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EN FINIR
AVEC
LA
MIGRAINE
LE RÉGIME ANCESTRAL
SANS SUCRE SANS GLUTEN
POUR NE PLUS SOUFFRIR
Traduit de l’américain par Anne Pietrasik
The Migraine Miracle by Josh Turknett, M.D. Recipes by Jenny Turknett
Copyright © 2013 by Josh Turknett, MD and New Harbinger
Publications, 5674 Shattuck Avenue, Oakland, CA 94609
All rights reserved
Conception graphique et mise en page: Catherine Julia (Montfrin)
Illustrations: Idée Graphic (Toulouse)
Photos: ©Fotolia, ©Shutterstock
Imprimé par France Quercy à Mercuès (France)
N° d’impression:
PRÉFACE
JE HAIS LA MIGRAINE
LA NATURE DE LA BÊTE
Le cas de Margaret T.
Une douleur sans objet?
Le petit bug maso
Pourquoi?
Poser le diagnostic
La bête déguisée en belle
Céphalées de tension et «pseudo» sinusites: fiction ou
réalité?
Migraine et génétique, ou «à qui la faute?»
L’impact de la migraine
FRANCHIR LE SEUIL FATIDIQUE!
Vivre sur le fil du rasoir
En fait, tout compte!
Les ballons: facteurs qui vous rapprochent du seuil
Les lests: pour rester aussi loin du seuil que possible
Le cas de Jane S.
Le cas de Joe C.
L’illusion du déclencheur unique
Enrayer une migraine: le traitement de la crise
Les antimigraineux préventifs
Et maintenant?
LA RÉVOLUTION!
Petit flash-back
Suspect n° 1: les céréales
Suspect n° 2: le sucre
Suspect n° 3: les acides gras oméga-6
Suspect n° 4: les produits laitiers
Synthèse
ON N’EST SIMPLEMENT PAS FAITS POUR ÇA
Faire surgir l’ordre du chaos
Comme un poisson hors de l’eau
Un métabolisme adapté aux lipides: quittons les montagnes
russes glycémiques
Le régime cétogène
Inflammation et hypothalamus
Guide pour un hypothalamus heureux
LE RÉGIME «MIRACLE»
Quelques précisions sur le mot «régime»
Cas particuliers
Les acides gras à chaîne moyenne et la magie du lait de
coco
Les mythes alimentaires à bannir définitivement
Tout est dans l’état d’esprit!
Les avantages du régime ancestral
RECETTES
LES PETITS DÉJEUNERS
Smoothie spécial petit déj’
Barres chocolat-orange aux noix de pécan
Fruits rouges à la crème
LES PLATS
Wraps laitue à la truite fumée
Poulet au curry Massaman
Crevettes au citron vert et à la coriandre
Saumon coco-macadamia à la sauce au beurre et citron vert
Filet mignon de porc grillé à l’asiatique
Côtelettes de porc à la sauge avec beurre noisette
Poulet aux noix de pécan, sauce moutarde
Chorizo et légumes rôtis
Crabe sur fondue de poireaux à la tomate
Lasagnes d’aubergines
LES ACCOMPAGNEMENTS ET EN-CAS
Tomates cerises rôties
Galettes de courge
Chips de kale
LES DESSERTS
Bouchées grillées cacao-noix de coco
Entremets aux fruits rouges
Sablés aux noix de pécan
Bananes glacées
MENUS POUR 21 JOURS
Semaine 1
Semaine 2
Semaine 3
LES RÉPONSES À VOS QUESTIONS
LECTURES ET AUTRES RESSOURCES
Sur internet
Livres
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
BIOGRAPHIE DES AUTEURS
Préface
Tous les migraineux devraient lire ce livre. Et tous les
neurologues aussi. Car cela permettrait de mettre au diapason
l’ensemble de la communauté médicale et ainsi d’en faire
bénéficier les malades. Toutes les personnes qui souffrent de
maux de tête récurrents – même s’il ne s’agit pas de migraines
au sens strict – peuvent, elles aussi, mettre à profit les précieux
conseils de ce livre.
Contrairement à ce que la médecine scientifique actuelle
cherche à faire admettre, la migraine n’est pas une maladie au
sens strict, autrement dit il n’y a pas une migraine «type»,
mais un ensemble de symptômes dont les causes sont
multiples et dépendent de chaque individu. En recherche
médicale, lorsque l’on veut tester un médicament et étudier
son efficacité, les scientifiques doivent établir des catégories
homogènes de malades afin de pouvoir les comparer entre
elles. Mais malgré la précision des tests statistiques utilisés par
les chercheurs, toutes ces études ont des limites, car aucune ne
prend en compte la spécificité de l’individu et de sa maladie.
Aussi est-il illusoire de prétendre prédire l’efficacité d’un
médicament chez un patient donné, car ce qui fonctionne chez
l’un ne marchera pas forcément chez l’autre. En revanche, un
changement du régime alimentaire va modifier le
fonctionnement du corps en profondeur, avec des
conséquences bénéfiques sur de multiples problèmes. Et c’est
cela qui explique que les migraines peuvent être améliorées
par des mesures globales telles que l’alimentation, comme cela
est préconisé dans ce livre.
Le docteur Turknett explique très bien le mécanisme qui
aboutit au déclenchement de la migraine, qui est une réponse
physiologique à des événements déclencheurs sur un terrain
favorisant. Il existe un seuil migraineux, propre à chaque
individu, au-delà duquel une crise douloureuse apparaît si les
événements déclencheurs surviennent. Il faut donc agir sur
l’état de base pour éloigner le seuil et ainsi diminuer la
réactivité aux événements susceptibles de provoquer la crise:
stress, manque de sommeil, aliment particulier, stimuli auditif
ou olfactif, période menstruelle… D’après l’expérience du
docteur Turknett et la mienne, les corrections alimentaires
permettent à la fois de s’éloigner du seuil migraineux mais
également de limiter l’impact de certains facteurs alimentaires
déclenchants.
Comme pour tout individu, c’est l’expérience qui fait
évoluer le médecin. C’est ainsi que le docteur Turknett, ancien
migraineux, a fait ses découvertes, en mesurant sur ses propres
migraines l’effet bénéfique d’un régime sans sucre et sans
gluten. Mon expérience a été tout à fait comparable sauf que
dans mon cas, contrairement au Dr Turknett, l’éviction des
produits laitiers a été primordiale.
Dans ma pratique, je commence toujours par conseiller à
mes patients d’interrompre la consommation de produits
laitiers contenant du lactose (lait, yaourts, fromage blanc) et
très souvent l’amélioration des céphalées est spectaculaire en
quelques jours, ou quelques semaines. Cette amélioration a
également des répercussions sur le fonctionnement digestif, la
fatigue physique et morale… Parfois, il faut aller plus loin
dans les modifications alimentaires et élargir le spectre des
aliments à éliminer en s’orientant vers une alimentation de
type ancestral, pauvre en céréales, en sucre et en produits
laitiers. Cette alimentation, que nos ancêtres ont connue
pendant plus de deux millions d’années et à laquelle nous
sommes génétiquement adaptés, permet de soulager les
symptômes de la migraine et replace le corps dans son
fonctionnement normal, avec toutes les conséquences
bénéfiques que cela peut avoir sur notre santé globale.
En une phrase, un livre extrêmement utile pour les
migraineux et toutes les personnes qui souffrent de maux de
tête.
DR BERNARD ARANDA
NEUROLOGUE
INTRODUCTION
Je hais la migraine
Sans blague! Ce n’est pas que je déteste avoir la migraine.
Cela va beaucoup plus loin que cela. J’ai toujours exécré tout
ce qui concernait la migraine.
Enfant, je la maudissais parce qu’elle tourmentait ma maman
dont les crises étaient fréquentes et féroces. Je n’y comprenais
rien. Un jour, elle allait très bien, et le lendemain, elle était là,
pâle, les yeux mi-clos, à préparer le dîner ou laver le linge en
faisant de son mieux pour dissimuler la terrible douleur qui la
ravageait. Pourtant, malgré tous ses efforts, je savais toujours.
Je lisais sur son visage comme dans un livre et je haïssais ces
«migraines», comme elle les appelait. J’aurais voulu l’aider de
tout mon cœur mais, au fin fond de moi-même, je savais qu’il
n’y avait rien à faire. C’était la femme la plus intelligente que
je connaissais et elle en savait autant sur la migraine que
n’importe quel médecin. Si elle ne parvenait pas à dompter la
bête, j’avais peu de chances d’y arriver. J’ai souvent rêvé de
trouver la solution, de découvrir un jour ce qui détruirait la
migraine à jamais.
Ma haine a décuplé lorsque j’ai moi-même commencé à en
souffrir. Je me souviens très bien de ma première crise
(personne n’oublie la première visite du monstre!). J’avais
onze ans et je revenais d’un week-end scolaire dont je n’avais
guère profité alors que c’était l’événement de l’année. Si je
n’avais pas assisté aux migraines de ma mère, j’aurais
sûrement cru que j’étais en train de mourir. Je me remémore
encore cet infernal voyage de retour: le chahut des autres
enfants s’amusant comme seuls savent le faire des gamins
coincés dans un autocar tandis que, roulé en position fœtale
sur mon siège, les yeux fermés pour me protéger des rayons du
soleil qui me transperçaient la tête à travers la fenêtre, je priais
pour qu’ils arrêtent de faire autant de vacarme. En arrivant à la
maison, j’avais vomi tripes et boyaux avant de m’écrouler
dans mon lit, totalement épuisé. Ma cohabitation avec la bête
avait commencé. La bataille de ma mère était devenue mienne.
Au début, le monstre ne m’a rendu visite que de temps en
temps mais, avec l’âge, les crises se sont rapprochées. À trente
ans, j’avais accepté qu’elles étaient inévitables et faisaient
partie de ma vie. La bête serait toujours tapie dans un coin,
prête à bondir à la première occasion. Tel était mon destin.
La migraine s’est incrustée dans ma famille. Ma femme en
souffre aussi et, comme ma mère, elle poursuit vaillamment
ses activités, sacrifiant son confort au bien d’autrui. Elle sait
ce que c’est que d’enseigner aux enfants d’une classe de 6e,
les tempes battantes et les tympans lacérés par chaque petite
voix suraiguë. Elle a survécu aux migraines quasi quotidiennes
de ses deux premiers trimestres de grossesse, refusant de
prendre quoi que ce soit, même du paracétamol. Ce genre de
bataille fait des ravages et j’avais mal pour elle en la voyant
lutter.
Quand ma fille s’est mise à vomir violemment de temps en
temps, j’ai bien essayé de me convaincre qu’il ne s’agissait
que d’une banale gastro, mais je savais. Je fréquentais la bête
depuis assez longtemps pour la reconnaître sous tous ses
déguisements. Aussi, n’ai-je guère été surpris lorsqu’à l’âge de
cinq ans, elle a accouru en larmes pour me dire: «Papa! J’ai
mal à ma tête!». Son ADN avait parlé. Je ne m’étais pas
attendu à ce que cela arrive aussi tôt mais, franchement, je n’ai
pas été étonné. Je connaissais trop la férocité de la bête.
