Vous êtes sur la page 1sur 25

Cours 15/09

La psychologie est devenue une science expérimentale fiable


Fin XIXè : Les tensions entre philosophie et psychologie se durcissent
Il faut redéfinir son discours, il lui faut se renouveler si elle veut maintenir sa supériorité sur la
psychologie, et elle doit alors lui faire une place dans son enseignement (mais nouveau danger,
interne cette fois-ci). Il lui faut montrer la légitimité de son discours et si on distingue la
philosophie de la psychologie alors, la menace est externe.
La psychologie expérimentale doit rester sous-catégorie de la philosophie + il doit y avoir relation
d’inter-dépendance pour Wilhelm WUNDT => Donc supériorité de la philosophie sur la
psychologie mais perte d’autonomie.
1912 : Point culminant des tensions => Nomination d’Erik Jaensch (psychologue) sur le poste
d’Hermann Cohen (néo-kantien par excellence), nomination faite à la place de Cassirer (voir p.7)
La phénoménologie et le néo-kantisme font cause commune et défendent ensemble la philosophie
en demandant de la séparer académiquement de la psychologie (lutte pour la philosophie, pas VS
psychologie)
Le néo-kantisme et la phénoménologie deviennent les deux grands discours philosophiques qui vont
redéfinir le discours philosophique sur la psychologie

2. Le défi du psychologisme (Psychologismus-Streit)


Deux réponses philosophiques pour la restructuration philosophique :
* Le néo-kantisme :
Antipsychologisme de l’école néo-kantienne
Analyse physiologique des sens de Helmholtz, c’est le prolongement de la métaphysique kantienne.
Combat philosophique contre le matérialisme qui ne fasse pas retomber dans un idéalisme
spéculatif hégélien
Le psychologisme (dont le meilleur représentant est F.E. Beneke) caractérise la thèse de fond où le
discours empirique est la justification ultime du discours philosophique et métaphysique. C’est la
tentation philosophique problématique pour les néo-kantiens qui vise à mettre les théories
philosophiques et métaphysiques sur la connaissance sur des fondations de psychologie
Position rétrograde des néo-kantiens => Penser la philosophie par un retour en arrière car on a
psychologisé Kant et c’est une catastrophe…!
Pour faire de la philosophie, on revient avant la psychologisation de Kant en retournant à sa théorie
de la connaissance hors de toute psychologie

* La phénoménologie :
1900 : Prolégomènes à la logique pure, Edmund Husserl
1901 : Recherches Logiques, Husserl (pris comme un manifeste de l’antipsychologisme, tout le
monde se réfère à lui)
=> Différence énorme entre ces deux tomes, tant et si bien qu’il est difficile de les articuler

Page 1 sur 25
Chez Husserl, la démarcation psychologie / philosophie est différente de celle des néo-kantiens, elle
est bien plus forte. Il veut substituer à la psychologie empirique une psychologie philosophique
La phénoménologie de Husserl, c’est le résultat de ce mélange entre Frege (de ce que Frege a dit
sur lui en 1894, quand il clashe la thèse de Husserl (« Philosophie de l’arithmétique ») dans un
compte rendu) et sur sa pensée qui provient de Stumpf (directeur de thèse) et Brentano
Brentano divise deux psychologies : * Psychologie philosophique définie comme descriptive
(fondements sur perception interne, l’intentionnalité (venant de la scolastique) comme étant le
rapport entre désir et objet du désir) * Psychologie génétique qui enracinerait le psychique dans
le physique (le cerveau) (psychologie moins intéressante car analyse psychique sur le physique)

Cours 29/09
§17 des RL : Opposition Husserl et néo-kantiens sur le psychologisme, mais ce n’est pas une
attaque frontale
Husserl commence par présenter un certain type d’argument => L’antipsychologisme normatif
(Husserl reprend donc là l’argumentaire néo-kantien). Les conditions qui structurent la
connaissance, ce sont les concepts purs de l’a priori
§18-19 : Deux arguments centraux des néo-kantiens étudiés en détail :
§18 : Opposition entre ce qui relève de lois de faits (psychologie) et disciplines des lois de droit
(logique) => Impossible de fonder logique dans psychologie, ça ne se recoupe pas.
§19 : Les lois de la logique sont en fait de la psychologie, au fond les lois de la logique décrivent ce
que nous pensons.
Séparation du fait et du droit + Cercle vicieux => Deux arguments qui sont très forts parce qu’ils
sont radicaux => N’accordent rien au psychologisme affaiblit alors les néo-kantiens car le dialogue
est rendu impossible puisqu’ils ne raisonnent pas sur les mêmes termes.
Les néo-kantiens laissent une sorte de vide derrière eux parce qu’ils rendent tout dialogue
impossible. Et Husserl se fait le porte-parole des psychologistes pour répondre aux néo-kantiens,
avant de les défoncer… Montre que les deux théories s’annulent l’une et l’autre
Argument du cercle vicieux : Il suffit aux psychologistes de dire qu’il y a une forme d’auto-
contradiction car si toute science devait présupposer et précéder la logique, la logique elle-même se
fonderait sur quoi ??

Husserl va dans le sens des psychologistes pour critiquer l’argument normatif : La réponse à cette
insuffisance des néo-kantiens => Montre qu’il est possible de refuser les conséquences du
psychologisme (par trois arguments)
Les conséquences du psychologisme sont problématiques : Ce n’est pas la racine du psychologisme
qui l’est comme le pensent les néo-kantiens
1. Les lois logiques auraient le caractère des lois logiques, elles seraient donc incertaines.
Expliquer comment deux lois excluent ce type d’incertitudes
2. Si c’était bien le cas qu’on puisse fonder la logique sur la psychologie, les lois seraient
empiriques a posteriori et non pas a priori donc les lois sont vagues or validité qui vaut a priori

Page 2 sur 25
3. Lois logiques impliqueraient entités psychologiques => l’évidence ne se trouve pas dans les lois
de la psychologie. Critique husserlienne du psychologisme se différencie des néo-kantiens après
avoir montré l’insuffisance de leurs théories
« Si le mot de psychologie garde son sens ancien, la philosophie n’est justement pas psychologie
descriptive […] » La philosophie s’appuie sur le vécu tel qu’il est vécu (opérer sur le vécu par
intuition des sens)
1ere édition, Husserl écrit quelque chose de totalement inverse à ce qu’il dit là et c’est beaucoup
plus proche de Stumpf, il écrit : « la phénoménologie est psychologie descriptive » (Prolégomènes)
P. 263 : La phénoménologie, c’est un certain type de description du vécu qui constitue le socle,
aussi bien de la logique que de la psychologie.
Il rejette l’applicabilité des concepts à l'expérience si on ne comprend pas si l'expérience les a
entraînés
L’ensemble des RL, c’est une élaboration des difficultés des néo-kantiens. Ils proposent une
nouvelle méthode plus précise que celle de Stumpf, encore imprégné de Brentano.
Avancée importante de ce qu’est l'expérience : Cahier des charges de la phénoménologie =>
L’élucidation de la connaissance qui ne tombe ni dans le psychologisme ni dans
l’antipsychologisme néo-kantien. Husserl se positionne dans un entre-deux en formant une
troisième voie

Repenser cette analyse :


* Concept d’expérience plus large chez Husserl que chez les néo-kantiens. Les néo-kantiens
reprennent à Kant le concept d’expérience comme Erfahrung à laquelle Husserl introduit et
confronte l’Erlebnis
* Dans le cadre de cette élaboration de la théorie de l’expérience, Husserl fait apparaître le
concept de concept de signification : L’expérience Sinn (sens au sens large) / Bedeutung (mot
qui renvoie à quelque chose pour faire sens, modalité significative)

