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SAVOIR
la pathoI
La post-transplantation d’organe

33
la prépI
Un gel de budésonide

34
le matérielI
Les sparadraps non élastiques

38
le point sur…I
Le fentanyl

42
l’ordoI
Un enfant souffrant d’eczéma
sous corticoïde et homéopathie

Que savez-vous sur la post-transplantation d’organe ?


Après avoir lu les pages suivantes, vous aurez 100 % de bonnes réponses. Mais avant ?
1. Le rejet de greffe : b. une bi- ou une trithérapie 6. Les inhibiteurs
a. est hyperaigu, aigu ou chronique ; immunosuppressive ; de calcineurine, ciclosporine
b. a toujours pour conséquence c. des médicaments par voie et tacrolimus :
la perte de l’organe transplanté ; injectable seulement. a. sont néphrotoxiques ;
c. met en jeu l’immunité cellulaire b. tendent à générer
et/ou humorale du patient 4. Chez le patient transplanté, des hypotensions ;
transplanté. tout vaccin : c. sont interchangeables.
a. vivant atténué est contre-indiqué ;
2. En période post-greffe, b. antigrippal est recommandé 7. Les corticoïdes :
le risque infectieux : pour le patient transplanté a. exposent à de nombreux effets
a. apparaît très tardivement, après et son entourage ; indésirables au long cours ;
plusieurs années de traitement ; c. est contre-indiqué la première b. se prennent le matin ou le soir ;
b. concerne des infections année post-greffe. c. sont prescrits à faibles doses,
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virales, bactériennes, fongiques donc nul besoin de restreindre le sel.


ou parasitaires ; 5. Les anti-métabolites,
c. nécessite un traitement préventif azathioprine 8. Il faut dire aux patients :
anti-infectieux. et mycophénolate : a. d’avoir une observance
a. sont contre-indiqués pendant rigoureuse ;
3. La stratégie thérapeutique la grossesse car tératogènes ; b. que l’automédication est
post-greffe repose le plus b. agissent exactement en général sans danger ;
souvent sur : de la même façon ; c. de se protéger du soleil
a. une monothérapie c. sont toxiques sur le plan et de consulter régulièrement
immunosuppressive ; hématologique. un dermatologue.
Réponses : 1. a et c ; 2. b et c ; 3. b ; 4. a et b ; 5. c ; 6. a ; 7. a ; 8. a et c.

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La post-transplantation
la patho

d’organe
Le patient transplanté est un patient chronique particulier.
La greffe d’un organe améliore significativement son espérance
de vie, mais impose un important traitement immunosuppresseur
à vie. Son observance rigoureuse, au début et au long cours,
Info+ est vitale et nécessite un accompagnement de qualité.
> Lorsque la greffe
concerne de vrais

La maladie
jumeaux
homozygotes,
le patient greffé prend des molécules propres à chaque individu,
peut développer une un peu comme une carte d’identité, et participe
tolérance naturelle Physiopathologiei à la réponse immune adaptative.
vis-à-vis du greffon, Transplantation n Pour limiter le risque de rejet, donneur et
et donc se passer n La greffe d’un organe repose sur le don d’or- receveur doivent être ABO-compatibles et au
d’un traitement ganes et la compatibilité entre un donneur et maximum HLA-compatibles. Cette règle varie
immunosuppresseur. un receveur (lire Porphyre n° 541, avril 2018). cependant selon les organes car le foie est un
n Les indications dépendent de l’organe organe où la compatibilité HLA s’avère moins
concerné : insuffisance rénale chronique importante.
avancée (voir Dico + ci-contre) pour le rein, cir-
rhose évoluée (voir Dico + p. 26) pour le foie, Bilan pré-greffe
diabète de type I pour le pancréas… À la fois clinique et paraclinique, avec examens
n Les objectifs. En palliant l’insuffisance termi- d’imagerie, biologie, épreuves fonctionnelles, etc.,
nale d’un organe, il devient possible d’éviter un le bilan pré-greffe se fait sur plusieurs semaines
décès, d’augmenter l’espérance ou la qualité mais parfois aussi dans l’urgence, par exemple
de vie, ou de réduire les coûts par rapport à des dans le cas d’une hépatite fulminante, mortelle
alternatives thérapeutiques, telle la dialyse pour si une greffe de foie n’a pas lieu rapidement.
l’insuffisance rénale. Le bilan vérifie notamment l’absence de contre-
n Seul le suivi des greffes d’organes solides sera indication rédhibitoire, tels un cancer actif ou
Dico+ abordé ici, c’est-à-dire principalement rein, foie,
cœur, poumons, pancréas et intestin. Il est alors
en rémission depuis trop peu de temps, une poly-
pathologie mal équilibrée, une maladie infec-
> Insuffisance rénale plus juste de parler de transplantation et de tieuse évolutive, un risque de mauvaise obser-
chronique avancée : transplant que de greffe et de greffon car l’opé- vance en raison de troubles psychiatriques…
maladie rénale ration chirurgicale va rétablir la continuité vas- Comme le patient attend parfois plusieurs années
chronique sévère, culaire selon le principe d’anastomose, c’est-à- avant d’être greffé, les résultats du bilan pré-greffe
caractérisée par
dire la connexion entre les vaisseaux sanguins sont réactualisés au besoin durant l’attente, et le
un débit de filtration
du donneur et ceux du receveur, à la différence patient met à jour ses vaccins (voir p. 31).
glomérulaire inférieur
de nombreux tissus greffés sans anastomose,
à 20 ml par minute
telles la cornée, la peau… Opération de transplantation
n La transplantation est une opération chirurgi-
pouvant nécessiter
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un traitement de
suppléance tel qu’une Principes immunologiques cale d’une durée variable selon les organes, de
hémodialyse ou une n Deux grands systèmes permettent à l’orga- trois à quinze heures. Après l’opération de greffe,
dialyse péritonéale, nisme de distinguer ce qui lui est propre, le soi, le patient est en soins intensifs ou en réanima-
ou une greffe. de ce qui lui est étranger, le non soi. tion, où l’on surveille ses fonctions vitales et la
> Le système ABO, à l’origine des groupes reprise de la fonction du greffon. En parallèle,
sanguins A, B,AB et O, s’exprime essentiellement un traitement immunosuppresseur est mis en
à la surface des globules rouges. route car le système immunitaire réagit immé-
> Le système HLA (Human Leukocyte diatement face à l’organe étranger. Le risque
Antigen), plus vaste et plus complexe, com- est le rejet de la greffe.

