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Rappels Théoriques 1 & 2

Thibaut Dort

2012-2013

1 Rappel 1 – Comptabilité Nationale

1.1 Produit Intérieur/National − Brut/Net − pm/cf


Le diagramme suivant résume la manière dont calculer les différents produits repris dans la compta-
bilité nationale:

Figure 1: Les différents produits repris par la comptabilité nationale

Le PIB d’un pays se définit comme étant la valeur monétaire de l’ensemble des B&S finaux
produits sur le territoire du pays pendant une période donnée (i.e. flux).

Le PNB d’un pays, quant à lui, se définit comme étant la valeur monétaire de l’ensemble des
B&S finaux produits par les facteurs de production (travail, capital) d’un pays pendant une période
donnée, que ça soit sur le territoire du pays comme à l’étranger (i.e. flux).

1
Par exemple, le PNB d’un pays peut se calculer de plusieurs manières telles que:

PNB = PIB + Rnet = PIN


|
+
{z
Rnet} +Am = PNN + Am
PNN

1.2 Variables Utilisées dans la Comptabilité Nationale


Le PIBpm selon l’optique des dépenses se calcule comme suit:

Y = PIBpm = C + I + G + N x

Les variables utilisées dans la comptabilité nationale peuvent ensuite être énumérées de la manière
suivante:

• C = Consommation des ménages;

• S = Y d − C = Épargne nette des ménages;

• I = FBCF + ∆st = Investissements où FBCF = Formation Brute de Capital Fixe et ∆st =


Variation des stocks;

• G = Dépenses publiques;

• B = Transferts aux ménages;

• Subs = Subsides;

• Td = Impôts directs;

• Ti = Impôts indirects;

Selon les variables que l’on vient juste de décrire, le revenu disponible Y d se définit comme suit:

Y d = Y − Td + B

Bien entendu, si on considère une économie sans gouvernement, le revenu disponible correspondra
exactement au revenu national et donc au PIB sous l’hypothèse d’équilibre sur le marché des B&S
(c.f. TP3). L’épargne nette du secteur privé est ensuite donnée par:

S − INet

tandis que l’épargne nette du secteur public est donnée par:

T + T −G − Subs − B
| d {z }i
T

2
Il va de soi qu’une valeur positive (resp. négative) dénote un surplus (resp. déficit)!

Nous allons considérer une économie fermée (avec ou sans État) dans la plus grande partie du
cours. Toutefois, si on ouvre les frontières de l’économie au reste du monde (RDM), il faut également
considérer la dernière composante du PIBpm, à savoir les exportations nettes (Nx). Les exportations
nettes, données par le solde de la Balance des Opérations Courantes (BOC ), se définissent
de la manière suivante:

• N x = BOC = Variation des avoirs extérieurs nets = Exportations (marchandises, services,


transferts, etc.) − Importations (marchandises, services, transferts, etc.) = X − M ;

Si le solde de la BOC est positif (resp.: négatif), on parle d’excédent/surplus (resp.: déficit) extérieur
courant.

Enfin, les revenus nets (i.e. Rnet) constituent l’élément essentiel des définitions du produit
intérieur et du produit national car il permet de faire le lien entre les 2 concepts. On le définit de
la manière suivante:

• Rnet = Revenus des facteurs de production reçus du RDM − revenus des facteurs de produc-
tion versés au RDM.

1.3 Identité Macroéconomique Fondamentale


L’identité macroéconomique fondamentale découle directement des variables que l’on vient juste
de décrire. Comme nous en avons déjà parlé, nous allons considérer différents types d’économie
et, bien sûr, l’identité macroéconomique va se modifier dans chacun de cas. Le plus simple est de
commencer par considérer une économie fermée sans État.

• Économie Fermée sans État

Tout d’abord, une économie fermée se caractérise par des exportations et importations nulles
(i.e.: pas d’échanges internationaux):

X = 0 ∧ M = 0 =⇒ N x = X − M = 0

Ensuite, une économie sans État se caractérise par des dépenses publiques et des taxes nulles:

G = 0 ∧ T = 0 =⇒ Y d = Y

Ainsi, l’identité macroéconomique fondamentale pour une telle économie est donnée par:

Y = C + I ∧ S = Y − C =⇒ S = (C + I) − C ⇐⇒ S = I

3
Si maintenant on introduit l’État dans notre raisonnement...

• Économie Fermée avec État

On sait qu’une économie fermée se caractérise par des exportations et importations nulles (i.e.
pas d’échanges internationaux):

