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Livre des morts des

Anciens Égyptiens
ancien texte égyptien

Le Livre des morts des anciens Égyptiens a pour véritable titre, à l'époque de l'Égypte antique, Livre pour
sortir au jour. Le « jour » en question est celui des vivants, mais aussi de tout principe lumineux
s'opposant aux ténèbres, à l'oubli, à l'anéantissement et à la mort. Dans cette perspective, le défunt
égyptien cherche à voyager dans la barque du dieu soleil Rê et à traverser le royaume d'Osiris (version
nocturne du Soleil diurne en cours de régénération).
Livre des morts des Anciens Égyptiens

Papyrus d'Ani, vers 1200 avant notre ère (Nouvel Empire)

Auteur Thot (mythique)

Pays Égypte antique

Genre littérature funéraire


Version originale
Langue Égyptien ancien

Titre Sortir au jour

R(ȝ) n(y) pr.t m hrw

Lieu de parution Égypte

Date de parution Entre 1700 avant notre ère et 63 de notre ère


Version française
Traducteur Paul Barguet, Guy Rachet, Claude Carrier, etc.
Chronologie

Textes des sarcophages Livre des respirations

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Il s'agit de rouleaux de papyrus, recouverts de formules funéraires, placés à proximité de la momie ou


contre celle-ci, dans les bandelettes. Ces différents exemplaires du Livre des Morts ne sont pas tous
identiques, car le bénéficiaire choisit les formules qui lui conviennent, probablement en fonction de ce
qu'il peut s'offrir car ces manuscrits représentent un investissement non négligeable. Certains peuvent
donc être courts, alors que d'autres reproduisent l'ensemble, ou presque, du corpus.

En 1842, l'égyptologue allemand Karl Richard Lepsius appela Todtenbuch (Livre des morts) un papyrus
conservé au Musée égyptologique de Turin et dont il a effectué une première traduction. Ce nom est
ensuite resté bien que dans la littérature égyptologique moderne on rencontre souvent la juxtaposition
des deux titres, à savoir « Livre des Morts - Sortir au jour ».
Philologie égyptienne

Article connexe : Philologie.

Premiers fac-similés

En 1805, soit quatre années après la campagne d'Égypte (1798-1801), est publié à Paris le premier fac-
similé d'un exemplaire du Livre des morts. Il s'agit du Papyrus Cadet qui fut exécuté pour l'Égyptien
Padiamonnebnésouttaouy durant l'époque ptolémaïque[a 1]. Par la suite, ce fac-similé figure avec d'autres
dans le deuxième volume de la monumentale Description de l'Égypte[b 1]. Cette œuvre est le compte-rendu
scientifique de l'expédition française et fut publiée entre 1809 et 1828.

Traductions

Karl Richard Lepsius, premier traducteur du Livre des Morts.

En 1842 est publiée la première traduction du Livre des morts en une langue contemporaine. Cette édition
en langue allemande est le fruit du travail de l'égyptologue allemand Karl Richard Lepsius. Sa traduction
se base sur le Papyrus de Iouef-Ânkh, daté de l'époque ptolémaïque et conservé au Musée égyptologique
de Turin. Lepsius divisa ce papyrus, un des plus complets qui soit, en 165 chapitres numérotés (un
chapitre pour chacune de ses différentes formules magiques). Pour des raisons pratiques, cette
numérotation, même si elle est arbitraire, est toujours d'actualité dans le milieu de la philologie
égyptienne[a 2].

En 1881, le hollandais Willem Pleyte publia neuf chapitres supplémentaires (166 à 174)[1] mais qui ne
furent pas retenus en 1886 par le suisse Henri Édouard Naville. Ce dernier fit connaître ses propres
chapitres supplémentaires (166 à 186) basés sur différents papyrus du Nouvel Empire[2].
En 1898, l'anglais sir E. A. Wallis Budge publia sa traduction basée sur des papyrus remontant de la
XVIIIe dynastie jusqu'à l'époque ptolémaïque. Son édition est augmentée par les chapitres 187 à 190 tiré
du Papyrus de Nou conservé au British Museum de Londres[3].

Plus près de nous, le travail de l'américain Thomas George Allen est livré en 1960 en une traduction en
langue anglaise augmentée par les deux chapitres 191 et 192[4].

Éditions francophones

Dès 1882, l'égyptologue Paul Pierret donne une traduction « complète » du Livre des morts d'après le
papyrus de Turin et les manuscrits du Louvre où il est conservateur.

En 1967, l'ensemble de 192 chapitres est traduit en français par le professeur Paul Barguet. En 1996,
l'archéologue et historien Guy Rachet traduit et commente pour le grand public francophone les soixante-
sept chapitres du Livre des morts du papyrus d'Ani, un exemplaire conservé au British Museum[5]. On peut
aussi signaler la traduction française complète avec translittération de Claude Carrier éditée en 2009[6].

Historique

Textes précurseurs

Textes des pyramides

La pyramide à texte du roi Ounas.

Le Livre des morts tire ses origines dans une longue tradition scripturale que l'on peut faire remonter
jusqu'à l'Ancien Empire ; les premiers textes funéraires étant les Textes des pyramides[e 1]. La première
pyramide à textes d'Égypte est celle du roi Ounas de la Ve dynastie (vers 2353 avant notre ère). Ses
successeurs de la VIe dynastie tels les souverains Pépi Ier, Mérenrê Ier ou Pépi II ont eux aussi fait figurer
ces textes sur les murs de leurs complexes funéraires. Cette pratique est d'abord exclusivement réservée
au roi mais à partir de la VIe dynastie, ce privilège s'étend aux épouses royales. Bon nombre de
hiéroglyphes des textes des pyramides représentent des êtres vivants (humains, reptiles, oiseaux). Ceux
qui sont considérés comme nuisibles et dangereux sont alors représentés mutilés ou entravés pour qu'ils
ne puissent pas s'en prendre magiquement au roi[e 2]. Élaborés ou au moins recomposés par les prêtres
d'Héliopolis, la capitale du dieu soleil, les textes des pyramides ont pour sujet majeur l'élévation du
souverain défunt vers son père mythique, le dieu solaire Rê[e 3]. À cette époque, la vie après la mort se
déroule au ciel dans la compagnie du soleil. Mais aussi avec les étoiles qui sont considérées comme des
entités impérissables. Plus tard au Nouvel Empire, le livre des morts situera toujours le monde de l'au-delà
au ciel mais aussi sous terre[h 1].

Textes des sarcophages

Sarcophage avec une figuration du livre des deux chemins.

Le pouvoir royal perd son prestige lorsque l'Ancien Empire sombre dans l'anarchie de la Première Période
intermédiaire. Les textes des pyramides cessent d'être réservés aux seuls membres de la famille royale et
sont récupérés par des notables locaux de haut rang[e 4]. Durant le Moyen Empire émergent ce que les
égyptologues dénomment les textes des sarcophages (ou textes des cercueils). Dans la majorité des cas
les supports de ces textes sont les façades intérieures des sarcophages, d'où leur appellation moderne[7].
Bon nombre de passages des textes des pyramides se retrouvent peints, de la IXe dynastie
héracléopolitaine à la XVIIe dynastie thébaine, sur les sarcophages des notables de Moyenne-Égypte.
Cependant le corpus des textes des sarcophages est considérablement enrichi par des chapitres issus de
traditions funéraires autres que celles de la royauté. Le dieu Osiris prend plus d'importance ainsi que la
lutte mythique entre Seth et Horus[e 5]. À Deir el-Bersha, près de la ville d'Hermopolis, une poignée de
cercueils font figurer sur leur fond des illustrations qui représentent la carte de l'au-delà, dite du Livre des
deux chemins. Cette figuration cartographique est à rapprocher de celle de la formule 110 du livre des
morts où le défunt laboure des champs entourés de cours d'eau[e 6]. Les textes des sarcophages
apparaissant sur le mobilier funéraire de nombreux particuliers, ils participent à ce que certains
égyptologues appellent la démocratisation ou la démotisation des textes des pyramides[8].
Formation du recueil

Premiers temps du livre des morts

Les premiers développements du livre des morts sont à situer aux débuts de la Deuxième Période
intermédiaire. À cette époque, l'essentiel du contenu de la formule 17 est fixé. Quant à la formule 64, sa
version courte et longue figuraient sur le sarcophage aujourd'hui disparu de la reine Montouhotep de la
XIIIe dynastie. À la XVIIIe dynastie, on commence à écrire les formules magiques et funéraires sur des
rouleaux de papyrus sans doute par manque de place sur les cercueils ; les sarcophages prenant la forme
du corps de la momie. Auparavant, au Moyen Empire, les cercueils ressemblaient à des boites. La surface
d'inscription était donc plus importante[e 7].

Époque d'utilisation

Aucun exemplaire du livre des morts ne contient toutes les formules connues et recensées par les
philologues des anciennes langues égyptiennes. Les exemplaires les plus complets sont tardifs (dynastie
des Ptolémées) tel le papyrus de Turin étudié par Karl Richard Lepsius. Cet exemplaire aligne
165 formules sur les 192 recensées. Le livre des morts est un ensemble de textes très hétéroclite. Ce
recueil s'est formé à l'époque du Nouvel Empire durant les règnes des premiers rois de la XVIIIe dynastie,
vers -1550[a 3]. Un des plus anciens exemplaires connus est le papyrus de Iouya et date du règne
d'Amenhotep III, aujourd'hui conservé au Musée égyptien du Caire[i 1]. Le papyrus de Pamonthès est
l'exemplaire le plus récent. Conservé à la Bibliothèque nationale de France à Paris, il est daté de la dixième
année du règne de l'empereur romain Néron (an 63 du calendrier chrétien)[9]. Ce corpus de textes
funéraires fut donc en usage en Égypte durant plus de seize siècles.

Recension thébaine

Les égyptologues désignent par « recension thébaine » les exemplaires du livre des morts qui ont été
exécutés durant la période allant de la XVIIIe à la XXVe dynastie. Durant ce laps de temps la ville de
Thèbes est la capitale du pays. Le corpus semble être une vaste compilation de formules ; ces dernières
se suivant sans un réel ordre apparent. Toutefois dès cette époque les scribes tentent une logique
d'organisation car certains papyrus de la XVIIIe dynastie montrent un ordre dans l’enchaînement de
quelques formules[ce 1]. Dans cette recension les illustrations sont souvent de très grande qualité mais la
copie du texte laisse souvent à désirer par la faute du scribe (négligence ou ignorance de la langue). Les
plus anciens exemplaires ne contiennent que peu de formules sur les cent-cinquante alors utilisées ;
quarante pour le papyrus de Iouya ou trente-trois pour le papyrus de Kha daté du règne d'Amenhotep III.
Les chapitres 1, 17 et 64 sont parmi les formules les plus prisées du fait de leur caractère général et
introductif[a 4].

Recension saïte

La « recension saïte » désigne les exemplaires datés de la période allant de la XXVIe dynastie jusqu'aux
années de l'occupation romaine. Cette période voit la décadence de la ville de Thèbes et les dynastes de
la ville de Saïs tirent leur épingle du jeu. C’est à cette époque que se codifie le corpus du livre des morts.
D'un papyrus à l'autre, l'ordre de succession des formules semble fixé et organisé. Mais tous les livres des
morts ne sont pas identiques et des variantes ont été décelées. L'ordre des formules et l'emplacement des
illustrations répondent à des traditions locales[ce 2].