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la patho
La post-transplantation d’organe

1Lede rejet de greffe désigne une « attaque immunitaire »


l’organe transplanté.
Risque de rejet d’une greffe
– Proche de 100 % en l’absence de traitement
immunosuppresseur.
Le greffon est considéré par l’organisme comme un « intrus », aussi – 10 à 30 % de rejet aigu la première année
appelé non soi, qui déclenche une réaction de défense immunitaire. sous traitement.

2 Différents mécanismes immunologiques


peuvent entrer en jeu. Les médicaments agissent à divers
niveaux de la réaction immunitaire.
1 Reconnaissance du corps étranger. Inhibition de la transcription
Les antigènes du greffon sont présentés d’interleukines.
aux lymphocytes T du receveur via une 2 Activation
Ciclosporine, tacrolimus,
cellule présentatrice d’antigène (CPA). des lymphocytes T.
Transcription des gènes
corticoïdes.
de synthèse des cytokines
sous l’influence notamment
de la calcineurine. Inhibition de l’action
de l’interleukine 2.
3 Sécrétion Inhibiteurs de mTOR :
de cytokines. évérolimus, sirolimus.
Greffon En particulier de
Lymphocyte T l’interleukine 2 (Il2).
Cellule
présentatrice Diminution du nombre
d’antigène Cytokines de lymphocytes.
Anti-métabolites :
azathioprine, acide
4 Activation mycophénolique.
et prolifération
Lymphocytes B des cellules de défense
immunitaires dirigées
Macrophages contre le greffon.

Lymphocytes T 5 Rejet du greffon.


tueurs
Plasmocytes
Phagocytose

Anticorps Attaques des


Lyse cellulaire cellules du
greffon
Réponse humorale
© Conception : Anne-Gaëlle Harlaut – Illustration : Franck Lhermitte

3 On distingue trois types de rejets selon le délai d’apparition.


J0 6 mois Plusieurs
Jour de la greffe après années après
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Rejet Rejet aigu Rejet chronique


hyperaigu
Très rapide, il est dû à la présence Il se produit dans les premiers mois. Il survient après plusieurs années.
chez le receveur d’anticorps Plusieurs processus immunologiques Son origine est multifactorielle :
cytotoxiques contre le donneur. sont imbriqués dans sa survenue. réaction immunitaire latente
Il est devenu rare depuis les tests La perte du greffon n’est pas chronique, co-morbidités, toxicité
de compatibilité effectués systématique si un traitement des immunosuppresseurs... La durée
préalablement à la greffe. curatif intervient. de vie des greffons est diminuée.

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n La durée de l’hospitalisation post-opératoire


