et je sais que je ne peux pas t’empêcher de…
Zev ferma les yeux et déglutit.
— Je ne peux pas t’empêcher de voir ailleurs, mais j’aimerais que tu ne le
fasses pas, continua-t-il.
Jonah secoua la tête furieusement.
— Je ne le ferais pas ! Je te promets que je ne le ferais jamais.
— Écoute-moi, Jonah, écoute. Je sais qu’être séparés est difficile, d’accord ?
Je comprends que tu sois… frustré. Je sais que tu pourrais ne pas me croire, mais
je ressens la même chose.
— Alors pourquoi faisons-nous ça, Zev ? Je suis désolé d’insister encore, mais
je ne comprends pas.
Jonah espérait qu’il n’avait pas l’air geignard, mais il doutait d’y être arrivé.
— Parce que tu dois finir l’école et devenir un docteur. Et je ne peux pas
quitter Etzgadol. Jonah, il y a des centaines de familles qui comptent sur moi.
Jonah comprenait que son ami ne pouvait pas quitter son travail. Au fil des
années, il était devenu clair que Zev n’était pas un quelconque employé. Son
père l’avait préparé à prendre le relais, et d’après ce qu’il avait compris, Zev
dirigeait pratiquement l’entreprise familiale. C’était juste une question de temps
avant que Monsieur Hassick ne prenne sa retraite et son petit ami aurait
totalement le contrôle. Mais cela ne répondait pas à la question de Jonah.
— Tu sais que ce n’est pas ce que je veux dire, Zev. Je sais que nous ne
pouvons pas vivre ensemble, et ça craint. Mais nous pouvons…
— Non, nous ne le pouvons pas !
Pour la première fois, cette nuit, Zev eut l’air vraiment frustré.
— Je ne sais pas comment te l’expliquer. J’ai essayé et j’ai l’impression de
n’avoir jamais les bons mots.
Il enfouit ses doigts dans ses cheveux.
— Si nous… euh… couchons ensemble, Jonah, nous ne serons pas en mesure
d’accepter la séparation de l’autre. Crois-moi. La frustration que tu ressens
maintenant, tu peux la gérer. Ça craint, ça fait mal, je comprends ça. Mais nous
ne pouvons pas nous donner plus que l’on peut gérer. Ce n’est pas comme ça que
ça marche. Ouais, c’est plus dur pour nous que les autres comp… gens. Nous
nous sommes trouvés et nous avons été séparés. Mais nous pouvons le faire.
Zev embrassa la tempe de Jonah et caressa ses cheveux. Quand il poursuivit,
sa voix fut très douce.
— Tu vas terminer tes études, devenir un grand médecin et revenir à la
maison. Et à ce moment-là, nous pourrons être ensemble de la manière dont nous
voulons tous les deux. Si nous le faisons maintenant, nous ne serons pas
capables de vivre séparés. Cela voudrait dire que tu devras quitter l’école ou que
je devrai quitter Etzgadol. Aucune de ces options n’est acceptable. Des gens
comptent sur nous. Nous devons nous accrocher juste un peu plus longtemps.
Ils avaient eu cette conversation tellement de fois que Jonah l’avait
pratiquement apprise par cœur. Zev était intelligent, amusant, et si sexy, mais il
était aussi de la vieille école. Cette étrange religion était si enracinée qu’il avait
créé sa propre version de « pas de sexe avant le mariage ». En dépit des efforts
de Jonah, il n’avait pas été en mesure de faire changer l’avis de Zev sur le sujet.
Mais après ce qu’il avait fait – ramener des mecs chez lui afin de coucher avec
eux – Jonah ne pouvait pas remettre en question la décision de son petit ami. Il
devait respecter le souhait de Zev, même s’il ne le comprenait pas.
— D’accord, nous allons attendre, accepta Jonah.
Étrangement, un sentiment de paix l’emplit en disant ces mots.
— Maintenant, donne-moi un vrai baiser de bonjour, Hassick.
Zev inclina le menton de Jonah et posa ses lèvres sur les siennes en une douce
caresse.
— Tu m’as manqué.
— Tu m’as manqué aussi.



CHAPITRE 15

Zev se réveilla avant Jonah, le matin suivant. Son bras était enveloppé autour
du torse de son compagnon, tandis que le bras de celui-ci était autour de sa taille,
et leurs jambes étaient entremêlées. Il lécha et embrassa le coup de Jonah,
caressant tendrement son dos, et frottant son mollet le long de sa jambe musclée.
Les yeux toujours fermés, Jonah murmura :
— Si je croyais en une divinité quelconque, je la remercierai maintenant.
— Pourquoi ça ? demanda Zev en caressant ses lèvres des siennes.
— De t’avoir fait entrer dans ma vie, répondit Jonah alors que ses yeux
s’ouvraient et que son regard sombre se posait sur son petit ami. Il n’y a aucune
autre personne au monde qui ne m’excite autant que toi, ni ne me fasse rire aussi
librement, ni ne me convienne sur le plan intellectuel. Il n’y a personne qui
possède ton intégrité et ta compassion.
Jonah traça le sourcil de Zev avec un doigt.
— Bref… personne ne t’arrive à la cheville, Zev.
La tristesse emplit le visage de Jonah juste avant qu’il n’enfouisse sa tête dans
le cou de son petit ami.
Alors comment ai-je pu penser que c’était une bonne idée de risquer notre
relation en draguant des inconnus dans des bars et en les ramenant chez moi ?
Resserrant son emprise autour de Jonah, Zev déclara :
— Ça va aller. Être éloigné l’un de l’autre est difficile et tu traverses beaucoup
de choses en ce moment, dit-il en embrassant le crâne de Jonah. Je ne vais pas te
dire que je suis heureux à propos de ce que tu as fait, mais je le comprends. Je ne
t’en veux pas, Blondinet.
Sa gorge se serra, rendant sa voix plus rauque alors qu’il finissait :
— Ce que nous avons est bien trop profond pour laisser quelques petits
moments de désespoir gâcher ça.
Jonah acquiesça.
— Tu me connais si bien. Tu as pratiquement lu mes pensées maintenant.
Zev se figea, se demandant si Jonah avait parlé à haute voix.
— Tu es si sexy, Hassick, dit Jonah tandis que ses mains vadrouillaient sur son
torse, le distrayant. Ne t’ai-je jamais dit à quel point j’adorais cette toison
soyeuse ?
Jonah fit courir ses doigts à travers cette dernière et frotta sa joue contre le
menton ombré d’une barbe de trois jours de Zev.
— Ou à quel point tu es sexy le matin avant que tu ne te rases ? Tout rude et
dur.
Incapable de résister à son compagnon, Zev attira Jonah vers lui et joignit
leurs lèvres. Un désir brutal lui enleva toute finesse et le baiser devint féroce. Il
pénétra sa bouche de sa langue, frotta son érection contre la sienne et les
retourna de façon à plaquer Jonah sur le lit.
— J’ai envie de toi, grogna Zev, sa voix bourrue à ses propres oreilles, mais ça
ne semblait pas déranger Jonah.
Ses narines s’évasèrent et son corps trembla alors qu’il haletait :
— Tout ce que tu veux, Zev. Prends ce que tu veux.
Jonah écarta les jambes, complètement ouvert et accessible.
Zev gémit et embrassa Jonah à nouveau, durement et désespérément. Puis il
rampa sur le corps de son compagnon jusqu’à ce qu’il chevauche son torse. Il
caressa le menton de Jonah et traça ses lèvres de ses doigts.
— Penche ta tête en arrière et ouvre-toi pour moi.
Jonah obéit, se léchant les lèvres et ouvrant sa bouche largement.
Zev ne perdit pas de temps. Il guida son sexe dans la bouche de son
compagnon, puis s’appuya sur le mur derrière le lit en y posant ses deux mains.
Il franchit lentement les lèvres accueillantes de Jonah, appréciant la chaleur et
l’humidité, la langue parcourant sa rigidité.
Baissant les yeux, Zev se regarda s’enfoncer profondément dans la bouche
humide et avide de Jonah. Il vit son expression tendre et béate alors que Jonah le
regardait. Puis il commença un rythme lent, pénétrant ces lèvres, rappelant à
Jonah et à lui-même, sa force, le fait qu’il pouvait prendre soin de lui. Le fait que
celui-ci était sien. Sien. Rien, ni personne ne pourrait changer ça.
— Me sens-tu, Jonah ? Sens-tu ma queue dans ta bouche ?
Jonah ne pouvait pas répondre verbalement, sa bouche était trop pleine, mais
Zev pouvait voir son acquiescement dans ses yeux. Il pouvait pratiquement
entendre le « oui » de son compagnon dans son esprit.
— Je vais aller plus profond, Jonah. Enfoncer toute ma longueur. Te rappeler à
qui tu appartiens.
Et avec ces mots, Zev sut qu’il pouvait vraiment entendre Jonah dans sa tête,
lui répondant avec des gémissements et des « oui » exubérants. Il se débarrassa
de toute contrainte et laissa son corps revendiquer ce qui lui appartenait… son
compagnon. Il ondula des hanches, faisant des allées retours, emplissant la gorge
de Jonah, puis se retirant, ne laissant que son gland sur la langue de l’autre
homme, pour s’enfoncer à nouveau.
Entrant et sortant, ne ralentissant pas, s’enfonçant juste dans son compagnon,
sentant le plaisir le submerger et l’emmenant toujours plus haut, jusqu’à ce qu’il
atteigne le précipice.
— Je vais venir. Tu veux me goûter, Jonah ?
Oh, Mon Dieu, oui ! S’il te plaît !
Les mots n’avaient pas été dits, bien entendu, puisque Jonah avait la bouche
pleine. Mais ils communiquaient toujours, leur lien mental plus puissant que
jamais. Sachant ça – qu’il était si en harmonie avec son compagnon, en dépit du
fait qu’ils ne s’étaient pas encore liés, en dépit de la distance, en dépit… du reste
– excita encore plus Zev.
— Maintenant, Jonah, maintenant ! cria Zev alors qu’il sortait son sexe, ne
laissant que le gland dans la bouche de Jonah.
Zev enveloppa une main autour de la base de son membre pour se stabiliser et
rejeta la tête en arrière tandis qu’il perdait pied et jouissait dans la gorge de son
amant.
Il resta appuyé contre le mur d’une main, l’autre caressait la joue de Jonah
alors que celui-ci continuait à sucer son sexe devenu flasque, une expression
respectueuse sur le visage. Finalement, Zev se glissa le long du corps de Jonah,
remarquant avec satisfaction que le ventre de l’autre homme était humide de son
propre soulagement. Quand son grand corps couvrit celui de Jonah, il prit en
coupe les joues de celui-ci et le regarda au fond des yeux.
— Mien.
Jonah gémit et hocha la tête avant de fermer les yeux et de sombrer dans le
sommeil.


Après s’être reposés pendant quelques instants, ils se forcèrent à sortir du lit et
prirent chacun leur tour dans la douche. Quand Jonah sortit, Zev se tenait debout
nu dans la salle de bain, se penchant par-dessus le lavabo et se rasant. Il avait
l’air si grand, si fort, si sexy.
— Alors qu’est-ce qui est prévu pour aujourd’hui ?
Jonah pressa son corps nu contre celui de Zev, appréciant le contact peau à
peau.
— Mmm. C’est agréable, apprécia Zev alors qu’il laissait tomber son rasoir,
pivotait et prenait le membre de Jonah dans sa main et le serrait, l’excitant
immédiatement. Lori et Toby veulent passer un moment avec toi. Je dois
rencontrer quelques clients, ce matin, mais je devrais en avoir terminé à temps
pour vous retrouver au déjeuner. Ça marche ?
Pendant qu’il parlait, Zev caressait le sexe de Jonah d’une main et son cul de
l’autre. Chaque conversation devrait toujours être aussi bonne.
— Mmm hmm. Ça marche.
Ils s’habillèrent à la vitesse d’un escargot parce qu’aucun d’eux ne pouvait
garder les mains loin de l’autre. Que ce soit en s’amusant à chatouiller ou pincer
l’autre, caresser avec tendresse, ou embrasser l’autre, Jonah était suffisamment
distrait pour oublier le fait que Lori était probablement toujours en colère contre
lui. Ce ne fut que quand il frappa à la porte de la chambre d’hôtel qu’il se
rappela son interaction avec elle la nuit précédente, et cela fut comme une
douche glacée qui effaça son sourire.
La porte s’ouvrit. Toby sortit et la ferma derrière lui.
— Hé, mec. Ça fait trop longtemps ! dit Jonah en tendant les mains pour un
câlin.
Toby se dégagea.
— Je meurs de faim. Y’a-t-il un endroit pour prendre le déjeuner ici ? Un
endroit qui fait de bons steaks et des œufs ?
Jonah remarqua la froideur de Toby et supposa que Lori avait parlé à son mari
sur ce qui s’était passé la nuit dernière. Toby s’avança rapidement vers
l’ascenseur.
— Ne va-t-on pas attendre Lori ? demanda Jonah.
Toby ne se tourna pas alors qu’il répondait.
— Nan, elle ne vient pas. Nous la retrouverons plus tard.
Super. Lori était trop furieuse contre lui et Toby était comme l’Antarctique.
Jonah ne savait pas pourquoi ils étaient si en colère, étant donné que Zev n’avait
pas parlé à sa famille de leur relation. Eh bien, il n’y avait qu’une seule autre
raison : ses anciens amis n’étaient pas très à l’aise à l’idée qu’il soit gay. Eh bien,
tant pis pour eux.
Jonah supposa que la meilleure manière de régler la situation était d’y faire
face, la tête haute. Mais dès qu’ils entrèrent dans la voiture de Jonah, Toby
commença à jouer avec la radio. Jonah décida de se montrer patient, et
d’attendre que l’autre homme finisse ce qu’il faisait afin qu’ils puissent parler. Il
perdit presque son sang-froid quand Toby stoppa sur la chanson de Barry
Manilow et la laissa. Son vieil ami devait être le seul Fanilow âgé de moins de
cinquante ans.
— Donc, je suppose que Lori t’a parlé du mec qui se trouvait dans mon
appartement, la nuit dernière.
Toby se raidit immédiatement. Plusieurs minutes passèrent avant qu’il ne
réponde.
— Oui, elle me l’a dit.
— Quelque chose à ce sujet que tu voudrais me demander, Toby ? Autant en
parler. Inutile de marcher sur des œufs.
— D’accooooooooood, répondit Toby, en insistant sur le mot.
Il prit une profonde inspiration et pivota pour faire face à Jonah.
— Es-tu tombé par hasard sur les soldes d’une crème spéciale idiots ou ce
genre de trucs ? Ou peut-être qu’ils faisaient des prix sur les lobotomies ?
Eh bien, c’était là une réponse inattendue.
— Hein ? Que veux-tu dire ?
— Ce que je veux dire, Jonah, répondit Toby d’une voix forte, c’est que je sais
que nous sommes tous à deux doigts de devenir comme ces mecs tarés qui
accrochent des testicules en plastique dans leur pick-up, mais toi, tu as vraiment
réussi à remporter la palme du parfait idiot, la nuit dernière !
OK, cette conversation n’allait pas exactement comme Jonah l’avait prévu,
mais il sentait toujours le besoin de se défendre.
— Idiot ? Pourquoi ? Parce que je suis gay ? Ce n’est pas une mauvaise
décision, Toby. Ce n’est pas une décision du tout.
Jonah se gara dans le parking d’un restaurant décent, coupa le monteur et se
tourna vers Toby. La conversation était intense et embarrassante, mais au moins,
sa musique atroce ne faisait plus saigner ses oreilles. Il préférait encore écouter
le crissement de sa voiture étant traînée sur le bitume plutôt qu’entendre une
ballade ringarde.
— Sans blagues, Sherlock ! Mais tromper Zev est une décision. Une très
mauvaise décision.
La mâchoire de Jonah se décrocha, et il regarda Toby, choqué. Merde ! Toby
savait à propos de sa relation avec Zev. Ce qui voulait dire que Lori savait aussi.
Autant il détestait l’idée d’être caché de la famille de son petit-ami, autant il ne
voulait pas que ce dernier soit forcé à faire son coming-out.
— Tu sais ?
— Sais quoi ?
— À propos de… euh… moi et Zev ?
Toby leva les yeux au ciel.
— Bien sûr que je sais. Le fait que je sois beau ne veut pas dire que je sois
court-circuité ailleurs. Je ne suis pas idiot, Jonah.
— Ouais, et tu ne manques pas d’ego non plus. Écoute, Toby, tu ne dois pas
en parler. Zev n’est pas prêt à ce que sa famille sache qu’il est gay.
— Honnêtement, Jonah, j’ai l’impression que nous vivons dans deux mondes
différents. Zev a fait son coming-out il y a des années. En fait, juste après ton
départ.
Jonah resta momentanément sans voix face à ces nouvelles.
— Mais il m’a dit qu’il ne pouvait pas parler de nous à sa famille.
Le visage de Toby s’adoucit. Il s’éclaircit la gorge.
— Oh ouais. Eh bien, c’est vrai. S’il leur avait parlé de toi, ils auraient
sérieusement perdu les pédales. Mais Lori et moi avons compris ce qui se passait
entre vous. Nous ne le dirons à personne, cependant. Pas de soucis là-dessus.
Jonah hocha la tête. Étrangement, cela avait du sens. Le fait de dire à vos
parents que vous étiez gay et leur dire que vous sortiez avec un homme était
deux choses très différentes. Même si Zev n’avait pas parlé à ses parents, Jonah
était cependant soulagé d’entendre que son petit-ami avait fait son coming-out et
que sa vie à la maison ne s’était pas terminée pour autant.
Toby prit une profonde inspiration, distrayant Jonah de ses pensées.
— Écoute, Jonah, je sais que nous ne nous sommes pas parlé pendant des
années, mais nous nous connaissons depuis longtemps et tu fais partie de la
famille. Tu as toujours été un bon gars. Quelqu’un en qui j’avais confiance. Mais
la manière dont tu t’es comporté hier, je suppose que ta boussole morale s’est
pointée dans la mauvaise direction quand tu as déménagé ou quelque chose
comme ça, parce que le Jonah que je connais n’aurait jamais trahi Zev.
Jonah tressaillit à ces mots. Toby avait raison. Il avait fait une erreur. Il avait
l’impression qu’il lui devait la vérité, mais il ne savait pas comment le dire.
— Je sais, Toby. Écoute, c’est difficile de t’expliquer ce qu’il s’est passé. Tu
ne comprendrais pas.
Toby croisa les bras sur son torse.
— Je comprends plus de choses que tu ne le réalises, Jonah. Essaie pour voir.
Toby semblait plus calme qu’il ne l’avait été, assis tranquillement et attendant
que Jonah parle.
— Je ne prends pas Zev pour acquis, Toby. J’ai passé trop d’années à
l’attendre pour oublier à quel point je suis chanceux qu’il me veuille aussi. Zev
est formidable, mais il est aussi très vieux jeu, tu sais ?
Toby ricana.
— Zev ? Tu te moques de moi ou quoi ? C’est l’homme le plus moderne que
je connaisse.
— Pas dans tous les domaines, marmonna Jonah dans sa barbe.
— De quels domaines parles-tu ?
— Tu as entendu ça ?
— J’ai une bonne audition.
Jonah haussa les épaules.
— Ouais, Zev aussi.
Il prit une inspiration et essaya de se rappeler ce qu’il fallait dire sans mettre
Toby mal à l’aise. Il se tourna vers lui.
— Avez-vous Lori et toi couchés ensemble avant le mariage ?
— Le mariage ? ricana Toby. Lori et moi avons eu des relations sexuelles au
lycée.
Jonah s’adossa sur son siège et ferma les yeux.
— Eh bien, voilà. Zev ne le veut pas. Il ne veut pas coucher avec moi. Je veux
dire, pas avant que je finisse l’école de médecine et que je revienne à Ezgadol.
Et je sais que ça ne devrait pas avoir d’importance, mais ça en a.
Il dit la dernière partie calmement.
— Il ne veut pas coucher avec toi ? répéta Toby, incrédule.
— Eh bien, nous avons des relations sexuelles, mais il ne veut pas, tu sais,
coucher avec moi.
Jonah espérait que Toby comprenait ce qu’il voulait dire, parce qu’expliquer
le sexe gay à Zev était une chose, mais il n’était pas prêt à le faire avec Toby.
Etzgadol devrait apprendre à vivre au vingt et unième siècle. La manière dont
ces gens étaient si protégés était inconcevable. Qu’ils appartiennent à une
religion bizarre ou non.
— Oh, je vois. Eh bien, cela a un sens.
Il doutait sérieusement que Toby comprenne ce qu’il voulait dire.
— Non, cela n’a pas de sens. Les hommes peuvent avoir des relations
sexuelles entre eux, Toby.
— Oh, laisse tomber, Monsieur Je-Sais-Tout. Tu n’es pas le premier homme
gay que je rencontre. Je connais la technique.
Eh bien, c’était de bonnes nouvelles. Peut-être que Toby avait élargi ses
horizons quand il avait quitté Etzgadol pour aller à l’école des infirmiers.
Cependant, de ce que Jonah en savait sur la ville où Toby avait étudié, c’était
juste tout aussi petit et rural que leur ville natale. Il semblait que l’aversion de
Zev pour les grandes villes était partagée par son meilleur ami.
— Tu as des amis gays à Etzgadol ?
Toby secoua la tête.
— J’ai un oncle gay. J’ai passé beaucoup de temps avec lui et son… euh…
mari.
Hein ? Jonah ne se rappelait pas que Zev ait mentionné l’oncle de Toby. Peut-
être que son petit ami ne savait pas à propos de lui. Il s’efforça à se concentrer
sur leur conversation.
— D’accord, alors, comment le fait que Zev ne couche pas avec moi a du
sens ? Tu viens juste de dire que tu couchais avec Lori depuis le lycée. Tu es
parti faire tes études, alors cela ne t’a pas arrêté manifestement.
— C’est différent, Jonah. Ma relation avec Lori n’est pas comme celle que tu
as avec Zev.
Jonah n’était pas surpris, il était juste fatigué. Bien sûr que Toby verrait leur
relation d’un œil différent. Deux hommes ne pouvaient apparemment pas
ressentir la même chose que ce qu’un homme ressentait pour une femme. Avoir
un oncle gay ne pourrait pas changer ce genre de raisonnement.
— Ouais, parce que nous sommes gays. Notre relation ne pourrait pas être
aussi sérieuse que la vôtre, répondit-il d’un air sarcastique.
— Non, répondit Toby, le regardant directement dans les yeux, avec une
expression sombre. Ce que tu as avec Zev est plus profond.
La mâchoire de Jonah se décrocha et il fixa Toby. Depuis aussi longtemps
qu’il le connaissait, celui-ci avait toujours été amoureux de Lori, et d’aussi loin
que Jonah sache, ils étaient heureux ensemble.
— Quand nous sommes venus, la nuit dernière, chez toi, Zev a pété les
plombs. Tu savais ça ? demanda Toby.
Jonah secoua la tête. Il était resté assis dans sa chambre et n’avait rien
entendu.
— Eh bien, il l’a fait. Il a craqué et s’est enfui en courant. Je l’ai suivi et je l’ai
trouvé dans l’allée. Il avait cogné le mur du bâtiment, et il était agenouillé sur le
sol, à vomir et à pleurer.
Le cœur de Jonah se brisa. Alors, c’était ainsi que Zev s’était blessé aux
doigts. Il ne voulait pas en entendre plus.
— Je ne savais pas ce qu’il se passait, continua Toby. Je ne pouvais pas le
faire entrer et je ne voulais pas le laisser tout seul. Une fois que son estomac fut
vide, il ne faisait que haleter et trembler. Finalement, Lori est sortie et m’a
raconté ce qu’il était arrivé là-haut avant qu’on ne vienne.
Toby lui lança un regard noir.
— Je voulais remonter et te botter le cul moi-même quand elle m’a dit qu’il y
avait eu un autre homme dans ta chambre. Tu veux savoir ce qui m’a arrêté ?
Jonah ne pouvait pas répondre. Il pensait encore à Zev qui pleurait dans
l’allée. L’homme était toujours si fort, si sérieux et confiant. Il n’avait jamais vu
son petit ami pleurer, et savoir qu’il lui avait causé autant de douleur rendit
Jonah malade.
— Je savais que si je te regardais seulement de travers, Zev me l’aurait fait
regretter. Peu importe ce que tu aurais pu lui faire.
La voix de Toby devint plus forte et plus agitée alors qu’il continuait à parler.
— Zev mérite mieux. Sais-tu à quel point les choses sont dures pour lui ? Il
supporte un tas de conneries parce qu’il attend que tu termines tes études, et
c’est comme ça que tu le traites ?
Jonah secoua la tête.
— Non, je… je…
— Tu penses qu’il est vieux jeu ? Je suppose que ça en a tout l’air. Mais crois-
moi quand je te dis qu’il veut la même chose que toi… euh… même le sexe. Il
est juste assez fort pour être patient. Zev est le plus puissant métam… homme
que je connaisse, mentalement et physiquement. Si tu veux être avec lui, Jonah,
il est temps de faire ta part et de montrer la même force.
— Je comprends, Toby. Je suis un connard faible et égoïste. Ça n’arrivera
plus.
Toby enfouit ses doigts dans ses cheveux, et Jonah pouvait voir qu’il se
détendait légèrement.
— Content de l’entendre. Parce que si tu ne te ressaisis pas, je viendrai moi-
même te botter le cul.
Jonah hocha la tête. Il n’y avait rien d’autre à dire. Ils sortirent de la voiture et
commencèrent à se diriger vers le restaurant. Du coin de l’œil, Jonah remarqua
un homme se tenant à l’ombre d’un bâtiment, les regardant directement. Il était
grand et mince, avec une peau café au lait et des cheveux noirs de jais.
— Tu connais ce gars ? dit Jonah en inclinant sa tête vers l’endroit où
l’homme se tenait.
Toby regarda à son tour. Il se raidit pendant quelques longues minutes avant
que l’homme sombre ne hoche la tête d’une manière brusque, puis se dirige plus
loin dans la pénombre et hors de leur vue. Toby pivota vers Jonah et passa son
bras par-dessus son épaule.
— Hé, à ton avis, qui gagnerait cette bagarre : Superman ou l’Incroyable
Hulk ? demanda Toby.
Jonah se mit à rire. Toby lui avait manqué. C’était agréable d’être avec son
vieil ami à nouveau. Il était si heureux qu’ils soient revenus sur de bonnes bases
qu’il remarqua à peine le fait que sa question n’avait pas reçu de réponse.
CHAPITRE 16

Les deux années qui suivirent furent tellement chargées que Jonah eut à peine
le temps de penser, encore moins de s’inquiéter sur ses cauchemars. Pas qu’ils
soient partis. Non, les visions de sa mère tourmentaient toujours son sommeil
aussi souvent que les rêves érotiques qui concernaient Zev, partagés avec ceux
de l’étrange loup. En fait, les rêves à propos de sa mère avaient à présent une
nouvelle tournure où les hommes qu’il voyait avec elle étaient des loups.
Autrement dit, ils avaient l’apparence de loups, mais Jonah savait toujours que
c’était les mêmes hommes que dans ses précédents rêves. Rien de tout cela
n’avait de sens.
— Tu fais quoi, ce soir, Jonah ?
Celui-ci regarda la porte de la salle de garde et vit son amie Katie entrer. La
petite femme blonde s’effondra sur le canapé et prit la tasse de café qui se
trouvait sur la table afin qu’elle puisse y poser ses pieds. Après avoir cherché où
déposer la tasse, Katie la sentit, haussa les épaules et but le café.
— Tu es dégueulasse, dit Jonah en secouant la tête et riant malgré lui.
— Hé, c’est pas comme si ce truc qu’ils appellent café a un meilleur goût
quand il est frais, alors quelle est la différence ? Pour le moment, c’est
médicinal. J’ai besoin de la caféine pour rester éveillée ce soir. Je viens juste de
sortir d’une opération.
— Tu as fini maintenant, non ? Rentre chez toi et dors un peu, dit Jonah.
— Nan, j’ai juste envie de tirer un coup. Ça fait trop longtemps.
Katie prit une gorgée alors qu’elle fronçait les sourcils, paraissant réfléchir
intensément.
— Merde, je pense que ça fait presque un mois. Je n’ai pas eu de longs
moments d’abstinence comme ça depuis… je n’ai jamais eu de moments
d’abstinence comme ça.
Katie était si jolie et intelligente que Jonah n’avait aucun doute qu’elle disait
la vérité.
— Pauvre bébé. Un mois. Bienvenue dans mon monde, répondit Jonah.
Il fit rouler son cou et sentit le craquement.
— Non, merci. Ton monde m’effraie. C’est tout joli tout beau avec Monsieur
Petit-Ami du Lycée.
— Quel genre de lesbiennes es-tu ? N’es-tu pas supposé discuter sur ton
deuxième rancard au lieu d’aller d’une femme à une autre ?
Katie sourit et haussa les épaules.
— J’ai une attention trop limitée.
Jonah secoua la tête et se mit à rire.
— Très bien, dit-il alors qu’il frottait ses mains sur son visage et forçait son
corps fatigué à se lever du canapé.
— Tu pars maintenant ? Je vais t’accompagner dehors.
L’hôpital ne se situait pas dans un mauvais quartier, et ce n’était pas comme si
Katie pouvait protéger Jonah s’ils étaient attaqués – la petite femme faisait à
peine un mètre soixante et était tellement mince qu’un vent fort pourrait
probablement l’emporter –, mais Jonah se sentait mieux accompagné. Au cours
de ces derniers mois, il s’était constamment senti observé quand il était dehors,
la nuit. Il n’avait jamais vu personne, mais le sentiment était déconcertant.
— Ouais, allons-y. J’ai juste assez de temps pour aller à la maison et mettre
quelque chose de sexy avant de faire le tour des bars.
— Et c’est quoi, dis-moi, cette tenue sexy ? Une chemise en flanelle et un
pantalon cargo ?
Katie lui donna une petite tape sur le torse sans tourner sa tête.
— T’es un con.
— Je plaisante, affirma-il avec un rire. Je plaisante ! Je sais que tu es « la
femme ». En parlant de ça, je comprends que tu aimes les filles qui gardent leurs
cheveux courts, mais c’est quoi l’histoire avec les ciseaux ? Elles ne peuvent pas
attendre pour se faire une coupe ?
— Je t’ignore officiellement, dit-elle en secouant la tête alors qu’ils se
dirigeaient vers leurs voitures. Oh, j’ai oublié de te dire. J’ai encore tout gâché
avec Dr. Canon.
— J’en doute sérieusement, Katie. Cette femme te veut. Crois-moi.
— Bah ouais, parce que tu es l’expert des femmes, le nargua Katie en levant
les yeux au ciel. En plus, même si elle me voulait avant, elle a changé d’avis
après le dernier fiasco. L’autre jour, Lucy et moi faisions des pansements et elle
est entrée. J’ai souri et je lui ai adressé mon meilleur regard brûlant. Puis j’ai
essayé de balancer mes cheveux en arrière, en oubliant complètement que mon
bras était couvert d’une attelle et d’une gaze, et je me suis presque fait un œil au
beurre noir. Elle pense que je suis idiote.
Jonah se mit à rire et passa un bras autour des épaules minces de Katie.
— J’en doute, étant donné ton CV. Mais peu importe ce qu’elle pense, elle sait
aussi que tu es sexy. Et je suis certain que c’est ce sentiment qui va l’emporter à
la fin.
— Tu parles comme un vrai homme, dit Katie. Tu n’as aucune idée comment
les femmes fonctionnent. De plus, tu ne voudrais pas que je sorte avec quelqu’un
qui n’en aurait qu’après mon apparence, n’est-ce pas ? demanda-t-elle, feignant
l’effroi.
— Depuis quand ça t’arrête ? demanda Jonah comiquement.
Katie sourit et passa son bras autour de la taille de Jonah.
— M’arrête ? Bon sang, c’est un plus. Je confirmais juste ce que tu voulais
dire.
—Mmmh, fit Jonah. Que veux-tu dire par « je ne sais pas comment vous
fonctionnez » ?
— Peu importe, dit Katie en agitant sa main libre en direction de Jonah. Qu’en
est-il de toi ? Vas-tu prendre un congé pour voir Monsieur Merveilleux, bientôt ?
Jonah sourit rêveusement et hocha la tête.
— Son nom est Zev. Et ouais, j’ai trois jours de suite.
Katie resserra son emprise et l’attira contre elle.
— Je suis contente de l’entendre. Cela ne pouvait pas arriver trop tôt.
— Tu t’inquiètes de mon syndrome du lit vide ? demanda-t-il.
— Nan. Je suis trop occupée à m’inquiéter de mon lit vide pour penser au tien.
Mais tu as vraiment une sale tête, ces derniers temps. Tu dois te détendre, et tu
vas toujours mieux après tes retrouvailles avec ton mec.
—Ooohh, Katie ! Je ne savais pas que tu tenais à moi, dit Jonah avec une main
sur le cœur, clignant rapidement des yeux et battant exagérément des cils.
— Je ne m’en soucie pas. Mais si tu continues à te fatiguer comme ça, tu vas
finir par être hospitalisé pour épuisement et je devrais faire plus d’heures sup.
Donc, tu vois, c’est dans mon intérêt de te prendre en main.
— Et voilà la femme égocentrique que je connais et adore. Content de voir
que les nuits blanches ne t’ont pas ramolli !
Elle ricana et gifla le cul de Jonah avant de se diriger vers sa voiture.
— Amuse-toi avec ton homme, Jonah. Et ne fais rien que je ne ferais pas.
— OK. Et de ce que tu m’as raconté, il n’y a pas une chose que tu ne ferais
pas.
Elle pivota sur elle-même et remua les sourcils, style Groucho Marx.
— Exactement ! répondit-elle. C’est pour ça que c’est excitant !
Jonah se mit à rire et lui fit un geste d’au revoir, puis il s’avança vers son
propre véhicule. Alors qu’il ouvrait la porte, les poils sur sa nuque se dressèrent
et il fut envahi encore une fois par la sensation déconcertante qu’on l’observait.
Il balaya rapidement le parking du regard, mais il ne vit personne. Puis il
entendit le bruit d’une lourde porte qu’on ouvrait et se tourna juste à temps pour
voir un homme brun de petite taille disparaître dans la cage d’escalier.
— Merde, marmonna Jonah en secouant la tête. Je dois probablement le
dépasser d’une tête. Apparemment, ma paranoïa ne connaît aucune limite. Peut-
être que demain, c’est une vieille dame avec une canne qui me fichera les
jetons.
Il hésita puis ajouta avec dégoût.
— Et maintenant, je parle tout seul, à haute voix, dans un lieu public !
Fantastique.


