Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
7548 23118 1 PB
7548 23118 1 PB
Résumé
La problématique liée au financement représente une contrainte majeure qui se dresse devant
l’évolution des PME. Comme alternative à la dette classique, qui représente l’instrument
financier le plus utilisé par les PME, les chercheurs en finance islamique recommandent les
produits basés sur le principe de Partage des Profits et des Pertes (PPP) pour le financement de
ces entreprises. Sur la base des principales conclusions des théories financières, ce papier
consiste à analyser les caractéristiques des produits PPP et leur capacité à répondre aux besoins
financiers des PME.
Mots clés : PME, finance islamique, partage des profits et des pertes, moucharaka,
moudaraba.
Abstract: Financing obstacles posed one of the most serious problems for the growth of SMEs’
businesses. Islamic banking and finance provide Profit and Loss Sharing (PLS) instruments as
an Islamic alternative to the conventional loan that is the most common source of external
finance for many SMEs. The main purpose of this paper is to analyze the characteristics of PLS
products and their ability to meet SMEs' financial needs, based on financial theories.
Key words: SME, Islamic finance, Profit and Loss Sharing (PLS), musharaka, mudaraba.
165
Volume 1, numéro 2 (2017)
Introduction
La finance islamique est « un compartiment de la finance dite « éthique », c’est-à-dire
d’une finance qui entend se mettre à la disposition de l’économie réelle et la servir, à l’aune
d’un nombre limité de principes structurants » (Hassoune, 2008). En effet, la finance
islamique fait partie intégrante de la finance éthique à travers la prise en compte de la
dimension morale et de la responsabilité sociale (Guéranger, 2009).
Ainsi, l’objectif de ce papier est d’étudier dans quelle mesure la finance islamique, à
travers les contrats moucharaka et moudaraba, peut constituer une source de financement
plus adaptée aux spécificités des PME. Pour ce, nous analysons ces produits à la lumière des
conclusions des principales théories financières.
Le présent papier est structuré comme suit : Après la section introductive, nous présentons
dans la section 2 les fondements de base et le principe de fonctionnement du financement
PPP. Nous poursuivons par l’analyse des caractéristiques de ce mode de financement dans le
contexte de la théorie d’agence dans la section 3. Il est ainsi question de mettre le point sur les
conflits d’agence et les problèmes de sélection adverse et d’hasard moral qui en résultent.
Finalement, en nous référant aux facteurs soulevés à travers la littérature financière, nous
analysons, dans la section 4, les produits PPP entant qu’option de financement des PME.
166
Volume 1, numéro 2 (2017)
Le principe PPP trouve ses racines dans l'ancienne forme de financement pratiqué par
les arabes avant l'avènement de la religion musulmane. Cette forme de financement a été
autorisée et légitimée après l’apparition de l’Islam. Pour cette raison historique, les
chercheurs considèrent que les instruments financiers PPP représentent la forme la plus
authentique et la plus prometteuse des contrats islamiques (Rammal, 2004). En effet, Ahmed
(2007) souligne la particularité du système économique islamique, car il accorde une attention
particulière à la répartition équitable des revenus.
Afin de financer une entreprise sur la base des modes PPP, la banque, en tant
qu'intermédiaire, collecte les fonds auprès des investisseurs (déposants en comptes
d’investissement) qu’elle met à la disposition des entrepreneurs. A cet effet, il y a lieu de
souligner que les fonds proviennent d’un compte participatif à travers lequel le déposant
participe financièrement aux résultats du placement choisi par le banquier. Il peut prendre
plusieurs formes (Guéranger, 2009) :
- Compte participatif général : où les fonds sont investis dans différents projets de
maturités successives. Les profits peuvent être calculés ou distribués trimestriellement,
semestriellement ou annuellement.
- Compte participatif spécial : où le déposant doit effectuer un dépôt minimum. Dans
un compte spécial, la nature et le mode d’investissement ainsi que la répartition des
résultats peuvent être établis de manière personnalisée.
- Dépôts à terme ou à vue : faits pour une période fixée ou à vue mais avec un délai de
prévenance. Les résultats sont distribués à l’issue des arrêtés comptables trimestriels,
semestriels ou annuels.
