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Article

Hypertension artérielle pulmonaire


et sclérodermie systémique : les pièges

Eric Hachulla1, David Launay1, Jérôme Le Pavec2, Luc Mouthon3, Loïc Guillevin3, Pascal de Groote4

1. Centre de référence des Maladies Auto-immunes et Maladies Systémiques


Rares pour la Sclérodermie Systémique, Service de Médecine interne,
Hôpital Claude Huriez, Université Lille 2
2. Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Centre National de Référence
de l’Histiocytose Langerhansienne, Service de Pneumologie Hôpital Saint-
Louis, Paris
3. Centre de référence des Maladies Auto-immunes et Maladies Systémiques
Rares pour les Vascularites et la Sclérodermie Systémique, Pôle de Médecine
interne, Hôpital Cochin, AP-HP, Université Paris Descartes, Paris
4. Service de Cardiologie, Centre de Compétences pour l’Hypertension Artérielle
Pulmonaire, Hôpital Cardiologique, CHU Lille, 59037 Lille cedex

Correspondance :
Eric Hachulla, Centre de référence des Maladies Auto-immunes et Maladies
Systémiques Rares pour la Sclérodermie Systémique, Service de Médecine
interne, Hôpital Claude Huriez, 1, place de Verdun, 59037 Lille cedex, France
ehachulla@chru-lille.fr

Key points Points essentiels


Systemic sclerosis associated pulmonary arterial
hypertension: the pitfalls Bien que l’HTAP ait été longtemps considérée comme une compli-
Although pulmonary arterial hypertension (PAH) is usually cation tardive des sclérodermies systémiques (ScS) cutanées limi-
considered as a late complication in limited subsets of systemic tées, elle concerne en fait tout autant les formes diffuses et peut
sclerosis (SSc), PAH can also occur in diffuse SSc and in early SSc. survenir précocement au cours de la maladie.
The evaluation of the velocity of the tricuspid regurgitation on L’évaluation de la fuite tricuspidienne par échocardiographie est
echocardiography is so far the most effective screening tool for jusqu’ici la méthode de screening la plus adaptée au dépistage de
pulmonary hypertension (PH) in SSc. Nevertheless, it is not mea- l’hypertension pulmonaire (HTP) dans la ScS. Cependant, elle n’est
surable in about 20% of SSc patients ; In that case, pulmonary pas mesurable chez environ 20 % des patients sclérodermiques ;
arterial pressure can be evaluated by using the velocity of a dans ce cas, la pression pulmonaire peut être estimée par la
pulmonary insufficiency and indirect signs of PH should be ana- vélocité d’une éventuelle fuite pulmonaire et par la présence de
lyzed: pulmonary ejection time, right heart cavities dilatation and signes indirects d’HTP comme la mesure du temps d’accélération
aspect of the inferior vena cava. pulmonaire, la taille des cavités droites et l’aspect de la veine cave
About 10% of SSc patients with a suspected of PAH on echocar- inférieure.
diography have post-capillary PH at right heart catheterization Environ 10 % des patients suspects d’HTAP à l’échocardiographie ont
mainly due to left ventricular diastolic dysfunction. en fait une HTP post-capillaire au cathétérisme cardiaque droit, prin-
In some SSc patients, PAH and post-capillary PH due to left ventri- cipalement liée à une dysfonction diastolique du ventricule gauche.
cular diastolic dysfunction may be associated. This can be suspec- Chez certains patients sclérodermiques, l’HTAP et l’HTP post-
ted in case of post-capillary PH with a transpulmonary gradient capillaire sur dysfonction diastolique du ventricule gauche peu-
> 12 mmHg. vent être associées. Une telle association doit être suspectée en
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HTAP et sclérodermie systémique : les pièges

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Lung fibrosis is another cause of PH in SSc. cas d’HTP post-capillaire associée à un gradient transpulmonaire
The distinction between PH associated to lung fibrosis from PAH > 12 mmHg.
is sometimes difficult, particularly in patients with a FVC between La fibrose pulmonaire est une autre cause d’HTP dans la ScS.
60 and 70% of expected. La distinction HTAP et HTP sur fibrose pulmonaire est parfois diffi-
Pulmonary veno-occlusive disease is a possible cause of pre- cile, particulièrement chez les patients ayant une CVF entre 60 et
capillary PH in SSc. The diagnosis of pulmonary veno-occlusive 70 % de la valeur prédite.
disease should be discussed in each case of PAH associated ScS En cas d’HTAP associée à la ScS, d’une maladie veino-occlusive
due to the high risk of lung edema at the introduction of specific pulmonaire associée doit toujours être recherchée car il existe un
PAH drugs. risque élevé d’œdème pulmonaire lors de l’initiation des traite-
ments spécifiques de l’HTAP.

