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L'ACTUALITÉ DE L'ÉPISTÉMOLOGIE HISTORIQUE

Vincent Bontems

Armand Colin | Revue d'histoire des sciences

2006/1 - Tome 59
pages 137 à 147

ISSN 0151-4105

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Pour citer cet article :


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Bontems Vincent , « L'actualité de l'épistémologie historique » ,
Revue d'histoire des sciences, 2006/1 Tome 59, p. 137-147. DOI : 10.3917/rhs.591.0137
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L’actualité
de l’épistémologie historique
Vincent BONTEMS *

« La cité scientifique, dans la période contemporaine, a une cohérence


rationnelle et technique qui écarte tout retour en arrière. L’historien des
sciences, tout en cheminant le long d’un passé obscur, doit aider les esprits
à prendre conscience de la valeur profondément humaine de la science
d’aujourd’hui. »
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Gaston Bachelard, L’actualité de l’histoire des sciences,
Revue du palais de la Découverte, 18/173 (1951).

Le monde scientifique a célébré en 2005 le centenaire des articles


d’Albert Einstein qui ouvrirent la voie à une « nouvelle physique ».
Mais 1905 fut aussi le point de départ de la cristallisation de la plupart
des traditions épistémologiques contemporaines. Ce « tremblement de
concepts », selon la belle expression que Bachelard emprunte à
Nietzsche 1, obligea les métaphysiques et les théories de la connais-
sance du XIXe siècle à réviser des évidences sédimentées qu’elles
pensaient immuables. Dès lors que cet impératif de rectification
s’imposa à la philosophie des sciences, le néokantisme allemand,
l’historicisme italien, le rationalisme français, l’empirisme et le logi-
cisme anglais, le pragmatisme américain et leurs hybridations rivalisè-
rent pour affirmer leur solidarité avec le progrès accéléré des concep-
tions physiques. C’est dans ce creuset qu’émergea l’épistémologie
« bachelardienne ». Il ne s’agissait point d’une entreprise solitaire :
Albert Lautman et Jean Cavaillès comptent au nombre de ses disciples.
Et bien qu’identifiée comme épistémologie « française », elle débor-
dait largement l’horizon national, comme en attestent la constance
et la densité des relations avec la philosophie italienne (Federigo
Enriquès) ou suisse (Ferdinand Gonseth). L’épistémologie bachelar-
dienne ne représentait pas davantage un commencement absolu, mais
le renouveau d’une collaboration interdisciplinaire entre philosophie
et histoire, amorcée avant la première guerre mondiale (non sans
* Vincent Bontems, Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST),
Université du Québec à Montréal (UQÀM), Case postale 8888, Succursale centre-ville, Montréal
(Québec) H3C 3P8 Canada.
1 - Gaston Bachelard, La dialectique philosophique des notions de la relativité, in L’Engagement
rationaliste (Paris : PUF, 1972), 120.

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tension de part et d’autre), qui marqua durablement de son empreinte