— Cette chambre est superbe, approuva Zev alors qu’il suivait Jonah dans la
chambre d’hôtel.
— Ouais, elle l’est. Oh, Seigneur, tu te souviens de ce premier motel où nous
sommes restés, deux ans plus tôt ? lui demanda Jonah en plissant le nez et
frissonnant d’horreur à ce souvenir. Je l’aurais appelé un trou à rats, mais je
pense que même les rats avaient plus de bon sens. J’aurais aimé dire la même
chose pour les cafards. J’ai presque eu une crise cardiaque quand l’un d’eux a
rampé sur mon bras au milieu de la nuit.
— Ce cafard était probablement plus propre que les draps sur le lit. Je n’ai
même pas voulu penser à l’origine des tâches, répondit Zev.
Jonah rit alors qu’il ouvrait sa valise et posait les vêtements dans l’armoire. Ils
avaient trois jours quasi ininterrompus à passer ensemble. Zev devait rencontrer
quelques revendeurs, peut-être prendre quelques appels, mais ils savaient tous
les deux que ces voyages d’affaires étaient une excuse pour eux d’être ensemble.
Après que Jonah ait été appelé à l’hôpital durant les deux premières visites de
Zev quand il avait commencé sa résidence, alors qu’il n’était même pas de
garde, ils avaient instauré un nouveau plan d’action. Jonah informait son petit
ami de son planning dès qu’il était programmé, et Zev prenait ses rendez-vous de
travail dans des villes et des états avoisinants durant les fois où Jonah avait deux
jours libres de suite. Puis ils se retrouvaient à l’hôtel. Jonah se reposait quand
Zev travaillait, et le reste du temps, ils le passaient ensemble. C’était un bon
moyen pour veiller à ce que leurs moments consacrés à eux seulement ne soient
pas interrompus, mais cela n’arrivait pas aussi fréquemment qu’ils le voulaient.
— Eh bien, nous devons te remercier pour ces améliorations, Blondinet.
— Comment ça, Hassick ? Je suis juste un pauvre résident. C’est toi qui paie
la facture, Monsieur l’Homme d’Affaires Riche.
Un torse musclé se pressa contre le dos de Jonah et des bras forts
l’entourèrent.
— Je peux payer la facture parce que les affaires marchent très bien. Nous
avons triplé les ventes depuis que j’ai commencé à voyager. Et nous savons tous
les deux que tu es le but de mes déplacements, Blondinet.
Zev se tenait derrière Jonah et frottait son torse nu contre la silhouette vêtue
de son amant. Il parcourut de ses mains sa poitrine, puis ses doigts agiles
commencèrent lentement à déboutonner sa chemise et à l’ouvrir. Une fois fait,
Zev revint au torse de Jonah et caressa sa peau nue.
Gémissant, Jonah s’accrocha aux bras de Zev et se plaqua en arrière contre
son amant.
—Mmm, gémit Zev.
Il le caressait toujours tandis qu’il l’embrassait de son oreille jusqu’à son cou,
puis il fit pleuvoir des baisers humides sur sa peau, le faisant frissonner et gémir.
Ensuite, Zev bougea sa main droite sur les cheveux de son compagnon, les
caressant jusqu’à ce que ce dernier tourne la tête et prenne le doigt de Zev dans
sa bouche, léchant et suçant.
Zev grogna et donna un coup de reins, son érection butant contre Jonah. Il
entoura le torse de ce dernier de sa main gauche, caressant son téton. Puis il la
glissa dans le pantalon de Jonah, prenant son sexe dur et l’enfermant dans une
emprise douce puis commença à le caresser.
Rejetant la tête en arrière, Jonah s’appuya contre l’épaule de Zev. Il ferma les
yeux et savoura la sensation de la peau de son amant contre la sienne, la main de
Zev le masturbant, son doigt entrant et sortant de sa bouche. Il grogna quand Zev
retira son doigt et commença à jouer avec ses tétons.
— C’est bon, Zev.
— Ouais, ça l’est, murmura Zev contre son cou, sa main continuant le
mouvement de haut en bas. Comment se passe le travail ? Des patients
intéressants ?
— Euh…, fit Jonah, en essayant de se concentrer sur autre chose que le corps
de Zev.
Ce n’était pas facile.
— Oh, il y avait un patient qui est arrivé aux urgences voulant qu’on lui
enlève les aliens de son corps.
Son souffle devint difficile quand la paume de Zev effleura son gland, glissant
doucement le long de son membre.
— Il a dit que si l’opération réussissait, il ramènerait son frère, parce qu’il les
avait aussi.
Les mains de Zev disparurent soudain de son corps, laissant Jonah perdu. Il
pivota pour regarder son ami.
— Pourquoi t’es-tu arrêté ?
— Je reviens. Ne t’inquiète pas.
Zev fit descendre le pantalon de Jonah et quelques secondes plus tard, une
main humide revint sur son membre, continuant de le caresser. Jonah soupira et
reposa sa tête contre l’épaule de Zev.
— Depuis quand tu trimballes du lubrifiant ?
— Quand je me suis habillé ce matin. Je voulais être prêt pour toi, répondit
Zev en mordillant son oreille. Alors, qu’as-tu fait avec l’homme aux aliens ?
Cela prit quelques secondes à Jonah pour se rappeler ce qu’il avait raconté.
— Eh bien, nous avons fait quelques examens. Et nous avons découvert qu’il
était bourré de méta-amphétamines. La partie la plus difficile a été quand il nous
a dit qu’ils avaient l’équipement pour enlever les aliens dans leur sous-sol, mais
que c’était trop bruyant et que ça dérangeait les voisins. Alors son frère lui a
conseillé de se rendre à l’hôpital afin qu’on le fasse. Nous nous demandions si le
frère était drogué aussi, mais quand nous avons appelé chez lui, il nous a avoué
qu’il a fait semblant de croire à cette histoire d’aliens afin que son frère aille à
l’hôpital.
— Très malin.
— Ouais.
— Hé, Jonah ?
La voix de Zev était haletante et enrouée de désir, son emprise se resserra
autour du membre de Jonah et son souffle devint rapide contre son cou.
— Mmmm ?
— Est-ce que je peux essayer quelque chose de nouveau ?
Jonah ondula des hanches pour s’enfoncer dans l’étau serré du poing de Zev.
— Tu peux faire ce que tu veux avec moi, Zev. Toujours. Tu n’as pas besoin
de demander.
Un grognement rauque s’échappa de la bouche de Zev alors qu’il
s’immobilisait sur le cou de Jonah. Celui-ci inclina sa tête sur le côté pour
donner à son amant plus d’espace. Il était tellement perdu dans la sensation
d’être avec Zev à nouveau, ces dents qui le mordillaient, cette main qui le
caressait, cette odeur qui l’envahissait, qu’il avait oublié la question de son
amant jusqu’à ce qu’il sente des doigts humides sur son entrée.
— Zev ? haleta Jonah.
Zev avait déjà caressé son ouverture auparavant, mais ses doigts n’avaient
jamais été recouverts de lotion ni de lubrifiant.
— Juste mes doigts, Blondinet. Je dois être là-dedans. Je me suis dit que si ce
n’est que mes doigts, ça ira. Je pense que je peux m’enfouir plus profondément
qu’avec ma langue de cette façon.
— J’adore ta langue.
Zev eut un petit rire.
— Ouais, je sais. Je pense que nos voisins de la chambre d’à côté le savent
aussi.
Jonah rit, aimant le fait qu’ils pouvaient parler et se taquiner pendant qu’ils
s’aimaient l’un l’autre.
— Suis-je trop vocal, Hassick ? Tu veux que j’essaye de me retenir ?
Des doigts épais encerclèrent et massèrent l’entrée de Jonah, l’incitant à se
pousser en arrière, cherchant plus.
— Oh non ! J’aime ça. Mais je t’avoue que la fois où nous sommes allés
courir, le matin et que nous avons vu ces deux petites vieilles dames sortir de
leur chambre, a été embarrassante.
Zev enfonça le bout de son doigt dans l’ouverture de Jonah, et les deux
hommes gémirent.
— Quand…, haleta Jonah lorsque le doigt continua son avancée à l’intérieur.
Quand était-ce ?
Une succion chaude sur son cou informa Jonah qu’il devrait attendre pour
avoir une réponse. Et de porter des chemises la semaine prochaine.
Zev aimait le marquer. Il le faisait chaque fois qu’ils se voyaient. Non que
Jonah y soit contre. Bon sang, il l’encourageait même.
— C’était le lendemain de la nuit où tu te masturbais et tu me suppliais de te
lécher le cul. Tu criais, et je pense que tes mots exacts étaient : « lèche mon trou,
baise-moi avec ta langue, oh oui, je viens ! » ou quelque chose comme ça.
Jonah eut du mal à répondre, le doigt pénétrant son entrée sensible le
remplissant. Jonah ne put décider ce qu’il aimait le plus. La main de Zev
caressant son membre ou son doigt qui le pénétrait. Quand un second doigt
rejoignit le premier, la décision fut prise et la conversation fut oubliée.
— Oh bon sang, c’est si bon, Zev. Enfonce-les plus profondément, plus vite…

Zev obéit. Il bougea ses longs doigts dans et hors de l’entrée de son
compagnon, savourant la chaleur qui l’enserrait, se délectant du plaisir de Jonah,
pensant à quel point, ce serait bon de faire ça avec son membre, un jour. Zev ne
pensait pas que Jonah puisse avoir l’air aussi beau qu’il l’était à présent. Ses
joues étaient rouges de passion, sa bouche ouverte et haletante, sa chemise
déboutonnée, exposant son torse, et son pantalon sur ses chevilles. Puis Zev
tourna les doigts à l’intérieur de lui et toucha son point sensible, et Jonah devint
déchaîné.
— Oui ! Oui, oui…
Des bruits presque animaux sortirent de la bouche de Jonah alors qu’il se
repoussait en arrière et s’empalait sur les doigts de Zev. Quand celui-ci ajouta un
troisième doigt dans ce corps serré, Jonah convulsa et jouit avec un cri. Son
corps devint mou contre celui de Zev, le souffle haletant. Ce dernier garda ses
doigts à l’intérieur de Jonah, les faisant sortir et entrer doucement, attendant que
ce dernier se calme.
— As-tu aimé ça ?
Jonah grogna.
— Tu rigoles ? Je pense que tu m’as tué.
Quand les doigts de Zev quittèrent son corps, Jonah pivota, enleva sa chemise,
ses chaussures, et fit tomber son pantalon et ses chaussettes sur le sol.
— Déshabille-toi, et mets-toi au lit, Hassick. Je veux ta queue dans ma bouche
et ce sol est dur.
— Tu m’as manqué, Blondinet, dit Zev avec un petit rire.
— Tu m’as manqué aussi.


Jonah se réveilla au milieu de la nuit pour sentir Zev pressé contre son dos,
suçant son lobe, pinçant ses tétons, et se frottant contre son cul.
— Mmm, gémit-il d’un air endormi alors qu’il se repoussait sur ce membre
dur.
— Réveillé, Blondinet ? demanda Zev, d’un ton bourru.
— Tu ne t’attendrais pas sérieusement à ce que je dorme pendant que tu me
fais ça, n’est-ce pas, Hassick ? Je pense que ce serait un peu bizarre, même pour
moi.
— Ha ha, petit malin, fit Zev en embrassant la tempe de Jonah. Désolé de
t’avoir réveillé. Je sais que tu as besoin de ton sommeil. Mais j’ai vraiment envie
de toi.
— Ne t’excuse pas. Ce genre de réveil est toujours le bienvenu.
Jonah remonta un peu plus près de la tête de lit, tendit la main et empauma le
sexe de Zev dans sa main. Il tira dessus afin de faire descendre le prépuce et
exposer sa fente, faisant frissonner et gémir les deux hommes, puis le coinça
entre ses cuisses. Un léger tortillement en arrière et le membre de son meilleur
ami se nicha là où Jonah le voulait… emmitouflé étroitement entre ses jambes.
Zev avança sa main vers la hanche de Jonah et la serra fort alors qu’il
commençait à s’enfoncer entre ces cuisses musclées. Le mouvement fit gémir
Zev immédiatement. Jonah se prit en main et se caressa au rythme de ses va-et-
vient.
— Merde, ouais, murmura Zev d’une voix enrouée.
Puis il saisit l’épaule de Jonah de ses dents, la grignota, et la suça, faisant
sortir un filet de sang à la surface en un suçon sombre.
La pression que Zev mettait sur sa hanche laisserait sûrement des bleus.
L’excitation de Jonah s’intensifia en sachant qu’il porterait encore une autre
marque de Zev.
— J’y suis presque, Zev. Allez, allez, l’encouragea Jonah à travers des
halètements avant d’arquer son dos et de rejeter la tête sur l’épaule de Zev.
De longs filets de sperme sortirent de son membre et couvrirent la main et le
ventre de Jonah. Il s’enduisit les doigts et les tendit par-dessus son épaule, où la
langue de Zev s’acharna à lécher sa semence.
— Oui ! cria Zev alors qu’une chaleur humide recouvrait les cuisses de Jonah.
Ils restèrent étendus et immobiles, essayant de retrouver leur souffle.
— Maintenant, je suis tout collant, gémit Jonah.
— Oh, pauvre petite chose, se moqua Zev en riant. Allons sous la douche. Je
vais t’aider à te nettoyer.
Jonah se retourna, passa un bras autour du cou de Zev, et posa l’autre sur son
épaule. Il se pencha vers lui pour un doux baiser qui devint rapidement deux
baisers et enfin, une danse de langues acharnée. Zev serra le cul de Jonah de ses
deux mains et l’attira à lui, jusqu’à ce que leurs membres durs soient pressés
ensemble.
— Changement de programme. D’abord, je vais te rendre encore plus collant
puis on prendra une douche.
— Excellente stratégie, Hassick. Tu deviens plus malin avec l’âge. Je ne
pensais pas que ce jour arriverait.
— Ouais ? Eh bien, tu es toujours aussi drôle. Maintenant, arrête de parler et
embrasse-moi, dit Zev alors qu’il mordillait les lèvres de Jonah, attrapant sa
lèvre inférieure entre ses dents et la suçant dans sa bouche.
Jonah ne se donna même pas la peine de protester. Parler était vraiment surfait
quand la langue de Zev était dans sa bouche.




CHAPITRE 17

Être séparé de son petit-ami n’avait jamais été facile pour Jonah, mais au lieu
de s’y habituer, il trouva que cela devenait de plus en plus difficile à mesure que
le temps passait. La douleur constante et la solitude qu’il ressentait à cause de
son éloignement de Zev étaient exacerbées par son fâcheux manque de sommeil.
La seule fois où Jonah pouvait dormir était quand il se blottissait contre Zev tout
au long de la nuit. Cela aurait dû être inconfortable de dormir de cette façon…
les jambes entremêlées, les bras autour de la taille de l’autre ou torse, les visages
enfouis dans le cou de l’autre. Mais c’était en fait douillet et sécurisant, et cela
donnait à Jonah une sensation de paix qu’il ne pouvait pas ressentir dans le cas
contraire.
Puis quand Jonah fut dans sa dernière année de résidence, les choses avaient
empiré. Les cauchemars continuaient à interrompre le peu de sommeil qu’il
pouvait obtenir, et il s’inquiétait sur son habilité à prendre soin de ses patients
après des nuits blanches. Il souffrait toujours de cette agitation inexpliquée dans
son corps, le sentiment de ne plus pouvoir respirer, comme si on l’étranglait.
Mais le comble, c’était que le travail et les responsabilités de Zev avaient
changé et celui-ci n’était plus en mesure de venir aussi souvent qu’auparavant.
Jonah avait déjà été sur le point de craquer à cause de ces nuits blanches et de la
douleur physique qui était devenue sa compagne quotidienne, mais le peu de
temps qu’il passait avec Zev le poussa à bout.
Il n’avait pas voulu demander à son père à propos de sa mère, n’avait pas
voulu soulever des souvenirs douloureux. Mais sa maladie physique combinée
au manque de sommeil l’encouragea à chercher des réponses. Donc, durant une
de ses rares soirées libres, il alla chez son père pour dîner.
— Dis-moi comment tu t’en sors avec le travail. Je peux voir que tu es
fatigué, mais je me rappelle aussi combien ça faisait du bien de traiter seul mes
patients, quand on m’appelait docteur. Qu’en est-il de toi, Jonah ? Qu’est-ce que
tu aimes dans ta résidence ?
Kevin Marvel regardait Jonah avec des yeux brillants et joyeux. L’homme
était si heureux d’avoir son fils à la maison qu’il renonça presque à aborder le
sujet dû à sa visite. Mais ensuite, ses muscles devinrent douloureux, son ventre
se tordit, son cœur battit à tout rompre, et il sut qu’il devait aller à la racine de ce
malaise inexpliqué et fâcheux.
— Papa, je me… euh… demandais…
Jonah prit une profonde inspiration et se lança.
— Sais-tu si ma mère ou quelqu’un dans sa famille avait des problèmes de
santé ?
Jonah se mordit la lèvre et regarda anxieusement la table, espérant que son
père ne serait pas trop bouleversé par la question. Ce dernier laissa tomber sa
fourchette et avala la nourriture dans sa bouche. Il lui fallut quelques secondes,
mais finalement l’expression de surprise disparut de son visage.
— Pourquoi poses-tu la question ? Que se passe-t-il ?
— Rien, répondit Jonah instinctivement, essayant de protéger son père afin
qu’il ne se fasse pas de soucis.
Puis il se rappela qu’il n’avait pas pu trouver la solution seul, et il ne pouvait
pas continuer comme ça.
— Ouais, Papa, il se passe quelque chose. Mais je ne sais pas ce que c’est.
Kevin repoussa son assiette, posa ses bras sur la table et s’appuya sur ses
coudes.
— Quels sont tes symptômes ?
— Papa, je…
De frustration, Jonah enfouit sa main dans ses cheveux qui étaient déjà
échevelés.
— Je ne veux pas entrer dans les détails. J’ai juste besoin de savoir s’il y a des
antécédents familiaux de n’importe quelle maladie.
— Jonah Marvel, arrête d’être aussi têtu. Je peux t’aider. Il n’y a rien dont tu
puisses avoir honte. Maintenant, dis-moi tes symptômes. Je suis médecin.
— Je le suis également, Papa, répondit calmement Jonah.
Il n’était pas question d’expliquer ses symptômes à son père. Il y en avait
tellement, et ils n’avaient aucun sens, ensuite il y avait les cauchemars. Il ne
pouvait définitivement pas en parler à son père.
— Écoute-moi, Papa, essaya encore Jonah. Je sais que tu veux m’aider, mais
j’ai cherché dans tout ce qui est imaginable, basé sur les informations que j’ai.
Pour être honnête, je pense que c’est probablement plus un problème
psychologique que médical.
Cette affirmation n’était pas une tentative pour éviter de partager des
informations avec son père, c’était la vérité. Les gens souffrant d’une maladie
mentale pouvaient développer une douleur physique ou un malaise. C’était
l’explication la plus logique pour tout ce qui arrivait dans le corps et l’esprit de
Jonah.
— Psychologique ?
— Oui, répondit Jonah en hochant la tête. Sais-tu s’il y a des antécédents de
maladies mentales du côté de ma mère ? Je ne crois pas t’avoir entendu dire
quelque chose concernant ta famille.
Kevin secoua la tête.
— Non, rien de mon côté. Je ne sais pas à propos de Joan… euh… je veux
dire sa famille. La vérité est que je n’ai jamais rencontré aucun d’entre eux. Ils
n’étaient pas contents que ta mère sorte avec moi, mais elle ne m’en a jamais
expliqué la raison pour ça. Je peux…
Kevin s’interrompit et regarda Jonah avec attention.
— Est-ce sérieux, Jonah ?
Son père avait l’air si inquiet. Ses lèvres étaient serrées, son front avait des
lignes soucieuses. Même si Jonah détestait être la cause de son anxiété, il était
trop fatigué pour le nier.
— Oui, c’est sérieux.
Kevin se redressa dans sa chaise et sembla se reprendre.
— D’accord. Eh bien, Joan était proche de sa sœur. Elles parlaient au
téléphone régulièrement même quand le reste de la famille gardait ses distances.
Je vais la retrouver et lui demander à propos de leurs antécédents familiaux,
Jonah. Si quelqu’un peut nous aider à comprendre ça, ce sera Leah.


Le père de Jonah tint parole. Il n’y avait aucun doute que l’homme était
inquiet à propos de son fils, comme le démontraient ses nombreux appels
téléphoniques et ses fréquentes visites depuis qu’il lui avait confié son problème.
Mais en dépit des efforts de son père, les mois passaient sans que Jonah n’ait
reçu aucune réponse.
Il semblait que Kevin faisait tout ce qui était possible pour retrouver la sœur
de Joan sans aller chez ses parents. Mais elle ne vivait plus dans la même ville,
et Kevin n’avait pu la trouver nulle part. Jonah avait dit à son père qu’elle était
probablement mariée et qu’elle avait un autre nom, et que la seule façon d’avoir
des réponses était d’aller voir ses grands-parents, qui apparemment, vivaient
toujours au même endroit.
Cependant, Kevin avait avoué à Jonah durant une de ses visites qu’il doutait
que les parents de Joan acceptent de le voir. Apparemment, sa grand-mère s’était
brouillée avec sa famille. Au début, Jonah avait accepté cette excuse, voulant
que son père se sente à l’aise, lui permettant ainsi d’avoir des réponses à son
propre rythme. Mais finalement le temps s’était écoulé.
Jonah était dans sa dernière semaine de résidence et Zev s’attendait à ce qu’il
revienne à Etzgadol. Cette semaine-là, Jonah avait ouvert une lettre envoyée par
son amant, et une clé était tombée sur le sol. Il savait à quoi elle servait avant
même de lire un mot sur la page. C’était la clé de leur maison, le chalet que Zev
avait construit avec la contribution de Jonah, l’endroit où ils avaient prévu de
partager leur vie. Et il voulait désespérément faire ça, mais il ne voulait pas
piéger Zev avec un compagnon détraqué. Des nuits blanches, des douleurs
inexpliquées, et une anxiété nerveuse… Whaou, le parti parfait !
— Et si j’appelais les parents de ma mère, Papa ? Peut-être qu’ils me
parleraient.
— Non !
Jonah n’avait jamais vu son père si terrifié.
— Pourquoi ? Écoute, je comprends que tu sois l’homme qui ait pris leur fille
ou peu importe, mais je suis son fils, ce qui fait de moi leur petit-fils. Ils ne vont
sûrement pas me tenir pour responsable. Peut-être qu’ils vont même être heureux
de me voir après toutes ces années.
Kevin secoua la tête et bondit du sofa de Jonah, où les deux hommes s’étaient
assis pour discuter.
— Non, Jonah. Ils ne savent pas à propos de toi. Ils ne peuvent pas savoir.
— Elle ne leur a jamais dit qu’elle avait un bébé ? T’ont-ils vraiment détesté à
ce point ?
— Je ne sais pas, Jonah ! cria Kevin alors qu’il faisait les cent pas autour de la
chambre. Je te l’ai déjà dit, je n’ai jamais rencontré les Smith. Elle ne m’en a pas
laissé. C’était comme si elle avait peur de quelque chose. Et puis elle est morte,
et je devais te protéger, te garder en sécurité !
Il n’échappa pas à Jonah qu’à ce moment-là, son père avait l’air aussi fou
qu’il se sentait. Il se leva et posa une main sur son bras. Le geste sembla
dégénérer la situation.
— Je ne pouvais laisser personne savoir à ton sujet. Alors, la nuit où ta mère
est morte, deux de… euh… mes amis, m’ont aidé à plier bagage ; ils avaient
quelques relations à l’hôpital d’Etzgadol et c’était fini. Nous avons déménagé, et
nous avons planté nos racines, et tu vas bien depuis.
Son père avait toujours été surprotecteur, et Jonah comprenait enfin la raison.
En dépit de l’animosité qui existait entre sa mère et sa famille, Jonah doutait
qu’ils tournent le dos à leur petit-fils. Il était certain que son père était
paranoïaque. Mais avec seulement le nom de famille « Smith », le jeune homme
n’avait aucune chance de les retrouver seul.
— Eh bien, je ne vais plus bien, Papa. Je suis malade et j’ai besoin d’aide. Je
veux que tu me dises leur nom et où ils vivent, afin que je leur parle. Je ne suis
plus un petit garçon, ils ne peuvent pas m’empêcher de te voir, ne t’inquiète pas.
— Tu penses que c’est ce qui m’inquiète ! cracha Kevin, les yeux sauvages, le
visage rouge. J’essaye de te garder en vie, Jonah ! Ils ont tué ta mère, et je ne les
laisserai pas s’en prendre à toi !
La mâchoire de Jonah se décrocha sous le choc. Il trébucha en arrière et tomba
sur le canapé. Son père avait l’air complètement déséquilibré, irrationnel et hors
de contrôle. Et c’était la première fois qu’il entendait parler de sa mère ayant été
tuée.
— Ma mère est morte dans un accident de voiture, rappelle-toi ? Papa, tu vas
bien ?
— Non, je ne vais pas bien ! Je suis terrifié !
Kevin s’assit sur le canapé et prit les mains de Jonah dans les siennes.
— Écoute-moi bien, fils, je ne voulais pas que tu le saches, mais tu as raison,
tu n’es plus un enfant et je vois bien que tu as besoin de comprendre.
Il prit une profonde inspiration avant de continuer à parler.
— Ta mère n’est pas morte dans un accident de voiture.
— Non ?
Kevin secoua la tête.
— Non. Elle a été attaquée par des loups.
— Des loups ? répéta Jonah, sa voix semblant jeune et cassée, même à ses
propres oreilles.
— Oui, ta mère était enceinte de toi, sur le point d’accoucher à tout moment.
Je l’ai entendu crier et j’ai couru vers la salle à manger. Quelqu’un frappait à la
porte. Elle était paniquée, disait qu’il allait la tuer, que nous devions sortir d’ici.
Alors, nous sommes allés vers la cuisine pour sortir par là, mais il y avait trois
grands loups qui se tenaient au milieu de la pièce et qui nous grognaient dessus.
Ta mère a réussi à monter dans la chambre. J’ai attrapé une poêle et j’ai essayé
de les faire partir.
Kevin s’arrêta de parler. Ses mains tremblaient, ses yeux étaient vitreux. Le
souvenir de cette nuit-là, trente ans plus tôt, le terrifiait toujours.
— Je les ai un peu ralentis, mais ils étaient énormes, Jonah. Ils étaient
tellement énormes. Et puis quelqu’un m’a poussé par-derrière et je suis tombé en
heurtant ma tête au comptoir. Et j’ai perdu connaissance.
Les yeux de Kevin s’emplirent de larmes.
— Quand je me suis réveillé, elle était morte. Il y avait tellement de sang. Et
elle était morte.
Il leva les yeux.
— Je n’ai pas pu la protéger. Mais tu étais vivant. C’était un putain de miracle.
Ils t’ont mis dans mes bras et m’ont dit de partir. Qu’il te tuerait s’il savait que tu
avais survécu.
Jonah commençait juste à suivre cette histoire surréelle.
— Qui t’a dit ça, Papa ? L’homme qui s’est introduit dans votre maison ?
— Non, deux autres hommes. Je ne sais pas comment ils ont su que nous
avions besoin d’aide, mais ils le savaient. Curieusement, ils le savaient. Ils ont
fait fuir ce gars et ses trois loups, et ils t’ont sauvé. Ils ne pouvaient pas sauver
Joan, mais ils t’ont sauvé.
Kevin agrippa les mains de son fils.
— Maintenant, tu comprends, Jonah ? C’est dangereux. Si n’importe qui le
découvre, cet homme pourrait revenir. Il pourrait te prendre.
Prenant son père tremblant dans ses bras, Jonah essaya de rassembler ses
pensées. Soit son père avait complètement perdu le sens des réalités et l’homme
imaginait cette histoire, ce qui, franchement, répondrait au moins aux questions
de Jonah sur sa santé mentale, soit ses rêves bizarres où il voyait sa mère
baignant dans une mare de sang en étant entourée de loups n’étaient pas juste des
rêves. Il n’y avait qu’une seule manière de découvrir la vérité, et Jonah était plus
déterminé que jamais à comprendre cette histoire.
— Je ne suis pas une faible femme enceinte. Je suis fort, Papa. Ils ne peuvent
pas me faire du mal.
Pour la première fois depuis le jour où Jonah avait demandé de l’aide pour
comprendre les antécédents familiaux de sa mère, son père se mit à rire.
— Une faible femme enceinte ? Avec une attitude comme la tienne, c’est une
bonne chose que tu sois gay, fiston.
Kevin secoua la tête.
— Si ta mère était là en ce moment même, elle te prouverait le contraire avant
que tu ne puisses dire Jack Robinson. Cette femme était forte, courageuse et…
La voix de Kevin se cassa et plus de larmes emplirent ses yeux. Après
quelques secondes, il s’éclaircit la gorge et se claqua les cuisses.
— Je vais m’occuper de ça, Jonah. Ils ne peuvent pas savoir à ton sujet, mais
je vais leur parler et découvrir où se trouve la sœur de Joan. Je vais trouver des
réponses, je te le promets.
Jonah n’eut pas la chance de protester, parce que sur cette déclaration, son
père se leva et quitta l’appartement.