Introduction (1/3 tiers des patients ont plus de 70 ans). D’autre part, la
dyspnée est un symptôme extrêmement fréquent dans la ScS,
La sclérodermie systémique (ScS) représente 11,5 % des même en dehors de l’HTAP [7] expliquant vraisemblablement
hypertensions artérielles pulmonaires (HTAP) du groupe 1 [1] de en grande partie le caractère malheureusement sou-vent tar-
la classification de Dana Point [2]. La prévalence de l’HTAP asso- dif du diagnostic puisque plus de 80 % des patients sont en
ciée à la ScS est très variable d’une étude à l’autre si l’on se base dyspnée de classe fonctionnelle III ou IV de la NYHA [5].
sur des critères échocardiographiques, mais elle est de l’ordre L’échocardiographie est l’examen de référence pour le dépis-
de 8 à 12 % si l’on se base sur les données du cathétérisme tage de l’HTAP. Les dernières recommandations internatio-
cardiaque droit [3,4]. Contrairement à une idée reçue, la pré- nales invitent à dépister l’HTAP par échocardiographie chez
valence de l’HTAP est assez comparable dans les ScS cutanées tout patient sclérodermique symptomatique (dyspnée, fati-
limitées et les ScS cutanées diffuses [5]. L’incidence de l’HTAP gue, fatigabilité, angor, syncope, distension abdominale). Chez
évaluée sur une période de trois ans dans une large cohorte les patients asymptomatiques, le dépistage systématique
française de ScS est de 0,61 % patients-année [6]. L’HTAP n’est échocardiographique est laissé au libre choix du clinicien, mais
cependant pas la seule cause d’hypertension pulmonaire (HTP). peut être envisagé [8]. Néanmoins, du fait de la gravité de
En effet, l’HTP de la ScS peut aussi être la conséquence d’une l’HTAP dans la ScS, une pratique de dépistage annuel systéma-
maladie veino-occlusive (groupe 1’), peut être secondaire à tique, même chez les patients asymptomatiques, nous semble
une fibrose pulmonaire (groupe 3) ou être post-capillaire prin- adaptée. Lorsque la vitesse d’insuffisance tricuspidienne (VIT)
cipalement sur dysfonction diastolique du ventricule gauche ≥ 3 m/s (correspondant à un gradient de pression entre
(groupe 2). Ces pièges doivent être différenciés avec rigueur car l’oreillette droite et le ventricule droit > 36 mmHg et donc
la prise en charge thérapeutique en est totalement différente. à une PAP systolique estimée > 40 mmHg si la pression de
l’oreillette droite est estimée à 5 mmHg), le patient est suspect
d’hypertension pulmonaire et un cathétérisme cardiaque droit
Hypertension artérielle pulmonaire doit être réalisé. Il en est de même si la VIT est comprise entre
2,8 et 3 m/s avec une dyspnée non expliquée par une autre
Si l’HTAP est habituellement considérée comme une compli- cause [6] (Fig. 1). Dans 20 % des cas environ, la VIT n’est pas
cation tardive des ScS cutanées limitées, elle peut compliquer mesurable, parce qu’elle est faible ou que la fuite ne peut être
tout autant les ScS cutanées diffuses. C’est par ailleurs une parfaitement alignée. Dans ce cas, la vélocité d’une éventuelle
complication tout aussi précoce que tardive. En effet, environ fuite pulmonaire permet d’estimer la pression artérielle pul-
la moitié des HTAP de la ScS apparaissent dans les 5 premières monaire (PAP) moyenne ou diastolique. La fuite pulmonaire
années de la maladie lorsque la date de début de la maladie est malgré tout rare. Il faut toujours rechercher des signes
est fixée à la date du premier symptôme hors phénomène indirects d’HTP comme une dilatation des cavités droites, une
de Raynaud) [5]. Sur le plan clinique, la fatigue est un signe veine cave inférieure non compliante à l’inspiration profonde
précoce, mais non spécifique. Le symptôme d’alerte le plus fré- ou un raccourcissement du temps d’accélération pulmonaire
quemment révélateur est la dyspnée d’effort. Celle-ci n’est pas < 100 ms (délai entre le début du flux et son pic de vélocité).
toujours facile à évaluer chez un patient affaibli par la maladie Le cathétérisme cardiaque droit est la méthode de référence
systémique ou faisant des efforts limités. Dans notre expé- pour mesurer de manière précise les pressions du système
rience, près d’un patient sur deux ayant une HTAP associée à veineux, des cavités cardiaques droites et de la circulation pul-
la ScS a un facteur confondant qui peut aussi expliquer un es- monaire (PAP et PAP d’occlusion (PAPO), qui est le reflet de la
soufflement et ainsi retarder le diagnostic : anémie sur hémor- pression de l’oreillette gauche). Avec cette méthode, on peut
ragie digestive, pneumopathie infiltrante, déconditionnement également estimer le débit cardiaque et mesurer la satura-
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E. Hachulla, D. Launay, J. Le Pavec, et al.