le paysage intellectuel européen.
Le congrès Descartes de 1937 2 représente sans doute l’apogée de la
confrontation entre toutes les tendances européennes de la philoso-
phie des sciences : outre les philosophes déjà cités, y étaient présents
Léon Brunschvicg, Rudolf Carnap, Hans Reichenbach, Otto Neurath,
Moritz Schlick, Alfred Tarski, Carl Hempel ainsi que de nombreux
scientifiques de renom. Ce fut aussi le moment où fut consommée la
rupture entre l’épistémologie historique et le positivisme logique. La
séparation hermétique ultérieure entre la tradition continentale et ce
qui allait devenir la philosophie analytique s’origine ainsi dans une
divergence de programmes de recherche que le climat intellectuel de
l’après-guerre, dominé par la volonté d’amorcer un recommencement
radical, ne permit guère d’interroger.
Tandis que le positivisme logique d’origine viennoise s’acclimatait aux
États-Unis et colonisait ses universités, l’épistémologie bachelar-
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dienne, relayée par la figure déterminante de Georges Canguilhem,
devint hégémonique en France et influença en profondeur le style de la
philosophie des sciences et des techniques (Gilbert Simondon) tout
comme les disciplines qui s’autonomisaient vis-à-vis d’elle (ainsi la
sociologie de Pierre Bourdieu réclama le bénéfice d’une « rupture
épistémologique » contre la philosophie académique). Aux États-Unis,
les résistances à l’anhistorisme des analyses logiques se traduisirent
par une radicalisation progressive de la sociologie des sciences qui
abandonna le programme classique (Karl Mannheim, Karl Robert
Merton) au profit d’approches plus « relativistes » susceptibles d’assu-
rer l’autonomie de la discipline vis-à-vis des revendications de scien-
tificité des modèles logiques. L’alliance stratégique au sein de l’École
normale supérieure entre l’épistémologie et la philosophie marxiste de
Louis Althusser engendra entre-temps en France cet étrange dérivé que
fut la notion de « coupure épistémologique » (absente du corpus
bachelardien), censée justifier la scientificité de la « science histori-
que », dans un mouvement de démarcation vis-à-vis du diamat sovié-
tique, qui ne fut guère compris hors de nos frontières et accrut le
malentendu entre les deux rives de l’Atlantique. En l’absence de
traductions réciproques 3, ce fossé ne cessa de croître et lorsque
l’université française s’ouvrit enfin aux influences américaines, ce ne
fut point pour renouer le dialogue interrompu mais dans une optique
de confrontation idéologique sur fond de conflictualité générationnelle.
2 - Sur le congrès Descartes : Charles Alunni et Éric Brian, La mémoire des gestes de science et ses
enjeux, in Actes de la recherche en sciences sociales, n° 141-142 (2002), 127-134.
3 - Comme le montrent les actes du colloque organisé par le Centre Gaston Bachelard à Dijon en
1998, Gaston Bachelard dans le monde (bibliogr.), la réception de l’épistémologie et de la
poétique bachelardiennes est très inégale, et en ce qui concerne le public anglo-saxon, qui ne
connaît souvent de l’épistémologie bachelardienne que le Nouvel esprit scientifique (traduit
en 1985, la traduction de La Philosophie du non date de 1968), elle est parfois superficielle :
le travail de Christina Chimisso constitue même une régression par rapport à ceux de Mary
Tiles.

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L’actualité de l’épistémologie historique

Symptomatiquement, quand la sociologie des révolutions scientifi-


ques de Thomas Kuhn se fit connaître dans les années 1970, elle fut à
la fois accueillie comme une variante exotique de l’épistémologie
historique (certains pensant retrouver dans les changements de para-
digmes la récurrence des ruptures épistémologiques) et dénoncée
comme une entreprise irrationaliste. La diffusion de la philosophie
analytique anglo-saxonne dans les années 1980 produisit des réac-
tions tout aussi contrastées : elle fut célébrée comme un renouveau
radical, qui purgeait la philosophie continentale de son indécrottable
caractère métaphysique, et perçue dans le même temps comme une
menée impérialiste et liquidatrice. Pourtant, l’originalité des recher-
ches logiques de Jean Nicod dans l’entre-deux-guerres aurait suffi à
démontrer que le contraste entre philosophie continentale et philoso-
phie anglo-saxonne ne résultait pas uniquement de la différence des
outils intellectuels. Il est vrai que l’amnésie se trouvait aussi du côté de
la source : qui se souvenait que les premiers recueils destinés à
promouvoir la philosophie du cercle de Vienne aux États-Unis, comme
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l’anthologie publiée par May Brodbeck et Herbert Feigl – Readings in
the philosophy of science (New York : Appleton-Century-Frofts, Inc.,
1953) –, faisaient encore la part belle à des auteurs tels qu’Henri
Poincaré, Ernst Cassirer ou Norman Campbell ? Avec l’essor de la
philosophie analytique en France dans les années 1990, on assista
donc à un véritable changement de régime et à une crise de l’épisté-
mologie historique, accusée d’avoir isolé l’université française de la
« vraie » philosophie des sciences, voire, en dépit des évidences,
d’avoir nourri dans son sein les détournements postmodernes de la
science dénoncés lors de « l’affaire Sokal ». Menacée, la philosophie
française alla, une fois de plus, se replier vers l’histoire de la philoso-
phie et abandonna le terrain aux émules de la philosophie analytique
et aux variantes françaises du fameux « programme fort » de David
Bloor. Toutefois, en ce début de XXIe siècle, on assiste à un regain
d’intérêt envers l’héritage conceptuel de l’épistémologie historique, ce
dont témoigne une série de parutions (ainsi qu’en Italie et aux États-
Unis 4) sur la doctrine et la postérité de Bachelard, dont nous ne
considérerons ici qu’un échantillon.