CHAPITRE 18

Zev fit descendre la vitre de son pick-up et prit une grande bouffée d’air frais
de montagne. Jonah lui manquait terriblement. Douze ans. Voilà combien de
temps il s’était passé depuis le dernier jour où Jonah et Zev avaient respiré
ensemble l’air de la montagne d’Etzgadol. Et Jonah lui avait manqué chaque
jour durant tout ce temps où son compagnon avait étudié à l’université puis était
entré à l’école de médecine. La résidence après ça avait été trop lourde à
supporter, surtout parce que Zev avait dû réduire ses voyages, étant devenu
l’Alpha de sa meute. Il y avait tellement à faire à Etzgadol, et ses semblables
avaient besoin de voir leur chef, de savoir qu’il était présent et en contrôle. Sans
ce sentiment de sécurité, les loups paniqueraient et leur groupe pourrait se
désintégrer.
La partie d’Etzgadol où la plupart des métamorphes vivaient avait toujours été
relativement délabrée. C’était commun pour les villes où se trouvaient des
meutes. La conviction que les humains devaient être évités créait une société
fermée qui ne suscitait pas beaucoup d’opportunité pour le développement
économique. En plus de cela, il y avait seulement deux générations de cela, on
interdisait aux loups de voyager dans les grandes villes parce que celles-ci
étaient habitées par des suceurs de sang. Heureusement, l’animosité entre les
métamorphes et les vampires avait diminué au fil des années.
Pourtant, avoir la possibilité d’aller dans les régions urbaines n’était pas
comme en avoir l’envie. Le besoin de voir la lune et de courir, de flairer les
arbres et de sentir la terre sous ses pattes, ces choses conduisaient les
métamorphes par nature à rester près des arbres, donc ils cherchaient rarement
les immeubles et les rues en béton. Mais Zev avait eu besoin de voyager afin de
voir Jonah.
Par chance, il s’entendait bien avec les humains. Il était allé à l’école avec eux
depuis son plus jeune âge, joué du sport avec eux, et avait appris qu’ils n’étaient
pas aussi différents des métamorphes qu’il le pensait. Cette attitude ouverte lui
avait permis de nouer des contacts avec des distributeurs et des revendeurs, et il
était arrivé à transformer une petite entreprise familiale de céramique en une
société très prisée par les fabricants d’œuvres d’art de luxe qui étaient toujours
en rupture de stock.
L’afflux de fonds ne profitait pas seulement à Zev, cependant. Il avait insisté
pour remettre une grande partie des bénéfices à la communauté. Les routes qui
avaient l’habitude d’être craquelées étaient à présent pavées. L’école primaire
métamorphe avait de nouveaux livres et même deux ordinateurs dans chaque
salle. Et avec la sollicitation de Lori, Zev avait financé une maternité pour les
femelles. L’endroit était très fréquenté avec tous les nouveaux petits qui
naissaient dans la meute.
Celle-ci se débrouillait remarquablement bien. Les vieilles familles se
développaient. La sécurité et la prospérité que Zev avait créées leur permettaient
d’avoir plus d’enfants que cela n’avait été possible, ces dernières années. En
plus, il y avait eu une arrivée massive de nouveaux membres attirés dans la
région pour rejoindre la meute qu’on disait dirigée par le plus puissant Alpha
depuis des générations.
Une grande partie de cette croissance était due à de simples raisons
économiques. L’entreprise de céramique s’en sortait si bien que plus de membres
de meute étaient employés par la famille Hassick, et leurs salaires étaient plus
élevés, leur donnant la possibilité de dépenser dans les commerces appartenant à
d’autres membres de la meute. Donc, tout le monde prospérait. Leur
communauté s’était enrichie et ses loups étaient heureux. Mais l’Alpha qui en
était responsable était perdu.
Depuis le jour où il avait réalisé que Jonah était son compagnon, Zev avait cru
que les choses s’arrangeraient. Il avait encaissé la douleur de la séparation,
certain dans son esprit que toute chose se passait pour une raison, que les études
de Jonah favoriseraient un bien commun et par-dessous tout, que son âme sœur
lui reviendrait à temps pour qu’ils puissent se lier et préserver son côté humain.
Mais Jonah avait fini sa résidence deux semaines plus tôt, et il n’était toujours
pas revenu.
Le compagnon de Zev avait paru plus agité chaque fois qu’ils s’étaient parlé
au téléphone, ces derniers temps, et il avait refusé de dire à Zev ce qui le
troublait. Au fil des derniers jours, les appels téléphoniques s’étaient
complètement arrêtés et de brefs messages avaient pris leur place. C’était
seulement la crainte de perdre le contrôle de son loup et de se transformer dans
un endroit étranger qui avait retenu Zev de rejoindre Jonah et de le traîner à
Etzgadol.
Alors qu’il s’approchait du chalet de bois et de pierres de montagne qu’il avait
construit pour Jonah, Zev se demandait s’ils partageraient un jour la maison. Il
ne lui restait plus beaucoup de temps avant que son loup ne s’échappe des
contraintes intérieures que son côté humain lui avait imposées. Il avait besoin de
Jonah. Un besoin dévorant, écrasant et à couper le souffle. Où était son
compagnon ?
Tandis qu’il entrait la voiture dans le garage, une odeur fantastique fit
disparaître sa distraction et imprégna sa conscience. Citron, herbe et menthe.
Jonah.
Il écrasa les freins, bondit de la voiture, monta les marches en courant et
arracha presque la porte en l’ouvrant. La salle à manger paraissait telle qu’il
l’avait laissé.
— Jonah ?
Il reconnut le désespoir et la panique dans sa propre voix, mais il ne pouvait
les contrôler.
— Jonah ?
Pas dans la cuisine non plus.
— Zev…
La voix familière craqua. Elle était faible, à peine audible.
Il courut le long du couloir et s’arrêta brusquement en voyant Jonah se tenir
nu sur le seuil de la chambre à coucher. Son compagnon serrait le montant de la
porte et s’appuyait lourdement contre elle, comme s’il ne pouvait pas supporter
son propre poids. Il avait de grands cernes sous ses yeux, son souffle était lourd
et laborieux, et la pâleur de sa peau dorée était déconcertante.
— Oh, Blondinet, marmonna Zev quand il prit son compagnon dans ses bras.
Il l’embrassa sur le sommet de sa tête et caressa sa joue douce.
— Tu m’as manqué.
— Tu m’as manqué aussi, Zev. Tellement. J’ai essayé de rester à distance. J’ai
essayé de régler ça moi-même, mais mon père a disparu et je ne sais pas quoi
faire et…
Jonah déglutit difficilement et fixa Zev d’un air implorant.
— Je ne peux pas rester éloigné de toi. Je ne le veux pas…
Un sanglot s’échappa des lèvres de Jonah, et il enfouit son visage dans le cou
de Zev.
— D… d… ésolé. Je suis désolé.
Zev étreignit Jonah plus étroitement et le berça d’un côté à l’autre.
— Chhhut. Je suis content que tu sois ici. Tu n’as pas à t’excuser d’avoir
besoin de moi. J’ai besoin de toi aussi. Qu’essaies-tu de régler, Jonah ? Où est
ton père ?
Le corps que Zev tenait dans ses bras trembla.
— Je ne sais pas. Je ne sais pas où il est. Il allait retrouver la famille de ma
mère pour m’aider. Mais il avait peur.
Jonah rejeta la tête en arrière, et s’agrippa au tee-shirt de Zev de ses deux
mains, et le regarda dans les yeux.
— Savais-tu qu’elle n’était pas vraiment morte dans un accident ? Ces
cauchemars que j’avais faits étaient réels. Elle a été tuée par des loups, alors mon
père nous a cachés. Mais ensuite, je l’ai poussé à y retourner et maintenant, je ne
le retrouve pas.
Jonah pressa son visage contre le torse de Zev.
— J’ai un problème, Zev. J’ai l’impression d’être fou. Je ne sais pas ce que
j’ai. Je… je…
Le corps entier de Jonah tremblait.
— Chhuut, murmura Zev alors qu’il traçait de lents cercles sur le dos de
Jonah. Tu n’as aucun problème que nous ne pouvons pas régler ensemble. Je…
je te manque, c’est tout.
Jonah réussit à rire.
— Bon sang, mon vieux, t’as un ego solide. Certains pourraient penser que tu
es prétentieux.
Zev haussa les épaules.
— Hé, comme Kid Rock dit : « ce n’est pas de la vantardise, enfoiré, si tu
peux le prouver ».
Il porta Jonah et le fit tomber sur le lit.
— Mais sérieusement, nous sommes ensemble. Tout ira bien à présent. Tu
verras.
Une fois Jonah allongé en travers du lit, Zev enleva ses chaussures et se
déshabilla. Puis il rampa vers son compagnon et embrassa son cou froid, le
menton ambré d’une barbe de trois jours, et finalement ces lèvres roses. Il sortit
la langue et les lécha, heureux que son amant soit enfin avec lui, même si
l’homme était confus.
Zev ne savait pas quoi penser de ces déclarations. Les loups ne tuaient pas les
humains, du moins pas à la connaissance de Zev. L’histoire avait l’air tirée par
les cheveux et n’avait aucun sens. Mais là encore, avoir un humain pour
compagnon n’avait pas de sens non plus. De plus, son apparence et la
description de ce qu’il ressentait, ressemblaient à ce qui arrivait aux
métamorphes femelles si elles ne se liaient pas. Cela n’arrivait pas aux humains.
Non que Zev ait vu directement un loup qui ne se liait pas, mais il avait vu
quelques femelles qui avaient des partenaires plus tard que de coutume, et elles
démontraient certainement quelques-uns des signes que Jonah présentait ; les
louves à l’intérieur d’elles devenaient si désespérées de sortir qu’elles perdaient
leur santé mentale. Bien sûr, aucune d’elles n’avait atteint la trentaine. Il n’avait
jamais connu un métamorphe qui attendrait aussi longtemps pour se lier. Mâle
ou femelle. Il se mit à rire intérieurement. Sauf lui-même, bien entendu. Donc
ouais, la règle était complètement brisée ici et tout était possible. Y compris des
loups meurtriers.
Mais ce n’était pas le moment pour analyser le passé. Il était temps de
cimenter leur futur. Zev et Jonah avaient besoin de se lier l’un à l’autre et de
trouver la paix. Ensuite, ils pourraient parler et envisager le reste.
Zev embrassa Jonah bruyamment, leurs langues dansant ensemble, leurs corps
se frottant l’un contre l’autre, leurs mains se caressant. En dépit de sa fatigue, en
dépit de l’intervention de sa famille pénible et les migraines qui en résultaient,
en dépit de son inquiétude pour son compagnon qui l’avait rendu malade
pendant des semaines, en dépit de tout, Zev durcit en réaction au corps de Jonah,
son odeur, son goût. Et il sentait une réaction similaire de la part de son amant,
pressé durement et fermement contre sa hanche.
— Comment te sens-tu, Blondinet ? demanda Zev en caressant ses boucles
douces.
Jonah gémit.
— Je me… je me sens un peu mieux.
Il avait l’air surpris.
— Comme si quelque chose en moi se relâchait, poursuivit-il.
Ouais. Zev comprenait. Il ressentait la même chose. La seule différence était
qu’il savait ce que cela voulait dire. Il comprenait que son corps anticipait le
lien, se détendant en sachant qu’il serait bientôt entier.
Il traça de sa langue un chemin le long du torse de Jonah et enfouit un téton
dans sa bouche, remarquant qu’un peu de chaleur et de couleur s’infiltraient déjà
dans la peau de son compagnon. Ce dernier gémit et arqua le dos, se pressant
contre la bouche de Zev. Il répondit à sa requête silencieuse et suça plus fort,
plus longuement. Quand les halètements de Jonah devinrent rapides, son cœur
battant à tout rompre, Zev se déplaça vers l’autre téton et lui adressa le même
traitement.
— Zev, grogna Jonah, poussant son sexe dur contre son amant et laissant une
trace humide. Je veux… je veux…
Zev savait exactement ce dont son âme sœur avait besoin. Il se pencha vers la
table de nuit, tira une bouteille de lubrifiant du tiroir et ouvrit le couvercle. Jonah
sursauta, les yeux écarquillés, son visage exprimant l’espoir et l’anticipation.
— Tourne-toi, Blondinet.
Il pensait que Jonah demanderait une explication, que l’homme insisterait
pour rester comme il était afin de faire l’amour face à face. Zev supposait que
c’était ainsi que cela marchait avec les humains. Mais son compagnon gémit
seulement, se retourna, tira ses genoux sous son ventre, et les écarta aussi
largement qu’il le put, se laissant ainsi ouvert et exposé.
Zev grogna, se pencha par-dessus le dos de Jonah et murmura à son oreille
alors qu’il laissait tomber un peu de lubrifiant sur son entrée rose puis enfonçait
un doigt à l’intérieur.
— La prochaine fois, nous aurons plus de temps pour les préliminaires, mais
pour l’instant, j’ai envie de toi, Jonah. Ça ira ?
Jonah haletait. Il hocha et repoussa son cul en arrière dans un accord tacite.
C’était toute l’affirmation dont Zev avait besoin.
Avec une main tremblante, il couvrit son membre de lubrifiant, puis caressa
l’entrée de Jonah. Il n’y avait ni crainte ni tension dans le corps de son ami. Juste
un corps frissonnant de besoin et de désir. Zev pensa qu’il était sur le point de
pleurer de joie de pouvoir finalement satisfaire cette envie.
Il ne fallut qu’une légère pression pour que le corps de Jonah s’ouvre à lui,
l’accueille en lui. Puis Zev s’enfonça lentement, ne s’arrêtant pas, ne ralentissant
pas, revendiquant juste son compagnon. Quand ses boules furent pressées contre
les fesses de Jonah, il enveloppa sa taille de son bras et mordilla son épaule
douce. Il allait laisser sa marque sur cette peau parfaite. La pensée fit grogner
Zev, le fit se retirer et s’enfoncer à nouveau. Son compagnon porterait sa
marque. Un autre va-et-vient.
— Zev ! cria Jonah, son nom résonnant comme une prière. Si bon. C’est si
bon de t’avoir en moi.
À chaque frottement dans et hors de cette entrée étroite, quelque chose à
l’intérieur de Zev s’emplissait. La connexion avec son compagnon se renfonça,
leur lien s’intensifia, et avec eux, la connexion de Zev à son humanité.
Il s’enfonça en Jonah tandis que celui-ci se balançait contre lui, rendant
mouvement pour mouvement. Ils gémissaient à l’unisson, bougeaient à
l’unisson, et Zev ne s’était jamais senti plus complet.
— Je vais… Zev ! Je vais venir, je vais…
Jonah marmonna ces mots et bougea plus rapidement les hanches, se
balançant contre Zev plus vite, prenant son sexe dur dans sa chaleur.
Zev tendit son bras par-dessous le corps de Jonah et prit son long membre
dans sa main, le masturbant en même temps qu’il pénétrait son cul étroit. Il ne
fallut que quelques caresses pour que son compagnon s’empale durement, arque
le cou et crie son plaisir.
— Oui ! Oh, oui.
Une chaleur humide couvrit la main de Zev. Il l’utilisa comme lubrifiant et
continua à le caresser, ne donnant pas à Jonah l’occasion de se reprendre. Il allait
garder son compagnon excité.
— Nous n’en avons pas encore fini. Je vais te faire l’amour, dit Zev, sa voix
plus profonde que d’habitude et plus rauque de désir.
— 'K.
Jonah était hors d’haleine, mais son corps ne s’était pas arrêté de bouger, de se
balancer avec Zev. Quand le membre dans sa main se durcit à nouveau, Zev
augmenta la vitesse de ses va-et-vient. Il inclina les hanches dans un nouvel
angle pour frapper ce point sensible qui faisait supplier et gémir Jonah, caressa
de son pouce la fente de son sexe et suça le lobe de son oreille.
— Oh, Mon Dieu, je vais jouir encore. Comment… comment… oh, bon sang,
je jouis !
Le corps de Jonah se balança en arrière plus vite, prenant Zev en lui, le
gardant étroitement à l’intérieur de son entrée. L’Alpha gémit et lui rendit sa
passion, s’enfonçant plus durement, plus profondément, une main s’accrochant à
la hanche de son compagnon, et l’autre caressant son membre. Ne lui permettant
aucune pause, les mouvements de Zev devinrent sauvages, bestiaux.


Les yeux de Jonah étaient fermés, la bouche ouverte, et il avait l’impression
que quelque chose à l’intérieur de lui se débloquait, se relâchait. Il était si près
de l’extase absolue. Il avait juste besoin de… juste besoin… Il ne savait pas ce
dont il avait besoin. Son corps trembla, et il grogna de frustration.
— Aide-moi, supplia-t-il Zev, sachant que l’autre homme pouvait lui donner
ce dont son corps avait si désespérément besoin.
— Laisse-moi faire, Blondinet.
Les paroles de Zev étaient presque grondantes.
Le membre dur à l’intérieur de Jonah sembla devenir plus long, plus épais,
jusqu’à ce qu’il soit complètement dépassé par lui. Chaque point sensible en lui
était touché en continu. Chaque mouvement massait sa prostate, la pression ne
s’arrêtant jamais, le plaisir illimité. Zev glissa la langue vers l’endroit entre
l’épaule de Jonah et son cou, lécha sa peau, et puis ce dernier sentit une vive
douleur qui se transforma immédiatement en une satisfaction intense, et tout ce
que son corps cherchait était juste là.
Jonah se sentait si bien. Merveilleusement bien. Il était libre. Pour la première
fois de sa vie, Jonah Marvel se sentait en paix. Il hurla son plaisir quand son
corps trouva le soulagement. Puis il s’endormit.















CHAPITRE 19

Zev ne savait pas depuis combien de temps il était assis sur le lit et fixait d’un
air choqué la forme endormie de son compagnon. Jonah était un loup.
C’était complètement inattendu, mais Zev l’avait vu de ses propres yeux. Ils
faisaient l’amour, bougeaient ensemble, complètement à l’unisson quand
quelque chose à l’intérieur de Jonah appela le loup de Zev. Il ne l’avait pas
reconnu pour ce que c’était à ce moment-là ; son esprit ne maîtrisait pas la
situation pendant cet instant de délice. Agissant par pur instinct, attendant de
donner à Jonah ce dont il avait besoin, le corps humain de Zev se transforma en
loup et Jonah l’avait suivi.
Ensuite, ils s’étaient liés l’un à l’autre, le sexe de Zev long et épais, le nœud
d’accouplement à la fin le gardant uni avec le loup blanc. Puis les crocs de Zev
avaient traversé la fourrure pour mordre la partie du corps de Jonah où son
épaule et son cou se joignaient, complétant ainsi leur lien. Quand il avait entendu
son âme sœur hurler, le loup de Zev l’avait accompagné dans leur chant, et ils
avaient trouvé leur plaisir ensemble.
Par la suite, alors que le corps fatigué de Jonah devenait mou sous lui, ses
muscles se détendant, Zev l’avait suivi jusqu’à ce qu’ils soient allongés sur le
matelas, leurs corps toujours connectés. Alors que le brouillard de luxure et de
désir se dissipait, il avait réalisé que le corps qui se trouvait dans son lit n’était
pas celui qu’il avait vu. C’était Jonah, il n’y avait aucun doute là-dessus, mais au
lieu d’une peau dorée, il y avait de la fourrure blanche couvrant la forme
musclée du plus beau loup que Zev n’avait jamais vu.
Alors que la réalisation faisait son chemin dans son esprit, le corps de Zev se
transforma à nouveau en humain, espérant que sa forme la plus logique pourrait
donner un sens à la situation. Mais cela sembla provoquer la même réaction chez
son compagnon, donc il se retrouva allongé avec un Jonah très humain et se
demandant presque s’il avait imaginé toute la chose.
Quand le nœud d’accouplement libéra la connexion de Zev avec l’homme
adoré sous lui, il embrassa la cicatrice qu’il avait laissée sur cette peau parfaite
en le marquant. Il avait préparé un discours entier pour Jonah ; il avait prévu de
dire à l’autre homme qu’il était un métamorphe, d’expliquer ce que cela voulait
dire. Mais voir son compagnon se transformer avec lui, entendant dire que sa
mère avait été tuée par des loups, eh bien, le discours que Zev s’était entraîné à
préparer ne suffirait pas.
L’esprit analytique de Jonah s’attendrait à une explication, et c’était quelque
chose que Zev ne pourrait pas donner. Les gens ne se transformaient pas en
loups à un âge plus avancé juste comme ça. Son espèce était très différente des
humains. Les métamorphes étaient nés avec un loup et un humain partageant un
corps, héritant de cette caractéristique de leurs parents. Mais Zev avait passé
assez de temps avec le père de Jonah pour savoir que l’homme était humain. Il
connaissait l’odeur de Kevin Marvel et il n’y avait rien qui indiquait qu’il était
plus qu’un humain mâle.
Mais la mère de Jonah… eh bien, Zev ne savait rien d’elle. Il ne connaissait
même pas son nom de famille. Il pensait que Jonah l’aurait mentionné à un
certain moment, mais Zev n’avait pas pensé que c’était important à cette époque,
parce qu’il ne se rappelait rien de tel. Il essaya de réfléchir à quelque chose qu’il
savait à propos de la mère de Jonah. Il se rappela la description de la nuit
d’horreur qui avait hanté son compagnon – la mère de Jonah étendu sur le sol,
morte et ensanglantée – et Jonah avait dit que dans ces rêves, la femme était
parfois un loup. Aurait-elle été une métamorphe ?
Zev ne pouvait dire si cette explication éclairait les choses ou bien les rendait
encore plus confuses. D’un côté, avoir un métamorphe pour véritable
compagnon était certainement plus compréhensible que de se lier avec un
humain. D’un autre côté, si la mère de Jonah avait été une louve, cela voudrait
dire qu’elle aurait eu des relations sexuelles avec un humain, qu’elle était
tombée enceinte, et que ce bébé avait en quelque sorte survécu.
Les croisements d’espèces étaient un exploit que Zev pensait être
physiologiquement impossible. Un tel bébé serait classé incompatible avec la vie
puisque le loup dans le fœtus n’hériterait pas des gènes des deux parents et par
conséquent, il s’arrêterait de se développer et mettrait un terme à la grossesse. Il
y avait des légendes urbaines de quelques rares créatures qui avaient survécu in
utero, mais ils n’avaient jamais pu vivre assez longtemps pour prendre leur
premier souffle en dehors de la sécurité de l’utérus maternel.
Cependant, Jonah était très en vie. Il était une énigme qui vivait et respirait, et
Zev devait résoudre le mystère. Il devait trouver des réponses à donner à Jonah.
En tant que l’Alpha de la meute d’Etzgadol, Zev possédait tous les livres
contenant l’histoire de leur meute, des informations sur d’autres meutes, des
histoires transmises de leurs aînés. Mais la bibliothèque était relativement petite
parce que son espèce aimait plus les traditions de la narration orale, que de
retranscrire les informations. Et les métamorphes étaient notoirement de mauvais
généalogistes, donc Zev avait peu de chance de trouver des informations
historiques sur les autres meutes dans leurs livres.
Pourtant, Zev devait essayer. Il le devait à son compagnon. Alors il se glissa
du lit et s’avança vers son bureau, espérant trouver un indice qui pourrait
expliquer l’héritage de l’homme qui partageait enfin son lit.


La première chose que Jonah remarqua alors qu’il reprenait conscience fut
l’odeur de Zev émanant de l’oreiller. Il ne sentait pas la chaleur du corps de son
partenaire pressé contre le sien, alors il tendit la main à l’aveuglette vers l’autre
côté du lit et grogna quand il ne trouva que des draps vides. Il enfouit son visage
dans l’oreiller et inspira, laissant l’odeur le ramener à la nuit précédente.
Cela avait été bon. Incroyablement bon. Encore mieux que ce qu’il avait
imaginé. Et, bon sang, il l’avait beaucoup imaginé. Jonah grogna et enfonça sa
main sous les draps pour ajuster son érection croissante. La sensation de ses
doigts sur sa peau sensible provoqua un autre gémissement, et il se permit
quelques caresses avant de décider d’aller trouver son partenaire rebelle et de
bien faire les choses. Il se glissa hors du lit, puis pivota et fouilla les draps
jusqu’à ce qu’il trouve le tube de lubrifiant.
Après s’être arrêté à la salle de bain pour se rafraîchir le visage et se nettoyer,
Jonah sortit de la chambre. Il ouvrit sa bouche pour appeler Zev quand il sentit la
présence de son ami dans la pièce au bout du couloir. Le sentiment était à la fois
étrange et familier. Comme si son corps acceptait implicitement la possibilité de
se concentrer sur l’endroit où se trouvait Zev même si son esprit scientifique se
demandait comment une telle chose pouvait arriver. Avant qu’il n’ait le temps
d’y réfléchir un peu plus longtemps, Jonah ouvrit la porte de la pièce faiblement
éclairée et y entra.
Zev était assis à un bureau avec une petite lampe illuminant de la paperasse
éparpillée devant lui. Quand il regarda par-dessus son épaule et sourit, le cœur de
Jonah se mit à battre furieusement contre sa poitrine.
— Hé, murmura Jonah. Le soleil ne s’est même pas levé. Depuis combien de
temps es-tu réveillé ?
Zev haussa les épaules.
— Je ne me suis pas encore couché.
Jonah s’avança vers son compagnon et chevaucha ce spécimen nu d’une
parfaite masculinité. Il baissa la tête et embrassa Zev chastement. Le contact
peau à peau mélangé avec le goût de son homme provoqua un brouillard de désir
qui envahit l’esprit de Jonah, le laissant étourdi et excité.
— Tu travailles trop, Chiot.
Le corps entier de Zev se raidit.
— Nous devons parler, Jonah.
— Shhh, murmura Jonah en tremblant. Nous pouvons parler plus tard. Pour
l’instant, j’ai envie de toi.
Il appuya ses pieds sur le sol et se releva jusqu’à ce que le gland du membre
de Zev pousse contre son entrée. Après quelques mouvements de frottement
contre l’érection de Zev, Jonah sentit l’autre homme se détendre.
— Mmm. Nous y sommes allés durement, la nuit dernière, Blondinet. Je sais
que tu dois être un peu endolori, marmonna Zev contre le torse de Jonah, le
parsemant de baisers.
— Eh bien, tu sais ce qu’on dit à propos des muscles endoloris ? répondit
Jonah d’un ton rauque alors qu’il ouvrait le tube et enduisait ses doigts, puis les
frottait contre son ouverture.
— Quoi ? demanda Zev, haletant.
— Qu’il faut beaucoup d’étirements, répondit Jonah tandis qu’il couvrait
l’érection dure de son amant avec le lubrifiant.
Puis Jonah avança le membre épais contre son ouverture et enfonça
doucement le gland, gémissant légèrement quand il le sentit pénétrer son corps
encore sensible.
— Tu es sûr ? demanda Zev en haletant, les mains s’accrochant aux hanches
de Jonah, gardant son compagnon en place.
— Fais-moi confiance, je suis médecin.
Jonah se mit à rire alors qu’il se pressait contre sa dureté, savourant la
sensation de son homme emplissant son corps encore une fois.
Il ferma les yeux alors qu’il continuait à s’enfoncer sur le membre dur, laissant
son esprit se concentrer uniquement sur les sensations merveilleuses dans son
corps. Peut-être parce qu’il était enfin rentré à la maison pour de bon. Peut-être
que c’était parce qu’il avait eu un long sommeil profond et réparateur. Peut-être
parce qu’il avait finalement fait l’amour avec son compagnon. Peu importe la
raison, l’esprit de Jonah était à présent clair et son corps était léger et fort. Il
n’était plus fatigué, anxieux, et s’il était vraiment honnête avec lui-même, il
n’était plus pétrifié face à ce trouble inconnu qui avait accablé son corps et son
esprit.
Quand Jonah prit complètement le membre de Zev en lui, il ouvrit les yeux et
croisa un regard ambre rempli d’amour et de dévotion. Les mains de Zev étaient
toujours sur ses hanches, mais elles ne le tenaient plus en place. Au lieu de cela,
la force incroyable de ces bras musclés aidait l’ascension et la descente de son
corps le long de ce sexe dur.
Jonah se laissa tomber sur le membre de Zev alors qu’il s’accrochait à ces
larges épaules, et qu’il criait son plaisir à leurs corps liés. Le son de sa voix
sembla provoquer quelque chose en Zev. L’homme grogna et prit en coupe les
fesses de Jonah, les maintenant ensemble, puis il se mit sur ses pieds et
l’allongea sur son bureau.
Zev caressa les cuisses de Jonah, attrapa ses genoux et les releva jusqu’à ce
qu’ils soient appuyés sur les bras de Zev. Puis ce dernier sortit du corps de son
compagnon et s’enfonça à nouveau en lui avec un grognement.
Jonah était étendu sur le dos, les genoux pliés et écartés. Zev niché entre ses
jambes tint son cou dans une emprise puissante, et se pencha au-dessus de lui, le
regardant dans les yeux alors qu’il continuait ses va-et-vient. La bouche de
Jonah s’ouvrit et il regarda son bel homme.
— C’est bon !
— Ouais, répondit Zev.
Ce dernier caressa les tempes de Jonah de ses pouces. La nuit précédente avait
été un brouillard de passion et de corps emmêlés. Cette fois-ci, c’était différent.
Zev parsema les lèvres de Jonah de baisers, caressa son visage de ses mains
fermes jusqu’à ses cheveux de ses mains fortes, et balança les hanches
lentement, permettant à son amant de sentir la dureté à l’intérieur de lui sans
forcer sur son ouverture. Il était infiniment tendre, et Jonah tomba plus
profondément sous son charme.
— Tu es prêt à abandonner, Blondinet ?
— Toi ? Jamais.
Zev sourit.
— Allons, tu sais que je ne te demanderai jamais de faire ça. Peu importe à
quel point tu peux être ringard.
Zev prit sa mâchoire en coupe, pressa ses lèvres pleines fermement contre
celles de Jonah, puis enfonça sa langue dans sa bouche. Les deux hommes
gémirent à la sensation supplémentaire. C’était ce dont Jonah avait besoin pour
trouver son plaisir. Il s’accrocha à la large poitrine de Zev et haleta dans sa
bouche alors qu’une chaleur liquide sortait de son membre et s’étalait entre eux.
Il était toujours tremblant de sa jouissance quand Zev cria son nom, s’enfonça
une dernière fois, et se raidit à l’intérieur de son corps, le rejoignant dans son
extase.
Aucun d’eux ne bougea pendant quelques minutes. Ils s’accrochaient juste
l’un à l’autre, inspiraient l’odeur de l’autre et profitaient de leur proximité.
Finalement, Zev sortit du corps de Jonah, et les deux hommes se mirent à rire
face à cette étrange sensation.
— Viens là, dit Zev alors qu’il se rasseyait sur sa chaise en prenant Jonah avec
lui, l’installant sur ses genoux.
— Je ne suis pas exactement quelqu’un qu’on peut mettre sur ses genoux,
Hassick. Même si tu es aussi grand qu’une montagne.
— Tu as exactement la taille qui me convient, Blondinet, dit Zev en déposant
un léger baiser sur la tempe de Jonah. Nous devons parler.
Zev avait l’air sérieux et presque triste ou inquiet. Cela rendit Jonah nerveux,
et il se tortilla contre le corps musclé qui le tenait.
— De quoi devons-nous parler ?
Zev prit une profonde inspiration et regarda son compagnon.
— De moi. De toi. De ta mère.
Essayant d’alléger l’ambiance, Jonah sourit et pinça le téton de Zev.
— Ça fait vraiment beaucoup de trucs là.
Zev secoua la tête sans un sourire.
— C’est juste une chose, en fait. Une grande chose, ouais, mais… une chose.
Son ami était clairement anxieux et les blagues n’allaient pas aider alors Jonah
se prépara moralement et inspira profondément.
— OK. Crache le morceau.
Il y eut seulement une petite pause avant que Zev ne parle.
— Je ne suis pas exactement humain, dit-il.
Bien que sa voix soit basse, son ton était calme et sûr. Jonah ne savait pas
comment répondre. Merde, il ne savait même pas ce que ça voulait dire.
Zev continua.
— Ce que je veux dire, c’est que je ne suis pas seulement qu’humain. Je suis
un homme. Et je suis un loup.
— Un loup ?
Zev hocha la tête, ses yeux ne quittant jamais ceux de Jonah.
— Tu es un loup ?
Un autre hochement de tête.
— Qu’est-ce que ça veut dire exactement ?
— Ça veut dire que parfois, mon corps ressemble à ça. Mais parfois, je me
transforme en loup.
— Est-ce que tu es en train de me dire que tu es comme un loup-garou ou
quelque chose comme ça ? Quand la lune est pleine, tu deviens tout poilu avec
des crocs et une violence incontrôlable ? demanda Jonah, essayant de ne pas se
moquer de Zev, parce que vraiment, même si ça aurait dû être une blague, il
savait que Zev était mortellement sérieux.
— Non, dit Zev en secouant la tête. Je suis un homme et je suis un loup. Je ne
suis pas un monstre. Juste un homme et un loup.
Jonah savait qu’il avait la bouche béante, mais il ne pouvait pas s’en
empêcher. Quand Zev avait-il perdu l’esprit ? Ou bien était-ce une fabrication de
son propre esprit ? Il avait été tendu depuis tellement longtemps, et puis la nuit
dernière, quand il s’était enfin trouvé avec Zev, cela avait semblé aller mieux.
Toute la douleur et l’anxiété avaient disparu comme par magie. Et si tout ceci
n’était pas réel ? Et si Jonah hallucinait ?
— Jonah.
Zev pressa ses épaules, la sensation le réconfortant en sachant que c’était réel,
qu’il n’était pas piégé dans sa propre tête. Il se concentra sur le visage de Zev.
— Ne… ne te renferme pas, Blondinet. Arrête de réfléchir pendant une minute
et sens. Il y a une partie de toi qui le sait déjà.
Zev avait été son confident le plus proche. Son meilleur ami. Son amant. Tout
son être lui disait de faire confiance à cet homme, de le croire. Même si son
esprit qui avait pris un entraînement scientifique au fil des années insistait sur le
fait que ce qu’il entendait ne pouvait être vrai.
Plus de vingt ans. Voilà depuis combien de temps Jonah avait connu Zev. À
part son père, Jonah ne s’était lié avec personne, pas aussi profondément qu’il
l’avait fait avec Zev. Eh bien, personne à part… le cœur de Jonah bondit contre
sa poitrine alors qu’il réalisait enfin.
— Chiot ? coassa Jonah.
CHAPITRE 20

Jonah avait l’air choqué, mais l’homme ne s’était pas encore précipité vers la
porte, n’avait pas bougé des genoux de Zev, ni n’avait l’air horrifié. Ce dernier
était immensément soulagé, peut-être même un peu surpris. Bien entendu, Jonah
l’avait déjà appelé Chiot à quelques occasions, y compris ce matin même quand
son compagnon lui avait dit qu’il travaillait trop. Mais ce nom avait glissé de la
bouche de Jonah quand son subconscient comprenait ce que son esprit n’avait
pas encore traité ni accepté. Ce n’était pas quelque chose que Jonah
reconnaissait, et mettre tout ça sur le tapis aurait pu lui inspirer une vague de
déni et de panique.
— Ouais, dit Zev en hochant la tête et en répondant à la question de Jonah. Je
suis ton chiot.
Jonah le regarda fixement, ne disant rien, clignant seulement des yeux et
déglutissant. Finalement, il s’éclaircit la gorge.
— Montre-moi.
Zev se leva de la chaise et fit asseoir Jonah à sa place. Ce dernier donnait
l’impression qu’il allait s’effondrer sous le choc. Ce n’était pas comme si Zev ne
s’était pas transformé un millier de fois auparavant. En plus, Jonah connaissait
déjà son loup. Pourtant, il ne pouvait s’empêcher de se sentir nerveux. Nerveux
que Jonah puisse tourner le dos à leur lien quand il verrait qui était vraiment Zev,
quand il le verrait se transformer.
Eh bien, il n’avait pas le choix en la matière. Son compagnon méritait de voir
son loup, surtout parce que c’était le début seulement. Dire à Jonah qu’il était
aussi un métamorphe serait la grande révélation de la journée.
Zev se mit à rire intérieurement. Qui aurait pu penser que le sujet « ton petit
ami est un métamorphe » ne serait qu’une toute petite partie de leur discussion
actuelle « tu te fous de moi » ?
— Prêt ? demanda-t-il, regardant le visage de Jonah avec attention pour
s’assurer que son compagnon n’allait pas s’effondrer.
Jonah hocha la tête.
— OK.


Le mot était à peine sorti de la bouche de Zev avant que Jonah ne se retrouve
assis sur la chaise et fasse face à un loup. Ou, plus précisément, son loup. Il
regardait Chiot.
La partie logique de Jonah, celle avec l’entraînement scientifique, celle qui
croyait que les textes anatomiques et physiologiques qu’il avait lus plus que les
romans de science-fiction… cette part de Jonah voulait bondir de sa chaise et
s’éloigner de ce qu’il voyait. Mais l’autre partie, ses instincts, son cœur, celle de
son cerveau qui se rappelait toutes les fois où il avait passé du temps avec le
loup, et l’homme qui avait pris sa place… cette partie de Jonah voulait se laisser
tomber au sol et étreindre son Chiot.
Le conflit intérieur garda Jonah paralysé sur place. Ça, c’était avant que Chiot
ne s’avance vers lui et pose sa tête sur les genoux de Jonah. Des yeux ambre le
fixèrent avec le même regard empli de dévotion et d’amour qu’il avait croisé ce
matin, mais cette fois-ci, ces yeux-là avaient un visage différent. Tout ce qui
avait retenu Jonah auparavant disparut en le reconnaissant.
C’était son Zev, l’homme qui représentait tout pour lui. D’accord, la scène à
laquelle il avait assisté n’avait pas de sens, mais hé, pas plus que la physique au
début du premier semestre de sa première année d’université, et à la fin, Jonah
avait eu un A. Donc, il devait juste apprendre de la même manière, poser des
questions, étudier… quel que soit ce qu’il y avait à étudier. Jonah était un bon
étudiant ; apprendre n’avait jamais été un problème pour lui. Jonah prit une
profonde inspiration. Oui, il s’agissait là d’apprendre quelque chose de nouveau.
Et tout se passerait bien.
Il tendit une main tremblante et caressa la fourrure douce de la tête qui
reposait sur ses genoux. Le loup geignit et se tourna sa gueule vers sa main, et la
lécha. Puis ces yeux familiers regardèrent Jonah.
— Zev, je… je…
D’accord, tout se passerait bien, mais à cet instant, il avait froid et il était en
sueur, il avait du mal à respirer en dépit de ses essais, il se sentait malade, et il
pensait qu’il pourrait s’évanouir. Ouais, bon, peut-être qu’il était en état de choc.
Juste un petit peu.
Jonah se laissa tomber à genoux sur le sol puis s’étendit sur le dos, essayant de
se calmer. Il releva ses jambes sur la chaise.
— Blondinet ?
Le visage inquiet de Zev apparut au-dessus de lui et il lui caressa les cheveux.
— Tu es tout tremblant. Oh, merde, Jonah ! Est-ce que tu m’entends ?
Il n’avait même pas vu le loup redevenir humain. C’était arrivé de façon
homogène.
— Je… je… ça va. J’ai… euh… juste besoin de m’allonger un peu. Peut-
être…
Jonah essaya de rassembler ses pensées. Seul cet effort l’aidait.
— Apporte-moi juste une couverture, OK ? J’ai froid.
Zev bondit de la pièce, et avant qu’il ne le sache, Jonah sentit une couverture
l’envelopper. Il releva le regard et vit que les beaux yeux de Zev étaient
écarquillés, son front plissé d’inquiétude, et ses lèvres pleines serrées en une fine
ligne. Jonah essaya de le réconforter.
— Je vais bien, Chiot. Promis. C’est beaucoup à digérer. Donne-moi juste une
minute pour m’adapter.
OK, il était temps de se ressaisir. Son petit-ami pouvait se transformer en loup,
et alors ? Bon sang, il avait travaillé dans les urgences, dans une grande ville la
nuit. Tout ce qu’il avait vu là-bas directement était bien plus effrayant qu’une
créature poilue qui aimait le flairer. Cette pensée le fit presque éclater de rire.
Il avait dû sourire parce qu’il entendit Zev soupirer de soulagement et sentit
son amant se détendre, même s’ils ne se touchaient pas. Comment pouvait-il
savoir ce qu’il se passait dans le corps d’un autre humain ?
Ouais, c’était bizarre. Il avait besoin d’une explication. À ajouter à la longue
foutue liste des choses bizarres.
— Très bien. Donc, tu peux te transformer en loup.
La voix de Jonah sonnait presque normale. Il se félicita intérieurement pour
cet exploit.
— Ouais. Est-ce que tu flippes toujours ? demanda Zev.
— Nan. T’es pas le premier gars normal que je vois se transformer en loup.
— Non ?
Jonah secoua la tête.
— Non. Bien sûr, d’habitude, ça se passe dans les bars tard la nuit quand le
gars a ingurgité trop d’alcool ou des substances illicites et qu’il fait un dernier
effort désespéré pour baiser. Mais pour ma part, je prendrai ton espèce de loup
que celle qui se pointe à la fermeture d’un bar pour un dernier verre.
La mâchoire de Zev se décrocha.
— Tu… était-ce une blague, Blondinet ?
Jonah hocha la tête avec une lenteur exagérée.
— Oui. C’était une blague. C’est une bonne chose que je sois revenu, Chiot.
Tu es clairement avide d’une compagnie intelligente si tu ne peux même pas
reconnaître de l’humour quand il te fait face. Je pense que c’est la faute de Toby.
Ce mec rigole toujours aux blagues de pets. Ces dernières ont cessé de faire rire
à l’époque où nous avons eu nos permis de conduire. Et ne me parle pas de son
goût en musique. Penses-tu qu’il soit en fait une femme handicapée et
malentendante déguisée en homme ?
Zev secoua la tête.
— J’ai bien peur que non. J’ai vu Toby dans ses deux formes. Il n’y a aucune
explication rationnelle pour son mauvais goût en musique.
Jonah se sentait mieux. La pièce ne tournait plus désormais, son corps ne
tremblait plus, et son ami avait l’air heureux. Très bien, il était temps de
s’asseoir et de poser quelques questions.
— OK, donc, Toby est un loup-garou aussi ?
Zev serra les dents.
— Métamorphe. Il est métamorphe. Tu sais, un homme qui peut se
transformer en loup.
— Métamorphe. Compris. Désolé. Je n’ai pas encore de dictionnaire pour ça.
Aide-moi à me relever, Chiot. Ce sol est dur et j’ai des questions. Beaucoup de
questions.
Des bras puissants s’enveloppèrent autour de la taille de Jonah, et il fut
soudainement porté hors du bureau.
— Hé, je peux parfaitement marcher, Prince Charmant !
— Vraiment, Blondinet ? Tu t’es presque évanoui. Je ne prendrai pas de
risque. En plus, j’aime te porter, dit Zev.
Très bien, eh bien, pour être honnête, Jonah aimait ça aussi, alors il arrêta de
se plaindre. Zev alla à la chambre à coucher et étendit doucement son amant sur
le lit. Puis le grand homme s’allongea à côté de lui et remonta les couvertures.
Ils restèrent chacun de leur côté, se faisant face, se tenant les mains et tout allait
bien. Jonah savait sans aucun doute qu’il n’avait jamais été aussi heureux. Zev
se pencha vers lui et déposa un baiser chaste sur ses lèvres.
— OK, Blondinet, quelles sont tes questions ? Je ferai de mon mieux pour y
répondre.