3. La réélaboration de l’expérience et le concept de sens


1. Erlebnis VS Erfahrung : la redéfinition phénoménologique de l’expérience
Erlebnis : Traduit par « vécu » (≠ expérience), expérience de pensée par rapport au vécu => Vie
sensible par rapport à elle-même
Erfahrung : Expérience, rencontre avec quelque chose, expérience avec un rapport à l’objet
Erfahrung : Concept dont l’usage psychologique est dominé par la CRPure de Kant, c’est le produit
qui résulte d’une certaine forme de sensibilité de l’entendement. Réélaborer l'expérience est une
façon pour l’entendement et la sensibilité de se conditionner l’un par rapport à l’autre.
Gegenstand : Objet en tant que ce qui se tient en face de nous. Pour qu’il y ait expérience, il faut
qu’il y ait Gegenstand pour la fonder.
L’Erfahrung donne lieu à une forme de connaissance
Hermann Cohen : Ce qui chez Kant lui permet de réinventer l'expérience c’est de la penser a
priori

Page 3 sur 25
Pour Cohen, l’expérience n’engage pas forcément le rapport au sensible
Il suffit de faire l’analyse des mathématiques et de la physique pure pour connaître l'expérience
pour Cohen
Erlebnis : Décrit le rapport le plus immédiat de la vie à elle-même, expérience comme fait
d’éprouver quelque chose. L’Erlebnis concerne le rapport à l’objet comme résultat de la vie, à la vie
de façon immédiate.

Cours du 13/10
Reprise du cours avec rappel de où nous en étions

Parcours vaste du XIXème siècle allemand pour définir les conditions et tensions conceptuelles à
l'intérieur desquelles Husserl avait établi la phénoménologie. Favoriser un renouvellement
d'alternative au psychologisme, supposait que Husserl mène un combat sur deux fronts avec
deux innovations :

1. Sur le concept d’expérience pour une méthodologie de la phénoménologie

2. Une récupération d'une réflexion sur la question de la signification lui permettant de proposer un
nouveau type d'analyse, celle des vécus de conscience, se concentrant sur la signification pour
couper les difficultés de la référence trop forte à la psychologie que les néo-kantiens avaient
critiqué.

Le premier moment était ce nouveau concept d'expérience dans le cadre duquel Husserl construit
ses analyses phénoménologiques. Le sens de l'expérience comme Erfahrung, l'expérience dans la
mesure où elle aboutit à la constitution d'une connaissance objective possible.

Puis Erlebnis, nouvelle conception qui occupe un rôle important fin XIXème, Husserl tentant alors
de la systématiser pour produire une analyse phénoménologique de la conscience.

La redéfinition phénoménologique de l'expérience.

Erlebnis : surgissement d'une manifestation de la vie qui se saisit elle-même dans le cours de
son propre déploiement. Lieu d'auto-saisie. Dilthey joue un rôle important dans la
systématisation de ce concept, puis après lui, le concept prendra des sens différents suivant ses
contextes de déploiement.

Gadamer dans Vérité et méthode (pas dans la première édition française) propose une petite
histoire de l'Erlebnis. Et Gadamer est aussi celui qui se plaint du fait qu’on a jamais proposé
de détermination suffisamment précise et rigoureuse du concept d'expérience. D'un coté il
critique l'absence de détermination du concept d'expérience, mais en même temps histoire
philo de l'Erlebnis, son apparition comme substantif non commun. Le verbe ERLEBEN était
premier. Deux aspects fondamentaux de l'erleben fondamentaux pour l'Erlebnis.

Dilthey consacre des articles biographiques à Schleiermacher, un des pères de l'herméneutique.



Puis un essai écrit en 1877 (publié plus tard) sur Goethe, qui sera ensuite repris dans un texte de
1806 donc, "Erlebnis et poésie", sur Lesing, Goethe, Novalis, Hölderlin. Mais le premier texte où la
notion a pris son sens, c'est le texte sur Goethe en 77.

Page 4 sur 25
DEUX POINTS importants de Dilthey : * Il y a indication de la contemporanéité avec un
évènement spécifique. Ce qui marque la différence entre erleben et leben. Il ne s'agit pas
simplement du fait de vivre (leben), mais de vivre tel ou tel évènement dont nous sommes
contemporains. L'erleben renvoie à une relation, un évènement, qui nous constitue comme
témoin privilégié, il y a attestation d'un évènement donné, il faut avoir été présent en chair et
en os, et il faut y avoir été soi-même. Qu'est ce que l'erleben, une relation à un évènement dont
nous sommes contemporains qui fait de nous les témoins privilégiés de cet évènement, lui attribuant
une valeur spécifique, attestation qui suppose que nous y ayons eut accès en première personne.

Remarque : Gadamer n'en tire pas ce qu'il pourrait pourtant en tirer du point de vue herméneutique
comme le fera plus tard Ricoeur, mais insiste sur le caractère d'immédiateté, mais derrière celle-ci,
on voit pourtant déjà poindre le fait qu'il s'agit de l'expérience dont on peut attester "mieux que
quiquonque". Phénoménologie : accès en première personne. Pas simple rencontre entre deux
choses (Erfahrung), mais une relation du vécu à lui-même qui spécifie cet accès en insistant
sur sa tonalité de caractérisation en première personne. Ici source commune entre
phénoménologie et herméneutique. Bien que Gadamer mette cela de coté.

* Deuxième élément ; le vécu, ce qui a été vécu. Vécu au sens du participe passé. En cette
expérience s'est accumulé quelque chose qui en constitue le résultat. Le contenu n'est pas
anodin, il a une valeur déterminée, car ce contenu enregistre ce qui s'est déposé ou accumulé
au fil de l'expérience et constitue le produit ou le résultat de cette expérience. Cette forme du
verbe véhicule l'idée selon laquelle cette trace indélébile que la vie enregistre, donne à l'expérience
une valeur inaliénable, une norme immanente, sur laquelle peut reposer l'estimation de son prix, et
cela est important pour Dilthey : car sur Goethe, selon lui, c'est cela qui constitue l'essentiel de la
poésie de Goethe. Valeur de sa poésie, sa capacité à manifester quelque chose qui s'est déposé dans
l'expérience au sens de l'erlebnis, la poésie et l'erlebnis ayant ainsi partie liée.

"Lorsque vous faites de la poésie, vous n'avez plus de normes (au sens transcendant) il faut vous la
donner à vous même, demandez vous si votre poème renferme une expérience (ein erlebtes) et si
cette expérience vous a élevé." Ce qui donne à un poème sa valeur, c'est la charge d'expérience
vécue qu'il charrie, qu'il manifeste. Le bon poème, celui qui manifeste quelque chose de la vie, qui
retrouve quelque chose qui a été enregistré par la vie et par l'existence au sens de la vie. Il y a
substantivation du verbe erleben qui constitue la base de la récupération que va réaliser Husserl
dans les recherches logiques.

Gadamer lui ne dit pas explicitement où il veut en venir, mais il se rattache à la tradition
herméneutique, cette histoire a pour lui vocation a rattacher la phénoménologie à l'herméneutique
en tant quelle est le socle de déploiement de la phénoménologie.

L'Erlebnis, c'est l'expérience non plus au sens épistémologique, de l'implication d'un certain type de
connaissance lié à l'expérience scientifique (rendre compte du mouvement permettant au
mouvement de la connaissance de gagner en objectivité). Mais il s'agit plutôt d'une ressaisie de la
vie dans son vécu. D'où l'application de ce concept dans un contexte biographique en premier chez
Dilthey avec son travail sur Schleiermacher.

