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Circé la magicienne

Partie 1:
Le soleil commençait à se lever. Elle marchait sur la plage. Le sable blanc et doux allait bientôt
commencer à lui brûler les pieds.Le vent soufflait une brise agréable. Mais la femme qui avançait savait ce qui
allait lui arriver. Elle avait fait ce rêve tellement de fois. Étonnamment, elle avait la certitude que celui -ci allait
être complètement différent . La magicienne s'avança à pas lent vers les vagues léchant ses pieds. L'eau était
douce, mais pleine de créatures étranges. Elles lui murmuraient quelque chose, comme pour la prévenir qu'un
événement allait arriver. Circé entendait clairement ce que ces étranges créatures prononçaient. Pourtant, ce
n'était dans aucune langue qu'elle connaissait. Et elle en savait, des langues. Étrange... Mais le rêve dans lequel
elle se plongeait commençait à n'en faire qu'à sa tête.

Un crocodile vint et essaya de lui mordre la cheville. "Mais il n'y a pas de crocodile sur l'île, pensa Circé, vite,
pars de ce rêve!". Puis, un deuxième et un troisième. Elle devait apprendre à contrôler ses visions. Elle leva sa
baguette, et prononça une formule dans une langue ancienne. La langue des Dieux... Trois éclairs frappèrent les
créatures vertes. "Sors de ce rêve tout de suite !". Mais elle ne pouvait pas en sortir. Elle était bloquée. "Pas
maintenant !", s'écria-t-elle. Elle ne comprenait pas. C'était la seule fois ou elle ne voyait pas ce petit bateau avec
une voile blanche apparaître. Elle ne verrait pas non plus le jeune homme qui avançait vers elle tel un être
dépourvu d'âme, avec un vide complet dans ses yeux. On aurait dit un homme torturé tout droit sorti du royaume
d'Hadès. Soudain, ce fut le noir complet. Et les images apparurent à une vitesse fulgurante : cet homme aux yeux
délavés, le bateau complètement détruit, une explosion avec des créatures montées sur roues qui
s'entrechoquaient, ce même homme hurlant de désespoir et de folie, avec les mêmes yeux blancs. Puis encore le
noir.

Circé se réveilla soudain. Elle mit plusieurs minutes à comprendre ce qui lui était arrivé. Les visions en chaîne
qu'elle venait de voir lui paraissaient si lointaines. C'était comme si elle les avait vécues. Mais tout ça, c'était
normal. Il lui arrivait souvent de voir ces choses. Elle n'en avait encore jamais vécu réellement. Elle essaya de se
rappeler l'homme qui hantait presque toutes ses nuits. Comment arriverait-elle à s'en débarrasser ? Elle s'était
depuis quelque temps isolée du monde, de peur de voir ce visage le regardant à travers ses yeux ternes. Enfin,
isolée un peu plus qu'avant, car elle vivait en marge de la société. Ses pouvoirs ne devaient surtout pas être
dévoilés. Ceux-ci seraient convoités et elle ne pourrait pas empêcher certaines personnes de le lui prendre. Elle
vivait dans un monde où l'humain était roi. Tout ce qui existait sur cette planète sentait l'humain. «Sur cette
planète», pensa-t-elle. Elle se répétait cette pensée de nombreuses fois en son for intérieur. Il n'y avait pas que la
planète Terre. Il existait un autre monde. Accessible. Le mont Olympe. La résidence des Dieux. Mais oui !
Pourquoi n'y avait-elle pas pensé avant ? Circé prononça une formule inaudible en essayant de ne pas penser à
l'homme étrange, puis disparut. Un tourbillon de couleurs l'enveloppa tandis que sa tête tournait, tournait,
tournait... Quand elle reprit connaissance, elle se trouvait sur un plateau, situé sur une montagne élevée. Sa robe
flottait au vent. Elle commençait à avoir froid et décida d'agir. Elle s'avança et pensa : «Les humains ne voient
que ce qu'ils veulent voir. La porte n'apparaît qu'à ceux qui connaissent le passage. Les humains, se dit-elle avec
une sorte de mépris, ont déjà escaladé ces montagnes et ont prouvé au monde que les Dieux n'existent pas. Mais
après trois millénaires d'exil, ils sont revenus ». Une spirale se matérialisa alors devant elle. Puis, elle laissa
place à un un vortex rouge, vert et bleu. Elle s'y engouffra, et se retrouva presque instantanément dans un grand
temple. Des colonnes dont la hauteur était indéfinissable se dressaient autour d'elle. Elle se trouvait dans la salle
du trône. En effet, Circé leva la tête. Elle ne vit qu'un sol de pierre divine, puis un trône, un aigle royal plus
grand que tous les aigles royaux sur Terre. Enfin, assis sur son trône de pierre, elle le vit, après tant d'années,
toujours le même avec son éclair à la main.