la patho

sède des anticorps anti-HLA spécifiquement


est variable, notamment selon l’état du patient dirigés contre des antigènes du donneur, avec
à l’arrivée dans le service. Elle permet de pré- un risque important de rejet hyperaigu. En
parer le patient à sa « nouvelle vie » et de se général, cette positivité est une contre-indication
familiariser avec le traitement immunosuppres- à la transplantation.
seur qu’il va devoir suivre. n Rejet aigu : il survient essentiellement dans
les premiers mois de greffe. Son incidence
dépend de l’organe greffé et du type de traite-
Complications post-greffei ment immunosuppresseur. On distingue :
Rejet de la greffe > le rejet cellulaire : mise en jeu de lympho-
Définition cytes T et de cellules inflammatoires, sans for-
Le rejet est un processus immunologique par mation d’anticorps dirigés contre le transplant ;
lequel l’organisme d’un receveur réagit contre > le rejet humoral : production d’anticorps
l’organe d’un donneur considéré comme dirigés contre le transplant.
étranger. Si le rejet est sévère, il peut aboutir à n Rejet chronique : il apparaît progressivement,
une destruction du transplant. Le risque est for- en général au bout de plusieurs années de
tement diminué grâce aux traitements immu- greffe. Ce rejet est d’origine multifactorielle.
nosuppresseurs. Parmi ces facteurs, une réaction immunitaire
Dico+ latente chronique, la présence de comorbidités,
> Cirrhose : grave D’un point de vue immunitaire la toxicité des médicaments anti-rejet (antical-
maladie de foie, Le rejet de greffe désigne une « attaque immu- cineurines, voir p. 28)…
essentiellement due à nitaire » de l’organe transplanté. Cet organe est
l’alcool, aux hépatites en quelque sorte un intrus, ou non soi. Des frag- Autres complications
chroniques virales B ments de l’organe sont présentés aux lympho- Les autres complications post-greffe sont surtout
et C, au surpoids, cytes T du receveur. En présence de divers dues à l’immunosuppression au long cours et
et pouvant entraîner signaux de stimulation et de co-stimulation, les sur lesquelles l’officinal peut avoir une action.
une perte des fonctions lymphocytes T s’activent, sécrètent des cytokines Néanmoins, il en existe d’autres, notamment
hépatiques. (voir Dico +) comme l’interleukine 2 et amplifient celles liées à l’opération, à une récidive de la
la réponse immunitaire vis-à-vis du greffon. Dif- maladie initiale…
> Cytokines : protéines férents mécanismes se mettent en place : une
qui permettent la toxicité cellulaire, ou cytotoxicité, une sécrétion n Complications infectieuses. Le risque infectieux
communication entre d’anticorps, une phagocytose, une inflamma- évolue au cours du temps.
les cellules du système
immunitaire.
tion… Ils conduisent à la destruction du greffon. > Le premier mois, les infections sont noso-
comiales, liées à l’hospitalisation.
Différents types > Entre un et six mois, elles sont opportu-
n Rejet hyperaigu : il est dû à la présence chez nistes, liées au déficit immunitaire et proches
le receveur d’anticorps cytotoxiques spécifiques de celles qui sont observées chez un patient
du donneur. Ce rejet apparaît très rapidement, VIH-positif non traité.
parfois sur la table d’opération. Il a aujourd’hui > Après six mois, ce sont des infections com-
quasiment disparu grâce à la réalisation systé- munautaires, à germes classiquement rencontrés
matique d’un cross-match lymphocytaire avant dans la population générale.
la greffe. Il s’agit d’un test de compatibilité entre > Les infections sont de tous les types : bac-
le sérum du receveur et les lymphocytes du tériennes, virales, fongiques ou parasitaires.
donneur, obligatoire avant toute transplantation. Parmi les infections opportunistes graves faisant
Si ce test est positif, c’est que le receveur pos- l’objet d’une prévention spécifique (voir plus
loin), citons la maladie à cytomégalovirus
(CMV) et la pneumocystose, qui est une atteinte
pulmonaire due au champignon Pneumocystis
> Contre-indications des médicaments* jiroveci.
n Complications tumorales. Les traitements anti-
> Corticoïdes (contre-indications relatives) : tout état infectieux,
rejet diminuent l’immunosurveillance (voir
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à l’exclusion des indications spécifiées ; certaines viroses en


Dico + p. 27) et rendent le patient transplanté
évolution, notamment hépatites, herpès, varicelle, zona ; états
plus à risque de développer des cancers, notam-
psychotiques encore non contrôlés par un traitement.
ment cutanés, avec des carcinomes baso- ou
> Acide mycophénolique : femmes en âge de procréer
spinocellulaires, ou des cancers viro-induits
en l’absence de méthode contraceptive hautement efficace
avec des lymphomes, notamment les formes
et/ou d’un test de grossesse négatif à l’initiation du traitement,
non hodgkiniennes dues au virus Epstein-Barr
grossesse et allaitement.
(ou EBV), des sarcomes de Kaposi dus à un
(*) Hors hypersensibilités et interactions. Sources : RCP des médicaments.
herpès virus HHV8 et des cancers du col de
l’utérus causés par un papillomavirus HPV…

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la patho
> Témoignage

Monsieur M., 57 ans

« J’ai conscience d’être une sorte de survivant »


« J’avais 49 ans quand on a diagnostiqué chez moi une maladie de Berger*. À l’époque,
je travaillais énormément en tant qu’avocat et mes enfants étaient encore petits. La maladie
a conduit à l’insuffisance rénale sévère et m’a imposé de rentrer rapidement en dialyse.
Cela a duré sept ans et demi et généré une souffrance physique et morale incroyable.
En parallèle, j’étais sur liste d’attente et mon parcours a été particulièrement chaotique.
J’ai rejeté mon premier greffon au bout de sept jours. J’ai ensuite été appelé à quatre
reprises mais, à chaque fois, la greffe ne pouvait finalement pas se faire. Ma greffe
définitive a eu lieu en novembre 2007. J’ai conscience d’être une sorte de survivant.
Aujourd’hui, je prends de nombreux médicaments, des immunosupresseurs à vie, mais pas
seulement. À cause de la cortisone, j’ai développé un diabète, que j’essaie de rendre
minimal avec une bonne hygiène de vie, mais je suis obligé de prendre des antidiabétiques
et de m’injecter de l’insuline quotidiennement… J’ai conscience que les médicaments anti-
rejet ne sont pas une assurance non plus, et qu’il faut prendre soin de l’organe que l’on m’a
donné, pour prolonger au maximum sa durée de vie. Il existe une certaine responsabilité
vis-à-vis du défunt et de sa famille. »
(*) La maladie de Berger, ou néphropathie à IgA, est une maladie rénale auto-immune caractérisée
par des dépôts d’anticorps de type IgA au niveau des glomérules rénaux.