Trois heures plus tard, avec seulement une petite pause pour manger un peu de
céréales, les deux hommes étaient toujours au lit, Zev jouant au professeur. Il
expliqua tout ce qu’il savait à propos des métamorphes à Jonah… leur histoire,
leur meute et sa hiérarchie, la manière dont leurs corps fonctionnaient. Le
dernier point était particulièrement fascinant pour le jeune médecin, mais
malheureusement, Zev ne pouvait pas répondre à toutes ses questions. Bon sang,
il lui était difficile d’en comprendre la plupart et surtout les mots. Après que Zev
ait promis de le présenter au guérisseur de la meute pour connaître les détails
plus techniques du corps d’un métamorphe, l’homme fut enfin d’accord pour
passer à un autre sujet.
Ils étaient allongés sur le lit, caressant le corps de l’autre, tout n’était que
promiscuité, chaleur et perfection. Zev parlait toujours, expliquant la manière
dont les choses fonctionnaient, quand soudain, un front froid se dégagea de
Jonah en vagues. Zev s’arrêta de parler et cilla de surprise.
— Qu’est-ce qui ne va pas ?
Jonah lui lança un regard noir.
— Tu me demandes ce qui ne va pas ?
Sa voix était forte. Puis il regarda la pièce, non qu’il y ait quelqu’un d’autre, et
il parla à nouveau.
— Il me demande ce qui ne va pas !
— Euh… Blondinet, à qui tu parles ? Que se passe-t-il ?
Jonah se mit en position assise et s’enveloppa dans la couverture.
— Que se passe-t-il ? Tu me demandes ce qu’il se passe ?
La réponse était oui, mais Zev avait peur de le dire.
— Je vais te dire ce qu’il se passe ! continua à hurler Jonah.
Oh, merci mon Dieu.
— Je suis apparemment la personne la plus stupide sur cette planète, voilà ce
qui se passe !
Zev s’assit à son tour et essaya d’attirer Jonah contre lui, mais son compagnon
ne bougea pas.
— Shh, Jonah, calme-toi. Parlons-en, OK ? Je vais arranger ça.
— Tu vas arranger ça ? Ouais, c’est ça ! C’est ce que tu dis à ta femme aussi ?
Ou est-ce des femmes ? Combien y’en a-t-il, Zev ? Et as-tu vraiment pensé que
je serais d’accord avec ça ?
— Une femme… euh… des femmes ? D’accord avec quoi ? Bon sang, Jonah,
ralentis ou calme-toi, ou… merde ! De quoi tu parles à la fin ?
Jonah prit une profonde inspiration et serra les mains en poings.
— Je parle du fait que l’homme avec qui je vais passer le reste de ma vie vient
juste de me dire qu’il prévoit de baiser des femmes de temps en temps !
— Quoi ? s’exclama Zev, horrifié. Je n’ai jamais dit ça !
Jonah leva les yeux au ciel.
— OK, très bien. Se lier avec des femmes. Honnêtement, Zev, n’essaie pas de
me dire qu’il y a une différence, parce que tu sais parfaitement qu’il n’y en a pas.
Juste parce que ta queue devient longue et épaisse ne veut pas dire qu’elle n’est
pas dans un vagin. Baiser, c’est baiser !
— Bon sang, Jonah, calme-toi. Je n’ai rien dit à propos de vagins. Dans quelle
foutue conversation as-tu participé ? Parce que ce n’est sûrement pas la mienne.
Jonah avait l’air aussi frustré que Zev, mais aucun d’eux ne se leva du lit.
Parce qu’être séparés aurait été bien pire qu’une dispute. Bien pire qu’autre
chose.
— Tu viens juste de dire que pour qu’un métamorphe mâle reste humain, il
doit avoir des relations sexuelles avec une métamorphe femelle. Tu as dit que s’il
ne le faisait pas, il deviendrait malade et que son loup prendrait le contrôle. Tu as
dit qu’il commence à baiser à la fin de l’adolescence et au début de la vingtaine.
C’est que tu as dit. Et tu es là, Zev. Tu es là et tu as trente ans et tu es très
humain. Donc, ça veut dire que…
S’étant calmé, Zev dit d’une voix douce :
— Ce n’est pas ce que tu penses.
— Donc, explique-moi, Chiot, exigea Jonah en enfouissant ses doigts dans ses
cheveux. Merde, j’essaie vraiment de comprendre là. Vraiment.
— Je sais, Blondinet. Viens là, hein ? Je sais que tu es furieux, mais ne te
renferme pas. Viens là.
Jonah s’avança lentement vers Zev, se mettant sur ses genoux et chevauchant
ses cuisses, puis il appuya son front contre l’épaule de son amant.
— L’idée que tu touches quelqu’un d’autre me rend malade, Zev.
Sérieusement, c’est comme une douleur atroce dans ma poitrine et mon estomac
et….
Zev embrassa le dessus de sa tête.
— Je ne touche personne, Blondinet, pas comme tu le penses. Te rappelles-tu
ce que j’ai dit sur les métamorphes femelles ? Comment elles ont besoin de se
lier à un mâle afin de libérer leurs louves ?
Jonah ne répondit pas, il acquiesça, ne bougeant pas sa tête de l’épaule de Zev.
— Et si elles ne se lient pas, alors la louve est piégée, l’animal commence à
les harceler, leur fait perdre l’esprit, les rend malades de l’intérieur. Tu m’as
entendu dire ça aussi, non ?
— Ouais, je t’ai entendu, Zev. Je comprends. Mais elles peuvent se lier avec
quelqu’un d’autre. Ça ne doit pas être nécessairement avec toi.
— C’est vrai. Elles peuvent se lier avec quelqu’un d’autre. Mais tu ne peux
pas. Tu ne peux te lier qu’avec moi, Jonah. Comme je ne peux me lier qu’avec
toi.
— Tu sais quoi ? Je suis fatigué. Ma tête me fait mal. Tu vas devoir parler en
français, parce que je ne comprends pas où tu veux en venir, grogna Jonah, sa
frustration transparaissait clairement dans sa voix.
— Si, tu comprends. Tu es un médecin, Jonah. Depuis quand te sens-tu
perturbé, hein ? Depuis quand ton corps te fait-il mal ? Depuis quand tu as des
cauchemars ? Et tout a disparu, maintenant, n’est-ce pas ? Tu vas mieux.
Jonah releva la tête et croisa le regard de Zev. Il hocha lentement la tête.
— Oui. Tu vas mieux. Et quand as-tu commencé à aller mieux ?
Zev s’interrompit, laissant ses paroles, la signification de ce qu’il disait,
pénétrer l’esprit de Jonah. Puis il répondit à sa propre question.
— Tu as commencé à aller mieux, la nuit dernière. Quand nous étions
ensemble, quand nos corps se sont liés. C’est là que ces émotions négatives ont
disparu. Quand nous nous sommes liés, Jonah, quand nous avons finalement pu
nous rapprocher de cette manière, je me suis enfin senti entier. C’est ce qui se
passe quand un métamorphe se lie avec son véritable compagnon, son âme sœur.
— Je ne…
Jonah secoua la tête.
— Je ne comprends pas. Je veux dire, je sais ce qu’il s’est passé la nuit
dernière, et je sais que c’était fantastique. Et ouais, je me sens mieux à présent.
Mais Zev, ce n’est pas la même chose que votre truc de lien. Tu me saisis, n’est-
ce pas ? Parce que je ne suis pas un loup. Et d’ailleurs, je ne suis pas une femme
non plus, mais je vais laisser passer cette insinuation. Sérieusement, pour un
homme gay, tu as beaucoup à apprendre. Juste parce qu’un homme aime être le
passif ne veut pas dire qu’il est une femme et…
Les mains de Zev se posèrent sur ses joues. Il inspira profondément, se
raidissant pour le prochain coup. Puis il plongea intensément son regard dans
celui de son compagnon.
— Tu n’es pas une fille. Je le sais mieux que quiconque, puisque je connais
intimement ta queue. Jonah, ne panique pas, mais…
En prenant une profonde inspiration, Zev finit rapidement.
— Tu es un métamorphe.



CHAPITRE 21

Les deux hommes furent silencieux pendant un long moment. Zev donna du
temps à Jonah pour assimiler ses paroles, le laissant absorber intellectuellement
ce que Zev était certain que le corps de l’homme savait naturellement… qu’il
était non seulement un humain, mais aussi un loup.
— Je suis un loup ?
Zev hocha la tête.
— Et tu penses ça… pourquoi ?
— Je le sais parce que tu t’es transformé la nuit dernière. Quand nous étions
ensemble, tu t’es transformé et tu étais superbe. Bon sang, Blondinet, ton loup
est aussi magnifique que ton côté humain.
— Je me suis transformé ?
— Oui.
— En loup ?
— Oui.
— La nuit dernière ?
— Oui.
— Je me suis transformé en loup la nuit dernière ?
— Oui, Jonah. Quand tu assembles tous les mots, ça forme une phrase assez
jolie et la signification reste la même.
— Tu sais quoi, Zev ? Je peux me passer de ton sarcasme. Mon petit ami vient
juste de me dire que mon corps s’est transformé en loup quand nous avons
couché ensemble. Et ça, c’est sans oublier que ledit petit ami s’est transformé
aussi en mon animal de compagnie, ou quoi qu’il soit, juste devant moi. Donc,
excuse-moi si je suis un petit peu lent à comprendre ce foutu puzzle.
Zev enlaça Jonah et le serra étroitement. Il se pencha sur lui et embrassa son
front, le bout de son nez, et ses lèvres pleines. Le baiser était doux et aimant, les
lèvres de Zev prenant la lèvre inférieure et la mordillant de temps à autre, sa
langue sortant et le léchant.
— Désolé, dit Zev calmement une fois que leurs bouches se soient séparées.
— Ouais, OK.
Jonah s’étendit sur le lit.
— Donc, dis-moi ce qu’il s’est passé exactement la nuit dernière.
Le front de Zev se plissa.
— Tu prends ça remarquablement bien.
— Oh, eh bien, tu sais, c’est comme quand je regarde un film. Une fois que je
retiens mon incrédulité pour suivre un monde où des singes peuvent parler, alors
je veux bien croire qu’ils ont pris le contrôle du monde dans le futur. Ou est-ce
les humains qui se sont détruits puis les singes ont pris le pouvoir ? Peu importe,
tu vois ce que je veux dire.
— Ouais, je vois ce que tu veux dire. La scène de la Statue de la Liberté
tombée dans l’océan était épique. La nouvelle version ne lui arrive même pas à
la cheville. Maintenant, pouvons-nous continuer notre conversation ? Parce que
tes analogies sont un peu trop compliquées pour mon simple esprit.
Jonah lui donna une petite tape sur l’épaule.
— Tu es brillant et tu le sais.
Zev frotta son épaule d’un air dramatique.
— Ce n’était pas ce que tu me disais les dix dernières années. Quoi ? Tout à
coup, tu changes de disque ?


Prenant la main de Zev dans la sienne, Jonah attira son homme vers lui afin
qu’ils soient étendus l’un à côté de l’autre.
— Ouais, eh bien, une nuit torride au lit avec un gars te fait ça. Même un
bouffon empoté semblerait fascinant et intelligent.
— La nuit dernière était torride, hein ? dit Zev en souriant d’un air satisfait.
— Brûlante, confirma Jonah.
— Passionnée.
— Explosive, dit Jonah en continuant le jeu, les lèvres tressaillant.
Zev haussa un sourcil, amusé.
— T’en as un autre, Blondinet ?
— Non, c’est bon. Allez, parle-moi de ma miraculeuse transformation.
Zev caressa la hanche de Jonah et se détendit.
— Il n’y a rien de plus à dire. Nous faisions l’amour et j’ai senti ton loup
m’appeler. C’était comme si je pouvais le sentir, essayant désespérément de
sortir. Et mon loup a répondu instinctivement à son compagnon. Alors, je t’ai dit
de me suivre, ou peut-être que je l’ai pensé, je ne sais plus. En tout cas, j’ai
commencé à me transformer et tu l’as fait aussi.
— Ton compagnon ? Est-ce que c’est un mot loup pour dire « petit ami » ?
— Ah, Jonah, dit Zev d’une voix rauque. Tu n’as pas encore compris que tu
comptes pour moi plus qu’un petit ami ? À quel point nous représentons plus
l’un pour l’autre ?
Jonah hocha la tête, puis murmura sa réponse.
— Parfois, c’est comme si je peux t’entendre parler dans ma tête. Ou comme
si je peux te sentir ou quelque chose comme ça, tu sais ?
— Ouais, je sais. C’est le lien d’accouplement. Cela a toujours été fort pour
nous. Plus fort que tout ce dont j’ai entendu parler. Et je pense que maintenant
que nous sommes liés, il deviendra encore plus fort. C’est pour ça que je n’ai
jamais voulu le faire jusqu’à ce que tu reviennes ici. Être séparé de toi pendant
toutes ces années était à peine tolérable. Je ne pensais pas que l’un d’entre nous
y survivrait une fois que nous serions liés et connectés à un niveau plus profond.
Et c’était avant que je ne sache que tu sois un métamorphe.
— Tu ne savais pas ?
Zev secoua la tête.
— Alors, tu ne peux pas dire si quelqu’un est comme toi ? demanda Jonah.
— En fait, je sais reconnaître un métamorphe quand j’en vois un. Je peux le
sentir. Tout le monde a une odeur différente et je peux sentir un métamorphe
bien avant que je ne pose les yeux sur lui. Mais ton odeur a toujours été
humaine, répondit Zev en blottissant son nez contre son cou. Délicieuse et
addictive, mais humaine.
— Peut-être que tu m’as transformé en loup. Peut-être que quand nous avons
fait l’amour et que tu m’as mordu…
Jonah frotta la marque qui se trouvait sur son épaule et se rappela la sensation
des dents de Zev s’enfonçant dans sa chair. Le souvenir provoqua un frisson à
travers son corps et fit durcir son sexe.
— Non, dit Zev fermement. Tu ne peux pas juste transformer quelqu’un en
loup. Ça ne se passe qu’au ciné ça. Nous sommes une espèce différente, Jonah.
Nous avons des chromosomes différents. Une morsure ne va pas changer ça. En
plus, tu t’es transformé avant que je ne te morde.
Jonah soupira.
— Et tu es sûr que j’ai l’odeur d’un humain.
— Ouais. Eh bien, tu l’avais. Maintenant, nos odeurs sont unies.
— Que veux-tu dire ?
— Quand deux âmes sœurs se lient à l’une à l’autre et complètent le lien
d’accouplement, leurs odeurs s’associent.
Zev secoua la tête.
— Non, je ne m’explique pas bien, parce qu’aucune des odeurs ne disparaît
vraiment. C’est plus comme si les deux odeurs sont unies ensemble, mais que tu
peux toujours dire qu’elles sont différentes, en même temps, tu peux seulement
les sentir ensemble. Comme si elles sont unies intimement.
— D’accooord, dit Jonah en appuyant sur le mot. Nous reviendrons sur ce
sujet, parce que je n’ai pas tout compris. Mais d’abord, j’ai besoin de
comprendre comment je peux être ce que tu dis que je suis. Cela n’a pas de sens.
Eh bien, ça a moins de sens que le reste en tout cas.
Zev se mit à rire.
— Eh bien, il n’y a qu’une seule explication évidente. Cela soulève peut-être
plus de questions que de réponses, en prenant en compte l’impossibilité
d’accouplements inter-espèces, mais…
La voix de Zev s’interrompit et il regarda Jonah d’une manière significative.
— Tu penses que ma mère était comme toi, n’est-ce pas ? Tu penses qu’elle
était une métamorphe ?
— Je pense que c’est une possibilité. Tu me l’as dit, dans tes rêves, ta mère
était quelques fois une louve, n’est-ce pas ? Les rêves ne sont pas toujours des
rêves. Parfois, ils mènent à une vérité que nous connaissons et qui veut remonter
à la surface de notre subconscient.
— Waouh, c’est profond, Chiot. Je ne savais pas que t’avais ça en toi.
— Oui, moque-toi, Blondinet. Allez, je te mets au défi.
Jonah roula au-dessus de lui et chevaucha le corps de Zev. Il entremêla leurs
doigts et plaqua ses deux mains sur le lit.
— Pas si dur, maintenant, hein, mon colosse ? Que vas-tu me faire, hein ?
— Je ferais ce que tu voudras, Blondinet, dit Zev, sa voix rauque sonnant
comme s’il parlait à travers du gravier. Mais si tu continues à tortiller ce petit cul
contre ma queue, j’ai quelques idées qui ont absolument besoin de notre
attention.
L’excitation n’était pas à sens unique, et Jonah se retrouva à haleter. Sa queue
était dure et il avait cette sensation crispée dans son corps, comme s’il avait
besoin d’être empli à nouveau. Zev libéra son bras de l’emprise de Jonah et
enveloppa une grande main autour de son membre, le caressant doucement.
— J’aime ta peau. Si douce, mais dure en même temps. Ton corps m’excite
tellement. J’ai envie de toi.
— Oh, Zev, murmura Jonah avec respect. Je te veux aussi, mais je…
Il déglutit afin de continuer à parler.
— Je veux me transformer. Je veux me voir en loup.
— Vas-y.
— Mais je ne sais pas comment. Dis-moi comment le faire.
— T’expliquer comment te transformer ? demanda Zev en caressant le
membre de Jonah et enfouissant ses doigts de son autre main dans ses cheveux.
C’est comme dire à quelqu’un comment il doit avaler ou respirer. Ton corps le
fait instinctivement.
— Manifestement, ce n’est pas vrai, dit Jonah en haussant ses sourcils.
— D’accord, dit Zev en souriant. Hummm, laisse-moi réfléchir.
Il pressa ses lèvres en une ligne fine et son front se plissa.
— OK, tu dois te détendre et penser à ta forme loup, et ensuite ton corps se
transforme pour s’adapter à l’image dans ta tête.
— Mais je n’ai jamais vu mon loup.
— Cela n’a pas d’importance. C’est comme une image intérieure, OK ? Tu
sens ton loup à l’intérieur de toi et tu te concentres sur lui.
Jonah ferma les yeux et se concentra. Il se força à se détendre, se força à
trouver ce loup intérieur. Mais cela ne marchait pas. Ouvrant les yeux, il regarda
Zev d’un air implorant.
— Ça ne marche pas. Tu es certain que je l’ai fait la nuit dernière ? Parce que
je ne sais pas comment le faire. Je ne sens aucun loup à l’intérieur.
— Ouais, j’en suis certain. Ton loup est là. Tu dois juste le reconnaître.
Zev se mordilla la lèvre inférieure, une expression songeuse sur le visage.
— Je ne sais pas pourquoi ça ne marche pas ; essayons une approche
différente.
Il plaça sa grande main chaude sur le torse de Jonah, au-dessus de son cœur.
— Peux-tu me sentir à l’intérieur de toi, Blondinet ? Peux-tu sentir notre lien ?
Jonah hocha la tête. Maintenant qu’il savait que c’était réel, maintenant que
son esprit analytique ne l’arrêtait plus pour admettre la vérité, cette possibilité de
sentir Zev était juste là. C’était comme avoir conscience de ses propres
sentiments. Voilà à quel point il était lié à l’autre homme. Cela aurait dû être
effrayant, mais ça ne l’était pas. Ça semblait juste.
— OK. Ferme les yeux et concentre-toi sur moi. Concentre-toi sur ce que tu
peux sentir à l’intérieur de moi et suis cette piste, OK ? Reste avec moi.
Jonah ferma les yeux et se concentra sur son petit ami, son compagnon. Il
sentit la chaleur de ce corps dur, sentit la force de l’homme qui serait à ses côtés
à jamais, sentit à quel point il était aimé, à quel point il était vital pour Zev. Et
puis il sentit quelque chose de froid et d’humide sur son nez.
Il ouvrit les yeux et vit Chiot devant lui. Le loup était accroupi et posa son
museau sur celui de Jonah. Celui-ci tendit la main vers lui pour caresser ce bel
animal, mais au lieu de doigts, il vit une patte. Sa propre patte. Il avait une
patte !
Surpris, Jonah recula et regarda son corps. Il y avait une fourrure blanche
couvrant une forme canine. Seigneur Dieu, il l’avait fait ! Il était un loup. Il
s’était changé en loup. Transformé. Peu importe.
Jonah bondit du lit et entra dans la penderie. Il se rappelait avoir vu un grand
miroir là-bas un peu plus tôt. Cela aurait dû être choquant de voir ses propres
yeux le regarder au travers du corps d’un loup blanc, mais ça ne l’était pas
vraiment. Cela lui semblait juste en quelque sorte, presque comme un
soulagement.
Chiot entra à son tour, cogna son corps contre celui de Jonah, et attrapa le
museau du loup blanc du sien. Celui-ci rejeta la tête en arrière et geignit avant de
se presser contre son Chiot, son Zev. Il mordilla la fourrure de l’autre loup et
savoura le grondement sourd qui s’échappa de cette large poitrine.
Une grande langue glissa sur la gueule de Jonah, et puis Chiot sortit de la
chambre, tournant ses yeux ambre vers son compagnon et le regardant dans
l’expectative. Jonah suivit Zev avant même que son esprit n’enregistre ce qu’il
se passait. Ce dernier les conduisit à travers la maison et vers le vestibule, où il
poussa de son museau une fenêtre déverrouillée, située au niveau du sol, puis il
sortit dehors. Jonah était juste derrière son compagnon quand ils quittèrent la
maison, dépassèrent le porche et coururent vers les bois.
Ils avaient perdu la notion du temps, ayant passé la journée au lit à parler. Le
ciel était à présent sombre, seule la lune au-dessus d’eux les illuminait
légèrement. Pour Jonah, tout cela ressemblait à une aventure, courant à travers la
forêt avec son compagnon, explorant de nouvelles odeurs, regardant la nature
d’une manière qu’il n’avait jamais imaginé… comme s’il en faisait partie.
Parfois, ils marchaient doucement, flairant chaque arbre, regardant chaque
créature nocturne qui se cachait dans les arbres ou parmi les arbustes sur le sol.
Mais quand ils en avaient envie, ils s’arrêtaient d’explorer et commençaient à
courir, se pourchassaient à travers la forêt, faisant travailler leurs muscles et
savourant la brûlure. Et de temps à autre, Chiot bondissait sur Jonah, le plaquait
au sol et roulait par terre avec lui, mordillant son cou, poussant son museau
contre le sien.
Il n’y avait qu’un seul mot pour décrire leur nuit ensemble en loups, c’était :
amusant. Jonah s’amusait comme un fou. Il était enfin lui-même, enfin libre,
enfin entier.
Après avoir passé des heures dans la forêt profitant de leurs formes de loup,
Zev et Jonah revinrent au chalet. Ils entrèrent par la fenêtre à quatre pattes, mais
dès qu’ils furent à l’intérieur, Zev se transforma en humain. La réaction de Jonah
fut instantanée alors que son corps suivait instinctivement des instructions
intérieures, et il redevint lui-même.
Il regarda le corps nu de Zev et grogna. Tous ces muscles saillants, la toison
noire sur son large torse, ces yeux ambre qui le regardaient toujours comme s’il
était un trésor ou quelque chose comme ça. Bon sang, mais Jonah désirait Zev. Il
voulait l’homme d’une façon avide, primale et désespérée qui ne pouvait être
réfréné. Il pensait qu’il pourrait mourir en fait si son petit ami ne le touchait pas.
Heureusement, il n’aurait pas à le découvrir, parce que son compagnon
semblait tout aussi excité. Zev l’avait plaqué sur le comptoir avant même qu’il
ne puisse dire quelque chose. De longs doigts s’enfouirent dans ses cheveux
blonds et sa bouche chaude mordilla son épaule, son cou, son oreille et
finalement, elle couvrit la sienne, avalant ses gémissements. Et pendant tout ce
temps, le membre dur et épais de Zev était pressé contre l’érection de Jonah,
frottant et s’appuyant sur elle.
— On peut remettre ça, Blondinet ? Parce que je veux être en toi,
désespérément.
La main qui ne serrait pas les cheveux de Jonah caressa son cul, cherchant son
entrée, puis pressant contre la peau plissée. Jonah réussit à pivoter. Il se pencha
sur le comptoir et passa les mains derrière lui pour attraper son propre cul,
écarter ses fesses et exposer son ouverture.
— Ouais, on peut remettre ça. J’ai envie de toi.
Zev l’embrassa et mordilla son cou alors qu’il faisait courir sa large main sur
le dos de Jonah, passant par son cul, descendant vers sa cuisse, et vers l’arrière
de ses genoux. Il plia ce genou et le releva vers le comptoir, laissant Jonah plus
ouvert pour lui.
— Oh, Seigneur, Zev, gémit Jonah quand les baisers de son amant allèrent
plus bas, se déplaçant vers son entrée.
— Penses-tu que tu sois assez étiré pour me prendre avec un peu salive
seulement ou devrons-nous aller à la chambre pour chercher le lubrifiant ?
— C’est bon. Pas besoin de bouger. Bon sang, Zev, lèche-moi. Je veux sentir
ta langue en moi. Je veux…
Jonah perdit l’usage de la parole quand Zev lui donna exactement ce qu’il
voulait. Cette langue talentueuse lécha son ouverture, suça, et pénétra son corps
longuement. C’était si incroyable que le corps entier de Jonah frissonna, ses
jambes tremblèrent, et il gémit presque en permanence.
Il ne sut pas combien de temps il resta là à se faire lécher, quand il sentit son
amant se relever. Puis un bras fort agrippa son épaule et son sexe épais s’enfonça
en lui d’un seul coup.
— Oh, c’est si bon, Zev. Bon sang !
Jonah s’appuya sur son coude gauche sur le comptoir et utilisa sa main droite
pour s’accrocher au bord et se repousser sur les coups de reins de Zev. Le bruit
d’une peau frappant une autre était harmonisé par leurs grognements et
gémissements. Jonah pouvait sentir leur passion, leur excitation commune, et
cela le stimula encore plus. Il pouvait sentir l’approche de son soulagement,
rendant chaque moment plus intense, augmentant le plaisir jusqu’à son
paroxysme.
— Oui. Oui. Oui ! cria Jonah alors que leurs corps bougeaient à l’unisson, la
queue épaisse de Zev entrant et sortant de son ouverture.
Quand Zev enveloppa sa main autour du membre de Jonah, la réaction fut
instantanée. Celui-ci cria le nom de son amant et jouit si fort qu’il s’évanouit
presque. Zev agrippa les hanches de Jonah violemment et s’enfonça deux autres
fois avant qu’il ne s’immobilise, s’enfouissant profondément, arquant le cou, et
hurlant son plaisir.
La partie supérieure du corps de Jonah s’effondra sur le comptoir, sa joue
reposant sur le granit froid alors que les battements de son cœur ralentissaient, et
qu’il reprenait son souffle. La grande silhouette de Zev le couvrait, et il entendit
son compagnon aspirer l’air comme s’il allait être arrêté.
— Merde, ça s’améliore à chaque fois, dit-il finalement d’une voix rauque.
— Ouais, c’est vrai. C’est censé être comme ça, Blondinet, ça sera toujours
ainsi entre nous. Je vais te rendre si heureux. Je serai le meilleur compagnon que
tu puisses imaginer.
— C’est déjà fait, Zev. Tu me rends plus heureux que je ne puisse jamais
rêver.






CHAPITRE 22

Quand ils eurent assez mangé pour renflouer leur énergie et pris une longue
douche satisfaisante, les deux hommes étaient épuisés. Ils s’effondrèrent sur le
lit, et se tournèrent immédiatement l’un vers l’autre, entremêlant leurs corps
ensemble et sombrèrent dans le sommeil.
Le ventre vide de Zev le réveilla finalement d’un sommeil profond. Il pouvait
sentir la main de Jonah sur sa hanche, son genou gauche pressé entre ses cuisses
et sa jambe droite enveloppée autour de son mollet. Il pencha vers lui et
embrassa le sommet de cette tête blonde, et la main de Jonah bougea
immédiatement sur son corps, commençant à caresser son torse.
— Mmm, j’aime dormir avec toi. J’ai été tellement fatigué ces dernières
années. Je ne pouvais même pas avoir une bonne nuit de sommeil, sauf quand tu
étais avec moi. Mais maintenant… maintenant, c’est bien mieux. C’est comme si
tout mon corps peut enfin se reposer, marmonna Jonah, sa voix rauque de
sommeil.
— Moi aussi, Blondinet. Je te jure que je me suis senti misérable depuis
tellement longtemps que j’ai oublié ce que c’était de ne pas avoir mal, dit Zev
alors qu’il roulait sur le dos et amenait Jonah au-dessus de lui.
Jonah releva la tête, prit en coupe la joue de Zev avec sa main et regarda
intensément ces yeux ambre.
— Mais tu vas mieux maintenant, n’est-ce pas ? Ton corps ne te fait plus
mal ?
Zev hocha la tête et sourit.
— Ouais. Je vais bien mieux. Tu es un merveilleux guérisseur, Dr Marvel.
La main qui reposait sur la joue de Zev disparut une seconde avant de revenir,
pas si douce cette fois-ci.
— Pourquoi tu ne me l’as pas dit, Zev ? Toutes ces années, tu te sentais mal et
je me sentais mal. Pourquoi ne m’as-tu pas raconté ce qu’il se passait ?
Zev enfouit ses doigts dans les cheveux de Jonah.
— Qu’aurais-tu fait si je te l’avais dit ?
— Qu’entends-tu par là ? Je t’aurais cru comme quand tu me l’as dit hier.
— Et ensuite ? insista Zev.
— Ensuite, je serais revenu ici avec toi et tout se serait bien passé.
— Et c’est exactement pour ça, Blondinet, que je ne te l’ai pas dit.
Ces deux sourcils blonds se haussèrent de confusion.
— Tu avais un but. Tu voulais devenir un médecin. Je ne pouvais pas t’en
empêcher, Jonah. Ça ne veut pas dire que j’en étais content, surtout au début. Je
te voulais à mes côtés. Mais je devais croire en nous, que nous serions assez
forts pour supporter la séparation, et ensuite, tu aurais la carrière que tu voulais,
la meute aurait un grand guérisseur et j’aurais mon compagnon avec moi.
— Tu as pris le risque d’être piégé en tant que loup pour le reste de ta vie afin
que je puisse terminer mes études de médecine ? Je ne sais pas si c’est la chose
la plus honorable et gentille dont je n’ai jamais entendu parler, ou la plus stupide
et téméraire décision de tous les temps, dit Jonah. Sérieusement, c’est comme
jouer à pile ou face.
Zev se mit à rire.
— Eh bien, ça n’a plus d’importance maintenant. Tu es là, je suis là, ton
diplôme médical est là, métaphoriquement parlant. Tout est bien qui finit bien,
pas vrai ?
Jonah enfouit son visage dans le cou de Zev, inspira profondément, comme
s’il voulait s’imprégner de son odeur, puis frissonna.
— Ouais. Tu as raison. Mais je voudrais savoir ce qui est arrivé à ma mère. Et
je dois savoir comment il est possible pour moi d’être à moitié loup quand les
métamorphes ne peuvent pas se reproduire avec des humains. Et viens-tu juste
de dire que je serais le guérisseur de la meute ? Qu’est-ce que cela veut dire ?
Zev roula au-dessus de Jonah, le plaquant sur le lit. Il embrassa le sourcil de
Jonah, puis son nez et sourit enfin.
— Tu es adorable avec toutes ces questions, se moqua-t-il.
— Va te faire foutre.
Cette réponse fit éclater de rire Zev. Son ami lui avait tellement manqué au fil
des années qu’avoir Jonah à la maison provoquait une sensation étourdie à
travers tout son corps. Il avait l’impression de flotter.
— Très bien, je vais répondre à tes questions dans l’ordre inverse. Je sais que
tu peux avoir un travail à l’hôpital et probablement dans beaucoup d’autres
endroits aussi, mais le guérisseur de la meute se fait vieux et nous aurons besoin
de quelqu’un qui pourrait le remplacer. Notre espèce ne peut pas aller dans les
centres médicaux humains ; nous avons besoin que l’un des nôtres prenne soin
de nous. Habituellement, les guérisseurs sont apprentis pendant des années avant
qu’ils ne puissent travailler indépendamment, mais tu as étudié à l’école de
médecine, donc tu as beaucoup plus de savoir qu’eux. Je pense que tu peux
travailler avec Doc Carson pendant un petit moment, apprendre ce qu’il fait sur
nous, et ensuite, tu pourrais prendre la relève. Si tu le veux, bien entendu.
— J’apprendrais beaucoup à propos des loups. Médicalement parlant, il est
incroyable de voir comment un corps peut changer de forme. Je suis impatient de
comprendre comment cela marche et ce que cela apporte d’un point de vue
médical : infections, blessures, l’espérance de vie…
Il inspira profondément et continua plus lentement.
— Ce que je dis, c’est que j’aime la partie intellectuelle, et mon côté
compétitif aime l’idée d’apprendre des choses que mes collègues n’ont jamais
imaginé, mais ce n’est pas ce qui me pousse à prendre le job.
— Non ?
— Je ne sais pas comment l’expliquer. Même si je n’ai pas eu de contacts avec
les gens d’ici depuis longtemps et il y en a beaucoup que je n’ai jamais
rencontré, c’est comme si une force à l’intérieur de moi me dit que je dois être
un membre contributeur pour la meute.
— C’est naturel. Tous les loups veulent contribuer à la meute. Et tu es un
médecin talentueux. Je suis certain que tu seras capable d’apprendre ce dont tu
as besoin pour traiter les métamorphes comme tu le faisais avec les humains.
— Merci pour le vote de confiance, sourit Jonah. Je pense que j’aimerais être
le guérisseur de la meute. J’ai beaucoup à apprendre, apparemment, mais je suis
prêt à relever le défi. Merde, je me sens tellement bien que c’est comme si je
pouvais tout faire. Tu es comme une putain de drogue, Chiot.
Zev se pencha vers lui et frotta sa joue contre la sienne.
— Je suis ton véritable compagnon. C’est mieux qu’une drogue.
— Ne laisse pas les laboratoires pharmaceutiques entendre ça. Ils s’assureront
que nous croulions sous les crayons et les déjeuners gratuits jusqu’à ce que leur
produit soit en haut de l’affiche.
Jonah rigola à sa propre blague puis secoua la tête.
— Fais pas attention à moi. Humour de médecins. Continue. Tu allais me
répondre sur tous les points dans l’ordre inverse, pas vrai ?
— Le reste est quasiment pareil. Nous devons parcourir la paperasse que j’ai
dans mon bureau et parler aux aînés si nous avons plus de questions. Peut-être
que tu peux t’informer auprès de Doc Carson sur les choses techniques. Il suffira
de creuser pour trouver des réponses à propos de ta mère jusqu’à ce que nous
comprenions comment tu as survécu à la conception, à la grossesse et à la
naissance.
Jonah hocha la tête.
— D’accord. Allons manger quelque chose, et ensuite, nous pourrons
commencer à lire ces documents. Je dois juste rappeler mon père. Ça ne lui
ressemble pas de ne pas m’appeler pendant une longue période, et je commence
à m’inquiéter sérieusement.