Partie 2:
Ulysse se réveilla en sursaut juste au moment où la vision d’une femme, sa longue robe flottant au vent,
lui était apparue. Il se leva. Plus tard, Ulysse saurait que ce n’était pas un rêve comme les autres. Quand il sortit
quelques heures plus tard, il respira l’air imbibé d’essence et de pollution. Les voitures filaient à toute vitesse,
chacune vers une destination qui lui était inconnue. Les immeubles s’élevaient devant lui comme des monstres
prêts à fondre sur lui. Il comparait souvent ces édifices à des monstres, leurs fenêtres le regardant d’un air
menaçant. Le jeune homme longea une rue, puis une autre, jusqu’à arriver à un parking. Des dizaines de voitures
se trouvaient là mais il reconnaîtrait la sienne. Une vieille Ford Anglia bleue, cabossée de toutes part. Elle
marchait encore. Heureusement, car Ulysse n’avait pas les moyens de s’en acheter une neuve. Il s’y installa et
fila en direction de l’immeuble le plus éloigné du centre ville. Ulysse avait trouvé un travail dans cet immeuble.
Concierge. On l’avait engagé pour faire le « sale boulot », avait dit Riyad, le propriétaire de cet immeuble.
Depuis, il gagnait juste assez pour survivre. C’est en descendant de sa voiture qu’il remarqua quelque chose
d’étrange dans le ciel. Un oiseau volait au-dessus de lui. Même s’il était loin, l’aigle, supposait-il, devrait être
beaucoup plus petit à cette distance. L’aigle se rapprochait. Il avait la nette impression que cet animal se dirigeait
vers lui. En effet, l’aigle fonça vers lui, et quand il ne resta plus que quelques mètres entre Ulysse et l’oiseau, le
jeune homme plongea. Il étouffa un cri. L’aigle lui attrapa le col et ne réussit qu’à déchirer son vêtement.
L’oiseau s’en alla. C’était fini. Pourquoi Diable cette créature avait-elle voulu l’attaquer. De puis un certain
temps, Ulysse se posait quelques questions. Il avait déjà vu cet oiseau en rêve… En oubliant que sa veste était
déchirée, il se dirigea tout en pensant à cet événement étrange, vers son lieu de travail. En entrant, il rencontra le
propriétaire qui descendait. Celui-ci était toujours désagréable avec lui.

« -Bonjour, monsieur, dit Ulysse.

- Eh bien moi, je ne vous souhaite pas le bonjour! s’écria Riyad. J’ai plusieurs choses à vous dire. Déjà,
hier, vous avez eu dix minutes de retard, ce qui constitue votre premier avertissement.

- Mais…

- Ne me coupez pas la parole ! C’est fou ce que vous pouvez être désagréable et malpoli envers votre
supérieur. Deuxièmement, aujourd’hui, vous arrivez avec onze minutes de retard, presque douze ! Ce qui
constitue votre deuxième avertissement ! Troisièmement…

- Je me suis fait attaquer par…

- N’importe quoi ! Ce sont des balivernes. Je suis sûr que vous avez concocté cette excuse pour me
nuire, me déplaire, et éviter ainsi le châtiment que je vais vous infliger. Mais je ne suis pas dupe ! Riyad est
intelligent et tu le sais très bien. Je disais avant que vous ne me coupiez la parole que vous me parliez très mal.
Ce qui constitue votre troisième avertissement. Vous êtes donc renvoyé.