Vous comprendrez mieux à présent ma haine des migraines
et ne serez pas surpris d’apprendre que je suis devenu
médecin, spécialisé en neurologie, la branche de la médecine
qui soigne, entre autres, les troubles du cerveau, et que j’ai
consacré ma carrière au soin des migraineux! Au début, je
nourrissais l’espoir caché de découvrir une réponse qui
aiderait ma famille et moi-même à éliminer la bête. J’ai
exploré toutes les sources d’information, livres, revues,
professeurs et patients, sans découvrir de remède absolu contre
la migraine. En revanche, mes patients ont bénéficié de tous
les outils disponibles pour lutter contre la migraine. Certes, ce
n’était pas parfait, loin de là, mais c’était le mieux que la
médecine moderne avait à offrir, du moins le croyais-je. En
effet, j’en étais arrivé à la même conclusion que ma mère des
années plus tôt: la bête ne saurait être tuée, au mieux pouvait-
on la gérer.
Et puis, c’est arrivé. Tout a changé en un clin d’œil! Ma
bataille contre la migraine était finie, et par hasard en plus!
Une découverte fortuite a révolutionné ma vie et celle de
milliers de gens. Grâce à elle, j’ai pu tenir la promesse que je
m’étais faite enfant: tuer la bête! J’avais enfin trouvé son talon
d’Achille et l’arme qu’il me fallait, que j’ai hâte de partager
avec vous.
1
La nature de la bête
Commençons notre discussion sur les migraines par ce qui est
arrivé à l’une de mes patientes.
Le cas de Margaret T.
Comptable approchant la quarantaine et habituellement
toujours très soucieuse de son apparence, Margaret T. ne
saurait quitter sa maison sans maquillage, encore moins sans
s’être coiffée. Mais aujourd’hui n’est pas un jour normal.
Après des mois de bataille intérieure, elle s’est enfin résolue à
conduire jusqu’à l’hôpital. Après cinq heures d’attente,
torturée par l’éclairage froid des néons de la salle d’attente des
urgences, elle a passé à peine cinq minutes avec un médecin.
Pire, elle est repartie à peu près dans le même état qu’à son
arrivée. À sa sortie, l’infirmière lui a remis une fiche
d’information où il lui était conseillé de consulter rapidement
un neurologue. C’est ce même dépliant qu’elle m’a tendu en
entrant dans mon cabinet le lendemain matin.
— On dirait que vous avez mal à la tête?
— Oui. C’est atroce.
— Pouvez-vous m’en dire plus?
— J’ai cette douleur sourde qui commence dans le front
avant de se transformer en douleur pulsatile dans la
tempe gauche et autour de l’œil.
— Depuis quand?
— Ça a commencé il y a environ un mois.
— Avez-vous jamais eu mal à la tête comme ça
auparavant?
— Oui, ça m’arrive. Parfois, j’ai mal aux sinus et parfois
c’est lié au stress, mais jamais à ce point.
— C’est-à-dire?
— Je n’ai jamais eu mal à la tête comme ça, ni aussi fort
ni aussi souvent. En général, ça s’en va en prenant un
Advil ou du paracétamol, mais là, rien n’y fait!
— Rien du tout?
Pourquoi?
Ce que je viens de vous décrire est un résumé du processus
migraineux tel que nous le comprenons actuellement. Je vous
ai notamment dit que la migraine était une réponse
physiologique à certains déclencheurs, tout comme la fièvre ou
la déglutition. Cependant, cette analogie présente un problème:
contrairement à la migraine, la fièvre et la déglutition ont
toutes deux un but précis. La fièvre est destinée à détruire par
la chaleur les microbes qui nous ont envahis, et la déglutition
propulse les aliments dans le système digestif. Mais, quid de la
migraine? Propagation d’une dépression neuronale,
conduction antidromique, inflammation aseptique… pourquoi
ce processus si savamment orchestré survient-il? En vérité,
personne ne le sait vraiment. Je vous ferai part de mes propres
soupçons au chapitre 4, mais regardons d’abord ce qui se passe
lorsqu’une migraine est diagnostiquée.
Poser le diagnostic
La migraine ne se diagnostique pas par des prises de sang, des
radios ou des IRM. En dépit de tous les progrès de la médecine
moderne, la migraine se diagnostique toujours «à l’ancienne»,
c’est-à-dire en interrogeant le patient. En d’autres termes, le
diagnostic de votre médecin repose sur la description que vous
lui faites de vos maux de tête. Examens sanguins et scanner
cérébral sont parfois demandés, mais seulement pour exclure
d’autres causes de céphalée, plus «exotiques». Ces examens ne
sauraient à eux seuls confirmer un diagnostic de migraine.
Quelles sont donc les caractéristiques diagnostiques de la
migraine? D’après les directives très strictes de la
International Headache Society3 (Olesen et Lipton, 1994), le
diagnostic officiel de la migraine repose sur la présence d’au
moins cinq épisodes de mal de tête avec satisfaction de trois
critères:
1◆ Le mal de tête doit durer au moins quatre heures.
2◆ La douleur doit présenter au moins deux des quatre
caractéristiques suivantes. Elle peut être:
- unilatérale
(située sur un seul côté de la tête);
- pulsatile;
- d’intensité modérée à sévère;
- aggravée par l’activité physique.
3◆ La céphalée doit s’accompagner d’au moins l’un des
deux symptômes suivants:
- nausées et/ou vomissements;
- hypersensibilité à la lumière (photophobie) ou au
bruit (phonophobie).
Ces éléments caractérisent la forme la plus forte de crise
migraineuse classique. La bonne nouvelle, c’est que si vos
maux de tête satisfont à tous ces critères, vous avez de fortes
chances qu’il s’agisse de migraines. Avec des critères aussi
stricts et précis, le risque de confondre une migraine avec autre
chose est extrêmement faible.
Cependant, le problème d’une adhésion trop rigide à ces
critères est que cela pourrait escamoter le diagnostic de
nombreuses migraines. Je dirais même que si nous ne devions
qualifier de migraineux que les personnes satisfaisant ces
critères, la majorité des migraineux se verrait attribuer un autre
diagnostic. Or, en l’absence de diagnostic correct, nous ne
risquons guère de proposer le bon traitement.
L’impact de la migraine
Vous aurez sans doute compris que les migraines sont bien
plus fréquentes qu’on ne le croit. Et vous aurez raison. La
majorité des études épidémiologiques a estimé qu’entre 10 et
15% de la population étatsunienne souffrait de migraines
(Lipton et coll. 2007), et ce nombre s’accroît régulièrement
depuis quelque temps. En effet, entre 30 et 40 millions de
personnes dans les seuls États-Unis ont été diagnostiquées
comme migraineuses4. Ces chiffres sont déjà considérables,
surtout si l’on tient compte des milliards de dollars perdus en
termes de productivité et d’heures innombrables de souffrance
et de mal-être. En réalité, comme nous l’avons vu dans ce
chapitre, le chiffre réel est certainement bien plus élevé et il est
grand temps qu’une solution soit trouvée.
1 Ce médicament associe paracétamol (250 mg), aspirine (250 mg) et caféine (65
mg). En France, il est vendu sur ordonnance sous le nom d’Excedrinil. (NDT)
2 «antidromique» signifie «dans le sens opposé à ce qui est habituel». (NDT)
3 Société internationale des céphalées.
4 On estime à 12 millions le nombre de migraineux en France. (NDE)
2
Le mode de vie
Le stress
C’est l’alibi par excellence, le facteur le plus souvent incriminé,
notamment parce que c’est une cible facile. En effet, il est
omniprésent dans la vie moderne et qui d’entre nous peut dire qu’il a
passé une journée entière sans aucun stress? Il n’est donc guère
surprenant qu’il soit si souvent incriminé, parfois à tort. Cela dit, il
est indéniable que le stress (émotionnel ou physique) augmente
significativement notre risque de migraine. Le stress provoque
parfois une tension des muscles des épaules et du cou, qui, comme
nous l’avons vu au chapitre précédent, peut déclencher une
migraine.
Taille du ballon: moyen à gros
La faim et/ou les grosses variations de glycémie
Sauter ou retarder un repas est une cause reconnue d’enclenchement
du processus migraineux.
Presque tous les migraineux ont souffert de céphalées dans cette
situation. C’est la chute massive du taux de sucre dans le sang (la
glycémie) qui entraîne vraisemblablement une sensation de faim
intense et augmente le risque de migraine. De nombreux patients qui
consultent après une première crise typique évoquent une longue
histoire de «céphalées liées à la faim». Encore des migraines
déguisées!
Surtout, ne réagissez pas à une céphalée liée à la faim en
mangeant quelque chose de sucré! Et je ne parle pas seulement de
bonbons ou d’entremets. Un fruit est tout aussi nocif et risque
d’aggraver immédiatement votre mal de tête. J’ai commis cette
erreur un nombre incalculable de fois, pensant toujours que j’avais
attendu trop longtemps pour manger, avant de me rendre compte que
c’était ce que je mangeais pour calmer ma faim qui posait problème.
Taille du ballon: gros
Les perturbations du cycle veille/sommeil
Toute perturbation du cycle veille/sommeil augmente le risque de
migraine. Il s’agit le plus souvent d’une privation de sommeil, soit
après une ou deux nuits d’insomnie, une sortie tardive, un voyage à
l’étranger avec décalage horaire ou encore un nouveau-né à soigner.
Mais le manque de sommeil n’est pas le seul à poser problème,
l’excès de sommeil fait aussi monter le risque. Chez certains, le prix
à payer pour la grasse mat’ du dimanche est prohibitif!
Taille du ballon: moyen à gros
La déshydratation
La déshydratation, ou manque d’eau dans l’organisme, est un autre
coupable possible. Ceci survient généralement l’été, après une
grande journée passée dehors ou une séance de sport prolongée alors
qu’il fait chaud. Le phénomène est le même que celui de la gueule
de bois. L’alcool a un effet diurétique (il fait uriner) qui provoque la
migraine. Si vous devez faire du sport lorsqu’il fait chaud, assurez-
vous de boire en quantité suffisante. Boire de l’eau, c’est bien, mais
il faut aussi penser à remplacer les sels minéraux que vous perdez,
surtout si vous avez tendance à «suer salé» (si c’est votre cas, vous
serez au courant). Attention aux boissons énergisantes dont la teneur
en sucre est souvent problématique. Sinon, prenez un comprimé
d’électrolytes (à acheter sans ordonnance ou en ligne) ou faites
comme moi: ajoutez une pincée de sel dans votre verre d’eau.
Taille du ballon: moyen
L’épuisement
Pratiquer un sport intense pendant longtemps est un puissant
déclencheur pour certains, alors que c’est sans effet chez d’autres.
Ce problème concerne surtout les sportifs de haut niveau qui
s’entraînent intensivement. L’ancien joueur de football américain
Terrel Davis a ainsi été obligé de rester sur le banc de touche
pendant le XXXIIe Super Bowl à cause d’une migraine.