X = 0 ∧ M = 0 =⇒ N x = X − M = 0

Maintenant, si l’État prélève des taxes et effectue des dépenses publiques, on a que:

G ≥ 0 ∧ T ≥ 0 =⇒ Y d = Y − T ≤ Y

Ainsi, l’identité macroéconomique fondamentale pour une telle économie est donnée par:

Y = C + I + G ∧ S = Y d − C =⇒ S = (Y − T ) − C = (C + I + G − T ) − C
⇐⇒ (S − I) + (T − G) = 0
⇐⇒ S − I = G − T ⇐⇒ T − G = I − S

L’identité macroéconomique fondamentale implique que, dans le cas d’un déficit d’épargne
publique (i.e. G − T > 0), il doit y avoir un surplus d’épargne privée (i.e. S − I > 0) de
manière à exactement compenser le déficit public. L’un doit compenser l’autre!

• Économie Ouverte avec État

Maintenant, si l’économie peut échanger avec le RDM via les exportations et importations
(i.e. échanges internationaux), on a que:

X ≥ 0 ∧ M ≥ 0 =⇒ N x ≥ 0 ∨ N x ≤ 0

De plus, on sait que l’État prélève des taxes et effectue des dépenses publiques, de sorte que:

G ≥ 0 ∧ T ≥ 0 =⇒ Y d = Y − T ≤ Y

Ainsi, l’identité macroéconomique fondamentale pour une telle économie est donnée par:

Y = C + I + G + N x ∧ S = Y d − C =⇒ S = (Y − T ) − C = (C + I + G + N x − T ) − C
⇐⇒ (S − I) + (T − G) = N x

Dans ce cas, l’identité macroéconomique fondamentale implique que le solde de la BOC doit
être exactement égal à l’épargne nette domestique. Il est à noter que le cas précédent est

4
un cas particulier de celui-ci. Si le surplus d’épargne privée compense parfaitement le déficit
d’épargne publique (ou si le déficit d’épargne privée est exactement compensé par le surplus
d’épargne publique), on retrouve l’identité macroéconomique fondamentale d’une économie
fermée avec État. Il en va de même lorsqu’il n’y a pas de surplus ni de déficit d’épargne privée
et publique, étant donné que S = I et T = G:

(S − I) + (T − G) = 0 ⇐⇒ 0 + 0 = 0

1.4 PIB Nominal et Réel


Les éléments suivants sont considérés comme donnés:

• Le nombre de B&S dans l’économie =⇒ N ;

• La période de référence =⇒ t0 ;

• La période courante =⇒ t;

• Les prix et quantités de chaque période.

Le PIB nominal au temps t, également appelé PIB en valeur ou PIB à prix courants,
se définit comme suit:
N
P IBt|t =
X
pi,t qi,t
i=1

Le PIB réel au temps t calculé sur base des prix de la période t0 , également appelé PIB
en volume ou PIB à prix constants, se définit comme suit:

N
P IBt|t0 =
X
pi,t0 qi,t
i=1

Le problème du PIB nominal est que sa variation d’une période à l’autre peut être due soit à une
variation du volume de production, soit à une variation des prix. On voit donc qu’il est impossible,
sur base du PIB nominal, d’identifier la source de variation du revenu national d’un pays. Il est
dès lors préférable d’utiliser le PIB réel, en se basant sur les prix d’une période de référence, si on
désire analyser l’évolution du volume de production d’une économie. On peut dire que le calcul du
PIB réel neutralise l’effet de la variation des prix en ne s’intéressant qu’à l’évolution du volume de
production.

Quant au déflateur implicite des prix du PIB au temps t, celui-ci se définit par le ratio
du PIB nominal au PIB réel:
N
P IBt|t
P
pi,t qi,t
Déf lateurt = = PNi=1
P IBt|t0 i=1 pi,t0 qi,t

5
Ce dernier permet de mesurer l’évolution des prix entre la période de référence (t0 ) et la période
courante (t). Il ne prend pas en compte l’évolution du volume de production entre ces 2 périodes
puisque le numérateur et le dénominateur sont calculés sur base des mêmes quantités. Aussi, étant
donné que son calcul se base sur le PIB, il est important de remarquer que le déflateur implicite des
prix du PIB n’intègre que les prix des B&S produits sur le territoire d’un pays et donc pas ceux des
B&S importés, contrairement à l’Indice des Prix à la Consommation (IPC ) dont le calcul se
base sur un panier de B&S représentatif incluant, entre autre, des B&S importés.