Zev se trouvait dans la cuisine en train de frire du bacon quand Jonah le
rejoignit, tenant son téléphone portable. De la chaleur envahit sa poitrine à la vue
de son… compagnon.
— Tu as besoin d’aide ? demanda-t-il alors qu’il posait le téléphone sur la
table et s’avançait vers Zev, appuyant son torse contre ce dos puissant et posant
sa joue sur son épaule.
— As-tu pu avoir ton père ?
Jonah embrassa la nuque de Zev.
— Non. Mais il y avait un message de lui. Il a dû appeler quand nous
courrions la nuit dernière. Il dit seulement qu’il aura bientôt quelques réponses.
J’ai essayé de le rappeler pour lui demander d’abandonner parce que je vais
mieux maintenant, mais il ne m’a pas répondu.
Zev posa le bacon sur du papier absorbant pour l’égoutter, et pivota,
enveloppa ses bras autour de la taille de Jonah et l’attira jusqu’à ce qu’ils soient
pressés l’un contre l’autre.
— Je n’aime pas l’idée que ton père soit là-bas à poser des questions. Si nous
avons raison à propos de ta mère, cela voudrait dire que les membres de sa
famille sont aussi des loups. Les métamorphes ne s’entendent pas bien avec les
humains, mais si ton père commence à poser des questions sur eux, ils
risqueraient de devenir vraiment nerveux.
Jonah soupira.
— Ouais, je comprends ça. Il a aussi peur d’eux à cause de ce qui est arrivé à
ma mère, donc je suis certain qu’il fera très attention à ce qu’il dira. Je ne pense
pas qu’il pose des questions. Il essaye juste de trouver la sœur de ma mère parce
qu’il pense qu’elle n’est pas dangereuse comme le reste de sa famille. Mais je
vais le rappeler dans un petit moment et je vais essayer de l’avoir. Puis je lui
dirai d’arrêter les recherches.
Une sonnerie de téléphone interrompit leur conversation. Les deux hommes
regardèrent la table, mais le téléphone de Jonah était sombre et silencieux.
— Ça doit être le mien, je reviens tout de suite, dit Zev.
Ce dernier sortit de la cuisine à la recherche de son téléphone. Il fut de retour
quelques minutes plus tard, son front plissé d’inquiétude.
— Que se passe-t-il ? demanda Jonah, soucieux.
— C’était Toby. Il se passe quelque chose avec Lori. Je dois y aller.
— Qu’est-ce qu’elle a ? Elle est malade ?
Zev secoua la tête.
— Non. Elle n’est pas à la maison ou quelque chose comme ça. Toby est
vraiment paniqué donc il m’était difficile de le comprendre. Je vais aller vérifier.
Je suis désolé. Je sais que nous avions prévu de passer la journée à parcourir les
archives.
Jonah prit la main de Zev et l’embrassa.
— Ne t’inquiète pas. À moins que tu n’aies besoin d’aide, je vais rester ici et
commencer pendant que tu règles les choses avec ta sœur. D’accord ?
— Bien sûr. Je vais essayer de faire vite.
Zev tira sur la main de Jonah, l’attirant contre son torse, et le prit par la nuque
pour rapprocher son visage du sien, puis il suça la langue de Jonah dans sa
bouche.
Finalement, le besoin de respirer les sépara.
— J’adore ton goût.
Zev lécha les lèvres de son compagnon.
— Ton odeur.
Il enfouit son nez contre sa peau et inspira.
— Ton toucher.
Il pressa leurs lèvres ensemble.
— Allez, vas-y, obsédé, haleta Jonah. Va t’occuper de ta sœur. Puis ramène
ton cul ici et occupe-toi du mien.


— Toby ? lança Zev alors qu’il frappait à la porte de la maison de sa sœur et
l’ouvrait.
— Ici !
Zev suivit la voix de Toby et le trouva qui faisait les cent pas dans la salle à
manger.
— Que se passe-t-il ? Où son Lori et les enfants ?
Toby passa ses doigts dans ses cheveux déjà en bataille.
— Ta mère vient juste de partir avec les enfants. J’arrive à peine à tenir le
coup ici et je ne voulais pas les inquiéter, donc je l’ai appelé et je lui ai demandé
de venir les chercher. Et je ne sais pas où est Lori.
Eh bien, c’était la réponse la plus inutile qu’il ait jamais eue. Zev s’assit sur le
canapé, posa ses bras sur ses genoux, et claqua des mains.
— Viens t’asseoir ici et parle-moi, Toby. Ce que tu dis n’a aucun sens.
— Je ne suis parti que pour quelques heures. Elle n’aurait jamais laissé les
enfants seuls ! Ça n’a aucun sens, dit-il en continuant de faire les cent pas, tirant
sur ses cheveux et marmonnant presque de façon incohérente.
— Toby ! aboya Zev d’une voix profonde, amenant Toby à le regarder. C’était
un ordre, pas une suggestion. Assieds-toi sur ce canapé, prends une profonde
inspiration et dis-moi ce qu’il se passe.
Zev savait qu’utiliser ce ton attirerait l’attention du loup à l’intérieur de Toby,
lui assurant confort et sécurité.
Effectivement, Toby répondit immédiatement à son Alpha. Il s’avança vers le
canapé, prit une profonde inspiration, expira et commença à parler.
— Je suis allé pêcher avec mon père, ses frères et leurs garçons ce matin. La
plupart des gars font du camping, mais Lori a tellement du mal à garder ce
qu’elle mange que je ne voulais pas la laisser seule longtemps avec les quatre
enfants.
— Pourquoi a-t-elle du mal ? Est-elle malade… ?
Zev s’interrompit quand il vit Toby rougir.
— Ah, je vois. Je vais encore être oncle, hein ? Je pensais que tu avais dit que
vous alliez arrêter après quatre.
— Ouais, eh bien, celui-là n’était pas prévu. Breeeeef, je suis revenu à la
maison une heure plus tôt et les enfants étaient seuls. Ils étaient dans le salon à
regarder des dessins animés et ils allaient bien, alors j’ai pensé qu’elle était juste
sortie pour une minute ou deux.
Il s’arrêta puis regarda Zev.
— Non pas qu’elle le fasse, tu sais ? C’était étrange, mais…
Toby haussa les épaules.
— Je ne sais pas. En tout cas, quand elle n’est pas revenue après une demi-
heure, j’ai demandé aux enfants s’ils savaient où maman était partie. Ils m’ont
dit qu’elle est allée faire une balade avec les hommes.
— Quels hommes ? demanda Zev en fronçant les sourcils.
— C’est justement ça le problème ! cria Toby. Je ne sais pas ! Ils ne savent pas
qui étaient ces hommes, et je ne voulais pas insister pour ne pas les inquiéter.
Que se passe-t-il, Zev ? J’ai peur.
— Je ne sais pas, dit Zev en se levant. As-tu cherché dans les environs, vu si
tu pouvais reconnaître une odeur qui ne devrait pas être là ?
— Ouais, bien sûr. Je l’ai fait tout de suite après. J’ai senti quatre mâles, mais
aucun d’eux ne m’est familier. Ils n’appartiennent pas à notre meute. Je sais que
je n’ai pas ton odorat, mais s’ils sont d’ici, j’aurais pu reconnaître au moins l’un
d’eux.
Zev hocha la tête.
— Je sais que tu le pourrais. Je vais me transformer et chercher, juste au cas
où, dit-il en pressant l’épaule de Toby. Tout ira bien, Tobes. Nous allons la
trouver.
Bien qu’il le pense, Zev était plus inquiet qu’il ne le laissait voir. Cela ne
ressemblait pas à Lori de laisser ses enfants ou de sortir sans prévenir qui que ce
soit. Et il n’y avait aucune raison pour que des mâles inconnus soient dans leur
maison.
Zev s’avança vers la porte d’entrée, l’ouvrit, puis se transforma, laissant ses
vêtements tomber sur le sol. Il flaira immédiatement quatre métamorphes mâles,
et comme Toby l’avait dit, ils n’appartenaient pas à la meute d’Etzgadol. Le
museau sur le sol, Zev entra d’abord dans la maison, voulant suivre la piste, mais
elle s’arrêtait à l’entrée. Il retourna et trotta à l’extérieur, suivant à nouveau
l’odeur des intrus le long de l’allée où elle s’arrêtait. Il revint à la maison, reprit
sa forme humaine, et s’habilla rapidement.
— C’était rapide, dit Toby, incapable de cacher la déception dans sa voix. Je
suppose que tu n’as pas pu suivre la piste non plus ?
Zev secoua la tête et passa son tee-shirt.
— La raison pour laquelle nous ne pouvons pas suivre la piste, c’est parce
qu’ils ont conduit un véhicule. C’est dans l’allée que leur odeur s’arrête. Et je ne
pense pas qu’ils soient allés plus loin que la porte d’entrée, alors ils ne
cherchaient rien à l’intérieur.
— Qu’est-ce que ça veut dire, bon sang ? demanda Toby, paniqué.
— Ça veut dire qu’ils ont pris ce dont ils avaient besoin. Ils ont pris Lori.
Mais nous allons la ramener.
Zev termina de nouer ses chaussures et se dirigea vers la porte d’entrée.
— Où allons-nous ? demanda Toby en le suivant, son corps entier tremblant.
— Chez Brian Delgato.
Zev ferma la portière de son pick-up, attendit que Toby grimpe à l’intérieur
puis il démarra.
— Qu’est-ce que Brian a à voir avec ça, Zev ? Nous ne sommes pas amis avec
le gars, tu sais ? Je sais qu’il a le béguin pour Lori depuis des années et c’est un
connard en plus. Elle ne lui aurait jamais dit où elle irait.
— Non, elle ne le ferait pas. Mais l’un des hommes qui étaient chez toi est un
proche. Il y a une similarité dans leurs odeurs qu’on ne trouve que chez des
membres d’une même famille.
— Tu es incroyable, tu le sais, ça ? dit Toby en secouant la tête, impressionné.
Je n’ai jamais entendu parler d’un loup qui ait des sens aussi développés que les
tiens. Reconnaître les odeurs de compagnons de portée, c’est, eh bien, pas
commun, mais quelques métamorphes peuvent le faire. Mais reconnaître des
parents éloignés…
La voix de Toby s’adoucit.
— Tu es extraordinaire, mec. J’espère que mes garçons hériteront de ta force.
Il n’y avait rien à répondre à cet élan d’admiration, donc Zev resta silencieux.
La meute d’Etzgadol savait qu’elle avait un Alpha puissant. Zev ne pouvait pas
cacher son pouvoir ; cette force se dégageait de lui naturellement et était
évidente pour les autres loups. Non que Zev veuille la cacher. Avoir un Alpha
fort était important pour assurer la sécurité de la meute. Cela voulait dire qu’elle
se sentait en sécurité et prise en charge.
Cependant, Zev n’avait jamais informé personne de l’ampleur de cette
puissance. Les membres de sa meute ne savaient pas qu’il pouvait se transformer
rapidement et sans éprouver aucune douleur, ou qu’il pouvait voir dans une
obscurité totale, ou qu’il pouvait entendre à des kilomètres de distance, et
jusqu’à cet instant, personne ne savait que l’Alpha pouvait différencier les
odeurs de chaque individu, qu’il pouvait littéralement flairer et pister la lignée
d’un métamorphe jusqu’à trouver ses parents et ses grands-parents.
Pourtant, avec tout ce pouvoir, Zev n’avait senti aucune trace de loup dans son
propre compagnon. L’odeur qu’il connaissait mieux que toutes les autres, l’odeur
qu’il l’avait intrigué depuis aussi longtemps qu’il pouvait se rappeler, ce parfum
excitant de terre fraîche, de citron et de menthe ; cette odeur qu’il ne pouvait
décortiquer, elle ne représentait pour lui que foyer, confort, et plénitude. De ne
pas avoir reconnu le loup en son compagnon était peut-être relatif à cette histoire
d’âme sœur, par exemple : peut-être que son lien l’avait empêché de se
concentrer sur autre chose que l’homme lui-même. Mais cela n’expliquait pas
pourquoi les autres ne l’avaient pas reconnu comme étant l’un des leurs.
Non, la raison pour laquelle Jonah avait l’odeur d’un humain n’était pas leur
lien ; la raison était quelque chose qui était inhérent à Jonah. Cela provenait
probablement de son père humain, mais ce seul facteur aurait dû rendre la
transformation impossible.
Comment Jonah avait-il pu se transformer sans la présence des chromosomes
métamorphes qui provenaient des deux parents ? Zev n’avait pas le temps de
réfléchir à la question, parce qu’ils venaient juste d’arriver chez Brian Delgato.
CHAPITRE 23

Les vitres du pick-up étaient ouvertes, et dès qu’ils tournèrent dans l’allée de
la maison, il n’y eut aucun doute au fait que l’odeur de Lori se trouvait bien là.
Sa sœur avait été là récemment. Zev regarda Toby pour voir si celui-ci l’avait
repéré aussi. Il avait rejeté la tête en arrière, son nez en l’air, puis il tourna la tête
vers Zev, la question claire dans ses yeux. L’Alpha acquiesça, confirmant ce que
Toby savait déjà.
Le véhicule ne s’était même pas arrêté que Toby ouvrait violemment la
portière et filait en avant comme une flèche. Il courut vers l’entrée et grogna de
frustration quand il la trouva verrouillée. Ses poings frappant la porte en bois,
Toby commença à crier.
— Ouvre cette porte, Delgato !
Il donna des coups de pieds de toutes ses forces et continua à frapper.
— Tu m’entends, Brian ? Ouvre cette putain de porte !
Zev sortit du pick-up et sentit l’air autour de lui, reconnaissant les odeurs des
quatre mâles qui avaient été chez sa sœur. Mais celles-ci étaient faibles et elles
n’émanaient pas de la maison. Seules les odeurs de Brian et Lori venaient de
l’intérieur, faisant savoir à Zev qu’ils étaient les seuls présents.
Il s’approcha de Toby calmement, prit l’homme par les épaules et déplaça
fermement ce corps furieux sur le côté.
— Reste là, ordonna Zev, ne laissant place à aucune protestation.
Il regarda Toby fixement, s’assurant que l’autre loup sache qu’il n’avait aucun
choix. Toby arrêta de crier, mais ses mains restèrent serrées en poings et son
corps vibrait de rage. Zev inclina la tête sur le côté et écouta avec attention. Il
pouvait entendre un gémissement, mais il ne provenait pas de Lori.
Soudain, la porte s’ouvrit et Lori se tint là devant eux. Ses poignets étaient
rougis, montrant clairement qu’elle avait eu les mains liées, il y avait un peu de
sang sur le côté de sa tête, et son œil gauche commençait à arborer les débuts de
ce qui serait un bien beau coquard. Malgré tous ces dégâts, sa sœur réussit tout
de même à avoir un petit sourire.
— Oh, Dieu merci, la cavalerie est là, dit-elle, impassible. Entrez, les garçons.
Lori fit un pas de côté et Zev entra dans la maison. Il entendit le corps de Toby
étreindre celui de Lori et sut que l’homme examinait sa femme, s’assurant
qu’elle allait bien.
— Où est-il, Lori ?
Quand elle ne répondit pas tout de suite, Zev pivota et croisa un regard embué.
Lori s’avança vers lui et pressa son visage contre son torse, inspirant
profondément. Elle sourit et le serra contre elle avec approbation, mais ne dit pas
ce qu’ils savaient tous les deux et qu’elle avait senti : l’odeur de son frère unie à
celle de Jonah.
— Brian est dans la cuisine. Je viens juste de finir de… l’installer.
Zev hocha la tête, donna à Lori un câlin rapide, et entra dans la cuisine. Il
éclata presque de rire quand il trouva Brian voûté sur le sol. Ses jambes et bras
étaient liés derrière son dos avec une corde qui était aussi enroulée autour de son
cou. Les autres métamorphes ne pouvaient pas changer de forme aussi
rapidement que Zev. S’ils essayaient de se transformer en étant habillés, le tissu
se déchirerait et le loup se trouverait piégé dans ses vêtements, ce qui n’était pas
dangereux, mais inconfortable et embarrassant. Toutefois, en étant lié comme ça,
si Brian se transformait, il y aurait de bonnes chances pour qu’il se casse les
membres ou s’étrangle.
— C’est ton œuvre, Lori ? lança Zev par-dessus son épaule. Joli.
Lori et Toby entrèrent dans la cuisine et ce dernier haleta à la vue qui
l’accueillit.
— Ouais, c’est pas trop mal pour une faible fille sans défense, n’est-ce pas,
Brian ? dit-elle d’un air sarcastique.
— Je te le jure, Zev, je n’ai rien à avoir avec tout ça ! J’ai refusé de les aider
quand ils me l’ont demandé. Mais ensuite, ils ont dit qu’ils avaient Lori et je ne
voulais pas qu’ils lui fassent du mal. C’est la seule raison pour laquelle je me
suis mêlé de ça, dit Brian d’un air suppliant, le corps tremblant. Tu dois me
croire, Lori. J’essayais juste de t’aider.
— M’aider ? Ils sont venus chez moi et ont menacé de faire du mal à mes
enfants si je n’allais pas avec eux ! Mes enfants, Brian ! explosa Lori d’une voix
emplie de rage.
Les trois hommes étaient stupéfaits par cette révélation. Les métamorphes ne
blessaient pas leurs petits. Ces derniers étaient protégés et chéris par leur meute.
Brian essaya de secouer la tête de déni, mais la corde l’empêcha de bouger.
Soudain, Toby bondit en avant, s’en prenant à Brian.
— Connard ! Je vais t’arracher la tête !
Zev attrapa Toby par le tee-shirt et le retint contre lui, gardant un bras autour
de son beau-frère.
— Très bien. Nous allons tous prendre une profonde inspiration et nous
calmer.
Il secoua légèrement Toby.
— Tu m’entends, Tobes ? Calme-toi. Tes enfants vont bien. Ta femme s’est
occupée de lui. Tout va bien. Maintenant, nous devons juste comprendre ce qui
se passe et chasser ces hommes de notre terre avant qu’ils ne fassent du mal à
l’un des nôtres.
Toby hocha la tête d’un air réticent et retourna à côté de Lori.
— Non, il ne fera de mal à aucun métamorphe. Il ne le ferait pas. Il ne le ferait
jamais, Zev, dit Brian, en tremblant et gémissant, ses paroles sortant
précipitamment.
Zev enfouit ses doigts dans ses cheveux. Brian était un con. Zev ne l’avait
jamais aimé. Mais il faisait partie de la meute d’Etzgadol, ce qui signifiait qu’il
était sous la responsabilité de Zev.
— Très bien, Brian. Je vais te relâcher maintenant. Ensuite, nous allons tous
nous asseoir et avoir une petite discussion. Mais il y a une chose que tu dois
comprendre, c’est que ton proche a déjà blessé un loup. Ils ont blessé Lori. Et ils
ont mis en danger quatre petits. Je ne peux pas laisser passer ça, et si tu es loyale
à cette meute, toi non plus.
Quand Zev eut fini de parler, les cordes étaient détachées et Brian fut capable
de se lever. L’Alpha l’aida, sachant que les jambes de l’homme tremblaient. Une
fois Brian assis à la table de la cuisine, Zev s’assit en face de lui et évalua la
situation.
Brian avait les yeux baissés, clairement honteux et effrayé. Il avait la tête
inclinée sur le côté, laissant son cou exposé, montrant sa soumission. Eh bien,
certaines choses s’étaient au moins améliorées au fil des ans.
— Regarde-moi, Brian, ordonna Zev.
Le loup releva les yeux et regarda son Alpha.
— As-tu entendu ce que j’ai dit ? Je dois savoir envers qui va ta loyauté.
Brian n’hésita pas.
— À toi, Alpha. Ma loyauté va à notre meute. Je ne voulais pas que tout ceci
arrive, je le jure.
Toby ricana, et Zev se tourna pour lui lancer un regard noir. Son ami leva les
deux mains en signe de reddition et s’assit silencieusement. Lori s’installa sur
ses genoux et regarda son frère travailler.
— C’est bien, Brian. C’est très bien. Tu sais que notre meute n’est forte que
par la force de son plus faible membre. Tu dois me dire dans quoi tu t’es fourré.
C’est le seul moyen pour moi de t’aider et de prendre soin de notre meute.
Brian hocha la tête, se tordit les mains ensemble et se mordit la lèvre. Il
regarda Lori avec avidité puis baissa son regard sur la table. Cette version triste
et faible de Brian était à mille lieues de l’arrogant et prétentieux garçon avec
lequel Zev avait grandi. Quand il regardait Brian maintenant, Zev ne ressentait
que de la pitié.
— J’ai reçu un appel du cousin de mon père, la nuit dernière. Il m’a dit qu’il y
avait un humain qui allait venir voir Leah Harrison, et il voulait que je garde un
œil sur lui.
La tête de Toby se releva brusquement lorsqu’il entendit le nom de sa mère.
Un grognement s’échappa de sa poitrine, mais il réussit à garder la bouche
fermée.
— Garder un œil sur lui ? C’est tout ? demanda Zev attentivement.
Le cou de Brian rougit.
— Eh bien, il m’a demandé de le surveiller, et quand je le verrais, j’étais
supposé… euh… lui mettre la main dessus et le garder jusqu’à ce que Jimmy
vienne ici, marmonna Brian en déglutissant difficilement.
Entendre dire qu’un métamorphe essayait de piéger un humain attisait tous les
instincts protecteurs de Zev et lui donnait envie de bondir, mais il contrôla ses
émotions pour le moment. Il avait besoin de plus d’informations et effrayer
Brian ne le mènerait nulle part.
— Jimmy est le cousin de ton père ?
— Ouais, acquiesça Brian.
— Et que veut-il à l’humain ?
— Je ne sais pas, Alpha. Ce gars est un peu bizarre. Il a toujours été une sorte
d’extrémiste, et il a un vrai problème avec les humains. Plus que d’habitude, je
veux dire.
Pour que Brian dise ces paroles, ça voulait dire que ce Jimmy était carrément
dangereux. Ce n’était pas inhabituel que les métamorphes méprisent les humains
ou les évitent, mais la meute d’Etzgadol était plus tolérante que les autres, même
si cela n’avait commencé que depuis quelques années sous l’autorité de Zev.
Pourtant, bien que Brian soit un membre de leur meute, il faisait partie de ceux
qui s’accrochaient encore aux vieilles coutumes, refusant de parler avec des
humains, à moins que ce ne soit une absolue nécessité. En fin de compte, Brian
était en quelque sorte un extrémiste. Donc, si Jimmy était pire, cela présageait de
gros problèmes.
— D’accord, alors que s’est-il passé ? Il t’a demandé de mettre la main sur
l’humain et ensuite quoi ?
— J’ai refusé, affirma Brian en regardant Zev, espérant manifestement que
son Alpha le croie. Je le jure, Alpha, je lui ai dit que je ne le ferais pas. Je suis
heureux ici. Et même si je n’ai jamais compris pourquoi, je sais que tu veux
toujours protéger les humains. Je me rappelle à quel point tu devenais furieux à
l’école quand nous nous moquions d’eux, et je ne voulais pas avoir de problèmes
avec toi. Alors quand mon cousin m’a demandé de kidnapper un humain, j’ai dit
non.
Zev hocha la tête, laissant la fierté traverser son regard. Brian avait besoin de
savoir qu’il avait fait le bon choix, même si les choses s’étaient détériorées à un
certain point. Et Zev voulait qu’il continue de parler afin qu’il puisse
comprendre exactement ce qu’il s’était passé. Le métamorphe semblait faire
preuve de courage face à l’approbation de son Alpha, donc il continua à raconter
l’histoire.
— Quand j’ai dit non, il s’est énervé. Il m’a dit que j’étais supposé aider ma
famille. Puis quand il n’a pas pu me faire culpabiliser, il m’a offert de l’argent,
mais…
Brian eut un rire piteux.
— Ce n’est pas comme si j’avais besoin de quoi que ce soit. Je veux dire,
regarde ma maison.
Il bougea les bras autour de lui, montrant l’espace moderne et propre.
— Je n’ai jamais imaginé vivre dans un endroit pareil. Je sais que c’est grâce à
toi, grâce à ce que tu as fait pour notre meute. Et je n’ai pas voulu te décevoir.
Brian prit une profonde inspiration et continua.
— Puis aujourd’hui, Jimmy m’a appelé à nouveau et cette fois-ci, il m’a dit
qu’il avait Lori. Il… il sait ce que je ressens pour elle, et il m’a dit qu’il ne lui
ferait pas de mal si je lui rendais service ; tout ce que j’avais à faire, c’était de
me débrouiller pour faire sortir les Harrison de leur maison.
Brian regarda Zev, puis Lori et Toby, les suppliant du regard de comprendre sa
situation.
— Je ne pensais pas qu’il allait vraiment lui faire du mal, mais comme je l’ai
dit, il n’a pas toute sa tête, et je ne pouvais pas prendre le risque, pas avec Lori.
Donc, j’ai dit que je le ferais. Ce n’est pas comme si c’était difficile de toute
façon, parce que Jeremiah était déjà sorti. Alors, j’ai appelé Leah et lui ait dit
que j’avais croisé Lori à Summerberg et que sa voiture était en panne, mais que
je ne pouvais pas emmener tous les enfants sur ma moto, donc Lori m’avait
demandé de lui demander de la dépanner avec ce grand van qu’elle possède. J’ai
pensé qu’avec une heure de trajet aller et retour, Leah serait sortie assez
longtemps pour que Jimmy fasse ce qu’il avait à faire.
— Merde, Brian ! explosa enfin Toby, le cumul entre sa femme blessée, le
risque que ses enfants le soient, et la manipulation de sa mère était ce qu’il
pouvait supporter. Tu aurais dû appeler Zev ! Tu ne peux pas foncer comme ça
tête baissée. Si l’on te menace, que l’on te force à mentir à ta meute, tu appelles
ton Alpha !
— Je sais, je sais, murmura Brian en enfouissant son visage dans ses mains.
J’ai compris ça maintenant. Mais à ce moment-là, je voulais juste éloigner Lori
de Jimmy, et j’ai pensé que c’était le moyen le plus rapide de le faire.
Zev soupira. Brian était un idiot, mais il était un idiot bien attentionné. Zev
n’aimerait jamais le gars, cependant, il croyait en l’histoire de Brian, croyait
qu’il était un membre dévoué à sa meute, et croyait que son vieux béguin pour
Lori combiné à sa capacité médiocre de prendre des décisions étaient les seules
raisons pour lesquelles il avait participé à ce… peu importe ce qu’il s’était passé
ce matin.
— Je te crois, Brian. C’était la mauvaise décision à prendre, et je m’attends à
ce que tu viennes me voir la prochaine fois si quelque chose comme ça arrive
encore, mais je te crois.
La posture de Brian se détendit, la tension s’évaporant.
— Très bien, voilà ce que nous allons faire, annonça Zev alors qu’il regardait
les trois personnes rassemblées autour de lui. Toby et Lori vont prendre mon
pick-up et aller voir Doc Carson.
Zev releva la main avant qu’il ne termine sa phrase.
— Je sais que tu vas bien, Lori, mais tu vas me faire plaisir et consulter Doc.
Au moins, ça va aider Toby à réapprendre à respirer. L’homme a fonctionné sans
oxygène depuis qu’il a découvert que tu avais disparu, et bientôt, ça va impacter
son cerveau terriblement fragile. J’ai bien peur que s’il perd un peu plus de
neurones, il va devenir comme ces idiots qui se prennent en photo en prétendant
copuler avec des objets non-animés pour les montrer à ses amis…
Zev simula un frisson.
— Personne ne veut ça, finit-il.
Lori grommela, et fronça les sourcils, mais elle ne protesta pas. Toby lui fit un
doigt d’honneur, l’expression toujours impassible.
— Je vais prendre la moto de Brian et aller chez les Harrison. Je dois savoir ce
que cet idiot de Jimmy et ses sbires manigancent et m’assurer qu’ils ne fassent
de mal à personne, y compris à cet humain.
Zev se frotta les yeux de ses paumes, se demandant comment une journée
aussi merveilleuse passée en compagnie de son âme sœur pouvait soudain se
transformer en mélodrame.
— Que dois-je faire, Alpha ? demanda calmement Brian.
— Eh bien, pour l’instant, tu dois juste me dire ce que tu sais à propos de cet
humain, répondit Zev. Quel est son nom ? Pourquoi veut-il aller voir les
Harrison ? Et qu’a fait cet homme pour que le cousin de ton père devienne assez
fou pour violer les lois des meutes en attaquant une femelle et en mettant en
danger ses petits ?
— Je… ne sais pas. Jimmy ne m’a pas dit ces choses-là.
— Très bien, dit Zev, essayant de ne pas laisser la frustration transparaître
dans sa voix. Qu’a-t-il dit ? Allez, Brian, repense à votre conversation. Tout ce
que tu sais peut aider.
Brian se mordit la lèvre et se tordit les mains nerveusement.
— Euh… Jimmy fait partie de ma meute de Miancarem, et j’ai eu
l’impression qu’il connaissait Leah de là-bas.
— Ouais, ma mère a grandi dans cette meute, confirma Toby.
Le visage de Brian s’éclaira et il se redressa.
— Oh, je me rappelle maintenant. Il ne voulait pas que l’humain donne à Leah
des informations à propos de sa sœur.
— Cela ne peut pas être vrai, Brian, gronda Lori, sa colère évidente. Leah n’a
aucune sœur, seulement des frères.
Zev aurait pu laisser tomber, aurait pu abandonner la conversation et aller
chez les Harrison, mais le regard terrifié de Toby et son visage soudain pâle
l’arrêta.
— Toby ? Quelque chose que tu voudrais partager avec le reste d’entre nous,
mec ? On dirait que t’as vu un fantôme.
Toby cligna des yeux, déglutit difficilement, et dit d’une voix cassée :
— Ma mère avait une sœur. Une jumelle. Mais elle est morte trente ans plus
tôt. Joan a été assassinée.





















