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1. Principe
Cette spectroscopie fait intervenir une radiation électromagnétique d’énergie notablement
élevée. Le domaine utile de longueur d’onde est de 200 ≤ λ ≤ 400 nm pour l’Ultraviolet et 400
≤ λ ≤ 800nm pour le Visible.
Lorsqu'une molécule est irradiée par la lumière visible ou ultraviolette, elle peut subir une
transition électronique au cours de laquelle un électron est excité et "passe" de l'orbitale qu'il
occupe dans l'état fondamental, jusqu'à une orbitale de plus haute énergie. C’est le phénomène
d’absorption.
Lorsque l’électron redescend, il émet de l’énergie sous forme lumineuse (photon) : c’est
l’émission. Cette énergie détectée sous forme de signal est traitée pour donner le spectre.
Les spectres des molécules organiques enregistrés dans le visible et dans l’ultra-violet sont des
spectres d’absorption obtenus à l’aide d’un appareil appelé le spectrophotomètre.
Une partie de ce rayonnement sera absorbée par l’échantillon et une partie sera transmise.
Bouguer, Lambert et Beer ont étudié les relations qui existent entre I 0 et I : l'intensité d'une
lumière monochromatique traversant un milieu où elle est absorbée décroît de façon
exponentielle : I = I0e-klC
* I0 est l'intensité de la lumière incidente
* I est l'intensité après passage à travers la cuve contenant la solution (intensité transmise)
* l est la distance traversée par la lumière (épaisseur de la cuve) (en cm)
* C est la concentration des espèces absorbantes
* k est une constante caractéristique de l’échantillon.
Cette équation peut se réécrire log(Io/I) = k l C/2.3 = ε l C.
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* log(I0/I) est appelé absorbance (A)
* I/I0 = T est la transmission
* % T est la transmittance
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La position du maximum d’absorption correspond à la longueur d'onde de la radiation qui
provoque la transition électronique.
Orbitales antiliantes
vides
Orbitales liantes et
non liantes
occupées
Transitions
L’absorption d’un photon dans le domaine UV-visible peut souvent être attribuée à des
électrons appartenant à de petits groupes d’atomes appelés chromophores.
Exemples : C C C O C C C N C N N N
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La longueur d’onde d’absorption dépend de la nature des orbitales mises en jeu.
Transitions σ σ*
max <150 nm (UV lointain)
Les liaisons σ des composés organiques sont très stables ; cette transition requière beaucoup
d'énergie. En conséquence les composés dans lesquels la couche d’électrons de valence est
impliquée dans la formation d’une liaison simple, comme les hydrocarbures saturés, n’ont pas
d’absorption dans l’ultraviolet.
La bande d’absorption correspondante est intense et située dans l’UV-lointain, vers 130 nm.
Exemple : propane max = 135 nm
Une exception toutefois : le cyclopropane dont max est à 190 nm).
Transitions n σ*
150 nm < max < 250 nm, intensité moyenne (50 < ε < 2000 L.mol-1.cm-1)
Cette transition d’électron n d’un hétéroatome (O, N, S, Cl) à un niveau σ* est observée pour
les alcools, les éthers, les amines ainsi que pour les dérivés halogénés. Ces transitions sont d’une
énergie plus faible que celle de la transition σ σ*.
Exemples :
Alcool méthylique (vapeur) : max =183 nm, εmax = 150.
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Transitions n π*
max > 190 nm, faible intensité (10 < ε < 100 L.mol-1.cm-1)
Ce type de transition a lieu dans le cas des molécules comportant un hétéroatome porteur de
doublet(s) électronique(s) libre(s) appartenant à un système insaturé.
La plus connue est celle qui correspond à la bande carbonyle des aldéhydes saturées et des
cétones située à environ 285 nm. Le coefficient d'absorption molaire est faible.
Transitions π π*
max > 180 nm (> 400 nm pour systèmes très conjugués), forte intensité (1000 < ε < 10000
L.mol-1.cm-1)
La transition électronique dans les composés possédant une double liaison isolée conduit à une
forte bande d'absorption vers 165-200 nm.
Exemples :
Ethylène : max =175 nm, εmax = 15000 ;
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Si l’absorption lumineuse est augmentée, on dit qu’il y a un effet hyperchrome. Si elle est
diminuée, il y a un effet hypochrome.