comme un rétrécissement aortique, ou une dysfonction systo-


Échocardiographie de dépistage lique du ventricule gauche. Celle-ci touche environ 3 à 5 %
de la population en fonction de la définition utilisée (fraction
d’éjection ventriculaire gauche (FEVG) < 55 % ou < 45 %) [11].
VIT < 2,8 m/s VIT < 2,8-3 m/s VIT ≥ 3 m/s La cardiopathie ischémique par atteinte de la macrocirculation
coronaire n’est pas plus fréquente chez les patients scléroder-
miques que dans la population générale [12]. En revanche,
Pas de dyspnée (ou
dyspnée expliquée Dyspnée (non expliquée plusieurs études ont mis en évidence une ischémie myo-
par une autre cause)
par une autre cause) cardique sans atteinte macrovasculaire, probablement liée
à une atteinte de la microcirculation. Enfin, plusieurs études
Pas d’HTAP HTAP suspectée ont montré que la ScS pouvait entraîner une atteinte de la
fonction diastolique du ventricule gauche, responsable d’une
VIT = vitesse de fuite tricuspidienne
Cathétérisme cardiaque droit
élévation des pressions télédiastoliques du ventricule gauche,
se répercutant sur la pression de l’oreillette gauche, la pression
FIGURE 1 veineuse pulmonaire et la PAP, générant ainsi une HTP post-
Algorithme de dépistage de l’HTAP au cours de la sclérodermie capillaire. Cette atteinte est probablement directement la
systémique [6]. conséquence de la cardiomyopathie sclérodermique faite
surtout de fibrose et de foyers ischémiques microcirculatoires
tion en oxygène dans les différentes cavités dont dans l’artère bien visualisés en IRM cardiaque [13]. L’analyse de la fonction
pulmonaire. La définition de l’HTP est la présence d’une PAP diastolique est complexe, tout particulièrement dans la ScS, où
moyenne (PAPm) supérieure à 25 mmHg. L’HTAP est une HTP il existe de nombreux facteurs confondants comme l’âge ou
précapillaire avec une PAPO ≤ 15 mmHg. l’hypertension artérielle. Ceci rend indispensable la réalisation
Si le scanner thoracique n’est pas un outil ni de dépistage ni d’un cathétérisme cardiaque droit. Dans ce cas, l’HTP est post-
de diagnostic de l’HTAP au cours de la ScS, il est néanmoins capillaire (PAPm > à 25 mmHg avec une PAPO > 15 mmHg).
indispensable. Réalisé en coupes millimétriques, il permet de Le débit cardiaque doit être également déterminé car pour
préciser l’existence ou non d’une pneumopathie interstitielle parler d’HTP post-capillaire, il doit être normal ou diminué.
et d’en évaluer l’extension. Le diagnostic d’HTAP sous-entend En effet, dans les situations d’hyperdébit (anémie, hyperthy-
habituellement que la capacité pulmonaire totale (CPT) et la roïdie, shunt, cirrhose), les pressions pulmonaires peuvent
capacité vitale forcée (CVF) soient > 70 %). En cas d’HTP préca- s’élever passivement (fausse HTP), les résistances vasculaires
pillaire chez un patient sclérodermique ayant une fibrose pul- pulmonaires sont alors habituellement normales. Enfin, dans
monaire avec CVF et/ou CPT < à 60 %, il ne s’agit sans doute les HTP post-capillaires, le gradient transpulmonaire (dif-
pas d’une HTAP, mais plus probablement d’une HTP sur fibrose férence entre la PAP moyenne et la PAPO), différencie les
si la PAPm est < 35-40 mmHg. En cas de CPT et/ou CVF entre formes passives (gradient ≤ 12 mmHg) et les formes actives
60 et 70 %, différencier HTAP et HTP liée à la fibrose peut être (gradient > 12 mmHg). Les HTP post-capillaires avec gradient
difficile. transpulmonaire élevé représentent les HTP disproportionnées
L’évaluation des traitements dans l’HTAP se fait habituelle- (ou HTP mixte) qui font évoquer une participation vasculaire
ment sur le test de marche de 6 mn, sur la classe fonctionnelle pulmonaire associée. Actuellement, le niveau de ce gradient
de dyspnée et sur les paramètres hémodynamiques. Dans la transpulmonaire est discuté car de nombreux patients por-
ScS, le test de marche a ses limites [9] et est peu sensible teurs d’une cardiopathie gauche ont un gradient élevé. Dans
au changement car de nombreux facteurs peuvent interférer la ScS, l’HTP post-capillaire peut être associée à une authen-
comme les problèmes ostéo-articulaires, le déconditionne- tique HTAP.
ment à l’effort etc. Les meilleurs critères d’efficacité des traite- Plusieurs études multicentriques réalisées dans les conditions
ments dans la ScS sont la classe fonctionnelle de dyspnée et habituelles de prise en charge de patients ont confirmé la
l’index cardique [10]. nécessité de réaliser un cathétérisme cardiaque droit, l’écho-
graphie cardiaque étant souvent prise à défaut. L’étude
ItinerAir Sclérodermie a évalué la prévalence de l’hyperten-
Hypertension pulmonaire post-capillaire sion artérielle pulmonaire (HTAP) chez 599 patients atteints de
ScS. Il s’agissait d’une population sélectionnée, avec l’exclusion
L’HTP post-capillaire est sans doute au moins aussi fréquente des patients porteurs d’une atteinte pulmonaire et cardiaque
que l’HTAP dans la ScS. L’échographie cardiaque qui doit significative. Tous les patients ont bénéficié d’une échographie
être réalisée régulièrement chez tous les patients permet de cardiaque par un échographiste entraîné impliqué dans la prise
mettre en évidence facilement des anomalies valvulaires, en charge des patients sclérodermiques. Sur les 33 patients
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HTAP et sclérodermie systémique : les pièges