- Écoutez, vous ne pouvez pas faire ça …

- Oh que si, je peux le faire ! Et je vais vous donner une raison de plus de vous renvoyer ! Venez avec
moi ! »

Ulysse suivit Riyad dans les couloirs sombres et interminables. Il se dit que son tyran de chef l’aurait de toute
façon renvoyé. Quand ils furent arrivés au dernier étage, Riyad sortit une clé et entra dans un appartement.

« N’entrez surtout pas !, aboya-t-il»

De toute façon, Ulysse n’aurait jamais eu l’idée d’entrer. L’ouverture de la porte était trop petite pour
lui et il devait se baisser pour y arriver. Quand le patron en sortit, il tenait à la main un gant blanc comme la
neige et s’avança vers les rebords de le fenêtre située à droite de la porte. Il passa sa main dans le gant et fit
glisser son index ganté sur le rebord de la fenêtre. Il montra son index à Ulysse. Ulysse ne vit rien que du blanc.

« - Qu’est-ce que vous voyez ? dit-il d’une voix mielleuse.

- Euh…
- Vous êtes daltonien ou quoi ??

- C’est blanc ?

- Évidemment que c’est blanc !

- Eh bien alors…

- Vous ne devinez pas ?

- Ma foi, non.

- Eh bien moi, je vais vous expliquer. Hier, je passe le doit sur ce même rebord de fenêtre et je constate
qu’il y a de la poussière dessus. Est-ce que vous êtes disposé à me dire la vérité où faut-il que je l’agite sous vos
yeux ?

- Je n’en sais rien.

- Très bien. Hier il y avait de la poussière après que vous soyez parti. Et aujourd’hui, il n’y en a plus.
Vous pouvez l’expliquer ? Non ? Alors je pense très fortement et j’ai l’intime conviction que quelqu’un a fait
votre travail à votre place pendant la nuit. Ce n’est pas bien d’embaucher des gens à ma place, si vous voyez ce
que je veux dire…

- Je n’ai pas…

- Faux ! Mauvaise réponse ! Maintenant, vous allez venir chez moi, signer un papier, partir ! »

Quand Ulysse rentra par la porte, il constata que tout était désordonné. Des papiers sortait des tiroirs,
s’entassaient sur la petite table au centre de l’unique pièce, et des vêtements divers s’amassaient sous les tables,
sous le lit. Ulysse n’avait jamais vu ça. Riyad lui fourra un papier dans la main.

« - Signez-le.

- Non.

- Vous osez me désobéir ?

- Jamais je ne ferai ça ! dit-il sur un ton à la fois indigné et sarcastique.

- Alors signez ce papier et qu’on n’en parle plus !

- Et si je refuse ? »

Riyad bouillonnait de rage.

« - Sortez de ma maison ! »

C’est alors que la fenêtre s’ouvrit et le tyran s’exclama :

« Grrmbl de v… »

Mais il ne put pas finir sa phrase...car une flèche dorée entra dans l’appartement et vint frapper Riyad en
plein cœur. Celui-ci s’effondra par terre avec un bruit sourd. Ulysse en resta bouche bée. Il ne comprenait pas ce
qui venait de se passer. Il avait vu beaucoup de morts avant celle-ci. Sa mère, son père, sa femme. Heureusement
que Pénélope était là pour combler le vide laissé par son ancienne femme. Mais cette mort si soudaine et brutale
ne l’affectait pas particulièrement. Et on pouvait le comprendre. Ulysse se retourna. Il venait de voir quelqu’un
regarder par la porte et celle-ci se referma d’un coup sec. Il ferait mieux de ne pas rester ici. Si quelqu’un l’avait
vu, la police ne tarderait pas arriver. Il sortit de la petite pièce et s’élança dans les dédales de l’immeuble. C’était
un vrai labyrinthe. Seul les personnes qui y vivaient pouvaient se retrouver. Ce serait peut-être sa seule chance.
Alors qu’il dévalait l’avant dernier escalier, il entendit des pas. Il s’arrêta. Ulysse remonta l’escalier en voyant un
« casque bleu », comme il les appelait, monter vers lui. Il en prendrait un autre. Malheureusement, la vague de
policiers qui arrivaient était de plus en plus forte. Il en sentit un l’agripper par le bras. Ulysse se débattit en vain.
Au bout d’un moment, ils bifurquèrent à droite et Ulysse sentit l’air de dehors lui fouetter le visage. Il se rendit
compte que le vent était très fort. Mais...ce n’était pas le vent. Le coup qu’il venait de recevoir ne venait pas
d’une bourrasque mais d’une matraque. Il en sentit une deuxième et s’effondra. Tout devint noir et il perdit
connaissance.