Ces effets sont illustrés sur la figure suivante :
composé n
O
max = 188 nm max = 279 nm
O
max = 236 nm max = 315 nm
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Les substituants à effet mésomère (auxochromes-OH, -OR, -X, -NH2, …) portés par un
chromophore C=C ou C=O, donnent des effets bathochrome et hyperchrome car les paires
d’électrons non liants peuvent participer à la résonance augmentant la conjugaison d’une
molécule.
c) Effet de la conjugaison sur l’absorption
L’enchaînement d’insaturations entraîne la délocalisation des électrons π. Cette délocalisation
qui traduit la facilité des électrons à se mouvoir le long de la molécule est accompagnée d’un
rapprochement des niveaux d’énergies.
-carotène
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Avant l’absorption, la liaison δ+C=Oδ- est stabilisée par un solvant polaire. Il faut plus d’énergie
pour provoquer la transition. D’où diminue par augmentation de la polarité du solvant.
Si l’état excité est plus polaire que l’état fondamental, c’est la forme excitée qui est stabilisée
par un solvant polaire. E diminue et donc augmente par augmentation de la polarité du
solvant.
En résumé, l'étude du déplacement des bandes d'absorption par effet de la polarité des solvants
peut aider à reconnaître la nature électronique des transitions observées.
Par augmentation de la polarité du solvant :
Les transitions n π* et n σ*: effet hypsochrome dans les solvants polaires protiques.
Transitions π π* : effet bathochrome.
Exemple : Pour l’oxyde de mésityle (méthyl-4 pentène-3 one-2), on a
Dans l’hexane : max= 230 nm (εmax= 12600) et max= 329 nm (εmax= 41)
Dans l’eau : max= 243 nm (εmax= 10000) et max= 305 nm (εmax= 60)
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chromophore qu’il contient.
L'étude des spectres d'un grand nombre de molécules a permis d'établir des corrélations entre
structures et maxima d'absorption. Les plus connues sont les règles empiriques, dues à
Woodward, Fieser et Scott, qui concernent les diènes et composés carbonylés insaturés.
A partir de tableaux qui rassemblent, sous forme d'incréments, les divers facteurs de structure
à considérer, on peut prévoir la position de la bande d'absorption π π* de ces systèmes
conjugués. A partir d’une molécule type affectée d’une longueur d’onde de base le calcul
s’effectue selon les groupements fonctionnels substituants.
a) Diènes conjugués
Pour les diènes conjugués possédant différents substituants alkyles sur les systèmes :
La valeur de base est de 214 nm
On ajoute 5 nm à cette valeur de base pour chaque groupe alkyle porté par le système conjugué.
On ajoute encore 5 nm pour chaque double liaison en position exocyclique.
Exemple: CH3-CH=CH-CH=CH-CH3
max calculée = 214 (base) + 5 x 2 (deux groupements méthyles) = 224 nm
max observée = 227 nm
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Exemple 1 :
- Diène homoannulaire (les deux doubles liaisons dans le même cycle) : valeur de base 253 nm
- Une double liaison est exocyclique au cycle B : incrément 5
- Trois restes alkyles (liaisons a, c, d) : incrément 3x5
- Un substituant méthyle (b) : incrément 5
max (calculée) = 253 + 5 + (3 x 5) + 5 = 278 nm
max (observée) = 273 nm
Exemple 2 :
- Diène homoannulaire (les deux doubles liaisons dans le même cycle) : valeur de base 253
nm
- Deux restes alkyles : incrément 2x5
- Un substituant NR2 : incrément 60
max (calculée) = 253 + 60 + (2 x 5) = 323 nm
Exemple 3
- Diène hétéroannulaire (les deux doubles liaisons dans deux cycles différents) : valeur de
base 214 nm
- Une double liaison est exocyclique au cycle A : incrément 5
- Trois restes alkyles (liaisons a, b, c)) : incrément 3x5
max (calculée) = 214 + 5 + (3 x 5) = 234 nm
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b) Composés carbonylés α,β-insaturés
Structure de
base
Hétéroannulaire 30
Homoannulaire 68
-R 10 12 18 18
-O-R 35 30 17 31
-O-CO-CH3 ou O-CO-C6H5 6 6 6 6
-OH 35 30 50
-Br 25 30
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c) Composés carbonylés aromatiques (dans l’éthanol)
L'absorption des composés aromatiques est beaucoup plus complexe que celle des éthyléniques.