À Memphis, l'ordre est à peu près régulier et suit la progression mise au jour par Karl Richard Lepsius
(chap.1 à 165). Toutefois des omissions existent ainsi que des déplacements aléatoires. On peut aussi
noter l'absence systématique des trois dernières formules (chap. 163, 164, 165) vers le début de la
période ptolémaïque[ce 3].

À Thèbes, l'organisation des formules diverge fortement. Lorsque règnent les derniers pharaons égyptiens
(XXXe dynastie), le chapitre 64 se retrouve entre les chapitres 30 et 31, le chapitre 140 est entre les
chapitres 136 et 137, le chapitre 139 est absent et le chapitre 162 suit le 165 pour clore le livre. Mais vers
le iie siècle avant notre ère, l'enchaînement thébain se rapproche de celui de Memphis[ce 4].

Il a aussi été remarqué une tradition issue de la ville d'Akhmîm caractérisée par une écriture
hiéroglyphique rétrograde. De plus il semble aussi que cette cité ait possédé plusieurs centres
d'élaborations (au moins trois) ; chacun ayant ses propres sous-traditions[ce 5].

Présentation

Supports

Papyrus

Gros plan sur la texture d'une feuille de papyrus.

Contrairement aux textes des pyramides, réservés aux seuls souverains de l'Ancien Empire, le livre des
morts est au Nouvel Empire destiné à une population plus large. Ses différents chapitres ou formules ont
donc été inscrits sur des supports nombreux et variés. Un nombre considérable d'exemplaires sur papyrus
ont été découverts dans des tombes de gens ayant appartenu à la classe moyenne (prêtres, scribes,
militaires). Enroulés et scellés, les exemplaires sur papyrus furent ensuite posés sur les sarcophages.
Parfois, ils furent mis à l'abri dans des boites en bois. On a aussi retrouvé des formules inscrites sur des
parois de tombes pour des rois et des notables, sur des sarcophages ou sur des linges funéraires[a 5].
Amenhotep II est le seul roi connu qui a disposé d'un papyrus doté de ces formules et enroulé dans une
statuette le représentant. Cependant bon nombre de grandes personnalités se sont dotées de ces textes
sur papyrus tel Ouseramon, ministre de Hatchepsout et de Thoutmôsis III[ca 1]. Le papyrus Greenfield avec
ses trente-sept mètres est le plus long exemplaire actuellement connu[e 8]. Il fut exécuté pour la princesse
Nesytanebetisherou, fille de Pinedjem II durant la XXIe dynastie ; il est depuis 1910 conservé par le British
Museum de Londres[10]. Mais parmi les plus belles réalisations sur ce support, on peut signaler le papyrus
d'Ani (et de sa femme Thouthou) des XVIIIe ou XIXe dynastie[11]. Mesurant 23,60 mètres de long sur
39 centimètres de large, cet exemplaire est orné par de remarquables illustrations polychromes. Depuis
1888, il est lui aussi la propriété du British Museum[e 9].

Le Musée du Louvre à Paris conserve une centaine d'exemplaires du livre des morts de toutes les
époques. Parmi ces derniers on peut signaler le papyrus de Khonsoumès datant du Nouvel Empire[12] et le
Papyrus de Nebqed dressé sous le règne d'Amenhotep III[13].

Tissus et bandelettes

Le linceul entourant la dépouille de Thoutmôsis III comportait plusieurs formules du livre des morts.

Les formules du livre des morts ont aussi été recopiées sur les linceuls et les bandelettes du linge
funéraire des momies. Ces matériaux archéologiques, moins nombreux que les papyrus sont le plus
souvent monochromes et mal conservés. Cependant, quelques exemplaires montrent une qualité égale à
celle de certains papyrus[ca 2]. Pour des raisons de pureté religieuse, le seul tissu employé lors de la
momification est le lin. L'ornementation (texte et images) de ces pièces de tissu apparaît dans la région de
Thèbes, probablement lors des règnes de la XVIIe dynastie. On parle là de longs linceuls recouvrant
entièrement le corps du défunt. Le plus ancien a été retrouvé dans une tombe rudimentaire située à
Cheikh Abd el-Gournah où une représentation d'une barque funéraire est accompagnée des chapitres 66,
67 et 170. Quant au linceul du roi Thoutmôsis III, il mesurait à l'origine cinq mètres de long et entourait par
trois fois la dépouille royale. Une vingtaine de chapitres du livre des morts y sont inscrits avec les litanies
de Rê et deux formules des textes des pyramides[ca 3]. Outre ces larges linceuls, on retrouve aussi dès la
XVIIIe dynastie des extraits du livre des morts sur des bandelettes ou sur des étoffes destinées à
l'emmaillotage des momies royales[ca 4]. Mais c'est surtout à la Basse époque (entre le ive siècle et le
iie siècle avant notre ère) que cet usage est plus largement étendu[ca 5].

À Paris, le Musée du Louvre conserve quelques exemplaires du livre des morts inscrits sur du linge
funéraire. La salle 17 de l'aile Sully expose ainsi des bandelettes datées approximativement des iiie -
iie siècle avant notre ère (Égypte ptolémaïque) de la momie de Abérouaï[14] et de la momie de Ounnefer[15].

Composition

Texte et écritures

Majoritairement écrits sur des feuilles de papyrus, les différents exemplaires du livre des morts sont
généralement rédigés en écriture hiéroglyphique linéaire (ou cursive)[i 2]. Cette écriture présente une
simplification des hiéroglyphes mais les caractères gardent entièrement leur valeur figurative. Le corps du
texte est tracé au calame avec de l'encre noire (parfois blanche) en colonnes verticales délimitées par des
lignes noires. Le tracé des hiéroglyphes est particulièrement soigné lors des XIXe et XXe dynastie[e 10].
L'encre rouge est utilisée pour les titres, les passages les plus importants, ou pour écrire le nom des
dieux[a 6]. À partir de la XXIe dynastie, l'écriture la plus fréquente est le hiératique[i 3]. Le texte se dispose
sur des lignes horizontales et les différentes formules sont séparées par des double-traits. Cette seconde
écriture présente un niveau supplémentaire de simplification et donc de rapidité d'exécution[i 4]. Les
caractères s'éloignent de la représentation figurative et deviennent des signes arbitraires à l'instar d'un
alphabet. Durant l'occupation romaine on rencontre aussi des exemplaires rédigés en écriture
démotique[i 5]. Cette cursive est un dérivé du hiératique et présente un niveau supplémentaire de
simplification des caractères[i 6].
Écriture hiéroglyphe linéaire du livre des morts de Nany, vers -1040/-945 (XXIe dynastie). Metropolitan
Museum of Art de New York.

Exemple d'écriture hiéroglyphique linéaire avec ses alternances d'encre noire et rouge. (Musée égyptologique
de Turin).

Écriture hiératique du livre des morts du roi Pinedjem II, vers -990/-969 (XXIe dynastie) British Museum de
Londres.

Illustrations

Bien avant les miniatures des bibles du Moyen Âge européen, les exemplaires du livre des morts laissent
voir une succession d'illustrations. D'ailleurs, avant que Jean-François Champollion ne déchiffre les
hiéroglyphes, le milieu scientifique qualifiait fréquemment ce recueil de formules magique de Bible des
anciens Égyptiens[e 11]. Les images, aussi appelées vignettes dans le milieu égyptologique, sont placées
au-dessus du texte ; certaines occupent même toute la hauteur du papyrus. Elles montrent le défunt face
aux êtres de l'au-delà[a 7]. Il est à signaler que certains exemplaires sont totalement dépourvus de texte et
se résument à une série de représentations comme le papyrus de Nespakachouty (XXIe dynastie) conservé
au Musée du Louvre[16].

La période la plus fastueuse est le Nouvel Empire. Sous la XVIIIe dynastie les dessins sont tracés à l'encre
noire comme pour le texte. Toutes les couleurs apparaissent sous la XIXe dynastie ; blanc, rouge, vert,
ocre, noir, etc.[e 12]. Les illustrations des livres des morts de la « recension saïte » continuent d'utiliser les
couleurs. Cependant la plupart des exemplaires montrent un dessin plus simple et plus stylisé tracé à
l'encre noire avec de fins calames[f 1]. Dans les papyrus tardifs la couleur devient rare mais le rouge peut
servir à figurer des éléments comme le soleil, le cœur et le feu[f 2].

La vignette la plus célèbre représente le jugement du trépassé - ou pesée du cœur - dans le tribunal
d'Osiris (Formules 30 et 125). Sur une balance à deux plateaux on compare le poids du cœur du défunt,
représentant sa conscience, et celui de la plume de la déesse Maât, déesse de la vérité et de la justice. À
proximité de la balance, un monstre hybride à tête de crocodile, à corps et pattes avant de lion et à
l'arrière-train et pattes arrière d'hippopotame, la « Dévoreuse », attend le verdict[h 2]…

Scène de la pesée du cœur du papyrus de Sésostris (XVIIIe dynastie). Papyrusmuseum de Vienne (Autriche).

Vignette de la formule 30 du papyrus d'Hounefer (XIXe dynastie). British Museum.


Vignettes des formules 162, 164 et 165 au tracé stylisé. British Museum.

Résumé du recueil

Dans sa traduction de 1967, Paul Barguet (professeur en épigraphie égyptienne à l'école du Louvre) s'est
livré à une étude exégétique des 192 formules de la « recension saïte » du livre des morts et a tenté de
donner un sens à la succession des différentes formules. Selon lui, l'ensemble du texte est divisé en
quatre grandes parties inaugurées par les formules 1, 17, 64 et 130. Cette division est généralement
reprise par les différents commentateurs modernes de ce recueil magico-funéraire[e 13],[i 7],[17].

La marche vers la nécropole

La première partie regroupe les formules 1 à 16. Le cortège funéraire marche vers la nécropole et le
défunt momifié arrive dans le monde de l'au-delà. La momie descend dans le tombeau et vers la Douât
comme le précise le titre de la formule 1A/B [a 8]. Le nouvel arrivant désire toutefois échapper aux corvées
de ce monde souterrain et charge les ouchebtis de le faire à sa place (formule 5 et 6)[a 9]. Il veut échapper
au terrible serpent Apophis, symbole du chaos primitif (formule 7)[a 10] et cherche les bonnes grâces de
l'Oudjat, l'œil d'Horus[a 11]. Désirant être libre de ses mouvements, les chemins lui sont ouverts pour entrer
et sortir de l'Occident (formules 11 à 13)[a 12]. Sa piété envers le maître de l'univers s'exprime dans la
formule 15 constituée par des hymnes et des louanges à Atoum-Rê[a 13]. Le chapitre 16 est une vignette
sans texte mais elle synthétise tel un schéma théologique les croyances égyptiennes de la marche de
l'astre solaire. L'illustration du papyrus d'Ani montre le soleil, acclamé par des babouins, se hisser hors du
monde souterrain d'Osiris. Cette dernière divinité, placée sous la protection d'Isis et de Nephtys, est
représentée sous la forme d'un assemblage anthropomorphe constitué par un pilier Djed et par un signe
Ânkh[18].
Papyrus d'Ani ; La momie sur un traîneau funéraire arrive dans la nécropole (chapitre 1).