La banque islamique mobilise les fonds d’investissement sur la base d’un contrat
moudaraba deux volets (two-tiers mudaraba). Elle collecte les fonds auprès des investisseurs
(déposants en comptes d’investissement/Rab al-mal) et assume le rôle d’un entrepreneur
(moudarib). Ces fonds d’investissement sont mis à la disposition des entrepreneurs. La
banque assume ainsi le rôle d’un investisseur (Rab al-mal). Dans cette structure, la banque
islamique joue le rôle d’intermédiaire. Cette opération est la plus répandue et la plus
développée. La banque peut également investir ses fonds propres, ce qui est rarement pratiqué
en raison de la difficulté du suivi du gestionnaire par la banque (Khouildi, 2014).
Al-Suwailem (2008) précise que l’intermédiation idéale du point de vue islamique doit se
baser, au passif, sur la moudaraba et ensuite, sur la wakala. A l’actif, elle doit se baser en
premier lieu sur la moucharaka et en deuxième lieu sur la moudaraba.
167
Volume 1, numéro 2 (2017)
La plupart des jurisconsultes islamiques ont fait valoir que les modes PPP sont les
produits idéaux de la finance islamique, car en principe, ces produits ont la capacité d'apporter
des avantages socio-économiques. Smolo et Ismail (2011) suggèrent la moudaraba, la
moucharaka et la moucharaka moutanaqissa pour financer les PME. Toutefois, ces
instruments de financement sont caractérisés par certaines contraintes liées, notamment, aux
conflits d’agence.
Dans le cadre des contrats PPP, l’intermédiation financière participative des banques
islamiques développe une double relation d’agence entre la banque et le déposant, d’une part,
et la banque et l’entrepreneur, d’autre part. Cette relation est caractérisée par l’asymétrie
d’information ainsi que les problèmes de sélection adverse (anti-sélection) et d’hasard moral
(aléa moral) qui en découlent. La sélection adverse peut avoir lieu suite à l’existence d’une
information asymétrique ex ante en ce qui concerne l’agent et le projet sélectionnés. L’hasard
moral est relatif à la dissimulation des actions et informations suite à l’asymétrie
d’information ex poste.
168
Volume 1, numéro 2 (2017)
Les financements PPP offrent un lot d’informations plus important que le financement
par la dette. En effet, les banques sont expérimentées et fortement impliquées dans le monde
réel (étant donné le principe d’adossement des opérations financières à des actifs tangibles),
ce qui leur confère un savoir spécifique du monde des affaires. En outre, les banques ont la
capacité d’accéder aux informations relatives à la situation financière des emprunteurs en
observant les comptes de leurs clients. Elles sont dotées d’un monopole informationnel suite
aux informations privées collectées tout au long de la relation bancaire (Ben Jedidia, 2012).
Par ailleurs, il est à noter, que dans le cadre des contrats participatifs, le rendement
d’une opération de financement de la banque est directement lié à la qualité du projet financé.
Le choix des projets affecte non seulement la rentabilité de la banque mais aussi les
rémunérations de ses déposants-investisseurs. En cas de faibles rendements de leurs dépôts
d’investissement, les déposants risquent de quitter la banque pour une autre banque
concurrente. Dès lors, les banques islamiques sont incitées à faire une bonne sélection des
entrepreneurs et évaluer la qualité des projets d’investissement.
L’hasard moral est un problème particulier d'incitation qui naît souvent de l'asymétrie
d'information. Au niveau de la sélection adverse, il a été question des situations où l'asymétrie
d'information intervient ex ante, au moment de la conclusion du contrat. En revanche, l’hasard
moral implique la difficulté d'anticiper le comportement de l’entrepreneur après le contrat (ex
post). Les entrepreneurs sont souvent mieux informés que les banques au sujet de la qualité et
du risque que présentent leurs projets d’investissement. En général, l’hasard moral se pose
dans le contrat PPP quand l’entrepreneur modifie son comportement afin de maximiser son
intérêt individuel par rapport à la situation qui prévalait avant la conclusion du contrat.