Chez Dilthey, l'Erlebnis est le concept qui permet d'ouvrir la vie à sa description, car ce
concept rend compte non pas seulement du flux de vécu, mais des types de compréhensions
que la vie procure, la vie étant d'emblée intégrée dans une perspective d'interprétation. Un
flux qui s'auto-interprète constamment sous des formes d'auto-interprétations. Ex: Dilthey analyse

Page 5 sur 25
les formes d'art comme des formes d'auto-compréhension que la vie forme sur elle-même, sillage
hégélien, à chaque moment de l'histoire on retrouve des étapes de l'auto-compréhension que l'esprit
a de lui-même dans son déploiement dans l'histoire. L'Erlebnis, capacité de la vie dans sa
dimension d'expérience qui enregistre une quantité d'expérience qui rend compte de son auto-
compréhension. Gadamer met l'accent sur cet aspect là de la philo de Dilthey et sa référence à la
poésie, sur cette base, cette analyse de la notion dans un contexte biographique sert les intérêts
d'une voie herméneutique de la philosophie.

Ce que Gadamer ne dit pas, c'est que cette conception de l'Erlebnis joue un rôle transversal
chez Dilthey, mais elle se rattache tout autant à la psychologie (qui n'intéresse pas Gadamer
mais nous intéresse nous) : elle révèle la psychologie cette Erlebnis. Texte "introduction aux
sciences de l'esprit" de 1882 de Dilthey où selon lui la méthodo de la psychologie doit être
l'étalon methodo de toute science, définit l'Erlebnis comme une forme d’expérience intérieure,
opposable à l'Erfahrung, son contenu doit contenir de façon essentielle, sa propre occurence.
Ce n'est pas une thèse intentionnaliste, car cette expérience n'est pas que l'expérience que DE
quelque chose (donc contestation de la thèse brentanienne) mais le fait que son contenu se
rapporte à sa propre occurence. Son occurence fait partie du contenu de son expérience. Elle
se rapporte essentiellement à elle-même, elle est ouverte à son explicitation, elle se rapporte
toujours à elle-même. Manifeste une forme d'auto-compréhension au moment de son surgissement,
vécu au sens où mon expérience est toujours structurée par une certaine forme de compréhension de
son sens, de ce qui est en jeu, de ce qui s'y passe, de ce qui est intrinsèquement ouvert à son
interprétation. Cette conception de l'Erlbenis permet à Dilthey de la considérer comme le socle
des sciences de l'esprit, ce ne sont que des formes d’auto-compréhension de la vie elle même,
devant jouer le rôle de modèle à toute formes de connaissance possible. L'Erlebnis décrit une
forme d'expérience irréductible à toute connaissance de la nature. C'est un nouveau type de
connaissance, sur le mode de la compréhension et auto-compréhension, la connaissance de
l'esprit est toujours une connaissance de l'esprit par elle-même.

Chez Brentano, la thèse d'intentionnalité est double, elle indique la relation de tout phénomène
psychique à son objet, mais aussi fondamental que le phénomène psychologique se perçoive lui
même de façon non-intentionnelle. Pour que la relation intentionnelle à l'objet ait lieu, il faut qu'elle
soit déployée de façon non-intentionnelle.

Erlebnis est présent chez Brentano, mais c’est un terme véhiculé de façon assez large et non-
technique depuis la moitié du XIXème, à part chez Dilthey.

L'Erlebnis constitue son objet chez Dilthey. Elle n'est par exemple que secondairement l'objet de
l'histoire de l'art. La psychologie, elle, est la science qui étudie le plus directement l'Erlebnis.
L'histoire en tant que science enregistre les formes d'auto-compréhension de l'esprit, quelque
chose qui se fonde dans l'auto compréhension que la vie prend d'elle même, mais la
psychologie, elle, étudie le vécu en tant que tel. L'Erlebnis constitue son fondement. Dilthey se
désintéresse de la relation à l'objet, mais de cette façon il se rapproche de Brentano, ce décalage
secondaire que semble prendre l'esprit par rapport à lui- même.

L'erlebnis est cruciale pour la déf que Dilthey propose pour les sciences de l'esprit.

Il ne s'agit pas de rapprocher Dilthey des psychologistes. Cette analyse des Erlebnisse, elle
s'intègre toujours dans une approche de l'esprit dont l'horizon ultime est celui d'une
herméneutique. Ça reste une psychologie fondée sur des méthodes d'interprétation de la vie, on est

Page 6 sur 25
loin de ce que Wundt appelle psychologie. On est plus dans une analyse hégélienne de l'aspect
objectif, que le domaine du psychique en tant que tel, mais à partir du début 1880, c’est dans le
cadre des travaux en psycho que le concept d'Erlebnis va se répandre de façon plus large. Dilthey
systématise le terme dans le cadre d'une conception herméneutique de l'esprit et de sa référence à
Hegel, même si sa psycho ressemble peu à ce qu'en fait la psycho expérimentale. C'est dans ce
contexte là que Husserl va le reprendre, ce terme. Comment s'effectue cette transition entre
l'invention Diltheyienne, et les RL de Husserl. Quel est le sens de l'Erlbniss à partir duquel Husserl
a redéfini les enjeux et la redétermination de son sens.

Comme on a dit, Wundt et Lipps vont s'en servir. Mais de façon critique par Wundt (1896)
réutilise ce concept d'Erlebnis. Lipps s'en servira plus tard. Chez Wundt, souligne que c'est un terme
qui fait apparaitre l'évènementialité des phénomènes psychiques. Lien particulier avec le sujet qui
les vit. L'Erlebnis fait apparaitre leur lien à la subjectivité, au lieu de l'isoler. On montre son
enracinement. Ce sont des remarques critiques. Il faut préférer une autre expression de l'expérience
immédiate, repli sur l'Erfahrung, moins équivoque et plus précis de l'envisager comme expérience
immédiate.

De façon intéressante, plutôt lié au contexte psychologique que Husserl emprunte le concept
dErlebnis bien qu'il n'avait pas lu Dilthey avant les Recherches Logiques. (cf Chroniques
Husserliennes de Schumann, lectures de Dilthey seulement après l'écriture des RL). Husserl avait
lu Wundt, Brentano, où le terme est présent, mais le psychologue chez qui l'usage a été le plus
marquant pour Husserl a été Ersnt Mach (usage non technique du terme). Mach (L'analyse
des sensations, 1886) rejette le terme un peu pour les mêmes raisons que Wundt en allant plus
loin : l'Erlbenis semble enraciner le vécu dans quelque chose qu'est une subjectivité,
susceptible de mal orienter le psychologue. Mach utilise le terme de phénoménologie en lui
donnant aussi un terme non technique. L'un des textes donc qui constitue un contexte
d'élaboration de la méthode phénoménologie chez Husserl. Tentative d'apporter une densité
rigoureuse à des termes qui, chez Mach, n’avaient pas de sens précis.

Mach : "Qu'est ce que la mémoire ? Un vécu psychique, un fragment/évènement psychique qui


laisse des traces". L'Erlebnis doit avoir cette dimension d'évènementialité qui en fait une occurence,
mais ce qui ne convient pas, c’est que la notion subjectivise ces expériences.

Remarque / Chez Mach et chez Wundt, il y a une crainte de tendre au subjectivisme du fait de la
construction sur un verbe, le terme semble faire référence à un sujet.

Husserl critiquera Natorp en critiquant l'idée néo-kantienne que le psychisme ne peut que se
constituer qu'à partir d'une conception égo-logique de la conscience. Dans ces textes de base de la
reprise de l'Erlebnis, il n'y a pas d'embarquement d'une subjectivité.

Heidegger (usage instrumental contre Husserl pour constituer sa propre phénoménologie), Gadamer
(mode critique) et Ricoeur reprendront Dilthey de façon post-husserlienne.

Devient important dans un texte de Natorp (1887, Fondation objective et subjective de la


connaissance), qui ne revendique pas l'intérêt de la notion mais la critique, critique de l'analyse
des sensations de Mach. Natorp critique le subjectivisme dérivé des versions psychologisantes
du néo-kantisme, qui se sont basées sur l'Erlebnis, cette forme, c'est ce qui constitue le fond
des positivismes, dont celui de Mach. Pour Natorp, ça serait ramener le fondement de la
phénoménologie à l'activité d'un sujet. Tätigkeit (activité) et Erlebnis (vécu) deviennent
synonymes est c'est inacceptable. Là où on parle d'Erlebnis, fond des positivismes, même celui

Page 7 sur 25
de Mach qui ne revendique pas le terme (pour Natorp il sous tend quand même son analyse),
on attribue de la validité objective à la kno, cette légalité se fonde toujours dans la subjectivité du
connaitre, une activité subjective du connaitre, ce que Natorp réprouve chez ces positivistes...
S'exprimer en terme d'erlebnis, c'est faire le jeu du psychologisme d'un point de vue néo-K. On
échoue dans le vécu singulier.