Plusieurs transitions π π* sont observées.
Le spectre UV du benzène présente trois bandes d’absorption dues à des transitions π π*.
λmax = 184 nm, ε = 60000 λmax = 203 nm, ε = 7900 λmax = 256 nm, ε = 200
Valeur de base :
H 250 nm
OH, OR 230 nm
incrément à ajouter en nm
— OH, — OR 7 7 25
— Cl 0 0 10
— Br 2 2 15
— NH — CO — CH3 20 20 45
— NR2 20 20 85
— NH2 15 15 58
Exemple 1:
OH O
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max (calculée) = 246 + 3 (reste alkyle en ortho) + 7 (OH en ortho) = 256 nm
max (observée) = 255 nm
Les corrections dues aux solvants sont indiquées dans le tableau ci-dessous.
eau +8
chloroforme -1
éther -7
cyclohexane - 11
dioxanne -5
hexane - 11
8) Techniques expérimentales
Les spectres des molécules organiques enregistrés dans le Visible ou dans l’UV sont des
spectres d’absorption obtenus à l’aide d’un spectrophotomètre.
a) Appareillage
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Il est constitué des éléments suivants :
Source
Le rôle de la source est de fournir la radiation lumineuse.
Dans la région de l’UV (190 à 400 nm), la source est une lampe à décharge au deutérium. Une
lampe à filament de tungstène est utilisée pour la région allant de 350 à 800 nm.
Monochromateur
Le monochromateur a pour rôle de disperser le rayonnement polychromatique provenant de la
source et d’obtenir des radiations monochromatiques.
Les monochromateurs les plus utilisés sont composés en général d'une fente d'entrée, d'un
dispositif de dispersion comme un prisme ou un réseau et d'une fente de sortie.
L'échantillon et le détecteur, placés juste derrière le monochromateur, ne seront donc traversés
que par un domaine étroit de longueurs d'onde.
Diviseur de faisceau ou photomètre
La lumière monochromatique qui émerge du monochromateur est séparée en deux faisceaux
qui traversent les compartiments de l’échantillon et de la référence.
Détecteur
Le détecteur est un tube photomultiplicateur qui convertit la lumière reçue en courant. Ce type
de détecteurs est de plus en plus remplacé par des photodiodes (semi-conducteurs) plus
sensibles.
Le détecteur est relié à un enregistreur qui permet de tracer un spectre d’absorption de
l’échantillon analysé.
Remarque : En UV-visible, le porte-échantillon est placé à la sortie du monochromateur, et non
après la source, afin d’éviter de détériorer l’échantillon avec le rayonnement UV provenant de
la source.
b) Echantillonnage
Les composés peuvent être étudiés dans divers états physiques (gazeux, liquide, solide …). La
plupart du temps, l’étude se fait en solution.
c) Solvants
Pour l’étude en solution, le composé doit être dissous dans un solvant convenablement choisi :
il doit dissoudre le produit et être transparent (n’absorbe pas) dans la région examinée.
Le solvant le plus fréquemment utilisé pour les spectres UV est l’alcool éthylique 95% ; l’eau
et l’hexane sont aussi souvent employés. La position des pics d’un composé peut être largement
modifiée suivant le solvant utilisé. Le tableau suivant donne la zone d’absorption de certains
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solvants et matériaux.
Exemple : L’hexane peut être utilisé comme solvant pour des échantillons qui absorbent à des
longueurs d’onde supérieures à 210 nm.
d) Cellules
La solution à étudier doit être placée dans une cellule ou cuve.
Les cellules de mesure sont généralement des tubes parallélépipèdiques de 1x1 cm de côté et 4
à 5 cm de hauteur. Elles sont en quartz pour le domaine UV-visible. Le verre est réservé aux
mesures dans le domaine visible uniquement.
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Dosage du benzène dans le cyclohexane
Etude des systèmes π conjugués : mise en évidence de l’effet bathochrome (les
spectres électroniques permettent de relever l’ampleur et l’étendue de la conjugaison
au sein des systèmes moléculaires).
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