En ce qui concerne maintenant les 3 optiques de calcul du PIB, on a:

• L’optique de la production ou de la Valeur Ajoutée (VA): PIB =


P
VA

• L’optique des dépenses: PIB = demandes finales


P

• L’optique des revenus: PIB = revenus des facteurs


P

Par définition, ces 3 méthodes de calcul du PIB sont équivalentes car elle mènent à un même
résultat.

On considère souvent le PIB comme un indicateur, ou plutôt un agrégat, macroéconomique


reflétant l’activité et la santé économique d’un pays. Mais celui-ci peut-il être perçu comme une
mesure du bien-être? En fait, pas vraiment! Depuis très longtemps, le PIB est fortement critiqué du
fait qu’il ne tient pas compte des dommages collatéraux sur l’environnement et la santé économique.
De plus, il n’intègre ni le travail domestique, ni le travail bénévole, il ne déduit pas les pertes
correspondant à la destruction des richesses naturelles et ne prend pas en compte les inégalités
sociales. En reconnaissant cela, on met donc l’accent sur le fait que le PIB ne tient pas compte du
bien-être.

1.5 Marché du Travail


• Population Adulte = Population en âge de travailler = Ensemble des personnes de 15 ans
et plus.

• Population Active = Ensemble des personnes qui sont soit au travail soit au chômage au
sein de la population en âge de travailler.

• Population Inactive = Ensemble des personnes qui ne travaillent pas en dehors de leur
foyer et qui ne cherchent pas de travail rémunéré au sein de la population en âge de travailler.

• Chômeurs = Ensemble des personnes qui sont sans emploi rémunéré, qui veulent travailler
et qui sont activement à la recherche d’un emploi rémunéré au sein de la population active.

• Occupés = Ensemble des personnes qui occupent un emploi rémunéré au sein de la population
active.

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L’organigramme ci-après résume la répartition de la population en âge de travailler d’un pays sur
le marché du travail:

Figure 2: Marché du travail

• Taux d’activité = Part (en %) de la population en âge de travailler ayant un emploi ou


étant au chômage:
B D+E
× 100 = × 100
A A

• Taux de chômage = Part (en %) de la population active étant au chômage:

D D
× 100 = × 100
B D+E

7
2 Rappel 2 – Croissance

2.1 Un Peu d’Histoire. . .


On parle souvent du modèle de Solow comme étant l’un des modèles fondateurs de la théorie de
la croissance. Pour être rigoureux, on devrait plutôt parler du modèle de Solow-Swan car il a été
mis au point en même temps par ces 2 économistes que sont Robert M. Solow et Trevor W. Swan.
Mais comme Solow était le plus connu des 2, le modèle a pris son nom.

Le modèle de Solow-Swan, avec ses extensions ultérieures, est considéré comme étant le modèle de
la synthèse néo-classique car il relève essentiellement des inspirations néo-classiques, mais également
Keynesiennes. À partir des années 1950, il est rapidement devenu le modèle de référence des théories
de la croissance exogène car il proposait un cadre positif (permettant d’expliquer et de prévoir en
partie les phénomènes observés =⇒ dire ce qui est) et un cadre normatif (consistant à donner des
recommandations de politique économique =⇒ dire ce qui devrait être).

2.2 Fonctions Homogènes et Rendements d’Échelle


Considérons la fonction à 2 variables, f (x, y), définie de la manière suivante:

f (·) : R2+ → R : (x, y) → z = f (x, y)

Cette fonction est homogène de degré n Ssi:

∀λ > 0 (∈ R?+ ) : f (λx, λy) = λn f (x, y)

On va maintenant considérer la fonction de production agrégée, Y = F (K, L), pour définir les
rendements d’échelle. Selon la définition des fonctions homogènes, on a 3 cas de figure:

• Cas 1: Si n > 1, on a que F (λK, λL) = λn F (K, L) > λF (K, L), ce qui signifie que la fonction
de production admet des rendements d’échelle croissants. Par exemple, si on double les
quantités utilisées de capital (K) et de travail (L), tel que λ = 2, la production va augmenter
de plus du double.

