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La voix de Lou s’étrangle à cet instant et les larmes lui montent aux yeux ;
« Et là..et là…il…je ne sais pas comment…mais il s’est jeta sur mon père et Nuada comme un dément. Le combat, à deux contre
un…je pensais qu’ils allaient vite le vaincre et que Balor avait commis une erreur grossière mais…il jouait avec eux ! Aucun de
leurs coups ne semblaient le toucher ou le blesser. Et quand il s’est lassé, sa lame s’est abattue deux fois, et les têtes de mon père et
de Nuada ont roulé sur le sol.
Ce qu’il a fait après… »
Lou se met à frissonner alors que les larmes ruissèlent sur son visage maculé de sang et de crasse.
« Il les a démembrés Foxy…à mains nues. Comme des quartiers de viande. Il les a débité devant nous avant de….de les
manger ! Comment on peut faire ça ?! Il a dévoré leur cervelle et leur cœur encore fumant sous nos yeux, en riant comme
un dément.
Sa troupe s’est alors ruée sur nous et la bataille s’est achevée par un massacre. »
« Il a fait capturer certains d’entre nous, en a envoyé d’autres dans des camps de travail pour ériger d’impossible monuments,
et a donné le reste en pâture à ses soldats. Moi j’ai été conduite ici.
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Ils m’ont torturée, mais je n’ai rien dit. Le chef du camp a semble-t-il reçu des ordres. Quelque chose les inquiète. Ils n’ont
pas arrêté de nous interroger sur la localisation des 4 grandes reliques, les artefacts de Tir na nOg. Je n’ai rien dit. » Ajoute-
t-elle fièrement.
« Je ne sais pas pourquoi, mais ils semblent craindre leur pouvoir. »
S’ils lui demandent ce qu’il convient de faire, Lou leur conseillera de chercher à retrouver Danu. Danu est la terre. Elle Est
Tir na nOg. Elle doit forcément savoir quoi faire.
Danu a été profondément affectée par le rituel de Cethlenn. Cette atteinte a la réalité même l’a rendue folle, et elle s’est réfugiée
dans son sanctuaire, au plus profond de la forêt de Gwynn.
Bien entendu Balor, Cethlenn et le Dieu Ver ne comptent pas la laisser s’en tirer à si bon compte et son précieux bosquet subit
déjà les assauts de ses séides.
Ce qui était jadis une forêt impénétrable d’une beauté envoutante et devenu une terre stérile rongée par la pourriture où seuls des
prédateurs décharnés et malades subsistent.
Après quelques heures d’errance au cœur de cette enfer végétal, nos héros tomberont dans une tourbière immonde où se débat
un cerf majestueux, à la robe immaculée. Tout autour de lui une meute de loups faméliques, à l’œil gorgé de pus et aux flancs
grouillants d’asticots, rode, attendant visiblement que l’animal s’épuise avant de lui donner le coup de grâce (cf Fenrir, légende
9). Quand l’animal sera sauvé, il les conduira au cœur du bosquet, dans une partie miraculeusement indemne, où se terre
Danu, prostrée en position fœtale, le visage entre les mains.
Il faudra déployer des trésors de gentillesse et d’empathie pour arriver à tirer la déesse de sa catatonie (« mort…tout est
mort…elle a …perverti le passé…ma faute…tout est perdu »). Une fois sortie de sa dépression, la déesse pourra leur narrer
l’histoire des Doigts de Danu.
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La lance de Lugh ne sera visible que sous un rayon de soleil
Claiomh Solais n’existe plus et il faudra remonter le temps dans les manoirs de la Lune pour demander à Brigid sa forgeronne de recréer
l’épée.
Quant au chaudron de Dagda, il est dans le royaume des morts. Et la seule façon d’y aller est de mourir.
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« Où est l’épée de lumière ? »
« Dans le domaine de Ceridwen »
« Comment pouvons nous trouver l’épée ? »
« Demandez-lui ».
Quand elle aura assez fait tourner nos héros en bourrique, la vieille Saoirse éclatera de rire.
« Bien longtemps que y avait pas eu un sourire sur ce visage tout fripé. Vous êtes impayables dans vot’ genre. Savez quoi ? j’crois que
j’vous aime bien.
J’vais vous dire, je crois savoir c’que vous devriez faire ; Si c’est c’t’épée que vous cherchez, vous devez avoir une sacrée bonne raison. C’te
lame, c’est pas un cadeau vous savez ? Elle a semé plus de malheur et de pleurs que toutes les épidémies du monde. Heureusement elle a été
détruite par la forgeronne, bon débarras !
Oui, Brigid, elle est venue ici, habitée par la plus violente des terreurs moi j’vous l’dis. On aurait dit une gamine fuyant ses cauchemars.
Elle s’est arrêtée juste là où vous êtes, regardant sans cesse derrière elle. Puis elle a sorti l’épée de sous sa robe, et la nuit a remplacé le jour.
La lune s’est levée et, d’un coup sec, elle a brisé la lame sur son genou. Comme j’vous l’dis. Privilège du créateur qu’y disent. La plus
solide des lames n’est qu’une brindille entre les mains de son forgeron.
Ensuite ? Elle a jeté les éclats dans la mer et elle a couru se réfugier auprès de sa sœur. »
« Brigid au fond de l’eau ? Non…ça serait pas correct. Elle a regagné le manoir de la lune, sur l’île là bas. Pour se cacher là ou
personne la retrouvera jamais.
Elle s’est enfuit vers hier. Oui, comme j’vous l’dis.
C’est dans ce manoir que vous la trouverez. Encore faut il pouvoir vous y rendre, et sauf vot’ respect, vot’ machine du diable y pourra rien.
L’île, le manoir, ils sont pas vraiment là. Pas encore. Ou plus du tout.
Mais j’ai p’t’être une idée. Vous m’rendez service et j’vous rends service. Ça vous dit ? »
« Parfait. Avant toute chose on va sceller notre pacte. Faut faire les choses comme il convient, sinon les dieux sont fâchés… »
Et d’un geste vif, la vieille femme sort un athame de bronze noirci de sous sa robe, et s’entaille le poignet.
« Un pacte de sang. Old school comme vous dites. Mais c’est dans les vieux pots…ah justement en parlant de pot…où j’l’ai mis ? »
Continuant de saigner à gros bouillon, la vieille Saoirse farfouille dans son baluchon avant d’en sortir un bol de fer dont la simple vue serait
capable de donner le tétanos.
« Voilà ! A vous ! »
Elle verse l’équivalent d’une pinte de son sang dans le récipient avant de le tendre à nos héros avec l’athame.
« Ça pique un peu mais ça passe vite vous verrez ! »
Une fois que les héros ont mélangé leur sang au sien, Saoirse en boit le tier d’une traite avant de donner le reste à nos héros.
« Sláinte ! »
« Maintenant qu’on s’est compris, voici ce que j’aimerais que vous fassiez pour moi. Dans l’manoir réside une vieille amie à moi. Shona
Mac Ban. L’a un chouette petit commerce avec ses filles. Vous voulez bien être choux et me ramener la tête de cette vieille truie ? Et
dites-lui bien que le pommier était à moi avant, elle comprendra. Oui ? Parfait, voilà ce que vous allez devoir faire. Du moins le début,
après, faudra vous débrouiller. »