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Chapitre 9 : production de la parole et voix humaine

1 Physiologie des organes de la phonation


Trois groupes d'organes assument les fonctions essentielles dans l'acte de parole, ou
phonation :
l'appareil respiratoire, (diaphragme,
poumons, trachées), soufflerie qui
fournit l’énergie et la quantité d'air
nécessaire ;

 le larynx, organe vibrant, où naît le


son ;

Le conduit vocal, formé des cavités


résonantes supra-laryngées (pharynx,
bouche, nez) où s'effectue l'articulation
proprement dite par les changements de
forme du tractus vocal.
Ces changements résultent surtout des
mouvements des lèvres, de la langue, du
voile du palais (dont l'abaissement fait
intervenir une cavité supplémentaire, les
fosses nasales) et de la mâchoire
inférieure.
Schéma général des organes de la phonation
L’appareil phonatoire humain schématisé
• Partie sub-glottique ou appareil
respiratoire (diaphragme poumons,
trachée) qui fournit l’énergie nécessaire à
la phonation en insufflant l’air vers la partie
glottique ;

• Partie glottique ou larynx (ensemble de


cartilages, ligaments et muscles) contenant
les cordes vocales (replis tendus
horizontalement qui, sous l’effet des
muscles, jouent un rôle de valve vis-à-vis
de l’air des poumons libérant ainsi un flux
d’air vers la partie supra-glottique).

• Partie supra-glottique ou conduit vocal,


formé des cavités orales (pharyngienne et
buccale), à géométrie variable, en fonction
des éléments articulateurs (langue,
mâchoire inférieure, lèvres) et des cavités
nasales, à géométrie fixe, pouvant être
couplées aux cavités orales par
abaissement du voile du palais
1.1 le larynx, organe vibrant

1.1.1 Généralités

Organe de la phonation, puisqu'il joue un


rôle très important dans l'émission des sons
vocaux, le larynx est placé dans le cou à
l'extrémité supérieure de l'arbre
respiratoire.

Cet instrument vibrant est placé dans le cou,


sur le trajet de l'air respiratoire, entre la
soufflerie qui commande l'expiration, à
savoir les poumons, et les cavités de
résonance qui moduleront le son laryngé
primaire.

Le larynx n'est pas fixe dans le cou : il se déplace de haut en bas quand on parle. Il s’élève
pour les sons aigus et s'abaisse pour les sons graves.
1.1.2 Cartilages du larynx
Le larynx est formé d'une charpente cartilagineuse maintenue en place par une
musculature interne et externe, et revêtue d'une muqueuse aux replis caractéristiques.

Les cartilages qui le constituent s'articulent en bas à la trachée et se rattachent en haut au


plancher buccal, par l'intermédiaire de l'os hyoïde.

Directement en rapport avec les téguments du cou (pomme d'Adam), le larynx s'ouvre en
arrière dans le pharynx, juste avant l'œsophage.
Le larynx est constitué d'une série de cartilages superposés. Le cartilage inférieur (le
cartilage cricoïde) apparaît comme un anneau différencié de la trachée, fermé en arrière
par une plaque verticale qui lui donne l'aspect d'une chevalière. Au bord du chaton de la
chevalière, deux petites pyramides (cartilages aryténoïdes) glissent et pivotent ; elles
servent de point d'attache postérieur aux cordes vocales.

Les cordes vocales s'insèrent en avant dans l'angle d'un volumineux cartilage (cartilage
« thyroïde ») en forme de bouclier ou de proue de navire, dont la saillie antérieure prend le
nom de « pomme d'Adam ».

En basculant sous ce bouclier, l'anneau cricoïdien entraîne avec lui les pyramides
aryténoïdiennes ; ainsi, les deux points d'attache des cordes vocales s'éloignent, assurant
leur mise en tension ; les muscles tenseurs sont les muscles cricothyroïdiens.
1.1.3 Structure des cordes vocales

Une corde vocale est la superposition de deux muscles et


d’un ligament.

Il y a tout d’abord, pour chaque corde vocale, un ligament


vocal qui va du cartilage thyroïde à un cartilage aryténoïde.

Le faisceau ary-vocal est un muscle qui part du cartilage aryténoïde et va jusqu’au


ligament vocal.