En premier lieu, il faut saluer la réédition en 2002 du mémoire de


maîtrise de Dominique Lecourt, L’Épistémologie historique de Gaston
Bachelard (bibliogr.), qui fut, en 1969, l’acte de baptême de cette
épistémologie spécifiquement historique. Jean Gayon rapporte, dans
« Bachelard et l’histoire des sciences » – in Bachelard et l’épistémolo-
gie française (bibliogr.) –, que la première réaction de Canguilhem, le
directeur de maîtrise, fut de corriger pareille dénomination : « Non.
Pas : épistémologie historique, mais histoire épistémologique »
(p. 53). Preuve s’il en est que l’invention du label, dont l’évidence ne
4 - Voir la bibliographie finale. Dans la suite du texte, les ouvrages référencés dans cette
bibliographie finale seront signalés par l’abréviation (bibliogr.).

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fait plus doute pour personne, même si ce qu’il recouvre est parfois
méconnu et mobilisé de façon contradictoire, était alors, en des temps
de distinction disciplinaire plus ferme, un geste philosophique décisif.
Gayon observe avec justesse que ce renversement précise assez bien
la différence entre l’œuvre de Bachelard, dont le travail proprement
historique se réduit à un seul ouvrage (Étude sur l’évolution d’un
problème de physique : La propagation thermique dans les solides,
1928), et celle de Canguilhem pour qui l’histoire des sciences relevait
directement de la philosophie, selon une perspective positiviste héri-
tée d’Auguste Comte. Les quelques pages que Lecourt consacre, en
postface à cette onzième édition, au contexte idéologique et théori-
que, éclairent les motifs de son travail. Il s’agissait justement d’établir
que la philosophie bachelardienne s’inscrivait, avec sa cohérence
propre, dans cette tendance de fond de l’épistémologie française à
privilégier la perspective historique face aux thèses anhistoriques du
positivisme logique, mais ne pouvait se réduire à une rhétorique de la
scientificité historique, qui posait au moins autant de problèmes
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qu’elle n’en résolvait au sein de la philosophie marxiste.

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Les acquis épistémologiques de ce travail d’exégèse sont nombreux et
très clairement exposés. La première partie (« Reconnaissances »)
analyse l’engagement bachelardien de la réflexion philosophique au
cœur des sciences, qui coordonne « matérialisme rationnel » et
« rationalisme appliqué ». Bachelard décrit à partir de cette dualité
centrale une configuration polarisée du champ de la philosophie des
sciences en mesurant le déplacement « réaliste » ou « idéaliste » des
enjeux scientifiques opéré par les différentes appropriations philoso-
phiques. La seconde partie (« Les nouvelles problématiques ») carac-
térise la transformation que cet engagement fait subir aux concepts
philosophiques eux-mêmes, mettant l’accent sur le dynamisme d’une
philosophie ouverte, transitoire, animée d’une « dialectique » qui ne
saurait se réduire à un jeu de thèses philosophiques parce que cons-
tamment travaillée par le décentrement phénoménotechnique de la
problématique ontologique. La troisième partie (« Re-travail des
concepts ») met en évidence ce qui fait l’originalité de la mobilisation
de l’histoire des diverses sciences par Bachelard, i. e. le concept de
récurrence. Enfin, l’ouvrage s’achève par un relevé systématique des
occurrences des concepts principaux. Bien qu’il ne constitue nulle-
ment une exposition exhaustive, ce petit livre demeure la meilleure
introduction synthétique à l’œuvre.

