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Il y a Haïti, les Haïtiens et il y a les

politiciens haïtiens
Publié le 2022-02-14 | lenouvelliste.com
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La semaine ne commence pas bien. 


Les négociations inter-haïtiennes ont avorté, lundi. 
Après s’être entretenus et entendus vendredi sur le principe de négocier, les
tenants des Accords de Montana et de la Primature ne se sont pas rencontrés pour
leur deuxième rendez-vous.
Les deux parties ont annulé leur rendez-vous, sans se parler. Pour d’obscures
raisons de retard, de bienséance ou de protocole.
Espérons qu’il ne s’agisse que de partie remise et pas de timouneries, nos fameux
enfantillages sempiternels.
L’annonce des négociations en Haïti entre des politiciens haïtiens qui n’ont nulle
envie de négocier est l’un des miracles de ce deuxième mois de l’année et le
premier de 2022. Espérons que St Valentin va mettre du baume au chocolat dans
le cœur des acteurs pour les porter à revenir à de meilleurs sentiments et à un peu
d’amour pour la patrie.
Qu’ils se parlent, qu’ils négocient, s’entendent ou se fâchent, mais qu’ils se parlent,
c’est tout ce que l’on souhaite pour sortir de cette guerre froide qui ronge l’espoir et
annihile tout démarrage réel, sept mois l’assassinat du président Jovenel Moïse.
Les Haïtiens et Haïtiennes qui observent de loin la valse-hésitation de nos
politiciens doivent encore se demander : qu’est-ce qui motive les uns et les autres
de la classe politique à faire autant « comme si ». Comme si ils veulent négocier,
comme si ils ne veulent pas le pouvoir, comme si ils veulent tout le pouvoir, comme
si ils veulent des élections, comme si ils veulent le support de la communauté
internationale et comme si ils ne veulent pas d’un appui des Blancs, comme si ils
veulent renforcer la police et comme si ils soutiennent les gangs tout en les
dénonçant. 
La liste des « comme si » de la classe politique haïtienne est impressionnante.
Dans les deux camps, on souhaite une chose et son contraire.
Et pendant ce temps, le temps passe et les vies avec.
Haïti a deux rendez-vous importants cette semaine : les négociations avec le FMI
et la conférence des bailleurs sur la reconstruction du Grand Sud après le séisme
du 14 août dernier. Conférence qui se tient six mois après les dévastations. 
Ce 14 février, ni ceux qui tiennent le pouvoir ni ceux qui en rêvent n’ont évoqué les
deux rendez-vous. Ceux-là souhaitent que les rendez-vous se passeront à leur
avantage et renforceront leur pouvoir, les autres envisagent un échec des deux
rendez-vous pour aboutir à un affaiblissement de leur adversaire.
Le pays a mille problèmes qui attendent des solutions et si peu de porteurs de
dossiers pour les amener à bon port. C’est navrant.
Au milieu de cette bataille d’ego et de petits bras qui fantasment en pensant au
mango national, la population, les Haïtiens et les Haïtiennes, Haïti comme pays,
tout dépérit.
Ce 14 février, il y a Haïti qui ne peut pas plaider sa cause, les Haïtiens et
Haïtiennes qui désespèrent et il y a les politiciens haïtiens qui se la jouent «
intelligents », maîtres dans l’art de faire passer le temps pour rien.
Nos politiciens ont la grâce suprême de pouvoir vivre et exercer dans un pays et
dans un milieu avec lesquels ils sont en totale déconnection et qui n’attendent rien
de bon d’eux.
Ce 14 février, on dirait que les Haïtiennes et Haïtiens ont épuisé leur quota
d’espérance dans nos politiciens et que cela arrange bien l’affaire de nos Chefs. 

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