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TRANPLANTATION
TRANPLANTATION
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SAVOIR
la pathoI
La post-transplantation d’organe
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la prépI
Un gel de budésonide
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le matérielI
Les sparadraps non élastiques
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le point sur…I
Le fentanyl
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l’ordoI
Un enfant souffrant d’eczéma
sous corticoïde et homéopathie
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La post-transplantation
la patho
d’organe
Le patient transplanté est un patient chronique particulier.
La greffe d’un organe améliore significativement son espérance
de vie, mais impose un important traitement immunosuppresseur
à vie. Son observance rigoureuse, au début et au long cours,
Info+ est vitale et nécessite un accompagnement de qualité.
> Lorsque la greffe
concerne de vrais
La maladie
jumeaux
homozygotes,
le patient greffé prend des molécules propres à chaque individu,
peut développer une un peu comme une carte d’identité, et participe
tolérance naturelle Physiopathologiei à la réponse immune adaptative.
vis-à-vis du greffon, Transplantation n Pour limiter le risque de rejet, donneur et
et donc se passer n La greffe d’un organe repose sur le don d’or- receveur doivent être ABO-compatibles et au
d’un traitement ganes et la compatibilité entre un donneur et maximum HLA-compatibles. Cette règle varie
immunosuppresseur. un receveur (lire Porphyre n° 541, avril 2018). cependant selon les organes car le foie est un
n Les indications dépendent de l’organe organe où la compatibilité HLA s’avère moins
concerné : insuffisance rénale chronique importante.
avancée (voir Dico + ci-contre) pour le rein, cir-
rhose évoluée (voir Dico + p. 26) pour le foie, Bilan pré-greffe
diabète de type I pour le pancréas… À la fois clinique et paraclinique, avec examens
n Les objectifs. En palliant l’insuffisance termi- d’imagerie, biologie, épreuves fonctionnelles, etc.,
nale d’un organe, il devient possible d’éviter un le bilan pré-greffe se fait sur plusieurs semaines
décès, d’augmenter l’espérance ou la qualité mais parfois aussi dans l’urgence, par exemple
de vie, ou de réduire les coûts par rapport à des dans le cas d’une hépatite fulminante, mortelle
alternatives thérapeutiques, telle la dialyse pour si une greffe de foie n’a pas lieu rapidement.
l’insuffisance rénale. Le bilan vérifie notamment l’absence de contre-
n Seul le suivi des greffes d’organes solides sera indication rédhibitoire, tels un cancer actif ou
Dico+ abordé ici, c’est-à-dire principalement rein, foie,
cœur, poumons, pancréas et intestin. Il est alors
en rémission depuis trop peu de temps, une poly-
pathologie mal équilibrée, une maladie infec-
> Insuffisance rénale plus juste de parler de transplantation et de tieuse évolutive, un risque de mauvaise obser-
chronique avancée : transplant que de greffe et de greffon car l’opé- vance en raison de troubles psychiatriques…
maladie rénale ration chirurgicale va rétablir la continuité vas- Comme le patient attend parfois plusieurs années
chronique sévère, culaire selon le principe d’anastomose, c’est-à- avant d’être greffé, les résultats du bilan pré-greffe
caractérisée par
dire la connexion entre les vaisseaux sanguins sont réactualisés au besoin durant l’attente, et le
un débit de filtration
du donneur et ceux du receveur, à la différence patient met à jour ses vaccins (voir p. 31).
glomérulaire inférieur
de nombreux tissus greffés sans anastomose,
à 20 ml par minute
telles la cornée, la peau… Opération de transplantation
n La transplantation est une opération chirurgi-
pouvant nécessiter
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un traitement de
suppléance tel qu’une Principes immunologiques cale d’une durée variable selon les organes, de
hémodialyse ou une n Deux grands systèmes permettent à l’orga- trois à quinze heures. Après l’opération de greffe,
dialyse péritonéale, nisme de distinguer ce qui lui est propre, le soi, le patient est en soins intensifs ou en réanima-
ou une greffe. de ce qui lui est étranger, le non soi. tion, où l’on surveille ses fonctions vitales et la
> Le système ABO, à l’origine des groupes reprise de la fonction du greffon. En parallèle,
sanguins A, B,AB et O, s’exprime essentiellement un traitement immunosuppresseur est mis en
à la surface des globules rouges. route car le système immunitaire réagit immé-
> Le système HLA (Human Leukocyte diatement face à l’organe étranger. Le risque
Antigen), plus vaste et plus complexe, com- est le rejet de la greffe.