Dans une perspective introductive, cette fois analytique, il faut signaler


aussi Le Vocabulaire de Bachelard de Jean-Claude Pariente, paru en
2001 dans la collection que dirige Jean-Pierre Zarader (bibliogr.).
Forcément lacunaire en raison du nombre limité des entrées, cette
présentation se heurte à une difficulté propre à l’exercice : restituer à
travers la définition d’un vocabulaire, la « révolution sémantique per-
manente » entreprise par Bachelard en philosophie sur le modèle de

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L’actualité de l’épistémologie historique

celle qu’il détecte au sein des sciences. Ainsi les définitions de « phé-
noménologie » et de « technique » illustrent finalement le déplace-
ment conceptuel de l’ontologie vers la phénoménotechnique. La
définition de la « dialectique » met en évidence la mise en œuvre de la
récurrence conceptuelle au sein de la philosophie du non. Le « ratio-
nalisme » se transforme immanquablement en surrationalisme et le
« réalisme » laisse transparaître l’obstacle épistémologique du sub-
stantialisme. Sous couvert d’établir un lexique traditionnel, l’auteur a
donc tenté de restituer les glissements d’une pensée qui procède
souvent par détournement du langage philosophique et ne se laisse en
aucun cas piéger par le statisme de mots chosifiés. Comme le concède
d’entrée Pariente : « La seule façon d’être fidèle à Bachelard (1884-
1962) serait de prolonger son geste en se mettant à la hauteur des
derniers développements et des dernières interrogations de la connais-
sance » (p. 3). L’ambition de ce petit livre est plus modeste, il vise à
présenter l’élaboration des concepts de façon graduée, à travers
l’étude d’un tout petit nombre de termes, en accompagnant le lecteur
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dans la découverte de la richesse et de la complexité de ramifications

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qu’il ne peut que suggérer. Il donne aussi un rapide aperçu du
vocabulaire de la psychanalyse de l’imaginaire.
Le collectif coordonné par Jean-Jacques Wunenburger, Bachelard et
l’épistémologie française (bibliogr.), vise explicitement à évaluer les
acquis épistémologiques du renouvellement impulsé par la pensée du
philosophe de Bar-sur-Aube. Le caractère inclassable de sa doctrine
explique peut-être « le relatif insuccès de son épistémologie dans les
débats récents en histoire et en épistémologie des sciences mais aussi
probablement les riches potentialités de son apport qui éclaire à la fois
la permanence d’une tradition française du discours sur les sciences, et
son “retour” régulier sur la scène internationale et donc son actualité
intemporelle » (p. 11). La brève contribution de François Dagognet,
« Sur une seconde rupture », défend la thèse selon laquelle la théori-
sation de la rupture épistémologique se scinde elle-même en deux
époques : les études de l’entre-deux-guerres justifient la rupture avec
le sens commun par le contrôle mutuel qu’exercent entre eux les
scientifiques, tandis que les ouvrages d’après-guerre (Le Rationalisme
appliqué, 1949 ; L’Activité rationaliste de la physique contemporaine,
1951 ; Le Matérialisme rationnel, 1953) concentrent leurs analyses sur
la surveillance qu’exerce la conscience de soi démultipliée du cher-
cheur. Cette élévation à la puissance de la réflexivité permet à la
conscience du scientifique de contrôler les résultats en fonction des
hypothèses, puis les hypothèses en fonction de la méthode, puis enfin
de mettre à l’épreuve la méthode elle-même. Elle est analysée comme
une forme de catharsis. Même si on doit tempérer la partition qu’in-
staure l’auteur entre les deux périodes (le thème de la « cité scientifi-
que » est encore mis en avant dans la célèbre conférence « Actualité
de l’histoire des sciences » prononcée au palais de la Découverte en
1951), ce qu’entend rappeler avec force Dagognet, c’est la portée

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pédagogique de l’application dans l’épistémologie de Bachelard. Il la


résume en trois thèses : il n’est pas de science sans pédagogie ; le
processus de dépsychologisation fait partie intégrante des faits scien-
tifiques ; et la science s’accomplit toujours à travers la réalisation
phénoménotechnique.