L’entrepreneur peut, ainsi, augmenter sa prise de risque comme il peut cacher le véritable
niveau des profits. Même si le profit est partagé entre l’entrepreneur et la banque selon un
ratio convenu, il peut y avoir une incitation de la part d'un entrepreneur amoral de signaler un
profit inférieur afin de garder une plus grande part des bénéfices pour lui-même. Le défi dans
l'élaboration des contrats PPP est donc de limiter le risque de comportements malhonnêtes de
la part de l’entrepreneur.
Pour faire face au problème d’hasard moral, les contrats PPP, précisément les contrats
moucharaka, sont caractérisés par un système de surveillance (monitoring) qui peut intervenir
169
Volume 1, numéro 2 (2017)
dans toutes les étapes du contrat. Le monitoring permet à la banque de veiller à une meilleure
allocation des ressources, s’assurer de la conformité de l’agent avec les clauses contractuelles
et vérifier la véracité des informations communiquées (Khalil et al., 2002). Ainsi, la banque
peut éviter le risque d’aléa moral et aligner ses intérêts à ceux de l’agent.
Toutefois, le problème d’aléa moral se pose avec plus d’acuité dans le contrat
moudaraba malgré les procédures de contrôle imposées par la banque. En effet, ce contrat se
caractérise par un nombre de traits distinctifs qui amplifient les problèmes contractuels
d’agence. Dans le cadre de la moudaraba, le rendement de la banque dépend du profit réalisé
par le projet financé. Cependant, le moudarib (l’entrepreneur) n’est pas supposé garantir ni le
capital ni les profits à la banque et bénéficie de la liberté en matière de gestion du projet
financé. Cela permet à l'entrepreneur de prendre de grands risques dans la gestion sans avoir à
supporter le risque de pertes financières. Khalil et al. (2002) ajoutent que le niveau d’effort du
moudarib ne peut être observé ni contrôlé par la banque, et par conséquent, ne peut pas
figurer parmi les clauses du contrat. Celui-ci peut également profiter de sa situation pour
dissimuler les profits réels afin d’optimiser ses propres intérêts.
Khan (1987) propose de recourir à l’incitation pour minimiser le risque d’aléa moral
dans le contrat moudaraba. En effet, la mise en place des structures incitatives permet
d’inciter les agents à révéler leurs informations. Karim (2002) propose les « incentive
compatible contracts » pour aligner les intérêts des deux parties, et ce, par un partage optimal
des risques entre les contractants. En étudiant le cas de la banque Muamalat, en Indonésie, il
montre comment le financement par la moudaraba a considérablement augmenté après 1998,
lorsque la banque a lancé son projet pilote basé sur des contrats incitatifs.
170
Volume 1, numéro 2 (2017)
La création de valeur consiste, d’une part, dans la constitution d’un avantage compétitif
et durable, et d’autre part, dans une structure financière qui joue un rôle capital dans la
maximisation de la rentabilité. En effet, créer de la valeur consiste à prendre des décisions de
financement qui s’alignent sur les stratégies d’investissement de l’entreprise (Assous, 2015).
Les contrats moucharaka et moudaraba sont dotés d’un aspect positif important qui
réside dans l’absence de toute charge financière majorant le coût de production. De ce fait, le
financement PPP peut contribuer à baisser les prix par rapport à d'autres méthodes de
financement (Abdalla, 1999), et par conséquent, créer de la valeur.
Sadique (2008) souligne que la banque islamique ne doit pas limiter sa participation
dans l'entreprise à celle d'un bailleur de fonds, mais également à celle d’un partenaire
financier, ce qui lui permet de participer activement à la gestion et à la prise de décision afin
d’optimiser la performance de l'entreprise. Ainsi, les agents de crédit assument le rôle de
consultants externes afin d’orienter les dirigeants et maximiser la rentabilité des PME qu’ils
ont financé.
171
Volume 1, numéro 2 (2017)
Cependant, l’attitude des entrepreneurs envers le risque change au fil des années, avec
l’accumulation de l’expérience et le développement des capacités de gestion. Les contrats
participatifs dégressifs (moucharaka moutanaqissa) permettent aux entrepreneurs de partager
le risque particulièrement durant les premières années. Leur part de risque augmente
progressivement avec le désengagement de l’institution de financement. Ainsi, les entreprises
en phase de croissance, qui se trouvent plus familiarisées avec le risque, seraient attirées par
les produits de dette plus que le financement PPP. Par ailleurs, il est à noter que cette analyse
ne peut pas être généralisée sur l’ensemble des entreprises. Certaines entreprises en
croissance, particulièrement dans les pays en développement, peuvent avoir besoin du partage
des risques (Khan, 1995).