Taille du ballon: petit à gros
Le sexe
Quelques migraineux souffrent de céphalées avant ou juste après
avoir fait l’amour. Si c’est votre cas, évitez à tout prix de faire
l’amour. Non, je plaisante! Si cela vous arrive, prenez un comprimé
d’aspirine (1000 mg) ou de l’ibuprofène (400 à 800 mg) juste avant
les rapports.
Taille du ballon: petit à gros
L’abus de médicaments antimigraine
De façon paradoxale, chaque fois que vous prenez un médicament
qui enraye votre crise, vous augmentez votre risque de migraine. Vos
chances de déclencher une autre migraine sont plus élevées après
extinction de l’effet du médicament qu’avant que vous ne le preniez.
Nous explorerons ce phénomène un peu plus loin dans ce chapitre
(voir p 73).
Taille du ballon: gros
Les médicaments
Outre les spécialités à base d’estrogènes, d’autres classes de
médicaments peuvent accroître votre risque migraineux. Il est
parfois impossible d’arrêter un médicament, mais parlez-en avec
votre médecin si vous prenez l’un des produits suivants:
• Inhalateurs contre l’asthme, bronchodilatateurs (Ventoline)
• Stimulants vendus sans ordonnance, souvent juste de la caféine en
pilules
• Stimulants sur ordonnance (méthylphénidate, dextroamphétamine)
• Dérivés nitrés pour le cœur
• Médicaments contre les dysfonctionnements érectiles (sildenafil,
vardenafil, tadalafil)
• Produits contre l’acné (isotrétinoïne)
Cette liste regroupe les principales classes thérapeutiques pour
lesquelles le lien avec la migraine est bien établi. Cela dit, d’autres
médicaments non cités ici sont aussi susceptibles d’augmenter le
risque de migraine. Si la fréquence de vos migraines augmente après
le début d’un nouveau traitement, faites un test (sous la surveillance
de votre médecin) et arrêtez-le pour voir s’il est en cause.
Taille du ballon: petit à gros
La dépression
Dépression et douleur ne font pas bon ménage. L’une renforce
l’autre, tant du point de vue psychologique que physiologique.
D’ailleurs, un changement dans la fréquence des maux de tête est un
signe courant de dépression, qu’il s’agisse d’un trouble dépressif
majeur ou d’une réaction à un événement traumatique (décès,
divorce, etc.). Il est donc quasi impossible de contrôler ces
migraines sans prendre aussi en charge la dépression.
Taille du ballon: gros
Impressionnant non? Il n’est guère surprenant que les migraines
soient si répandues. Je dois dire que je ne connais personne qui n’ait
jamais été stressé, ne se soit jamais couché tard, n’ait jamais fait la
grasse matinée ou sauté un repas, n’ait jamais bu de boisson
caféinée ou d’alcool, mangé de chocolat ou d’agrumes… bref, vous
voyez ce que je veux dire.
Comme on dit, la connaissance, c’est le pouvoir. Heureusement,
nous bénéficions de l’expérience cumulée de millions de migraineux
car, sans cela, étant donné le nombre de déclencheurs potentiels,
nous n’aurions jamais pu trouver tout ceci tout seuls. Comprendre ce
qui augmente votre risque, c’est déjà la moitié de la bataille de
gagnée. Pour l’autre moitié, il vous faut trouver comment faire
baisser le risque migraineux.
Le mode de vie
Les horaires de sommeil réguliers
Les migraines n’aiment pas la régularité, surtout en matière de
sommeil et de repas. Même si cela vous semble un peu rasoir, votre
cerveau vous sera reconnaissant si vous adoptez des horaires de
repas et de sommeil réguliers.
Taille du lest: moyen à gros
Les horaires de repas réguliers
Voir ci-dessus. En plus de la question des horaires réguliers d’un
jour à l’autre, il est souhaitable de veiller à ce que la glycémie reste
relativement stable au fil de la journée. Le meilleur moyen consiste à
éviter de sauter ou retarder un repas. Les détails pratiques sont
détaillés au chapitre 5.
Taille du lest: moyen à gros
La gestion du stress
Il est très rare qu’un patient me dise qu’il n’a jamais eu mal à la tête
de toute sa vie. Cependant, les rares fois où je l’entends, il s’agit
généralement d’une personne sans antécédents familiaux, très relax,
qui ne se laisse guère perturber par les hauts et les bas de la vie
quotidienne. Comme disait le philosophe grec Epictète: «Ce ne sont
ni les faits ni les événements qui perturbent l’homme, mais la façon
dont il les considère».
Trouver des moyens efficaces de lutter contre les facteurs de
stress dans votre vie est essentiel pour tenir la migraine en échec.
Pour certains – ceux qui n’ont jamais au mal à la tête – c’est tout
naturel. Pour d’autres, cela demande pas mal de travail. Il existe de
nombreuses techniques excellentes pour gérer le stress:
psychothérapie, méditation, sport, loisirs. Il faudrait plusieurs livres
pour les citer toutes. Surtout, n’hésitez pas à demander de l’aide à un
professionnel si vous ne parvenez pas à gérer correctement votre
stress, vos angoisses et vos soucis. C’est essentiel si vous souhaitez
contrôler vos migraines.
Taille du lest: gros
L’allaitement
La plupart des migraineuses constatent une réduction significative,
voire une disparition complète, du nombre de migraines lorsqu’elles
allaitent. Cela compense les débuts de grossesse où les migraines
sont parfois à leur apogée!
Taille du lest: petit à moyen
Le cas de Jane S.
Jane S. a commencé à souffrir de migraines il y a environ vingt ans,
alors qu’elle était jeune adolescente. Depuis, elle a consulté quantité
de médecins et essayé une multitude de traitements. Son père et sa
sœur sont également migraineux. Elle en est arrivée à la conclusion
qu’il n’y avait pas grand-chose à faire et qu’elle était condamnée à
subir ses migraines.
Ses crises sont fréquentes et elle prend des antimigraineux en
moyenne trois fois par semaine. Jane se sent «anxieuse», toujours
inquiète et a du mal à lâcher prise, tant à la maison qu’au travail.
D’ailleurs, elle dort souvent mal.
Elle se souvient d’une nuit où, après avoir travaillé très tard sur
une présentation, elle avait passé le restant de sa courte nuit à
s’angoisser à propos du lendemain. Au lieu des sept à huit heures de
sommeil dont elle a besoin, Jane avait passé trois heures à se
retourner dans son lit. Le lendemain matin, elle avait essayé de se
forcer à prendre son petit déjeuner mais elle avait l’estomac noué et
seules quelques gorgées de jus d’orange étaient passées. En se
rendant au travail, elle avait remarqué une petite tache scintillante
dans le coin de son œil droit. Le temps d’arriver au bureau, elle avait
la nausée et un mal de tête pulsatile. Comme il n’était pas question
d’annuler sa présentation, elle s’était ressaisie suffisamment pour en
venir à bout, mais elle restait déçue par sa prestation.
Regardons la nacelle imaginaire de Jane sur le schéma de la
figure 2. Quel était son risque de migraine la veille et le jour de sa
présentation?
Le cas de Joe C.
Joe C. a de la chance. À trente ans, il n’a jamais eu mal à la tête et,
pour autant qu’il le sache, aucun membre de sa famille non plus.
D’un naturel plutôt calme, Joe est capable de «laisser courir» quand
les choses ne se passent pas comme il le souhaite. Rien ne l’inquiète
vraiment. Grâce à ses bons antécédents familiaux et à sa nature
flegmatique, la nacelle de Joe se trouve presque tout le temps dans la
zone ombrée de la figure 4, bien loin du seuil migraineux.
Cependant, un jour, les choses ont changé.
FIGURE 4: En général, Joe C. se trouve bien loin de son seuil
migraineux en raison de sa nature paisible et de ses «bons» gènes.
De nouveaux voisins ont emménagé dans l’appartement en
dessous du sien, et ils sont bruyants. Le vacarme provenant de chez
eux (notamment, les basses émises par leur puissante sono) atteint
généralement son apogée vers deux heures du matin. Depuis leur
arrivée, Joe, normalement bon dormeur, n’a dormi que la moitié de
ses nuits habituelles.
Pire, pour la première fois depuis des années, Joe trouve son
travail un peu stressant. Suite à une compression de personnel, tout
le travail autrefois dévolu à trois personnes lui est retombé sur les
bras. Pour tenir le coup et contrer la fatigue due au manque de
sommeil, il boit trois fois plus de café que d’habitude. Enfin, arrive
le vendredi soir et Joe se réjouit de profiter du week-end. Trop
fatigué pour faire la cuisine ou sortir au restaurant, il commande une
pizza (saucisse et viande séchée) qu’il fait glisser avec deux bières et
un paquet de chips, goût nachos. Le lendemain matin, il fait la
grasse matinée. À 11 heures, il se réveille avec un mal de tête
pulsatile épouvantable. Il n’a jamais vécu un truc pareil. Il prend
deux comprimés de paracétamol, puis deux autres. Rien. Des
marteaux plein la tête et incapable de garder les yeux grand ouverts,
Joe saute dans sa voiture et file à l’hôpital, convaincu d’avoir au
moins une rupture d’anévrisme. Aux urgences, on l’expédie
immédiatement dans le service de radiologie pour un scanner
cérébral, qui s’avère normal. Le médecin-urgentiste lui annonce
qu’il vient de vivre sa première migraine. Joe est sceptique.
— Mais, docteur, je n’ai jamais de migraine, et personne n’en
souffre dans ma famille.
Pourtant le médecin a raison. Joe vient bel et bien de vivre sa
première crise de migraine, une expérience nouvelle et effrayante.
Regardons la figure 5 pour comprendre ce qui lui est arrivé.
Dans le cas de Joe, il fallait une confluence de facteurs quasi
parfaite pour amener son niveau de risque jusqu’au seuil. Donc,
même quelqu’un qui n’a jamais eu de migraine et n’a pas
d’antécédent familial peut en souffrir. Cependant, comme il est
éloigné de son seuil la plupart du temps, les migraines n’ont jamais
été, et ne seront plus, un souci pour Joe… à condition qu’il résolve
son problème de voisinage!
FIGURE 5: Après deux semaines de nuits perturbées avec stress et
consommation accrue de caféine, alcool, glutamate et charcuterie,
les ballons de Joe C. lui ont allègrement fait franchir son seuil,
provoquant ainsi sa première migraine.
L’aspirine
L’aspirine appartient à la catégorie des anti-inflammatoires non
stéroïdiens (AINS). Voilà bien longtemps qu’elle est le premier
médicament pris en cas de douleur, et ce pour de bonnes raisons: ça
marche et ce n’est pas cher! Il suffit de trouver la bonne posologie;
en général, deux comprimés dosés à 500 mg font l’affaire. Toutefois,
elle peut s’avérer problématique chez les personnes à l’estomac
sensible et, prise trop souvent, elle favorise les bleus et les
saignements.
Le paracétamol (Doliprane)
Bon marché et facilement disponible, le paracétamol n’est hélas pas
très efficace contre la migraine. Ceux qui s’en servent dépassent
souvent la posologie recommandée dans l’espoir d’être soulagés, au
détriment de leur foie.