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> Témoignage
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Le traitement
d’induction, les
aussi les antimétabolites – bénéficient d’un
anticorps polyclonaux,
suivi thérapeutique pharmacologique (STP).
ou sérums anti-
Ce STP est un dosage des concentrations san-
lymphocytaires
tels que Grafalon et
iObjectifsi guines souvent résiduelles, suivi d’une adapta-
Thymoglobuline sont La stratégie thérapeutique globale comprend tion posologique si nécessaire.
des immunoglobulines deux volets : n Tous sont à prescription initiale hospitalière
de lapin dirigées contre n un traitement immunosuppresseur qui a pour semestrielle, sauf les corticoïdes.
les lymphocytes T but de limiter le risque de rejet du greffon, et
humains. C’est un donc de prolonger sa durée de vie. Il vise sur- Anti-inflammatoires stéroïdiens
« traitement de choc » tout le rejet aigu ; n Molécules : bétaméthasone (Célestène)
entraînant une n un traitement préventif (voir plus loin) et la ges- méthylprednisolone (Medrol), prednisolone
importante déplétion tion des comorbidités. Le patient transplanté a (Solupred) et prednisone (Cortancyl). Ils sont
lymphocytaire. souvent une « ordonnance à rallonge », avec prescrits à dose rapidement dégressive, voire
Lorsque le risque des antidiabétiques, des antihypertenseurs, un arrêtés, et dans de très rares cas jamais démarrés.
immunologique est protecteur gastrique… n Mode d’action : les corticoïdes agissent essen-
moindre, sont utilisés tiellement par voie génomique et régulent posi-
les anticorps tivement ou négativement la transcription de
monoclonaux, tel le Stratégiei nombreux gènes. Dans la prévention du rejet,
basiliximab (Simulect) En général, la stratégie thérapeutique immuno- leur action est à la fois immunosuppressive, par
dirigé spécifiquement suppressive comprend deux temps. diminution de la synthèse de cytokines, et anti-
contre l’antigène n Le traitement d’induction : mis en place immé- inflammatoire.
CD25 (= chaîne alpha diatement après l’opération et pour une durée n Effets indésirables : au long cours, hyperten-
du récepteur de l’IL2)
de quelques jours seulement, à base d’immu- sion artérielle, diabète, prise de poids, atrophie
impliqué dans
nosuppresseurs injectables dits d’induction (voir musculaire, ostéoporose, cataracte, glaucome,
la prolifération
Info +). Il vise à diminuer l’incidence des rejets atrophie cutanée, acné, insomnies, troubles psy-
des lymphocytes T.
aigus des premières semaines post-greffe. chiques, perturbations biologiques (hypoka-
n Le traitement d’entretien : moins agressif que liémie, hyperlipidémie…)…
le traitement d’induction mais tout aussi néces- n Surveillance : bilans biologiques réguliers
saire pour prévenir les rejets aigus. Le plus sou- pour surveiller la kaliémie, la glycémie, les
vent, il s’agit d’une bi- ou d’une trithérapie com- lipides sanguins, ostéodensitométrie, suivi oph-
prenant des corticoïdes, des anticalcineurines talmologique… Le patient bénéficie de co-pres-
et des antimétabolites. Ces médicaments agis- criptions au cas par cas : potassium, antidiabé-
sent à différents niveaux de la reconnaissance tiques, biphosphonates…
et de la réaction immunitaire entre le transplant
et le receveur pour permettre à celui-ci de Anticalcineurines
« tolérer » son nouvel organe. n Molécules : ciclosporine (Neoral) et tacro-
Les stratégies les plus récentes tentent d’épar- limus (Adoport, Advagraf, Envarsus, Modigraf,
gner au maximum les classes médicamen- Prograf).
teuses les plus iatrogènes, à savoir les corti- n Mode d’action : comme leur nom l’indique,
coïdes et les anticalcineurines, qui sont sources ces molécules inhibent indirectement la calci-
d’effets indésirables importants et notamment neurine, une protéine stimulant l’activité de plu-
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“
> Interview
”
il faut donc appeler le patient qui tarde à renouveler
sous forme de prodrogue (mycophénolate les deux cas. Azathrioprine : toutes les semaines
mofétil, Cellcept) ou de sel de sodium (myco- pendant huit semaines, puis au moins tous les
phénolate sodique, Myfortic). Le mycophéno- trois mois. Acide mycophénolique : toutes les
late sodique a initialement été développé pour semaines pendant le premier mois, puis deux
générer moins de troubles digestifs, mais les fois par mois au cours des deuxième et troisième
RCP mentionnent encore les diarrhées comme mois, puis une fois par mois durant le reste de
un effet indésirable très fréquent… la première année. Tests de grossesse avec
n Mode d’action : inhibition de la synthèse des l’acide mycophénolique. Pour prévenir le risque
purines, et donc des acides nucléiques, ce qui tératogène de l’acide mycophénolique : contra-
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Inhibiteurs de mTOR
> Evérolimus Certican cp disp. 0,1 2 prises par jour en même temps que CI : millepertuis, stiripentol, vaccins vivants atténués(2).