Le faisceau thyro-vocal est un autre muscle qui part du cartilage thyroïde pour se
superposer au précédent.
La superposition de ces deux faisceau et du ligament vocal forme une corde vocale.
Les cordes vocales sont donc formées par des ligaments vocaux, longés par des muscles sur
lesquels on peut agir ; le tout est recouvert d'une muqueuse qui constitue la partie vibrante
qui produit le son. Elles forment un clapet qui peut être ouvert ou fermé.

On parle d’abduction lorsque les cordes vocales sont écartées et d’adduction lorsque les
cordes vocales sont rapprochées. L’écart entre les cordes vocales porte le nom de fente
glottique ou glotte.

A l'avant les ligaments vocaux s'insèrent dans l'avant intérieur du cartilage thyroïde, à l'arrière
elles s'insèrent sur les cartilages aryténoïdes.

Le pivotement des cartilages aryténoïdes permet de rapprocher ou éloigner les cordes vocales,
et donc de fermer ou d'ouvrir la glotte.
Section schématique du larynx au niveau des cordes vocales

Le cartilage cricoïde, en forme d’anneau

sur le quel sont posés deux pyramides : les cartilages aryténoïdes

Et enfin, enserré comme un livre ouvert vers l’avant : le cartilage


thyroïde
1.1.4 Muscles du larynx

Il y a de nombreux muscles qui permettent des mouvements entre les différents cartilages
formant le larynx.
Nous n’en distinguons que quelques uns, indispensables à la compréhension de la phonation :

Les muscles crico-aryténoïdes postérieurs (ou CAP), qui relient le cartilage cricoïde aux
cartilages aryténoïdes par l’arrière : les contractions de ces muscles crico-aryténoïdes
postérieurs rapprochent les apophyses arrières des aryténoïdes et déportent vers l’extérieur
les apophyses antérieures (ou vocales), ce qui a pour effet d’écarter les cordes vocales et
d’ouvrir complètement la glotte ; ces muscles sont donc responsables du mouvement
d'abduction (écartement) des cordes vocales.
Les muscles crico-aryténoïdes latéraux (ou CAL) qui relient les mêmes cartilages par les côtés.
Les contractions de ces muscles crico-aryténoïdes latéraux tirent vers l’avant les apophyses
arrières des aryténoïdes et ces muscles permettent donc l'adduction (rapprochement) des
cordes vocales et donc la phonation.

Les muscles inter-aryténoïdiens qui relient les


cartilages aryténoïdes entre eux. Ils sont aussi
contractés lors de la phonation.
1.1.5 Rôle des cordes vocales
Les cordes vocales sont donc tendues de l'angle rentrant du cartilage thyroïde à l'apophyse
vocale des cartilages aryténoïdes.
La glotte est l'espacement plus ou moins grand entre les deux cordes vocales.

Les cordes vocales ont trois positions fondamentales :

 Soit, elles sont écartées : la glotte est ouverte et l'air circule librement. C'est la
respiration. Lors d’une inspiration profonde, l’écartement est maximal, lors de la
respiration normale, l’écartement est moyen.

Soit, elles sont accolées : la glotte est alors fermée et l'air ne passe pas. C'est
l'apnée.

Soit, les cordes sont rapprochées : la glotte est variable. C'est la phonation ou le
voisement.
L'adduction est la position requise pour la vibration des cordes vocales (phonation).

Quatre conditions doivent être réunies pendant la phonation :

adduction (rapprochement) des cordes vocales


tension longitudinale des cordes vocales (réalisée par un mouvement de bascule du
thyroïde sur le cricoïde )
compression latérales des cordes
pression sous glottique (elle doit être équivalente à 3 cm d'eau au minimum).

La vibration des cordes vocales n'est pas une succession d'abductions et d'adductions : ce qui
s'ouvre et se ferme c'est uniquement la muqueuse, les ligaments sont en contact pendant
toute la phonation. Les cordes vocales se comportent comme une valve bloquant le passage
de l'air.
Cordes vocales au repos

Cordes vocales en phonation


1.2 les cavités résonantes

La majorité des sons du langage sont le fait du passage d'une colonne d'air venant des
poumons, qui traverse un ou plusieurs résonateurs de l'appareil phonatoire.