Les associations
Les effets de la caféine sur la migraine sont quelque peu
paradoxaux. Alors qu’elle fait monter le niveau de risque
migraineux et contribue au déclenchement d’une crise dans certains
cas, elle est aussi un remède à l’efficacité démontrée contre la
migraine, surtout associée à d’autres antalgiques. Ces associations
sont disponibles en vente libre, soit aspirine + caféine, soit aspirine
+ caféine + paracétamol. À mon avis, le paracétamol est inutile et ne
fait qu’augmenter le risque d’effets secondaires sans apporter grand-
chose en matière de soulagement. Je conseille aux personnes qui
répondent bien aux associations de s’en tenir aux préparations
contenant juste de l’aspirine et de la caféine.
Bien entendu, vous pouvez aussi créer votre propre association
aspirine/caféine. Nombre de migraineux n’ont attendu personne
pour se soigner grâce à «un Coca et une aspirine» ou «une aspirine
et un café». Pour ma part, je préfère le café au Coca-Cola pour éviter
le pic de glycémie et autres effets toxiques du sucre que je vous
exposerai au chapitre suivant.
Les triptans
L’année 1991 a marqué un virage dans la vie des migraineux. C’est
alors qu’a été lancé le sumatriptan, premier médicament conçu
spécifiquement pour cibler la physiologie de la crise migraineuse.
Cette molécule se fixe à certains récepteurs de la sérotonine situés à
la surface des vaisseaux sanguins, ce qui entraîne une constriction
des vaisseaux sanguins dilatés et une diminution de l’inflammation
environnante. Complètement inefficace contre les autres types de
douleurs, le sumatriptan soulage très bien les migraines. Des essais
cliniques randomisés6 ont prouvé que 70 à 75% des personnes ayant
pris 100 milligrammes de sumatriptan n’avaient plus mal à la tête
deux heures plus tard, contre environ 20% des personnes traités par
placebo (Carpay et coll. 2004; Sheftell et coll. 2005).
Pour de nombreux migraineux, dont ma mère, le sumatriptan a
été le premier médicament capable d’avorter une crise de migraine
déjà déclenchée. Quelle bénédiction! Au début, il se vendait sous
forme de seringues préremplies de solution que l’on pouvait
s’injecter soi-même, puis une présentation en comprimés a été mise
sur le marché. Depuis, d’autres médicaments de la même famille ont
été lancés. Comme le sumatriptan, ils agissent tous en bloquant
certains récepteurs de la sérotonine dans les vaisseaux sanguins
crâniens. Ils diffèrent simplement par la rapidité de leur absorption
et leur durée de vie dans le sang.
Les triptans très efficaces à action rapide
Il existe cinq molécules de la famille des triptans qui sont très
efficaces et d’action rapide: le sumatriptan (Imigrane), le rizatriptan
(Maxalt), le zolmitriptan (Zomig), l’élétriptan (Relpax) et
l’almotriptan (Almogran).
Aux doses auxquelles ils sont administrés, ces cinq triptans sont
les plus rapides et les plus efficaces de leur classe. Leurs effets
secondaires sont aussi très similaires. Le taux de remboursement
varie d’un prestataire d’assurance maladie à l’autre et change avec le
pays7. Prenez donc soin de choisir le triptan qui est le mieux
remboursé. En ce qui me concerne, j’ai trouvé le sumatriptan
générique tout aussi efficace que le médicament de marque
(Imigrane).
Les triptans à action plus lente, mais prolongée
Il s’agit du frovatriptan (Isimig 2,5 mg, Tigreat 2,5 mg) et du
naratriptan (Naramig 2,5 mg).
Ces deux produits agissent moins vite et restent plus longtemps
dans le sang. C’est pour cela qu’ils sont réservés à certains cas
particuliers. Comme il faut plus longtemps pour que ces substances
atteignent leur concentration maximum dans le sang, leurs effets
secondaires sont moins intenses que ceux de leurs cousins d’action
plus rapide. Ils peuvent donc représenter une alternative viable pour
les migraineux particulièrement sensibles aux effets secondaires des
triptans.
Le frovatriptan a également été agréé par la FDA (Food and
drug administration)8 dans la prévention des migraines
menstruelles. Dans cette indication, la posologie est d’un comprimé
deux fois par jour pendant cinq jours, en commençant deux jours
avant la date prévue des règles. Mes patientes l’ont particulièrement
apprécié, surtout celles qui ne souffraient de migraine que pendant
leurs règles.
Les associations triptan plus AINS
Pour ceux qui ne répondent pas à un triptan pris seul, ou dont le
soulagement n’est que temporaire, l’association triptan et anti-
inflammatoire non stéroïdien (aspirine, ibuprofène, naproxène)
constitue un palier raisonnable. Il n’y a guère d’interactions
médicamenteuses significatives avec ces deux classes, qui peuvent
donc être administrées ensemble sans danger. Disponible aux États-
Unis, l’association sumatriptan + naproxène n’est pas vendue en
France. Des essais cliniques l’ont trouvé plus efficace que
l’administration de sumatriptan seul9. En France, rien n’empêche de
faire sa propre association avec du sumatriptan et du naproxène.
Les effets secondaires des triptans
Chez certaines personnes (dont je fais partie), outre le soulagement
de la migraine, les triptans peuvent provoquer quelques sensations
relativement déplaisantes, difficiles à décrire: pression ou tension
dans le cou, les épaules, les mâchoires, sensation de «lourdeur» dans
tout le corps. Ces effets indésirables ne durent pas longtemps et sont
dose-dépendants; autrement dit, ils sont plus forts lorsque la
concentration du médicament dans le sang est au maximum et se
dissipent plus tard. En règle générale, ils durent entre 20 et 45
minutes. L’avantage, c’est que ces effets secondaires coïncident
habituellement avec le soulagement du mal de tête. Certaines
personnes les accueillent donc avec joie.
Ces effets désagréables des triptans sont sans doute liés à leur
action sur les récepteurs de la sérotonine à la surface des vaisseaux
sanguins. Comme ce sont les mêmes mécanismes qui soulagent de la
migraine et déclenchent les sensations déplaisantes ressenties par
certains, il n’est guère surprenant que les triptans les plus efficaces
soient précisément ceux qui sont associés à la plus fréquente
survenue d’effets déplaisants, mais temporaires. Ôter ces sensations
serait un peu comme jeter le bébé avec l’eau du bain.
Les triptans et le cœur
L’effet des triptans étant en partie dû à la constriction des vaisseaux
sanguins, certains se sont inquiétés d’une possible augmentation du
risque d’événement vasculaire de type crise cardiaque, AVC ou
autre. À ce jour, la question reste théorique puisqu’aucun lien n’a été
clairement démontré entre prise de triptans et événements
vasculaires. Quoi qu’il en soit, au vu de ces inquiétudes, on ne
recommande généralement pas ces médicaments aux personnes
ayant des antécédents d’infarctus, d’AVC ou d’hypertension non
contrôlée.
Et si on court-circuitait l’estomac?
Chez certaines personnes, nausées et vomissements font quasiment
toujours partie de la crise migraineuse. La prise de médicaments par
voie orale n’est donc pas très appropriée. D’une part, le comprimé
risque fort d’être immédiatement expulsé (et quoi de plus
décourageant que de regarder un comprimé à 80 dollars flotter dans
la cuvette des W.-C.!). D’autre part, la nausée étant le signe d’un
transit ralenti dans tout le système digestif, l’absorption du
médicament par cette voie l’est tout autant. Un autre mode
d’administration est donc requis, une présentation qui court-circuite
l’estomac. Heureusement, ces alternatives existent. Comme nous
l’avons dit, le sumatriptan était à l’origine vendu sous forme
injectable et cette galénique est toujours disponible10. Administré
en sous-cutané par le patient grâce à sa seringue préremplie, le
produit passe directement dans la circulation sanguine. Le
sumatriptan et le zolmitriptan11 sont aussi disponibles sous forme de
spray nasal. Le produit passe alors directement dans le sang à travers
la muqueuse nasale.
Le Botox
«Vous parlez de ce truc contre les rides?»
C’est la réponse que l’on me fait souvent lorsque je suggère
d’utiliser le Botox pour soigner les migraines. Pour la majorité des
gens, le Botox n’est qu’un produit cosmétique. Ce machin que les
gens s’injectent dans le visage pour avoir l’air plus jeune. Pourtant, à
l’origine, le Botox n’a pas été développé au nom de la jeunesse et de
la beauté. Il a été conçu pour traiter les troubles neurologiques
entraînant des spasmes musculaires involontaires parfois très
handicapants. Le Botox, en réalité de la toxine botulique, est un
paralysant musculaire. Lorsqu’il pénètre dans le corps à des doses
très supérieures à celles qui sont administrées comme traitement, il
provoque la maladie connue sous le nom de «botulisme». Lorsqu’on
l’injecte dans un muscle à très faible dose, il l’affaiblit, effet
souhaitable si le muscle a tendance à trop se contracter. Dès que le
Botox est apparu en pratique clinique, on s’est rapidement aperçu
qu’il contribuait aussi à diminuer les rides du visage si on l’injectait
au bon endroit.
Les personnes traitées par Botox ont aussi remarqué qu’elles
souffraient moins souvent de migraines. Cela faisait des années que
les neurologues utilisaient le Botox «hors indication» pour soigner
les patients aux migraines rebelles. En 2010, après que les
chercheurs eurent confirmé les bénéfices du Botox en cas de
migraine dans des essais cliniques contre placebo, il a été agréé par
la FDA dans l’indication «migraine chronique», c’est-à-dire pour
des personnes qui souffrent de céphalées plus de quatorze jours par
mois.
Quoique sceptique au début, je l’ai prescrit à mes patients
souffrant de migraine chronique et je l’ai trouvé beaucoup plus
efficace que les médicaments préventifs. De plus, comme le Botox
est injecté directement dans les muscles du front, du cou et des
épaules, il ne présente pas le même risque d’effets secondaires
systémiques que les médicaments par voie orale. Il ne présente pas
non plus le même risque d’interactions médicamenteuses chez les
patients lourdement traités.
Les effets du Botox sur les muscles durent environ douze
semaines. Le traitement s’administre donc tous les trois mois. Bien
que je conseille les stratégies alimentaires comme première option
pour éliminer les migraines, j’ai trouvé le Botox utile pour soigner
ceux qui ne pouvaient pas changer leur régime, ou pour aider les cas
particulièrement graves à passer plus facilement au changement de
régime alimentaire.
Et maintenant?
À ce stade, vous savez à peu près tout ce que l’on peut savoir sur la
prise en charge conventionnelle de la migraine. Si vous êtes
migraineux, vous pourrez utiliser ces informations pour diminuer le
nombre de vos crises et vous en débarrasser plus efficacement quand
elles surviennent. Elles résument le savoir accumulé en une vie de
migraineux et celui des médecins spécialisés en migraines.