Lorsque Husserl écrit les RL, son concept est passé par Mach et Natorp, et si Husserl se décide à le
reprendre, c’est de façon explicitement opposable aux néo-K, mais aussi de façon indépendante de
la tradition herméneutique. Husserl se repose sur un concept de l'expérience via l'Erlebnis, auquel
les néo-K ont refusé de souscrire.

Il y a encore quelques usages de la notion d'Erfahrung dans les RL, intéressants : ils caractérisent
quelque chose de très précis. Elle devient expérience interne, inhérente. Parag 6 de l'intro générale
aux RL, appendice : VOL 2-1 en FR ;

l'inhere Erfahrung : l'étude des vécus purement descriptifs de connaissance.

Il faut présupposer le mode du vivre, l'erleben, pour pouvoir constituer une expérience
intérieure au sens de la psychologie scientifique. Le mode d'être de ces vécus est d'être
conscients sur le mode du vivre.

Cours du 20/10/20

Bilan récapitulatif :
Il fallait essayer de comprendre les contraintes conceptuelles qui pèsent sur la phénoménologie de
Husserl (psycho/philo, processus interne et externe)
Quel est l’espace conceptuel dans lequel on peut comprendre l’émergence du concept
phénoménologique de Husserl
Husserl propose deux grandes critiques :
Critique des néo-kantiens
Critique plus subtile, fine, mesurée qui interne implicitement en contradiction la critique des
néo-kantiens => Il faut aller de l’avant et se débarrasser de la vision kantienne, il se situe
contre le projet kantien (il n’est donc pas un philosophe qui prolonge la pensée kantienne)
Illusion rétrospective, ce n’est pas un développement harmonieux du kantisme
Husserl a deux armes contre le néo-kantisme, qui réouvrent la phénoménologie :
- L’expérience, projet qui fait fond sur le concept de l’Erfarhung (Kant) (expérience comme forme
qui fait de l’expérience une forme de connaissance objective, il y a d’emblée dans l’expérience
une forme de connaissance objective), et qui crée l’Erlebnis (fonder l’expérience sur de
l’empirisme). Analyser l’expérience sans expérience, il suffit d’observer (COHEN), mais contre
cette forme d’Erfahrung, Husserl fonde sa pensée sur un nouveau type d’expérience, celui de
l’Erlebnis. Il introduit la question de la signification (qu’il récupère de son dialogue avec Frege),
concept qui permet de repenser l’expérience et d’en parler philosophiquement, rupture avec une

Page 8 sur 25
certaine forme de psychologisme sans pour autant tomber dans la dénégation de la psychologie.
Penser l’expérience depuis l’expérience elle-même. L’Erlebnis permet de pointer vers ses
sources herméneutiques (avec Dilthey, l’usage de ce terme qui s’était perdu durant le XIXème
siècle reprend son poids et sa signification philosophique, Psychologie est supérieure parce
qu’elle a plus de poids, elle se fonde directement sur l’Erlebnis). Formes de langage se
manifestent dans l’esprit sous la forme de la grammaire etc. Production artistique : on a affaire à
des manifestations quand il y a des changements, des productions,… L’objet de l’Erlebnis, c’est
l’Erlebnis elle-même (porte sur le vécu, la vie elle-même).
Le rapport de Mach et de Wundt trouvent un intérêt sur l’événement psychique qu’on trouve dans
l’Erlebnis, mais ce n’est pas le centre de leur analyse. Le moment où le nous, où l’Erlebnis
devient un enjeu, c’est dans la critique de Natorp (1887, « Fondation objective et fondation
subjective de la connaissance ») (attaque Mach et les positivistes). Critique contre le positivisme
et toutes ses formes, il traite ses connaissances comme vécu du sujet, il fait de l’Erlebnis un enjeu,
une analyse des consciences. Il utiliserait l’Erlebnis de façon non problématisée, du coup, c’est nul,
usage non questionné de l’Erlebnis. Natorp écrit une lettre à Husserl (8 mars 1897) en lui disant de
lire son texte de 1887 pour plus d’explications, et trois ans plus tard, Husserl écrit son livre
(Recherches logiques ?). Geste critique très important par rapport au psychologisme, il le choisit
avec Mach, VS les néo-kantiens (pour eux, il ne faut pas parler de l’Erlebnis !).
Husserl joue Mach contre Natorp. La configuration de la position philosophique de Husserl se
précise (son antipsychologisme, c’est aussi un anti-néo-kantisme !). Il s’agit d’avoir à la fois
une certaine dose irréductible de psychologisme en étant antipsychologique
#AvoirLeBeurreEtLArgentDuBeurre
Il faut s’écarter de la forme de description de l’expérience. Il ne faut pas sombrer dans le
psychologisme mais avoir en même temps recours à une certaine forme de psychologisme.
Recherches Logiques : On y voit se reconfigurer les catégories kantiennes mais en ayant recours à
l’expérience ! Réintégrer les catégories kantiennes sur un tout autre terrain que celui de Kant.
Articulation entre entendement et sensibilité qui doit pouvoir se poser sur le concept d’Erlebnis
(c’est ça le projet de la phénoménologie). Retraduite dans ce cadre là, l’articulation de la sensibilité
et de l’entendement ne s’énonce plus de la même façon que dans le kantisme, et elle repose
désormais sur l’analyse des différents modes de la relation intentionnelle à l’objet (comment l’objet
va-t-il être donné ?) Mode du rapport intentionnel à l’objet, c’est ce sur quoi l’objet doit se
comprendre.
Réécriture de la question de l’expérience (Erfahrung/Erlebnis/…). Il s’agit de désempiriser les
Fondements logiques de Kant
Le problème du psychologisme, c’est que c’est une étude de la connaissance
La logique, c’est ce qu’il y a de plus structurant dans la science. La forme de la science, c’est
la logique qui nous la donne. Il n’y a pas de science s’il n’y a pas de logique. Logique et
théorie de la science, c’est la même chose. Reconstruire en se situant sur le terrain de
l’Erlebnis. Toute relation à l’objet prend le nom d’intentionnalité chez Husserl (reprend ça à
Brentano).