Partie 3:
« Comment allons nous faire pour le récupérer, maintenant qu’il est entre les mains des autres
humains ? Vous croyez vraiment que nous allons faire un génocide juste pour le récupérer ? Et puis comment se
fait-il qu’un humain ait vu cette flèche d’or ? Je croyais qu vous aviez pris toutes les précautions ? Il ne faut
surtout pas qu’un autre humain qu’Ulysse voie des choses étranges. S’ils nous découvraient, vous seriez exilés
pendant encore je ne sais combien de temps. Et je n’ai pas envie d’attendre trois mille ans de plus ! »

Circé fulminait. Et c’était légitime. Qu’Apollon tue quelqu’un pour ramener Ulysse, d’accord, mais
qu’il tue quelqu’un pour après le laisser filer, jamais elle n’accepterait cela.

« - Et vous savez très bien que vous avez tort.

- Et pourquoi doit-on le ramener, au juste ? demanda Athéna.

- Et pourquoi tu poses des questions, au juste ?

- Pour savoir ce que tu mijotes, accessoirement.

- Eh, madame je-sais-tout, tu devrais le savoir ?

- Silence ! Cria Zeus. Nous ne devons pas nous disperser si nous voulons avoir une chance de le
récupérer. Arrêtez vos chamailleries et concentrez-vous sur votre mission.

- J’irai le chercher. déclara Circé.

- Il n'en est pas question ! déclara le roi de l'assemblée.

- Vous pouvez me croire sur parole : si vous m’empêchez de porter secours à Ulysse et que vous ne
réussissez pas à le sauver, et qu'il tombe entre les mains du Nouveau Typhon, je m'arrangerais pour que vous
soyez les prochaines victimes de ce monstre. Et vous savez très bien que, bien que je ne soie pas une déesse, je
peux faire cela. J'ai en mon pouvoir des choses que les dieux eux-mêmes n'ont pas.

- Que veux-tu dire par...le Nouveau Pythron, ou Trypon ? demanda Apollon, sceptique.

- Ah, oui. Il me semble qu'il y a quelques milliers d'années, vous m'aviez confié une mission ? Je me
trompe ? Eh bien j'ai réussi. J'ai trouvé le reste de la prophétie sur Ulysse. »

Un silence pesant tomba sur l'assemblée. Seul Zeus parvint à rompre le silence.

« Euh...Oui, en effet je me souviens. Mais pourrais-tu nous raconter ce que it la fin de la prophétie
perdue ?

- C'est ce que j'allais faire. La voici :

...Et la magicienne tombera dans les bras

de l'homme aux mille ruses et viendra


le libérer des griffes de l'être à la tête dans les étoiles.

Mais si les ceux du ciel échouent,

Il faudra châtier par le Monstre Antique

Qui décima la moitié des humains.

Elle marqua un temps de pause.

- Et où as-tu trouvé cette prophétie ? demanda Apollon, sceptique.

- Dans une vision.

- C'est une blague, j'espère ? s'affola Poséidon. La dernière fois que tu as eu une vision ou un rêve, ou je
ne sais trop quoi, nous avons tous failli finir dans les tentacules des Anciens. Vous vous souvenez, les grosses
bêtes avec des ventouses et des tentacules ? Eh bien moi, oui. Et je n'en ai pas gardé un très bon souvenir.
Croyez-moi.