Au printemps 2010, tout a changé. J’ai trouvé une manière de
faire baisser mon risque de migraine dans une proportion que je
n’aurais jamais crue possible. Non seulement cela a transformé ma
perception de la migraine mais cela a surtout considérablement
amélioré mon existence. Je souhaite faire la même chose pour vous.
La révolution!
Jusqu’au printemps 2010, je croyais tout savoir sur la migraine.
Après tout, j’avais vécu avec elle depuis ma naissance, ma
première expérience ayant consisté à voir ma mère batailler
vaillamment pendant toute mon enfance. À cela se sont ajoutées
mes propres migraines et celles de mes patients, sans parler des
heures innombrables passées à étudier manuels et revues de
neurologie. J’ai utilisé ces connaissances pour soigner mes patients
et moi-même.
Avec tout ce savoir accumulé, je croyais gérer au mieux mes
propres migraines. Connaissant tous les facteurs déclenchants,
j’avais isolé ceux qui me concernaient plus particulièrement.
L’alcool en était un gros. Bien que j’y prenne plaisir, je ne
dégustais que rarement un verre de vin ou de bière au repas.
Lorsque cela m’arrivait, je le faisais passer avec quelques
comprimés d’ibuprofène pour atténuer les conséquences;
malheureusement, cela ne faisait jamais que diminuer de moitié
mes chances de souffrir d’une crise le lendemain matin. J’avais
pratiquement cessé de manger charcuterie, viandes fumées et
saucisses, sous peine de mal de tête pulsatile. Était également
banni tout produit contenant du glutamate, ce qui n’était pas plus
mal, puisque cela signifiait l’évitement absolu de tous les rayons
«traiteur» et «grignotages» du supermarché. Je pouvais manger
des noix, mais seulement en petite quantité et, si le café le matin
passait très bien, ce n’était plus du tout le cas l’après-midi.
Difficile à éviter quand j’étais de garde à l’hôpital toutes les quatre
nuits, le manque de sommeil était pratiquement sûr de me valoir
une crise. Cependant, le facteur qui me hantait le plus était
l’irrégularité de mes repas. En tant que médecin, mes horaires sont
dictés par le nombre de patients dans la salle d’attente, que je sois
de garde ou pas. Certains jours, j’avais le temps de déjeuner
rapidement. D’autres fois, la journée s’écoulait sans interruption
du matin au soir, sans aucune pause. Certes, mon stock de barres
protéinées m’aidait un peu, mais souvent cela ne suffisait pas et je
me revois encore, rentrant du boulot en voiture avec un éléphant
dansant la samba dans la tête.
Je prenais un antimigraineux environ dix jours par mois; quatre
fois sur dix, un triptan. Heureusement, ces médicaments étaient
très efficaces chez moi. En revanche, il y avait un «prix» à payer:
la prise d’un comprimé me procurait généralement quelques
heures de fatigue écrasante qui transformaient mes consultations et
mes responsabilités de mari et de père en véritables épreuves.
Toutefois, cela en valait la peine car le soulagement de la douleur
me permettait de fonctionner à peu près. Durant les dix ans qui ont
suivi l’obtention de mon doctorat en médecine, je n’ai manqué
qu’une demi-journée de travail pour cause de migraine. Étant
donné ce que je savais des migraines à l’époque, je trouve que
c’était quand même pas mal.
Voilà donc où j’en étais. J’avais accepté mon sort de
migraineux.
Vers l’automne 2009, alors que je surfais sur le net un soir, je
suis tombé sur le blog d’un médecin du nom de Kurt Harris.
Consacré à la nutrition, il était rédigé, curieusement, par un
neuroradiologue (médecin spécialisé en imagerie cérébrale).
C’était déjà un peu intrigant. Mais c’est l’article principal qui a
retenu mon attention. Le Dr Harris affirmait que notre dogme
nutritionnel actuel — à savoir que le meilleur régime pour la santé
serait pauvre en graisses et en cholestérol et riche en glucides —
était en réalité aberrant. Qui plus est, il affirmait que les
recommandations alimentaires actuelles, les mêmes que j’avais
répétées à mes patients pendant les dix dernières années, avaient
provoqué un désastre sanitaire, responsable en grande partie de
l’épidémie grandissante de diabète et d’obésité, et sans doute de
bien d’autres maladies que nous, médecins, rencontrons tout le
temps aujourd’hui. Harris prônait une approche complètement
différente de l’alimentation et de la nutrition, que j’aurais
normalement écartée comme étant ridicule. Cependant, j’ai eu
beau chercher des raisons de rejeter sa théorie, je n’y suis pas
parvenu. En fait, bien qu’elle contredise en grande partie ce que
l’on m’avait appris à la faculté de médecine, elle était parfaitement
sensée. J’ai souhaité approfondir la question, aussi bien pour mes
patients que pour moi-même.
Rappelons tout d’abord que les étudiants en médecine ne
bénéficient que de très peu de cours sur l’alimentation et la
nutrition. Ce domaine est traité comme un sujet trivial. Considéré
comme peu important pour notre futur métier de médecin, il ne fait
l’objet que d’un ou deux cours. Là où j’ai étudié, on m’a dit qu’il
fallait juste retenir deux vérités fondamentales:
◆ que la maladie vasculaire, principale cause des crises
cardiaques et des AVC, peut s’éviter par un régime pauvre en
graisses et en cholestérol;
◆ que l’obésité est due à des excès alimentaires associés à une
paresse. Si l’on mange plus de calories qu’on n’en brûle, on
grossit.
On nous a donc recommandé de conseiller à nos patients
d’alléger leur régime en graisses et de surveiller leurs calories. Et
voilà. Circulez, il n’y a rien à ajouter! On aurait pu croire qu’une
chose aussi essentielle à la santé que l’alimentation quotidienne de
notre organisme serait traitée avec un peu plus de soin. Hélas, la
majorité des médecins considéraient ce sujet comme sans intérêt
par rapport aux choses «sérieuses» comme les ruptures de rate ou
les mutations génétiques.
Après lecture du blog du Dr Harris, je me suis rendu compte
que j’avais jusqu’alors supposé aveuglément que les conseils
nutritionnels que je donnais aux patients reposaient sur des
fondations solides. Comme nombre de mes confrères, je n’avais
jamais effectué les recherches nécessaires à une vérification
indépendante de l’information. C’était une erreur inacceptable,
surtout concernant quelque chose d’aussi indispensable à la santé
de mes patients.
Cette brusque prise de conscience m’a amené à me plonger la
tête la première dans le domaine de la nutrition. J’ai commencé par
lire le livre de Gary Taubes Good Calories, Bad Calories (2007),
ouvrage dont la lecture devrait être obligatoire pour tout étudiant
en médecine et que je recommande à toute personne intéressée par
la santé et la nutrition13. J’ai ainsi revisité la biochimie et
l’endocrinologie et exploré les données épidémiologiques
concernant les liens entre graisses, cholestérol et maladies
cardiaques; j’ai aussi étudié la question sous un nouvel angle: celui
de l’anthropologie et de la biologie évolutionniste. J’ai lu tout ce
qui pouvait me donner une idée de ce que l’homme devrait
manger. J’étais déterminé à trouver la vérité dans un domaine où
elle était souvent cachée par des études mal mises en œuvre et dont
les conclusions résultaient de raisonnements foireux.
Je ne suis pas du genre à me faire une opinion rapidement,
préférant garder l’esprit ouvert et considérer tous les points de vue
avant de décider du mien. Cependant, lorsque j’ai émergé de ce
processus, j’étais troublé. J’étais troublé parce que tout ce qu’on
m’avait appris à la fac était très éloigné de la vérité. J’étais troublé
parce que ma propre conception d’une alimentation saine était
totalement erronée. J’étais troublé parce que cela faisait trop
longtemps que j’égarais involontairement mes patients. Avec le
reste de la communauté médicale, je leur avais prodigué des
conseils alimentaires qui nuisaient à leur santé, favorisant sans le
savoir ces mêmes maladies que nous cherchions à vaincre.
Armé de ce nouveau savoir, j’ai décidé de changer. Au
printemps 2010, j’ai totalement révisé mon régime alimentaire,
conformément à ma nouvelle conception d’une bonne
alimentation. Je ne l’ai pas fait pour perdre du poids. Je ne l’ai pas
fait pour «me sentir mieux». Je l’ai fait parce que mon étude des
derniers travaux de recherche scientifique m’avait inexorablement
amené à conclure que cela favoriserait ma santé et mon bien-être à
long terme. Pour résumer, manger ainsi augmenterait mes chances
de vivre une bonne vie.
Après avoir changé d’alimentation, j’ai effectivement
commencé à me sentir mieux. Beaucoup mieux, en fait. La
première chose que j’ai remarquée, c’est que j’avais plus
d’énergie. Mes coups de barre ont complètement disparu. Aussi
loin que je m’en souvienne, j’ai toujours eu très sommeil après le
déjeuner et je devais lutter pour tenir toute l’après-midi au travail.
Plus maintenant! J’ai aussi remarqué que je n’avais plus mal à
l’estomac après les repas. L’indigestion que j’avais jusqu’alors
considérée comme normale après un gros repas avait disparu. Au
bout de quelques semaines, j’ai aussi remarqué que la bedaine qui
ornait le milieu de ma personne et que j’avais lentement
accumulée depuis le lycée commençait à disparaître. Lorsque ma
perte de gras s’est stabilisée, j’étais arrivé à une taille de moins
qu’en classe terminale.
Comme je l’ai dit, je ne m’attendais pas à tout cela. Je mangeais
simplement de la meilleure manière possible pour la santé. Cela
dit, ces bénéfices secondaires ont été plus que bienvenus.
Quelques mois après mon changement de régime alimentaire, j’ai
remarqué autre chose.
Je n’avais pas eu de migraine. Même pas une toute petite! Voilà
qui était remarquable. Sceptique comme je suis, je me suis dit qu’il
s’agissait certainement d’une coïncidence. Enfin, se débarrasser
des migraines ne pouvait pas être aussi facile! En tant qu’expert,
j’étais tout de même bien placé pour le savoir, bon sang!
Deux mois se sont écoulés. Pas de migraine. Trois mois.
Quatre.
Cinq. Six…
La bête avait disparu! Juste comme ça.
Non seulement mes migraines avaient disparu, mais beaucoup
de choses qui m’auraient autrefois garanti une crise ne les
déclenchaient plus. Je me suis remis à boire un verre de vin au
dîner. J’ai pu recommencer à grignoter noix et noisettes, manger
des saucisses ou une assiette de charcuterie, savourer une tasse de
vrai café le matin… et l’après-midi! Aucun des facteurs liés au
mode de vie dont j’ai parlé ne me causait plus de migraine. Les
nuits de garde ne s’accompagnaient plus systématiquement d’un
triptan dévoreur d’énergie pour tenir jusqu’au lendemain. Et mes
horaires de repas, le déclencheur qui m’enquiquinait le plus
autrefois, ne me posaient plus aucun problème. Je pouvais passer
des périodes étonnamment longues sans me sentir affamé et
surtout sans l’ombre d’un mal de tête.