Dans « Figures de la dialectique », Wunenburger s’attaque au difficile


problème de la refonte du philosophème « dialectique ». Tout comme
Pariente, il note la liberté des emprunts à la tradition (Octave Hamelin,
Hegel et Marx) et la réorientation significative du terme vers une
relativisation rigoureuse (telle que le passage de la géométrie eucli-
dienne à la famille des géométries non-euclidiennes). Il rappelle à ce
propos la définition que donne Canguilhem : « Ce que Bachelard
nomme dialectique c’est le mouvement inductif qui réorganise le
savoir en élargissant les bases, où la négation des axiomes n’est qu’un
aspect de leur généralisation [...] la dialectique [...] désigne une
conscience de complémentarité et de coordination des concepts dont
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la contradiction logique n’est pas le moteur. » (Dialectique et philoso-

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phie du non chez Gaston Bachelard, in Études d’histoire et de philo-
sophie des sciences, cité p. 42.) Puis il élargit le champ de l’enquête
aux usages métapoétiques de la notion que Bachelard identifie à
l’opération inverse des juxtapositions rationnelles : « Le mouvement
est inverse des dialectiques de juxtaposition aux dialectiques de super-
position. » (La Terre et les rêveries du repos, cité p. 48.) Wunenburger
observe alors que le terme est finalement impropre pour désigner les
opérations que le philosophe entend mettre en correspondance :
« Bachelard prête trop ou pas assez de signification à la dialectique »
(p. 49). Certes, le détournement fonctionne en lui-même comme un
indicateur de la pédagogie bachelardienne, et l’impropriété calculée
qui s’attache au terme fait partie de son sens, mais l’on peut se
demander avec l’auteur si « Bachelard n’a pas manqué lui-même
d’audace à rectifier suffisamment son concept » (p. 50) en demeurant
prisonnier du vocabulaire, sinon du paradigme, de la dialectique.

La mise au point que propose Gayon, dans « Bachelard et l’histoire des


sciences », est utile pour disqualifier une stratégie qui consiste à
prendre pour repoussoir « l’histoire des sciences à la Bachelard » pour
promouvoir tel ou tel paradigme sociologique ou historique censé-
ment révolutionnaire. Certains écrits de Canguilhem et de Bachelard
lui-même ont pu nourrir le cliché d’un Bachelard « historien des
sciences ». Mais il démontre, textes et relevés systématiques à l’appui,
que la coordination entre l’épistémologie et l’histoire des sciences ne
prétend nullement définir le programme intégral et exclusif de toute
recherche historique. Il souligne que le philosophe se refuse à circons-
crire ses objets dans l’horizon délimité d’une étude historique. Même
La Valeur inductive de la relativité, centrée autour des théories d’Eins-
tein, constitue davantage une méditation philosophique qu’un travail
d’historien. Certes les titres entretiennent l’ambiguïté, mais la méthode