Papyrus d'Ani ; Rite de l'Ouverture de la bouche devant la tombe (suite du chapitre 1).

Papyrus d'Ani ; Le renouveau solaire (chapitre 16).

La renaissance

Dans la deuxième partie, le défunt proclame sa renaissance mais aussi son pouvoir sur les éléments de
l'univers ainsi que sur tous ses ennemis potentiels. La formule 17 inaugure cette partie. Le corps du texte
consiste en une identification du défunt au dieu créateur Atoum lorsque ce dernier se hisse en dehors du
chaos primordial. Le texte est cependant surchargé par un nombre important de gloses théologiques
issues des traditions d'Héracléopolis et d'Héliopolis[e 14]. Les formules 18 à 20 ont pour thème la
naissance de l'astre solaire et de sa victoire sur les forces hostiles[a 14]. Avec les formules 21 à 23, le
défunt bénéficie des rites de l'ouverture de la bouche pour qu'il puisse à nouveau s'exprimer[a 15] et utiliser
sa force magique (formule 24)[a 16]. Le défunt retrouve son nom (ren) et donc sa personnalité[a 17] mais
aussi son cœur qui doit témoigner en sa faveur devant les juges divins (formules 26 à 30)[a 18].
S’enchaînent ensuite des formules qui assurent au défunt sa victoire contre des ennemis (crocodiles,
insectes ou reptiles)[a 19]. Invincible, il siège sur le trône du Maître des dieux (formule 47)[a 20], dispose
d'une bonne nourriture[a 21], respire du vent frais[a 22] et se désaltère à l'ombre du sycomore de Nout[a 23]
(formules 54 à 63).

La transfiguration

Dans cette troisième partie, la sortie au jour devient une réalité. La formule 64, très difficile à traduire et à
comprendre, présente la transfiguration du défunt. Il s'identifie à Rê, le dieu soleil, et à Osiris mais garde
son individualité propre[a 24]. La magie de cette formule permet à l'âme-ba de sortir au jour tout comme les
formules 65 et 66[a 25]. La porte de la tombe s'ouvre (formule 67)[a 26] et tel Osiris, le défunt se redresse et
s'éveille à nouveau à la vie (formules 68 à 71)[a 27]. Il sort du monde souterrain et se rend à Héliopolis, la
ville sainte du dieu Rê (formules 72 à 75)[a 28]. Les formules des transformations (chap. 76 à 88)
permettent au défunt de prendre les formes du dieu solaire lors de sa course quotidienne[a 29]. Mais le
défunt ne veut pas être séparé de son âme-ba et de son ombre-shout car ils risquent d'être massacrés
(formules 89 à 92)[a 30]. Tel Rê, le défunt se dirige d'est en ouest (formule 93)[a 31] sous la protection de
Thot (formules 94 à 96)[a 32]. Le défunt après avoir prouvé ses connaissances magiques au nocher[a 33] de
la barque du ciel (formules 98-99) monte dans cette dernière (formules 100 à 102)[a 34]. Auprès de la
céleste déesse-mère Hathor (formule 103) et en la compagnie des autres grands dieux (formule 104)[a 35]
le défunt a rejoint son Ka (temps de vie) et profite des offrandes de nourritures (formules 105 et 106)[a 36].
Le défunt connaît et approche les âmes divines qui résident dans différentes villes saintes (formules 107-
116)[a 37] et séjourne dans des champs paradisiaques (formule 110)[a 38]. Il s'engage alors le monde
inférieur sur les chemins de Ro-Sétaou (formules 117 à 129)[a 39] pour paraître devant le tribunal d'Osiris
(formule 125) afin d'y être jugé exempt de péchés ; reconnu pûr par ses juges, il est un juste de voix[a 40].

Le monde souterrain

La quatrième partie du livre des morts peut se diviser en deux sections. La première regroupe les formules
130 à 140[a 41]. Les formules 130 à 136 ne sont que des variantes d'une formule qui figure déjà dans le
livre des deux chemins[a 42]. Le défunt s'y identifie à Rê et voyage dans la barque solaire. Les formules
137A et B accordent au défunt une protection au moyen de quatre flambeaux qui représentent les quatre
enfants d'Horus[a 43]. Leur lumière est celle de l'œil d'Horus à qui le défunt rend grâce (formule 140)[a 44].
La deuxième section traite de la géographie de l'au-delà (formules 141 à 162). Le défunt connaît le nom
des dieux (formule 141)[a 45] et en particulier ceux d'Osiris. Dans la formule 142, il énumère plus d'une
centaine d'épithètes concernant cette dernière divinité[a 46]. Par la suite, le défunt prouve qu'il connaît
aussi les noms des portes, portails et buttes qui mènent au royaume d'Osiris ainsi que de leurs gardiens
(formules 144 à 150)[a 47]. La formule 151 A et B est une protection pour la tombe et pour le masque
funéraire[a 48] et les formules 154 à 162 servent à renforcer le pouvoir magique des diverses amulettes
disposées sur la momie[a 49].

Les formules 163 à 192 sont des formules supplémentaires difficiles à classer mais elles servent à rendre
hommage aux dieux Rê, Amon et Osiris[a 50]. La plus digne d'intérêt est la formule 175 car elle nous livre
une des rares mentions connues de la fin des temps laissée par la civilisation de l'Égypte antique[a 51],[19].

Auteurs

Thot ou l'auteur mythique

Le dieu Thot est l'auteur mythique des formules magiques du livre des morts.

Chaque fois qu’un défunt récite une formule il en est théoriquement l’auteur puisqu’il la réactive au
moment de la prononciation. Mais les formules du Livre des Morts ont bien été rédigées une toute
première fois. Les prêtres égyptiens ont identifié cet auteur premier. Dans leur esprit il s'agit d'une divinité,
non nommée expressément, mais originaire d’Hermopolis. Il semble alors qu’il s’agisse du dieu Thot.
Cette paternité première est rarement signalée dans le Livre des Morts mais elle existe dans les rubriques
des formules 30B, 64, 137A et 148[d 1]. La puissance magique de la formule est renforcée par son
antiquité. Sa qualité est certifiée par le nom du prince Djédefhor, un fils de Khéops, qui selon la tradition
fut un sage et un fin lettré.

« Cette formule a été trouvée à Hermopolis sous les pieds de la majesté de ce dieu
auguste, (écrite) sur un bloc de quartzite de Haute Égypte, en un écrit du dieu lui-
même, au temps de la majesté du roi de Haute et Basse Égypte Mycérinus, juste de
voie, par le prince Djédefhor, qui le trouva quand il vint inspecter les temples. »
— Extrait de la formule 30B, traduction de Paul Barguet[a 52].
« Ce texte est transcrit conformément à ce qui a été trouvé en écrit (par) le prince
Djédefhor, qui le trouva dans un coffre secret, en un écrit du dieu lui-même, dans
le temple d'Ounout, maîtresse d'Ounou, quand il voyageait pour faire l'inspection
des temples, des villes et des buttes des dieux ; ce qui est récité est un secret de la
Douât, un mystère de la Douât, un mystère de l'empire des morts. »
— Extrait de la formule 137A, traduction de Paul Barguet[a 53].

Pour certifier la puissance magique de la formule 167 trouvée sous la tête d'une momie dans une vieille
sépulture, les scribes l'ont placée sous le patronage de deux célèbres sages du Nouvel Empire[a 54]. Il
s'agit de Khâemouaset, un fils de Ramsès II passionné par les anciens monuments et leurs textes ; et de
Amenhotep fils de Hapou. Ce dernier fut un scribe du temps d'Amenhotep III. Il fut divinisé après sa mort
et on lui attribua des guérisons miraculeuses.

Les scribes

Variantes

Statue d'un scribe

Les nombreuses variantes mises au jour par les philologues montrent que ces textes magiques, malgré
leur filiation divine, ont été modifiés maintes fois par les scribes. La réinterprétation d’une formule fut
donc de l’ordre du possible[d 2]. Trois raisons peuvent expliquer ce fait. Dans certains cas, comme pour les
formules 80 et 84, le texte est opaque. Des passages sont donc difficilement compréhensibles et
différentes lectures sont alors possibles. Le scribe incapable de trouver le sens premier modifie
légèrement le texte pour le rendre plus abordable. La deuxième raison est que des formules, la 77 par
exemple, ont été modifiées dans la volonté de les raccourcir. Et la troisième raison est que certaines
formules ont été reconstruites avec la combinaison de plusieurs passages d’origines diverses. C’est ainsi
que dans un papyrus les formules 83, 124 et 84 sont réassemblées sur ce mode[d 3]. Mais dans les trois
cas de figures, il s’agit moins d’une réécriture que d’une tentative de réflexion du scribe sur l’état de la
formule à son origine. Le but de la variante est d’affiner le dialogue avec les divinités et de rendre la
formule plus efficace. Cependant, certains papyrus contiennent des formules devenues
incompréhensibles. Donc même dans cet état elles continuaient à garder leur force magique dans l'au-
delà[d 4].

Versions fautives

Bon nombre d'exemplaires du Livre des Morts présentent des fautes d'orthographe ou des erreurs
causées par la méconnaissance du texte. Quand un scribe recopie un texte, il peut avoir sous les yeux un
modèle ou écrire sous la dictée[a 55]. Lors de la rédaction il lui arrive fréquemment de se tromper de signe
hiéroglyphique. Il peut aussi oublier un passage, ou au contraire copier un passage deux fois. Mais à
mesure de l'avancement du travail, le scribe se relit et se corrige. Avec plus ou moins de bonne volonté
selon les individus[f 3]. Dans le cas d'un oubli de signe ou d'un mot, le scribe note le manque entre deux
lignes d'écriture. Mais si le passage omis est trop long, le manque est signalé par un hiéroglyphe
particulier et la correction est inscrite au bas du papyrus[f 4]. On peut aussi voir des passages fautifs
barrés et remplacés ou non par les vrais mots. Les divergences de copies ont plusieurs principales
causes toutes liées au scribe : sa distraction, son médiocre niveau d'instruction, sa méconnaissance du
contenu du Livre des Morts ou ses mauvaises réinterprétations qui conduisent à des contresens[f 5].

Magie

Principe général

La magie est présente dans tous les textes funéraires égyptiens. Cet élément imprègne donc toutes les
formules du Livre des morts[d 5]. Dans les Textes des pyramides, le prêtre ritualiste tient une place
prépondérante. C’est à travers les paroles qu’il récite que les rois de l’Ancien Empire peuvent s’élever vers
l'au-delà. Dans les formules du Livre des Morts, les ritualistes du monde des vivants n’ont que peu de
place. L’essentiel de l’action magique a été transférée vers les défunts du monde de l’Au-delà[d 6]. Les
formules du Livre des Morts sont en effet rédigées de telle sorte qu’elles semblent être la propre création
du défunt. Au Nouvel Empire, ce ne sont plus les rituels des prêtres qui protègent magiquement le défunt ;
c’est le défunt qui se protège lui-même avec son propre rituel. Il est un magicien qui agit pour lui-même.
Son langage et ses paroles ont un pouvoir de persuasion et de création[d 7]. Lorsque le défunt prononce le
texte d’une formule, il active un large réseau d’analogies dont les éléments sont basés sur la mythologie
et la théologie d’une ou plusieurs divinités du panthéon égyptien[d 8].

