Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique Université Blida 1 Faculté de

Médecine Département de pharmacie

Cosmétologie médicale

1-Introduction.
La cosmétologie est présente dans les mœurs depuis de nombreux siècles. Elle s’est fortement
développée durant le XXème siècle. Il existe plusieurs "types" de cosmétologie :

 La courante,
 L’adaptée,
 La préventive,
 La médicale.

La cosmétologie courante : concerne les petits problèmes de peau. Le pharmacien est en

première ligne pour répondre aux attentes des patients par des conseils adaptés.

La cosmétologie médicale : les dermatologues doivent répondre à des demandes de plus en

plus fréquentes et précises. Ils intègrent l’utilisation des dermocosmétiques dans la prise en
charge de certaines pathologies. Le pharmacien doit savoir reconnaître certaines dermatoses
du visage ou, du moins, évaluer leur gravité afin d’orienter les patients vers un médecin
généraliste ou un dermatologue quand cela s’avère nécessaire.

Les composants qui entrent dans la formulation des produits cosmétiques sont de plus en plus
diversifiés et l’utilisation de certains d’entre eux peut être controversée. En effet, tous, à un
moment donné et sur un patient particulier, peuvent provoquer une réaction d’intolérance ou
une allergie.

Le pharmacien devient alors un acteur de santé incontournable de la cosmétovigilance et a le

devoir de remplir une fiche de déclaration quand un effet indésirable grave ou qui lui paraît
grave survient chez un patient

2- Anatomophysiologie de la peau.
2-1 Fonctions :

 Protection

 Barrière et échanges

 Thermorégulation

 Sensorielle

 Métabolique

Figure 1 : anatomophysiologie de la peau

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2-2 Structure : l’épiderme :

 Barrière de protection

 Couche cornée +++

 Epaisseur (10% de la totalité de la

peau)

Figue 2 : Structure de l’épiderme

2-3 Structure : le derme

 Elasticité et résistance mécanique

 Thermorégulation

 Fibroblastes : fibres de collagène et

d’élastine,…

 Glandes sébacées, sudoripares, vaisseaux

sanguins, follicules pileux, nerfs

2-4 Structure : l’hypoderme

Figure 3 : Structure du derme et hypoderme
 Hydratation et maintien du pH

 Lobules adipeux et tissus conjonctif,

glandes sudorales et sébacées

3- Cadre Réglementaire
Définition d’un cosmétique: «Toute substance ou préparation autre que les médicaments,
destinée à être mise au contact des différentes parties superficielles du corps humain
(épiderme, système pileux et capillaire, ongles, lèvres et organes génitaux externes) ou avec
les dents et les muqueuses buccales en vu, exclusivement et principalement, de les nettoyer,

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de les parfumer, d’en modifier l’aspect et/ou de corriger les odeurs corporelles et/ou de les
protéger ou de les maintenir en bon état»

Un cosmétique n’exige pas d’AMM mais ne doit pas nuire à la santé (centre antipoison)

Classification :

 Produits pour la peau ;

 Produits capillaires ;
 Produits pour les phanères ;
 Parfums.

4- Les formes galéniques.

Des formes galéniques de base pour application locale sont régulièrement employées:
 les crèmes,
 les gels et
 les poudres.
En cosmétologie, on peut établir trois grands groupes de formes galéniques:
1. Les formes anhydres : les sticks, les baumes, les poudres et les huiles ;
2. Les formes aqueuses : les lotions, les gels et les solutions micellaires ;
3. Les dispersions : des émulsions, des suspensions, des mousses, des aérosols et des formes
galéniques complexes: les systèmes véhiculaires.

5- Les matières premières

La liste des ingrédients qui entrent dans la formulation d’un produit cosmétique est disponible
sur son étiquetage. Les ingrédients sont retranscrits sous leur nom INCI (International
Nomenclature for Cosmetic Ingredients) défini par une nomenclature internationale publiée et
mise à jour à jour régulièrement.

Les composants basiques : Eau, les corps gras, tensio-actifs (émulsionnant et détergent)

Les autres composants : Gélifiants, conservateurs, antioxydants, actifs, colorants, parfums

5-1 Les excipients.

5-1-1 L’eau
 40 à 85% ;

 Faible concentration (%) d’électrolytes

 Microbiologiquement contrôlée

 Eau déminéralisée ou eau thermale

5-1-2 Les corps gras

Il constitue 5 à 30% de la composition

Les corps gras d’origine minérale : Vaseline, Paraffine, Ozokénite

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Les corps gras d’origine végétales : Triglycérides (huile, cires...)