Les résonateurs principaux sont :

le pharynx ;

la cavité buccale ;

la cavité labiale ;

les fosses nasales.


 le pharynx (ou cavité pharyngale) est un conduit musculo-membraneux situé entre la
bouche et l’œsophage d’une part et entre les fosses nasales et le larynx d’autre part. La
paroi du pharynx est constituée de muscles constricteurs. Effet d’une constriction :
modification du diamètre du pharynx. La racine de la langue peut également reculer ou
avancer et donc agir sur le volume de cette première cavité supra-glottique.

 les fosses nasales (ou cavités nasales) sont deux cavités cunéiformes séparées par une
cloison verticale médiane et sont recouvertes de muqueuses. Une résonance nasale est très
caractéristique (nasillement). L’air passe par le nez lorsque le voile du palais (prolongement
musculaire du palais osseux) est rabaissé : passage oro-nasal ouvert.

 la bouche (ou cavité buccale) est séparée des fosses nasales par une cloison appelée le
palais. Dans cette cavité se situent des articulateurs, certains fixes (= passifs), d’autres
mobiles (= actifs).

 la cavité labiale est une cavité que l’on crée lorsqu’on projette en avant les lèvres
(protrusion labiale).
2 Production du son par l’appareil phonatoire et caractéristiques du
son émis
2.1 Fonctionnement général de l’appareil phonatoire
La parole est une succession d’évènements sonores faisant alternativement apparaître des
sons dits voisés caractérisés par la vibration des cordes vocales et des sons non voisés (qui ne
font pas intervenir les cordes vocales)

Le signal voisé est un signal pseudo-périodique présentant des zones fréquentielles plus ou
moins importantes. Ces zones fréquentielles d’enveloppe maximale sont appelés des
formants.

Le spectre du son émis par les cordes vocales est modulé par les propriétés résonantes du
corps résonateur et par la position des lèvres.

Les différentes modifications possibles dans le corps résonateur pour le traitement du son
permettent d’obtenir un panel de sonorités extrêmement important.
Comparaison entre deux
phonèmes particuliers : la
voyelle [a] et la voyelle [i].
Dans les deux cas, on
distingue des zones
fréquentielles émergentes
(les formants) qui
permettent à notre système
auditif d’identifier
rapidement tel ou tel son.
Dans le cas du son [a], les
deux premiers formants sont
relativement proches, alors
que pour le son [i]les deux
premiers formants sont
éloignés. D’autres
caractéristiques globales
apparaissent : la largeur de
bande de chaque formant,
l’organisation des
harmoniques (moins
nombreux dans le cas du son
[i]).
2.2 Mécanisme de production du son
Étape 1 : formation du flux d'air

Ce rôle est repris par les organes sub-glottaux.

En particulier les poumons, mis en action par le diaphragme.

Celui-ci se contracte ce qui chasse l'air des poumons et c'est cet air dont les variations de
pression au niveau du pharynx vont créer le son.
Étape 2 : création du son (au niveau des cordes vocales) ou phonation

Première sous étape

L'air expulsé des poumons arrive au


niveau des cordes vocales au repos.

Les cordes sont fermées (phase


d’apnée). L'air s'y accumule donc jusqu'à
ce que la pression exercée par la colonne
d'air ne soit trop forte.
Deuxième sous étape

La pression d'air exercée sur le cordes vocales


est suffisamment élevée pour les écarter (4).

L'air commence à s'échapper par l'ouverture


(5). La vitesse de ce fluide augmente alors,
entrainant une chute de la pression sub-
glottique par le principe de Bernouilli.

La partie inférieure des cordes vocales


commencent alors à se fermer (6).
Troisième sous étape

La fermeture des cordes vocales se fait de


manière évolutive. Leur structure est en
effet assez complexe. La partie inférieure se
ferme presque immédiatement. Cette
fermeture provoque une chute brutale de la
pression au niveau supérieur, qui se ferme
en un claquement (7) et (8).

L'air va donc à nouveau s'accumuler sous


les cordes vocales, et le processus
recommence.
2.3 caractéristiques du son produit par les cordes

L'air circule donc de manière saccadée dans le conduit vocal, ce qui engendre une
vibration acoustique semblable au claquement des mains. Ce son est un son assez
complexe, constitué d'une fréquence fondamentale (qui correspond à la fréquence
moyenne du mouvement des cordes vocales), et de ses harmoniques.