• Cas 2: Si n = 1, on a que F (λK, λL) = λn F (K, L) = λF (K, L), de sorte que la fonction de
production admet des rendements d’échelle constants. Ça signifie que la production (Y )
va doubler si on double les quantités utilisées de chaque facteur de production (K et L). C’est
ce cas de figure qui va nous intéresser pour la suite de la présentation du modèle de Solow.

• Cas 3: Si 0 < n < 1, on a que F (λK, λL) = λn F (K, L) < λF (K, L) et dans ce cas,
la production admet des rendements d’échelle décroissants. Si on double les quantités
utilisées de capital (K) et de travail (L), la production va augmenter de moins du double.

8
Exemple 1: Considérons une fonction de production de type Cobb-Douglas:

Y = F (K, L) = AK α L1−α avec A > 0

On a que:

∀λ > 0 (∈ R?+ ) : F (λK, λL) = A(λK)α (λL)1−α


= Aλα K α λ1−α L1−α
= λα+1−α AK α L1−α
= λ1 AK α L1−α = λF (K, L)

On voit que la fonction de production de type Cobb-Douglas est non seulement homogène par rap-
port à chacun de ses arguments mais elle est homogène de degré 1, ce qui signifie qu’elle admet des
rendements d’échelle constants.1

Exemple 2: Considérons une fonction de production de la forme suivante:

Y = F (K, L) = K α L1−α + K

Est-elle homogène? Si oui, quel type de rendement d’échelle admet-elle? En fait, on a que:

∀λ > 0 (∈ R?+ ) : F (λK, λL) = (λK)α (λL)1−α + λK


= λα K α λ1−α L1−α + λK
= λα+1−α K α L1−α + λK
= λ1 (K α L1−α + K) = λF (K, L)

Elle est homogène de degré 1 par rapport à chacun de ses arguments et admet donc des rendements
d’échelle constants.

Exemple 2: Considérons finalement la fonction de production d’Arrow-Chenery-Minhas-Solow


(1961):
  θ
θ−1 θ−1 θ−1
Y = F (K, L) = A αK θ + (1 − α)L θ avec A > 0

Est-elle homogène? Si oui, quel type de rendements d’échelle admet-elle? En suivant le même
1
Ce n’est pas le cas ici mais si la somme des exposants n’est pas exactement égale à 1, alors la fonction de Cobb-
Douglas n’admettra pas de rendements d’échelle constants. Dans ce cas, le degré d’homogénéité de la fonction sera
donné par la somme des exposants.

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raisonnement qu’avant, on a que:
  θ
θ−1 θ−1 θ−1
∀λ > 0 (∈ R?+ ) : F (λK, λL) = A α(λK) θ + (1 − α)(λL) θ

  θ
θ−1 θ−1 θ−1 θ−1 θ−1
= A αλ θ K θ + (1 − α)λ θ L θ

" θ
 # θ−1
θ−1 θ−1 θ−1
=A λ θ αK θ + (1 − α)L θ

  θ
θ−1 θ−1 θ−1
= λ1 A αK θ + (1 − α)L θ = λF (K, L)

On voit donc bien qu’elle admet des rendements d’échelle constants vu qu’elle est homogène de
degré 1 par rapport à chacun de ses arguments.

2.3 Hypothèses du Modèle


On fait maintenant abstraction des exemples précédents et on va considérer la fonction de production
sous sa forme générale, Y = F (K, L). En fait, le modèle de Solow-Swan suppose que la production
Y (output) provient de la combinaison du capital K et du travail L (inputs) selon la technologie
néoclassique qui est décrite par la fonction de production F (·). On considère donc une fonction de
production néoclassique, ce qui implique qu’elle doit satisfaire certaines hypothèses mieux connues
sous le nom de conditions d’Inada:

1. La production est une fonction croissante du capital K et du travail L. Mathématiquement,


cette condition implique que les dérivées partielles premières de F (·) par rapport à K et L
sont toutes les 2 strictement positives:

∂F (K, L) ∂F (K, L)
PMK = > 0 ∧ PML = >0
∂K ∂L

2. La fonction de production est concave par rapport à chacun de ses arguments (K et L), ce qui
signifie qu’elle admet des rendements factoriels décroissants. Cette condition implique donc
que les dérivées partielles secondes de F (·) par rapport à K et L sont toutes les 2 strictement
négatives:
∂ 2 F (K, L) ∂ 2 F (K, L)
<0∧ <0
∂K 2 ∂L2
Attention à ne pas confondre les rendements factoriels et les rendements d’échelle! Ce sont
2 concepts totalement distincts, tant au niveau de leur définition mathématique que de leur
signification.