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suspects d’HTAP à l’échographie cardiaque, 18 sont confirmées Le traitement de l’HTP post-capillaire en rapport avec une dys-
par le cathétérisme cardiaque droit (55 %), 12 patients n’ont fonction diastolique du ventricule gauche n’est pas codifié. Il
pas d’HTAP (36 %) et 3 (10 %) ont une HTP post-capillaire [3]. fait appel aux diurétiques s’il y a des signes de décompensa-
Pour déterminer l’incidence de l’HTP, la population initiale de tion cardiaque droite. Il n’y a, dans tous les cas, aucune indica-
l’étude ItinerAir Sclérodermie a été suivie pendant 3 ans [6]. tion à un traitement spécifique de l’HTAP.
Sur les 599 patients initiaux, 384 ont été inclus dans l’étude de
suivi et 26 patients, suspects d’HTP, ont bénéficié d’un cathé-
térisme cardiaque droit. Parmi ceux-ci, 8 n’avaient pas d’HTP, 8 Hypertension pulmonaire associée
avaient une HTAP, 2 une HTP sur fibrose pulmonaire, et 8 une à la pneumopathie infiltrante diffuse
HTP post-capillaire (31 %). Chez ces patients, l’échographie car-
diaque était le plus souvent considérée comme normale, sauf L’HTP au cours de la ScS est le plus souvent une hypertension
chez un patient avec une sclérose aortique sans rétrécissement, artérielle pulmonaire (HTAP) appartenant au groupe 1 de la clas-
et un autre ayant juste une dilatation de l’oreillette gauche. Sur sification de Dana Point [16]. L’HTAP est alors isolée, notamment
le plan hémodynamique, chez 5 patients l’HTP post-capillaire sans pneumopathie infiltrante diffuse (PID) et correspond à une
a été mise en évidence à l’effort (PAPO < 15 mmHg au repos maladie vasculaire pulmonaire pure, proche sur le plan physio-
et > 18 mmHg à l’effort). Lors du cathétérisme cardiaque, les pathologique et histologique de l’HTAP idiopathique. Lorsqu’il
mesures sont réalisées au repos. Bien que dans les dernières existe une PID, l’HTP peut alors être classée dans le groupe 3,
recommandations [8], la définition de l’HTP d’effort ait été reti- qui correspond à des patients ayant une HTP associée à une pa-
rée, l’examen peut être sensibilisé par un effort qui permet par- thologie pulmonaire et/ou une hypoxémie. Bien évidemment,
fois de démasquer une HTP post-capillaire. Une autre méthode la difficulté dans la ScS est que cette pathologie peut à la fois
pour démasquer l’HTP post-capillaire est le test de remplissage. être responsable d’une PID et d’une maladie vasculaire pulmo-
Après les données de repos, un remplissage avec 500 ml de naire. Ainsi, face à un patient sclérodermique qui a une PID et
macromolécules en cinq minutes est réalisé. Dans les HTP post- une HTP, il peut être délicat de savoir dans quel groupe le classer.
capillaires, la PAPm se majore, mais de manière parallèle, la La plupart des auteurs estiment que lorsque la PID est modérée,
PAPO augmente progressivement pour dépasser souvent les c’est-à-dire atteignant moins de 30 % du parenchyme pulmo-
18 mmHg, confirmant la présence d’une HTP post-capillaire. naire et/ou avec un retentissement modeste sur les volumes
Il ne faut pas hésiter chez le patient sclérodermique, particu- (en pratique lorsque la CVF et la CPT sont > à 70 % de la valeur
