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« Il y a quelques mois de cela (ou était-ce il y a des années ?

Elle a perdu la notion du temps) Rhiannon, Morrie et moi


étions à la cour des Tuatha au cœur du Verger Eternel quand nous avons entendu au dehors un mugissement effroyable: le cor
de guerre. Le cœur de Tir Na Nog était attaqué !
Tous dieux et les sidhes se précipitèrent au dehors et nous aperçûmes un ost immense et monstrueux, des créatures comme je
n’en avais jamais vu même dans mes pires cauchemars, qui avançaient vers nous comme portées par une vague de terre en
putréfaction.
Quand il vit qui se tenait à la tête de cette armée impie Lugh poussa un cri d’effroi : Balor à l’œil de damnation, l’ennemi qu’il
pensait avoir terrassé pour de bon, et sa femme, Cethlenn que nous croyions emprisonnée avec les autres titans.
La bataille a été sanglante. Au début, les forces semblaient à peu près équilibrées et puis, il se passa…quelque chose.
Un chant effroyable a retenti sur le champ de bataille et soudain, les assaillants semblèrent gagner en force et en vaillance. Pire
encore, un à un les Tuatha présents ont succombé à un mal étrange ; Danu, la Morrigan et Brigid se sont enfuit en hurlant,
les yeux fous. Seuls Lugh et Nuada sont restés. On a vite compris pourquoi.
Balor a poussé un rire effroyable et le combat a cessé.
Ses troupes se sont retirées comme la basse marée et il s’est avancé seul, face à nous. Il a traversé nos rangs comme la foudre,
piétinant nos soldats comme s’ils n’étaient rien, avant de se dresser face à Lugh et Nuada. »

La voix de Lou s’étrangle à cet instant et les larmes lui montent aux yeux ;

« Et là..et là…il…je ne sais pas comment…mais il s’est jeta sur mon père et Nuada comme un dément. Le combat, à deux contre
un…je pensais qu’ils allaient vite le vaincre et que Balor avait commis une erreur grossière mais…il jouait avec eux ! Aucun de
leurs coups ne semblaient le toucher ou le blesser. Et quand il s’est lassé, sa lame s’est abattue deux fois, et les têtes de mon père et
de Nuada ont roulé sur le sol.
Ce qu’il a fait après… »
Lou se met à frissonner alors que les larmes ruissèlent sur son visage maculé de sang et de crasse.
« Il les a démembrés Foxy…à mains nues. Comme des quartiers de viande. Il les a débité devant nous avant de….de les
manger ! Comment on peut faire ça ?! Il a dévoré leur cervelle et leur cœur encore fumant sous nos yeux, en riant comme
un dément.
Sa troupe s’est alors ruée sur nous et la bataille s’est achevée par un massacre. »

Lou se tait alors, secouée par une crise de larmes.


Une fois calmée, elle reprend son récit.

« Il a fait capturer certains d’entre nous, en a envoyé d’autres dans des camps de travail pour ériger d’impossible monuments,
et a donné le reste en pâture à ses soldats. Moi j’ai été conduite ici.

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Ils m’ont torturée, mais je n’ai rien dit. Le chef du camp a semble-t-il reçu des ordres. Quelque chose les inquiète. Ils n’ont
pas arrêté de nous interroger sur la localisation des 4 grandes reliques, les artefacts de Tir na nOg. Je n’ai rien dit. » Ajoute-
t-elle fièrement.
« Je ne sais pas pourquoi, mais ils semblent craindre leur pouvoir. »

S’ils lui demandent ce qu’il convient de faire, Lou leur conseillera de chercher à retrouver Danu. Danu est la terre. Elle Est
Tir na nOg. Elle doit forcément savoir quoi faire.

Acte 2 – Retrouver Danu

Danu a été profondément affectée par le rituel de Cethlenn. Cette atteinte a la réalité même l’a rendue folle, et elle s’est réfugiée
dans son sanctuaire, au plus profond de la forêt de Gwynn.
Bien entendu Balor, Cethlenn et le Dieu Ver ne comptent pas la laisser s’en tirer à si bon compte et son précieux bosquet subit
déjà les assauts de ses séides.
Ce qui était jadis une forêt impénétrable d’une beauté envoutante et devenu une terre stérile rongée par la pourriture où seuls des
prédateurs décharnés et malades subsistent.
Après quelques heures d’errance au cœur de cette enfer végétal, nos héros tomberont dans une tourbière immonde où se débat
un cerf majestueux, à la robe immaculée. Tout autour de lui une meute de loups faméliques, à l’œil gorgé de pus et aux flancs
grouillants d’asticots, rode, attendant visiblement que l’animal s’épuise avant de lui donner le coup de grâce (cf Fenrir, légende
9). Quand l’animal sera sauvé, il les conduira au cœur du bosquet, dans une partie miraculeusement indemne, où se terre
Danu, prostrée en position fœtale, le visage entre les mains.
Il faudra déployer des trésors de gentillesse et d’empathie pour arriver à tirer la déesse de sa catatonie (« mort…tout est
mort…elle a …perverti le passé…ma faute…tout est perdu »). Une fois sortie de sa dépression, la déesse pourra leur narrer
l’histoire des Doigts de Danu.