En fait, l’appareil phonatoire contient deux sources sonores :

• Source quasi-périodique : cordes vocales en vibration

• Source de bruit : écoulements turbulents produits par une obstruction du passage de


l’air dans le conduit vocal
Voici la variation du flux d’air circulant dans
la glotte en fonction du temps sur un cycle
complet. Lors de l’émission de paroles, La
courbe se répète de manière périodique
en moyenne toutes les 8 ms chez l’homme
(soit une fréquence de vibration d’environ
120 Hz) et toutes les 4 ms chez la femme
(fréquence de 240 Hz) et toutes les 3ms
chez l’enfant (fréquence de 300 Hz).

C’est de la fréquence des vibrations que


dé pend la hauteur du son émis. Son
intensité dépend en principe de
l’amplitude des vibrations, déterminée par
l’importance du courant d’air qui traverse
la glotte, mais aussi du degré de fermeture
de la glotte pour chaque vibration. Si la
fermeture reste incomplète et si une partie
du courant d’air passe sans être
transformée en vibrations, le son devient
plus faible. Hauteur et intensité sont
également fonction de la tension des
cordes vocales.
Les voix féminines sont plus aiguës que les voix masculines à cause de la longueur des
cordes vocales.

On admet dans l’ensemble que les cordes vocales longues correspondent plutôt à des voix
graves, et les cordes vocales courtes, aux voix aiguës. Les hommes ont des cordes vocales
de 17 mm (voix de ténor) à 24 mm (voix de basse) et les femmes de 14 mm (voix de
soprano) à 18 mm (voix de contralto).
L’onde source produite par la glotte est un signal périodique s(t).

D'après le théorème de Fourier, on peut décomposer ce signal périodique en une somme de


composantes sinusoïdales dont les fréquences sont multiples de la fréquence du signal de
base. On parle de fréquence fondamentale et de ses harmoniques. Dans le cas d’une onde
triangulaire, l’amplitude des harmoniques diminue comme 1/n2 (ce qui correspond à un taux
de 12 dB par octave).
2.4 Mise en forme du son
Cette étape correspond à l'amplification et au filtrage fréquentiel de l’onde source
produite par la glotte.

Ces fonctions sont reprises de manière complexe par les organes supra glottiques.

On peut regrouper ces organes en quatre résonateurs qui renforcent ou atténuent


certaines fréquences.

Ces résonateurs sont des cavités de forme et de taille variable, ce qui permet d'ajuster le
timbre du son, via le phénomène de résonance.
2.4.1 Rappels physiques sur le phénomène de résonance

Rappelons que le phénomène de résonance consiste en une modification du timbre du son


résultant de l'enrichissement de certains de ses harmoniques et de l'appauvrissement
d'autres.

Toute cavité, de par sa forme, présente une fréquence caractéristique ou fréquence propre :
ce mode propre peut être excité par un son fondamental ou une de ses harmoniques, et la
cavité résonne alors sous l'influence de ce son et le renforce.

La fréquence caractéristique varie selon la forme et le volume des cavités, les plus grandes
ayant en général un son propre plus grave que les plus petites. Il en résulte qu'en aucun cas
une cavité ne crée d'harmoniques nouveaux.

Des modifications de forme et de volume permettent donc un accord avec des sons de
fréquences très diverses : les articulateurs façonnent dans le conduit vocal des cavités dont
les fréquences de résonance déterminent la forme du spectre émis.

De plus, deux cavités résonantes ouvertes l'une sur l'autre modifient leurs propriétés
réciproques notamment en modifiant leur fréquence caractéristique, la plus grave
s'aggravant et la plus aiguë devient encore plus aiguë. On parle d’un phénomène de
couplage.
2.4.2 Résonances dans l’appareil phonatoire
Le pharynx ne change pas facilement de forme, mais sa longueur peut changer légèrement
en haussant ou en abaissant le larynx d’un côté ou le voile du palais de l’autre côté. Ce
dernier agit aussi comme une valve qui permet d’isoler ou de connecter la cavité nasale au
pharynx.

L’épiglotte agit aussi comme une valve, dont le rôle est d’empêcher toute nourriture
d’atteindre le larynx : elle est ouverte au cours de la respiration normale mais se ferme au
moment de la déglutition.