lièrement dyspnéique à l’effort, avec des valeurs de pressions théorique), la présence d’une HTP est plus liée à une maladie
limites au cathétérisme de repos, à réaliser soit un effort, soit vasculaire pulmonaire qu’à une réelle conséquence de la PID
un test de remplissage. L’incidence de l’HTP post-capillaire au [17,18]. Ces patients sont alors plus facilement classés dans le
cours de la ScS est de 0,61 % patients-année, c’est-à-dire iden- groupe 1 et on dit qu’ils ont une HTAP. À l’inverse, lorsque la PID
tique à l’incidence de l’HTAP dans une population de patients est significative atteignant plus de 30 % du parenchyme pulmo-
sclérodermiques ayant une CPT et/ou une CVF > 60 % de la naire ou avec un syndrome restrictif important aux EFR (notam-
valeur prédite au moment de l’entrée dans l’étude [6]. Dans ment CVF et/ou CPT < 70 %), les patients sont le plus souvent
une étude équivalente, Mukerjee a retrouvé chez 147 patients classés dans le groupe 3 [17,18]. Il faut cependant admettre
suspects d’HTAP sur les données cliniques et paracliniques, dont que cette dichotomie n’a jamais réellement été validée par une
échographiques, bénéficiant d’un cathétérisme cardiaque droit, étude et qu’il est hautement probable que parmi les patients
19 patients (13 %) avec une HTP post-capillaire, dont 10 liées sclérodermiques classés dans le groupe 3, un nombre non
à une dysfonction diastolique du ventricule gauche [4]. Dans négligeable sinon tous aient une part plus ou moins importante
la population initiale de la première étude ItinerAir Scléroder- de maladie vasculaire pulmonaire associée.
mie, dont étaient exclus les patients avec atteinte cardiaque, L’HTP associée à une PID (HTP-PID) (groupe 3) est générale-
l’échographie a retrouvé une FEVG ≤ 45 % dans 1,5 % des cas, ment modérée dans la plupart des pathologies avec une PAP
une hypertrophie ventriculaire gauche dans 23 % des cas et moyenne entre 25 et 35 mmHg [19]. Parfois, cette élévation de
une dysfonction diastolique dans 18 % des cas [14]. En résumé, PAP moyenne peut être plus importante (PAP moyenne > 35-
malgré l’implication des échographistes, ces différentes études 40 mm Hg). Dans ces cas, on parle d’HTP « disproportionnée »
ont démontré les difficultés rencontrées pour estimer le niveau au degré d’atteinte pulmonaire. L’HTP est d’autant plus dispro-
de PAP et pour en définir le type, pré ou post-capillaire par portionnée que la PAPm est élevée et les volumes pulmonaires
l’échographie cardiaque. Le cathétérisme cardiaque droit reste peu altérés. Il est probable que les patients sclérodermiques
donc un examen indispensable en cas de suspicion d’HTP. Les ayant une HTP très sévère et une PID significative, mais sans
nouvelles techniques d’analyse de l’échographie cardiaque, en altération importante des volumes pulmonaires aient une part
particulier l’analyse tissulaire, permettront peut-être d’améliorer vasculaire pulmonaire importante dans la physiopathologie de
la sensibilité et la spécificité de l’examen [15]. leur HTP.
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E. Hachulla, D. Launay, J. Le Pavec, et al.