Avant mon changement de régime, je prenais entre cinquante et
soixante antimigraineux par an. Dans l’année qui a suivi, j’en ai
pris une fois (quand j’ai «triché» lors d’un repas à l’extérieur).
Il est difficile de transmettre à quel point cette expérience a
changé ma vie. En fait, si je ne l’avais vécue, je ne l’aurais jamais
crue possible. Je ne m’attendais absolument pas à ce qu’un simple
changement de régime alimentaire ait de telles conséquences.
Mais, maintenant que c’est arrivé, il n’y a aucune chance que je
retourne à ma manière de manger d’autrefois.
Et la cerise sur le gâteau, c’est que cela peut vous arriver à vous
aussi.
Vous vous demandez sans doute ce qui m’a conduit à
totalement recadrer ma conception de l’alimentation et de la
nutrition. Pourquoi est-ce que j’affirme que, pendant un demi-
siècle, nous, médecins, avons donné des conseils alimentaires
nocifs? Pour répondre à cette question, commençons par… le
commencement.
Petit flash-back
Il est facile d’oublier depuis combien de temps l’être humain se
promène sur la planète Terre. Nous ne connaissons que la vie
moderne et sommes nombreux à avoir du mal à imaginer autre
chose. En vérité, c’est notre mode de vie actuel, lorsqu’on le
considère dans le contexte de l’histoire de notre espèce, qui est très
nouveau — ce n’est qu’un clin d’œil dans l’histoire de l’humanité.
D’après nos archives archéologiques, nos premiers ancêtres sont
apparus sur la planète il y a environ deux millions et demi
d’années. Leurs vies étaient très différentes de celle que nous
connaissons aujourd’hui, et leur régime alimentaire aussi. Nos
ancêtres étaient des chasseurs qui mangeaient les animaux
sauvages qu’ils tuaient et complétaient leur alimentation si besoin
par les quelques plantes comestibles qu’ils ramassaient.
Contrairement à nos sociétés contemporaines, où les techniques
d’agriculture modernes nous permettent de rester indéfiniment au
même endroit, nos ancêtres préhistoriques devaient aller là où il y
avait de la nourriture. C’étaient des chasseurs-cueilleurs.
Pendant ces deux millions d’années et demi, les chasseurs-
cueilleurs ont transmis leurs gènes aux générations suivantes.
Ceux qui ne l’ont pas fait ont péri, et leur ADN avec. C’est ainsi
que le génome humain a évolué dans le temps, pour s’adapter de
mieux en mieux au régime d’un chasseur-cueilleur. Et, pendant
que notre environnement se transformait de façon dramatique, le
génome humain, lui, ne bougeait pas. Nos corps et nos esprits sont
toujours constitués pour un fonctionnement optimal dans un
monde qui n’a rien à voir avec celui que nous habitons.
Il y a environ dix mille ans, notre mode de vie a profondément
évolué lorsque les hommes ont commencé à domestiquer plantes
et animaux. Ils ont développé des méthodes permettant de cultiver
de grandes quantités de nourriture en un seul lieu, ce qui leur a
permis de ne plus errer constamment à la recherche de leur
prochain repas. L’homme pouvait maintenant rester en place
pendant longtemps. Il était libre de construire des civilisations,
développer des technologies, écrire de grands poèmes ou
composer de la musique. De ce point de vue, il n’est pas difficile
de comprendre pourquoi ce nouveau mode de vie s’est propagé au
monde entier. Mais, en même temps, notre vie de chasseurs-
cueilleurs s’est éclipsée.
Bien que cette transition ait été à l’époque largement reconnue
comme un signe de progrès, elle a eu d’étranges conséquences. La
taille de l’homme a considérablement diminué (Hermanussen
2003). Son cerveau a rétréci et la durée de vie moyenne s’est
raccourcie. Les ossements montrent une augmentation des caries
dentaires, des anémies par privation de fer et autres signes de
malnutrition (Angel 1984; Cohen et Armelagos 1984; Molleson
1994). En d’autres termes, depuis l’arrivée de l’agriculture et
jusqu’à très récemment, nous mourrions plus tôt et étions plus
malades tout au long de notre vie. On aurait pourtant pu s’attendre
à ce que l’introduction d’un mode de vie et d’une source de
nourriture stables grâce à l’agriculture et à l’élevage améliore la
santé des populations. Pourtant les faits indiquent le contraire.
Comment est-ce possible?
La teneur en macronutriments
Tout aliment peut être ramené à sa teneur relative en
macronutriments: glucides, lipides et protéines. Les céréales sont
surtout composées de glucides. Prenons par exemple une tranche
de pain complet. Elle contient 12 grammes de glucides, 4 grammes
de protéines et 1 gramme de lipides. Autrement dit, 65% des
calories contenues dans une tranche de pain complet proviennent
des glucides. Sa teneur en protéines est relativement basse et elle
n’apporte quasiment pas de lipides. Dans la mesure où l’homme ne
peut pas vivre sans certaines protéines et graisses essentielles, il
doit les trouver ailleurs. En fait, des trois macronutriments, les
seuls dont nous pouvons nous passer complètement sont les
glucides. Vous pourriez passer toute votre vie en ne mangeant que
des protéines et des graisses car notre organisme est parfaitement
capable de synthétiser les glucides, ou plus précisément le glucose,
à partir d’autres sources. Ce n’est pas le cas des graisses et des
protéines dont une certaine quantité est nécessaire à la survie. Les
céréales constituent donc une source particulièrement mauvaise de
protéines et de graisses qui nous sont indispensables.
La teneur en micronutriments
En plus des protéines, lipides et glucides, les aliments contiennent
aussi de petites quantités de vitamines et oligoéléments, aussi
appelés micronutriments. De ce point de vue, les céréales ne sont
pas brillantes non plus: elles ne contiennent aucune vitamine A ou
C, alors que les deux sont essentielles à la santé et la survie. Elles
manquent de vitamine B12 et ne contiennent que des quantités
négligeables de thiamine (vitamine B1), riboflavine (vitamine B2),
et d’acide nicotinique. Dans les pays en voie de développement où
les personnes se nourrissent quasi exclusivement de céréales par
nécessité, les flambées de syndromes liés à un manque en
micronutriments, comme la pellagre et le béribéri, ne sont pas
rares.
Même dans des endroits où l’alimentation est plus variée, la
carence en nutriments des céréales crée des problèmes car ces
dernières prennent la place des autres aliments. En effet, lorsque
l’on privilégie un aliment, on tend à manger moins d’autres
nourritures. C’est aujourd’hui le cas de nombreuses personnes qui,
en mangeant beaucoup de céréales, consomment moins d’aliments
riches en vitamines, oligoéléments, protéines et lipides dont leur
organisme a besoin. Sans les céréales, l’industrie multimilliardaire
des compléments vitaminés n’aurait pas lieu d’être.
Heureusement, nous vivons pour la plupart dans des endroits où
les aliments riches en nutriments se trouvent facilement. La
majorité des viandes, légumes et fruits sont de bien meilleures
sources de nutriments que les céréales. L’ennui, c’est que même si
nous augmentons notre consommation d’aliments riches en
nutriments, les céréales présentes dans notre alimentation nous
empêcheront d’absorber toutes ces bonnes substances.
Suspect n° 2: le sucre
Le sucre. Qui n’en raffole pas? Lui qui donne bon goût à nos sodas
et rend les beignets si délicieux. Bien sûr, peu de gens diraient
qu’il nous est bénéfique. Il ne contient ni vitamine, ni
oligoélément, ni protéine, ni lipide. C’est un glucide pur, source
d’un peu d’énergie pour notre corps mais sans apport d’aucun
nutriment. C’est ce que l’on appelle une «calorie vide». On ne peut
évidemment pas vivre en ne mangeant que du sucre, mais sinon, il
n’est pas bien méchant. N’est-ce pas?
Avant la révolution agricole, l’homme mangeait peu de sucre.
Non pas que nos ancêtres ne l’appréciaient pas, mais plutôt
parce qu’ils n’y avaient pas accès facilement. Lorsqu’ils en
consommaient, c’était sous forme de fructose contenu dans les
fruits qu’ils ramassaient, ou de miel sauvage pour ceux qui avaient
la chance de vivre au bon endroit. Avant l’arrivée de l’agriculture,
l’homme consommait environ 1 à 2 kilogrammes de sucre par an.
Aujourd’hui, tout a changé. Le sucre est partout. La
consommation actuelle d’un Américain moyen est, au minimum,
de 75 kg/an18 (USDA, 2003), soit à peu près quarante fois plus
que nos ancêtres chasseurs-cueilleurs! Avec une telle
augmentation, il vaudrait mieux s’assurer que le sucre n’est bien
qu’une «calorie vide» qui fait grossir.
Avant de poursuivre, j’aimerais préciser ce dont nous parlons
lorsque nous utilisons le mot «sucre». Le sucre de table, la poudre
blanche qu’on achète par grands sacs en papier blanc, est formé
d’une molécule de glucose reliée à une molécule de fructose. Il est
donc moitié glucose, moitié fructose. Le «sirop de maïs à forte
teneur en fructose», ou sirop HFCS, souvent ajouté aux aliments
transformés, comporte environ 55% de fructose et 45% de glucose.
Le sirop HFCS et le sucre de table sont donc à peu près
équivalents. La plus grande partie des 75 kg de sucre que mange
l’Américain moyen chaque année est du sucre en poudre ou du
sirop HFCS.
Lorsqu’ils sont absorbés, ces deux sucres sont d’abord dégradés
en glucose et en fructose. Puis les choses se passent de la même
façon qu’avec le glucose des céréales: la montée de la glycémie
déclenche une libération d’insuline par le pancréas et l’insuline fait
passer le glucose dans le sang. Le glucose qui ne peut pas être fixé
par les tissus est stocké dans le tissu adipeux sous forme de gras.
Encore une fois, ce n’est pas la consommation de gras qui est à
l’origine du stockage de gras, mais celle de sucre.
Quant au fructose, ses effets métaboliques sont encore plus
désastreux.
Contrairement au glucose, le fructose n’est métabolisé que par
certaines cellules de l’organisme. En fait, le corps traite le fructose
comme une toxine, faisant tout ce qu’il peut pour le maintenir en
dehors du système sanguin. Comme d’autres toxines, le seul
endroit où le fructose peut être métabolisé, c’est le foie où une
partie est brûlée comme source d’énergie. Ce qui reste est
transformé en triglycérides (graisses) qui sont ensuite libérés dans
le sang. Plus nous mangeons de fructose, plus notre taux de
triglycérides sanguin grimpe. Or, ce taux de triglycérides est
précisément un marqueur connu du risque de maladie
cardiovasculaire.
Autre conséquence d’un excès de fructose alimentaire: un dépôt
de graisses dans le foie, comme il s’en produit chez les
alcooliques. Ce phénomène est connu sous le nom de «stéatose
hépatique non alcoolique». Comme chez les alcooliques, le foie
«gras» dû à une surconsommation de fructose peut entraîner une
perturbation des fonctions hépatiques, voire une insuffisance
hépatique (Tappy 2012; Abdelmalek et coll. 2010; Lim et coll.
