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2023 06:15
Philosophiques
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RÉSUMÉ. Cet article est une réflexion sur le rapport entre deux
courants de la philosophie classique, l'idéalisme postkantien et
le spiritualisme venu de Descartes, tels qu'ils se rencontrèrent
dans l'oeuvre de J. Lachelier. Il étudie pourquoi on attendit du
postkantisme qu'il apportât une évidence affermie aux propo-
sitions du spiritualisme, lors même que la critique kantienne
eut mis en crise la méthode qui les justifiait rationnellement,
et bien qu'on dût laisser hors du système nouveau des idées aussi
importantes que celles de la survie et du Dieu transcendant,
lesquelles étaient renvoyées à la croyance religieuse. L'analyse
menée ici du concept d'idéalisme invite cependant à juger que,
même affirmées comme croyances, ces idées ne pouvaient être
que résolutoires pour un système qui commence par la négation
d'un au-delà de la pensée.
Une première rédaction de cet article a déjà paru dans la revue Carrefour, Ottawa, décembre
1982, pp. 3-23.
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4. Cours de logique, leçon XV. Les Cours de Lachelier, recueillis par des étudiants, furent
donnés de 1864 à 1885 à l'École normale supérieure de Paris, et sont conservés manuscrits
à la Bibliothèque de l'Université de Paris.
5. Critique de la raison pure, trad. A. Tremesaygues et B. Pacaud, P.U.F., 1965, p. 449-
6. À Ravaisson, 15 août 1868, Lettres, p. 58.
7. Cours de théodicée, introduction.
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d'autant que les phénomènes, ou plutôt les corps, eux aussi créés
par Dieu, dans l'extension d'un même concept d'être, et qui
s'ils n'étaient que déterminations du cogito substantiel n'exis-
teraient pas vraiment, les corps seront forcément extérieurs à la
connaissance, maintenant « reconnaissance d'une réalité don-
née ». Si Dieu crée le monde « dans son fond », « par une
affirmation efficace et productrice de réalité », sans doute il ne
se peut plus que l'affirmation nôtre, au sein de la pensée uni-
verselle, constitue « l'acte créateur lui-même, absolument effi-
cace en même temps que purement idéal » 2 . Il ne faudra pas
répéter que la nature est « complète en elle-même » et que
« l'au-delà et à son égard comme s'il n'était pas » 43 . La pensée
devant l'en-soi n'était plus qu'idée. Devant le Dieu créateur,
cette idée même se détruit.
42. À Frédéric Rauh, 19 mars 1893, Lettres, p. 155, cité plus haut.
43. S.F.P., 19 novembre 1908, ŒUVRES, II, p. 164.
L'IDÉALISME EST-IL SPIRITUALITE ? 71