- De toute façon, je dis la vérité. Et puis pour l'histoire des tentacules, sachez que c'est par la faute
d'Hadès que les Anciens sont revenus. Il n'avait qu'à mieux les enfermer. Il sait très bien que ces créatures ont
des pouvoirs, certes qui sont moins puissants que nous, enfin, que vous, mais d'autres ont des facultés qui
permettent beaucoup de choses. Arrêtez de toujours me faire porter le chapeau !

Hadès se leva. Avant qu'il ait pu dire quoi que ce soit, Zeus cria :

- Silence ! Stop ! Arrêtez. Nous devons, premièrement récupérer Ulysse, Circé s'en chargera très bien
et…

- Quoi ? s'écria Déméter.

- Taisez-vous, nom d'un chien. Arrêtez de me couper la parole ! Circé ira chercher Ulysse, et notre
deuxième tâche sera de reprendre contrôle sur les humains. Ils sont trop nombreux et Gaïa se tord de douleur en
ce moment même dans la tente d'Asklépios, donc s'il vous plaît. Faites ce que je vous dis et n'oubliez pas : les
rares humains qui ont vu des phénomènes surnaturels se produire tenteront d'en savoir plus et diffuseront mles
informations à d'autres. Ce n'est pas ce que nous voulons. Restons discret, jusqu'au moment où, … Nous nous
montrerons à la vue de tous. Sous la forme humaine, bien sûr. J'ai déjà eu quelques problèmes avec ça. La
réunion est finie. Vous pouvez vous en aller.

Quand Circé arriva dans sa loge, elle changea immédiatement d'habits et prit l'apparence d'une humaine
tout à fait normale. Elle allait sortir quand Zeus entra. Il lui dit :

- Circé. Je veux te dire que quand tu iras le chercher, tu reviendra immédiatement ici. Est-ce que c'est
bien clair ?

- Oui. Mais pourquoi me dites-vous cela ? C'est évident, non ?

- Car tu as un pouvoir sur nous.

- Comment cela ? Vous ne me faites pas confiance, Zeus ?

- C'est que, si tu as dit vrai et que la fin de la prophétie existe vraiment et que s'il te prenait de ne pas
vouloir ramener Ulysse ici, celui-ci ne serait donc pas à l'Olympe. Donc la malédiction s'abattra sur nous. C'est à
toi de décider de notre sort. Notre vie est entre tes mains. Soit tu nous trahis, soit les humains sont contrôlés. Si
tu réussis dans cette mission, nous te récompenserons. Si tu échoues, tu mourras avec nous sous les crocs de
Typhon. Si tu trahis, tu mourras seule, poursuivie par une dizaine de dieux en colère, sans sépulture et je
m'arrangerai avec Hadès avant que je ne meure, que tu aies une place de choix dans les Enfers.
- Donc tu ne me fais pas confiance.

- Moitié moitié.

- D'accord. Je te prouverai que je suis presque l'égale des Dieux.

- J'en doute fort.

Partie 4:
Quand Ulysse se réveilla, il était étendu de tout son long dans une cellule de prison. La pierre était
froide et dure. Ulysse alla même jusqu'à se demander comment il avait pu dormir sur cette pierre pendant tout ce
temps. Puis, il se souvint des événements. L'oiseau géant, le renvoi, le meurtre qu'il n'avait pas commis de Riyad,
son ancien chef, et la poursuite dans l'immeuble, jusqu'au coup de poing du policier qui l'avait plongé dans un
endormissement dont le temps était tel qu'il était resté une semaine allongé sur la pierre. Cette dernière
information lui avait été donnée par le gardien de la prison lorsqu'il lui apporta son dîner. Soupe. Froide. Mais
c'était mieux que rien car il avait passé sept jours sans manger et sans boire. Un record mondial, selon Joe, le
gardien de la cellule.

Ulysse entendit des pas. C'était Jonathan (Il s'appelait lui même Joe).

- Alors, bien dormi, gamin ?

- Je n'ai rien fait. dit-il avec une pointe de colère dans la voix.