2010). La stéatose hépatique serait l’une des composantes clés de
l’insulinorésistance, état précurseur du diabète (Smith et Adams
2011; Stanhope et Havel 2008). Je ne crois pas qu’il s’agisse d’une
coïncidence si l’épidémie de diabète qui sévit depuis quelques
décennies soit survenue en même temps que l’augmentation de la
consommation de sucre.
Le fructose et l’appétit
Mais le côté sombre du fructose ne s’arrête pas là. Il nous joue
aussi des tours en intervenant dans la régulation de l’appétit.
Lorsque du sucre est consommé, l’augmentation de la glycémie
entraîne une stimulation de la production de leptine, une hormone
cérébrale dont on pense qu’elle supprime l’appétit. C’est un
mécanisme d’autorégulation facile à comprendre: votre cerveau
détecte que vous venez de manger et vous éprouvez donc une
sensation de satiété. En revanche, la consommation de fructose est
associée à une baisse de production de leptine. Cela signifie que,
étant donné les effets de la leptine sur le cerveau, la consommation
de nourritures riches en fructose pourrait vous donner faim, et ce
quel que soit le nombre de calories consommées!
Qui plus est, des rapports alarmants signalent des liens entre
fructose et cancer (Liu et Heaney 2011). Nous avons déjà vu
qu’une augmentation dramatique de l’incidence des cancers
survient invariablement lorsque les chasseurs-cueilleurs passent à
un régime moderne, qui implique une forte augmentation de la
consommation de sucre. Cependant, même dans les sociétés
postagricoles, une forte augmentation de l’incidence de cancer a
souvent été observée dès que la consommation de sucre augmente.
Le lien entre cancer et sucre — et plus particulièrement le
fructose — semble tenir à la capacité du sucre à déclencher une
insulinorésistance. Une fois cette insulinorésistance développée, le
pancréas doit sécréter des quantités croissantes d’insuline dans le
sang pour en retirer le glucose. Certes, cela empêche la glycémie
d’atteindre un niveau toxique, mais, à terme, cela mène au «burn-
out pancréatique» et au début du diabète. Pire encore: l’utilisation
de l’insuline par les cellules cancéreuses (Boyd 2003). Plus il y a
d’insuline, plus elles se multiplient. Voilà peut-être l’explication
du lien démontré entre obésité, diabète et risque accru de cancer.
Si l’insuline alimente le cancer, il serait sage d’éviter les
élévations pathologiques du taux d’insuline associées à
l’insulinorésistance. Comment est-ce possible? En évitant le sucre,
principale source de fructose dans l’alimentation moderne. C’est
pour cette raison que deux des plus grands experts mondiaux en
cancérologie ont avoué, dans l’article de Gary Taubes publié par le
New York Times Magazine en 2011, qu’ils avaient peur du sucre.
Le sucre: verdict
Regardons à présent l’ensemble de nos données relatives au sucre.
Côté positif: le sucre est assurément très, très goûteux. Tellement,
que nous en mangeons de plus en plus, surtout lorsque de grandes
quantités sont dissoutes dans un beau liquide pétillant aux couleurs
vives.
Côté négatif, le sucre ne contient aucun nutriment; c’est la
quintessence de la «calorie vide». En plus, il fait grossir,
notamment en raison de sa capacité à déclencher des pics de
sécrétion d’insuline qui poussent le glucose dans les tissus gras
pour y être stocké. Par ailleurs, son métabolisme aboutit à une
accumulation de graisses dans le foie qui est à l’origine
d’insuffisance hépatique et d’insulinorésistance. Il pourrait bien
aussi être responsable de la brusque croissance du nombre de cas
d’obésité et de diabète de ces dernières décennies, notamment chez
les enfants. Qui plus est, la consommation de sucre est l’un des
principaux déterminants du taux de triglycérides dans le sang, et
ces derniers ont été corrélés à la formation de plaques dans les
artères, à l’origine de crises cardiaques et d’AVC. Enfin, il se
pourrait que le sucre alimente directement la croissance de
nombreuses cellules cancéreuses.
En 2009, Robert Lustig, professeur de pédiatrie dans le service
d’endocrinologie de l’université de Californie (États-Unis) et
lanceur d’alerte au sujet des dangers inhérents aux excès de
fructose, va jusqu’à qualifier le sucre de «poison» dans son cours
intitulé Sugar: The Bitter Truth (Sucre: L’Amère vérité).
L’allergie au lait
L’une des protéines contenues dans le lait est la caséine. Le type de
caséine varie en fonction de l’espèce: celle du lait de vache est
différente de celle du lait humain. Cette différence de caséine peut
provoquer une réaction allergique chez un petit nombre de
personnes. Les symptômes sont d’intensité variable et peuvent
comprendre urticaire, sifflements respiratoires et vomissements.
Cette allergie survient le plus souvent chez les moins de trois ans
et beaucoup guérissent spontanément en grandissant.
La caséine peut aussi provoquer des problèmes si elle n’est pas
dégradée dans sa totalité avant d’être absorbée dans le sang. Dans
un système digestif sain, la caséine est dégradée en acides aminés
avant de pénétrer dans la circulation sanguine. Si la muqueuse de
l’intestin présente des défauts (voir page 104 hyperperméabilité de
l’intestin grêle), la caséine risque de passer tout entière dans la
circulation sanguine, avec des conséquences sur l’organisme
similaires à l’inflammation due au gluten et un risque accru de
maladies auto-immunes. Cependant, la caséine possède quelques
avantages sur le gluten.
En effet, même si la caséine du lait non humain n’est pas tout à
fait la même que la caséine humaine, les deux sont néanmoins très
proches puisque fabriquées par des mammifères. Le gluten, en
revanche, est une protéine stockée par les plantes qui n’est proche,
ni en structure ni en fonction, de rien de ce que fabrique notre
corps. Le gluten a donc bien plus de chances d’être reconnu
comme substance étrangère s’il pénètre dans le sang. De plus, pour
que la caséine du lait pénètre dans le sang, elle doit s’infiltrer par
une anomalie de la muqueuse intestinale due à une
hyperperméabilité de l’intestin grêle. Comme nous l’avons vu,
cette pathologie résulte de la consommation de lectines végétales,
notamment celles du blé. Si nous évitons les aliments à l’origine
de l’hyperperméabilité de l’intestin grêle dès le départ, la caséine
ne pourra pas pénétrer dans la circulation sans être dégradée. Si la
muqueuse intestinale est intacte, les problèmes potentiels liés à la
caséine n’existent plus.
Des inquiétudes sont apparues concernant une éventuelle
association entre la consommation de produits laitiers et le cancer.
Une poignée d’études épidémiologiques observationnelles21 ont
trouvé que dans certaines populations, les personnes qui
souffraient de cancer étaient celles qui avaient consommé le plus
de produits laitiers (Fairfield et coll. 2004; Larsson, Bergkuist, et
Wolk 2004). Cependant, cette association n’a pas été retrouvée
dans d’autres populations (Moorman et Terry 2004). En fait,
certaines ont même démontré un effet protecteur contre le cancer
de la consommation de produits laitiers entiers (non écrémés) (Cho
et coll. 2004; Larsson, Bergkuist, et Wolk 2005). L’une des
composantes des graisses des produits laitiers, l’acide linoléique
conjugué, a été démontrée comme capable d’arrêter la croissance
de cellules cancéreuses dans du tissu en milieu de culture (Miller
et coll. 2003; O’Shea et coll. 2000), un effet qui pourrait expliquer
le résultat de l’équipe de Cho. Pris ensemble, ces résultats
suggèrent que la consommation de produits laitiers, à condition
qu’ils n’aient pas été écrémés, pourrait diminuer le risque de
souffrir de certains cancers.
Synthèse
Le sucre, le gluten des céréales et les acides gras oméga-6: ces
trois aliments présentent des liens clairs et plausibles avec les
maladies de civilisation. Aucune de ces substances ne jouait un
grand rôle dans l’alimentation de l’homme avant l’agriculture et
les mécanismes biologiques par lesquels ils provoquent ces
maladies ont été clairement identifiés.
Il est quasi impossible d’apprécier le plein impact de ces
maladies sur nos vies actuelles. Ce sont elles qui surchargent nos
systèmes de santé, font crouler hôpitaux et cliniques sous le travail
et provoquent d’innombrables souffrances. Il est à la fois alarmant
et encourageant de savoir qu’elles sont presque totalement
évitables. Si tout le monde modifiait son régime alimentaire
aujourd’hui, je n’aurais plus de travail au bout d’un certain temps
(et non, les directives alimentaires actuelles ne sont pas issues
d’une conspiration des industriels pour s’assurer une source
régulière de clients).
Il va sans dire que j’ai été si convaincu par cette nouvelle
conception de l’alimentation que j’ai totalement modifié mes
propres habitudes alimentaires, et ce, en conflit direct avec ce que
l’on m’avait enseigné! Comme vous le savez, cela m’a apporté de
nombreux avantages, le plus important étant la disparition de mes
migraines.
Je ne suis pas le seul à qui c’est arrivé. Lorsque j’ai réalisé
l’impact qu’avait ma façon de manger sur mes migraines, je me
suis mis à entendre d’autres histoires d’autres migraineux qui
avaient aussi changé d’alimentation. Et les migraineux de toujours,
comme moi, avons célébré encore et encore la fin de nos
migraines.
13 Gary Taubes a publié une version condensée de cet ouvrage: Why we get Fat. Cette
version est disponible en français: Pourquoi on grossit (Thierry Souccar Editions, 2015).
(NDE)
14 Les micronutriments sont les vitamines et oligoéléments essentiels que notre
nourriture doit nous apporter.
15 WGA: abréviation anglaise de Wheat Germ Agglutinin. (NDT)
16 Le Français consomme en moyenne 250 à 300 g de glucides/jour. (NDE)
17 USDA: United States Department of Agriculture, Ministère de l’agriculture des États-
Unis. (NDT)
18 Le Français moyen consommerait environ 35 kg de sucre par an. (NDE).
19 AGE: Advanced Glycation End-product = produits de glycation avancée. (NDT)
20 psychée: ensemble des caractères psychiques de l’être humain.
21 C’est-à-dire sans intervention. (NDE)
4
La régulation de la température
L’été, lorsque nous sommes en plein soleil, la température
corporelle augmente. L’hypothalamus, stimulé par les
messages de récepteurs thermiques qui décèlent ce
réchauffement du corps, envoie des impulsions nerveuses aux
vaisseaux sanguins de la peau pour qu’ils se dilatent (c’est
pour cela que la peau devient rouge). La chaleur dispose alors
d’une plus grande surface pour quitter le sang à travers la
peau. L’hypothalamus envoie aussi des signaux aux glandes
sudoripares (qui produisent la sueur), et la sueur rafraîchit la
surface de la peau en s’évaporant. D’autres signaux envoyés
aux glandes surrénales et à la thyroïde ralentissent notre
métabolisme, et donc notre température corporelle. Enfin,
grâce à ses liens avec les centres émotionnels du cerveau, il
nous fait ressentir une impression de chaleur désagréable qui
nous pousse à rechercher un endroit plus frais, à l’ombre.