En contre partie de l’emprunt, l’entrepreneur doit payer un taux qui intègre tous les
risques. Il doit rembourser le principal et payer les intérêts à la banque, quel que soit le sort de
son entreprise. Ceci revient à entreprendre avec un rendement garanti, lequel considéré
comme illogique, irrationnel et injuste (Ahmad, 1947 ; Siddiqi, 1983). En effet, la finance
islamique interdit l’intérêt considéré comme un gain, vu qu’il implique une exploitation des
nécessiteux. Bien que la pratique de l’intérêt dans les activités financières soit interdite dans
l’Islam, cela ne signifie pas que le financier n’a pas droit au profit. L’institution de
financement doit veiller à ce que les gains réalisés soient associés aux risques de
l'investissement (Siddiqui, 1987) pour garantir la répartition équitable des revenus.
Pour ce, la pratique des modes PPP est considérée comme extrêmement risquée pour
l’institution de financement et nécessite un coût de gestion très élevé. Ces instruments
financiers génèrent des risques spécifiques, notamment, le risque de rentabilité2, le risque
1
Le financement par mark-up prend la forme de différents produits financiers donnant lieu à une
marge bénéficiaire au profit de l’IFI. Il s’agit particulièrement de la mourabaha, l’ijara, l’istisna’a et
salam. Le contrat le plus répandu dans cette catégorie est la mourabaha (Amrani, 2013).
2
Le risque de rentabilité résulte de l'incertitude quant au niveau de rendement que peuvent obtenir les
banques islamiques dans le cadre du financement PPP.
172
Volume 1, numéro 2 (2017)
La théorie du compromis (Static Trade Off Theory) fait partie des théories proposées
pour relâcher la théorie de neutralité de Modigliani et Miller (1958). Les auteurs (1963) ont,
par la suite, examiné un ensemble de facteurs (fiscalité, coûts de faillite et les coûts d'agence)
et ils ont conclu l’existence d’une structure financière cible (A target capital structure) basée
sur un ratio optimal d’endettement. Ce ratio résulte d'« un arbitrage entre l’avantage fiscal de
la dette et les différents coûts engendrés par le levier » (Bradley et al., 1984). Le niveau
optimal d'endettement est atteint lorsque les avantages et les coûts sont égaux.
Ang (1991) montre que les PME bénéficient d’un taux d’imposition réduit, ce qui
limite leur recours à l’endettement conditionné par la réalisation d’économies d’impôt. De
plus, Pettit et Singer (1985) ont souligné que les PME n’accordent pas beaucoup d’attention
aux incitations fiscales parce qu’elles n’ont pas tendance à générer des profits élevés.
Khan (1995) explique que l’imposition est liée aux dividendes et non pas au capital.
Cependant, il est important de souligner que les dividendes ne constituent pas le seul gain lié
au capital. L’entreprise peut avoir l’option de distribuer les dividendes ou de retenir ses
profits. Les profits réinvestis sont en mesure de minimiser ou même d’éliminer les dettes ce
qui augmente la valeur de l’entreprise. Ainsi, l’augmentation de capital, notamment via le
3
Dans le cas d’un contrat participatif, la banque est exposée à un risque financier sur les sommes
avancées à la PME. Ce risque est plus élevé dans le cas d’un contrat moudaraba qui ne donne pas à la
banque le droit de contrôler le moudarib ou de participer à la gestion du projet, ce qui rend l'évaluation
et la gestion du risque financier difficile.
4
Les PME pouvant être admises pour le placement des investissements sont généralement peu
nombreuses à satisfaire les critères islamiques.
5
Dans le cas des contrats PPP, le risque de crédit constitue le non paiement de la part de la banque par
l'entrepreneur au moment convenu.