Magie persuasive

Au cours de son voyage dans le monde souterrain, le défunt rencontre une multitude de divinités dont il se
doit d’attirer les bonnes grâces pour qu’elles lui soient favorables. Armé de son exemplaire du Livre des
Morts, le défunt sait toujours qui il rencontre et ce qu’il doit lui dire pour avoir un pouvoir magique sur
lui[d 9].
Magie créatrice

Dans certains chapitres (77, 81A, 83, 85, 87 ou 88 par exemple), le défunt ne parle à personne. Cette
absence d’auditeur s’explique par le fait que le défunt se trouve dans un contexte primordial. Il est comme
le dieu créateur avant que le monde ne soit organisé. Le défunt doit obligatoirement dire ces mots car
dans ce cas, il ne s’agit pas de communiquer avec des divinités déjà existante mais de créer l’univers par
la magie de la parole[d 10].

Mythologie funéraire

Dans le recueil du Livre des Morts, les Égyptiens ont fait cohabiter deux représentations de la mort. Elle y
est vue soit comme un ennemi à combattre juridiquement soit comme une mère bienfaitrice. Ces deux
aspects ne s'opposent pas mais se rejoignent en une seule thématique funéraire ; celle de la régénération
des défunts dans le monde de l'Au-delà.

Seth ou la Mort ennemie

Le mythe osirien

Osiris, le roi momifié

Articles connexes : Mythe d'Osiris, Osiris et Isis.

Dans la première représentation, la mort (cessation de la vie) est différenciée du mort (individu qui cesse
de vivre). Cette différenciation s'intègre dans le mythe osirien. Le mort est Osiris assassiné par Seth, la
mort. Ici, la mort n'est pas naturelle, c'est une violence et une injustice contraire à la Maât (ordre et vérité)
instituée par le dieu primordial et créateur. Seth (la mort) est donc dans son tort. Une action judiciaire et
un procès contre lui sont donc possible et même nécessaire. Le but étant de rétablir Osiris (le mort) dans
ses pleins droits. Isis, la sœur-épouse d'Osiris, pleure le défunt et reconstitue son corps déchiqueté. Le
cadavre par la momification est sauvegardé. De ce corps revivifié, Isis conçoit Horus, le fils et l'héritier de
la victime. Lors du procès, Seth est mis en déroute et Osiris est proclamé juste. Son règne dans le monde
souterrain commence tandis que son fils Horus lui succède parmi les vivants. Dans ce mythe Isis est la
réanimation et la continuité de la vie. Et Horus, c'est l'individu vivant ; à savoir la persistance de la vie sur
terre telle que le dieu créateur l'a instaurée.

Osiris sort finalement vainqueur de son combat contre Seth car son fils Horus a poursuivi la lutte. Malgré
sa victoire, Osiris est un roi mort. Il poursuit son existence retiré du monde des vivants. Sa royauté
s'exerce dans la Douât. C'est un lieu secret où son corps momifié est à l'abri d'une nouvelle attaque des
forces hostiles[g 1]

Le jugement du mort

Article connexe : Jugement de l'âme (Égypte antique).

Dans la formule 125 du Livre des Morts la thématique de la mort-coupable traînée devant un tribunal est
quelque peu modifiée. La base reste la même car le mort sort du tribunal victorieux. Il devient un Akh
glorieux. Il reste mort mais dans le royaume d'Osiris il conserve son identité et un rang social équivalent à
celui de son vivant. Cependant le mort n'est plus un plaignant mais un accusé qui doit prouver son
innocence. Son cœur est placé sur une balance, le contrepoids étant la Maât. Il doit, en outre, réciter une
longue liste de péchés qu'il est censé ne pas avoir commis. Celui qui ne passe pas cette épreuve est
dévoré par le monstre Ammout. Le défunt est cependant aidé par les dieux Horus, Anubis et Thot. Au
Nouvel Empire, la mort-ennemie c'est donc la culpabilité et le péché du défunt[g 2].

Scène issue du papyrus d'Hounefer montrant la pesée du cœur lors du jugement de l'âme.

Nout ou la Mort déesse-mère


La déesse du sycomore

Formules 58 et 59 du papyrus d'Ani

Au Moyen Empire, le cercueil et le sarcophage se couvrent de formules où Nout, la déesse du ciel, se


déclare comme la mère du défunt. Si elle est identifiée au sarcophage, elle est aussi la nécropole du Bel-
Occident et la tombe du défunt. Bref tous les éléments qui accueillent le défunt. Cette deuxième
représentation de la mort se perpétue dans le Livre des Morts. Nout, la déesse du ciel, promet toujours au
défunt, eau, ombre, et nourriture. Une de ses formes est l'arbre de la vie, le sycomore[g 3].

« Formule pour vivre de la brise et avoir de l'eau à volonté dans l'empire des
morts. Paroles dites par (Nom du défunt): Ô ce sycomore de Nout, donne moi l'eau
et la brise qui sont en toi ! Je suis celui qui occupe cette place qui est au centre
d'Hermopolis. (…) S'il vit, je vis ; s'il respire la brise, je respire la brise. »
— Extraits du chap. 59. Traduction de Paul Barguet[a 56].

Le soleil, fils de la déesse-mère

Lors de son voyage journalier dans le ciel, Rê le dieu soleil à bord de sa barque, naît le matin à l'horizon
oriental et meurt le soir en s'engouffrant dans les montagnes occidentales de Manou. Dans cette vision
mythique de la course solaire, Nout la déesse du ciel enfante le soleil au matin et l'avale le soir pour le
recevoir en son sein. Cet imaginaire de la mort est différent du mythe osirien car là, la mort se montre
comme un cycle naturel. La course solaire en tant qu'éternelle mort et renaissance est un modèle pour les
défunts égyptiens. Chaque soir, c'est un retour au Noun, l'océan primordial ou à la Douât, le monde
nocturne des ténèbres. Ce retour à l'origine, c'est un voyage de douze heures où la mort est transformée
en renaissance matinale. Le défunt, en accompagnant le dieu solaire, s'unit à la mère céleste et peut alors
prétendre à la vie éternelle. Mais seuls les justes qui ont vécu selon la Maât (vérité-justice) peuvent
prétendre à monter dans la barque de Rê. Là, cette deuxième représentation de la mort rejoint le mythe
osirien car seul le mort qui est proclamé juste de voix dans le tribunal d'Osiris est digne de cet
honneur[g 4].

Exemple de représentation de la déesse-mère

La scène finale du papyrus d'Ani (formules 185 et 186).

La scène finale du Papyrus d'Ani combine les mythologies osirienne et solaire. Ani et son épouse
Thouthou font une offrande à Osiris-Sokar (formule 185) et à Hathor, déesse du ciel et protectrice du dieu
soleil (formule 186). L'aspect maternel de la déesse est ici évoqué par une figuration de Thouéris, déesse
protectrice des femmes enceintes et des jeunes enfants. Pour les Égyptiens, la femelle hippopotame
représente l'archétype de la bonne mère car elle est prompte à défendre son rejeton face aux attaques
des crocodiles. L'aspect céleste de la déesse est rappelé par la tête de la vache Mehourt. Son nom signifie
le Grand flot et le corps de cette vache primordiale est assimilé au ciel-océan des origines. Ici Thouéris et
Mehourt sont clairement deux aspects de la déesse Hathor car toutes deux portent sur leur tête le
symbole de Hathor que constitue le disque solaire encadré par deux cornes. Mehourt apparaît hors de la
montagne thébaine lieu où sont ensevelis les défunts. Hathor est aussi la dame de l'Occident (la
nécropole). Cet aspect est figurée par une tombe blanche surmontée d'une petite pyramide. La tombe tout
en étant une sépulture pour la momie est aussi un lieu de culte où est entretenu le souvenir du défunt
ainsi que sa vitalité par le moyen des offrandes funéraires. La régénération du défunt est évoquée par le
marécage que constituent le champ de lotus. Cette fleur est une des formes que l'âme-Ba du défunt peut
prendre grâce à la formule 81 A/B pour sortir au jour hors de la tombe[20].

Renouveau solaire

Au Nouvel Empire, la régénération du soleil n'est évoquée avec force détails que dans les figurations des
tombes royales ; dans le livre de l'Amdouat par exemple. Les tombes royales étant scellées et isolées
dans le désert, la littérature du voyage nocturne du soleil est, de fait, un secret réservé au souverain.
Durant la nuit, le dieu soleil Rê voyage dans le monde souterrain. Là, il sort les défunts de leur sommeil
grâce à la lumière qu'il leur dispense. Il y attribue les vivres des offrandes funéraires ; il y juge les pécheurs
et y combat le maléfique serpent Apophis. Lorsque Rê s'unit au corps momifié d'Osiris, il en tire une force
vivifiante qui lui permet au matin de renaître au monde des vivants. Dans le Livre des Morts, les allusions à
ce voyage sont nombreuses bien qu'éparses[g 5].

« La barque de la nuit est dans la joie, la barque du jour est en jubilation, quand
elles viennent à toi (…) ton équipage est content, car l'uréus a renversé tes
ennemis, la marche d'Apophis a été enrayée pour toi. Tu es parfait en tant que Rê
chaque jour. Ta mère Nout t'embrasse, quand tu te couches bellement, le cœur
épanoui, dans l'horizon de Manou. Les morts vénérables sont dans la jubilation,
quand tu brilles là-bas pour le grand dieu, Osiris, régent de l'éternité. »

« T'étant levé tu te couches en paix dans la retraite de l'horizon occidental. (…)


grand est ton amour pour les habitants de la Douât ; tu brilles sur ceux qui s'y
trouvent et sur tout ce qui demeure à l'horizon, (…) Ô ces dieux de l'Occident, (…)
saisissez vos armes, renversez l'ennemi de Rê, écartez le Ténébreux d'Osiris. »
— Extraits du chap. 15, traduction de Paul Barguet[a 57].

Union régénératrice

Dans le Livre des Morts, il apparaît que les plus grandes divinités funéraires sont Rê, le dieu-soleil et Osiris,
le dieu de la régénération. Le défunt par les rites mortuaires devient un Osiris. Ainsi dans le Livre des
Morts le nom du dieu est accolé à celui du défunt (l'Osiris-Néferhotep, par exemple). Le dieu-soleil, chaque
jour s'unit à sa mère la déesse céleste ; elle le reçoit en son sein puis l'enfante. Or dans le mythe osirien,
Nout la déesse du ciel est la mère d'Osiris. Si le soleil est inaccessible et lointain dans le ciel, Osiris est la
divinité secrète et cachée du royaume souterrain. Les deux dieux forment les deux facettes (diurne et
nocturne) d'une seule divinité ; Osiris est le corps, le soleil est l'âme. Osiris est vu comme le soleil
nocturne et secret. L'union des deux divinités dans la tombe d'Osiris est à l'origine de toute régénération.
La tombe du défunt assimilée par la magie des formules du Livre des Morts à celle d'Osiris est par
conséquent un lieu où s'opère une régénération[g 6].

