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Alexis de Tocqueville, De la Démocratie en Amérique [1840] 

Dans cet extrait de De la démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville né le 29 juillet 1805


est un théoricien du libéralisme qui s’intéresse au processus d’égalisation des conditions. Ainsi,
Tocqueville voit naitre et se développer sous ses yeux une nouvelle société qu’il qualifie de
« Démocratie », ou mieux de « société démocratique », puisque l’analyse va bien au-delà des
institutions politiques. Du grec ancien demos qui signifie le peuple et de kratos qui signifie le pouvoir,
l’autorité. La démocratie est donc le régime politique dans lequel le peuple est souverain et défend
certaines valeurs comme la liberté et l’égalité. L’intérêt philosophique de ce texte est majeur
puisqu’il s’agit de prendre partie sur une réflexion à propos des conditions, des conséquences de la
démocratie, de l’individualisme et de comment rendre compatible l’idéal d’égalité et de la liberté.
Le problème qui se pose dans ce texte est de quelle manière Tocqueville perçoit l’individualisme
comme étant une menace pour la société démocratique ? Le texte se découpe en trois paragraphes
dont les thèses sont distinctes.
Dans un premier temps nous verrons que l’auteur commence par aborder l’individualisme puis dans
une second temps son analyse de la démocratie, et enfin comment il en conclut que ces deux notions
dissemblables s’assimilent.

En premier lieu l’auteur expose son point de vue en développant implicitement la notion
d’individualisme. Il voit la société démocratique comme un groupe d’hommes égaux mais qui
n’existent que « pour eux-mêmes » (l.10) et « pour eux-seuls » (l.10). Selon lui ces derniers voient en
la démocratie le moyen de satisfaire leurs désirs et leurs passions sans être contraint par un pouvoir
arbitraire reposant sur un seul homme. Ces plaisirs qu’il qualifie de « petits et vulgaires » (l.5 à l.6)
dont les hommes « emplissent leur âme » (l.6) les rendent égoïstes qu’ils en oublient la notion de
patrie. En effet les hommes pensent à leur bien être individuel, sont hypnotisés par la satisfaction de
leurs désirs et n’appartiennent plus à un groupe mais appartiennent à eux-mêmes, que « du moins,
ils n’ont plus de patrie » (l.11).

En second lieu Tocqueville fait la description du régime démocratique. Il décrit la démocratie


comme une illusion de bonheur pour les hommes. En effet il parle d’un pouvoir qui « assure leur
jouissance, et veille sur leur sort » (l.13) qu’il compare à une « puissance paternelle » (l.14) donc un
encadrement autoritaire mais bienveillant. Le bonheur illusoire de la démocratie réside également
dans le fait de pouvoir se réjouir de leurs libertés, absentes sous un régime totalitaire. Illusoire car
ces passions facilement atteintes, hypnotisent les hommes jusqu’à les priver de leur indépendance
d’esprit et de penser or nous savons qu’une âme nourrie par ses passions est une âme troublée et
malade et que celle-ci ne peut atteindre l’idéal philosophique de la sagesse et de la vérité. De plus
cette absence d’indépendance d’esprit pourtant essentielle est également caractérisée par l’état de
tutelle dans laquelle l’homme se trouve en démocratie. Car la démocratie « assure, prévoit, conduit,
dirige, facilite, règle et sécurise » (l.19 à l.20) l’homme et le pousse ainsi à se reposer sur cette
encadrement qui pense à sa place.

Dernièrement, Alexis de Tocqueville fait le lien entre la démocratie et les deux instincts
contradictoires de l’homme d’un côté l’homme ressent le « besoin d’être conduit » (l.24) vers une
direction dans laquelle aller qu’il partage avec « l’envie de rester libre » (l.24). Un problème ce pose
lorsque l’homme cherche à satisfaire ces deux aspects qui l’habitent car il « s’efforce de les satisfaire
à la fois tous les deux » (l.26). Pour y remédier la démocratie est un pouvoir puissant et qui laisse la
possibilité aux hommes de le constituer, de le choisir, elle semble être la solution parfaite.
Assurément selon Denis DIDEROT le bien fait de ce système politique réside dans la force « Le
consentement des hommes en société est le fondement du pouvoir. Celui qui s’est établi que par la
force ne peut subsister que par la force ». Autrement dit l’homme accepte plus facilement l’état de
tutelle s’il « choisit son lui-même son tuteur » (l.29). Le peuple dirige le peuple et le peuple contraint
le peuple.

En conclusion l’individualisme est une menace pour la démocratie néanmoins il est


une conséquence de la démocratie. Puisque la démocratie rend les hommes libres cette
liberté les poussent à l’individualisme. On pourrait s’interroger sur la soutenabilité de
l’analyse de Tocqueville dans le monde contemporain.

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