Page 9 sur 25
Intuition catégorielle permet de structurer le rapport intuitif aux données et permet de faire savoir de
quel sens la science peut elle être objective.
But de cette analyse : Montrer concrètement comment le projet phénoménologique peut avoir
une critique du psychologisme (en gros…)
Une élaboration du concept fondamental est à réévaluer. Nouvelle question suppose que la
signification doit être prise en compte dans l’expérience (la signification fait défaut aux néo-
kantiens (signification = simplement introduction de nouveaux concepts et c’est pas ouf). Tout ce
qui aurait pu être pensé en terme de signification ne fait pas le poids en elle-même, c’est le
concept mais en moins bien => C’est ça la conséquence fondamentale des néo-kantiens. Alors
que si on dit, comme le fait Husserl, que le concept explique la signification (et pas l’inverse),
ça permet de constituer le rapport à l’objet sans poser de problème.
La signification fait défaut aux néo-kantiens pour Husserl, mais également au psychologisme. Fait
défaut à Stumpf (dans Psychologie und Erkenntnistheorie) par exemple.
Arguments anti-psychologistes ne se posent plus à partir de la 5ème recherche (je crois… j’ai lâché
là…)
Qu’est-ce qui garantit qu’à partir du 2ème tome des RL ne retombe pas dans le psychologisme ? Il
ne s’agit pas de critiquer l’objet du psychologisme, il s’agit d’apporter une description
(≠psychologique)
Erlebnis, façon originale de penser l’expérience, c’est une étude psychologiste mais qui peut se dé-
psychologiser. La phénoménologie est la combinaison d’une tradition sémantique (Brentano -
Stumpf) et d’une tradition de la psychologie descriptive (Bolzano - Frege).
Frege : Idée (principale de sa philosophie) selon laquelle, pour comprendre comment
fonctionne la connaissance, il faut se demander comment fonctionne les conditions sur
lesquelles s’élabore l’objet (n’emprunte pas la voie kantienne et reprend les vécus de
conscience… Du coup, ça intéresse grandement Husserl)
Intérêt porté par Husserl sur les travaux de Frege et Bolzano pour dépasser les limites du
psychologisme tout en réintégrant l’Erlebnis (analyse dé-psychologisée). Ré-articulation de la
question de la signification
Pas de séparation totale de la signification => Elle engage des actes de l’esprit (le signifié par
exemple). Articulation entre la signification idéale et les actes dans laquelle cette signification
est (Bedeutung / Bedeuten)
La naissance de la phénoménologie et du discours qu’elle produit s’articulent pour produire et
construire forme de relation à la psycho
Mise en évidence de l’analyse logique du vécu (objet de la logique pure). Cette introduction
montre que l’analyse logique du vécu n’est possible qu’à partir d’une théorie de la
signification.
§1 de l’introduction de la Deuxième Recherche Logique (logique pure = « élucider les concepts et
les lois qui confèrent à toutes les connaissances […] une unité théorique », c’est une théorie de la
théorie, une science de la science, étudie la forme des discours pour qu’ils aient une valeur
théorique) : « Des réflexions sur le langage […] »

Page 10 sur 25
Pour comprendre les théories scientifiques, il faut avant tout s’intéresser au langage

Cours du 03 novembre 2020


Dans l’Introduction générale aux Recherches Logiques (début du second tome des RL) :
Importance de la signification avant même la partie où il présente pour la première fois ce
concept de signification. Présentation d’une nouvelle méthode : la phénoménologie
Le vécu n’est plus simple théorie de la psychologie, cette nouvelle expérience est rendue
possible par une façon particulière de la décrire, elle n’est plus fondée comme chez Brentano
sur des concepts psychologiques, internes mais sur une analyse nouvelle de l’expérience (autre
tradition : sémantique (ce n’est plus forcément celle de la psychologie descriptive)). Idée selon
laquelle la signification est analysée selon vécus qui enveloppent l’expérience qui doivent
permettre l’analyse de cette expérience
Le nouveau traitement : mettre en avant la signification. On ne revient pas à une psychologie
descriptive. Husserl explique que la phénoménologie est une sorte de psychologie descriptive,
mais ce n’est que dans un premier temps, dans la deuxième édition, 12 ans plus tard, il revient
sur sa position. Il ne s’agit pas de dire que la phénoménologie est une expérience
psychologique du vécu, c’est l’analyse simplement à travers la signification d’un vécu
psychique, ça ne ressemble plus à de la psychologie. Ce n’est plus un fragment psychologique
posé comme Brentano (avec l’intentionnalité qui répond comme terme de critère, distinguer deux
position de l’être, psychique et physique) L’intentionnalité est un vécu chez Husserl, ce n’est pas
« quel type d’être ? » mais c’est la question de la neutralité métaphysique qui est importante
(questions métaphysiques sans réponse, c’est pas ça qui intéresse), description du vécu mais pas
question de savoir si c’est psychique ou physique mais c’est de savoir de quelles significations il est
porteur. Ce vécu se donne enrobé dans vécus psychiques, osef de connaître son ontologie. Savoir de
quelle signification il est porteur, point barre.

2. L’usage phénoménologique de la signification


Recherches Logiques, Introduction (1ère édition)
Mise en avant de la signification pour ne pas revenir à une psychologie descriptive
Le vécu psychique (événement mental, quelque chose s’est passé) est analysé en terme de
signification (de quelles significations est-il porteur ?). Ce mode phénoménologique ne doit plus
craindre de ressembler à une psychologie, ce sont bel et bien deux choses distinctes.
§2 : « Par suite, les objets vers lesquels s’oriente la recherche de la logique pure sont donnés tout
d’abord sous le vêtement grammatical. Pour parler plus exactement, ils sont donnés comme enrobés
pour ainsi dire dans des venus psychiques concrets, qui dans leur fonction de signification
[Bedeutung] ou de remplissent de signification [Bedeutungserfüllung] […] relèvent de certaines
expressions linguistiques et forment avec elles une unité phénoménologique ».
Ces vécus de connaissance sont pas seulement psychiques, ils sont également linguistiques.
Cette expérience de conscience est toujours une expérience linguistique.

Page 11 sur 25
Il faut qu’il y ait une signification de mots pour qu’il y ait un jugement. La signification prend
vie et anime le vécu. Un vécu sans signification est un vécu mort (or, il est le développement d’une
forme de vie donc la signification est super importante, c’est ce qui apporte à l’Erlebnis son
caractère vivant !) C’est dans la signification que se constitue le rapport à l’objet, et c’est crucial

Les vécus psychiques


que la phénoménologie propose et étudie relèvent d’une unité phénoménologique impossible à
distinguer de leur fonction de signification (à travers les expressions linguistiques). Là où il y a
du psychique, il y a du linguistique. Ces vécus de connaissance ne sont pas seulement psychiques
mais aussi linguistiques. Ils se manifestent à nous de façon psychique mais la caractérisation même
de cette expérience, c’est qu’elle est linguistique, on ne peut pas enlever le caractère linguistique de
l’expérience si on veut bien la comprendre.
Il ne s’agit pas seulement d’énoncer la théorie de la signification mais aussi de la justifier et d’en
donner le sens. Si on veut éviter un reproche de compréhension des RL (que se fera Husserl lui-
même plus tard), il ne faut pas présenter la phénoménologie comme un nouveau type de
psychologie descriptive. Ce qui va accuser rapprochement Husserl-kantisme dans la
philosophie transcendantale, c’est l’effet d’une interprétation antérieure de l’auteur avec son
propre ouvrage, sa propre phénoménologie.
Cette insistance sur la signification est importante car c’est l’idée selon laquelle ça anime les
pensées de vécu de la connaissance. Elucidation de la connaissance (version néo-kantienne).
Pourquoi la signification est un levier important pour la théorie de la connaissance ? Parce que ces
jugements appartenant à la sphère intellectuelle supérieure (c'est-à-dire les jugements de
connaissance basically) sont toujours intrinsèquement linguistiques, l’évidence est la clef de
voute de la connaissance, pour qu’il y ait connaissance, il faut qu’une évidence apparaisse
pour pouvoir ensuite la fonder. Certaine forme d’évidence permet la connaissance et elle est
toujours donnée dans vécus de la connaissance objective, de pensée, vécus qui eux-mêmes
« dépendent des significations de mots qui étaient vivantes [Lebendlichkeit à vérifier] dans
l’accomplissement de l’acte de juger énonciateur de la loi ». Pour qu’il y ait évidence, elle