La cavité nasale a aussi des dimensions et une forme fixe. Pour un homme adulte, elle a une
longueur d’environ 12 cm et un volume de l’ordre de 60 cm3.

La cavité orale, ou buccale, est la partie la plus importante du tractus vocal car sa forme et
sa taille peuvent varier en ajustant les positions relatives du palais, de la langue, des lèvres,
et des dents.
2.4.3 Effets de la résonance sur le spectre émis
En résumé …
3 Notions de phonétique
En linguistique, un phonème est la plus petite unité distinctive (c'est-à-dire permettant de
distinguer des mots les uns des autres) que l'on puisse isoler dans la chaîne parlée.

La phonétique traditionnelle classe les phonèmes en voyelles, consonnes et semi-voyelles (ou


semi-consonnes).

La distinction entre voyelles et consonnes s'effectue de la manière suivante :

si le passage de l'air se fait librement à partir de la glotte, on a affaire à une voyelle ;

 si le passage de l'air à partir de la glotte est obstrué, complètement ou partiellement, en un


ou plusieurs endroits, on a affaire à une consonne.

Les semi-voyelles présentent la même articulation que les voyelles, mais se comportent dans
la syllabe comme les consonnes : plus précisément, les consonnes et les semi-voyelles ne
peuvent constituer à elles seules une syllabe, les voyelles si : par exemple, le mot abbaye [a /
be / i] comporte des voyelles alors que le mot abeille [a / bεj] comporte ausi une semi-voyelle
notée [j].
3.1 Les voyelles

La caractéristique majeure des voyelles est le libre passage de l'air à partir des cavités supra
glottiques.

Le seul traitement que l'air peut dès lors subir est la résonance (c'est-à-dire le renforcement
de certaines bandes de fréquences).

Le timbre d'une voyelle dépendra de la variation des éléments suivants :

le nombre des résonateurs mis en résonance (buccal, labial et nasal) ;

la forme du résonateur buccal ;

le volume du résonateur buccal.


3.1.1 Nombre de résonateurs

On dénombre trois résonateurs : le résonateur buccal, le résonateur labial et le résonateur


nasal.

Le nombre de résonateur est toujours au moins de un, puisque le résonateur buccal est
toujours présent.

Si le voile du palais est relevé, l'air ne traverse pas le résonateur nasal, mais se répand
exclusivement dans le résonateur buccal ; si le voile du palais est abaissé, l'air traverse
simultanément les résonateurs buccal et nasal, ce qui porte à deux au moins le nombre de
résonateurs.

Si les lèvres sont projetées vers l'avant et arrondies, il se forme un troisième résonateur à la
sortie du canal buccal, le résonateur labial ; si, au contraire, les lèvres sont appliquées contre
les dents, le résonateur labial ne se forme pas.
D'après les critères ci-dessus, on oppose :

des voyelles nasales (présence du résonateur nasal) à des voyelles orales (absence du
résonateur nasal) ;

des voyelles arrondies (présence du résonateur labial) à des voyelles non-arrondies (absence
du résonateur labial).
3.1.2 Forme du résonateur buccal
La forme du résonateur buccal est déterminée par l'emplacement de la masse de la langue
dans la bouche. A partir de là, on envisage trois cas :

des voyelles antérieures (la masse du dos de la langue se trouve dans la région pré-
palatale) ;

des voyelles postérieures (la masse de la langue se trouve dans la région post-palatale ou
vélaire) ;

des voyelles centrales (la masse de la langue se trouve dans la région médio-palatale).
3.1.3 Volume du résonateur buccal
Le volume du résonateur buccal est le dernier facteur pris en compte dans l'analyse
articulatoire du timbre des voyelles.

Ce volume dépend directement du degré d'aperture, c'est-à-dire de la distance séparant le


point le plus élevé de la langue du palais.

Il correspond donc à l’ouverture du conduit vocal.