La fréquence de l’HTP-PID au cours de la ScS est probablement Un point particulier doit être soulevé, c’est l’existence du
sous-estimée. Les données de la littérature montrent qu’au sein syndrome associant fibrose des bases et emphysèmes des
d’une population tout venante, non sélectionnée de patients sommets [25]. Ce syndrome a été initialement décrit chez des
sclérodermiques, entre 2 et 8 % des patients présentent une patients fumeurs présentant une dyspnée sévère, alors que
HTP-PID [20,21]. Au sein d’une cohorte de patients scléroder- les données de la spirométrie étaient normales ou subnor-
miques ayant une PID, la prévalence de l’HTP-PID associée peut males et une altération majeure de la capacité de diffusion
varier, selon les études et les critères utilisés pour diagnosti- ainsi qu’une hypoxémie à l’exercice. Cottin et al. ont également
quer l’HTP, de 22 à 40 % des patients [20,22]. En effet, Chang récemment décrit ce syndrome chez des patients ayant une
et al. ont démontré que la prévalence d’un gradient entre polyarthrite rhumatoïde ou une ScS [26]. La moitié d’entre eux
oreillette droite et ventricule droit élevé (évoquant donc une présentait une HTP associée. Par rapport aux patients ayant
HTP associée cependant sans confirmation systématique par une PID isolée et pas d’emphysème, les patients présentant
cathétérisme cardiaque droit) était de 22 % pour les patients ce syndrome étaient plus fréquemment des hommes et
qui avaient une CVF entre 65 et 79 %, 30 % pour les patients des fumeurs. De même, le rapport de Tiffeneau et la DLCO
avec une CVF entre 50 et 64 % et 47 % pour les patients qui étaient plus bas en cas d’emphysème associé. Il n’y avait pas
avaient moins de 50 % de CVF [22]. Launay et al. ont montré de différence de survie cependant. Le piège ici est que les
qu’au sein d’une population de patients sclérodermiques avec volumes pulmonaires peuvent être normaux, surestimés par
une PID et une CV < 70 %, 24 % avaient une HTP associée prou- la distension pulmonaire liée à l’emphysème. C’est l’augmen-
vée par cathétérisme cardiaque droit [20]. Enfin, si l’on prend tation du volume résiduel qui doit attirer l’attention chez un
une population de patients sclérodermiques qui ont une HTP patient ayant par ailleurs une hypoxie souvent importante et
prouvée par cathétérisme cardiaque droit, entre 18 et 36 % une DLCO très abaissée.
d’entre eux ont une PID significative et donc peuvent être légi- Il n’y a aucune donnée disponible dans la littérature sur l’effet
timement classés dans le groupe 3 [21]. Certains auteurs ont des traitements spécifiques de l’HTP chez les patients qui ont
mis en avant le rapport CVF/DLCO > 1,8 comme devant faire une HTP-PID. Leur éventuelle efficacité sur les signes cliniques,
évoquer la possibilité d’une HTP associée chez un patient ayant les données hémodynamiques et leur impact sur la survie
une PID [23]. La présence d’une hypoxémie ou d’une désatu- sont actuellement inconnus. D’autre part, ces patients ont été
ration à l’exercice plus importante que ne le voudrait l’atteinte exclus des essais cliniques et donc des AMM des traitements.
pulmonaire ainsi que la nécessité d’une oxygénothérapie à plus Réglementairement et suivant les recommandations, les
de 3 L/mn sont également des éléments évocateurs. L’écho- patients sclérodermiques ayant une HTP-PID ne relèvent pas
graphie cardiaque est encore à l’heure actuelle le meilleur exa- d’un traitement spécifique de l’HTAP. On ne sait pas à l’heure
men de dépistage de l’HTP chez les patients ayant une PID, actuelle si les patients ayant une HTP disproportionnée (i. e.
mais un certain nombre de difficultés doivent être évoquées. PAPm > 35-40 mm Hg) par rapport à la PID ne pourraient pas
L’échographie cardiaque est souvent difficile chez ces patients bénéficier d’un traitement spécifique de l’HTP.
ayant une PID et dans certaines séries la PAP systolique n’était
mesurable que chez un patient sur deux. Il existe des varia-
tions possibles importantes entre la PAP systolique obtenue par Maladie veino-occlusive
l’échographie cardiaque et la PAP systolique mesurée au cathé-
térisme cardiaque droit pouvant aller jusqu’à 10 à 30 mmHg. La maladie veino-occlusive (MVO) appartient à un sous-groupe
Ainsi, par rapport à la PAP systolique du cathétérisme droit, d’HTAP et représente environ 5 à 10 % des formes histolo-
la PAP systolique de l’échographie cardiaque est bonne dans giques initialement classées comme idiopathiques [27]. En se
40 % des cas, surestimée dans 48 % des cas et sous-estimée basant sur les données épidémiologiques de l’HTAP idiopa-
dans 12 % des cas [24]. Ainsi, une PAP systolique à plus de thique en France, l’incidence de la MVO dans sa forme idiopa-
40 mmHg en échographie cardiaque a une sensibilité d’environ thique serait estimée à 0,1-0,2 cas par million [1]. Par ailleurs,
80 %, mais une spécificité faible d’environ 40 % pour le dia- l’analyse de certaines situations cliniques a permis d’identi-
gnostic d’HTP associée. Cette spécificité monte à 60 % lorsque fier que l’existence d’une connectivite pouvait être associée
la PAP systolique échocardiographique est à plus de 50 mmHg. au développement d’une MVO [28-31] laissant penser que la
L’absence d’anomalie du ventricule droit (dilatation, hypertro- fréquence de la MVO pourrait être plus élevée. Ainsi, Johnson
phie, dysfonction) a une bonne valeur prédictive négative de et al. ont décrit 4 cas d’HTAP associée à la ScS compliquée
90 % [24]. Le message important est qu’en cas de suspicion d’une probable MVO [30]. De même, Dorfmuller et al. [23] ont
forte clinique et/ou échocardiographique d’HTP-PID, le cathé- comparé les lésions histologiques de patients avec HTAP idio-
térisme cardiaque droit est le gold standard pour le diagnostic pathique et HTAP associée aux connectivites (dont 4 scléro-
positif d’une HTP précapillaire et l’évaluation du retentissement dermies) et ont montré qu’une atteinte vasculaire significative
hémodynamique. prédominant sur le réseau veinulaire était 3 fois plus fré-
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HTAP et sclérodermie systémique : les pièges