Page 12 sur 25
repose en dernière analyse sur signification de mots. Dans le jugement, elles prennent vie. Les

significations animent le vécu (donnent une âme, une vie, elles rendent le vécu vivant). La vie se
fonde à la signification parce que ce sont les significations de mots qui la rendent vivante.
Là où il y a jugements cognitifs de la connaissance, il y a forme linguistique qui habille, pas de
vécu sans cet habit (forme linguistique). Unité phénoménologique linguistique - psychique
parce que met en avant le fait que c’est la forme linguistique qui donne vie au vécu. Le
linguistique est ce qui anime le psychique. Le linguistique est un des aspects qui rend le vécu
vivant et lui donne sa particularité. Signification donne la vie à la conscience.
La phénoménologie est descriptive au sens non pas de la psychologie descriptive comme
description du vécu psychique/physique, analyse de signes renvoyés à d’autres signes mais
comme dimension fondamentale du vivre en tant qu’Erlebnis. Ça signifie que pour un certain
type de vécu, la signification est la vie de la conscience. Pas de vie indépendante hors de la
signification.
La signification peut servir de guide dans l’analyse phénoménologique, porte sur une description de
l’analyse du vécu mais n’est pas à analyser comme propriété d’un signe. Elle anime la conscience,
la rend vivante, ce sans quoi il n’y aurait pas cette forme de conscience.
Phénoménologie = forme nouvelle et originale de l’analyse, doit constituer la source des évidences
sur lesquelles se fonde la connaissance, la phénoménologie, c’est le retour aux choses mêmes
Husserl insiste sur l’idée du retour aux choses mêmes (il présente ce « retour aux choses
mêmes » dans un texte précis §2 de l’Introduction).
Il ne s’agit pas de comprendre les mots comme des symboles qui renverraient à autre chose,
nous voulons revenir aux choses mêmes, il faut que les significations soient rapportées aux
intuitions qui leur confère cette animation particulière (des vécus de conscience). Ce retour aux

Page 13 sur 25
choses mêmes est possible que par le rapport entre signification et remplissement de
signification (c'est-à-dire ce que nous donne l’intuition, ça s’appelle le Bedeutungserfüllung).
L’évidence est donnée dans ce rapport (dans ce jeu entre intuition et signification qu’elle
remplit). L’intuition est une modalité particulière de la signification (en tant que
remplissement de la signification) dans cette analyse.
Besoin d’une intuition pas complètement indépendante de son rapport à la signification. Cette
dernière a besoin de l’intuition pour lui donner son complément (quelque chose, une substance)
sinon, elle ne faisait que viser à vide. Les intuitions ne se suffisent à elles-mêmes, elles ont un rôle
spécifique. Il faut vérifier que les significations aient une preuve de vitalité (dans leur rapport à
l’intuition du coup, sinon, ce ne sont que de simples mots, une signification morte).
La signification est le fondement du vécu, de la Lebendlichkeit, de la connaissance qui se pose
toujours sous un format linguistique et cette même signification prend elle-même vie à travers
l’intuition, permet de penser le rapport à la chose même. La signification rend possible la vie
de la conscience dans la mesure où elle rend possible la dynamique entre intention de
signification et remplissement de signification qui caractérise la vitalité propre au vécu.
L’analyse phénoménologie consiste à une élucidation de la signification qui est conduite avec le
rapport entre intention de signification et remplissement de la signification. Quand on va élucider et
analyser ce rapport, on aura le moyen de donner concepts logiques fondamentaux à des
connaissances rigoureuses, c'est-à-dire des significations qui soient assurées dans leur rapport à la
connaissance. Fonder une théorie de la connaissance en analysant rapport remplissement et
intention de signification.
La signification est une dimension fondamentale de la pensée et de la connaissance, il s’agit
d’analyser la signification (Bedeutung) suivant la vie qu’elle propose, l’analyser en se
demandant comment elle peut être ce qui constitue le vecteur de la vitalité de la conscience.
Montrer articulation entre Bedeutung et Bedeuten (c'est-à-dire le signifié au sens verbal, en
tant qu’il est porteur de la vitalité de la conscience, avec son enracinement dans le vécu,
l’Erlebnis).
Faire reposer la phénoménologie de la connaissance sur ce rapport, c’est aussi s’interdire de voir le
signifié comme une façon de viser intentionnellement vers tel objet et la signification comme un
contenu de sens pouvant être considérée comme à l’écart du rapport à l’objet qui considérerait le
signifié comme un acte. Il faut montrer à quel point le rapport est imbriqué. Ce n’est pas une chose
d’un côté et une autre chose d’un autre côté.
Il est impossible de distinguer dans l’acte donateur de sens deux choses (ce qui caractérise la charge
sémantique et la détermination envers l’objet). C’est dans la signification que se constitue le
rapport à l’objet (il n’y a pas d’un côté la signification et d’un autre les actes ayant un rapport
à l’objet).
§15 des RL : Husserl mentionne Frege en expliquant que ce que Frege a tenté de distinguer (sens
(Zinn) et référence (Bedeutung)), il faut en fait les traiter comme identiques, une seule et même
chose.
Cours du 10 novembre 2020

Page 14 sur 25
Husserl espère pouvoir rejoindre, récupérer, mettre à contribution la tradition sémantique
qu’il hérite de Bolzano et Frege sur les questions de la signification pour ensuite pouvoir poser
une question non posée par les néo-kantiens (l’analyse de l’expérience qui ne revienne pas à
déployer une nouvelle psychologie descriptive). L’analyse du vécu ne doit pas être dissoute dans
une nouvelle psychologie qui retrace les difficultés de celle-ci. La phénoménologie est au
carrefour de cette tradition psychologique et de cette tradition sémantique => Tire profit des
deux pour pouvoir proposer nouveau mode de pensée.
La vie (et sa signification) se déploie(nt) vers quelque chose d’autre, vers son objet toujours visé au
moyen d’un signe significatif, même lorsque l’objet lui-même est absent.
Derrida, La voix et le phénomène : Interprétation de la première recherche des RL. Il s’appuie sur
l’idée qu’il remet en cause la présence de l’objet => Elle ne semble pas requise pour que le rapport
à l’objet soit pensé.
Il faut penser la signification sur une certaine vitalité, sur un certain dynamisme. La signification
remet sur le terrain, renvoie toujours à une certaine vie de la conscience pour pouvoir être
actualisée.
Husserl peut avec sa nouvelle analyse du vécu proposer de refonder la théorie de la
connaissance en voyant la signification comme constitutive de la vie. On peut envisager
d’étudier l’expérience à partir d’une théorie de la connaissance elle-même partant d’une
théorie de la signification. La sémantique et la psychologie se rejoignent pour former et rendre
possible un rapport à l’objet fondant la connaissance. Phénoménologie ne se limite pas à une
sémantique, elle est véritablement au carrefour de la psychologie et de la sémantique.
C’est sur la question de la signification que repose la charge psychologique des RL.
L’analyse de la signification permet de rendre compte de l’expérience au sens de l’Erlebnis (la
vitalité du vécu) mais va permettre aussi à Husserl de repenser l’articulation du rapport entre
sensibilité et entendement. Cela permet à Husserl de répondre aux enjeux de l’analyse néo-
kantienne de l’expérience. On repart de la théorie de la signification pour comprendre la raison du
programme des RL (programme établi initialement par Stumpf).
CCL° : Ce qui déf le programme des RL et donne les contraintes conceptuelles qui pèsent sur
la phénoménologie, c’est une certaine façon de réarticuler le sens et l’expérience autour
desquelles la phénoménologie trouve son point d’origine. Buts ultimes : Reprendre à son
compte (1) la théorie anti-psychologiste néo-kantienne de la connaissance et (2) penser
l’expérience du vécu en (3) investissant quelque chose qui lui vient de la tradition sémantique.

Interprétation de la naissance de la phénoménologie et de comment elle s’est structurée par la suite.


Il faut saisir l’ensemble de la tradition phénoménologique à partir du projet husserlien. Rapport
entre sens et expérience, qui définissent les coordonnées du projet que Husserl pense pouvoir
proposer
Phénomène : Ce qui résulte de l’élaboration de l’expérience comme Erlebnis, c’est
l’apparaitre de toute chose (qui n’est pas à prendre comme au sens kantien) qui doit être
compris en tant qu’il doit être comme au sens d’être de toute chose (pas derrière le

Page 15 sur 25
phénomène mais véritablement immanent de la chose). Certes, la phénoménologie est une
philosophie de l’expérience, mais elle n’est pas un empirisme car elle refuse de détacher a priori les
choses des sens (??). Le sens d’être des choses se trouve dans le phénomène (il donne et
constitue le sens d’être des choses).