n Complications métaboliques et cardio-vascu- mécanisme immunitaire. Ainsi, il est bon en cas


laires. Certains médicaments comme les corti- de rejet cellulaire mais plus réservé en cas de
coïdes et les anticalcineurines favorisent la sur- rejet humoral.
venue de complications ou les aggravent : n Quant au rejet chronique, il se dépiste mais
surpoids, diabète, dyslipidémie, athérosclérose, demeure difficile à traiter. Il contribue à la dimi- Dico+
hypertension… nution de la durée de vie des greffons. > Immunosurveillance :
capacité du système
immunitaire à détecter
Diagnostic du rejeti Suivi post-greffei et à éliminer les
Ce diagnostic repose sur un faisceau d’argu- n Particulièrement complexe, le suivi du patient cellules anormales. La
ments. Les examens cliniques et paracliniques transplanté repose sur un ensemble d’examens survenue d’un cancer
s’accompagnent d’une analyse histologique du cliniques et paracliniques. Les consultations et résulte donc d’une
greffon. Celle-ci met en évidence les lésions explorations programmées sont de plus en plus prolifération cellulaire
issues de la réaction immunitaire du patient espacées, mais restent très fréquentes. Par anormale et d’une
transplanté vers son transplant, et constitue le exemple, dans le cas d’une transplantation défaillance de
diagnostic de certitude du rejet. rénale au-delà des trois mois post-transplanta- l’immunosurveillance.
Par exemple, en cas de rejet aigu du rein, le patient tion, l’examen clinique a lieu deux fois par mois Les cellules ayant
peut présenter une hypertension, une prise de entre le quatrième et le sixième mois, une fois échappé à ce filtre
poids, voire une fièvre et une augmentation du par mois entre le septième et le douzième mois, peuvent continuer
volume du rein. Sur le plan biologique, la créati- une fois tous les un à quatre mois au-delà de à proliférer et mener
ninémie est élevée, la présence de sang dans les la première année(1). à un cancer.
urines (hématurie) signe une dégradation rapide n Ce suivi rapproché permet de surveiller le
de la fonction rénale. En cas de rejet chronique, transplant et de repérer les premiers signes d’un
l’insuffisance rénale s’installe peu à peu, la créa- rejet, mais aussi de vérifier le traitement immu-
tininémie augmente et s’associe à une protéi- nosuppresseur, d’évaluer le risque cardio-vas-
nurie, et le patient est souvent hypertendu. culaire, ou encore de dépister précocement un
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cancer induit par les immunosuppresseurs.


n Le plus souvent, le suivi est une collaboration
Évolution du rejeti entre le centre de transplantation du CHU, où le
n Le rejet aigu, en l’absence de traitement, peut patient se rend au moins une fois par an, le spé-
rapidement aboutir à la perte de l’organe. Par cialiste hors CHU et le médecin généraliste. Ce
contre, le transplant peut être sauvé si un trai- dernier peut gérer les co-prescriptions du patient
tement non plus préventif mais curatif est rapi- et doit être consulté rapidement devant tout
dement mis en place, par exemple des corti- symptôme évocateur d’infection, tel que fièvre,
coïdes à haute dose. Le pronostic dépend du toux, essoufflement, rhume, signes urinaires.

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n D’autres praticiens sont impliqués au cas par


la patho

immunosuppressives : elles permettent à l’orga-


cas : cardiologue, endocrinologue, dermato- nisme de « tolérer » le greffon mais elles l’em-
logue, gynécologue, chirurgien-dentiste… Les pêchent d’éliminer correctement les agents
patients doivent toujours penser à prévenir les infectieux d’une part et les cellules tumorales
différents professionnels de santé qu’ils sont d’autre part.
transplantés. n Certains immunosuppresseurs sont des médi-
Info+ Les personnes transplantées bénéficient d’une
prise en charge à 100 % (ALD 28).
caments à marge thérapeutique étroite et/ou
dont l’exposition peut être très variable d’un
> Parmi les individu à l’autre. En particulier, les anticalci-
immunosuppresseurs neurines et les inhibiteurs de mTOR – et parfois

Le traitement
d’induction, les
aussi les antimétabolites – bénéficient d’un
anticorps polyclonaux,
suivi thérapeutique pharmacologique (STP).
ou sérums anti-
Ce STP est un dosage des concentrations san-
lymphocytaires
tels que Grafalon et
iObjectifsi guines souvent résiduelles, suivi d’une adapta-
Thymoglobuline sont La stratégie thérapeutique globale comprend tion posologique si nécessaire.
des immunoglobulines deux volets : n Tous sont à prescription initiale hospitalière
de lapin dirigées contre n un traitement immunosuppresseur qui a pour semestrielle, sauf les corticoïdes.
les lymphocytes T but de limiter le risque de rejet du greffon, et
humains. C’est un donc de prolonger sa durée de vie. Il vise sur- Anti-inflammatoires stéroïdiens
« traitement de choc » tout le rejet aigu ; n Molécules : bétaméthasone (Célestène)
entraînant une n un traitement préventif (voir plus loin) et la ges- méthylprednisolone (Medrol), prednisolone
importante déplétion tion des comorbidités. Le patient transplanté a (Solupred) et prednisone (Cortancyl). Ils sont
lymphocytaire. souvent une « ordonnance à rallonge », avec prescrits à dose rapidement dégressive, voire
Lorsque le risque des antidiabétiques, des antihypertenseurs, un arrêtés, et dans de très rares cas jamais démarrés.
immunologique est protecteur gastrique… n Mode d’action : les corticoïdes agissent essen-
moindre, sont utilisés tiellement par voie génomique et régulent posi-
les anticorps tivement ou négativement la transcription de
monoclonaux, tel le Stratégiei nombreux gènes. Dans la prévention du rejet,
basiliximab (Simulect) En général, la stratégie thérapeutique immuno- leur action est à la fois immunosuppressive, par
dirigé spécifiquement suppressive comprend deux temps. diminution de la synthèse de cytokines, et anti-
contre l’antigène n Le traitement d’induction : mis en place immé- inflammatoire.
CD25 (= chaîne alpha diatement après l’opération et pour une durée n Effets indésirables : au long cours, hyperten-
du récepteur de l’IL2)
de quelques jours seulement, à base d’immu- sion artérielle, diabète, prise de poids, atrophie
impliqué dans
nosuppresseurs injectables dits d’induction (voir musculaire, ostéoporose, cataracte, glaucome,
la prolifération
Info +). Il vise à diminuer l’incidence des rejets atrophie cutanée, acné, insomnies, troubles psy-
des lymphocytes T.
aigus des premières semaines post-greffe. chiques, perturbations biologiques (hypoka-
n Le traitement d’entretien : moins agressif que liémie, hyperlipidémie…)…
le traitement d’induction mais tout aussi néces- n Surveillance : bilans biologiques réguliers
saire pour prévenir les rejets aigus. Le plus sou- pour surveiller la kaliémie, la glycémie, les
vent, il s’agit d’une bi- ou d’une trithérapie com- lipides sanguins, ostéodensitométrie, suivi oph-
prenant des corticoïdes, des anticalcineurines talmologique… Le patient bénéficie de co-pres-
et des antimétabolites. Ces médicaments agis- criptions au cas par cas : potassium, antidiabé-
sent à différents niveaux de la reconnaissance tiques, biphosphonates…
et de la réaction immunitaire entre le transplant
et le receveur pour permettre à celui-ci de Anticalcineurines
« tolérer » son nouvel organe. n Molécules : ciclosporine (Neoral) et tacro-
Les stratégies les plus récentes tentent d’épar- limus (Adoport, Advagraf, Envarsus, Modigraf,
gner au maximum les classes médicamen- Prograf).
teuses les plus iatrogènes, à savoir les corti- n Mode d’action : comme leur nom l’indique,
coïdes et les anticalcineurines, qui sont sources ces molécules inhibent indirectement la calci-
d’effets indésirables importants et notamment neurine, une protéine stimulant l’activité de plu-
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métaboliques. sieurs facteurs de transcription, impliquée dans