142
L’actualité de l’épistémologie historique

bachelardienne se sépare résolument du procédé de l’argumentation


historique mis à l’honneur par Brunschvicg. L’histoire des sciences
mobilisée est toujours une histoire reconstruite « à la lumière récur-
rente de... ». Ce qui explique les accusations de rétrospection illusoire.
« Présentiste », le philosophe l’est au sens où le présent éclaire le
passé, mais il met en garde contre « des rationalisations qui attribuent
un sens prématuré à des découvertes passées 5 », distinguant claire-
ment entre la tâche de l’historien, qui éclaire son objet à la lumière des
connaissances actuelles mais évite de les projeter dans les conceptions
du temps, et celle du philosophe, qui s’empare de l’histoire des
sciences en tant qu’elle est une histoire du progrès révélant ce que les
hommes de science du passé « auraient dû penser ». Cette distinction
entre l’histoire reconstruite et l’histoire réelle des mentalités et des
sociétés entraîne évidemment un défaut de symétrie dans l’explica-
tion : les causes externes sont toujours des causes d’erreur et jamais de
progrès. On ne peut guère contester que l’histoire mobilisée par
l’épistémologue soit toujours l’histoire d’un progrès autonome :
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« Dans le genre d’histoire des sciences qu’il met ainsi en œuvre, il n’y

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a aucune place pour des éléments de contexte intellectuel » (p. 71).
Bachelard s’oppose nettement à Alexandre Koyré. Mais cette histoire
s’attache néanmoins à décrire les répercussions du progrès sur l’orga-
nisation générale du psychisme : « [...] ces révolutions relatives [...]
sont synchrones de révolutions générales. » (Le Nouvel esprit scienti-
fique, cité p. 82). S’il y a un caractère épistémologique normatif qui
intervient de manière récurrente, il ne réside pas dans une contrainte
exercée sur l’historien du passé, mais correspond à l’ouverture incon-
ditionnelle à la valeur d’avenir de la science : « [...] il lui était essentiel
que la science fût par excellence la dimension de l’existence humaine
la plus ouverte sur la “nouveauté” » (p. 91). Ce qui caractérise Bache-
lard n’est alors pas tant sa conception progressiste de l’histoire, alors
largement répandue, que le traitement épistémologique qu’il lui appli-
que : « [...] le concept bachelardien de “rupture” implique que le
progrès des connaissances scientifiques se fasse toujours, et à toute
échelle historique, par saccades » (p. 81).

Pour mieux comprendre l’utilité que la méthode de l’épistémologie


historique pourrait avoir pour une analyse sociologique des faits
scientifiques, il faut se reporter à la contribution d’Yves Gingras,
« Mathématisation et exclusion : Socio-analyse de la formation des
cités savantes ». Le sociologue canadien commence par rendre hom-
mage aux formules heureuses du philosophe (« cité savante », « union
des travailleurs de la preuve », etc.) qui définissent encore assez bien
l’objet d’une sociologie rigoureuse des sciences. Il rend raison ainsi
des critiques caricaturales comme de la révérence futile que la « nou-
velle sociologie des sciences » exprime à l’égard de Bachelard : « [...]
son intérêt exclusif pour la “coupure épistémologique” (sic) l’empêcha
5 - Gaston Bachelard, L’Engagement rationaliste (bibliogr.), 143.

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d’entreprendre une recherche de nature sociologique sur la science,


même si beaucoup de remarques sur la science ont un plus grand poids
lorsqu’elles sont replacées dans un contexte sociologique. » (La Vie de
laboratoire : La production des faits scientifiques, cité p. 116.) Pour
qu’une telle déclaration ait une portée méthodologique, il faudrait ne
pas se contenter de remplacer une approche par une autre, mais tenter,
comme Gingras y invite, de « compléter la psychanalyse de la pensée
par une étude des effets proprement sociaux de la mathématisation de
la physique » (p. 117). Cette option, défendue à partir des travaux de
Pierre Bourdieu sur « Le champ scientifique et les conditions sociales
du progrès de la raison », consiste à montrer que la mathématisation
progressive de la physique correspond à une hausse du coût d’entrée
dans le champ de la discussion légitime, refoulant ainsi les non-
mathématiciens, qui n’ont d’autres choix que d’exprimer leurs opi-
nions dans des publications moins spécialisées. Cette frustration
sociale se laisse lire, pour ainsi dire en creux, dans les analyses que
Bachelard consacre à la « critique » de Newton par Jean-Paul Marat. Et
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ce creux de l’incompréhension peut néanmoins être restitué comme