Du texte à l’action (1986), Paul Ricoeur : Dans un texte que Ricoeur avait publié bien plus tôt, il
avait déjà souligné la théorie de la signification de Husserl. Importance de la signification pour la
conceptualisation du projet phénoménologique

Le signifié, c’est la racine phénoménologique des actes de signification. Seconde intention qui se
résout par l’intuition de signification.

Ce renouvellement des rapports entre théorie (sens) et expérience ne va pas sans soulever
questions… Présupposé ultime du sens est-il l’élément de départ de l’expérience ? Permet-il de la
comprendre ?
Phénoménologie nait de l’articulation entre sens et expérience mais ça ne suffit pas pour définir sa
naissance ! Dichotomie de deux projets très proches pour envisager ces rapports.

Page 16 sur 25
17 novembre 2020
Dates d’examen :
Philosophie allemande le 3 décembre (14h - 18h), deux sujets au choix (commentaire de texte et
sujet de dissertation plus classique), sujet sur moodle et les copies à remettre sur moodle +
Deuxième exam facultatif proposé (entre le 10 et le 15 janvier)

La réarticulation sens-expérience engage une certaine ambiguïté parce que ce n’est pas exprimé de
quelle façon elle doit être faite
En quel sens la question de l’interprétation est inscrite dans le projet phénoménologique ? Très
profondément, dès sa naissance pour P. Ricoeur, Du texte à l’action
La phénoménologie est d’abord une philosophie du sens

Reprise du cours :
Récapitulatif : Introduction générale aux RL, ce que notre analyse a montré est que la
phénoménologie est un nouveau discours philosophique sans pour autant être un retour à
Kant (antipsychologisme néo-kantien) ni un psychologisme, et ce, grâce à l’articulation de
deux nouveaux concepts : ceux de la signification et du vécu / sens et expérience qui rend
possible la réouverture du discours philosophique (appelée la phénoménologie, c'est-à-dire la
nouvelle façon d’articuler le sens et l’expérience pour dépasser le psychologisme, dominant
dans la deuxième moitié du XIXème siècle sans pour autant que cette critique conduise à un
retour à un type de philosophie (transcendantale) dérivée de la pensée kantienne).
Cette articulation ne va pas sans une certaine ambiguïté car on n’a pas encore explicité ce qui était
possible, rapports peuvent être pensés d’abord si le sens est compris comme ce qui est mis en jeu
par l’expérience ou être vu comme l’horizon ultime de l’expérience. L’expérience aboutit-elle sur le
sens ou le sens est-il ce qui fait reposer l’expérience ? Pose le cadre du projet herméneutique
Façon de rendre compte du sens de l’expérience…
Ambiguïté initiale de la phénoménologie… L’herméneutique se constitue dans une certaine forme
de continuité par rapport à Husserl (Interprétation de Ricoeur) mais elle n’est qu’une seule
interprétation possible…
Le sens est ce qui se constitue et s’élabore dans l’expérience
Réaliste : Pas le terme le plus judicieux pour montrer la distinction entre l’herméneutique (il y a un
idéalisme du sens dans l’herméneutique) et l’alternative de la phénoménologie
De suite après les RL, on rapproche l’analyse husserlienne et le réalisme. Le groupe de Goettingen
et de Munich tentent de tirer la phénoménologie de leur maître Husserl dans une approche réaliste,
c’est le cas notamment d’Adolf Reinach, La phénoménologie réaliste.
Quand Sartre réinterprètera l’intentionnalité dans les 30’s en la tirant vers le réalisme (concept
d’intentionnalité), c’est sur le texte des RL qu’il s’appuie.
Rapports entre sens et expérience très proches mais l’ambiguïté qu’ils font naître rend
possible la naissance de plusieurs traditions.

Page 17 sur 25
L’herméneutique phénoménologique se présente comme rendant compte du fond sur lesquelles
l’expérience se déploie. Toujours interpréter l’expérience pour faire naitre le sens au monde.
Cette façon de réinterpréter la phénoménologie, ce n’est pas seulement une critique de Husserl, il y
a aussi des critiques internes… Constitue aussi l’un des motifs de la phénoménologie
transcendantale que Husserl fondera ensuite (après les RL) (mais du coup, il y a des clashs internes).
Opposition entre phénoménologie réaliste et phénoménologie idéaliste traverse l’oeuvre de Husserl
et le rapproche de la tendance herméneutique au point de dissoudre la signification dans l’ensemble
de la conscience.
La théorie de la signification disparait parce qu’il y a beaucoup trop de sens, caractérise
l’expérience dans son ensemble
Cette tendance herméneutique, on la retrouve de Husserl à Merleau-Ponty. La théorie de la
signification que propose Husserl ramène à la première branche d’intentionnalité. La signification
joue le rôle de quelque chose d’indépassable dans la première recherche logique. La signification
est mise en écart par rapport à d’autres formes de rapport à l’objet.
Dans quelles mesures la réinterprétation heideggerienne de l’intentionnalité engage un certain
renouvellement de l’intentionnalité de Husserl tout en engageant dans une direction singulière qui
n’était pas celle des RL.
Ce que va faire Husserl dans la première recherche, c’est de spécifier le type d’usage des
signes qui rend possible l’intentionnalité (et les actes de conscience) qui ne reposerait pas sur
une forme de psychologisme. On peut traiter les actes de conscience de façon simplement
sémantique. Il y a deux modes de renvoi du signe (à quelque chose) : Signe peut renvoyer à
quelque chose de manière indicative (panneau qui indique le début d’une ville est indicatif) et
un second mode de renvoi, celui (§5 de la première RL) de l’expression quand un signe
exprime quelque chose (ex : ce qu’exprime le mot pitié doit établir un lien entre quelque chose
de physique (séquence de signes) et quelque chose qui ne l’est pas, quelque chose de beaucoup
plus complexe, le concept ou l’idée de la pitié)(fumée qui indique la présence du feu VS signe
en tant que mot et concept)
Expression au sens strict ou expression dans un sens moins rigoureux… Forme
d’extériorisation des signes (par les gestes de désespoir par exemple)
Double distinction donc :
- Deux types de fonction des signes : Usage indicatif et usage expressif des signes
- A l’intérieur même du concept d’expression : Au sens linguistique strict et Extériorisation
d’un certain vécu psychique.
On pourrait penser que ces mots extériorisent une pensée psychique mais ce n’est pas
nécessairement le cas
§5 : Il y a un vécu expressif là où le discours et le vécu s’interpénètrent de la façon la plus
parfaite afin qu’on ne puisse plus les séparer l’un de l’autre
La question de l’unité phénoménale avec les vécus extériorisés permet de faire la distinction entre
une forme d’extériorisation et de l’expression au sens strict.

Page 18 sur 25
Pour le phénoménologue, il manque dans l’extériorisation la présupposition d’une intention.
Dans l’expression de signification au sens strict justement, il y a une unité phénoménale entre
le vécu extériorisé (ce que je dis) et ce qui est pensé et cette unité phénoménale est l’effet de
l’intention, c’est en elle que se manifeste l’unité.
L’intention est aussi bien pour les autres que pour soi-même. L’expression ne se caractérise pas
principalement dans son rapport à autrui.
Une extériorisation n’est pas une signification au sens fort. La signification se présente là où il
y a expression au sens restreint, il faut d’abord mettre à l’écart les signes indicatifs et il ne
faut pas non plus voir les signes dans un sens expressif psychique (extérioriser les vécus dans
une forme indépendante d’eux-mêmes, de leur profération), il faut montrer unité intime entre
l’accomplissement de la pensée et son expression linguistique
Lapsus chez Freud (≠ celui pensé par Husserl) : On croit exprimer quelque chose en utilisant un
autre mot. Utiliser suite de mots non pas comme expression du vécu de la pensée mais comme la
manifestation de certains phénomènes psychiques.
La signification est dans l’expression au sens où celle-ci ne se réduit pas à un usage indicatif
du signe et ne pourrait pas être interprétée. La signification désactive l’interprétation tant
l’expression est bien définie. Je n’ai pas besoin d’interpréter mes propres mots pour
comprendre ce que je pense, l’auditeur du discours n’a pas besoin d’interpréter pour avoir
une compréhension de ce qu’il pense, dit, désactive la Deutung, l’interprétation. La
signification ne se laisse pas interpréter.