« Ô Rê qui repose en Osiris dans toutes les glorieuses apparitions, les bienheureux,
les dieux de l'Occident ; image unique, mystère de la Douat, Âme sainte dans
l'Occident, Oun-nefer, qui existera à toujours et à jamais »
— Extrait du chap. 180[a 58].

« J'ai donné la douce brise du vent du Nord à Osiris Oun-nefer, comme quand il
sortit du sein de celle qui l'a mis au monde. je fais que Rê repose en Osiris, et
qu'Osiris repose en Rê ; je fais que Rê pénètre dans la caverne mystérieuse pour
faire revivre le cœur de celui dont le cœur ne bat plus, l'âme sainte dans
l'Occident. »
— Extrait du chap. 182 où le défunt s'assimile au dieu Thot. Traduction de Paul Barguet[a 59].
Sortir au jour

Éléments de la personnalité

Les conceptions égyptiennes de la mort, de l'âme et de la vie éternelle sont complexes. De multiples
traditions locales et temporelles se sont enchevêtrées. Ce fait apparaît indéniablement dans les formules
du Livre des Morts. La mort signifie pour un ancien Égyptien la désintégration de l'existence car il se
produit une dissociation des différents éléments constitutifs de la personnalité. Chaque aspect semble
alors mener une existence propre. Les rites funéraires ont pour objectif de nouer de nouvelles relations
entre les différentes composantes de l'être.

Composants physiques

La momification sert à préserver les éléments physiques. Le corps, malgré le trépas, reste le support de
l'existence. De nombreuses formules du Livre des Morts ont pour thème cette préservation. Sans doute
ont elles été prononcées lors du processus de la momification du corps. Pour désigner ce dernier, les
Égyptiens utilisent les mots djet (corps), khat (dépouille) et sah (momie)[g 7]. La momie est protégée par
plusieurs amulettes. Cette pratique est mentionnée dans le Livre des Morts ; surtout dans les formules
154 à 160 (pilier Djed, nœud-tit, colonnette ouadj). Le cœur est considéré comme le siège de la
conscience et de la mémoire ; aussi est-il protégé par des formules spécifiques. L'amulette protégeant le
cœur est celle qui est la plus nécessaire au défunt au vu du nombre de formules qui l'évoquent (chap. 26
à 30B). Cette dernière représente un scarabée, symbole de Khépri, le dieu des transformations solaires.
D'après les textes, l'amulette-scarabée peut se présenter taillée dans plusieurs roches ; lapis-lazuli,
feldspath, cornaline ou néphrite[a 60].

Composants psychiques

Dans le Livre des Morts, les éléments psychiques ba et ka sont omniprésents. Tous deux se rapprochent le
plus de notre conception de l'âme. Parmi les autres éléments de la personnalité on peut aussi citer
l'ombre (shout) et le nom (ren).

Le ba est l'aspect de la personnalité du défunt qui évolue le plus librement ; c'est lui qui sort au jour hors
de la tombe. Il est représenté comme un oiseau à tête humaine. Pour maintenir l'unité de la personne, les
relations qu'entretiennent le bâ et la momie sont des plus importantes.

Le ka est le principe de la vie. Il évolue dans la tombe avec le corps. Pour se maintenir il se nourrit des
offrandes funéraires de nourriture, d'eau et d'encens. Si les prêtres viennent à défaillir dans leurs services,
des formules du Livre des Morts sont présentes pour continuer à satisfaire le ka.

Le ren est le nom de la personne et constitue une part de l'individualité du défunt. Pour le faire survivre, il
est inscrit en de multiples endroits et est protégé par des formules.

Si tous ces aspects de la personnalité sont préservés et satisfaits, le défunt peut vivre comme un akh, un
esprit bienheureux, en la compagnie des dieux. Quelques formules des Textes des sarcophages ont fait de
la notion d'akh une composante de la personnalité. Mais un Égyptien n'avait pas d'akh, il devenait un akh
(esprit glorifié) ; plus qu'un élément c'est donc un statut post-mortem[g 8]. Les Égyptiens ne traçaient pas
vraiment une ligne de séparation entre les notions de corps et âme. La séparation jouait plus entre la
différenciation du « moi physique » (corps, organes, ba et ombre) avec le « moi social » (ka, nom, statut
social lié à la momie) ; ces deux sphères se rejoignant à l'intersection que forme le cœur[g 9].

Le ka (durée de vie)

Représentation en ronde-bosse du ba, bras levés pour recevoir eau et/ou nourriture de la déesse Nout du sycomore (Musée de
Hildesheim, Allemagne).

Le ka mais aussi le ba sont des aspects de la personnalité difficile à cerner. Les interprétations modernes
sont nombreuses et très discutées. Cette difficulté provient du fait que les textes égyptiens n'ont pas mis
en valeur les rôles respectifs de ces deux composantes. À la différence de l'âme-ba, la liberté de
mouvement ne joue aucun rôle pour le ka. De plus, le ka n'est pas concerné par le cadavre et la momie. La
dignité, l'honneur et le statut social sont des thèmes qui sont attachés au ka[g 10]. Ce dernier est un esprit
ou un génie familial qui passe du père au fils.

« Ô Osiris (Pharaon) ! Horus t'a protégé, il a agi pour son ka que tu es, pour que tu
sois satisfait en ton nom de ka satisfait. »

— Fin du chap. 356 des textes des pyramides, cité par Jan Assmann.

Le ka est représenté hiéroglyphiquement comme un geste des bras tendus vers l'avant pour embrasser
quelqu'un, car c'est par cette accolade que se transmet le ka[g 11].

Dans le chapitre 105 du Livre des Morts, le ka et le « moi » du défunt forment une unité où le ka est
identifié à la durée de vie du défunt. Le ka y est aussi assimilé à la conscience. La vignette du chapitre
montre le défunt en train de faire une libation d'eau et une offrande d'encens à son ka. Il s'agit donc pour
le défunt de faire en sorte que son ka reste à ses côtés.
« Formule pour rendre favorable à (nom du défunt) son ka dans l'empire des
morts. Paroles dites par (N) : Salut à toi, mon ka, mon temps de vie ! Me voilà venu
près de toi, ayant surgi, étant vigoureux, étant animé, étant puissant. Je t'ai
apporté natron et résine de térébinthe, afin de te purifier avec eux, afin de
purifier ta transpiration avec eux. Ces mauvais propos que j'ai pu tenir, ces vils
péchés que j'ai pu commettre, que cela ne me sois pas retourné, car je suis cette
amulette-ouadj qui est attachée au cou de Rê, et qui donne aux habitants de
l'horizon leur verdeur ; je suis tout à fait florissant, et mon ka est tout à fait
florissant comme eux, l'alimentation de mon ka est comme la leur. Ô Celui qui
pèse dans la balance, que la vérité (Maât) s'élève au nez de Rê ce jour-là ! Ne
permets pas que ma tête me soit enlevée car je possède en vérité, un œil qui voit,
une oreille qui entend ; je ne suis certes pas un taureau de sacrifice, et l'on ne fera
pas de moi une offrande funéraire pour ceux d'en haut. Fais que je passe près de
toi, car je suis pur ; Osiris a été proclamé juste contre ses ennemis. »
— Chapitre 105. Traduction de Paul Barguet[a 61].

Relation âme-ba/momie

Séparation : Sortir au jour

La sortie au jour du ba et de l'ombre de Neferoubenef ; vignette du chapitre 92. Musée du Louvre.

Le rituel funéraire vise à séparer l'âme-ba de la momie. Dans le Livre des Morts, l'au-delà est divisé entre
ciel et monde souterrain. La dépouille est destinée pour la terre et repose dans son tombeau. La Douât
représente ce monde souterrain où les corps demeurent cachés. Le ba n'est pas destiné à rester avec la
momie. Cet élément est représenté comme un oiseau à tête humaine. La place du bâ est donc dans le
ciel[g 12]. Cette distinction se fait, dans les exemplaires complets de la recension saïte, dès les premières
formules du livre. Le chapitre 1B s'intitule « Formule pour faire descendre la momie dans la Douât, le jour
de la mise en terre ». Mais l'accent et bien plus mis sur la destinée du ba. Les chapitres 2 et 3 sont des
« formule(s) pour sortir au jour ; vivre après la mort ». Le chapitre 169 résume cette dichotomie tout en
mentionnant l'importance du cœur[a 62] :

« On t'a rendu ton cœur de ta mère, le viscère du cœur de ton corps ; on a placé
ton âme-ba au ciel, ton corps dans la terre. »

Cette thématique est à la source du nom originel du livre des morts. Ce corpus de formules a en effet été
vu par les anciens Égyptiens comme le livre de la sortie au jour[a 63]. Si le rôle majeur de tous ces textes est
d'éloigner l'âme-bâ de la momie, cette dernière ne doit cependant pas être définitivement délaissée.

Réunion vivificatrice

La réunion de l'âme-ba au corps est aussi un objectif majeur du livre[g 13]. Le ba doit être libre de toutes
entraves. Son retour vers la tombe est aussi encouragé ; chapitre 12 : « Autre formule pour entrer dans
l'empire des morts et en sortir » ; chapitre 13 : « Formule pour entrer dans l'Occident et en sortir »[a 64].

L'âme-ba survole la momie pour la vivifier (payrus d'Ani)

Le chapitre 89 est entièrement consacré à ce thème de la réunion du ba au corps. La vignette illustrative


monte l'oiseau ba voler au-dessus du cœur de la momie étendue sur un lit funèbre. Dans le tombeau du
vizir Paser, le ba présente à la momie les signes hiéroglyphiques de la vie et du souffle[g 14]. Cette réunion
est donc le gage de la vie de l'individu dans l'Au-delà. Lorsque l'on rencontre le mot « âme » dans la
traduction ci-dessous, il faut comprendre qu'il s'agit de l'âme-ba :

« Formule pour permettre à l'âme de se réunir à son corps dans l'empire des
morts. (…), grand dieu, fais que mon âme vienne à moi, en quelque lieu qu'elle
soit ! Si l'on me tarde à me ramener mon âme, en quelque lieu qu'elle soit, alors tu
trouveras l'œil d'Horus dressé contre toi, comme cela. (…) O dieux qui tirez la
barque du maître des millions d'années, qui amenez le ciel à la Douat, qui éloignez
le ciel inférieur, qui faites que les âmes se rapprochent des momies, que vos mains
tiennent vos cordages (…) et faites que cette âme du (défunt que je suis) monte
auprès des dieux sous vos fesses, de l'horizon oriental du ciel, pour accompagner
jusqu'au lieu où elle était hier, en paix, en paix, à l'Occident ! Qu'elle voie son
corps, qu'elle repose sur sa momie ! (Ainsi) il ne périra pas, il ne sera pas anéanti,
jamais. »
— Extraits du chapitre 89 tirés de la traduction de Paul Barguet[a 65]

Communication vivants/défunts

Tombeau

Fausse-porte d'une tombe de la Première Période intermédiaire

Le tombeau égyptien, grandiose ou modeste, comporte deux éléments d'importance égale. Le premier est
caché et interdit aux humains ; c'est la tombe qui abrite et qui protège la momie. Le second est visible et
accessible aux vivants. Cet élément entretient le souvenir du défunt (nom, titres et biographies), c'est un
lieu de prière et de culte où se déroulent les libations et les offrandes. C'est aussi le lieu où les morts vont
à la rencontre des vivants. Pour illustrer cette dissociation du complexe funéraire égyptien, on peut
prendre pour exemple celui du roi Ramsès III. La partie invisible est représentée par sa tombe KV11 dans
la vallée des Rois et la partie visible est constituée par son temple des millions d'années à Médinet
Habou. Les rituels funéraires ne s’arrêtent pas avec la dépose de la momie au tombeau car le culte des
offrandes au défunt prend le relais. Concernant la « vie » du défunt au Nouvel Empire, l'idée de la « sortie
au jour » prend le dessus sur toutes les autres.