On distingue arbitrairement quatre degrés d'aperture, du premier, le plus fermé, au


quatrième, le plus ouvert.
Symbole Exemple Son
[i] «pie»
[e] «thé»
[] «fait»
[a] «la»
[y] «rue»
[ø] «peu»
[œ] «bœuf»
[] «de»
[u] «boue»
[o] «sceau»
[] «bosse»
[] «pâte»
[] «pain»
[] «un»
[] «quand»
[] «long»
Voyelles du français contemporain
3.1.4 Classement des voyelles
À l'intérieur de la catégorie des voyelles, le classement se fait selon :

 la nasalité (voyelles nasales ou orales)

l'aperture ou ouverture du conduit vocal, qui dépend de l'élévation de la langue par rapport
à la voûte palatine (voyelles fermées ou ouvertes)

 la zone d'articulation déterminée par la position du dôme de la langue dans la cavité


buccale (voyelles antérieures ou postérieures)

 la forme des lèvres (voyelles arrondies ou non arrondies).

L'utilisation systématique de ces critères permet de définir les voyelles cardinales (orales)
dont le trapèze vocalique fournit une représentation schématique.
Trapèze vocalique des voyelles
Voyelles fermées [i] comme dans « pie », [y] comme dans « rue » et [u] comme dans « boue »
Voyelles à double timbre : [e] comme dans « thé » et [] comme dans « fait » ; [ø] comme dans
« peu » et [œ] comme dans « bœuf »
Voyelles à double timbre : [o] comme dans « sceau » et [] comme dans « bosse »
Voyelle très ouverte : [a] comme dans « la »
Voyelle nasale : []
comme dans « quand »

Voyelle nasale : []


comme dans « pain »

Voyelle nasale : []


comme dans « long »
Tableau général des voyelles (étendu aux langues étrangères)
3.2 les consonnes et les semi-voyelles
Les consonnes se différencient des voyelles par la présence d'un obstacle qui empêche le libre
écoulement de l'air.

La qualité de cet obstacle, ou mode d'articulation, est le critère principal qui permet de les
distinguer entre elles.

Le second critère de classification est la position de cet obstacle, ou point d’articulation.

3.2.1 Modes d’articulation

En phonétique articulatoire, le mode d'articulation d'une consonne désigne un ensemble de


propriétés de son articulation qui modifient la nature du courant d'air expiré . Il existe deux
grands modes d’articulation consonantique :

soit le passage de l'air est fermé (occlusion momentanée du chenal expiratoire) et le son
résulte de son ouverture subite; on a alors affaire à des consonnes occlusives (cf. [k]) ; les
consonnes occlusives sont des sons bruités de courte durée, caractérisés par un silence
provenant de la fermeture complète du conduit vocal en un point précis.

soit le passage se rétrécit mais n'est pas interrompu; on parle dans ce cas de consonnes
continues ou constrictives, dont les fricatives sont les plus représentatives (cf. [s]) ; les
consonnes fricatives sont des sons bruités produits par l’écoulement turbulent de l’air :
lorsque cet écoulement rencontre un rétrécissement, un lieu de constriction, il se produit un
bruit de friction.
Mais ces deux grands modes d’articulation sont souvent précisés par un adjectif
supplémentaire, caractérisant l’obstacle.

Par exemple :

On distingue, selon le type d’écoulement, les consonnes centrales et les consonnes latérales :

Une consonne centrale est une consonne dont le mode d'articulation nécessite pour sa
réalisation l'écoulement de l'air par le centre de la bouche au-dessus de la langue. C’est le cas
de presque toutes les consonnes en français.

Une consonne latérale est une consonne qui nécessite pour sa réalisation l'écoulement de l'air
via un canal latéral (parfois bilatéral) formé par l'affaissement de l'avant de la langue et le
contact de son dos avec le palais, l'air continuant de s'échapper sur les côtés de la langue. Il
existe en français une seule latérale, le[l] (comme dans laid).

Si l'obstacle est rendu intermittent par les battements de la pointe de la langue, on parle de
consonnes battues ([r] dans « perro » en espagnol).

 On peut caractériser le mécanisme à l'origine de l'écoulement (consonne pulmonaire ou


non pulmonaire, injective, éjective ou clic).
On distingue les consonnes orales des consonnes nasales, selon la cavité de résonance
utilisée :

Au carrefour du pharynx, le passage de l'air peut en effet s'effectuer dans une ou deux
directions, selon la position du voile du palais :

 si le voile du palais est relevé, l'accès


aux fosses nasales est bloqué, et l'air ne
peut traverser que la cavité buccale, la
consonne est orale ;

 si le voile du palais est abaissé, une


partie de l'air traversera les fosses nasales
(l'autre partie poursuivant son chemin à
travers la cavité buccale), la consonne est
nasale (comme [n] dans « nous »).