- Mais je sais bien que tu n'as rien fait. D'ailleurs, le directeur de la prison est complètement fou. Il a fait
emprisonner quelqu'un qui a soi-disant étouffé sa femme avec son oreiller mais tout le monde sait que ce mec n'a
jamais eu de femme. Et des tas d'autres gens dans ton cas. Enfin le cas Gégé, c'est Gérard, celui de la cellule d'à
côté, c'est vraiment incroyable. Sur le papelard que le directeur à complété, il y avait écrit pour motif : ne
respecte pas la limite de vitesse. Le pire, c'est que, premièrement, il n'y a pas de raison d'aller en prison pour ça,
mais aussi qu'il n'y a rien dans son casier judiciaire. Mais le plus scandaleux, c'est que le juge est de mèche avec
lui. Alors souvent, ils inventent des excuses. Mais, maintenant, le gouvernement ne peut plus rien dire. C'est la
loi du plus fort qui décide. Là où tu n'as pas de bol, c'est que Riyad est un ancien ami à lui, au patron, et que ça
va être difficile de le convaincre que ce n'est pas toi qui l'as tué : vous étiez seuls, face à face, seuls dans
l'appartement, et qu'il est impossible d'escalader jusqu'à la fenêtre du dix-septième étage pour tuer quelqu'un
avec une flèche.

- Comment savez-vous ?

- Oh, tu sais, il y a quelque chose qui s'appelle un témoin, par exemple. Mais lui aussi, on a du mal à le
croire. Il prétend que tu sais faire de la magie et que tu en aurais profité pour attaquer Riyad avec un sortilège. Et
moi, j'y crois fortement.

- Vous pensez peut-être que…

- Oui. Je le pense. Car je suis le témoin.

- C'est une blague ?

- Non. C'est tout à fait possible.

Tout à coup, Joe se tourna et agrandit ses yeux. Il avait l'air de ne pas croire ce qu'il voyait. C'était
apparemment dans le couloir donc Ulysse ne pouvait pas voir ce qu'il voyait puisqu'il était à l'intérieur de la
cellule. Joe disparut derrière le mur de la prison et Ulysse tenta d'écouter ce qu'il se passait. Rien ne se produisit
jusqu'au moment où il entendit un cri étouffé et une sorte de bruit d'étranglement. Ce son retentit dans tout le
couloir. Quand cela s'arrêta, il vit presque immédiatement un porc courir d'un bout à l'autre du couloir sans
jamais s'arrêter. Puis plus rien. Au bout de quelques minutes, une femme habillée d'une robe rouge apparut
devant lui. Elle avait les traits tirés et des cernes autour de ses yeux. Ulysse en resta ébahi. Malgré son regard
fatigué, elle dégageait une énergie si puissante…

- Wiinu, dit-elle, vµ wii wiinn aviic iCµu. Euh… Désolé. Tu vas venir avec moi.

- Quoi ?

- Désolé. Je parle la langue des dieux. Pourtant, tu devrais la comprendre… C'est bizarre. Enfin, nous
verrons cela plus tard. Nous n'avons pas le temps. Il faut se rendre au plus vite sur l'Olympe pour rejoindre les
autres. Je pense qu'il est déjà trop tard. J'ai eu du mal à me débarrasser de ces maudits gardes.

Ulysse ne comprenait rien à ce qu'elle disait, mais il n'eut pas le temps de savoir de quoi que ce soit car
il fut transporté de manière violente dans un tourbillon de couleurs. Puis il perdit connaissance. Quand il se
réveilla, il était encore étendu sur de la pierre. Mais cette pierre était divine. Il la sentait. Ulysse ne savait pas
pourquoi mais il était certain d'une chose : quand il se releva, il était seul dans une salle du trône dévastée. Plus
de toit. Le trône à moitié coupé en deux et le sol à moitié explosé. Au loin, il entendit un hurlement, comme celui
d'un loup.

À des milliers de kilomètres de là, les dieux s'étaient réfugiés dans une région appelée plus communément
aujourd'hui l'Égypte.

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