la synthèse d’interleukine 2, cytokine qui joue
. le rôle de facteur de croissance des lympho-
Médicamentsi cytes T. Il s’ensuit une baisse de la prolifération
immunosuppresseursi des lymphocytes T et une inhibition de leur
réponse face au greffon.
Caractéristiques générales n Effets indésirables : néphrotoxicité aiguë ou
n Toutes les molécules augmentent le risque infec- chronique, hypertension artérielle, céphalées,
tieux et néoplasique en raison de leurs propriétés troubles digestifs, tremblements, atteinte mus-

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la patho

> Interview

Un jour d’arrêt de traitement peut entraîner un rejet,


il faut donc appeler le patient qui tarde à renouveler

Quelle est la durée de vie chaque consultation est l’occasion de faire


d’un greffon ? un point avec lui.
Dans le cas du rein, les dernières données
françaises dont nous disposons grâce Quelle place occupe l’officinal dans le suivi ?
à l’Agence de la biomédecine montrent Le rôle de l’équipe officinale est essentiel
que la médiane de survie se situe à treize car elle a souvent une vision d’ensemble
ans et demi en cas de donneur décédé des médicaments pris par le patient, ce qui
Dr Tristan Legris,
néphrologue, praticien et sans doute à plus de vingt ans en cas lui permet par exemple de repérer des
hospitalier au sein de donneur vivant. Cela dit, un patient interactions médicamenteuses et de prendre
du Centre de qui bénéficie du « meilleur » rein possible rapidement contact avec le prescripteur.
néphrologie et mais qui ne prend pas correctement son Lorsqu’une personne tarde à venir chercher
de transplantation
traitement sort de ces statistiques et peut ses médicaments, il ne faut pas hésiter à
rénale de l’hôpital
de la Conception réduire à néant ses chances de garder l’appeler, car un jour d’arrêt de traitement
à Marseille (13). son nouveau rein. peut entraîner un rejet.

Quelle place pour l’éducation Des innovations thérapeutiques


thérapeutique du patient ? sont-elles en cours ?
L’éducation thérapeutique du patient est Les traitements actuellement disponibles
présente tout au long du parcours de soins. sont tellement efficaces dans la prévention
Avant la greffe, le patient sur liste d’attente du rejet aigu que les industriels ne
doit être préparé psychologiquement, s’intéressent pas au développement
il peut notamment participer à des réunions de nouvelles molécules. Par contre, de
d’information. Pendant les dix à quinze nombreux protocoles de recherche portent
jours que dure l’hospitalisation, les sur le traitement et la prévention du rejet
infirmières aident le patient à s’approprier humoral, et testent plusieurs anticorps
peu à peu son traitement. Puis, par la suite, monoclonaux dans ce sens.

culo-squelettique, perturbations biologiques empêche la progression du cycle cellulaire, et


(hyperkaliémie, hyperlipidémie surtout sous donc la prolifération des lymphocytes T. L’aza-
ciclosporine, hyperglycémie surtout sous tacro- thioprine est une prodrogue qui se transforme
limus). Avec la ciclosporine : hirsutisme, hyper- en 6-mercaptopurine, analogue des bases
trophie gingivale, hépatotoxicité. Avec le tacro- puriques et jouant le rôle de leurre biochimique
limus : alopécie, diabète, troubles visuels et auprès des enzymes de la voie de synthèse des
neurologiques, insomnies. purines. Le mycophénolate, lui, inhibe directe-
n Surveillance : mesure de la pression artérielle, ment l’enzyme inosine monophosphate déshy-
bilans biologiques pour surveiller les taux plas- drogénase (IMPDH), et donc la synthèse des
matiques, les fonctions rénale et hépatique, l’hé- nucléotides à base de guanine.
mogramme et les constantes métaboliques. n Effets indésirables. Azathioprine: hématotoxicité
par myélotoxicité, troubles digestifs, hépatotoxicité.
Antimétabolites Acide mycophénolique : hématotoxicité, risque
n Molécules : azathioprine (Imurel) et surtout tératogène, troubles digestifs, dont diarrhées.
acide mycophénolique, ce dernier disponible n Surveillance : hémogramme très régulier dans
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sous forme de prodrogue (mycophénolate les deux cas. Azathrioprine : toutes les semaines
mofétil, Cellcept) ou de sel de sodium (myco- pendant huit semaines, puis au moins tous les
phénolate sodique, Myfortic). Le mycophéno- trois mois. Acide mycophénolique : toutes les
late sodique a initialement été développé pour semaines pendant le premier mois, puis deux
générer moins de troubles digestifs, mais les fois par mois au cours des deuxième et troisième
RCP mentionnent encore les diarrhées comme mois, puis une fois par mois durant le reste de
un effet indésirable très fréquent… la première année. Tests de grossesse avec
n Mode d’action : inhibition de la synthèse des l’acide mycophénolique. Pour prévenir le risque
purines, et donc des acides nucléiques, ce qui tératogène de l’acide mycophénolique : contra-