Le français comporte les consonnes nasales suivantes:

Bilabiale : [m] (maman)


Dentale : [n] (ni)
Palatale (en voie de disparition) : [ɲ] (gnangnan)
Vélaire (mots d'emprunt) : [ŋ] (parking)
Enfin, toutes ces consonnes peuvent être sonores (ou voisées) ou sourdes (ou non voisées)
selon que les cordes vocales interviennent ou non dans leur production.

Plus précisément, on appelle « consonne sonore », ou voisée, les consonnes dont


l'articulation comporte la mise en vibration des cordes vocales sous la pression de l'air
expulsé des poumons.

On appelle « consonne sourde », ou non voisée, une consonne dont l'articulation ne


comporte pas la mise en vibration des cordes vocales sous la pression de l'air expulsé des
poumons.
En français, voici des couples où les consones sonores s’opposent à leur contrepartie sourde :

/b/ ~ /p/ : bas ~ pas ;


/d/ ~ /t/ : doux ~ toux ;
/g/ ~ /k/ : gars ~ cas.

/v/ ~ /f/ : vin ~ fin ;


/z/ ~ /s/ : baiser ~ baisser ;
/ʒ/ ~ /ʃ/ : bouge ~ bouche.
3.2.2 Point d’articulation

Le second critère de classification des consonnes est donc le point d'articulation (lèvres,
dents, palais, etc.) et l’organe articulateur (lèvres, langue).
Le point d'articulation est l'endroit où se trouve, dans la cavité buccale, un obstacle au
passage de l'air.

De manière générale, on peut dire que le point d'articulation est l'endroit où vient se placer
la langue pour obstruer le passage du canal d'air.

Le point d'articulation peut se situer aux endroits suivants :

les lèvres (articulations labiales ou bilabiales) ;


les dents (articulations dentales) ;
les lèvres et les dents (articulations labio-dentales) ;
les alvéoles (c'est-à-dire les gencives internes des incisives supérieures,
articulations alvéolaires) ;
le palais (vu sa grande surface, on peut distinguer des articulations pré-palatales,
médio-palatales et post-palatales) ;
le voile du palais (palais mou, articulations vélaires) ;
la luette (articulations dites uvulaires) ;
le pharynx (articulations pharyngales) ;
la glotte (articulations glottales).
Point d’articulation:

1. exo-labial
2. endo-labial
3. Dental
4. Alvéolaire
5. post-alvéolaire
6. pré-palatal
7. Palatal
8. Vélaire
9. Uvulaire
10. Pharyngal
11. glottal
12. Épiglottal
13. ,14. postéro-dorsal
15. antéro-dorsal
16. laminal
17. Apical
18. sub-laminal
Coupe sagittale schématique des organes de la parole. La représentation en trait
plein correspond à la position de la langue pour l'articulation de [s] et celle en
pointillé à l'articulation de [k].
Anatomie et nomenclature correspondante
3.2.3 Consonnes occlusives
Les consonnes occlusives (ou encore explosives) sont donc produites par une fermeture
complète du chenal respiratoire, et non un simple rétrécissement, ce qui les différencie des
continues.

L'occlusion se fait en deux temps :

arrêt de la colonne d'air par la fermeture soudaine du chenal expiratoire ;

libération de l'air interne par le relâchement brusque de l'occlusion.

Le français contient les occlusives suivantes :

orales sourdes : [p] bilabiale (pépé), [t] apico-dentale ou alvéo-dentale (tétée), [k] palatale
ou dorso-vélaire (kéké) ;

orales sonores : [b] bilabiale (bébé), [d] apico-dentale ou alvéo-dentale (Dédé), [g] palatale
ou dorso-vélaire (gaga) ;

nasales : [m] bilabiale (ma), [n] apico-dentale (ni), [ŋ] (à la fin de parking)
[p] les cordes vocales
écartées ne vibrent pas
[b] les cordes vocales
vibrent

[t] les cordes vocales


écartées ne vibrent pas
[d] les cordes vocales
vibrent
[k] les cordes vocales
écartées ne vibrent pas
[g] les cordes vocales
vibrent
[m], [n] et [ŋ] : occlusives nasales
3.2.4 Consonnes fricatives
Les consonnes fricatives (ou constrictives) sont donc produites par un resserrement du chenal
expiratoire qui ne va pas, contrairement à ce qui se passe pour les occlusives, jusqu'à la
fermeture complète.