Article
quente dans le groupe des connectivites. De manière iden- pement de méthodes diagnostiques moins invasives. Ces
tique, une autre étude récente par Overbeek et al., comparant dernières reposent sur l’analyse d’examens de routine et la
les lésions histologiques de patients avec HTAP idiopathique et mise en évidence de différences observées en cas de MVO.
HTAP associée à la sclérodermie, retrouve des lésions de MVO Ainsi, comparativement aux patients avec HTAP idiopathique,
dans le deuxième groupe [29]. Toutefois, la MVO associée à la les patients avec MVO présentent une altération significative
ScS n’a jamais fait l’objet d’un dépistage systématique, ce qui de la DLCO et une pression partielle en oxygène (PaO2) au
explique que son incidence réelle n’est pas connue. repos plus basse [34]. De même, Rabiller et al. ont comparé
Sur le plan histologique, à la différence de l’HTAP idiopa- les résultats de lavage bronchoalvéolaire (LBA) chez 8 patients
thique ou familiale qui est habituellement caractérisée par un avec MVO et 11 patients avec HTAP idiopathique et ont montré
remodelage des artérioles de petit calibre, la MVO se distin- qu’il existait une élévation significative du score de Golde chez
gue par une atteinte touchant préférentiellement le réseau les patients avec MVO [35]. Ce résultat renforce l’idée d’une
vasculaire post-capillaire [32]. Cependant, les données histo- plus forte prévalence de l’hémorragie intra-alvéolaire chez
logiques concernant la MVO montrent que l’atteinte est fré- les patients présentant une MVO. Reposant sur des données
quemment polymorphe, atteignant dans une proportion va- d’imagerie, Resten et al. ont montré que chez 15 patients avec
riable veinules, capillaires et artérioles. La nature des lésions MVO histologiquement prouvée, la réalisation d’un scanner
post-capillaires de la MVO consiste principalement en une thoracique révélait une plus grande fréquence d’opacité en
fibrose et un remodelage excentrique de l’intima, pouvant verre dépoli (critère difficile à interpréter dans la ScS puisque
parfois occlure la lumière vasculaire. Des données complé- environ la moitié des patients ont des signes de pneumopa-
mentaires révèlent que les veines préseptales peuvent aussi thie infiltrante diffuse), de lignes septales et d’adénopathies
être le siège d’une prolifération de cellules musculaires lisses, médiastinales comparativement aux patients avec HTAP idio-
de myofibroblastes et associée à la présence de thromboses pathique [36]. Ces données ont été corroborées par l’étude de
parfois occlusives. L’atteinte des veinules préseptales consti- Montani et al. qui a montré que la présence de 2 ou 3 de ces
tue une donnée histologique importante pour le diagnostic signes radiologiques (verre dépoli, lignes septales, adénopa-
et permet de distinguer la MVO d’autres formes d’hyperten- thies médiastinales) était associée à une sensibilité de 75 %
sion pulmonaire d’origine veineuse où cette atteinte n’existe et une spécificité de 84,6 % pour le diagnostic de MVO [34],
habituellement pas. Par ailleurs, d’autres particularités histo- mais c’était en dehors de la ScS. L’ensemble de ces résultats
logiques de la MVO dérivent directement de l’obstruction du suggère ainsi qu’en cas d’HTAP, une PaO2 basse, une forte dimi-
réseau post-capillaire. En effet, il est possible d’observer des nution de la DLCO, la présence d’une hémorragie intra-alvéo-
vaisseaux lymphatiques pulmonaires et pleuraux dilatés ainsi laire au LBA et la présence de verre dépoli de lignes septales et
qu’une hémorragie alvéolaire qui n’est pas rare et constitue d’adénopathies médiastinales au scanner thoracique permet
alors un argument diagnostique fort de MVO dans un contexte d’identifier un groupe de malades à risque de MVO et sursoir à
d’hypertension pulmonaire. Parallèlement, l’obstruction post- la réalisation d’une biopsie chirurgicale à risque [33].
capillaire peut parfois être à l’origine d’une ectasie capillaire, Lorsque le diagnostic de MVO est posé, le mauvais pronos-
voire même d’une angioprolifération capillaire rapprochant ces tic de cette forme d’HTAP ainsi que l’efficacité limitée des
lésions de l’hémangiomatose capillaire. Enfin, il est important différents traitements médicaux doivent faire envisager ra-
de noter que les lésions complexes d’artériopathie plexiforme pidement la possibilité d’une transplantation pulmonaire. En
ne sont habituellement pas rencontrées en cas de MVO [33]. effet, la mortalité à 1 an semble proche de 72 % [37]. Dans le
Sur le plan hémodynamique, bien que la topographie de cas de l’HTAP associée à la ScS, l’existence d’une atteinte vei-
l’atteinte histologique soit principalement post-capillaire, nulaire, pourrait aussi, pour une part, expliquer le plus sombre
il s’avère que la mesure de la PAPO soit habituellement pronostic comparativement aux HTAP idiopathiques [38].
normale [33]. Cette particularité tient au fait que la mesure Peu de données ont été publiées pour permettre de juger du
par occlusion repose sur une égalisation des pressions le long rapport bénéfice risque des traitements spécifiques de l’HTAP
d’une colonne où le flux sanguin est interrompu. Cette colonne en cas de MVO. La problématique principale inhérente à l’uti-
prend son origine dans l’artériole où le ballonnet est gonflé lisation de ces traitements tient au risque de développer un
et se prolonge dans le réseau post-capillaire dans une veine œdème pulmonaire qui semble indépendant de la classe phar-
dont le calibre dépasse habituellement celui des veinules où macologique utilisée [34]. Par un effet vasodilatateur sur le
siègent les lésions de MVO au terme de laquelle la pression réseau précapillaire, ces traitements pourraient augmenter le
est normale [33]. flux sanguin dans le réseau capillaire et post-capillaire obstrué
Le diagnostic de certitude de MVO repose sur l’analyse his- et, par ce biais, augmenter la pression transcapillaire et favori-
tologique d’une biopsie pulmonaire chirurgicale. Toutefois, ser alors un passage accru de fluide vers l’espace alvéolaire et
la nature invasive de cette procédure rend sa réalisation interstitiel. Ainsi, dans l’étude de Montani et al., 7 des
trop risquée dans le contexte d’HTAP et a motivé le dévelop- 16 patients qui reçurent des traitements spécifiques dévelop-
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E. Hachulla, D. Launay, J. Le Pavec, et al.