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plein à travers la correspondance de Michael Faraday et de James
C. Maxwell : le dernier philosophe de la nature à apporter une contri-
bution décisive à la physique sans formation mathématique se sent
dépossédé par celui qui allait devenir un modèle pour Einstein et les
physiciens modernes. Pour comprendre la rupture épistémologique
comme fait social, il faut donc développer l’analyse sociohistorique
des institutions scientifiques en relation avec l’évolution de la forma-
tion scientifique dont Bachelard a si bien cerné l’esprit, « car ce sont
ces institutions qui assurent l’homogénéité (relative) de la cité savante
en inculquant, par l’action pédagogique, des habitus scientifiques,
c’est-à-dire des schèmes générateurs de pratiques, de perception et
d’évaluation des pratiques propres à un champ à un moment donné de
son histoire » (p. 150).
Avec « La lecture bachelardienne de la relativité (Bachelard et Meyer-
son) », Daniel Parrochia, dont l’ouvrage Les Grandes révolutions
scientifiques du XXe siècle constitue l’un des essais les plus brillants de
réactualisation de l’épistémologie bachelardienne, entreprend la réé-
valuation de La Valeur inductive de la relativité (ouvrage méconnu car
inexplicablement jamais republié) à la lumière des développements
actuels des théories relativistes. Il prolonge ainsi, peut-être à son insu,
le travail entrepris depuis 1999 par Charles Alunni dans la Revue de
synthèse (bibliogr.), notamment avec « Relativités et puissances spec-
trales chez Gaston Bachelard » qui traite aussi du thème de l’induction
chez Bachelard et de ses relations avec Émile Meyerson et qui est à ce
jour la meilleure étude du destin singulier du livre de 1929. Entre ces
deux retours au texte, les interférences constructives sont nombreuses.
La référence à la théorie de la relativité d’échelle de Laurent Nottale
permet ainsi à Alunni de souligner la puissance spéculative du prin-
cipe de relativité et à Parrochia d’éclairer le rôle d’Henri Poincaré dans

144
L’actualité de l’épistémologie historique

la formulation des hypothèses relativistes. La méthode d’exposition


diffère en revanche : pour comprendre la « valeur inductive » que
Bachelard oppose à l’interprétation meyersonienne de la relativité,
Parrochia introduit d’abord l’acception classique de l’induction
comme inférence logique à partir de l’expérience, puis la corrige en
passant à l’induction algébrique, pour aboutir à la conclusion que « la
Nature contient des lois mais qu’elle les reçoit, et “qu’elle les reçoit
successivement, conformément à un plan qui s’enrichit à chaque
pas” : tel est le véritable sens de l’induction relativiste, et l’expérience,
au départ en tout cas, y a, au fond, peu de place » (p. 174). En faisant
fond directement sur les textes de Bachelard et d’Einstein qui réfèrent
explicitement « induction » à l’induction électromagnétique, Alunni
privilégie quant à lui la fonction polémique de l’épistémologie et met
en scène l’induction elle-même. Ils ont encore en commun de souli-
gner que la philosophie des sciences ne se conçoit selon Bachelard
qu’à la condition que le génitif soit à la fois subjectif et objectif : il ne
s’agit pas seulement du discours de la philosophie sur la science mais
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surtout de l’action de la science sur la philosophie. Le mouvement de