Ce sont essentiellement les lèvres et la langue qui, selon leur position et leur tension
musculaire particulière, conditionnent le type de friction réalisée.

Par exemple,

 le son [f], qui peut être soit écrit f ou bien ph dans les mots à racine grecque est une
consonne fricative labio-dentale sourde ;

 le [v], qui peut être soit écrit v ou bien w dans les mots d'origine germanique est une
fricative labio-dentale voisée ;

 le [s] est une consonne fricative alvéolaire sourde ;

 le [z], qui s'écrit s entre voyelles ou z est une consonne fricative alvéolaire voisée ;
le [ʃ] est une fricative post-alvéolaire sourde et s'écrit généralement ch, mais aussi sh ou
sch dans les mots respectivement d'origine anglaise et allemande ;

 le [ʒ] qui s'écrit généralement j est une fricative post-alvéolaire voisée ;

 le son r usuel de la langue française, noté [ʁ], est une fricative (dite vibrante) uvulaire
voisée ;

 notre [w] est une semi-consonne fricative dorso-vélaire et bilabiale voisée.


[ʁ], constrictive uvulaire
3.2.5 Autres types de consonnes
3.2.5.a Consonnes spirantes

Une consonne spirante est une consonne produite par un rapprochement modéré des
organes phonateurs qui ne va pas jusqu’à produire le bruit caractéristique de friction des
fricatives. Elles font partie de la catégorie des constrictives.

Le français admet par exemple admet parmi les spirantes :

la semi-voyelle labio-palatale [ɥ] (à l'initiale de « huile ») ;

la semi-voyelle labio-vélaire [w] (à l'initiale de « oui ») (qui possède deux points
d’articulation) ;

la semi-voyelle palatale [j] (noté par le digramme ll, comme dans « briller », on le trouve
aussi écrit y, surtout dans les mots d'emprunt, comme « yourte ») ;

 la consonne nasale dorso post-palatale [ɲ] (à l'initiale de « gnon », « gnangnan ») ;

 la consonne spirante latérale alvéolaire voisée [l] (comme dans « lac »).
spirante latérale alvéolaire voisée [l]
3.2.5.b Consonnes affriquées
Une consonne affriquée est une consonne composée de deux phases successives : une
phase occlusive et une phase fricative produites dans le temps nécessaire à la
production d’une occlusive ou d’une fricative simples. Il faut noter que ces deux phases
sont nécessairement homorganiques, c’est-à-dire qu’elles doivent se produire au même
point d’articulation.

Par exemple, le français possède une consonne affriquée alvéolaire sourde, le [t͡s] dans
certains mots d'origine étrangère, comme tsar.

3.2.5.c Consonnes roulées


Une consonne roulée, parfois aussi appelée trillée, est une consonne vibrante produite
par des vibrations multiples entre le lieu d'articulation et l'organe articulateur.
Le [r], consonne roulée alvéolaire voisée n’existe pas en français, mais se retrouve dans
de nombreuses langues, comme les langues latines (l'espagnol, l'italien, etc.), les
langues slaves (le russe, le polonais, etc.).
Symboles Sons Exemples Sons Symboles Sons Exemples Sons
[p] «épis» [w] «oui»
[t] «attends» [] «puits»
[k] «écho» [j] «œillet»
[b] «hibou» [l] «îlot»
[d] «aider» [] «haras»
[g] «égout»
[m] «ami»
[n] «uni»
[] «oignon»
[f] «afin»
[s] «hisser»
[] «échu»
[v] «avant»
[z] «usé»
[] «ajout»
Consonnes du français contemporain
Semi voyelles du français contemporain
Tableau des consonnes (étendu aux langues étrangères)
4 Une application : l’expression «le chapeau »

Représentation temporelle de
« le chapeau » avec un léger
bruit de fond.

Ecouter…

Représentation fréquentielle
de « le chapeau ». Les
voyelles sont responsables
des pics aux multiples de 110
Hz.

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