3. La troisième condition requiert que les productivités marginales du capital (PMK ) et du travail

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(PML ) tendent vers +∞ lorsque les quantités utilisées de capital et de travail tendent vers 0:

∂F (K, L) ∂F (K, L)
lim = lim = +∞
K→0 ∂K L→0 ∂L

4. La quatrième et dernière condition d’Inada requiert que ces mêmes productivités marginales
tendent vers 0 lorsque les quantités utilisées de capital et de travail tendent vers +∞:

∂F (K, L) ∂F (K, L)
lim = lim =0
K→+∞ ∂K L→+∞ ∂L

À ces 4 conditions s’ajoutent encore 2 conditions supplémentaires. La première est la condition


d’essentialité qui découle directement des 4 conditions précédentes et requiert d’utiliser une quan-
tité strictement positive de chaque facteur de production pour pouvoir produire quelque chose.
Mathématiquement, cette condition se traduit simplement par:

F (0, L) = F (K, 0) = 0

C’est 5 conditions réunies assurent l’existence, la stabilité et l’unicité de l’équilibre (ou état) station-
naire dans le modèle de Solow-Swan. Enfin, la derniére condition veut que la fonction de production
soit homogène de degré 1, de sorte qu’elle admette des rendements d’échelle constants par rap-
port au capital et au travail (c.f. pages 1 et 2).

Maintenant, on va s’intéresser à la production par travailleur. On veut donc réécrire la fonction


de production en termes relatifs pour qu’elle ne dépende plus que du stock de capital par travailleur.
La seule manière de faire est de diviser tout simplement la production par la quantité de travail
L, et c’est précisément la condition des rendements d’échelle constants (homogénéité de degré 1)
qui va nous permettre de faire cette manipulation. En reprenant la définition de l’homogénéité de
degré 1 (et en posant λ = L1 ), on a que:

F (K, L)
!
Y K L
y≡ = =F , = F (k, 1) = f (k)
L L L L
| {z }
Rdts. d’échelle constants

On voit donc que la production par travailleur ne dépend plus que du stock de capital par travailleur,
k≡ K
L
. En effet, on a:

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Graphique 1 : Fonction de production par travailleur

Avant de passer à l’accumulation du capital, il faut garder à l’esprit que l’on raisonne en termes
d’agrégats, de sorte que L (population active) agrège des travaileurs dont les compétences diffèrent
et K agrège des facteurs de production (ex. machines, bâtiments, outils,. . . ) disparates dont les
productivités diffèrent également. Toutefois, dans notre cas, on considère que K et L sont des
facteurs de production homogènes, même si ça n’est pas le cas en réalité mais cela ne nuit pas à la
cohérence interne du modèle.

2.4 Accumulation du Capital


Avant toute chose, on fait l’hypothèse qu’il n’y a pas de gouvernement dans le modèle et que le
marché des B&S est équilibré. Ceci implique que, à tout moment, la production va être égale au
revenu réel disponible de la communauté. On suppose également que tous les agents économiques
sont identiques dans le sens on peu considérer un consommateur (ou ménage) représentatif.2

On suppose ensuite que, à chaque période, une partie de la production est consommée (C)
tandis que le reste est épargné (S). Plus particulièrement, on considère que le comportement de
consommation et d’épargne est décrit par une fonctions de consommation agrégée qui suppose que
l’épargne S est proportionnelles au revenu Y :

St = sYt = sF (Kt , Lt )

où s ∈ (0, 1), ∀t, est la propension marginale à épargner (PMS ). Comme l’épargne est la contrepartie
de la consommation, la propension marginale à consommer (PMC ) est telle que c = 1 − s ∈
(0, 1), ∀t. Il est important de noter que le fait de considérer un taux d’épargne, et donc un taux
de consommation, constant constitue la plus grande faiblesse du modèle car la consommation et
l’épargne résultent d’un phénomène exogène et donc non-expliqué par le modèle!
2
C’est l’une des hypothéses de base de tous les modèles macroéconomiques.