173
Volume 1, numéro 2 (2017)
financement PPP, n’engendre pas l’augmentation des impôts à payer, même si le système
fiscal décourage la distribution de dividendes.
Les PME sont confrontées aux problèmes d'information asymétrique lors de l’entrée en
relation avec une institution financière. En effet, dans une situation d’asymétrie
d’information, les banques trouvent des difficultés à sélectionner les PME. Stiglitz et Weiss
(1981) ont démontré que ce problème pouvait entraîner un rationnement du crédit dans le cas
où certaines PME de qualité pourraient être insuffisamment financées ou privées de
financement. Selon la théorie du rationnement de crédit, les banques imposent des taux
d’intérêt élevés pour maximiser leur profit, et exigent des garanties importantes, ce qui limite
l’accès des PME au financement bancaire.
Le problème de garanties se pose avec moins d'acuité au niveau des banques islamiques.
En effet, contrairement au financement conventionnel, le financement participatif, notamment
la moucharaka et la moudaraba, implique un partage des risques et évite l'obligation de
garantie. Chaque personne qui contribue au capital d’un projet d’investissement sous forme
d'argent assume le risque de perte, et donc, a droit à une part proportionnelle des bénéfices
(Siddiqui, 1994). Ainsi, aucune garantie matérielle ou financière ne pourra être exigée aux
entrepreneurs, à part l’engagement de leur responsabilité en cas de négligence grave ou
d’infraction. La viabilité du projet et la qualification de l’entrepreneur sont les critères
exclusifs de sélection dans le cadre des produits participatifs, ce qui permet d’assurer l’accès
au financement pour les projets prometteurs (Khalil et al., 2002).
6
Nous avons expliqué la contrainte liée au coût dans une section précédente.
174
Volume 1, numéro 2 (2017)
Les PME en phase de création manifestent un besoin de financement élevé lié aux
investissements nécessaires au démarrage de la production. Les entreprises, durant cette
phase, seraient intéressées par le financement PPP. Arrivée au stade de croissance, les
entreprises cherchent à financer l’acquisition des actifs. A ce niveau, le PPP ne constitue plus
le financement que préfèreraient ces entreprises étant donné qu’il ne permet pas la rétention
des bénéfices et leur investissement dans la croissance de celles-ci (Khan, 1995).
175
Volume 1, numéro 2 (2017)
entreprises, nous nous sommes référés à la littérature financière qui révèle que la décision de
financement est expliquée par différents facteurs (tableau 1).
176
Volume 1, numéro 2 (2017)
Certains aspects, n’ayant pas été traités par les théories financières, ont orienté les
débats vers un cadre théorique qui semble adapté aux spécificités des PME. La théorie du
cycle de vie stipule que chaque stade de développement de l’entreprise nécessite un mode de
financement particulier. Cependant, quelque soit le stade de développement de la PME, le
dirigeant s’implique fortement dans le choix du financement. En effet, comme Michaelas et
al. (1998) l’ont conclu, en plus des facteurs financiers, les facteurs comportementaux et les
croyances du propriétaire-dirigeant ont une influence significative sur la structure financière
des entreprises. L’approche comportementale met en évidence le rôle du propriétaire-dirigeant
entant que principal acteur dans la prise de décision de financement. Les recherches menées
sur le financement des PME s’éloignent progressivement des hypothèses traditionnelles vers
la reconnaissance du rôle des individus et leurs interactions dans les décisions
d’investissement (Sargent et Young, 1991).
177
Volume 1, numéro 2 (2017)
islamiques à condition d'acquérir une parfaite connaissance des produits et des services
bancaires proposés. De même, El Ouafy (2016) démontre que le niveau de connaissances des
produits financiers islamiques influence l’intention des TPE marocaines de les utiliser.
Par ailleurs, Echchabi et Abd. Aziz (2012) étudient l’impact des conditions sociopolitiques au
Maroc sur les perceptions des consommateurs à l’égard des instruments de financement
islamiques. Leur étude fait ressortir que les efforts déployés par le gouvernement marocain
pour la mise en place de la finance islamique permettent de créer un sentiment de confiance et
de sécurité chez les consommateurs.