pèrent un œdème pulmonaire [34]. Indépendamment de ce post-capillaires qui ne sont pas pressenties par les données
risque, des cas de stabilisation, voire d’amélioration hémody- échocardiographiques. Il y a d’autre part des HTP directement
namique ont été rapportés par l’utilisation de ces traitements liées à la fibrose pulmonaire dont la prise en charge thérapeu-
en cas de MVO [33]. C’est pourquoi, compte tenu du mau- tique est complètement différente des HTAP. Il y a parfois au
vais pronostic de cette pathologie, une utilisation prudente cours de la ScS des atteintes mixtes post et précapillaires. Une
de ces thérapeutiques peut être proposée, et constituer une autre difficulté est la composante veinulaire parfois associée
solution d’attente dans la situation particulière où la trans- au cours de l’HTAP de la ScS pouvant aller jusqu’à l’authen-
plantation pulmonaire est envisagée [33]. La transplanta- tique veino-occlusive qui assombrit notablement le pronostic
tion demeure la seule option thérapeutique curative de cette déjà sévère de l’HTAP de la ScS. La prise en charge de l’HTP de
pathologie. Toutefois, cette option ne reste envisageable que la sclérodermie nécessite donc une approche multidisciplinaire
chez une minorité de patients et les bénéfices à long terme pour son diagnostic et sa prise en charge.
n’en demeurent pas moins décevants avec une survie à 5 ans
Conflits d’intérêts : E. Haculla : Essais cliniques : en qualité d’investigateur prin-
proche de 50 % [39]. cipal, coordonnateur ou expérimentateur principal (Pfizer) et en qualité de co-
investigateur, expérimentateur non principal, collaborateur à l’étude (GSK,
Pfizer, Actelion) ; Interventions ponctuelles : activités de conseil (GSK, Pfizer,
Actelion, UT) ; Conférences : invitations en qualité d’intervenant (GSK, Pfizer,
Conclusion Actelion, UT).
D. Launay : aucun conflit d’intérêts.
P. de Groote : Essais cliniques : en qualité de co-investigateur expérimentateur
L’incidence annuelle de l’HTP au cours de la ScS est de l’ordre non principal, collaborateur à l’étude (Actelion, Bayer-Schering, GSK, United the-
de 1,2 pour 100 patients-année. Les pièges peuvent être diag- rapeutics) ; Interventions ponctuelles : rapports d’expertise (Actelion) et activités
de conseil (Actelion, Lilly) ; Conférences : invitations en qualité d’intervenant
nostiques ou thérapeutiques. L’échocardiographie est encore (Actelion, GSK, Lilly, Pfizer) et en qualité d’auditeur (Actelion, GSK).
aujourd’hui l’outil incontournable pour le dépistage de l’HTAP, J. Le Pavec : aucun conflit d’intérêts.
L. Mouthon : Consultant, membre d’un groupe d’experts ou équilvalents
mais dans 20 % des cas, la fuite tricuspidienne n’est pas mesu-
(Actelion, CSL Behring, LFB Biothechnologies, Lilly) ; Contrat ou subvention
rable. D’autre part, si la dyspnée à l’effort est le maître symp- de recherche (LFB Biotechnologies) ; Essais cliniques : en qualité de co-
tôme qui doit attirer l’attention, les causes de dyspnée au investigateur, expérimentateur non principal, collaborateur à l’étude (Acte-
lion) ; Interventions ponctuelles : rapports d’expertise (LFB Biotechnologies ;
cours de la ScS sont multiples et ce symptôme peut échapper Lilly) ; Conférences : invitations en qualité d’intervenant (Actelion, CSL Behring,
à l’attention s’il existe un déconditionnement musculaire im- LFB Biotechnologies, GSK, Lilly, Pfizer) ; Versements subs-tantiels au budget
d’une institution dont il est responsable (Actelion, Cytheris, CSL Behring, LFB
portant par exemple. Les pièges se situent aussi au moment Bio-thechnologies, GSK).
du diagnostic par cathétérisme cardiaque droit. Il y a des HTP L. Guillevin : Consultant pour Actelion Pharmaceuticals.

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