CHAPITRE 24

Jonah se leva du sol du bureau et enjamba les piles de papier qu’il avait passé
des heures à classer. Il avait besoin d’étirer ses jambes et de s’éclaircir les idées.
Toute cette lecture, et la seule chose qu’il avait apprise, c’était que les
métamorphes étaient des historiens nuls.
Il y avait des listes de noms avec des dates de naissance et de décès ainsi que
des noms d’ancêtres et de descendants, mais la plupart des informations étaient
incomplètes. Parfois, une partie du nom était manquante, parfois une date.
D’autres fois, tout semblait être en ordre jusqu’à ce que Jonah trouve un autre
papier qui affirme que ladite personne qui était listée comme ayant deux frères
ou sœurs avait les mêmes parents avec trois autres personnes. En plus, tout était
écrit à la main et pas toujours lisible. Et venant d’un médecin, se plaindre sur
une écriture indéchiffrable, cela voulait tout dire.
Mais la partie la plus frustrante de cette recherche était que Jonah n’avait pas
trouvé une seule référence à Joan Smith. Zev l’avait averti que les archives
n’étaient pas trop volumineuses et qu’il n’y avait presque aucune information sur
les autres meutes. Et puisque sa mère ne venait pas d’Etzgadol, les chances de
trouver quelque chose sur elle étaient très faibles. Pourtant, Jonah avait espéré un
meilleur résultat.
Faire les cent pas dans la pièce détendit les muscles de Jonah. Il respirait
mieux, se sentant moins frustré, et ce fut à ce moment-là que cela le frappa. Les
documents ne mentionnaient pas une Joan Smith, mais ce n’était pas le seul nom
qu’il connaissait. Le père de Jonah avait dit que sa tante s’appelait Leah. Il était
certain qu’il avait vu une Leah mentionnée quelque part.
Il se rassit et les feuilleta à nouveau jusqu’à ce qu’il trouve un indice dans un
document en bas de la troisième pile. C’était l’arbre généalogique de Lori. Il la
mentionnait elle et Toby, leurs enfants, et les parents des deux côtés. La mère de
Toby était nommée Leah. Sur l’arbre généalogique était indiqué son nom de
famille – Leah Harrison – alors il n’y avait aucune référence du nom de Smith.
Mais au moins, Jonah savait où commencer. Il était tombé sur quelques
documents de mariages, et ces derniers avaient listé les parents des mariés. Peut-
être qu’il pourrait trouver ceux qui concernaient Leah, et il apprendrait son nom
de jeune fille.
Dix minutes plus tard, Jonah serrait un bout de papier qui contenait la réponse
qu’il cherchait sur la famille de sa mère. Le nom de jeune fille de Leah Harrison
était Smith. Avant de se marier au père de Toby, elle se nommait Leah Smith.
C’était un nom commun, bien sûr, et il y avait probablement des tas de Leah
Smith là dehors. Mais c’était un début, et c’était la seule piste qu’il avait pour le
moment. En plus, il n’y avait aucun mal à aller chez les Harrison et dire bonjour,
peut-être poser également quelques questions, lâcher un nom.
Sa décision prise, Jonah trouva l’adresse des Harrison dans l’annuaire
téléphonique et laissa une note à Zev, lui disant où il allait au cas où son amant
arrive avant lui à la maison. Puis il se dirigea chez les Harrison, espérant trouver
quelque chose à propos de sa mère.


Jonah avait quitté Etzgadol douze ans plus tôt et il avait passé tout ce temps
dans une ville métropolitaine très peuplée, entouré par des embouteillages, un
brouillard de pollution puante, et des bâtiments si hauts et condensés qu’il était
parfois impossible de voir le ciel. Être de retour dans la forêt, inspirer des
bouffées d’air frais et la senteur des arbres, voir le ciel bleu, et entendre les
chants des oiseaux tout autour de lui… avec toutes ces choses, Jonah se
demandait comment il avait pu survivre tout ce temps éloigné de cet endroit qui
était sans aucun doute sa maison. Toutes ces raisons pour lesquelles son lui-
même de dix-huit ans avait voulu s’éloigner de la petite ville – le rythme lent, la
simplicité du style de vie, le cadre paisible – ressemblaient maintenant à un coin
de paradis.
La route sinueuse tournait et emmena un Jonah souriant et heureux vers une
maison de ferme. Il se retrouvait à siffler alors qu’il garait sa voiture à côté d’une
berline blanche banale. Le soleil se couchait dans le ciel, couvrant presque tout
d’un éclat orange. C’était magnifique.
S’était-il jamais senti aussi satisfait et entier ? Il ne le pensait pas. Il savait que
ce n’était pas vraiment l’endroit où il se trouvait qui avait calmé son corps agité
et son esprit embrouillé ; c’était Zev. Être avec son petit-ami, non, son
compagnon avait apaisé Jonah.
Il sortit de la voiture et s’avança vers la porte d’entrée, se demandant si ce
qu’il apprendrait des gens qui se trouvaient à l’intérieur avait de l’importance.
Oui, Jonah était curieux à propos de son héritage, curieux de savoir comment il
avait pu brusquement se transformer en loup et curieux de savoir pourquoi cette
nouvelle aptitude était, selon Zev, une contradiction par rapport à la manière
dont les choses se passaient habituellement pour les métamorphes. Mais en fin
de compte, la curiosité semblait maintenant futile. S’étant débarrassé de sa
crainte de perdre l’esprit et ayant cimenté la profonde relation qu’il partageait
avec Zev, Jonah réalisa que même s’il ne comprenait jamais le pourquoi et le
comment de sa naissance, il serait quand même heureux dans la vie.
— Peut-être que je devrais faire demi-tour et rentrer à la maison.
Il sourit quand il remarqua qu’il pensait déjà au chalet de Zev comme étant sa
maison.
Bien entendu, son compagnon avait construit l’endroit pour eux deux,
montrant même à Jonah les plans durant ses visites et insistant sur le fait qu’ils
se mettent d’accord sur l’agencement, et choisissent le mobilier ensemble. Alors,
ouais, le chalet était sa maison, leur maison. Avant que Jonah ne puisse décider
finalement s’il devait rester chez Leah Harrison ou rentrer, un bruit attira son
attention et envoya un frisson de malaise le long de sa colonne vertébrale.
Il regarda autour de lui, mais ne vit personne, toutefois, il pouvait entendre des
sons. Il s’immobilisa et inclina la tête jusqu’à ce qu’il les entende à nouveau et
comprenne qu’ils venaient de derrière la maison. Zev lui avait parlé hier de ses
sens qui seraient décuplés quand il lui avait fait sa leçon sur les métamorphes,
mais en faire l’expérience était un peu un choc. Choqué ou non, Jonah pensait
que c’était plutôt génial. Il se sentait un peu comme un super héros avec de super
pouvoirs.
Il sourit quand il s’imagina porter des collants et une cape alors qu’il
cheminait vers les étranges bruits. La sensation de légèreté et de bonheur
qu’éprouvait Jonah s’évapora en découvrant la scène qui l’accueillit dès qu’il
tourna au coin de la maison des Harrison et s’avançait sur un jardin ombragé.
Son père était écroulé sur le sol, entouré par quatre hommes larges. Jonah
pouvait voir son torse monter et descendre, et savoir que l’homme respirait
encore contribua considérablement à apaiser sa panique.
La situation s’empira quand l’un des hommes qui surplombaient le corps de
Kevin Marvel se pencha sur ce dernier, entoura sa taille de ses bras robustes et
commença à traîner l’homme inconscient vers un 4X4 qui était garé tout près.
Toutes les choses que Jonah avait entendues à la télévision disaient que monter
dans une voiture avec un kidnappeur était le meilleur moyen de perdre. Il ne
pouvait pas laisser ces hommes dangereux mettre son père dans leur véhicule,
cependant, ses chances de vaincre seul quatre hommes étaient nulles. Mais peu
importe, Jonah n’avait pas le choix ; il devait intervenir.
— Hé ! cria Jonah, espérant que si les hommes pensaient qu’ils n’étaient pas
seuls serait suffisant pour les faire fuir. Qu’est-ce que vous lui faites ? Relâchez-
le !
Il s’avança vers eux tandis qu’il parlait, s’approchant de son père inconscient
à chaque mot. Malheureusement, il ne fut pas assez prés pour faire quelque
chose. Dès qu’ils entendirent sa voix, les quatre individus s’arrêtèrent et se
tournèrent brusquement vers Jonah.
— Eh bien, regarde-moi ça ! Je suppose que l’humain ne voyageait pas seul,
dit l’homme le plus grand et le plus dangereux d’entre eux. Chuck, prends celui-
là aussi. On les emmène tous les deux.
L’un des hommes se détacha du groupe et s’avança vers Jonah, ayant
clairement l’intention de suivre l’ordre de son chef. Mais ce n’était pas le
premier rodéo de Jonah, et il savait que s’il pouvait combattre les hommes un à
la fois, il aurait de bonnes chances de les vaincre. Dès que Chuck, l’homme
envoyé pour récupérer Jonah, fut à portée de main, Jonah serra le poing et
frappa. Son puissant crochet du droit se connecta avec la mâchoire de Chuck et
le type tomba au sol, sonné.
Les trois autres hommes grognèrent, visiblement surpris et furieux face à la
défaite inattendue de leur compagnon. Ils laissèrent Kevin Marvel sur le sol et
s’approchèrent de lui. Malheureusement, il semblait que son plan de combattre
les hommes un à la fois soit compromis. D’un autre côté, cependant, son père
n’était plus traîné vers le véhicule. Bien sûr, la liberté de Kevin ne serait qu’un
bref répit si Jonah ne pouvait pas effrayer les hommes ou du moins les faire
ralentir pour emmener son père ailleurs.
Il essaya de réfléchir à la situation. Y avait-il une quelconque stratégie qui lui
permettrait d’emmener son père vers le véhicule et de le sortir d’ici ? Y avait-il
quelque chose sur le sol qu’il pourrait utiliser comme arme ? Aucune des deux
questions ne lui inspirait une réponse utile, et l’estomac de Jonah se serra
d’inquiétude.
Au moment où trois corps massifs devinrent inconfortablement proches, une
silhouette sombre sembla voler devant lui et frapper l’un d’eux au sol. Jonah vit
le corps grand et puissant avec une chevelure longue et noire, et sentit un
soupçon de reconnaissance. Il n’eut pas l’occasion de trop y penser, cependant,
parce que quelques instants plus tard, un loup marron sortit de la forêt et bondit
sur l’un des autres hommes, le plaquant au sol.
Tout le monde semblait surpris par les visiteurs inattendus, et pendant
quelques secondes, tout se figea. Puis ce fut le chaos. L’homme énorme que
Jonah avait frappé était toujours sur le sol, mais l’agitation autour de lui semblait
attirer brusquement son attention, parce qu’il commença soudain à se déshabiller
avec une vitesse désespérée. Les deux hommes qui avaient été mis en déroute
essayèrent de faire de même tandis qu’ils tentaient de se défendre contre le loup
marron et le guerrier puissant aux longs cheveux noirs. Et le chef des brutes
semblait regarder la scène avec des yeux ébahis, momentanément distrait par
l’attaque inattendue sur son gang.
Jonah n’avait aucun doute que la distraction ne durerait pas longtemps et il
voulait profiter de la situation en s’attaquant à la brute. C’est alors qu’il vit
l’homme sur le sol commencer à se transformer maladroitement en loup. Jonah
se demandait pourquoi la transformation dont il était témoin était moins fluide
que ce qu’il avait expérimenté, ou, pourquoi même il en était témoin. Il s’était
changé en loup puis était redevenu humain deux fois, et cela était devenu plus
homogène à mesure qu’il le faisait, la première fois quand il était inconscient et
la deuxième fois était arrivée en un clin d’œil. Bien sûr, les deux fois, son corps
avait suivi celui de Zev, agissant plus par instinct que par volonté. Pourtant,
l’homme qui se tordait sur le sol semblait passer par un processus complètement
différent, un qui semblait inconfortable au mieux et douloureux au pire.
Mais il n’avait pas le temps de poser des questions, maintenant. Il avait affaire
à des métamorphes plutôt que des humains, comme il l’avait pensé au début.
Battre un homme dans une bagarre était une chose, et même s’il avait dû se
mesurer contre les deux autres hommes qui étaient en ce moment même occupés
par le loup marron et l’homme aux longs cheveux noirs, il aurait pu avoir une
chance de gagner. Mais ces brutes étaient des métamorphes, pas des humains, et
dès qu’ils se seraient transformés en loup, ils auraient des griffes et des crocs,
devenant ainsi bien plus dangereux.
Le meilleur moyen pour Jonah d’affronter ces hommes serait de les combattre
en tant de loup. Il pensa à ce que Zev lui avait appris sur les transformations. Il
visualisa son loup, essaya d’atteindre l’animal et de le persuader de prendre le
contrôle de son corps. Mais peu importe à quel point il se concentra, Jonah ne
pouvait pas se transformer.
Zev. Il avait besoin de Zev. Tout comme la nuit dernière, Jonah n’était pas
capable de libérer son loup sans son aide, et bien qu’il ne comprenne pas
pourquoi, il savait que son compagnon était son unique espoir de faire sortir sa
forme animale.
Quand l’homme sur le sol compléta finalement son étrange et douloureuse
transformation, il regarda Jonah directement. En voyant ce regard vicieux venant
du loup massif lui fit réaliser que son temps était presque écoulé. Il serra les
poings et releva la tête. Peu importe ce qu’il arriverait, il ne fléchirait pas sans se
battre.
CHAPITRE 25

Quand le crépuscule s’installa autour de lui, Zev prit de la vitesse à travers les
rues familières et pria le ciel pour qu’il arrive chez les Harrison à temps pour
empêcher les métamorphes de faire du mal au père de Jonah. Il n’avait aucun
doute que c’était lui, l’humain en danger. Après tout, Jonah avait dit que son
père essayait de retrouver sa tante. Eh bien, Kevin Marvel avait apparemment
réussi à trouver l’adresse. À présent, Zev devait sauver l’homme de la
conséquence de sa persistance : un violent groupe de loups instables.
Alors qu’il conduisait la moto vers la maison des Harrison, Zev se demanda
pourquoi Lori n’avait pas été au courant que Leah Harrison avait une sœur. Il
était impossible que Toby et sa famille aient oublié de mentionner sa tante
assassinée. Ce genre de crime était extrêmement rare dans une communauté de
loups, et que la victime soit une femelle, et enceinte en plus de ça, était du
jamais vu. Mais pourquoi Leah avait-elle gardé cette information secrète ?
Savait-elle que Jonah était son neveu ? Et si c’était le cas, pourquoi avait-elle
caché cette vérité ?
Les interrogations intérieures de Zev furent interrompues par un appel à
l’aide. Il pouvait entendre Jonah crier dans sa propre tête, leur lien psychique lui
fournissant une source de communication presque aussi forte qu’une
conversation verbale. Il sentait la frustration et la crainte provenir de son
compagnon, ce qui le rendit immédiatement furieux. Jonah était en danger.
Soudain, Zev sentit son loup venir à la surface, répondant à l’appel de son
compagnon. Le loup de Jonah voulait être libéré, mais pour une quelconque
raison, il ne pouvait pas se transformer seul. C’était le même problème
inexpliqué qui avait tourmenté Jonah quand il avait essayé de se changer la nuit
dernière.
Zev dérapa en s’arrêtant et bondit de la moto. Il courut à travers les bois,
sachant que le reste du trajet devait se faire à pied. Il était impossible qu’un loup
puisse conduire une moto, donc l’Alpha se métamorphosa dès que son corps
humain quitta l’engin.
Son compagnon semblait incapable de se transformer seul. Jusqu’à présent, le
loup de Jonah avait réussi à apparaître en utilisant seulement la connexion entre
eux. Alors, Zev s’était transformé, espérant qu’en dépit du fait d’être dans un
endroit différent de Jonah, le lien qu’ils partageaient entre eux serait suffisant
pour inspirer son loup.
Bien que cela n’ait pris que quelques minutes, la course de Zev à travers la
forêt sembla interminablement longue. Quand il arriva chez les Harrison, il
suivit l’odeur de Jonah et se dirigea vers l’arrière de la maison, prêt à détruire
quiconque menaçant son compagnon. Mais comme à son habitude, Jonah avait
déjà maîtrisé la situation. Et apparemment, il avait eu de l’aide.
Un homme avec de longs cheveux aussi noirs que la nuit tenait un
métamorphe à moitié nu par la nuque. Au début, il sentit l’odeur de l’homme et
conclut que c’était un suceur de sang. Il se réprimanda intérieurement de penser
à ce mot désobligeant. Vampire. L’homme était un vampire.
Zev regarda le ciel. Le soleil s’était couché, mais il y avait encore un peu de
lumière autour d’eux. Parce que les vampires étaient allergiques au soleil, c’était
très inhabituel d’en voir un dehors avant que toute trace de lumière n’ait disparu
du ciel. Tout aussi inhabituel de voir un de leur espèce sur les terres d’une meute.
L’odeur de ce vampire avait quelque chose de différent, réalisa Zev. Elle
semblait être unie à celle d’un loup. Et trouver ce dernier fut facile parce que la
même odeur vampire/loup provenait d’un petit loup marron, qui à ce moment
même, avait ses crocs autour du cou d’un métamorphe partiellement habillé. Il
lui sembla que les deux brutes qui étaient maintenues par le vampire et le loup
avaient essayé de se transformer, mais avaient renoncé quand ils avaient réalisé
qu’ils avaient été neutralisés.
Toutefois, un loup avec une fourrure aussi blanche que la neige attira son
attention confuse du vampire et du loup marron. Le beau loup de Jonah se tenait
au-dessus d’un troisième métamorphe, qui se reprenait forme humaine, le corps
soumis. Et le quatrième voyou, que Zev identifia comme étant le cousin de
Brian, était piégé au milieu du groupe, les yeux regardant partout autour de lui, à
la recherche d’un moyen pour s’échapper. Eh bien, les choses avaient l’air sous
contrôle.
Zev reprit forme humaine et remarqua que Jonah faisait de même, comme les
deux dernières fois où son compagnon s’était changé. Il s’autorisa à admirer le
corps nu et magnifique de Jonah, puis se força à détourner les yeux de cette vue
excitante et fixa les idiots qui avaient attaqué sa sœur.
— Vous n’avez plus l’air de durs quand c’est votre tour, n’est-ce pas ? Il
s’avère qu’affronter trois mâles n’est pas aussi facile que de maîtriser une
femelle enceinte. Non que je comprenne pourquoi un loup ferait une chose
pareille, dit Zev, faisant tourner tous les regards vers lui.
Jimmy se figea et ses yeux s’agrandirent de crainte quand il vit Zev et entendit
ses paroles. Les trois autres membres de son gang se tendirent aussi brièvement,
puis leur posture s’affaissa et toute trace de lutte s’évapora de leurs corps. Un
des hommes tourna la tête vers Zev, mais ne le regarda pas dans les yeux,
essayant de montrer sa soumission et son respect au loup puissant.
— Nous n’avions aucune idée qu’il allait la tuer. Il avait dit que nous allions
juste l’éloigner de l’humain et la ramener dans la meute.
Le métamorphe qui était le plus proche de Jonah continua.
— Elle avait arrêté d’assister aux rassemblements de la meute et personne ne
l’avait vu pendant des mois. Quand nous avons entendu dire qu’elle sortait avec
un humain, nous savions que nous devions la sauver. Nous ne pouvions pas la
laisser se souiller de cette manière.
Zev réalisa que la remarque qu’il avait faite à propos de maîtriser une femelle
avait été mal interprétée et qu’ils parlaient de Joan Smith. Eh bien, cela
confirmait qu’ils étaient les loups responsables du meurtre de la mère de Jonah.
— Si je comprends bien ; vous n’aimiez pas la personne avec laquelle elle
couchait, donc vous l’avez tué ? Et maintenant, vous nous dites que vous lui
avez fait, quoi, un genre de faveur ? dit Jonah incrédule.
— La ferme, Harry ! Ferme-la, putain ! cria Jimmy, sa voix tremblante,
trahissant son anxiété.
— Non, toi, ferme-la ! cria un des métamorphes à Jimmy. C’est toi qui nous as
mis dans ce pétrin, et j’en ai fini de t’écouter ! C’est fini maintenant !
La voix de l’homme sembla s’adoucir et il avait l’air soulagé alors qu’il
continuait de parler.
— C’est fini. Je vais leur dire ce qu’il s’est passé et je vais en assumer les
conséquences. Je suis fatigué de toujours regarder par-dessus mon épaule,
fatigué d’entendre ses cris dans ma tête.
Mais avant que le loup las ne puisse en dire plus, Harry commença à parler.
— Nous pensions que c’était facile. Nous allions entrer, prendre Joan et partir.
Ce n’était pas comme si un humain et une femelle pouvaient nous battre. Nous
ne pensions pas que quelqu’un serait blessé. Mais quand nous avons vu Joan,
nous avons réalisé combien les choses étaient pires que ce que nous pensions.
Elle était enceinte. Elle s’est enfuie de la pièce et Jimmy l’a pourchassée. Chuck,
Walter, et moi, nous nous sommes tenus là en essayant de décider quoi faire.
Puis nous avons entendu une porte claquer. Après ça, nous avons entendu des
cris et des coups.
Il déglutit difficilement, tentant clairement de continuer.
— Quand nous sommes entrés dans la chambre à coucher, c’était trop tard.
Jimmy avait déjà cassé la porte et avait mis Joan en pièces. C’était comme s’il
était enragé ou quelque chose comme ça ; nous ne pouvions pas le contrôler.
Puis nous avons entendu une voiture se garer et cela a eu l’air de le secouer.
Nous nous sommes ensuite tous enfuis de là.
— Et nous n’avons pas arrêté de fuir depuis, du moins dans nos esprits,
intervint le troisième loup, finissant l’histoire. Nous étions constamment effrayés
que quelqu’un découvre ce que nous avions fait. Et quand l’humain est revenu,
posant des questions sur Joan, nous avons pensé qu’il découvrirait qui nous
étions. Jimmy nous a affirmé qu’il n’y avait qu’un moyen pour l’arrêter, alors
nous sommes venus ici, mais ensuite, tout s’est retourné contre nous.
Il se frotta les yeux, paraissant épuisé jusqu’à l’âme.
— Trop, c’en est trop. Comme Chuck l’a dit, c’est fini.
Tout le monde était sous le choc des révélations, et Jimmy profita de leur
distraction momentanée pour s’enfuir. Il avait presque réussi à atteindre la
voiture quand Zev réalisa ce qu’il se passait. Mais avant qu’il ne puisse l’en
empêcher, Jonah bondit sur Jimmy et l’assomma d’un coup de poing.
Zev se sentait absurdement fier de son compagnon. Il savait qu’il était
supposé protéger Jonah du danger. Mais bon sang, la force de Jonah l’excitait.
Zev avait été élevé avec l’idée qu’un Alpha serait naturellement attiré par une
personne soumise, quelqu’un qui compterait sur lui pour le protéger et qui
reconnaîtrait et apprécierait sa position en tant que chef dans tous les domaines,
y compris leur relation. Mais Zev trouvait qu’il préférait grandement ce qu’il
avait : un compagnon indépendant qui pourrait se défendre dans n’importe
quelle situation et qui était prêt à faire face à Zev si cela était nécessaire. Jonah
n’était pas un faible, ni dans son corps, ni dans ses pensées, ni dans son esprit, et
Zev ne changerait ça pour rien au monde.


Après avoir appelé quelques hommes à la maison des Harrison, leur ordonnant
de retenir les brutes qui avaient tué la mère de Jonah, Zev aida celui-ci à mettre
son père inconscient sur le siège arrière de la voiture. Zev s’installa derrière le
volant et Jonah monta à l’arrière.
— Ça va aller pour lui ? demanda Zev en regardant dans le rétroviseur alors
qu’il posait la question.
— Je pense, répondit Jonah, les yeux baissés sur ses genoux, là où la tête de
son père reposait. Ses signes vitaux sont stables, sa respiration est régulière.
Nous devons juste attendre qu’il se réveille.
— Pourquoi ne s’est-il pas encore réveillé ? Penses-tu qu’ils l’ont drogué ?
— C’est possible, mais je ne pense pas. Le gonflement qu’il a à l’arrière de la
tête me dit qu’ils ont réussi à le frapper d’un coup. Encore, soupira Jonah.
Zev détestait voir l’air brisé de Jonah. Cela avait été un jour plein de
bouleversements, et il voulait plus que tout prendre son compagnon et
s’enfermer dans leur chalet, où ils pourraient trouver du réconfort ensemble.
Mais il y avait encore beaucoup de choses à faire avant qu’ils ne puissent se
reposer. Zev se gara sur le bas de la route où il avait laissé la moto de Brian et
ses propres vêtements, sortant de la voiture et s’habillant aussi rapidement que
possible.
— Désolé à propos de ça. Je ne pense pas qu’ils apprécieraient d’avoir un gars
nu à l’intérieur de l’hôpital, dit Zev quand il entra dans la voiture et commença à
conduire.
Jonah éclata de rire.
— Je n’ai même pas pensé à ça. Putain, Zev ! Si j’ai été trop distrait pour
remarquer ton joli corps, alors la situation doit être vraiment catastrophique.
— La journée a été vraiment merdique, mais je pense que nous avons maîtrisé
la situation. Et ne t’inquiète pas, dès que nous aurons fait examiner ton père, je
vais m’assurer que tu saches à qui tu dois accorder tes priorités.
— Ah, ouais ? Et à qui, Hassick ?
Zev jurerait qu’il pouvait entendre le désir dans la voix de Jonah.
— À ma queue, répondit-il, impassible.
— Ça me va, Chiot. Ça me va parfaitement.
La voix de Jonah baissa. Il semblait complètement épuisé.
— Repose-toi, Blondinet. Je dois passer quelques coups de fil, de toute façon.
Je te réveillerai quand nous arriverons à l’hôpital.
Il regarda dans le rétroviseur et vit son compagnon hocher la tête, puis la
rejeter en arrière et la poser contre le siège. Très bien, il était temps de régler la
situation avec les bons à rien qu’ils avaient appréhendés. Zev sortit son
téléphone portable de sa poche et appela l’Alpha de la meute de Miancarem. Il
ne connaissait pas très bien l’homme, mais ils s’étaient rencontrés plusieurs fois
au fil des ans durant des réunions inter-meutes.
Dirk Keller lui avait toujours paru comme étant un Alpha fort et décent, mais
l’homme était définitivement un traditionaliste. Il n’avait jamais appuyé les
efforts de Zev pour que les meutes aient une structure d’organisation égalitariste,
bien qu’il n’ait pas été activement opposé à l’idée non plus. De toute façon, Zev
savait que Dirk serait consterné et horrifié que quatre des membres de la meute
de Miancarem aient déchiqueté une de leurs femelles et ensuite caché ce crime
pendant des années.
Décidant que ce n’était pas le genre de nouvelles qui devaient être
communiquées par téléphone, Zev informa Dirk qu’il détenait quatre de ses
hommes et qu’il devait venir les récupérer en personne, avec du renfort. L’autre
Alpha était surpris par la demande, et essaya brièvement d’avoir plus
d’informations, mais il n’insista pas trop.
En dépit des années où il avait travaillé, et s’étant même parfois lié d’amitié
avec les autres Alphas de la meute, ces hommes avaient toujours gardé une
légère distance vis-à-vis de Zev. Il était apprécié et grandement respecté, mais
chaque Alpha savait que Zev gagnerait dans un défi, et personne ne voulait
contrarier le jeune Alpha puissant pour en arriver là. Eh bien, cette crainte
semblait marcher en faveur de Zev cette fois-ci, parce qu’après un appel qui
avait à peine duré cinq minutes, il était sûr que Dirk serait à Etzgadol le
lendemain matin, accompagné de cinq de ses meilleurs hommes.
Les crimes que Jimmy et son gang avaient commis devraient être traduits
devant le chef du conseil inter-meutes. D’habitude, les Alphas avaient
compétence sur les mesures disciplinaires de la meute, mais cette situation
dépassait de loin une bagarre de bar ou un litige sur une propriété. Mais l’Alpha
des membres criminels serait sans aucun doute consulté au sujet de leur punition,
la dernière décision reviendrait tout de même au conseil. Au lieu d’appeler le
chef du conseil inter-meutes directement, Zev décida cependant d’attendre le
lendemain afin qu’il puisse donner l’occasion à Dirk de participer à l’appel.
Alors qu’il se garait dans le parking de l’hôpital, Zev entendit un gémissement
provenir du siège arrière, suivi immédiatement par la voix inquiète de Jonah.
— Papa ? Peux-tu m’entendre ?
— Jonah ?
La voix de Kevin Marvel était rauque et faible.
— Où suis-je ? Que fais-tu ici ?
— Shhh. Tu vas bien. Nous sommes à l’hôpital d’Etzgadol. Tu… euh…
Jonah s’interrompit brièvement avant de continuer.
— Tu t’es cogné la tête et tu t’es évanoui. Te souviens-tu de ce qui s’est
passé ?
Kevin secoua la tête, puis gémit à nouveau et s’immobilisa.
— Non. Je pense que j’ai trouvé ta tante, et tu n’y croiras jamais, mais il
s’avère qu’elle vit ici à Etzgadol. Je me rappelle avoir trouvé sa maison et
ensuite, je me suis réveillé ici. Peut-être que je suis tombé. Je n’ai pas beaucoup
dormi, ces derniers temps.
— Eh bien, tu peux te reposer maintenant. Je pense que tu as peut-être une
commotion, et peut-être une légère déshydratation. Nous allons t’hospitaliser et
nous assurer que tout aille bien.
Jonah embrassa la tête de son père.
— Merci de l’avoir trouvé, Papa. J’ai le sentiment que tout va bien se passer
désormais.