Il convient de conclure qu’il est important d’intégrer d’autres aspects dans l’évaluation
du financement PPP. Il s’agit, d’une part, des facteurs comportementaux liés aux dirigeants,
tels que l’aspect religieux ainsi que le niveau de sensibilisation et de connaissances relatives
aux produits financiers islamiques ; et d’autre part, des facteurs contextuels liés aux
caractéristiques de l’environnement économique et financier des entreprises.
Références
Abalkhail, M., Presle, J. R. (2002), « How informal risk capital investors manage asymmetric
information in profit/loss-sharing contracts », in : Munawar Iqbal and David T. Llewellyn, Islamic
Banking and Finance, New Perspectives on Profit-Sharing and Risk, ed, Edward Elgar, UK, MA,
USA, pp. 111-138.
Abdalla, M.G.-E. (1999), « Partnership (Musharakah): A New Option for Financing Small
Enterprises? », Arab Law Q. 14, pp. 257-267.
Ahmed, H. (2007), « Waqf-Based Microfinance: Realizing The Social Role Of Islamic Finance »,
Presented at the Integrating Awqaf in the Islamic Financial Sector, Singapore.
Al-Suwailem S. (2008), « Islamic Economics in a Complex World: Explorations in Agent-Based
Simulation », Islamic Development Bank, Jeddah.
Amrani, F. (2013), « Coût du financement et partage des risques en finance islamique une nouvelle
approche endogène ».
http://www.univ-orleans.fr/leo/images/espace_commun/seminaires/semmar2012/amrani.pdf,
(consulté le 06/02/2016).
Ang J.S. (1991), « Small business uniqueness and the theory of financial management », The Journal
of Small Business Finance, vol.1, p. 1-13.
Ang J., Chua J. and J. McConnell (1982), « The administrative costs of corporate bankruptcy: a note »,
The Journal of Finance, vol. 37 - 1, March, pp. 219-226.
178
Volume 1, numéro 2 (2017)
Assous, N. (2015), « L’impact des décisions financières sur la création de valeur au sein des
entreprises publiques algériennes cotées à la bourse d’Alger : Cas de SAIDAL et l’E.G.H-
AURASSI », Thèse de doctorat, Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, Algérie.
Ben Jedidia, K. (2012), « L’intermédiation financière participative des banques islamiques », Etudes
en économie islamique, Institut Islamique de Recherche et de Formation (IIRF), vol. 6, n° 1,
Besan, A. J. (2012), « Exploring the Potential for Profit-Loss Sharing Models in Islamic Microfinance
», Huntsman Program Honors Senior Thesis.
Boyd, J., Prescott, E. 1986. « Financial Intermediary Coalitions », Journal of Economic Theory, April
86, vol. 38, n°2, pp. 211-32.
Bradley, M., Jarrell, G., Kim, H. (1984), « On the Existence of an Optimal Capital Structure: Theory
and Evidence », Journal of Finance, vol. 39 Issue 3, pp. 857-878
Cassar G. et Holmes S. (2003), « Capital structure and financing of SMEs », Accounting and Finance,
Vol. 43, Issue 2, pp. 123-147.
El Ouafy, S. (2016), « Contribution à l’étude des déterminants de l’intention d’utiliser les produits
financiers islamiques : Cas des très petites entreprises marocaines » Thèse de doctorat, Université Ibn
Zohr, Agadir, Maroc.
Fama E. et Miller. M (1972), « The theory of finance », Holt, Rinehart and Winston, New York.
Gait, A. et Worthington, A. (2008), « An empirical survey of individual customer, business firms and
financial institution attitudes towards Islamic methods of finance », International Journal of Social
Economics, vol. 35, n° 11, pp. 783-808.
Guéranger F. (2009), « Finance Islamique : Une illustration de la finance éthique », Dunod, Paris,
263p.
Haron, S., Ahmad, N. et Planisek, S. L. (1994), « Bank patronage Factors of Muslim and Non-Muslim
Customers », International Journal of Bank Marketing, vol. 12, n° 1, pp. 32-40.
Hassoune, A. (2008), « La finance islamique connait une croissance vertigineuse mais fragmentée ».
La finance islamique à la française, ed. Bruno Leprince, pp. 87-126.