Fausse-porte

Durant l'Ancien Empire, la thématique de la sortie au jour n’apparaît pas dans les Textes des pyramides. Le
roi monte au ciel et ses sujets vont dans leurs tombes situées dans le « bel occident » (la nécropole). Au
Moyen Empire, le séjour des morts se situe dans un monde souterrain. À partir de là, différentes notions
en rapport avec la mobilité des morts cohabitent et le thème de la sortie au jour d'abord émerge puis
prend le pas sur toutes les autres ; les défunts voulant rendre visite aux membres de leur famille toujours
en vie. La culture funéraire égyptienne est caractérisée, dès le début de l'Ancien Empire, par l'idée que les
morts communiquent avec les vivants et vice-versa. Ainsi durant toute la durée de la civilisation de Égypte
ancienne, la fausse-porte (ou la stèle fausse-porte) est un élément architectural de tout complexe
funéraire. C'est par cette fausse-porte que le défunt, à travers son ba ou son ka, peut sortir du monde des
morts pour profiter des offrandes de nourritures déposées par les vivants. C'est vers la XIIe dynastie, que
le défunt souhaite pour la première fois « sortir au jour à chaque fête ». Dès lors ce thème s'impose et les
vœux se diversifient ; « sortir au jour à chaque fête d'Osiris », « sortir au jour pour voir Amon à sa belle fête
de la vallée », etc. En fait, ce que le défunt souhaite c'est de profiter d'un moment festif où abondent des
distributions de nourritures à travers des offrandes. À la XIXe dynastie, la sortie au jour du défunt
s'associe avec la faculté de se transformer, « sortir au jour en ba vivant pour voir le disque du soleil à son
lever ».

Formules des transformations

Modalité

En 1845, le premier auteur moderne à imaginer un dialogue avec une momie est Edgar Allan Poe dans son
histoire Petite discussion avec une momie (Some Words with a Mummy). Le dialogue se faisant au cours
d'une séance de démaillotage et après avoir réveillé le défunt avec des électrochocs[21]. Par la suite,
l'imagerie et le cinématographe du xxe siècle, ont popularisé l'idée que la momie égyptienne, troublée
dans son sommeil, peut sortir de son sarcophage pour se venger de ses ennemis comme dans le film de
1999, La Momie. Cette vision moderne est cependant fort éloignée de la pensée des anciens Égyptiens.

transformation

Les formules des transformations prennent des titres fort similaires ; Formule pour faire une
transformation en faucon divin ou Se transformer en lotus. Les vocables égyptiens sont le verbe kheper et
le substantif kheperou. Les égyptologues traduisent en langue française le verbe par « venir à l'existence »,
« exister », « se manifester », « se transformer », « prendre l'aspect » et le substantif par « forme »,
« manifestation » ou « aspect »[22].

L'apparition du défunt égyptien dans le monde des vivants ne se fait pas avec son corps momifié mais à
travers son âme-ba. Cet élément de la personnalité recouvre la notion d'un pouvoir qui donne la capacité
de prendre différentes formes. Les transformations de l'âme-ba permettent au mort d'échapper à
l'immobilité du corps emmailloté dans les bandelettes. Il ne faut pas voir ces transformations comme une
entrée de l'âme-ba dans le corps d'un animal ou la transformation d'un corps humain en un corps animal.
Il s'agit d'une assimilation à un type divin dont l'animal est la représentation symbolique et cela dans le
but d'obtenir magiquement un gain ou d'éloigner un danger[cf 1]. Ces transformations sont aussi évoquées
sur des stèles funéraires ou sur les parois des tombes :

« Tu te manifesteras en tant que ba vivant (…), le ba se manifestera en héron-


bénou et en hirondelle, en faucon, en ce héron-chenty et en ce que tu désires. »
— Tombe de Pahéry (XVIIIe dynastie). Traduction de Fr. Servajean

Répertoire des transformations

Les formules des transformations no 87, 88 et 82 (de gauche à droite) du Papyrus d'Ani.

Formule 76 : En toute transformation que le défunt désire.

Formule 77 : En faucon d'or, illustrée par un faucon doré avec un flagellum

Formule 78 : En faucon divin, illustrée par un faucon avec des couleurs naturelles

Formule 79 : Pour exister dans l'Ennéade et se transformer en chef du tribunal divin, illustrée par le
défunt priant devant trois dieux accroupis.

Formule 80 : En dieu et pour éclairer les ténèbres, illustrée par une momie debout ou par un dieu dont la
tête est surmontée par le disque solaire.

Formule 81A et B : En lotus, illustrée par un lotus émergeant d'un bassin. De la fleur apparaît une tête
humaine.

Formule 82 : En Ptah, illustrée par le dieu en question.

Formule 83 : En héron bénou, illustrée par un héron debout ou sur un perchoir.
Formule 84 : En héron chenty, illustrée par un autre héron très peu différent du précédent. Les deux
oiseaux peuvent être regroupés dans une seule vignette.

Formule 85 : En âme-ba d'Atoum, illustrée par un bélier ou un oiseau-ba.

Formule 86 : En hirondelle, illustrée par cet oiseau debout sur une butte de terre ou une chapelle.

Formule 87 : En serpent Sata, illustrée par un serpent, peut-être un cobra, avec deux jambes humaines.

Formule 88 : En Sobek, illustrée par un crocodile momifié et couché sur une chapelle[cf 2].
Ordre de succession des formules

Dès le Moyen Empire, le défunt cherche à se transformer. De nombreuses formules des Textes des
sarcophages traitent de ce thème, près d'une centaine sur un total d'un millier[cf 3]. Dans ce recueil, les
défunts égyptiens ont le choix entre quelque soixante-deux transformations : vautour, oiseleur, jars, ibis,
faucon, vent, Ptah, Horus, étoile du mâtin, etc.[j 1].

Au Nouvel Empire, les scribes du Livre des Morts n'ont retenu qu'une douzaine de transformations
(formules 76 à 88). Dans les exemplaires de la « recension thébaine » leur ordre de succession est d'abord
anarchique. Ainsi, dans le Papyrus d'Ani (XIXe dynastie) la succession se fait dans l'ordre suivant : 86-77-
78-87-88-82-85-83-84-81A-80[cf 4].

À la Basse époque, dans les exemplaires de la « recension saïte », l'ordre de succession des formules des
transformations se fixe et devient quasiment immuable. Il apparaît qu'à cette époque (de la XXVe dynastie
à la dynastie des Ptolémées), les prêtres se sont mis à réfléchir sur le nombre douze. Les douze
transformations du défunt ont alors été mises en relation avec le voyage journalier du dieu Rê et avec ses
douze aspects lors des heures du jour[a 66]. Mais la réflexion théologique des scribes a perduré. Ces douze
formules connaissent en effet d'autres groupements (77-86-87 ou 85-82-77-86) insérés dans des
formules n'appartenant pas au groupe des transformations[cf 5].

Géographie de l'Au-delà

Sépulture
Vignette de la formule 151 du papyrus d'Ani.

La sépulture où repose la momie du défunt est magiquement protégée par la formule 151A du Livre des
Morts. Elle consiste en une grande illustration qui occupe toute la hauteur du papyrus. Elle représente en
quelque sorte la sépulture idéale ; celle qui est le mieux protégée par les forces divines. La puissance de
cette image est renforcée par ses inscriptions magiques. Ces dernières rapportent les paroles de
plusieurs divinités.

Au centre est représentée la momie couchée sur un lit funéraire à pattes et tête de lion. Dans certains
exemplaires, non loin d'elle se tient l'âme-ba du défunt. Le corps est protégé par la présence d'Anubis. La
main du dieu de la momification touche l'emplacement du cœur assurant ainsi au défunt la pérennité de
son existence. La protection de défunt est renforcée par la présence des deux sœurs d'Osiris, Isis lui
garantit de respirer à nouveau et Nephtys lui assure qu'il conservera sa tête. Le contour de l'illustration
montre les quatre murs de la sépulture. Chaque paroi est protégée par une amulette ; deux mèches
enflammées, un pilier Djed et une figurine d'Anubis couché. La formule 137A est plus spécialement
consacrée à ce sujet car tout un rituel est nécessaire à leur installation dans des niches creusées dans les
murs. La vignette comporte aussi la figuration et les discours des quatre enfants d'Horus, Amset, Hâpi,
Douamoutef et Kebehsenouf. Tous disent assurer au défunt la même protection que celle qu'ils exercent
sur Osiris. Quant à l'âme-ba du défunt elle est représentée par deux fois. Tournée vers l'orient et vers
l'occident en adoration, elle demande aux statuettes-ouchebti (tout comme dans la formule 6) de
participer à sa place aux corvées du monde de l'au-delà[a 67].

Portails

Osiris dont le corps fut reconstitué par Isis est celui au « cœur défaillant ». Cette faiblesse doit être
cachée et tenue secrète. La dépouille divine est ainsi protégée des forces hostiles représentées par Seth
par toute une armée de démons bénéfiques. La porte symbolise le secret protecteur qui, dans la Douat,
éloigne les mauvaises intrusions de la tombe d'Osiris. La formule 144 fait la liste de sept portes et pour
chacune d'elles donne son nom ainsi que les noms des dieux gardiens au service d'Osiris. Au chapitre
145, cette énumération est augmentée à vingt-et-un portails. Le défunt doit passer dix-neuf portails au
chapitre 146 et sept portes au chapitre 147 avant d'arriver devant Osiris. La même symbolique est à
l'œuvre dans les formules 149 et 150. Mais là, il n'est pas question de portes mais de collines habitées par
des divinités protectrices. Ici aussi le mort réclame leur soutien pour ne pas être repoussé[a 68].

Formules 147 et 146 du papyrus d'Ani.

Le bac et son passeur


Article connexe : Passeur (Égypte antique).

Maquette d'une barque égyptienne (Moyen Empire) exposée au Musée du Louvre.