CHAPITRE 26

Deux heures plus tard, Jonah luttait pour garder les yeux ouverts alors qu’ils
traversaient les routes cahoteuses pour se rendre dans la partie de la forêt où Zev
avait construit leur maison.
— Je suis tellement fatigué. Travailler trois fois plus à l’hôpital n’est rien
comparé à cette journée, dit Jonah.
Il posa sa tête contre la vitre et se demanda quand il avait réussi à avoir cinq
kilos dans chaque paupière. Elles étaient trop lourdes pour rester ouvertes, alors
il abandonna et ferma les yeux. Une grande main forte serra son genou, puis
passa à ses cuisses.
— Des bouleversements émotionnels peuvent laisser des traces aussi.
Beaucoup de choses te sont tombées dessus en peu de temps, Blondinet. Surtout
aujourd’hui. Tu vas bien ?
— Ouais, je vais bien. Vraiment, répondit Jonah en hochant la tête. Il y a
beaucoup de choses à digérer et, en même temps, je suis heureux, tu saisis ? Mon
père ira bien dans quelques jours. Ils vont le surveiller, lui injecter plein de
fluides et l’obliger à se reposer, puis tout redeviendra normal pour lui. C’est
comme s’il y avait eu finalement une justice pour ma mère. Et je suis là avec toi.
Pas seulement pour deux jours volés, mais pour la vie.
Il s’approcha plus près du siège conducteur et posa sa tête sur l’épaule de Zev.
— Alors, ouais, je vais bien.
Ils terminèrent le reste du trajet dans un silence confortable, et Jonah réussit
même à dormir. Il se réveilla quand il entendit Zev grogner.
— Merde ! Cette putain de journée ne finira donc jamais ?
Jonah se redressa rapidement et jeta un œil autour de lui.
— Quoi ?
Ils s’étaient garés dans leur allée, juste avant un pick-up inconnu.
— À qui est ce véhicule ?
— Mon père, soupira Zev. J’espérais que nous ferions ça après nous être
reposés et compris le reste au sujet de ta mère et tout, mais je suppose que c’est
maintenant ou jamais. Prêt à rencontrer la famille, Blondinet ?
— Oh, allez ! Ce n’est pas aussi grave. J’ai rencontré ton père plusieurs fois.
Nous n’avons pas besoin de lui dire tout ce qui se passe entre nous maintenant.
Après avoir été amer que Zev n’ait pas parlé de la nature de leur relation à sa
famille, Jonah se surprit lui-même avec sa propre suggestion.
— Il sait que nous sommes amis, alors ce ne sera pas complètement un choc
de me voir là.
— Ça ne marche pas comme ça, dit Zev en secouant la tête. Nous sommes des
âmes sœurs. Je t’ai parlé des odeurs. Les nôtres sont unies. Mon père saura qui tu
es dès qu’il nous aura sentis.
Il prit la main de Jonah dans la sienne.
— De plus, je ne vais pas te cacher, Blondinet. J’ai détesté le faire pendant
toutes ces années, mais je le devais. Maintenant que nous avons la preuve de ce
que nous sommes l’un pour l’autre, je ne vais plus faire semblant. Je ne vais plus
mentir à ton sujet, Jonah. Plus jamais.
OK, ouais, c’était romantique et cela faisait battre le cœur de Jonah plus vite.
Non qu’il le dise un jour. Même si ça faisait du bien.
— Ouais, j’ai oublié les odeurs. Mais aucun des hommes d’aujourd’hui ne
semblaient le remarquer, alors peut-être que lui non plus.
— Ces hommes étaient distraits par tout ce qui se passait. Ils étaient trop
submergés par leur propre crainte pour remarquer notre odeur. En plus, mon père
est un loup plus puissant que ces idiots pathétiques.
Gregory Hassick sortit du pick-up et regarda Zev à travers le pare-brise. Il
inclina la tête sur le côté, ses narines frémirent et de la confusion emplit son
regard.
— Il est temps, Blondinet, soupira Zev. Finissons-en.
Ils sortirent de la voiture et se dirigèrent vers Gregory.
— Jonah, tu te rappelles mon père, Gregory Hassick. Papa, voici…
— Ton âme sœur, termina Gregory, la voix tremblante.
— C’est vrai. C’est Jonah Marvel, affirma Zev en entourant la taille de Jonah
et en l’attirant contre lui. Nous avons eu une longue journée, Papa. Je ne pense
pas que l’un de nous ait la force d’avoir cette conversation à l’extérieur. Entre et
nous pourrons nous asseoir et discuter pendant quelques minutes.
Zev s’avança vers la porte d’entrée, ne relâchant pas sa prise sur Jonah.
Une fois à l’intérieur, les deux hommes s’effondrèrent sur le canapé, restant
proches l’un de l’autre. Jonah se demanda brièvement s’il devait s’asseoir sur
une chaise afin que le père de Zev ne soit pas mal à l’aise par leur marque
d’affection, mais il rejeta l’idée immédiatement. Pourquoi devraient-ils cacher
leurs sentiments ? Si Zev n’était pas inquiet, Jonah n’allait certainement pas
insister. Il avait besoin du contact de son compagnon et d’un peu de réconfort
maintenant plus que jamais.
Il fallut à Gregory quelques minutes pour entrer enfin dans la maison, et
quand il le fit, il se dirigea directement vers la cuisine.
— J’ai besoin d’un verre. Vous voulez quelque chose, les garçons ? retentit la
voix grondante de Gregory Hassick.
Jonah secoua la tête, et Zev répondit pour eux.
— Non, merci, ça ira, Papa.
Les remarques de Zev sur les métamorphes qui ne croyaient pas que leur
espèce pouvait être gay firent réaliser à Jonah qu’ils n’étaient certainement pas
tolérants. Il ricana intérieurement à cet euphémisme. Des loups avaient tué sa
mère parce qu’elle couchait avec un humain. Savoir que leur Alpha était gay
devait se classer en tête de leur liste des impossibilités. Se demandant si Zev
serait mal à l’aise de faire son coming-out à son entière communauté ou non,
Jonah se blottit contre le cou de Zev, savourant la sensation de ses bras forts qui
l’entourèrent immédiatement.
— C’est incroyable comme ton père savait à notre sujet avant même qu’on ne
puisse dire quelque chose. Ce truc des odeurs unies va compliquer les choses,
n’est-ce pas ?
Zev enfouit ses doigts dans ses cheveux et commença à masser son crâne.
— Je pense que ça va rendre les choses faciles, en fait. C’est une preuve
irréfutable que tu es mon compagnon. Il est impossible de s’en cacher et de le
réfuter.
— Oui, c’est vrai, les interrompit la voix de Gregory.
Le grand homme s’avança vers eux et s’assit sur le fauteuil, regardant le verre
qu’il tenait à la main et le liquide tourbillonnant qui ressemblait à du scotch.
— C’est un mâle, c’est un humain et il est le compagnon de l’Alpha. Tu veux
bien me dire comment diable c’est possible.
— Nous essayons de comprendre. Mais franchement, cela n’a pas
d’importance. Jonah est mien et je suis sien. La meute va juste devoir gérer ça,
assura Zev d’une voix ferme. Je suis trop fatigué pour interroger mon âme, Papa.
Et c’est ce qu’il est pour moi. Mon âme sœur, ce qui signifie l’autre moitié de
mon âme.
Gregory rejeta la tête en arrière et vida son verre, avalant le liquide d’un seul
trait. Il posa le verre sur la table basse et se leva.
— Eh bien, je dirais que c’est exactement ça, dit-il en s’avançant vers Jonah et
en lui tendant la main.
Jonah la prit et ils se serrèrent la main.
— Bienvenue dans la famille, Jonah, dit-il puis il se tourna vers son fils. Il me
faudra une bonne nuit pour y réfléchir, puis nous célébrerons tout ça. Trouver ton
âme sœur est une bénédiction, et ta famille partagera ta joie.
Sa voix se baissa alors qu’il terminait.
— Nous allons nous adapter, Zev. Cela pourrait prendre un peu de temps, mais
nous le ferons.
Il commença à sortir de la pièce quand il sembla se rappeler quelque chose.
— Oh, avec toute cette excitation de compagnons, j’ai presque failli oublier la
raison pour laquelle je suis venu. Ta mère m’a raconté que Toby lui avait
demandé de garder les enfants, et que lorsqu’elle est arrivée à la maison, Lori
était partie et Toby était une épave. Tu peux m’expliquer ?
Zev soupira et frotta ses yeux de ses mains.
— Ouais, je le ferai, mais pas maintenant, d’accord ? Lori va bien. Toby va
bien. Les enfants vont bien. Mais c’est une longue histoire compliquée et nous
sommes fatigués.
Gregory hocha la tête, leva la main en signe d’au revoir et partit. Jonah et Zev
restèrent sur le canapé, se tenant la main, leurs doigts entrelacés.
— Ça s’est passé mieux que je ne le pensais, compte tenu de tous tes
avertissements au fil des ans, s’étonna Jonah.
— Eh bien, maintenant que nous nous sommes liés et avons complété le lien
d’accouplement, il ne peut plus continuer à faire l’autruche, déclara Zev en
haussant les épaules. Le mot « Gay » est inconnu dans notre communauté,
Blondinet, et se lier avec des humains aussi. Mais le lien qui existe entre deux
véritables compagnons est vénéré. Il a senti ce lien et a su qu’il devrait laisser
tout le reste de côté.
Jonah hocha la tête. Il avait encore beaucoup de questions qui n’avaient pas eu
de réponses, mais les choses qu’il s’était demandé au fil des années avaient un
sens à présent. Le refus de Zev d’avoir des relations sexuelles lui avait semblé
comme une notion dépassée, mais maintenant, Jonah réalisait que le sexe aurait
inclus le lien qu’un loup partageait avec son compagnon, un acte qui les aurait
changés tous les deux pour toujours. Attendre l’avait rendu frustré et
physiquement malade, mais cela avait été pour le mieux.
Zev était le chef respecté d’une meute et le dirigeant d’une entreprise familiale
prospère. Et Jonah venait juste d’obtenir son diplôme de médecin et avait vu le
monde en dehors de leur petite ville. Son envie de voir de nouveaux endroits et
de rencontrer de nouvelles personnes étant assouvie, Jonah sentait que c’était le
moment de revenir à Etzgadol et de s’installer. Surtout maintenant qu’il réalisait
qu’il avait un loup vivant à l’intérieur de lui.
— Ton père semblait confus que je sois un humain et que je sois un gars aussi.
Pourquoi ne lui as-tu pas dit que j’étais aussi un métamorphe ? Peut-être que ça
l’aurait aidé à se sentir mieux.
Zev laissa tomber sa tête sur l’épaule de Jonah.
— Ouais, ça l’aurait aidé à se sentir plus à l’aise concernant notre lien, mais
cela aurait pu aussi soulever plein de questions auxquelles nous ne pouvons pas
répondre. Et pour l’instant, je ne suis pas d’humeur à en parler. En plus, qu’il se
sente à l’aise ou non ne va rien changer. J’ai pensé ce que j’ai dit, Blondinet… tu
es mien. Être avec toi surpasse tout et tout le monde.
Jonah frotta sa joue sur la tête de Zev et serra sa main.
— Je ressens la même chose. Mais être ensemble et faire passer l’autre en
premier ne veut pas dire que nous devrions oublier les autres, surtout la famille.
Ton père me semble être un brave homme, Chiot. Il a été vraiment génial ce soir.
— Oui, c’est vrai, convint Zev.
Il serra la main de Jonah, se leva, et mit ce dernier sur ses pieds.
— Tu as faim ?
Jonah hocha la tête. Ils se dirigèrent vers la cuisine et se firent rapidement des
sandwichs, puis ils se tinrent devant le comptoir tandis qu’ils mangeaient.
Quand ils finirent, Zev mit les assiettes dans l’évier et attira Jonah contre lui.
— Il est temps d’aller au lit. Nous avons une grosse journée demain, et nous
devons nous reposer.
Après s’être soulagés rapidement dans les toilettes, ils se déshabillèrent et se
mirent au lit, se retrouvant immédiatement dans les bras l’un de l’autre.
— Mmmm. Tu sens si bon, Chiot, dit Jonah en reniflant son cou et en s’y
blottissant.
Il ne fallut pas longtemps avant que les effleurements deviennent des coups de
langue et des succions.
— Tu as bon goût aussi, continua-t-il.
— J’aurais juré que j’étais trop fatigué pour la lever, mais tu es un puissant
aphrodisiaque, dit Zev.
Il roula au-dessus de Jonah, plaqua ses poignets sur le lit et se mit hors de
portée de la bouche de Jonah.
— Pourquoi tu t’es éloigné ? geignit Jonah en regardant Zev d’un air confus.
— Parce que tu titillais l’ours, Blondinet.
— Je croyais que t’étais un loup, se moqua Jonah en souriant.
— Très drôle. Je sais que tu es trop fatigué pour faire quoi que ce soit ce soir,
mais si tu continues à m’embrasser et à gémir comme ça, je ne pourrais pas me
retenir de te débaucher.
— Tu n’auras plus à retenir ces instincts, Chiot, murmura Jonah en arquant le
dos et poussant sa queue dure contre la hanche de Zev. Je te promets que je suis
juste là avec toi. Mais si tu as peur que je me surmène, je suis heureux de rester
allongé et de te laisser faire tout le travail.
Il se tortilla un peu, s’installant sur le lit.
— Très bien. Je vais rester juste là et tu viens au-dessus de moi. Je veux te
goûter.
Zev haussa un sourcil.
— Tu es certain que tu es prêt pour ça ? Je sais que ça a été une très longue
journée.
— Je pense que je t’ai déjà prouvé que j’étais plus que prêt. Arrête d’hésiter et
enfonce cette grosse queue dans ma gorge. Et ne te retiens pas, Chiot. Si je peux
toujours parler après ça, alors tu n’as pas fait ça bien. Compris ?
Un sourire s’épanouit sur le visage de Zev.
— Je t’adore.
— Parce que j’ai de l’esprit ? rigola Jonah.
— Entre autres, répliqua Zev en déposant un doux baiser sur les lèvres de
Jonah. Tu es fort, intelligent, beau et hilarant.
— Mmm. C’est gentil. Maintenant, baise ma bouche.
— Oui, Monsieur, approuva Zev avec un rire.
Celui-ci relâcha son emprise sur les poignets de Jonah, chevaucha son corps et
remonta le lit jusqu’à ce qu’il soit agenouillé au-dessus du torse de son
compagnon.
Jonah releva la tête, essayant de donner un coup de langue sur le bout du sexe
de Zev, puis grogna quand il ne put pas l’atteindre. Il leva la main et gifla les
fesses de Zev.
— Hé ! C’était pour quoi ça ?
— Tu oublies qui dirige l’opération. Arrête de me taquiner et ramène cette
queue par ici.
— Oh, je sais qui dirige, Blondinet.
Avant que Jonah ne proteste ou réponde, Zev suivit ses instructions. Un pas de
plus et les genoux de Zev étaient écartés sur chaque côté de sa tête. Il enfouit ses
doigts dans les cheveux de Jonah, prit en coupe sa tête, et glissa lentement son
membre dans la bouche accueillante de son compagnon.
— Oh, bon sang. C’est bon.
Jonah suça Zev de sa langue, allant de haut en bas, sur sa fente, aspirant
fortement, tout le temps gémissant et grognant, son excitation tellement grande
qu’il lui était impossible de la contenir.
— Ces bruits me rendent fou, grogna Zev en enfonçant ses hanches jusqu’à ce
que ses boules tapent le menton de Jonah. Ta bouche est superbe, Blondinet. Je
suis sûr que tu as été fait pour sucer ma queue.
Il sortit afin que Jonah puisse amener un peu d’air dans ses poumons, puis
s’enfonça à nouveau.
— Je ne peux pas être doux, s’excusa-t-il en augmentant la vitesse de ses va-
et-vient, plongeant dans la bouche de Jonah.
— C’est trop bon.
Ses mouvements devinrent plus brutaux alors qu’il s’enfonçait toujours
profondément dans la gorge de son compagnon, se retirant puis s’enfouissant à
nouveau.
— C’est ce que tu voulais ? demanda Zev d’une voix rauque alors que ses
hanches bougeaient toujours, son membre entrant et sortant plus rapidement. Tu
aimes ça, Blondinet ? Tu aimes me sentir te prendre ?
Un cri étouffé fut la seule réponse de Jonah.
— Je peux sentir ce son. Bon sang, Blondinet.
Zev s’enfonça profondément dans la bouche de Jonah, tint sa tête bien
immobile et jouit dans sa gorge. Il trembla pendant de longs moments avant de
se retirer et de s’asseoir sur le lit.
Jonah resta allongé, cherchant son souffle.
— Je ne t’ai pas fait mal, n’est-ce pas, Blondinet ?
Il attira la tête de Jonah sur ses genoux et caressa ses joues de ses pouces.
— Tu pleures.
Jonah ouvrit la bouche, mais seul un son âpre en sortit. Il secoua la tête, et
s’éclaircit la gorge.
— C’était exactement ce que je voulais, Chiot.
On aurait dit que sa voix semblait avoir été traînée sur du gravier, mais il
réussit à sourire.
— Et je pense que cela confirme combien j’ai aimé ça, dit-il en indiquant son
ventre couvert de sperme.
— Je suis là pour te plaire, sourit Zev en caressant la bouche de Jonah de son
pouce. Plus de parlotte, OK ? Je pense que ta gorge est un peu sensible en ce
moment.
Jonah ferma les yeux et soupira d’un air heureux.
— C’était génial. Heureux d’avoir un homme qui peut livrer la marchandise.
CHAPITRE 27

— Ton père a l’air d’aller beaucoup mieux, n’est-ce pas ? demanda Zev alors
qu’il empruntait les routes sinueuses et familières qui conduisaient au chalet.
— Ouais, c’est vrai. Le médecin traitant m’a dit qu’ils allaient le garder
encore deux jours à cause de l’épuisement et de la déshydratation, pas de
commotion, dit Jonah en passant ses doigts dans ses cheveux. Dès qu’il se
sentira mieux, je vais lui parler. Je ne sais pas ce qu’il lui a pris de se rendre
malade avec ces recherches. Je pense qu’il n’a pas dormi depuis des jours.
Zev tendit la main vers Jonah et serra son bras.
— Je suis sûr qu’il pensait que tu étais malade et qu’il devait trouver un
moyen pour t’aider. Si tu veux mon avis, c’est juste la réaction d’un bon père.
Jonah ne répondit pas, il grommelait doucement.
— Je prends ça pour un oui. En fait, je crois que ce grommellement se traduit
en : « Oh, tu as absolument raison, Zev. Tu es l’homme le plus brillant et le plus
perspicace que je n’ai jamais rencontré. Je te remercie tellement de me bénir de
ton infinie sagesse. »
Un côté de la bouche de Jonah s’incurva.
— C’était censé être une imitation de moi ? Parce que je suis certain que ma
voix ne ressemble pas à celle d’une femme et d’une hyène.
Zev se mit à rire, mais n’eut pas le temps de répliquer, car alors qu’ils
tournaient dans leur allée, ils virent la voiture de Leah Harrison garée sous leur
auvent. Elle se tenait près du véhicule avec le vampire aux longs cheveux noirs
que Zev avait vus la veille, et un petit métamorphe aux cheveux marron qui était
la forme humaine du loup marron qui avait aidé Jonah dans son combat contre
Jimmy et son gang, réalisa rapidement Zev.
— Tu es prêt à rencontrer ta tante, Blondinet ? demanda Zev en se garant près
de la voiture de Leah et en coupant le moteur.
— Ouais, je suis prêt. Pas pour les raisons que j’avais auparavant, parce que je
n’ai plus l’impression de devenir fou maintenant, mais… ouais, je veux la
rencontrer, répondit Jonah puis il se tourna vers Zev. Penses-tu qu’elle sache qui
je suis, Chiot ? Penses-tu qu’elle l’ait toujours su ?
Zev prit un moment pour réfléchir à propos de Leah. Ils n’étaient pas
contemporains, mais il connaissait la femme assez bien. Il avait passé beaucoup
de temps avec Toby dans sa jeunesse, et même plus depuis que ce dernier et Lori
s’étaient marié. Donc, ouais, il connaissait Leah Harrison. Et de ce qu’il en
savait, il l’admirait.
— Oui, je pense qu’elle savait, répondit-il en penchant la tête. Je pense qu’elle
a probablement toujours su.
— Et pourquoi n’a-t-elle jamais rien dit ? Après toutes ces années, elle m’a vu
aux parties de football, de baseball, aux carnavals de rentrée. Pourquoi n’a-t-elle
rien dit ?
La frustration s’entendait clairement dans la voix de Jonah.
— Ce n’est pas une question à laquelle je peux répondre, Blondinet. Mais tu
vas avoir la chance de le découvrir. Allez, sortons de ce pick-up et allons obtenir
quelques réponses.
Zev sortit du véhicule et s’avança vers Leah, remarquant que Jonah se
dirigeait directement vers la porte d’entrée. Il ne savait pas si son compagnon
était nerveux à l’idée de rencontrer une parente du côté maternel ou bien s’il était
en colère que Leah lui ait cachée la vérité durant toutes ces années. Eh bien, dans
tous les cas, il savait que son compagnon avait besoin de quelques instants pour
se ressaisir, et puis la curiosité naturelle de l’homme reviendrait au galop, le
poussant à parler à Leah. Pendant ce temps, Zev inviterait tout le monde à
l’intérieur et leur servirait quelque chose. Cela donnerait à Jonah le temps
nécessaire pour reprendre le contrôle de ses émotions.
— Désolée de vous avoir fait attendre. Nous n’avons pas pensé que vous
viendriez ce matin, et nous devions aller en ville pour voir le père de Jonah.
— Ce n’est rien, Alpha. Je sais que tu ne nous attendais pas et que tu as
probablement beaucoup de choses à faire aujourd’hui, mais j’espère que tu nous
accorderas quelques minutes, dit Leah, la voix tremblant légèrement.
Zev n’avait jamais vu cette femelle puissante ayant l’air effrayé. Leah
Harrison était habituellement une force de la nature, dont il fallait tenir compte.
C’était l’une des choses que Zev avait toujours admirées chez elle et l’une des
grandes raisons pour laquelle il avait toujours soutenu la relation de sa sœur avec
Toby Harrison. Il avait compris qu’un homme qui avait été élevé par Leah
traiterait sa sœur en égal, quelque chose qui n’existait pas chez les autres loups.
Cependant, il espérait vraiment qu’il y aurait du progrès dans cette direction, du
moins dans sa meute.
— C’est toujours un plaisir de te voir, Leah, affirma Zev alors qu’il prenait la
femme dans ses bras. Tu sais que tu es toujours la bienvenue ici.
Quand il releva les yeux, il remarqua que les deux mâles n’avaient pas bougé
de leur place près de la voiture. Ils étaient également restés complètement
silencieux, comme ils l’avaient été durant leur brève rencontre, la veille. En plus,
le vampire était encore une fois dehors alors qu’il faisait jour. Oui, il se tenait
dans l’ombre. Mais l’ombre n’était pas la nuit.
— C’est quoi leur histoire ? demanda Zev à Leah, en hochant la tête vers les
deux mâles.
Leah se figea immédiatement et releva le menton, un éclat déterminé dans ses
yeux.
— Ils sont avec moi. C’est ça leur histoire. Est-ce que cela va poser un
problème, Alpha ?
Zev fut interloqué par ce ton furieux et défensif. Il secoua la tête et parla
lentement, mesurant avec attention chaque parole.
— Ce n’est pas un problème, Leah. Mais je voudrais entrer, peut-être boire et
manger quelque chose. Tes invités ne veulent-ils pas se joindre à nous ?
Leah avait l’air vraiment surprise par sa réponse.
— Ils peuvent entrer chez toi ?
Zev sourit et hocha la tête.
— Bien sûr qu’ils peuvent entrer.
Il se dirigea vers les deux mâles et tendit la main.
— Zev Hassick. Bienvenue dans la meute d’Etzgadol. Je vous suis
reconnaissant pour l’aide que vous nous avez apportée hier. Mon compagnon
était en danger et d’après lui, ça aurait pu être très grave si vous n’étiez pas
intervenus.
À leur expression, les deux hommes semblaient aussi surpris par l’accueil poli
de Zev que Leah. Le petit loup s’avança d’un pas. Il s’éclaircit la gorge, cligna
des yeux pour faire disparaître les larmes qui embuaient ses pupilles noires, et
tendit à son tour la main, serrant celle de Zev.
— C’était un honneur, Alpha. Nous aurions juste voulu être là plus tôt. Je suis
Ethan, et lui, c’est mon âme sœur, Miguel.
Le petit métamorphe semblait retenir son souffle après les présentations. Et le
vampire, Miguel, avait les bras pendant sur ses côtés, et serrait les poings,
comme s’il se préparait à se battre. Entendre que les deux hommes étaient
compagnons était une surprise. Bien sûr, Zev avait senti leur odeur unie, la
veille, et il n’y avait qu’une possible explication à ce phénomène. Très bien,
alors, il y avait un autre métamorphe gay, et celui-là était lié à un vampire qui
pouvait en quelque sorte supporter un peu de luminosité. Les surprises
n’allaient-elles donc jamais s’arrêter ?
— Ravi de vous rencontrer, les gars. Entrons. J’imagine qu’être dehors par
cette lumière est inconfortable pour Miguel, même s’il se tient dans l’ombre.
Ethan déglutit et hocha la tête.
— Oui, merci, Alpha.
Ses yeux semblaient toujours un peu humides, ce que son compagnon avait dû
réaliser, parce qu’il enveloppa immédiatement un bras puissant autour d’Ethan et
caressa son poignet.
— Merci pour votre hospitalité…, hésita Miguel, et Zev se mit presque à rire.
Les vampires étaient si différents des loups et la structure de la meute leur
était complètement étrangère.
Avec tous ses voyages qu’il avait faits dans les grandes villes au fil des ans,
Zev avait rencontré beaucoup de vampires. Au début, il avait fait des efforts pour
trouver la confrérie locale dès qu’il arrivait en ville, cherchant la permission de
rester sur leur territoire pendant quelques jours. Mais il avait bientôt réalisé que
les vampires n’étaient pas comme les loups… ils ne s’appropriaient pas des
terres, n’avaient pas de chef, et n’appelaient certainement personne Alpha. Il
supposait que c’était la raison pour laquelle les paroles de Miguel semblaient
bloquées dans sa gorge.
— Vous pouvez m’appeler Zev, Miguel. Pas besoin de formalités. Allons à
l’intérieur où vous serez plus à l’aise, l’invita Zev en se dirigeant vers la porte
d’entrée. D’ailleurs, comment se fait-il que vous sortiez en plein jour ?
Il ne voulait pas être curieux, mais il ne put s’empêcher de demander,
puisqu’il avait pensé que les vampires et la lumière ne faisaient pas bon ménage.
Miguel le regarda attentivement avant de répondre.
— Je pense que l’explication qui aura le plus de sens pour vous, est que c’est
à cause de mon lien d’accouplement avec Ethan.
Zev hésita. Non, cela n’avait aucun sens. Mais là encore, le lien d’un
métamorphe avec un vampire n’avait pas de sens non plus. En parlant de
compagnons, il était temps de se concentrer sur Jonah, et non de s’interroger sur
le comportement d’un vampire.
Il ouvrit la porte d’entrée et la tint pour les visiteurs, indiquant le salon.
— Allez-y et asseyez-vous. Que voulez-vous boire ?
Leah se leva immédiatement de la chaise qu’elle venait juste d’occuper.
— Oh, je m’occupe des boissons, Alpha.
Zev secoua la tête et lui indiqua de se rasseoir.
— Assieds-toi, s’il te plaît, Leah. Je m’en occupe.
Une fois que tout le monde eut dit ce qu’il voulait boire, Zev se tourna pour
sortir de la pièce et se retrouva à regarder les yeux noirs qui étaient la raison de
tous ses fantasmes. En regardant juste son compagnon, le cœur de Zev battit la
chamade, son souffle devint rapide, et sa queue devint dure.
— Tu es prêt à te joindre à nous, Blondinet ? demanda-t-il calmement, posant
une main autour de la nuque de Jonah et l’autre sur sa taille.
Il caressa doucement la peau de son compagnon alors qu’il parlait. Jonah prit
une profonde inspiration et hocha la tête.
Zev se tourna pour faire face à ses invités, gardant une main sur la taille de
Jonah.
— Jonah, tu te souviens de la mère de Toby, Leah Harrison, déclara Zev en
inclinant la tête vers celle-ci. Et ces deux messieurs sont Ethan et Miguel.
Les deux hommes se levèrent et s’avancèrent vers Jonah, mais quand ils ne
furent qu’à un pas d’eux, Ethan posa sa main sur le bras de Miguel et l’arrêta. Il
regarda Zev, mais garda la tête baissée respectueusement.
— Alpha, pouvons-nous nous approcher de votre compagnon et lui serrer la
main ?
Zev faillit rire en entendant le ton formel d’Ethan. Oui, les métamorphes
pouvaient être arriérés. Il savait que la meute d’Etzgadol était plus progressiste
que d’autres, mais ça faisait plusieurs années qu’un loup n’avait pas eu une telle
dominance sur le corps de son compagnon. Jonah devait être tout aussi surpris
par la requête, mais il géra ça avec son habituel sens de grâce et de savoir-vivre.
— C’est mon compagnon, pas mon putain de gardien ! Maintenant, venez ici
et faites-moi un câlin. Vous m’avez sauvé la vie, les gars. Ne croyez pas que je
ne le sais pas, dit Jonah en réduisant la distance entre eux et en les prenant dans
ses bras. Hé, Zev, amène des chips ou quelque chose, d’accord ? J’ai faim.
Zev sourit et hocha la tête alors qu’il sortait de la pièce.
— Je ne pense pas.
Il semblait à Zev que c’était Ethan qui répondait à la remarque de Jonah.
— Je n’ai jamais vu un loup se transformer aussi vite que toi. Quelque chose
me dit que tu te serais tiré de cette situation sans notre aide.
Un profond sentiment de fierté envahit Zev. Il savait que son compagnon était
un homme fort, mais entendre dire qu’il était également un loup fort lui faisait
plaisir. Jonah était vraiment incroyable.
Zev était encore dans la cuisine quand il reçut un appel du membre de la
meute que Zev avait chargé d’escorter Dirk Keller et les autres mâles de la
meute Miancarem. Il prépara des encas et les déposa sur un plateau avec
plusieurs bouteilles d’eau et des cannettes de soda. Il le posait juste sur la table
basse dans le salon quand la sonnette retentit.
— Leah, je sais que tu voulais nous parler, donc, je m’excuse pour
l’interruption, mais c’est Dirk Keller et ses hommes. Je dois les informer de ce
qui s’est passé la veille.
Il ne pouvait s’empêcher de remarquer le regard déçu de Leah, et il n’en
comprit pas la cause jusqu’à ce qu’il voie qu’Ethan et Miguel s’étaient levés de
leurs places sur le canapé.
— Oh, je n’ai pas voulu dire que vous deviez partir. En fait, j’espérais que
vous alliez rester. Miguel et Ethan étaient là, hier, alors ils pourraient faire part
de certains détails que j’ai manqués. Cela ne devrait pas prendre longtemps ;
puis Dirk reprendra la route, et nous pourrons parler de ce qui vous a amené ici.
— Merci, Alpha, dit Leah. Nous serions heureux de rester.
Zev se dirigea vers la porte d’entrée et l’ouvrit, voyant Connor, un des
membres de sa meute, accompagné de Dirk Keller et cinq autres mâles.
— Merci, Connor, dit-il. J’apprécie que tu aies pris le temps d’attendre Alpha
Keller et ses hommes et de les avoir amenés ici.
— Naturellement, Alpha, dit Connor en hochant la tête. Si vous êtes d’accord,
j’ai quelques courses à faire pour Mary, mais ensuite je reviendrai vous aider si
vous voulez.
La femme de Connor était enceinte de leur seconde paire de jumeaux et elle
était alitée depuis un mois. De ce que Zev avait entendu dire, elle le prenait bien,
mais les choses n’étaient pas faciles avec les autres petits à la maison.
— Bien entendu, Connor. Nous allons nous entretenir pour un moment, j’en
suis certain.
Puis Zev se tourna vers ses visiteurs pour les accueillir. Dirk Keller était plus
vieux que lui de quinze ans, mais l’autre Alpha ne pourrait jamais rivaliser avec
la stature et la force de Zev.
— Dirk, je vous remercie d’être venu, dit-il en lui serrant la main, puis
accueillant les autres membres de la meute de Miancarem.
— Je vous en prie, Zev, déclara Dirk en hochant la tête et allant directement
au but. Maintenant, c’est quoi cette histoire avec les membres de ma meute ?
— Entrez. Asseyez-vous et je vais vous expliquer, répondit Zev.
Dirk et ses hommes suivirent ce dernier au salon, mais ils s’arrêtèrent
brusquement quand ils virent les autres personnes assises là. Zev pivota et fixa
Dirk.
— Asseyez-vous, Dirk, répéta Zev.
Les paroles n’avaient plus le ton d’une requête, c’était un ordre, et Dirk y
répondit en conséquence, ses hommes le suivant.
— Laissez-moi vous présenter…
Incapable de modérer son tempérament ou son anxiété, Dirk l’interrompit.
— Inutile. Je connais tout le monde ici. Je voudrais savoir pourquoi vous
m’avez appelé ici.
Zev réalisa que Dirk ne connaissait pas toutes les personnes présentes dans la
pièce, parce que l’homme n’avait jamais rencontré Jonah. Mais il semblait que le
temps des gentillesses sociales était fini. Zev s’assit à l’extrémité du canapé, près
de Jonah.
— Je vous ai appelé parce que la nuit dernière, quatre membres de votre
meute ont agressé ma sœur enceinte et l’ont kidnappée. Puis ils ont attaqué un
humain, l’ont tellement blessé que nous avons dû l’emmener à l’hôpital. Je ne
doute pas qu’ils auraient pu faire pire, mais ces hommes…
Zev indiqua Jonah, Miguel et Ethan.
—… les ont arrêtés, et à ce moment-là, vos loups ont avoué avoir tué une
femelle enceinte qui faisait partie de votre meute, il y a de cela trente ans.
CHAPITRE 28

Dirk et ses hommes fixaient Zev d’un air stupéfait. Il sourit intérieurement. Ça
t’apprendra à me pousser à parler à ton rythme, connard.
— Je ne… euh… je ne comprends pas. Tuer une femelle enceinte, en
kidnapper et blesser une autre… pourquoi feraient-ils ça ?
Zev remarqua que Dirk ne mentionna pas l’attaque sur un humain.
Apparemment, cette petite information n’était pas aussi importante.
— De ce que nous avons pu reconstituer, ils ont kidnappé Lori, c’est ma sœur,
afin de forcer l’un des membres de ma meute à les aider à cerner Kevin Marvel,
c’est l’humain. Et la raison pour laquelle ils voulaient l’humain, c’est qu’ils
pensaient qu’il allait dire à Leah Harrison qu’ils étaient responsables du meurtre
de sa sœur enceinte, il y a des années. Pour être franc, il me semble que l’un
d’eux, Jimmy Delgato, ait agi seul quand il a tué Joan Smith ; les autres étaient
d’accord pour la kidnapper, et non la tuer. Du moins, c’est ce que les trois autres
nous ont révélé.
La pièce était si silencieuse que le bruit des sauterelles dehors ressemblait à
une ruée de bétails.
— Vous me dites que Jimmy Delgato a tué Joan Smith et son petit à naître ?
demanda Dirk d’un air incrédule.
— Je ne suis pas mort, marmonna Jonah dans sa barbe.
Zev vit Leah se pencher vers son neveu et murmurer quelque chose dans son
oreille.
— C’est l’histoire que nous ont racontée, Chuck Hanson, Harry Ballings, et
Walter Ford. Ils ont avoué avoir été là, mais ils disent qu’ils n’ont pas participé
au meurtre.
— Mais pourquoi Jimmy tuerait-il l’une des nôtres ? Et une femelle enceinte
par-dessus tout… cela n’a aucun sens, marmonna Dirk, choqué.
Zev inspira profondément. Il supposait que dire que Jimmy – et les trois autres
métamorphes, aussi, d’ailleurs – étaient des connards haineux à l’esprit étroit
n’était pas une réponse utile.
— Selon eux, ils l’avaient fait parce que Joan Smith vivait avec l’humain
qu’ils ont attaqué, hier. Ils ne voulaient pas qu’une femelle louve ait une relation
avec lui, alors ils se sont introduits dans la maison de Joan Smith et ont agressé
son compagnon. Ils avaient l’intention de faire revenir la femelle de force dans la
meute. Quand Jimmy Delgato a vu qu’elle était enceinte de l’enfant de l’humain,
il s’est transformé en loup, l’a pourchassé à travers la maison et l’a mise en
pièces, raconta Zev, son ton calme et égal.
Les faits étaient assez horribles ; il n’y avait nul besoin de rendre la situation
plus dramatique.
Dirk secoua la tête.
— Je ne comprends toujours pas pourquoi ils feraient une chose pareille et
comment ils ont pu cacher ça pendant toutes ces années.
— Je pense que la réponse aux deux questions est exactement la même !
s’exclama Leah Harrison, sa voix pleine de rage.
Elle s’était mise debout et ses mains étaient posées sur ses hanches, une pose
que Zev se rappelait de son enfance. Cela l’avait effrayé quand il jouait à la balle
dans sa maison ou quand il prenait un cookie dans le bocal et les années qui
l’avaient rendu plus grand et plus fort n’avaient pas changé sa réaction.
Dirk lança un regard noir à Leah, n’étant clairement pas heureux que la
femelle ait osé lui parler sur ce ton. Ou peut-être qu’il n’était pas heureux que la
femelle lui ait parlé seulement.
— Leah, explique-nous, s’il te plaît, ce que tu veux dire, demanda Zev
doucement.
— La raison pour laquelle ils ont tué ma sœur est qu’ils ont peur de tout ce qui
est différent. Et la raison pour laquelle ils ont pu le cacher pendant trente ans est
la même.
Chaque homme dans la meute de Miancarem grogna quand ils entendirent les
paroles de Leah, mais elle continua, sans se laisser décourager.
— Oui, ils avaient peur. Vous m’avez bien entendu. Jimmy Delgato et ces
idiots n’étaient pas les seuls qui étaient contre la relation de Joan et de son
humain. Ils étaient juste les premiers à essayer de l’arrêter avec autre chose que
des paroles. Et quand des témoins se sont manifestés à propos du meurtre et que
nous avons essayé d’en parler à l’Alpha de la meute, il les a traités de menteurs
et a refusé de les entendre.
C’était la première fois que Zev entendait parler de témoins. Il fronça les
sourcils d’inquiétude et regarda Leah, espérant qu’elle puisse en dire davantage.
Elle jeta un coup d’œil à Miguel et Ethan. Les hommes se regardèrent, leurs
mains fermement serrées l’une dans l’autre, et Zev fut certain qu’ils
communiquaient à travers leur lien d’accouplement. Après quelques secondes,
ils retournèrent leur attention vers Leah et hochèrent la tête. Elle regarda Zev et
continua à parler, sa voix plus calme ou peut-être juste triste.
— Joan m’a appelé juste avant de mourir. Elle était hystérique, elle criait,
disant qu’elle s’était enfermée dans sa chambre parce que des métamorphes
s’étaient introduits dans sa maison et qu’ils avaient fait du mal à Kevin. Elle ne
vivait pas sur les terres de la meute, naturellement, alors je n’avais aucun moyen
de me rendre là-bas à temps pour l’aider. Mais nos proches étaient en visite et ils
restaient toujours en ville, parce qu’ils n’étaient pas autorisés sur les terres de la
meute non plus.
Sa voix devint plus profonde, les lèvres serrées alors qu’elle parlait.
— Alors, j’ai appelé Ethan et Miguel et je leur ai demandé d’aller aider Joan.
Ils sont arrivés juste au moment où les loups partaient. Ils ont vu leur pick-up et
Ethan aurait pu les identifier par leurs odeurs, si on lui en avait donné la chance.
Mais l’Alpha à ce moment-là a refusé de les voir, a refusé d’entendre leur
témoignage, même après que je l’ai supplié. Il nous avait dit qu’il ne se
rabaisserait pas à croire un suceur de sang et une abomination.
Quand Leah eut fini de parler, elle tremblait. Jonah la fit asseoir sur le canapé
et enveloppa ses minces épaules d’un bras. Compte tenu de tout ce qu’il se
passait, Zev décida que ce n’était pas le moment de demander comment il était
possible pour Ethan d’avoir été témoin d’un meurtre qui était arrivé trente ans
plus tôt. Miguel était un vampire, donc deviner son âge était impossible. Mais
Ethan était un loup et il semblait avoir le même âge que Zev et Jonah. Alors, à
moins qu’il ait été témoin du meurtre dans le ventre de sa mère ou dans une
poussette, quelque chose clochait.
Dirk épargna à peine un regard en direction d’Ethan et de Miguel avant qu’il
ne fixe Zev et réponde aux accusations de Leah.
— Je pense que nous pouvons tous comprendre la réaction de mon
prédécesseur. Un Alpha ne peut se permettre d’être influencé par… euh… ce
genre de personnes.
Zev remarqua Ethan s’effondrant sur le canapé et Miguel enveloppant ses bras
autour de son compagnon tremblant. Il se demanda combien de fois le petit loup
avait entendu ce genre d’animosité de la part des siens. L’envie d’appartenir à
une meute était si enracinée dans chaque loup que ce rejet devait être
extrêmement douloureux.
— Vous savez quoi, Dirk ? Vous n’avez pas arrêté de nous dire que vous ne
comprenez pas pourquoi les membres de votre meute feraient une chose pareille.
Je pense que Leah a parfaitement raison dans son constat. Ce genre de personnes
sont juste des personnes, ni mieux, ni pire que vous et moi. Et si vous continuez
à traiter les gens différents de vous comme s’ils étaient inférieurs, alors votre
meute vous suivra et fera de même.
Zev s’interrompit un moment afin que ses paroles soient assimilées.
— Je pense que nous avons eu un exemple horrible de ce qui peut se passer si
ce genre de haine persiste. Cela a poussé quatre de vos hommes à tuer une
femelle enceinte. C’est ce que vous voulez vraiment pour votre meute ? Une vie
pleine de colère, de haine et de violence ? Ne pensez-vous pas qu’elle mérite
mieux ?