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Comme on en a déjà parlé, on considère aussi que l’épargne est totalement investie (l’épargne
finance l’investissement) et que le marché des B&S est à l’équilibre. De plus, on suppose qu’il n’y
a pas de chômage et que l’offre de travail est inélastique de sorte que le facteur travail est constant
tel que Lt = L, ∀t. Ces 2 hypothèses impliquent donc que:

It = St = sYt = sF (Kt , Lt ) = sF (Kt , L) ∀t

Le stock de capital accumulé se déprécie proportionnellement au stock de capital contemporain à


un taux constant δ ≥ 0 et donc, l’amortissement est donné par:

Amt = δKt

Enfin, on suppose que l’accumulation du capital par travailleur va résulter de 2 tendances prin-
cipales. À chaque instant, l’investissement vient en permanence s’ajouter au stock de capital par
travailleur mais cette augmentation est freinée par l’amortissement. Pour faire apparaître l’équation
d’accumulation du capital, on repart simplement de la variation absolue du stock de capital:

Kt+1 = Kt + It − Amt = Kt + sYt − δKt = Kt + sF (Kt , L) − δKt


⇐⇒ Kt+1 − Kt = sF (Kt , L) − δKt

On pose ∆Kt = Kt+1 − Kt et on exprime ensuite la variation relative du stock de capital par
travailleur en divisant tout par L:

∆Kt F (Kt , L) Kt
=s −δ = sF (kt , 1) − δkt ⇐⇒ ∆kt = sf (kt ) − δkt
L L L

où kt = Kt
L
est le stock de capital par travailleur comme on l’avait défini avant. On peut même
parler du stock de capital par tête puisque la population active et l’offre de travail sont 2 concepts
identiques dans le modèle (offre de travail parfaitement inélastique et plein-emploi).

2.5 Croissance et Convergence vers l’État Stationnaire


Par définition, l’état stationnaire est un équilibre en lequel le stock de capital par tête est constant
de sorte que kt = k̄, ∀t. Si le stock de capital par tête est constant, l’état stationnaire se caractérise
nécessairement par:

∆k = 0 ⇐⇒ sf (k̄) − δ k̄ = 0 ⇐⇒ sf (k̄) = δ k̄ ⇐⇒ Invest. total = Am

À l’état stationnaire, on voit donc que l’épargne, qui est égale à l’investissement total, ne sert
plus qu’à remplacer le stock de capital qui se déprécie, et donc l’amortissement. De plus, vu que
la production par tête ne dépend que du stock de capital par tête et que celui-ci est constant à

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l’état stationnaire, il en va de même pour la production par tête. Il n’y a donc pas de croissance
à l’état stationnaire! Si on se trouve initialement à gauche (resp. droite) du stock de capital par
tête à l’état stationnaire, l’économie va accumuler (resp. décumuler) du capital jusqu’à ce qu’il soit
finalement atteint. Graphiquement, on a que:

Graphique 2 : État stationnaire

On peut encore faire apparaître plusieurs éléments additionnels sur le graphique:

Graphique 3 : État stationnaire

On peut maintenant montrer que l’état stationnaire est stable et que l’économie convergera vers
cet équilibre quel que soit son stock de capital par tête initial ou, de manière équivalente, quelque
soit son état initial.3 On a que:

• Si kt < k̄, on a Invest. total > Am ⇐⇒ sf (kt ) > δkt ⇐⇒ ∆k > 0. Dans ce cas, k augmente
jusqu’à ce que l’état stationnaire k̄ soit atteint. Comme k augmente, y augmente également
et il y a de la croissance.
3
Le stock de capital (en niveau ou par tête) étant la seule variable d’état du modèle, c’est elle qui va entièrement
déterminer l’état initial de l’économie.

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• Si kt = k̄, on a Invest. total = Am ⇐⇒ sf (kt ) = δkt ⇐⇒ ∆k = 0. Dans ce cas, k et y restent
constants car l’état stationnaire est atteint et il y a donc une croissance nulle.

• Si kt > k̄, on a Invest. total < Am ⇐⇒ sf (kt ) < δkt ⇐⇒ ∆k < 0. Dans ce cas, k diminue
jusqu’à ce que l’état stationnaire k̄ soit atteint. Comme k diminue, il en va de même pour y
et il y a donc une récession.