Acte 3 – la Chasse aux Trésors


Il va maintenant falloir à nos héros se mettre en quête des 4 trésors des Tuatha Dé Danann :
• La Lia Fail, la pierre des rois, supposées gardée dans la cité de Falias.
• La lance de Lugh, reposant à Gorias
• Claiomh Solais, l’épée de lumière, de Finias
• Et enfin le Chaudron de Dagda, de Murias.
Cela sera bien évidemment moins simple que prévu. Car tous ces trésors ont été cachés afin que les Fomores ne puissent mettre la main
dessus.
La pierre des rois de Falias ne se révèlera qu’à un authentique roi (ou reine)

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La lance de Lugh ne sera visible que sous un rayon de soleil
Claiomh Solais n’existe plus et il faudra remonter le temps dans les manoirs de la Lune pour demander à Brigid sa forgeronne de recréer
l’épée.
Quant au chaudron de Dagda, il est dans le royaume des morts. Et la seule façon d’y aller est de mourir.

1/ Claiomh Solais, l’épée de lumière


Cette nuit là Foxy va faire un rêve, un rêve étrange.
Seule sur une plage de sable gris comme de la cendre, elle contemple des flots déchainés, de la même teinte que le sol qu’elle foule de ses pieds
nus.
Dans le ciel une lune étrange, démesurée, semble emplir tout l’espace. Ses différentes phases se succèdent à une vitesse surnaturelle, passant
de la nouvelle à la pleine lune avant que l’astre lui-même ne soit plus qu’un caléidoscope d’ombre et de lumière étourdissant.
Et soudain une main décharnée, à la peau fripée par l’âge et le sel, surgit des flots, plongeant dans l’astre nocturne pour en extirper un
unique rayon à la radiance douloureuse.
Un raz de marée sanglant se déverse alors sur la plage, plongeant notre rêveuse dans les ténèbres et l’oubli.
Et c’est le réveil…
Rencontre avec la vieille druidesse.
Une fois frais et dispo nos héros vont pouvoir partir pour la ville de Finias, dite la glorieuse. Cité réputée pour ses grandes tours élégantes
d'argent, de cuivre et de marbre blanc illuminées à toutes les heures du jour et de la nuit par le brûlant feu blanc du soleil d'été. La nuit dans
Finias est courte et l'horizon luit de tous les côtés d’un rougeoiement profond, comme si de grandes flammes brûlaient juste derrière les
collines, attendant d’apparaître brusquement au moment opportun. Son régent, le druide-poète Uscias aux cheveux blonds était un
véritable prêtre de l'imbas et ceux qui s'approchaient de lui ne pouvaient s'empêcher de sentir monter en eux des envies créatrices.
Mais comme on dit, ça c’était avant.
Grâce aux pouvoir de psychopompe de Foxy, il ne faudra pas longtemps pour que nos héros ne parviennent à proximité de la cité située
sur une grande falaise surplombant une mer déchaînée. Disparues les élégantes tours d’argent, de cuivre et de marbre. La cité n’est plus
qu’un amas de pierre fondue ou vitrifiée, d’où émergent ça et là quelques toits ouvragés et balcons ornementés, vestiges d’un glorieux passé.
De la cité, il ne reste rien. Des habitants, nulle trace.
Cependant en contrebas, sur la plage, nos héros peuvent apercevoir une lueur perçant l’obscurité naissante. Un grand feu y a été allumé,
et il semble que quelqu’un s’y affaire avec ferveur.
En descendant sur la plage nos héros vont tomber sur le spectacle suivant : un bûcher funéraire, sur lequel a été déposé la dépouille d’un
Ae-sidhe au visage noble et aux longs cheveux d’or. Son corps, désarticulé et à peine reconnaissable, a semble-t-il été soumis à mille
tortures.
Tout autour, trois feux ont été allumé et une vieille femme en bure sombre s’escrime de l’un à l’autre pour allumer les trois torches qu’elle
porte maladroitement entre ses mains percluses de rhumatismes.
« Pas souvent que la vieille Saoirse (sor-she) reçoit de la visite. Z’en avez un drôle d’accoutrement. Vous sortez du carnaval des sidhe