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Principaux médicaments immunosuppresseurs disponibles à l’officine


DCI Spécialités Modalités de prises(1) Interactions
Corticoïdes
> Bétaméthasone Célestène cp disp. séc. 1 prise par jour, le matin ou le midi,  CI : vaccins vivants atténués(2).
2 mg S ; sol. buv. gouttes au cours du repas. AD : aspirine à doses anti-inflammatoires 
0,05 % S. (doses ≥ 1 g/prise et/ou ≥ 3 g/jour).
> Méthylprednisolone Medrol cp séc. 4 et 16 mg.
> Prednisolone Solupred cp orodisp. ou
efferv. 5 et 20 mg (S sauf
la forme orodisp. du 5 mg) ;
sol. buv. 1 mg/ml.
> Prednisone Cortancyl cp séc. 1, 5 
et 20 mg S.
Inhibiteurs de la calcineurine
> Ciclosporine Néoral caps. molles 10, 25, 2 prises par jour, pendant ou hors  CI : aliskiren, bosentan (H), dabigatran, millepertuis,
50 et 100 mg ; sol. buv. des repas mais faire toujours pareil  rosuvastatine, simvastatine, stiripentol, vaccins vivants
100 mg/ml. pour limiter les fluctuations. atténués(2).
AD : amiodarone, clarithromycine colchicine, crizotinib,
diurétiques épargneurs de potassium, dronédarone,
éribuline (H), érythromycine ézétimibe, fidaxomicine (H),
idélalisib (H), inhibiteurs de protéases boostés par le
ritonavir, itraconazole, kétoconazole, modafinil, nifédipine,
orlistat, pamplemousse, posaconazole potassium (H),
télithromycine, vémurafénib.
> Tacrolimus Libération immédiate (LI) Forme LI : 2 prises par jour, à heures CI : millepertuis, PVC (incompatibilité physico-chimique),
Adoport gél. 0,5, 1, 2  fixes, à 12 heures d’intervalle,  stiripentol, vaccins vivants atténués(2).
et 5 mg ;  à distance des repas.  AD : clarithromycine, crizotinib, dabigatran, diurétiques
Modigraf granulés pour épargneurs de potassium, dronédarone, érythromycine,
susp. buv. 0,2 et 1 mg.  ;  idélalisib (H), inhibiteurs de protéases boostés par le
Prograf gél. 0,5, 1 et 5 mg. ritonavir, itraconazole, josamycine, kétoconazole,
Libération prolongée (LP) Forme LP : 1 prise par jour, le matin  pamplemousse, posaconazole (H), potassium
Advagraf LP gél 0,5, 1, 3  à heure fixe, à distance des repas.  télithromycine, vémurafénib.
et 5 mg ; 
Envarsus LP gél 0,75, 
1 et 4 mg. 

Inhibiteurs de la synthèse des bases puriques


> Azathioprine Imurel cp 25 et 50 mg, 1 prise par jour, au cours des repas. CI : inhibiteurs de la xanthine oxydase (allopurinol,
S seulement pour le dosage fébuxostat) car risque d’aplasie médullaire, 
50 mg. vaccins vivants atténués(2).
AD : phénytoïne, ribavirine.
> Mycophénolate Cellcept gél 250 mg ;  2 prises par jour. CI : vaccins vivants atténués(2).
mofétil cp 500 mg S ; pdre pour
susp. buv. (à reconstituer 
à l’officine) 1 mg/5 ml. 
> Mycophénolate Myfortic cp gastrorés.  2 prises par jour, pendant ou hors 
sodique 180 et 360 mg. des repas mais faire toujours pareil 
pour limiter les fluctuations.

Inhibiteurs de mTOR
> Evérolimus Certican cp disp. 0,1  2 prises par jour en même temps que CI : millepertuis, stiripentol, vaccins vivants atténués(2).
et 0,25 mg ; cp 0,25, 0,5  l’anticalcineurine si co-prescrit, durant AD : clarithromycine, crizotinib, dronédarone,
mai 2018 I 542 I www.porphyre.fr

et 0,75 mg.  ou hors des repas mais faire toujours érythromycine, idélalisib (H), inhibiteurs de protéases


pareil pour limiter les fluctuations. boostés par le ritonavir, itraconazole, kétoconazole,
> Sirolimus Rapamune cp enrobé 0,5, 1 1 prise par jour, 4 heures après la pamplemousse, posaconazole (H), télithromycine,
et 2 mg ; sol. buv. 1 mg/ml. ciclosporine si co-prescrite, pendant  vémurafénib, voriconazole.
ou hors des repas mais faire toujours
pareil pour limiter les fluctuations.
S : substituable ; CI : contre-indiqué ; AD : association déconseillée. H : produit hospitalier. Sources : RCP des médicaments, Thésaurus ANSM.
(1) Les posologies sont variables d’un patient à l’autre, en fonction du type de greffe, des médicaments co-administrés, de la phase du traitement 
(induction ou entretien), des concentrations sanguines… d’où l’absence de posologies types dans ce tableau. 
(2) BCG, rotavirus, fièvre jaune, ROR, varicelle-zona, vaccin antigrippal (voie nasale).