et 0,25 mg ; cp 0,25, 0,5 l’anticalcineurine si co-prescrit, durant AD : clarithromycine, crizotinib, dronédarone,
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ception efficace tout au long du traitement et la vaccination antigrippale annuelle est recom-
après l’arrêt jusqu’à six semaines chez la femme, mandée, y compris pour l’entourage. Les vacci-
trois mois chez l’homme. Durant ces mêmes nations anti-pneumocoque et anti-hépatite B
périodes, pas de dons du sang et de sperme. sont également préconisées pour le patient.
n Législation : en plus pour l’acide mycophé-
nolique, accord de soins pour les femmes en
âge de procréer.
Conseils En savoir+
Inhibiteurs de mTOR
n Molécules : évérolimus (Certican), sirolimus
(ou rapamycine : Rapamune).
aux patients > L’Institut national
de la santé et de la
recherche médicale
n Mode d’action : en inhibant de façon indirecte (Inserm) propose un
l’enzyme mTOR (Mammalian Target of Rapa-
Observancei dossier très clair sur
la transplantation :
mycin, en français, cible de la rapamycine chez Une bonne observance des traitements immu-
www.inserm.fr >
les mammifères. En fait, on lui a donné son nom nosuppresseurs est essentielle et conditionne
Information en santé >
d’après les molécules qui agissent sur elles), leur efficacité. Pourtant, de nombreuses officines Dossiers d’information >
ces deux principes actifs bloquent la proliféra- peuvent avoir le cas d’un patient transplanté qui Transplantation
tion et l’activation lymphocytaires. tarde à venir chercher son traitement sur l’éta- d’organes.
n Effets indésirables : troubles de la cicatrisation, gère des « promis ». 15 à 30 % des transplantés
dyslipidémie, œdèmes, protéinurie, hématotoxi- rénaux présentent une observance médiocre,
cité, arthralgies, stomatite, thromboses, pneumo- surtout après plusieurs années de greffe, lorsque
pathies interstitielles… la surveillance médicale est plus espacée.(3)
n Surveillance : bilan lipidique avant le début du n Aborder le sujet. Lorsque cela est possible,
traitement, puis régulièrement après, avec instau- parler avec le patient de sa façon de gérer son
ration d’un régime et d’un traitement au besoin, traitement, ce qui permettra, sans le juger ni le
dosages plasmatiques résiduels, hémogramme… sermonner, d’en savoir plus sur les raisons d’une
éventuelle inobservance : complexité du traite-
Bélatacept (Nulojix, à l’hôpital) ment, effets indésirables, troubles psychiques,
Cette protéine de fusion soluble est un blo- isolement social…
queur sélectif de la costimulation qui inhibe n Piluliers, oui mais attention ! Les gélules de
l’activation des lymphocytes T. Ce médicament tacrolimus, les formes orodispersibles ou effer-
est indiqué chez le transplanté rénal qui, en vescentes des corticoïdes ne doivent être reti-
phase d’entretien, se rend à l’hôpital en général rées de leur blister qu’au moment de les avaler,
toutes les quatre semaines pour une adminis- car ces médicaments sont sensibles à l’humidité.
tration intraveineuse. Le traitement immuno- Faire de même avec les médicaments à base
suppresseur comprend toujours des médica- d’acide mycophénolique, en raison de leur
ments à prendre tous les jours, mais leur caractère tératogène.
nombre est réduit et l’adhérence du patient est
globalement meilleure.
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> À RETENIR
ient
peut > Le patient transplanté est un pat
> La transplantation d’organes fois
me un « trait ement par ticulièrement surveillé, à la
parfois apparaître com concernant la viabilité de l’organe
n’es t pas san s
miracle » mais elle et la tolérance aux traitements.
lique
contrepartie. En particulier, elle imp
(1) Suivi ambulatoire de
splanté
l’adulte transplanté rénal
> L’hygiène de vie du patient tran
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