On voit donc bien que l’économie convergera vers son état stationnaire quel que soit son stock
de capital par tête initial, et la croissance est nulle à l’état stationnaire. On a donc un phénoméne
de croissance transitoire plutôt qu’un phénomǹe de croissance de long-terme. Cette croissance
transitoire sera d’autant moins rapide que le stock de capital par tête est initialement élevé car
l’accumulation du capital se ralentit au fur et à mesure que l’économie se rapproche de son état
stationnaire. Graphiquement, ceci s’explique par le fait que la PMK est de moins en moins élevée
(c.f. Inada) et que l’écart entre l’investissement (l’épargne) et l’amortissement est de plus en plus
faible. Par conséquent, les économies initialement plus éloignées de leur état stationnaire, et donc
plus pauvres, sont sensées croître plus rapidement que celles qui en sont proches et qui sont donc
initialement plus riches (ou moins pauvres) =⇒ Phénomène de rattrapage (catch-up effect).

De même, pour des paramètres et une technologie identiques, les économies qui sont initialement
plus éloignées de leur état stationnaire accumulent du capital plus rapidement que celles qui en sont
proches =⇒ Phénomène de convergence.

Le modèle de Solow-Swan de base nous montre donc que l’accumulation du capital finit par
s’arrêter, ce qui signifie qu’il vient un moment où la croissance s’épuise. En particulier, le modèle
nous montre que l’accumulation du capital ne peut être qu’une source temporaire de la croissance,
on parle de croissance transitoire. Ainsi, les sources d’une croissance durable de long-terme se
trouvent ailleurs. On va voir, par exemple, que l’introduction du progrès technique permet de
déboucher sur de la croissance de long-terme. Avant ça, on va d’abord analyser les effets d’un choc
sur le taux d’épargne sur la croissance et l’état stationnaire.

2.6 Relation Épargne-Croissance


Admettons que l’économie se trouve initialement à l’état stationnaire. Quel sont les effets d’une
augmentation de la PMS (i.e. d’une réduction de la PMC ) sur la croissance et l’état stationnaire
dans le modèle de Solow-Swan? Le graphique suivant va nous permettre d’illustrer l’impact de ce
choc.

Graphique 4 : Effet d’une augmentation de la PMS sur l’état stationnaire

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On voit bien qu’un augmentation de la PMS de s0 à s1 induit une augmentation de la pente de
la courbe d’investissement. Ceci, à son tour, entraîne un accroissement du stock de capital par tête
à l’état stationnaire de k̄0 à k̄1 . L’état stationnaire se déplace et le passage de k̄0 à k̄1 se caractérise
ensuite par une croissance temporaire du revenu, temporaire car la croissance redevient nulle une
fois le nouvel état stationnaire atteint. En termes de croissance, l’augmentation exogène (qui ne
provient pas du modèle) de la PMS se caractérise par une croissance transitoire de moins en moins
prononcée lors du passage de l’ancien au nouvel état stationnaire. Le graphique suivant illustre
cette dynamique.

Graphique 5 : Effet d’une augmentation de la PMS sur la croissance

2.7 Golden Rule


On a jusqu’à présent suivi une démarche positive en décrivant les évolutions d’une économie dans
le moyen- voire long-terme. On va maintenant suivre une démarche normative en réfléchissant aux

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caractéristiques souhatables de la croissance. En particulier, on va s’intéres-ser aux caractéristiques
d’un état stationnaire optimal.

Après tout, comme l’état stationnaire est l’état vers lequel les économies sont sensées converger,
il est bien légitime de souhaiter déterminer les caractéristiques d’un état stationnaire optimal. C’est
principalement le but de la règle d’or, ou Golden Rule. La règle d’or, qui se doit à Edmund Phelps
(1961), spécifie que l’état stationnaire optimal est celui qui maximise la consommation par tête à
l’état stationnaire. On doit donc trouver le stock de capital par tête qui maximise la consommation
par tête à l’état stationnaire. La solution consiste à résoudre le programme de maximisation sous
contrainte suivant:
Maxk c̄ = f (k̄) − sf (k̄) s.c. sf (k̄) = δ k̄

Il suffit ensuite simplement de substituer la contrainte dans la fonction objectif qu’on doit maximiser
pour obtenir un programme de maximisation non-contraint:

Maxk c̄ = f (k̄) − δ k̄

Comme la fonction de production est une fonction concave et que la fonction d’amortissement est
linéaire, on sait que la fonction de consommation est concave, qu’elle atteint un maximum en un
certain point et qu’elle décroît ensuite. Dès lors, la condition du 1er ordre pour trouver un maximum
consiste calculer la dérivé première de la fonction de consommation par rapport au stock de capital
par tête et de l’égaler à 0:

∂c̄
= 0 ⇐⇒ f 0 (k̄) − δ = 0 ⇐⇒ f 0 (k̄) = δ
∂ k̄

Par conséquent, la règle d’or nous dit que le stock de capital par tête qui maximise la consomma-
tion par tête à l’état stationnaire est tel que la PMK est égale au taux de dépréciation. Autrement
dit, à la valeur du stock de capital par tête préconisé par la règle d’or, la pente de la fonction de
production doit être égale à celle de la droite d’amortissement (faire le graphique).