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ception efficace tout au long du traitement et la vaccination antigrippale annuelle est recom-
après l’arrêt jusqu’à six semaines chez la femme, mandée, y compris pour l’entourage. Les vacci-
trois mois chez l’homme. Durant ces mêmes nations anti-pneumocoque et anti-hépatite B
périodes, pas de dons du sang et de sperme. sont également préconisées pour le patient.
n Législation : en plus pour l’acide mycophé-
nolique, accord de soins pour les femmes en
âge de procréer.
Conseils En savoir+
Inhibiteurs de mTOR
n Molécules : évérolimus (Certican), sirolimus
(ou rapamycine : Rapamune).
aux patients > L’Institut national
de la santé et de la
recherche médicale
n Mode d’action : en inhibant de façon indirecte (Inserm) propose un
l’enzyme mTOR (Mammalian Target of Rapa-
Observancei dossier très clair sur
la transplantation :
mycin, en français, cible de la rapamycine chez Une bonne observance des traitements immu-
www.inserm.fr >
les mammifères. En fait, on lui a donné son nom nosuppresseurs est essentielle et conditionne
Information en santé >
d’après les molécules qui agissent sur elles), leur efficacité. Pourtant, de nombreuses officines Dossiers d’information >
ces deux principes actifs bloquent la proliféra- peuvent avoir le cas d’un patient transplanté qui Transplantation
tion et l’activation lymphocytaires. tarde à venir chercher son traitement sur l’éta- d’organes.
n Effets indésirables : troubles de la cicatrisation, gère des « promis ». 15 à 30 % des transplantés
dyslipidémie, œdèmes, protéinurie, hématotoxi- rénaux présentent une observance médiocre,
cité, arthralgies, stomatite, thromboses, pneumo- surtout après plusieurs années de greffe, lorsque
pathies interstitielles… la surveillance médicale est plus espacée.(3)
n Surveillance : bilan lipidique avant le début du n Aborder le sujet. Lorsque cela est possible,
traitement, puis régulièrement après, avec instau- parler avec le patient de sa façon de gérer son
ration d’un régime et d’un traitement au besoin, traitement, ce qui permettra, sans le juger ni le
dosages plasmatiques résiduels, hémogramme… sermonner, d’en savoir plus sur les raisons d’une
éventuelle inobservance : complexité du traite-
Bélatacept (Nulojix, à l’hôpital) ment, effets indésirables, troubles psychiques,
Cette protéine de fusion soluble est un blo- isolement social…
queur sélectif de la costimulation qui inhibe n Piluliers, oui mais attention ! Les gélules de
l’activation des lymphocytes T. Ce médicament tacrolimus, les formes orodispersibles ou effer-
est indiqué chez le transplanté rénal qui, en vescentes des corticoïdes ne doivent être reti-
phase d’entretien, se rend à l’hôpital en général rées de leur blister qu’au moment de les avaler,
toutes les quatre semaines pour une adminis- car ces médicaments sont sensibles à l’humidité.
tration intraveineuse. Le traitement immuno- Faire de même avec les médicaments à base
suppresseur comprend toujours des médica- d’acide mycophénolique, en raison de leur
ments à prendre tous les jours, mais leur caractère tératogène.
nombre est réduit et l’adhérence du patient est
globalement meilleure.

> Vigilance au moment de la délivrance


Prévention anti-infectieuse>
Molécules > Le tacrolimus existe sous de princeps (Cellcept) et de
L’association triméthoprime-sulfaméthoxazole forme à libération immédiate générique (Biogaran, EG Labo,
(Bactrim) ou des aérosols de pentamidine (Pen- dans Adoport, Modigraf, Mylan…). Mais attention,
tacarinat) contre la pneumocystose, le valgan- Prograf, à raison de deux prises le mycophénolate mofétil fait
ciclovir (Rovalcyte) ou le valaciclovir (Zelitrex) par jour, ou prolongée dans partie des molécules exclues
contre le cytomégalovirus (CMV) sont utilisés Advagraf, Envarsus avec du dispositif « tiers payant
mais, en général, ces traitements ne sont plus une prise par jour. Attention, contre génériques », aux côtés
prescrits au-delà des six premiers mois. toutes ces spécialités ne sont de la lévothyroxine, de certains
en aucun cas interchangeables, antiépileptiques, tels lamotrigine,
mai 2018 I 542 I www.porphyre.fr

Vaccins y compris lorsque le dosage lévétiracétam, topiramate


Les vaccinations(2) doivent être mises à jour est le même. En particulier, et valproate de sodium,
selon le calendrier vaccinal « standard », de pré- Adoport n’est pas un générique et de la buprénorphine.
férence avant la transplantation parce que l’im- de Prograf, et il n’existe pas La substitution est possible mais
munodépression post-greffe diminue la réponse de groupe générique pour non systématique. Si le patient
immunitaire aux vaccins et contre-indique la le tacrolimus. ne souhaite pas le générique,
réalisation de certains d’entre eux (voir tableau > Le mycophénolate mofétil il n’est pas obligé de faire
à gauche). Aucune vaccination n’est réalisée en gélules existe sous forme l’avance des frais.
durant les six premiers mois post-greffe. Ensuite,