« Une sale affaire vraiment. Ils ont tout saccagé. Et le pauvre Uscias là, vaut mieux pas essayer d’imaginer c’qui lui ont fait.
Heureusement pour moi, z’étaient partis avant qu’j’arrive. Vous voudriez pas m’aider ? J’ai qu’deux mains vous savez, et ce bûcher va
pas s’allumer tout seul. »
« Trois feux oui, absolument. Un pour chacun des aspects de la trinité. La passion, la création, la compassion. »

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« Où est l’épée de lumière ? »
« Dans le domaine de Ceridwen »
« Comment pouvons nous trouver l’épée ? »
« Demandez-lui ».
Quand elle aura assez fait tourner nos héros en bourrique, la vieille Saoirse éclatera de rire.
« Bien longtemps que y avait pas eu un sourire sur ce visage tout fripé. Vous êtes impayables dans vot’ genre. Savez quoi ? j’crois que
j’vous aime bien.
J’vais vous dire, je crois savoir c’que vous devriez faire ; Si c’est c’t’épée que vous cherchez, vous devez avoir une sacrée bonne raison. C’te
lame, c’est pas un cadeau vous savez ? Elle a semé plus de malheur et de pleurs que toutes les épidémies du monde. Heureusement elle a été
détruite par la forgeronne, bon débarras !
Oui, Brigid, elle est venue ici, habitée par la plus violente des terreurs moi j’vous l’dis. On aurait dit une gamine fuyant ses cauchemars.
Elle s’est arrêtée juste là où vous êtes, regardant sans cesse derrière elle. Puis elle a sorti l’épée de sous sa robe, et la nuit a remplacé le jour.
La lune s’est levée et, d’un coup sec, elle a brisé la lame sur son genou. Comme j’vous l’dis. Privilège du créateur qu’y disent. La plus
solide des lames n’est qu’une brindille entre les mains de son forgeron.
Ensuite ? Elle a jeté les éclats dans la mer et elle a couru se réfugier auprès de sa sœur. »
« Brigid au fond de l’eau ? Non…ça serait pas correct. Elle a regagné le manoir de la lune, sur l’île là bas. Pour se cacher là ou
personne la retrouvera jamais.
Elle s’est enfuit vers hier. Oui, comme j’vous l’dis.
C’est dans ce manoir que vous la trouverez. Encore faut il pouvoir vous y rendre, et sauf vot’ respect, vot’ machine du diable y pourra rien.
L’île, le manoir, ils sont pas vraiment là. Pas encore. Ou plus du tout.
Mais j’ai p’t’être une idée. Vous m’rendez service et j’vous rends service. Ça vous dit ? »
« Parfait. Avant toute chose on va sceller notre pacte. Faut faire les choses comme il convient, sinon les dieux sont fâchés… »
Et d’un geste vif, la vieille femme sort un athame de bronze noirci de sous sa robe, et s’entaille le poignet.
« Un pacte de sang. Old school comme vous dites. Mais c’est dans les vieux pots…ah justement en parlant de pot…où j’l’ai mis ? »
Continuant de saigner à gros bouillon, la vieille Saoirse farfouille dans son baluchon avant d’en sortir un bol de fer dont la simple vue serait
capable de donner le tétanos.
« Voilà ! A vous ! »
Elle verse l’équivalent d’une pinte de son sang dans le récipient avant de le tendre à nos héros avec l’athame.
« Ça pique un peu mais ça passe vite vous verrez ! »
Une fois que les héros ont mélangé leur sang au sien, Saoirse en boit le tier d’une traite avant de donner le reste à nos héros.
« Sláinte ! »
« Maintenant qu’on s’est compris, voici ce que j’aimerais que vous fassiez pour moi. Dans l’manoir réside une vieille amie à moi. Shona
Mac Ban. L’a un chouette petit commerce avec ses filles. Vous voulez bien être choux et me ramener la tête de cette vieille truie ? Et
dites-lui bien que le pommier était à moi avant, elle comprendra. Oui ? Parfait, voilà ce que vous allez devoir faire. Du moins le début,
après, faudra vous débrouiller. »

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