Il était impossible de savoir si Dirk avait pris à cœur les paroles de Zev. Plus
rien ne fut dit après cela. Le vieil Alpha rejoignit Zev dans son bureau, où ils
appelèrent le président du conseil inter-meutes et l’informèrent de ce qu’il s’était
passé. Ils convinrent tous que Dirk prenne en charge les hommes responsables de
cette violence inhabituelle et les garde prisonniers jusqu’à ce que le conseil inter-
meutes puisse se réunir et décider de leur sort.
Connor, le loup qui avait amené l’Alpha de Miancarem et ses hommes au
chalet de Zev, retourna pendant que ce dernier et Dirk étaient au téléphone,
s’étant apparemment arrangé pour que sa femme alitée ait tout ce dont elle avait
besoin. Il escorta ensuite Dirk et ses hommes à l’endroit où les membres de sa
meute étaient détenus. Après leur départ, l’atmosphère s’allégea quelque peu
dans la maison.
Zev revint dans le salon et s’effondra dans le canapé à côté de son
compagnon. Il posa sa tête sur l’épaule de Jonah et sa main sur la cuisse de
celui-ci.
— Eh bien, c’était une sacrée fête. Qu’as-tu encore prévu pour ce soir, Chiot ?
Une éviscération ? Peut-être un canal radiculaire ? plaisanta Jonah avec un rire.
Zev ne put retenir son sourire. Il ne cesserait jamais d’être étonné par la
capacité de Jonah à le faire se sentir heureux, peu importe les circonstances. Et il
ne cesserait jamais d’être reconnaissant d’avoir cet homme dans sa vie. Il se
sentait vraiment comme le loup le plus chanceux pour avoir été béni avec Jonah
comme compagnon.
— Vous savez, aussi étrange que ça puisse sembler, je pense que ça s’est
plutôt bien passé, dit Leah d’une voix fatiguée, mais plus joviale qu’un peu plus
tôt. Les autres Alphas ne sont pas comme toi, Zev. Ils ne sont pas comme ton
père. Alors, les autres meutes ne sont pas aussi ouvertes et tolérantes que la
nôtre. Tu serais surpris de voir qu’il y a encore beaucoup d’animosité envers les
humains et les vampires, et eh bien, n’importe qui n’étant pas un métamorphe
normal. Je pense que Dirk Keller est parti aujourd’hui en réalisant qu’il a
beaucoup de choses auxquelles réfléchir. Et j’espère que le même message
parviendra aux autres meutes une fois qu’elles auront entendu l’histoire de ma
sœur.
Leah renifla et essuya les larmes qui tombaient librement sur ses joues.
— Ce serait son ultime héritage… forcer ces vieux dinosaures à ouvrir leurs
maudits esprits et à arrêter leurs attitudes haineuses. Joan aurait aimé ça.
Tout le monde fut silencieux pendant un moment après ça, chacun perdu dans
ses pensées. Finalement, Jonah rompit le silence.
— Leah, vous m’avez dit un peu plus tôt que vous me raconteriez ce qui était
arrivé après que Jimmy Delgato ait tué ma mère. Je voudrais savoir, si vous êtes
prête à me parler.
Donc, c’était ce que Leah avait murmuré à Jonah pendant qu’ils parlaient avec
Dirk. Zev était également curieux à propos de ce qui s’était passé ce jour-là. Il
voulait savoir comment Jonah avait pu survivre dans l’utérus quand, de toute
évidence, le corps entier de sa mère avait été sauvagement attaqué et mis en
pièces. Et surtout comment Jonah avait vécu sans avoir de chromosomes de
métamorphes de sa mère et de son père.
— Je pense que maintenant, nous allons donner la parole à Ethan et Miguel,
répondit Leah. Ils étaient là et ils attendent depuis longtemps le bon moment
pour te rencontrer et te raconter ce qu’il s’est passé.
Jonah se tourna vers Miguel et regarda le bel homme attentivement.
— Tu m’es familier, tu sais ? Comme si je t’avais vu quelque part.
Il se mordit la lèvre et regarda Ethan.
— Au fait, toi aussi. Nous sommes-nous déjà rencontrés ?
Ethan secoua la tête.
— Non, nous ne sommes pas rencontrés. Mais Miguel et moi avons gardé un
œil sur toi depuis que tu es parti d’Etzgadol. Je suis sûr que tu nous as vus une
ou deux fois au fil des ans.
Jonah haussa un sourcil.
— Garder un œil sur moi ? Pourquoi ? Avez-vous eu peur que Jimmy et ses
gars puissent me trouver ou quelque chose comme ça ? Je sais que mon père
était terrifié que cela arrive. Je dois toujours trouver la manière de lui dire que
les hommes qui ont attaqué ma mère ont été attrapés sans être jugés.
Jonah secoua la tête pour s’éclaircir l’esprit.
— Désolé, une chose à la fois. Alors, que s’est-il passé quand vous êtes
arrivés à la maison de mes parents, ce jour-là ?
Ethan prit une profonde inspiration, semblant rassembler son courage puis il
commença à parler.
— Ta mère était déjà morte. Il n’y avait rien que nous puissions faire. En fait,
nous ne pensions pas que nous serions capables de te sauver non plus. Quand
Jimmy l’a mordu et griffé et… euh… bref, son estomac avait été découpé, et tu
étais là, mais tu étais bien amoché. Tu avais de grandes déchirures sur ton ventre
et tu avais perdu beaucoup de sang.
Ethan secoua la tête, apparemment trop bouleversé pour continuer, alors
Miguel continua.
— Mais nous devions essayer. Tu respirais un peu. Pas beaucoup, mais assez
pour ne pas perdre espoir. Nous avions apporté notre sacoche de secours avec
nous, car nous ne savions pas ce que nous allions découvrir. Alors, nous avons
trouvé une veine et avons commencé à y pomper du sang pendant que nous
guérissions tes déchirures.
— Tu me dis que vous m’avez fait une transfusion de sang sur place ? Où
avez-vous eu le sang ? Et comment avez-vous appris à le faire ? Est-ce que l’un
d’entre vous est un médecin ? Oh, et comment avez-vous réussi à recoudre ce
qui me semble être de sérieuses blessures sans laisser aucune cicatrice ? Parce
que je peux vous garantir que mon ventre n’a aucune trace d’un quelconque
traumatisme.
Jonah lança les questions, l’une après l’autre, sans s’arrêter pour respirer.
— C’était mon sang, dit Ethan. Je ne suis pas un médecin, mais j’ai beaucoup
d’expériences avec les transfusions. Quand les vampires deviennent vraiment
malades, ils ont parfois du mal à se nourrir et quand ça arrive à Miguel, je dois
lui transfuser du sang aussi vite que possible pour l’aider à guérir. Lui donner
une veine est le meilleur moyen pour moi de le nourrir de mon sang dans ces
circonstances.
La liste de questions de Zev continuait à s’agrandir. De tout ce qu’il avait
entendu, le sang d’un métamorphe était toxique pour les vampires. Mais s’il
entrait dans la physiologie vampirique à ce point, la conversation serait
complètement déviée, donc Zev resta silencieux et laissa Jonah diriger la
conversation.
— Et les cicatrices ? Ou plutôt le manque de cicatrices ? demanda Jonah.
— C’était Miguel, répondit Ethan. Les vampires ont une propriété particulière
dans leur salive, qui ferme les blessures sans laisser de marques. Ils l’utilisent
quand ils se nourrissent. Nous ne savions pas si cela allait marcher sur des
dommages aussi importants, mais cela a marché. Il fermait les blessures et je
pompais du sang. Ça a fonctionné. Nous ne pouvions pas le croire, mais cela
avait marché
Bien qu’ils soient assis l’un à côté de l’autre, pressés ensemble, Zev avait la
sensation que Jonah était bien trop loin. Entendre dire à quel point il avait été
près de perdre la personne qui signifiait tout pour lui, qui le complétait, était
terrifiant. Il enroula son bras autour de la silhouette musclée de Jonah et l’attira
sur ses genoux. Jonah ne résista pas ni ne se plaignit. Il se colla juste à Zev et
blottit son visage dans son cou.















CHAPITRE 29

— Ça explique bien des choses, dit Zev, après qu’ils soient restés silencieux
pendant de nombreuses minutes, et qu’il ait réfléchi à l’explication d’Ethan sur
ce qui s’était passé le jour où Jonah était né.
Celui-ci releva la tête et le regarda attentivement.
— Comment ? Je veux dire, ouais, nous savons pourquoi je ne suis pas mort
quand ma mère a été attaquée, mais le reste…
Jonah enfouit son visage dans le cou de Zev.
— Nous n’avons pas vraiment d’explication sur ma survie, marmonna-t-il.
— Tu sais que tu as les yeux d’un noir corbeau comme Ethan, répondit Zev. Je
suppose que les ressemblances ne sont pas juste externes. Apparemment, ils ont
remplacé tout ton sang avec celui d’Ethan quand tu es né. Peut-être que cela t’a
donné assez de gênes de métamorphe mâle, ce qui pourrait expliquer comment
un bébé né d’une union inter-espèces a pu survivre.
Zev caressa le visage de son compagnon.
— Tu n’es pas à moitié métamorphe. Le pourcentage est plus haut. Tu as la
moitié de ta mère et le sang d’Ethan t’a transformé en un loup à part entière.
Ethan et Miguel hochèrent la tête.
— Nous avons pensé la même chose. Au début, nous étions juste heureux que
tu sois vivant, Jonah. Nous t’avons confié à ton père et nous l’avons aidé à
disparaître. Mais ensuite, nous avons commencé à nous inquiéter de savoir si tu
étais un métamorphe ou un humain. Nous t’avons envoyé avec un père humain.
Qu’aurait fait ce dernier si son fils s’était soudain transformé en loup ? Alors,
Leah a gardé un œil sur toi, et nous avons tous pensé que tout se passerait bien.
Tu avais l’odeur d’un humain, et tu ne t’étais jamais transformé. Nous avons
pensé que ton côté humain était si fort qu’il avait pris le contrôle du loup en
quelque sorte.
Jonah secoua la tête.
— Non, le loup était là. Je n’avais pas réalisé ce que c’était. J’avais juste
l’impression de devenir fou, comme si je tombais en miettes. D’après ce que Zev
m’a expliqué durant ces derniers jours, je pense que je passais par la même
expérience que les métamorphes femelles vivent si elles ne se lient pas et que
leur louve ne peut pas sortir.
— C’est parce que se lier n’a rien à voir avec le fait que des mâles et des
femelles s’unissent, dit Miguel.
Zev ricana. Que savait un vampire sur la manière dont les loups se liaient ? Le
lien entre les mâles et les femelles était la base de leur communauté. La culture
vampirique était complètement différente. Ils n’avaient pas d’engagement envers
une meute, ou même les uns envers les autres. Avec les vampires, c’était chacun
pour soi. Ils se nourrissaient, avaient des relations sexuelles, sans se soucier de
qui partageait leurs lits, mâle ou femelle, humain ou non.
— Écoute ce qu’il a à dire, Zev, dit Jonah en fronçant les sourcils, lui faisant
réaliser qu’il avait projeté son incrédulité sur toute la pièce. Au cas où tu l’aurais
oublié, le compagnon de Miguel est un loup. Son compagnon mâle. Il me semble
que Miguel et Ethan ont sûrement découvert quelques petites choses, et nous
devons garder l’esprit ouvert.
Eh bien, il était peut-être différent des autres Alphas, mais Zev eut honte de
réaliser qu’il avait toujours quelques préjugés. Après tout, Miguel avait sauvé la
vie de Jonah et il avait gardé un œil sur son compagnon pendant des années. En
plus, le vampire était lié à un loup. D’accord, donc, peut-être que Miguel avait
un engagement envers autre chose que lui-même. Et peut-être qu’il avait une
idée sur le lien d’accouplement.
— Je suis désolé, Miguel. J’ai agi comme un con. S’il te plaît, explique-nous
ce que tu as voulu dire par le lien n’ayant aucun rapport avec l’union d’un mâle
et d’une femelle.
Ethan eut un large sourire, et Miguel adressa à Zev un hochement de tête, le
remerciant silencieusement.
— Je ne pense pas que ce soit en rapport avec les mâles et les femelles. Je
pense que se lier est en rapport avec le loup et l’humain. Les loups pensent qu’un
mâle doit se lier avec une femelle pour garder leur forme humaine, n’est-ce pas ?
Eh bien, même avec le sang d’Ethan coulant dans ses veines, Jonah est plus
humain que les autres mâles. Donc, son loup était une partie de lui, mais il était
piégé à l’intérieur. C’est la même chose qui arrive aux femelles, mais ce n’est
pas parce qu’elles sont femelles, c’est parce que leur côté humain est plus fort
que leur louve.
Jonah hocha furieusement la tête, les yeux brillants. Zev pouvait voir la joie
de son compagnon quand il résolvait un puzzle. C’était ce qui faisait de lui un si
bon étudiant.
— Je pense qu’il a raison, Zev. Ton loup est plus fort que ton humain, alors
que tu avais besoin d’accéder à plus d’humanité pour préserver la tienne. Et je
suis plus humain que les autres métamorphes, alors mon loup ne pouvait pas
émerger seul. Il était piégé en moi et il avait besoin de ton loup fort pour le
réveiller. Je pense que c’est la raison pour laquelle nous avons été si malades
quand nous étions loin l’un de l’autre et pourquoi nous nous sommes sentis
mieux après que nous…
Jonah jeta un coup d’œil à Leah et grimaça.
— Je pense que le mot que tu cherches est « baiser », mon cher, dit calmement
Leah.
Jonah s’étouffa presque avec sa langue.
— J’allais dire « avons eu des relations sexuelles », mais merci.
Il se mit à rire et se retourna vers Zev.
— Tu sais que je ne peux pas me transformer seul, mais ton loup est assez fort
pour attirer le mien. Je pense que la raison pour laquelle je ne peux pas le faire
seul, c’est parce que je suis plus humain qu’autre chose. Mais cela marche parce
que c’est exactement ce dont tu as besoin ; quelqu’un qui a un côté humain assez
fort pour préserver le tien et t’empêcher de devenir un loup à plein temps. Donc,
tu vois, Miguel a raison, ça n’a aucun rapport avec le fait d’être mâle ou femelle,
il s’agit de se lier avec une personne qui te donnera ce dont tu auras besoin et
inspirera tes deux côtés… humain et loup. C’est parfaitement cohérent.
Zev regarda Jonah, impressionné par la capacité de son compagnon à déduire
des conclusions logiques à partir d’informations complètement confuses.
— J’ai mal au crâne, grogna Zev.
Jonah lui tapota la tête.
— Bien sûr qu’il te fait mal. C’est un petit organe triste qui n’a pas l’habitude
de réfléchir aussi profondément. Mais ne t’inquiète pas, Chiot, je suis bien
conscient de tes faiblesses mentales et je ne suis pas avec toi pour ton esprit.
Jonah déshabilla exagérément Zev du regard et laissa traîner ses yeux le long
de son corps.
— Je suis avec toi parce que ton organe essentiel est profondément
satisfaisant.
Leah Harrison s’éclaircit la gorge et se leva du canapé. Son visage était
clairement rouge.
— Je suppose que je ne peux que me blâmer pour cette dernière remarque. Je
t’ai influencé. Revenons au temps où tu surveillais ce que tu disais devant moi,
mon cher. Je pense que nous serions plus à l’aise ainsi.
Elle se tourna ensuite vers les deux mâles.
— Miguel, Ethan, êtes-vous prêts à partir ? Je pense que Jonah a besoin d’un
peu d’intimité avec son compagnon.


La maison se vida en quelques secondes, laissant Zev et Jonah seuls pour la
première fois depuis que cette journée avait commencé. Jonah n’avait pas fini de
verrouiller la porte d’entrée que Zev l’acculait déjà par derrière, enveloppant son
large corps musclé sur le dos de Jonah pendant que ses doigts remarquablement
agiles ouvraient les boutons de sa chemise. Quand il eut terminé, Zev la déchira
et fit pivoter Jonah, couvrant sa bouche de la sienne dans un violent baiser.
Jonah serra les bras de Zev et s’y accrocha, complètement souple et laissant
l’Alpha diriger leur étreinte. Un profond grognement sortit du torse de l’Alpha et
celui-ci mordilla les lèvres de Jonah alors que ses mains caressaient la peau
douce et ferme de son compagnon. Il enfonça sa langue entre les lèvres de Jonah
et pilla sa bouche.
— Si sexy, grogna-t-il contre la mâchoire de son amant alors qu’il léchait et
suçait, descendant le long de son cou.
Il ne fallut pas longtemps à Zev pour défaire le pantalon de Jonah et le
descendre le long de ses cuisses, le laissant tomber sur le sol, serré autour de ses
chevilles, coincé sur ses chaussures. Avec un autre grognement, Zev embrassa
profondément Jonah et l’attira vers le sol. Il appuya sur la poitrine de ce dernier
jusqu’à ce qu’il soit allongé sur le dos, avec Zev le retenant par les épaules.
Toute cette peau dorée était irrésistible pour Zev et il ne pouvait s’empêcher
de l’explorer avec ses lèvres, sa langue, ses dents, laissant des traces sur son
chemin. Il lécha un téton rose jusqu’à ce qu’il durcisse et devienne un petit
bouton dur. Puis il déplaça sa bouche vers l’autre téton et lui fit subir le même
traitement, se délectant des gémissements heureux qui lui parvenaient de son
compagnon.
— Reste comme ça, murmura-t-il dans sa bouche.
Quand celui-ci hocha la tête et geignit, Zev sourit intérieurement, fier qu’il
puisse le troubler si facilement. Il descendit le long du corps de son compagnon,
reniflant, léchant, goûtant, jusqu’à ce que sa queue dure et humide tapote son
menton. Une légère inclinaison de la tête de Zev fut assez pour enfoncer son
érection dans sa bouche.
— Zev ! Ah, c’est trop bon.
C’était bon pour Zev aussi. Il aimait sucer le membre de Jonah, aimait quand
il étirait sa bouche, aimait la manière dont il glissait sur sa langue, aimait son
goût. Il gémit et fit descendre sa tête de haut en bas alors qu’il suçait plus fort. Il
garda une main sur la poitrine de Jonah, s’assurant que ces tétons soient
constamment stimulés, les frottant et pinçant. Son autre main était occupée avec
ses boules lourdes. Il les fit rouler dans sa paume et tira doucement dessus.
— Je ne peux pas…
Jonah s’interrompit en fermant les yeux et en déglutissant difficilement.
— C’est si bon, Zev. Je veux jouir avec toi à l’intérieur de moi, et je ne
pourrai pas me retenir si tu continues.
Zev enfonça une dernière fois la queue de Jonah dans sa bouche et garda ses
lèvres étroitement serrées alors qu’il remontait. Quand il arriva au gland, il
l’aspira et se retira enfin avec un pop. Les hanches de Jonah s’envolèrent
presque.
— Chiot ! Trop bon.
Le corps entier de l’homme tremblait.
— Ça va devenir mieux, ronronna Zev d’une voix profonde de désir.
Il se mit debout et releva les jambes de Jonah pour les poser sur ses cuisses.
Puis il délaça ses chaussures et retira le jean et à présent, il surplombait son
compagnon nu. Les jambes de Jonah étaient écartées largement et reposaient
contre Zev, laissant son entrée exposée.
Avec un seul bras tenant les chevilles de Jonah en place, Zev déboutonna son
propre pantalon de son autre main et sortit sa queue dure. Il cracha dans sa main
et frotta la salive sur son membre, espérant que cela suffirait.
— Tu veux que j’aille chercher le lubrifiant, Blondinet, ou peux-tu me prendre
comme ça ?
Jonah secoua la tête et releva son cul afin que ses chevilles reposent sur les
épaules de Zev. Il enfouit deux doigts dans sa bouche, les humidifia, puis les
retira pour les enfoncer dans son corps. Ses yeux étaient emplis d’une passion
sauvage.
— Ne t’arrête pas. J’ai besoin de toi, maintenant.
Zev comprenait ce sentiment. Il avait besoin de son compagnon tout autant.
Ses mains attrapant les genoux de Jonah, Zev se pencha vers lui jusqu’à ce qu’il
soit courbé au-dessus de lui. Les jambes largement écartées, les mollets appuyés
sur les épaules de Zev, Jonah avait l’air complètement débauché, et cela l’excita
encore plus.
— Enfonce-la, Blondinet.
La voix de Zev était basse et rauque, et il avait parlé à travers ses dents
serrées, le besoin de déverser sa semence dans ce corps enthousiaste sous lui
l’amenant presque à la folie.
Jonah retira ses doigts de son corps, enveloppa une main tremblante autour de
l’érection de Zev et la guida vers son entrée. Les deux hommes gémirent quand
l’Alpha s’enfonça à travers le muscle serré, et dans la chaleur de son canal. Il se
retira lentement, puis bougea les hanches et enfonça son membre à nouveau,
frottant la prostate à chaque fois.
— C’est bon, Blondinet ? haleta Zev.
— Bon sang, ouais, gémit Jonah en se tortillant et se resserrant autour de lui,
et cette étroitesse enveloppant le membre de Zev le fit presque jouir.
— Oh, merde. Tu es si serré. J’aime ça, susurra l’Alpha en tournant sa tête et
en embrassant le mollet de Jonah.
Ce dernier se contenta de hocher la tête et de gémir, les paroles lui échappant.
Les quadriceps et scapulaires de Zev tremblèrent sous l’intense effort, mais il
n’aurait pas pu s’arrêter si sa vie en dépendait. Il laboura ce canal brûlant,
glissant toujours son membre sur son point sensible encore et encore, se
délectant du plaisir de son compagnon et de l’expression béate sur ce beau
visage.
— Là, là, là, scanda Jonah, prenant son propre membre dans sa main et
caressant au même rythme que les coups de reins de Zev. Oh, merde ! Je viens !
Du sperme sortit de la queue de Jonah, couvrant sa poitrine et son cou. Zev se
tenait au-dessus de son compagnon, grognant alors qu’il emplissait son canal
serré d’une chaleur humide. Les deux hommes tremblèrent et haletèrent.
— Le tien, grogna la voix tremblante de Jonah. Je t’appartiens.
Zev abaissa les jambes de son compagnon et les enveloppa autour de sa taille.
Il tomba sur ses genoux et couvrit le corps de son compagnon du sien.
— Oui, tu l’es. Et je t’appartiens aussi.


FIN















À PROPOS DE L’AUTEUR


Cardeno C. – CC pour ses amis – est une incorrigible romantique qui désire
ajouter beaucoup de joie et quelques ahhh ! dans la journée d’un lecteur. Écrire
lui permet de faire une pause agréable dans sa vie réelle en entreprise et dans son
travail de bénévole avec des organisations pour les droits des homosexuels. Les
histoires de Cardeno varient sur une échelle allant de douces à intenses, de
contemporaines à paranormales, de longues à courtes, mais elles incluent
toujours des relations solides et des promenades sous le soleil couchant avec un
bonheur éternel.
Les séries Home, Family et Mates de Cardeno ont reçu des prix de la
part de Love Romance et de More Golden Roses, de Rainbow Awards, du
groupe de romance M/M de Goodreads, et de plusieurs critiques. Mais les
réactions sincères des lecteurs sont encore plus spéciales pour CC, comme :
‘Vous apportez la joie et l’amour pour qu’ils fassent partie du quotidien.’

Email : cardenoc@gmail.com
Site Web : www.cardenoc.com

Twitter : @CardenoC
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Blog : http://caferisque.blogspot.com/






PROCHAINEMENT…

TOME 2

À
Jamais

Un métamorphe loup sensible et un vampire brutal défient les traditions, la
cupidité, et les profondeurs de leurs êtres afin de rester ensemble à jamais.
Tourmenté par la douleur et la faiblesse pendant toute sa vie, Ethan Abbatt est
un loup qui ne peut pas se transformer. Espérant trouver une mort honorable en
se joignant à une attaque contre des vampires avec ses compagnons de meute,
Ethan apprend deux choses à la place : que le fait de se vider de son sang le
soulage de sa souffrance et libère son loup, et qu’il a une âme sœur… un
vampire nommé Miguel.
Âgé de quatre cents ans, fort, puissant et brutal, Miguel Rodriguez traverse la
vie comme une ombre, sans bonheur ni affection. Quand un jeune métamorphe
annonce à Miguel qu’ils sont âmes sœurs, destinées l’un à l’autre, celui-ci le
repousse. Mais Ethan est obstiné, et être avec lui est si naturel que le vampire ne
pourra pas résister bien longtemps. Leur défi est de rester en vie afin qu’ils
puissent être ensemble à jamais.

DÉJÀ PARUS


Une Preuve de Courage

Après une aventure d’un soir qui se transforme en amour potentiel, le sage
Spencer réalise qu’il a envie de partager sa vie avec le flamboyant Emilio.
Lorsqu’Emilio Sanchez, vingt-deux ans, voit passer le beau et timide
professeur Spencer Derdinger, près du chantier sur lequel il travaille, il se met en
tête de le séduire. L’attirer dans son lit se révèle plutôt facile, mais Emilio
découvre rapidement que gagner la confiance de cet homme profondément
blessé lui demandera du temps et de la patience. Mais le gentil et intelligent
Spencer est une récompense qui en vaut la peine. Emilio possède assez de
courage pour relever le défi.
Spencer n’en revient pas lorsque l’ouvrier canon qu’il admire depuis la
fenêtre de son bureau l’aborde. Cédant à la spontanéité pour la première fois en
trente-huit ans, Spencer invite Emilio à passer la nuit chez lui. Leur aventure
d’un soir se transforme rapidement en amour potentiel et Spencer se rend compte
que s’il veut partager sa vie avec Emilio, il va devoir faire preuve de courage
afin d’anéantir ses démons intérieurs et apprendre à refaire confiance.












La Moitié de Nous

L’irascible Jason parviendra-t-il à ouvrir son cœur à l’optimiste Abe ? S’il
le laisse entrer dans sa vie, il pourra enfin avoir la famille qu’il désire tant.
Soupe au lait et arrogant, le chirurgien cardiaque Jason Garcia a grandi avec
l’envie d’avoir un jour une famille soudée mais il croit avoir brisé ce rêve en
détruisant son mariage. L’avantage d’être divorcé, c’est de pouvoir coucher avec
n’importe qui quand il veut et c’est un avantage dont Jason profite largement. Un
soir, il rencontre un homme adorable et timide dans un bar et le persuade de
passer la nuit chez lui pour une partie de jambe en l’air sans prise de têtes.
Cela fait huit ans qu’Abe Green vit à Las Vegas et pourtant, son optimisme,
son sérieux et son désir de trouver « le bon » n’ont pas faibli. Lorsqu’un homme
sexy au regard empreint de solitude lui propose de le suivre chez lui, Abe décide
de s’offrir un cadeau d’anniversaire : passer une nuit à s’amuser sans se soucier
de l’avenir. Mais « une » nuit en devient deux, puis trois, et Abe se rend compte
qu’il a développé des sentiments pour Jason.
Pour la première fois, Abe se sent assez en sécurité aux côtés d’une
personne qu’il respecte pour prendre son pied au lit et outrepasser ses
inhibitions. Si Jason parvient à dépasser les siennes, à ouvrir son cœur à Abe et à
le laisser entrer dans sa vie, il pourra enfin avoir la famille qu’il désire tant.

Plus Que Tout


Même si le temps ne guérit pas toutes les blessures, Charlie va rapidement
se rendre compte qu’avec deux hommes motivés et déterminés à le reconquérir,
il parviendra à trouver le bonheur d’une manière inattendue...
Adolescent, Charlie « Chase » Rhodes tombe follement amoureux de Scott
Boone, son voisin populaire et athlétique. Charlie croit rêver quand Scott lui
révèle que ses sentiments sont réciproques. Mais tous ses espoirs se brisent
lorsque Scott déménage du jour au lendemain.
Des années plus tard, Charlie rencontre Adan Navarro, un homme
impétueux et confiant qui lui assure ne rien vouloir d’autre qu’un coup d’un soir.
Pourtant, huit mois plus tard, Charlie se rend compte qu’il aime Adan et il est
convaincu que ce dernier ressent la même chose envers lui. Mais quand
l’occasion se présente de lui dévoiler ses sentiments, Adan prend la fuite.
Le temps passe et la vie suit son cours, mais le jour où Charlie apprend que
les deux seuls hommes qu'il ait jamais aimés sont maintenant amoureux l’un de
l’autre, son cœur se brise de nouveau. Scott et Adan lui demandent une seconde
chance, mais Charlie ne sait pas s'il peut faire confiance à deux personnes qui
l'ont blessé si profondément. Même si le temps ne guérit pas toutes les blessures,
Charlie va rapidement se rendre compte qu’avec deux hommes motivés et
déterminés à le reconquérir, il parviendra à trouver le bonheur d’une manière
inattendue...

Rivière Rouge

Deux shifters Alphas s’unissent pour diriger leur meute et fonder une
famille.
Malgré son dévouement, sa loyauté et sa force, la meute de naissance de
Wesley Stone n’accepte pas qu’un Alpha ait un défaut physique, même s’il ne
s’agit que d’une marque insignifiante. Désirant préserver la sécurité de sa meute
plus que son propre bien-être, Wesley lègue sa place à un autre Alpha et accepte
de s’unir à un étranger issu d’une meute mystérieuse et isolée.
Les Alphas de la famille de Jobe Root dirigent la meute de la Rivière Rouge
depuis que les premiers shifters sont apparus sur Terre. Le moment est venu pour
Jobe d’accomplir sa destinée mais pour cela, il lui faut un compagnon à ses
côtés. Spirituel et décontracté, Jobe vénère Mère Nature et a confiance en son
destin. Pourtant, il appréhende la réaction de son compagnon lorsque celui-ci
commencera sa vie à Rivière Rouge, sa nouvelle vie avec Jobe.
Deux Alphas aux personnalités diamétralement opposées, à l’éducation
différente et aux croyances discordantes s’unissent pour le bien de leurs meutes.
Mais s’ils veulent rester ensemble, Wesley et Jobe devront voir au-delà des
apparences et accepter toutes les facettes d’eux-mêmes et de leur union.

La Maison De Blue Mountain

Exilé par sa meute quand il était adolescent, l’Omega Simon Moorehead a
appris à enfouir sa nature douce pour survivre.
Exilé par sa meute quand il était adolescent, l’Omega Simon Moorehead a
appris à enfouir sa nature douce pour survivre. Quand un Alpha massif au visage
dur attrape Simon sur le territoire de la meute, il tente de s’échapper, certain que
sa mort est imminente. Mais au lieu de le tuer, l’Alpha ramène Simon chez lui.
En homme d’action, Mitch Grant déracine sa vie pour aider son frère à
diriger la meute de Blue Mountain. Il vit à l’écart, protégeant tout le monde dans
l’ombre, mais toujours seul. Pour lui, un compagnon est un rêve devenu réalité,
alors il ne va pas laisser de petites choses comme les rejets de Simon, ses
attaques et ses insultes se mettre en travers de leur chemin. Avec patience,
séduction et une attention sincère, Mitch va traverser la tempête pendant que
Simon chasse ses propres fantômes et la solitude de Mitch.



Il Me Complète

Pas même les funérailles de sa mère ne peuvent convaincre l’autoproclamé
fêtard Zach Johnson de modérer ses sarcasmes ou de penser à s’installer.
Pas même les funérailles de sa mère ne peuvent convaincre l’autoproclamé
fêtard Zach Johnson de modérer ses sarcasmes ou de penser à s’installer. Il est
qui il est et il refuse de changer pour qui que ce soit. Quand le guindé et
compatissant Aaron Paulson lui annonce qu’il est amoureux de lui, Zach est
certain qu’Aaron le voit comme un autre projet, une autre âme perdue que
l’idéaliste Aaron doit sauver. Mais Zach n’a pas besoin d’être aidé et il refuse
d’être avec quelqu’un qui le voit comme brisé.
La patience est l’une des nombreuses vertus d’Aaron. Il a attendu pendant
des années un homme avec qui il pourrait partager son cœur et passer sa vie, et il
soutient que Zach est celui-là. Fierté, peur et vieilles blessures dépérissent dans
le sillage de la loyauté adoratrice d’Aaron et, alors que Zach réévalue ses
perceptions de l’amour et de la famille, il se retrouve tenté de croire à
l’impossible : une fin heureuse pour toujours.




TABLE DES MATIÈRES


RÉSUMÉ
COPYRIGHT
AVIS
PROLOGUE
CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5
CHAPITRE 6
CHAPITRE 7
CHAPITRE 8
CHAPITRE 9
CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
CHAPITRE 12
CHAPITRE 13
CHAPITRE 14
CHAPITRE 15
CHAPITRE 16
CHAPITRE 17
CHAPITRE 18
CHAPITRE 19
CHAPITRE 20
CHAPITRE 21
CHAPITRE 22
CHAPITRE 23
CHAPITRE 24
CHAPITRE 25
CHAPITRE 26
CHAPITRE 27
CHAPITRE 28
CHAPITRE 29
À PROPOS DE L’AUTEUR
PROCHAINEMENT…
DÉJÀ PARUS
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