La formule 99 du Livre des Morts est l'une des plus anciennes du corpus. Elle est déjà inscrite sur les
parois de la pyramide de Qakarê-Ibi[23], un obscur souverain de la VIIe dynastie (l'historien Manéthon place
le règne de ce roi à la fin de la VIe dynastie). On retrouve ensuite cette formule dans les Textes des
sarcophages du Moyen Empire (chapitre 397)[j 2]. Ce long texte est un dialogue où le défunt doit prouver
certaines de ses connaissances magiques. Le défunt arrive devant un cours d'eau. Pour pouvoir le
traverser, il doit monter sur la barque « Confection de Khnoum du nome d'Héliopolis ». Il s'adresse en
premier lieu au passeur dénommé Mahaef (« Celui qui voit derrière lui ») pour qu'il réveille « Âqen », le
gardien de l'embarcation. Mais lorsque ce dernier est réveillé, l'interrogatoire se poursuit. Il doit en effet
prouver à ces deux divinités qu'il sait où il va et que le monde de l'Au-delà n'a pas de secret pour lui. Dans
une autre version de la formule 99, les éléments constitutifs de la barque (piquet d'amarrage, amarre de
proue, mât, drisse, voile, etc) se mettent à parler directement au défunt. Ces derniers veulent savoir si le
défunt connaît leurs noms. Tous sont assimilés à des dieux (Maât, Seth, Horus, etc). La rubrique finale de
la formule indique que la destination du bac est le « Champ des Souchets ». Là, le défunt est pourvu en
nourritures et jouit de la possession d'un champ de blé et d'orge d'une superficie d'un aroure (environ
27 ares)[a 69].

Champs paradisiaques

Description

Illustration de la formule 110 du papyrus d'Ani

La formule 110 du Livre des Morts décrit un endroit paradisiaque inspiré par la géographie du delta du Nil.
Ce lieu porte plusieurs dénominations ; la double Campagne des Félicités, le Champ des Souchets (ou des
Joncs), la Campagne de Hotep. Cette description est déjà bien établie dans les Textes des sarcophages[j 3].
Selon les exemplaires du livre, la description écrite est plus ou moins développée. Concernant cette
formule 110, le plus important pour le défunt est de faire figurer, dans son exemplaire du livre, sa grande
vignette illustrative. Cette dernière occupe toute la hauteur de la feuille du papyrus. Elle représente une
carte d'un monde où le défunt est en train d'adorer des divinités et de participer à des travaux agricoles
(labour, semailles et récolte). La géographie est celle de la campagne égyptienne. Des bandes de champs
fertiles sont entourées par des canaux d'irrigation. Les déplacements de ville en ville se font au moyen de
barques ; aussi voit-on le défunt sur l'une d'elles en train de pagayer sur les canaux de Hotep. D'autres
embarcations sont amarrées à un débarcadère ou accueillent les divinités gardiennes du lieu. Le texte de
cette formule indique que le défunt désire pour son ka, le pain, la bière, le vin, les gâteaux déposés par les
dieux sur les autels à offrandes. Cependant en tant que dieu de l'abondance, il participe aussi à la
distribution de ces victuailles. Il désire y faire ses activités habituelles (boire, manger, dormir, faire
l'amour) comme sur terre et y connaître une existence éternelle sans inquiétudes ni reproches. Les noms
des villes où se rend le défunt sont énumérées ; la Grande Ville, Ouakh (Débordement), Nefret-Hotep (la
Belle Paix), Djefat (ville des Aliments), Qenqenet, Hesat (ville du Lait) et Semat (ville de la Réunion).

Symbolique

Si la traduction et l'interprétation des textes du Livre des Morts nous permettent de comprendre l'Égypte
antique, l'analyse des images et de leurs symboliques ne doit pas être en reste[24]. Le défunt tient à se
faire représenter en train de participer aux travaux des champs. Il est cependant fort douteux que les
membres de la classe dirigeante (notables religieux, fonctionnaires royaux, scribes) qui bénéficiaient d'un
exemplaire du Livre des Morts aient participé de leur vivant aux activités agricoles ; les labours, les
semailles et les récoltes étant des travaux pénibles et peu gratifiants socialement. L'illustration de la
formule 110 sous-entend donc une symbolique cachée reliée au culte osirien. Si Osiris est le dieu des
morts, il est aussi celui de la fertilité[25]. Sa mort est assimilée au cycle de la nature et donc de la vie
saisonnière des travaux agricoles. Au Moyen Empire, certains sarcophages mentionnent pour l'âme-ba,
une possible transformation en Nepri, le dieu protecteur du blé (Spell 299 et 330) ou même directement
en blé (Spell 269). Le défunt est « cette gerbe de vie qui sort d'Osiris (…) qui fait vivre les hommes (…), qui
fait prospérer les vivants, qui fortifie le corps des vivants. »[j 4].

Bibliographie

Traductions francophones
Paul Barguet, Le Livre des Morts des Anciens Égyptiens, Paris, Éditions du Cerf, 1967, 307 p.
(ISBN 2-204-01354-4)

Claude Carrier, Papyrus du Livre des morts de l'Égypte ancienne, Paris, Cybèle
vol. I : Le Papyrus de Nouou (BM EA 10477). Traduction/translittération + reproduction du fac-similé,
2010, 765 p.

vol. II : Le Papyrus d'Any (BM EA 10470). Traduction/translittération + reproduction du fac-similé,


2010, 311 p. Vers 1270 av. J.-C.

vol. III : Le Papyrus de Nebseny (BM EA 9900). Traduction/translittération + reproduction du fac-


similé, 2011, 620 p. Les chap. 89-192 du Livre des morts.

Claude Carrier, Le Livre des Morts de l'Égypte ancienne. Traduction et translittération, 2009, 879 p.

Commentaires
British Museum (trad. de l'anglais), Le Livre de l'Ancienne Égypte, Paris, Éditions du Félin, 1995, 252 p.
(ISBN 2-86645-187-2)
Jan Assmann (trad. de l'allemand), Mort et au-delà dans l'Égypte ancienne, Monaco, Éditions du Rocher,
2003, 685 p. (ISBN 2-268-04358-4)

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octobre 2006, 64 p. (ISSN 1276-9223 (https://www.worldcat.org/issn/1276-9223&lang=fr) )

Edmund Dondelinger (texte allemand) et Marcelle Rognon (traductrice), Le Livre sacré de l'Ancienne
Égypte : Papyrus d'Ani, Paris, Philippe Lebaud Éditeur, 1991, 208 p. (ISBN 2-86594-031-4)

Annie Gasse, Un papyrus et son scribe : le "Livre des morts", Vatican, Museo gregoriano egizio 48832,
Paris, Éditions Cybèle, 2002, 134 p. (ISBN 2-9516758-4-4)

Frédéric Servajean, Les formules des transformations du Livre des Morts à la lumière d'une théorie de la
performativité : XVIIIe-XXe dynasties, Le Caire, IFAO, 2004, 118 p. (ISBN 2-7247-0339-1, ISSN 0259-3823
(https://www.worldcat.org/issn/0259-3823&lang=fr) )

Notes et références

Notes

Références

1. Pleyte, Chapitres supplémentaires du Livre des Morts. Leyde. 1881

2. (de) Naville, Das ägyptische Todtenbuch des XVIII. bis XX. Dynastie. Berlin. 1886 ; (fr) Le livre des
morts égyptien de la 18e à la 20e dynastie, Hachette Livre BNF, 2013

3. (en) Budge, The Book of the Dead. The Chapters of coming forth by day. Londres. 1898

4. (en) Allen, The Egyptian book of the dead, documents in the Oriental Institute Museum at the University
of Chicago. The University of Chicago Press. Chicago. 1960

5. Guy Rachet, Le Livre des Morts des Anciens Égyptiens : texte et vignettes du papyrus d'Ani, Monaco,
Éditions du Rocher, 1996, 258 p. (ISBN 2-268-02190-4)

6. Claude Carrier, Le Livre des Morts de l’Égypte ancienne. Traduction et translittération, Paris, Éditions
Cybèle, 2009, 879 p. (ISBN 978-2-915840-09-4)

7. L'égyptologue hollandais Adriaan de Buck a réuni la totalité de ces textes (1185 formules) dans son
œuvre en langue anglaise The Egyptian Coffin Texts. Chicago, 1935-1961, sept volumes. En français, on
peut se référer à Paul Barguet, Textes des sarcophages égyptiens du Moyen Empire, Éditions du Cerf,
Paris, 1986, un volume de 725 pages.

8. Harco Willems, Les Textes des Sarcophages et la Démocratie, Cybèle Éditions, Paris, 2006

9. (de) François Lexa, Das demotische Totenbuch der Pariser Nationalbiliotek (Papyrus des Pamonthes),
Leipzig, 1910

10. « The Greenfield Papyrus » (https://www.britishmuseum.org/research/search_the_collection_databas


e/search_object_details.aspx?objectid=114902&partid=1&output=People%2f!!%2fOR%2f!!%2f101001%2
f!%2f101001-3-9%2f!%2fDonated+by+Mrs+Edith+Mary+Greenfield%2f!%2f%2f!!%2f%2f!!!%2f&orig=%2fre
search%2fsearch_the_collection_database%2fadvanced_search.aspx&currentPage=1&numpages=10)
 [archive], sur britishmuseum.org (consulté le 15 mai 2011)
11. On peut consulter un photomontage de ce papyrus sur le site internet vassar.edu (http://projects.vassar.
edu/bookofthedead/)  [archive]. L'original exposé au British Museum à Londres a été découpé en
plusieurs morceaux

12. Notice no 19380 (http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=19380)  [archive],


base Atlas, musée du Louvre

13. Notice no 19405 (http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=19405)  [archive],


base Atlas, musée du Louvre

14. Notice no 19404 (http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=19404)  [archive],


base Atlas, musée du Louvre

15. Notice no 19407 (http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=19407)  [archive],


base Atlas, musée du Louvre

16. Christiane Ziegler, Le Louvre, Les antiquités égyptiennes, Éditions Scala, Paris, 1990, p. 68 et 75
(Photographies).

17. Isabelle Franco, Rites et croyances d'éternité, Paris, Éditions Pygmalion, 1993, 279 p.
(ISBN 2-7028-0456-X), p. 152-154

18. [[Guy Rachet|Guy Rachet]], Le Livre des Morts des Anciens Égyptiens : texte et vignettes du papyrus
d'Ani, Monaco, Éditions du Rocher, 1996, 258 p. (ISBN 2-268-02190-4), p. 56 Planche 2, scène 1.

19. Erik Hornung, Les dieux de l'Égypte : le un et le multiple, Paris, Éditions du Rocher, 1986, 309 p.
(ISBN 2-268-01893-8), p. 148

20. Guy Rachet, Le Livre des morts des anciens égyptiens, p. 213-217.

21. Erik Hornung, L'Égypte ésotérique, Éditions du Rocher, Paris, 2001, p. 186.

22. Y. Bonnamy et A. Sadek, Dictionnaire des Hiéroglyphes, Actes Sud, Arles, 2010, p. 459 à 461.

23. Claude Carrier, Textes des pyramides, volume 4, p. 2223.

24. Article de Philippe Germond, Jeu symbolique des marqueurs imagés de la renaissance, dans la
publication : Hommage à Jean-Claude Goyon, IFAO, 2008. Explication symbolique des scènes de
chasse et pêche dans les marais figurant dans les tombes thébaines.