Les corps gras d’origine synthétique

 Hydrocarbonés

 Siliconés

 Fluorés

5-1-3 Les tensio-actifs.

 Ils représentent 1 à 25% de la composition ;

 Les émulsionnants ;

- Anioniques à chaine polaire négative ;

- Cationiques à chaine polaire positive ;

- Amphotères doublement chargés ;

- Non ioniques.

5-1-3 les gélifiants.

 Ils représentent 0,1% à 1% ;

 Augmentent la viscosité de la phase aqueuse ;

o Synthétiques: polymères acryliques ;

o Végétaux: gommes, alginates ;

o Minéraux : argiles ;

o Biotechnologique : Xanthones

5-1-4 les conservateurs

 Il s représentent 0 à 0,5% de la formule

o Bactéricides ou bactériostatiques : chlorhexidine, parabens

o Antioxydants : BHA, BHT, vitamine E

5-1-5 les parfums

 0,1% à 1% de la formule ;

 0% chez l’enfant ;

 Terpènes et dérivés ;

 Aldéhydes, lactones … ;

 Liposolubles ;

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 Jamais de dilution alcoolique ;

 Si produit aqueux : nécessité d’un tensio-actif non ionique hydrophile très concentré.

5-1-6 Les colorants :

Insolubles = pigments

– Origine animale (carmin de cochenille)

– Origine végétale (betacarotène)

– Origine minérale (oxydes de Fe,Ti,Zn)

5-2 Les principes actifs.

Substances introduites dans une formule dont on attend une activité spécifique.

A/ Hydratants

 Occlusifs (1ère génération)

 Fixateurs d’eau (2ième génération) : glycérol, propylène-glycol, NMF, urée

 Régulateurs du flux hydrique (3ième génération): céramides, Acide Gras Insaturés,

cholestérol

B/ Anti-âges

 Agents de desquamation : AHA, acide rétinoïque ;

 Ecrans et filtres solaires : UVA++ (mexoryl, tinosorb, Ti), UVB (PABA, cinnamates) ;

 Anti radicaux libres : alphatocopherol, betacarotène, SOD, acide ascorbique).

C/Anti-inflammatoire ou apaisants

• Extraits de camomille de réglisse

• Phytostérol de colza, ficaire, bisobolol
D/ Immuno-régulateurs
• Peptides issus de biotechnologie
• Polysaccharides
E/ Antistress
• AG polyinsaturés riches en omega3
F/ Botox
• Extraits végétaux et peptides
G/ Sebo-régulateurs
• Dérivés soufrés, sels de zinc, inhibiteurs de la 5-alpha-réductase
H/ Amincissants
• DHAO, triterpène
• Caféine, escine, rhodystol
• Silicium et AHA
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6- Les différents produits cosmétiques.

On trouve les produits d’hygiène, les masques, les gommages, les soins et les produits de
maquillage correcteurs. Chez les hommes, une dernière catégorie peut être ajoutée: les
produits de rasage.

Les laboratoires dermatologiques proposent un vaste choix de formes galéniques. Le

pharmacien doit connaître les avantages et les inconvénients de chacune de ces formes, ainsi
que les conseils d’utilisation appropriés pour pouvoir proposer le produit le plus adapté à la
demande du patient.

7- Les ingrédients controversés.

1. Les parfums
Ce sont les substances les plus allergisantes qui entrent dans la composition des produits
cosmétiques. En 2004, a été ajoutée dans l’annexe 3 de la directive européenne (annexe X
du règlement européen) une liste de 26 substances aromatiques susceptibles de provoquer
une allergie (les molécules allergènes "étiquetables». Ces substances devront être
mentionnées dans la liste des ingrédients si leur concentration est > 0,001% dans les
produits non rincés et > 0,01% dans les produits rincés.

a. Les phtalates

b. Les huiles essentielles : elles renferment de nombreux composés plus ou

moins allergisants : des terpènes, des phénols, des furanocoumarines, etc.

2. Les conservateurs.

a. Les parabens;

b. Le formaldéhyde et les libérateurs de formol ne peuvent être employés qu’à

une concentration maximale de 0,2%.

c. Le triclosan : il est irritant, allergisant et pourrait traverser la barrière cutanée.

Son usage est limité à une concentration maximale de 0,3% dans les produits
cosmétiques. Il faut être extrêmement vigilant, aujourd’hui, quant à l’emploi de
ces substances.

3. Les filtres solaires.

Ils peuvent déclencher des allergies et photoallergies. Certains seraient des

perturbateurs endocriniens. Beaucoup ont été retirés du marché. Il faut être prudent sur
l’usage indispensable de ces filtres solaires.