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la science produit des effets inductifs dans le champ de la philosophie :
« Du pan-mathématisme (sic) de la pensée relativiste, Bachelard indui-
sait spécifiquement qu’il était possible de concevoir tout phénomène à
expliquer philosophiquement comme une fonction mathématique de
plusieurs variables, lesquelles ne pouvaient être séparées et placées
dans une évolution indépendante que de manière artificielle »
(p. 175).
Comment de tels effets se laissent-ils évaluer dans un va-et-vient entre
le point de vue de l’épistémologue, entraîné à la suite du mobile
scientifique, et celui du philosophe, enraciné dans un sol transcendan-
tal ? C’est ce qu’étudie Bernard Barsotti dans « “Le non-kantisme” de
Bachelard : Vers le sens transcendantal de la rupture épistémologi-
que » ainsi que dans Bachelard critique de Husserl : Aux racines de la
fracture épistémologie/phénoménologie (bibliogr.). Ce livre, fouillé et
méthodique, mériterait une analyse approfondie qui dépasse les
dimensions de la présente recension. Il comble un vide dans les études
sur les auteurs concernés et son index des notions phénoménologiques
dans le corpus bachelardien est un outil précieux. Éric Brian a souligné
par ailleurs, dans « Surrationalisme et logique du rationalisme » (in
Revue de synthèse, Objets d’échelles – bibliogr.), le parallélisme des
motivations du « surrationalisme » de Bachelard et de l’« Überrationa-
lismus » d’Husserl. Barsotti entend, lui, rétablir la norme conceptuelle
détournée par Bachelard dans le moment même où il en analyse
l’appropriation. Il en va de même dans son étude du « non-kantisme »,
qui apparaît à certains comme une régression platonisante (l’auteur
prenant le risque de citer Paul Chanier, l’un des plus indigents com-
mentateurs de Bachelard), et à d’autres comme une dénaturation des
« choses en soi » identifiées aux idéalités mathématiques. S’appuyant
sur d’excellentes analyses de Mary Tiles – Bachelard : Science and

Revue d’histoire des sciences Tome 59-1 janvier-juin 2006 145


Vincent BONTEMS

objectivity (Cambridge : Cambridge University Press, 1984) –, Barsotti


esquisse « une compréhension transcendantale du projet bachelar-
dien » (p. 189). Le « non-kantisme » se veut au kantisme ce que la
géométrie non-euclidienne est à la géométrie euclidienne, c’est-à-dire
un « transcendantal plus puissant » (p. 209). S’il apparaît comme
opposé à la dissolution du synthétique opérée par Rudolf Carnap et
Hans Reichenbach, c’est que Bachelard ne sacrifie pas la question
« d’une ontologie des phénomènes » (p. 191) au moment même où il
engage une « refonte corrélative des intuitions et des concepts mathé-
matiques » (La Philosophie du non, cité p. 193). Aussi faut-il prendre
au sérieux la « synthèse » dont se réclame Bachelard. Le « kantisme de
seconde approximation » ouvre la voie aux interprétations néokan-
tiennes de la microphysique et c’est à une réconciliation que nous
invite Barsotti en montrant que « ce qui est essentiellement en fonction
dans le transfert d’apodicticité de l’entendement à l’objet, c’est l’acti-
vité opératoire comme production de l’intuition – non comme récep-
tion » (p. 202). La nouménologie mathématique laisserait-elle à
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l’entendement sa fonction d’auteur des lois de la nature, qui ne

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concernait que les phénomènes dans le système kantien ? Cette inter-
prétation sous-estime sans doute l’importance de l’autre pôle ontolo-
gique, à savoir, une fois de plus, la phénoménotechnique.
Enfin, ce tour d’horizon ne serait pas complet si on ne mentionnait pas
le travail « récurrent » des Cahiers Gaston Bachelard, dont le dernier
numéro est justement consacré à Bachelard et la physique, et des
numéros de la Revue de synthèse issus de la collaboration entre le
Centre de synthèse et le laboratoire « Pensée des sciences » de l’École
normale supérieure, qui ont traité du « profil épistémologique », assu-
rément einsteinien et « surrationaliste » de la théorie de la relativité
d’échelle de Laurent Nottale, ou des travaux de l’épistémologue
suisse, Ferdinand Gonseth, autre promoteur de l’épistémologie histo-
rique. À travers ces travaux contemporains s’affirme non seulement
l’intérêt des historiens pour la philosophie des sciences, mais aussi la
valeur inestimable de l’œuvre bachelardienne pour fonder une épis-
témologie de l’épistémologie qui permette de s’orienter dans les
débats de notre temps.

146
L’actualité de l’épistémologie historique

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