2.8 Progrès technique et Croissance Démographique


Dans ce type de configuration, on suppose que la productivité du travail augmente de façon constante
et exogène en affectant un coefficient multiplicateur A au facteur travail L. On considère que A,
aussi appelé progrès technique neutre au sens de Harrod, croît au taux gA . La fonction de production
agrégée est alors donnée par Y = F (K, AL) où A croît au taux constant gA , L n’est plus constant
et croît au taux constant gL , et AL est le travail efficace.

On raisonne maintenant en termes de travailleurs efficace et on réécrit donc la fonction de pro-

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duction en termes d’unité par travailleur efficace en divisant tout par AL:

F (K, AL)
!
Y K AL
y≡ = =F , = F (k, 1) = f (k)
AL AL AL AL
| {z }
Rdts. d’échelle constants

L’équation d’accumulation du capital (par travailleur efficace) est maintenant freinée également par
la croissance démographique et l’évolution du progrès technique:

∆kt = sf (kt ) − (δ + gA + gL )kt

L’état stationnaire est maintenant défini comme l’équilibre en lequel le stock de capital par unité
efficace est constant:

∆k = 0 ⇐⇒ sf (k̄) − (δ + gA + gL )k̄ = 0 ⇐⇒ sf (k̄) = (δ + gA + gL )k̄

Cette dernière équation nous dit qu’à l’état stationnaire, il faut accumuler suffisamment de capital
pour compenser non seulement la dépréciation du capital mais également la croissance de la pro-
ducivité et la croissance démographique, ceci dans le but de doter les nouveaux travailleurs avec la
même quantité de capital efficace que leurs prédécesseurs.

Comme le stock de capital par travailleur efficace est constant à l’état stationnaire, il en va de
même pour la production par travailleur efficace à l’état stationnaire. Toutefois, ce qui détermine
la prospérité de l’économie dans le long-terme n’est pas la production par travailleur efficace mais
bien la production par tête, tout simplement! On a que:

Y Y
y= ⇐⇒ = Ay ⇐⇒ Y = ALy
AL L

À l’état stationnaire, on a donc que Y


L
= Aȳ, et de même pour le stock de capital par tête.
Maintenant, comme A et L croissent tous les 2 aux taux gA et gL , respectivement, le raisonnement
précédent implique que la production/revenu et le stock de capital croissent tous 2 au taux (gA +gL ).
En ce qui concerne la production/revenu et le stock de capital par tête, on sait qu’il croissent tous 2
au taux (gA + gL ) en niveau (en termes absolus) et que la population qui se trouve au dénominateur
croît au taux gL et donc, on voit que la production/revenu et le stock de capital par tête croissent
tous les 2 au taux (gA + gL ) − gL = gA .

Pour conclure cette partie, on voit que dans le modèle de Solow-Swan avec progrès technique,
la croissance durable de long-terme est possible. Celle-ci ne s’explique que par l’évolution du pro-
grés technique et non pas par l’accumulation du capital qui ne permet qu’un croissance transitoire.
Toutefois, étant donné qu’elle se fait de façon complétement exogène (ne provient pas du fonc-
tionnement du modèle) et ad hoc (dans le seul but de dégager de la croissance de long-terme),

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l’introduction du progrès technique se révèle être très insatisfaisante.

2.9 Équation Fondamentale de la Croissance


Brièvement, avant de passer aux exercices, l’équation fondamentale de décomposition de la crois-
sance est donnée par:
gY = αK gK + αL gL + gPTF

• gY ≡ Taux de croissance de la production/revenu;

• gK ≡ Taux de croissance du stock de capital;

• gL ≡ Taux de croissance démographique (de la population active);

• gPTF ≡ Taux de croissance de la productivité total des facteurs (PTF ou A);

• αK Part du capital dans la production (±33, 33%);

• αL = (1 − αK ) Part du travail dans la production (±66, 66%);

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