4. Les colorants : Ce sont surtout les colorants de la famille des azoïques qui posent
problème. Certains sont allergisants et d’autres pourraient être potentiellement
cancérogènes. Les plus dangereux ont été retirés du marché. Une réglementation très
stricte est à respecter pour permettre leur incorporation dans les produits cosmétiques.

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5. Les substances comédogènes : Les ingrédients responsables de comédogénicité

agissent en stimulant la sécrétion de sébum et en favorisant une hyperkératose. Ce
mécanisme est semblable à celui de l’acné. Ces composés sont souvent lipophiles, ils
sont à bannir des produits cosmétiques destinés aux peaux grasses et acnéiques.

On peut en citer quelques unes :

 Le squalène,
 Le beurre de cacao,
 Les huiles d’amande,
 L’acide oléique,
 Le myristate d'isopropyle, etc.

6 Les antioxydants : La majorité des antioxydants ne présente pas de réel danger pour la
santé humaine. Beaucoup d’entre eux possèdent un potentiel allergisant. Les gallates
sont d’importants sensibilisants, une surveillance plus étroite de ces composés
pourrait être mise en place.
7 Les autres allergènes :
a. Le propylène glycol,
b. Les dérivés de la lanoline,
c. La colophane,
d. La trolamine

8- Les pathologies dermatologiques

Quelques produits dermocosmétiques peuvent entrer dans la prise en charge de certaines
pathologies dermatologiques du visage.

On peut citer:

 L’acné;
 La dermatite atopique;
 La dermite séborrhéique;
 La rosacée ;
 Le psoriasis.
Les dermocosmétiques ne remplacent en rien les traitements médicamenteux qui doivent
parfois être introduits.

9- Le conseil pharmaceutique.
Les dermatoses du visage nécessitent une attention particulière de la part du pharmacien.

Tout d’abord, il doit savoir les identifier. Puis, il doit connaître les produits dermocosmétiques
élaborés spécifiquement pour ces pathologies et les conseiller quand cela peut s’avérer
bénéfique pour le patient. Enfin, il ne doit pas ignorer les stades plus ou moins sévères de ces
dermatoses, nécessitant une prise en charge par un dermatologue ou un médecin généraliste,
et en informer le patient.

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10- Les ressources à la disposition des pharmaciens d’officine

 DUBERTRET L. Le psoriasis de la clinique au traitement, Med’com, Paris, 2004.

 CHOSIDOW O., MOLINARI E. La dermatite séborrhéique de la clinique au

traitement, Med’com, Paris, 2010.

 MIDOUN-MOUACI N. L’acné de la clinique au traitement, 2ème édition, Med’com,

Paris,2008.

 Le Vidal Recos établit des synthèses de recommandations thérapeutiques rédigées par

des experts. Ces recommandations se basent sur celles de l’AFSSAPS, de l’HAS
(Haute Autorité de Santé) et des conférences de consensus.

 Sur internet : Le site internet (club pharmaweb) s’intitule : l’espace dermatologie

du pharmacien. Il est intégralement dédié aux pharmaciens et étudiants en pharmacie.
Des conseils sont présentés par pathologie et symptôme. Une médiathèque met à
disposition des vidéos et un atlas de photos sur des dermatoses.

11- Conclusion
Certains produits cosmétiques sont prescrits par les médecins et dermatologues. Les
recommandations dans la prise en charge de certaines pathologies mettent en avant les atouts
de ces produits cosmétiques. Ces recommandations évoluent avec les résultats des études et
publications qui sont de plus en plus nombreuses sur le sujet. Ainsi, les conseils du
pharmacien entrent en première ligne, notamment lorsqu’il se retrouve face à un patient
présentant une prescription médicamenteuse pour une pathologie dermatologique. Le
pharmacien doit savoir répondre aux questions des patients en ce qui concerne les ingrédients
controversés présents dans les produits cosmétiques. Certains ingrédients peuvent être à
l’origine de réactions d’intolérance, voire de conséquences plus ou moins graves sur
l’organisme : phtalates, gallates, colorants azoïques, parabens, formaldéhyde, etc.

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Références bibliographiques
- P.Wehrlé 2007. « Pharmacie Galénique, Formulation et technologie pharmaceutique »
édition Maloine

- A.Le Hir ; J-C Chaumeil ; D Brossard,« Pharmacie Galénique, Bonnes Pratiques de

Fabrication des médicaments » 9 em édition Masson

- -Rachid Denine, 2008 « Cours de Pharmacie Galénique »Office des publications

universitaire

- Thèses et des mémoires

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