Page 19 sur 25
Cours Mardi 24 novembre 2020

Première Recherche Logique : Le modèle expressif que Husserl développe (celui de l’expression de
signification) dans lequel cette expression est réfractaire à l’herméneutique. §5 Husserl insiste sur le
fait qu’elle donne accès et permet le sens. L’expression de signification permet de comprendre le
sens, la Deutung, sans besoin d’interprétation. Pour comprendre ces gestes, il faut les interpréter
(signes de colère permettent de voir le sens qu’ils sous-entendent, leurs intentions) mais pour ce qui
est des mots de l’expression de la signification (! pas tous les mots ! dans les lapsus, le sens est
caché et est soumis au travail d’interprétation), leur sens nous apparait directement, on n’a pas
besoin de les interpréter.
L’expression de signification, son intérêt d’être développé pour Husserl consiste à définir une
forme d’accès immédiat de la conscience à elle-même. Un des enjeux de la phénoménologie,
c’est de distinguer perception interne et perception externe (Brentano : Phénomènes psychiques
et phénomènes physiques, l’intentionnalité est étudiée par les phénomènes psychiques). Husserl
refuse de fonder la conscience sur un a priori divisant psychique et physique. La description des
vécus doit avoir un caractère psychique sur quelque chose de physique, Husserl prône la neutralité
en phénoménologie. En phénoménologie, la description s’établit suivant un régime de « neutralité
métaphysique » (Introduction des RL). Le pari de Husserl réussit si et seulement si il est possible de
fonder l’expérience sur une forme de neutralité métaphysique, suppose donc de récuser l’opposition
perceptions interne/externe. C’est en ce sens que la phénoménologie peut se revendiquer comme
une manière d’interpréter le vécu en termes purement logiques (c'est-à-dire par une analyse
simplement du sens, de la signification comme rapport général à l’objet, sans opposition comme le
faisait Brentano).

Page 20 sur 25
Permet de penser modèle de transparence à soit qui rend la perception interne inutile. Ce point, on
le trouve à la fin du §7, § dans lequel Husserl va montrer que la distinction entre perceptions int/ext
peut se laisser saisir à partir du modèle de ?? (haut p.38/bas p.39)
S’exprimer dans un langage, c’est avoir une perception interne de son vécu psychique. La
théorie de la signification permet de prendre en charge les prérogatives qui étaient celles de la
psychologie.
Husserl insiste dans le §8 (§ très important, sur lequel Derrida centre ses critiques) : distinction
entre les expressions de manifestation et d’expression. Les expressions de signification font deux
choses : elles disent quelque chose et elles montrent quelque chose qu’elles ne disent pas.
Distinction donc entre dire et montrer ; signifier, ce n’est pas toujours dire et montrer tout à
la fois. On peut envisager une expression de signification exprime quelque chose sans manifester
une chose. Le sens, c’est ce que l’on ne peut jamais observer dans sa pureté aussi bien que dans la
vie solitaire de l’âme avec elle-même (fin page 40 « Devons nous… »). Mes mots portent-ils cette
valeur d’indice de mes propres vécus psychiques ? NOPE. Quand on entend un discours que l’on
exprime pas nous-mêmes et qui n’a pas de rapport à notre propre vécu, c’est une réelle différence
par rapport à notre propre expression, de se saisir comme sujet parlant (dans un discours solitaire
aussi, chez le psychiatre, quand on se dit à soi-même qu’on a mal agit,…).
Les actes dont nos mots seraient les indicateurs, la perspective est déconnectée, non nécessaire. Ce
vécu de l’acte expressif nous empêche de trouver du sens dans ??

Page 21 sur 25
On a dans le monologue intérieur le modèle d’expressivité qui permet à la signification de
fonctionner dans sa pureté sans renvoi vers un vécu psychique dont nos mots seraient les
indicateurs.

§9 : Rapport à l’objet => Par rapport à la signification, au phénomène physique (dimension


physique du phénomène de l’expression) et les actes donateurs de sens. Le lieu d’apparition
du sens, ça n’est pas la profération du discours mais un acte de signification. Matrice de la
forme d’intentionnalité sous-tendue par le vécu psychique. Lieu de constitution du sens :
phénomène physique de la signification, parole, et les actes donateurs de sens (ceux qui
constituent la signification, définissent le modèle ultime d’une intention). Le modèle de
relation à l’objet qui se fonde sur la signification peut être donné ou pas (forme de binarité
fondamentale)
P. 42 (fin fin) - 43 : L’expression sous-tend le rapport à l’objet. Il y a une référence à l’objet pourvue
que cette référence soit réalisée, c'est-à-dire impliquée dans la simple intention de signification. On
peut avoir deux types de rapport à l’objet (présentation à l’objet ET modalité significative, par sa
simple visée). Intention de signification VS Acte qui remplit la signification. Ce n’est pas une
simple juxtaposition, succession, superposition, substitution,… C’est un rapport de
remplissement qui a un rôle fondamental permettant de penser la fusion entre intuition et
signification. Cette binarité montre la fondamentalité de tout ça. L’acte d’intuition apporte la
plénitude que la signification seule ne peut pas faire. L’acte d’intuition la remplit, lui donne

Page 22 sur 25
chair, la présentifie dans l’imagination. (concepts fondamentaux de la nouvelle phénoménologie
husserlienne)
Intuition sensible, c’est le cas où ce qui est visé est ce qui est remplit comme si l’un précédait
l’autre (wut ???)

TROU

La vie déploie toujours ses formes comme différentes façons de se comprendre elle-même
Généralisation d’une notion d’interprétation
Vérité et méthode, Gadamer, p. 20 : « Comprendre et interpréter correctement ce qui est compris, ce
phénomène […] » Il ne faut pas comprendre l’interprétation de l’homme comme affaire d’une
science localisée mais bel et bien la source originelle de l’interprétation, forme générale de rapport
au monde.
Signification = lieu de déploiement de la conscience, la détache donc d’une forme de psychologie.
On touche un point important qui permet de penser articulation entre phénoménologie et
herméneutique à partir d’une théorie de la signification
La phénoménologie se réinterprètera à travers la signification
Analyse de la fonction de remplissement et maintien de l’écart entre signification et intuition
(déploiement de l’intentionnalité de la conscience) , tension à conserver pour faire voir le sens

Page 23 sur 25
Que peut remplir l’intuition ? La signification vise un tas de choses que l’intuition ne peut lui
apporter (si je me demande si mon verre d’eau est à droite de ma carafe, l’intuition peut répondre à
ce que je vois mais incapable de dire si c’est à droite de quelque chose)
TROU (la dernière heure parce que beaucoup dépassement)

Liaison pensée et actes de langage nécessaire, jugements appartenant à la « sphère intellectuelle


supérieure » ne peuvent s’exprimer sans l’utilisation du langage
« Les objets vers lesquels s’oriente la recherche de la logique pure » sont enrobés dans des « vécus
psychiques concrets qui dans leur fonction de signification [Bedeutung] ou de remplissent de
signification [Bedeutungserfüllung] […] relèvent de certaines expressions linguistiques et forment
avec elles une unité phénoménologique ».
C’est le jugement logique (signification identique de l’énoncé) et non psychique qui intéresse tout
d’abord le pur logicien

Page 24 sur 25
Page 25 sur 25

Vous aimerez peut-être aussi