25. Passion de l'Égypte : Rites et voyages vers l'Au-delà, Éditions Atlas, p. 66
Paul Barguet, Textes des Sarcophages égyptiens du Moyen Empire, Paris, Éditions du Cerf, 1986, 725 p.
(ISBN 2-204-02332-9)
1. p. 424 à 563

2. p. 346 : Spell 397.

3. p. 75 : Spell 464 à 468.

4. p. 544 : Spell 330.


Paul Barguet, Le Livre des Morts des Anciens Égyptiens, Paris, Éditions du Cerf, 1967
(ISBN 2-204-01354-4)
1. p. 13 Introduction. (papyrus Cadet (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8304451r)  [archive])
2. p. 10-11 Introduction

3. p. 7 Introduction

4. p. 8 à 10 Introduction, la recension thébaine

5. p. 6 Introduction

6. p. 6-7. Introduction

7. p. 8. Introduction

8. p. 35-36 : Première partie, la marche vers la nécropole.

9. p. 42 : cf. formules 5 et 6

10. p. 43 : Formule 7.

11. p. 43 : Formule 8.

12. p. 44-45 : Formules 11 à 13.

13. p. 45 à 53 : Formule 15.

14. p. 64 à 68 : Formules 18 à 20.

15. p. 69 à 70 : Formules 21 à 23.

16. p. 70 : Formule 24.

17. p. 71 : formule 25

18. p. 71 à 76 : Formules 26 à 30.

19. p. 76 à 79 : formules 31 à 37

20. p. 88 : Formule 47.

21. p. 89-90 : Formules 52-53.

22. p. 91 à 94 : formules 54 à 60.

23. p. 94 à 95 : formules 62-63A et B.

24. p. 102 à 105 : Formule 64.

25. p. 105-106 : Formule 65-66.

26. p. 107 : Formule 67

27. p. 107 à 110 : Formules 68 à 71.

28. p. 110 à 112 : Formules 72 à 75.

29. p. 97-98 : Sommaire et p. 113 à 125 : Formules 76 à 88.

30. p. 126-128 : Formules 89 à 92.

31. p. 129 Formule 93.

32. p. 129-130 : Formules 94 à 96.


33. p. 131 à 137 : Formules 98-99.

34. p. 137 à 139 : Formules 100 à 102.

35. p. 139-140 Formules 103 et 104.

36. p. 140-141 : Formules 105 et 106.

37. p. 141 à 152 : Formules 107 à 116.

38. p. 143 à 148 : Formule 110.

39. p. 153 à 167 : Formules 117 à 129. Ro-Sétaou est le nom de la nécropole de Memphis qui par extension
s'est étendu à toutes les nécropoles et est devenu une désignation du monde des morts

40. p. 157 à 164 : Formule 125.

41. p. 169-170 : Quatrième partie, le monde souterrain, sommaire

42. p. 171 à 179 : Formules 130 à 136B.

43. p. 180 à 183 : Formules 137A et B.

44. p. 184 : Formule 140

45. p. 185 : Formule 141.

46. p. 186 à 188 : Formule 142.

47. p. 190 à 214 : Formules 144 à 150.

48. p. 215 à 218 : Formules 151A et B.

49. p. 223 à 229 : Formules 154 à 162

50. p. 233 : Cinquième partie, les chapitres additionnels, sommaire.

51. p. 261 à 262 : Formule 175

52. p. 76 Traduction.

53. p. 181. Traduction. Ounout est une déesse hase de la ville d'Hermopolis Magna.

54. p. 240. Traduction.

55. p. 12-13. Introduction.

56. p. 93. Traduction.

57. p. 45-53. Traductions

58. p. 264-266. Traduction.

59. p. 268-270 Traduction.

60. p. 71 à 76. Traductions.

61. p. 140-141. Traduction

62. p. 40, 41, 249. Traductions


63. p. 14 Introduction

64. p. 44. Traductions

65. p. 126. Traduction.

66. p. 97-98 : la transfiguration.

67. p. 215-217. Traduction.

68. p. 190 à 215. Traduction.

69. p. 131 à 137. Traduction


Sydney H. Aufrère (préface), Description de l'Égypte. Publiée sous les ordres de Napoléon Bonaparte,
Tours, (reproduction de plusieurs planches de l'ouvrage original), Bibliothèque de l'image, 1997
(ISBN 2-909808-49-1)
1. Vol. II planches 72 à 75
Revue Égypte, Afrique et Orient no 43, Paris, octobre 2006.
Annie Gasse, Les Livres des Morts sur tissu
1. p. 3 et 4-5

2. p. 3

3. p. 4. Il s'agit des formules 1, 17, 18, 21, 22, 23, 24, 68, 69, 70, 83, 84, 86, 88, 75, 90, 105, 125

4. p. 6 et 7

5. p. 8 et 9
Florence Albert, La Composition du Livre des Morts tardifs. Des traditions locales aux traditions
scripturales
1. p. 39

2. p. 39 à 41

3. p. 42

4. p. 42

5. p. 43 à 45
Frédéric Servajean, Les Formules de transformation du Livre des Morts
1. p. 50-51.

2. p. 49-50.

3. p. 47.

4. p. 48.

5. p. 48.
Frédéric Servajean, Les Formules des transformations du Livre des Morts à la lumière d'une théorie de la
performativité, Le Caire, IFAO, 2004
1. p. 24, §27. Chap. 2, Auteur et lecteur

2. p. 25, § 28. Chap.2 Auteur et lecteur


3. p. 26 à 29, § 28 à 30. Chap.2 Auteur et lecteur

4. p. 29-30, § 30-31. Chap. 2 Auteur et lecteur

5. p. 2, §2. Introduction.

6. p. 2-3, § 4 Introduction.

7. p. 3, §5. Introduction.

8. p. 5, § 8. Introduction.

9. p. 11, § 16. Chap. 1er, Les déictiques.

10. p. 13 à 21, § 18 à 21. Chap. 1er, Les déictiques.


Edmund Dondelinger (texte allemand) et Marcelle Rognon (traductrice), Le Livre sacré de l'Ancienne
Égypte : Papyrus d'Ani, Philippe Lebaud Éditeur, 1991
1. p. 23

2. p. 23-24

3. p. 25

4. p. 25

5. p. 29

6. p. 26 et 29

7. p. 30

8. p. 31

9. p. 56

10. p. 31

11. p. 9

12. p. 31

13. p. 34 à 40

14. p. 35 Présentation systématique du livre


Annie Gasse, Un papyrus et son scribe : Le Livre des Morts Vatican Museo Gregoriano Egizio 48832,
Cybèle Éditions, 2002
1. p. 11 Le style des vignettes.

2. p. 14-16 Les couleurs.

3. p. 28. Chap. I, IV. Le copiste et le correcteur.

4. p. 30. Chap. I, IV. Le copiste et le correcteur.

5. p. 35-60. Chap. II Le scribe du Vatican et son interprétation du LDM.


Jan Assmann, Mort et au-delà dans l'Égypte ancienne, Monaco, Éditions du Rocher, 2001
1. p. 114. Chap 3. La mort, ennemi.
2. p. 131. Chap. 3,3 : vie terrestre et jugement des morts.

3. p. 251. Chap. 7 la mort retour à l'origine. §1 : les textes de Nout. §§b : déesse du sarcophage, de
l'Occident

4. p. 263 Chap. 7,1,c : renouveau et justification : Rê et Osiris ; p. 282 Chap. 8,1-2 La mort mystère.

5. p. 282 Chap. 8,1-2 La mort mystère.

6. p. 292. Chap. 8,3 : La tombe, un lieu saint.

7. p. 141

8. p. 142

9. p. 141

10. p. 157. Chap. 4,2. Le Mort et son ka

11. p. 83. Chap. 2,2. Un homme vit quand son nom est prononcé.

12. p. 145-150. Chap. 4,1,a : Le ba au ciel, le cadavre sous terre

13. p. 154-156. Chap. 4,1,c : La réunion du ba et du cadavre.

14. p. 150. Chap. 4,1,a : Le ba au ciel, le cadavre sous terre


British Museum, Le Livre de l'Ancienne Égypte, Paris, Éditions du Félin, 1995
1. p. 102-106, Textes funéraires

2. p. 105 Textes funéraires


Catherine Chadefaud, L'Écrit dans l'Égypte Ancienne, Paris, Hachette, 1993
1. p. 116 Le Livre des Morts.

2. p. 115 Le Livre des Morts

3. p. 115 Le Livre des Morts

4. p. 40 Les aspects de l'écriture.

5. p. 115 Le Livre des Morts

6. p. 40 Les aspects de l'écriture.

7. p. 118 à 120

Voir aussi

Articles connexes
Religion de l'Égypte antique

Rite funéraire

Liens externes
Notices d'autorité : Fichier d’autorité international virtuel (http://viaf.org/viaf/177494324)  ·
Bibliothèque nationale d’Israël (http://uli.nli.org.il/F/?func=direct&doc_number=000022920&local_base=nlx10)
Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
Encyclopædia Britannica (https://www.britannica.com/topic/Book-of-the-Dead-ancient-Egyptian-text)  [archive]
 · Gran Enciclopèdia Catalana (https://www.enciclopedia.cat/EC-GEC-0191427.xml)  [archive]

Traduction libre et illustrée du Livre des morts (https://ultravelum.wordpress.com/category/histoire/egy


pte-antique/livre-des-morts/)  [archive] traduit par E. A. Wallis Budge

Traduction française complète avec annotations (https://archive.org/stream/lelivredesmorts00piergoo


g#page/n8/mode/1up)  [archive]

(en) The Book of the Dead (https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=Tgy5NgESUu8C&oi=fnd&pg=PR


9&dq=The+Book+of+the+Dead&ots=ua6COBJpTl&sig=qVxHa2EHnxubnkE5KKU26T9kP88#PPA19,M
1)  [archive] de E. A. Wallis Budge sur Google Books

(fr) Le livre des morts des anciens égyptiens de Paul Pierret (https://www.editions-saphira.com/produit/
le-livre-des-morts-des-anciens-egyptiens-de-paul-pierret/)  [archive] en réédition

(fr) Photographies de plusieurs exemplaires du Livre des Morts (https://gallica.bnf.fr/Search?ArianeWir


eIndex=index&p=1&lang=FR&q=livre+des+morts)  [archive] sur Gallica.fr

Vanessa Desclaux, « Le Livre pour sortir au jour ou Livre des Morts des Anciens Égyptiens » (https://gall
ica.bnf.fr/blog/27052020/le-livre-pour-sortir-au-jour-ou-livre-des-morts-des-anciens-egyptiens?mode=d
esktop)  [archive], sur Le blog Gallica, 27 mai 2020 (consulté le 2 juin 2020).

(fr) Le livre des morts (et de la Renaissance) (http://www.chez.com/historel2/livremorts/livmorts01.h


tm)  [archive]

(fr) Le Livre des Morts (http://laudela.par.anubis.free.fr/Html/livre_des_morts.htm)  [archive]

(fr) Les textes funéraires : le Livre des Morts (http://www.egypte-antique.fr/index.php?thematique=1


4)  [archive] sur egypte-antique.fr

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