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n Rappeler les modalités de prise (voir tableau


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p. 30). Faire ramener les médicaments non uti- Vie quotidiennei


lisés ou périmés à la pharmacie. Alimentation
n En cas d’oubli : pas de règle universelle. Consul- n Conseiller un régime équilibré, riche en fruits
ter la notice pour la marche à suivre. Exemple : et légumes et pauvre en sucres rapides, en
pour Néoral, prendre la dose dès que l’oubli est graisses et en sel.
En savoir+ constaté, sauf quand il est presque l’heure de la n Adapter l’alimentation pour prévenir les com-
dose suivante. En cas de doute, le patient doit plications cortico-induites telles que :
> Le site de l’Agence contacter son centre de transplantation. > l’ostéoporose, avec des produits riches en
n Limiter le risque infectieux. Adopter quelques
de la biomédecine
calcium et en vitamine D comme le lait, les
propose de nombreux
règles de base : lavage de mains, désinfection yaourts et certaines eaux ;
documents sur la
greffe à télécharger :
des plaies, viandes et poissons bien cuits, respect > l’hypokaliémie grâce aux fruits et légumes,
www.agence- de la chaîne du froid, hygiène de la cuisine et légumineuses, fruits secs, épices, persil ;
biomedecine.fr du frigo, eau en bouteille en dehors du domicile. > la fonte musuclaire, avec des protéines ani-
Associations males et végétales.
de patients
– Foie : association
Automédicationi Psychostimulants
Phénix, http://assoc- La ciclosporine et le tacrolimus sont les molé- L’arrêt du tabac est fortement recommandé, de
phenix.org ; cules les plus à risque d’interactions médica- même que la limitation de la consommation
Fédération nationale menteuses, car elles sont à la fois substrat et d’alcool afin de prévenir le risque cardio-vascu-
des malades et inhibiteur du CYP3A4 et de la glycoprotéine P. laire et en raison de leur rôle carcinogène.
transplantés hépatiques Mais, de façon générale, quel que soit le traite-
(TransHepate), ment immunosuppresseur, toute forme d’auto- Activité physique
www.transhepate.org médication est à déconseiller. Encourager la pratique d’une activité sportive
– Rein : association n En vente libre, penser aux antalgiques : les dans le cadre de la prévention cardio-vasculaire.
France Rein, AINS et l’aspirine sont néphrotoxiques, les anti-
www.francerein.org, acides diminuent l’absorption des autres médi- Soleil et luminosité
Renaloo, caments, et même le paracétamol est source Le recours à une protection solaire (crème, tee-
www.renaloo.com d’hépatotoxicité (et de greffe hépatique…) en shirt, chapeau, lunettes…) est indispensable
– Cœur et/ou cas de surdosage. pour limiter le risque de cancer cutané.
poumons : Fédération n Attention aux thérapies dites naturelles. Le
France greffes cœur
millepertuis, antidépresseur, mais aussi inducteur Soutien
et/ou poumons
enzymatique, réduit l’efficacité des anticalci- La greffe bouleverse durablement la vie du
(FGCP), www.france-
neurines. Certaines plantes immunostimulantes patient (voir témoignage p.27). Si besoin, celui-
coeur-poumon.asso.fr
comme l’échinacée risquent d’interférer avec ci peut être orienté vers un professionnel ou
les immunosuppresseurs. vers une association de patients (voir En savoir +
n L’alimentation peut être à risque : le pample- ci-contre). n
mousse (fruit et jus) est un inhibiteur enzyma- Florence Leandro
tique qui favorise les surdosages en anticalci- Avec l’aimable participation du Dr Tristan Legris, néphrologue,
neurines, le thé vert riche en tanins peut interférer praticien hospitalier au Centre de néphrologie et de
transplantation rénale de l’hôpital de la Conception
avec les immunosuppresseurs. à Marseille (13).

> À RETENIR
ient
peut > Le patient transplanté est un pat
> La transplantation d’organes fois
me un « trait ement par ticulièrement surveillé, à la
parfois apparaître com concernant la viabilité de l’organe
n’es t pas san s
miracle » mais elle et la tolérance aux traitements.
lique
contrepartie. En particulier, elle imp
(1) Suivi ambulatoire de
splanté
l’adulte transplanté rénal
> L’hygiène de vie du patient tran
mai 2018 I 542 I www.porphyre.fr

rout e rap ide d’un trait eme nt


au-delà de trois mois après
la mise en ter au max imu m
transplantation, Haute Autorité
pres seur afin de limi ter doit permettre de limi
de santé, novembre 2007. immuno sup bles mét abo liqu es
les effets indésira
(2) Vaccination des personnes
le risque de rejet du greffon. nts
immunodéprimées ou esseurs et cardio-vasculaires des traiteme
aspléniques, recommandations, > Plusieurs classes d’immunosuppr sup pres seur s. Pou r auta nt,
ps pou r agir immuno
sont utilisées en même tem
Haut Conseil de la santé
du
publique, 2nde édition, décembre
dos es de cha que les co-prescriptions sont la plupart
2014. Sur www.hcsp.fr en synergie, limiter les temps inévitables et doivent fair e l’ob jet
nistr é et maî trise r
médicament co-admi
(3) Améliorer l’adhésion au
rigo ureu se.
traitement en transplantation
indé sira bles . de la même observance
rénale : un enjeu majeur, le risque d’effets
Kessler M., Néphrologie &
thérapeutique 2014 ; 10 : 145-50.

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