179
Volume 1, numéro 2 (2017)
Holmes, O. et Kent, P. (1991), « An Empirical Analysis of the Financial Structure of Small and large
Australian manufacturing enterprises », The Journal Of small Business Finance, vol. 1, n° 2.
Jensen M. C. et Meckling W. (1976), « Theory of the firm managerial Behaviour, agency costs and
ownership structure », Journal of Financial Economics, vol. 3, n° 4, October, pp. 305- 360.
Jensen M.C. et Meckling W.H. (1994), « The Nature of Man », Journal of Applied Corporate
Finance.
Karim, A.A. 2002. « Incentive-compatible constraints for Islamic banking: some lessons from Bank
Muamalat », in :Munawar Iqbal and David T. Llewellyn, Islamic Banking and Finance, New
Perspectives on Profit-Sharing and Risk (2002), ed, Edward Elgar, UK,MA, USA, pp. 95-110.
Khalil, A.A., Colin, R., Murinde, V. 2002. « On agency-contractual problems in mudarabah financing
operations by Islamic banks », In : Munawar Iqbal and David T. Llewellyn, Islamic Banking and
Finance, New Perspectives on Profit-Sharing and Risk, ed, Edward Elgar, UK, MA, USA, pp. 57-94.
Khan, T. (1995), « Demand for and Supply of Mark-up and PLS Funds in Islamic Banking: Some
Alternative Explanations », Islamic Economic Studies, vol 3, no 1, pp. 39-78.
Michaelas, N., Chittenden, F. & Poutziouris, P. (1998), « A model of capital structure decision making
in small firms », Journal of Small Business and Enterprise Development, vol. 5, n° 3, pp. 246 - 260.
Modigliani, F. et Miller, M. (1958), « The cost of capital, corporate finance and the theory of
investment », American economic review 48, pp. 261-297.
Modigliani, F. et Miller, M (1963) « Corporate Income Taxes and the cost of capital: a Correction »,
American Economic Review, vol. 53, n° 3, 11p.
Myers, S. et Majluf, N. (1984), « Corporate financing and investment decisions when firms have
information that investors do not have », Journal of Financial Economics, vol.13, n° 2, June, pp. 187-
221.
180
Volume 1, numéro 2 (2017)
Osman, M.R. et Ali, H. (2008), « Exploring Muslim Entrepreneurs’ knowledge and usage of Islamic
Financing », Seminar Keusahawanan Islam II Peringkat Kebangsaaan, Universiti Malaya, 15 October
2008.
Pettit R. et Singer, R. (1985), « Small business finance: a research agenda », Financial Management,
vol. 14, nº 3, Autumn, pp. 47-60.
Pike, R. et B. Neale (1996). « Corporate Finance & Investment Decisions and Strategies ». London,
Prentice Hall.
Sargent, M. et J. E. Young (1991). « The Entrepreneurial Search for Capital: a Behavioural Science
Perspective », Entrepreneurship & Regional Development, vol. 4, n° 3, pp. 237-252
Siddiqi M.N. (1983), « Banking without Interest », Leicester, UK, The Islamic Foundation.
Siddiqui, M.N. (1987), « Partnership and Profit-Sharing In Islamic Law », Leicester, UK: The Islamic
Foundation.
Siddiqui, M.N. (1994), « Issues in Islamic Banking: Selected Papers », Leicester, UK: The Islamic
Foundation.
Smolo, E., et Ismail, A. G. (2011). « A theory and contractual framework of Islamic micro-financial
institutions operations ». Journal of Financial Services Marketing, vol. 15, n°4, pp. 287-295.
Stiglitz J.E., Weiss A. (1981), « Credit rationing in markets with imperfect information », American
Economic Review, vol. 71, n° 3, Juin, pp. 393-410.
Warde, I. (2000), «The Revitalization of Islamic Profit and-Loss Sharing », Paper Presented in Third
Harvard University Forum on Islamic Finance, organized by Center for Middle Eastern Studies,
Harvard University on 1st October 1999, C. Cambridge, U.S.A.
Williamson, S.D. (1986), « Costly Monitoring, Financial Intermediation and Equilibrium Credit
Rationing », Journal of Monetary Economics, vol 18, no 4, pp.158-179.
181