Lorsqu’il fait froid, l’hypothalamus dit au contraire aux
vaisseaux sanguins de la peau de se resserrer, ce qui redirige le
flux sanguin vers le centre du corps pour conserver la chaleur.
Les influx nerveux adressés à nos muscles squelettiques
provoquent des tremblements qui vont faire monter notre
température corporelle. Les tout petits muscles sous la peau,
les muscles érectiles, sont aussi stimulés et nous avons la
«chair de poule». Lorsque nous étions plus poilus, cela
permettait d’emprisonner une couche d’air isolant près de
notre peau pour conserver la chaleur. Aujourd’hui, c’est un
souvenir de ceux qui nous ont précédés dans l’évolution.
Le bilan hydrique
Lorsque la quantité d’eau dans le corps diminue
(déshydratation), les récepteurs de l’hypothalamus détectent la
concentration accrue de sel dans le sang. L’hypothalamus
ordonne alors à l’hypophyse de libérer de la vasopressine, une
hormone qui agit sur les reins pour qu’ils retiennent l’eau dans
le corps, ce qui produit une urine plus concentrée. La
vasopressine provoque aussi une constriction des vaisseaux
sanguins qui contre les effets hypotenseurs de la
déshydratation. Du point de vue comportemental, les influx
nerveux de l’hypothalamus provoquent une sensation de soif
qui nous pousse à trouver à boire.
La glycémie
Lorsque le taux de sucre dans le sang, la glycémie, baisse trop
vite ou trop fort, les détecteurs de l’hypothalamus enregistrent
le changement. Quand la glycémie chute, l’hypothalamus
ordonne à l’hypophyse de libérer de l’ACTH22, une hormone
qui stimule la libération de glucocorticoïdes par les glandes
surrénales. Ces hormones font remonter la glycémie,
notamment en stimulant la production de glucose par le foie et
en freinant la consommation de glucose par les tissus. Afin de
conserver notre énergie tant que la glycémie n’est pas
restaurée à son niveau normal, l’hypothalamus freine aussi
notre métabolisme. Enfin, il déclenche aussi une sensation de
faim pour que nous mangions et fassions remonter la
glycémie.
La réponse au stress
Lorsque notre survie ou notre bien-être sont menacés, que le
danger soit réel ou imaginé, l’hypothalamus met en œuvre la
réaction du «fuir ou lutter» qui active le système nerveux
sympathique et déclenche une brusque affluence d’hormones
surrénales. Le cœur se met à battre plus fort et plus vite pour
fournir plus de sang au cerveau et aux muscles, les pupilles se
dilatent pour faire entrer plus de lumière, les poumons se
gonflent plus pour faire rentrer plus d’oxygène, le flux sanguin
est redirigé vers les muscles squelettiques qui ont besoin
d’oxygène aux dépens des organes internes, et le foie libère le
glucose stocké dans la circulation sanguine pour apporter
assez de carburant aux muscles. Comme en cas
d’hypoglycémie, l’hypothalamus stimule la sécrétion de
cortisol et d’adrénaline afin que suffisamment de glucose soit
disponible si le danger devait durer plus de quelques minutes.
Gardons ces exemples à l’esprit et examinons quelques
facteurs qui pourraient mettre à l’épreuve les capacités de
l’hypothalamus:
◆ Perturbation du cycle veille/sommeil (en raison de profils
de sommeil irréguliers, d’une prise de stimulants ou
d’inhibiteurs)
◆ Déshydratation
◆ Chaleur excessive
◆ Stress
◆ Fluctuations importantes de la glycémie
Cela vous rappelle quelque chose?
Si oui, vous n’êtes pas le seul. Étant donné ce que nous
savons des migraines et ce que nous venons d’apprendre sur
l’hypothalamus, vous ne serez pas surpris d’apprendre que
l’hypothalamus est devenu le principal suspect de notre chasse
aux causes neurologiques de la migraine. Il se trouve
justement que beaucoup des principaux déclencheurs de
migraine sont sous la coupe de l’hypothalamus, que de
nombreuses preuves incriminent dans le déclenchement des
migraines. Au-delà de cette observation provocatrice,
plusieurs autres preuves indirectes plaident pour une étroite
relation entre migraine et hypothalamus.
Discordance n° 2: le stress!
Avant l’arrivée de la civilisation, nous passions nos vies en
petits groupes, avec nos proches pendant la plupart du temps.
Le restant de la tribu était aussi formé de personnes que nous
connaissions. Nous prenions soin d’elles et elles prenaient soin
de nous. Nous sommes des créatures sociales et ces sociétés
très unies nourrissaient notre esprit et nous fournissaient un
soutien important en cas de besoin. Les épreuves étaient
rarement affrontées seul. Nous dépendions des personnes
autour de nous et elles de nous.
De nos jours, même si nous vivons dans des lieux beaucoup
plus peuplés, nos liens avec les personnes autour de nous sont
généralement beaucoup plus superficiels et ténus. Nous
sommes nombreux à vivre loin de notre famille proche, voire à
n’avoir jamais rencontré certains membres de notre famille
élargie. Nos voisins sont souvent juste des personnes à qui on
fait «coucou» de la main en les croisant. Nous ne dépendons
pas d’eux et eux ne dépendent pas de nous.
L’érosion de notre tissu social a certainement eu un impact
sur notre santé mentale, particulièrement sur notre aptitude à
gérer le stress dont se plaignent presque tous mes patients. On
nous avait prévenu à la faculté de médecine que presque la
moitié de nos visites impliqueraient des problèmes
psychologiques, ce qui m’avait laissé plutôt septique à
l’époque. Cependant, si je compare les dossiers de mes
patients, il s’avère que c’est exact. Pour nos corps, cela
signifie que nous passons de plus en plus de temps en état de
réaction au stress, réponse coordonnée par l’hypothalamus.
Non pas que nos ancêtres chasseurs-cueilleurs n’aient pas
été stressés. Ils l’ont certainement été. Il suffit de voir la
complexité et le raffinement de notre réponse biologique au
stress pour s’en rendre compte. Voilà longtemps que la
capacité à répondre au stress de façon adéquate est la clé de la
survie de l’homme. Cependant, nos ancêtres ne faisaient pas
du tout face au même type de stress.
À cette époque, le stress prenait des formes très concrètes et
menaçantes pour la survie: la rencontre d’un animal sauvage
par exemple, l’imminence d’une tempête ou un accident
physique. La menace était réelle et l’activation de notre
réponse au stress adaptée. De nos jours, la nature du stress qui
s’immisce dans notre vie quotidienne est souvent très
différente. À la fois difficile à cerner et sans limite dans le
temps, il est généré par la seule pensée: angoisses quant à
l’argent, les relations amoureuses, la performance au travail,
etc. L’activation de notre réponse au stress, conçue pour
répondre aux dangers rencontrés par le chasseur-cueilleur, est
inadaptée. Non seulement elle perturbe notre capacité à gérer
les choses qui nous préoccupent, mais elle chamboule
totalement nos organismes. Là où les hormones du stress
auraient autrefois été libérées par petites doses intermittentes,
elles sont maintenant présentes dans le sang en continu. Même
si le stress rencontré aujourd’hui est très différent, pour le
corps (et l’hypothalamus) c’est la même chose. Pour notre
hypothalamus, nous vivons aujourd’hui dans un monde où un
sanglier sauvage peut nous sauter dessus à chaque coin de rue!
Inflammation et hypothalamus
Comme nous l’avons vu au dernier chapitre, notre régime
moderne entraîne une inflammation systémique considérable,
inflammation qui est au cœur de tant de maladies de
civilisation. Il est apparu ces dernières années que
l’hypothalamus ne serait pas épargné par ce processus
inflammatoire dû à l’alimentation. À court terme, comme c’est
le cas lors d’une infection virale aiguë, l’augmentation des
substances inflammatoires dans l’hypothalamus pourrait
déclencher fièvre, léthargie et perte d’appétit, éléments
normaux de notre réponse à l’infection. À plus long terme,
l’inflammation d’origine alimentaire perturbe le
fonctionnement de l’hypothalamus. Nous subissons
actuellement une épidémie de syndromes métaboliques qui
regroupent obésité, insulinorésistance et hypertension. Le fait
que ces trois pathologies émergent si souvent ensemble a
naturellement fait surgir l’idée qu’elles pourraient avoir une
cause fondamentale commune. Chacune de ces maladies
représente un dérèglement homéostatique (graisses
corporelles, glycémie et tension artérielle), ce qui a conduit les
chercheurs à se tourner vers l’hypothalamus comme origine
possible de ces problèmes. Effectivement, dans des études
animales, l’inflammation de l’hypothalamus induite par
l’alimentation entraîne le développement d’un syndrome
métabolique, ce qui soutient la notion que l’inflammation
hypothalamique et son dysfonctionnement consécutif sont au
cœur de cette épidémie (Cai et Liu 2012).
En d’autres termes, non seulement le mode de vie moderne
(et son alimentation) représente un défi sans précédent aux
capacités homéostatiques de l’hypothalamus, mais
l’inflammation induite par l’alimentation compromet aussi
directement sa capacité à répondre à ce défi. Non seulement
nous demandons à l’hypothalamus de faire un travail pour
lequel il n’est pas conçu, mais en plus nous lui demandons de
le faire avec une main attachée dans le dos!
Conseil n° 3: bougez
Nous n’avons pas toujours passé autant de temps assis sur des
chaises ou des canapés, collés à nos écrans d’ordinateur ou de
télévision. Avant l’arrivée de l’agriculture et du confort
moderne, il fallait chasser des animaux, cueillir des plantes,
s’occuper du feu. Je suis sûr que nos ancêtres trouvaient aussi
le temps de se détendre, mais, du moins dans la journée, la
norme c’était l’activité physique. Cela ne signifie pas que vous
devez vous balader en pagne toute la journée, en quête de
baies à cueillir. Cela veut juste dire qu’il faut intégrer une
forme d’activité physique à votre routine quotidienne. Même
une chose aussi simple que marcher d’un bon pas pendant
trente minutes par jour est très bénéfique pour la santé.
Comme nous l’avons vu, l’établissement d’un programme
d’exercice régulier est d’une efficacité démontrée pour
prévenir les migraines; c’est même mieux que les
médicaments (Varkey et coll. 2011).
Conseil n° 4: mangez comme vos ancêtres
Pour l’hypothalamus, rien n’a changé autant que la façon dont
nous mangeons. À cause de l’agriculture et des méthodes
modernes de production de nourriture, plus de la moitié de nos
calories proviennent d’aliments que nos ancêtres chasseurs-
cueilleurs n’auraient jamais mangé. Il s’ensuit une
inflammation étendue, des maladies chroniques et un
environnement métabolique interne très différent de celui pour
lequel l’hypothalamus est conçu. Ramener notre
environnement métabolique interne à celui de nos ancêtres est
ce que nous pouvons faire de mieux pour optimiser notre santé
à long terme et notre vitalité. C’est aussi la seule chose à faire
pour soulager notre hypothalamus enflammé et surmené afin
de vivre sans migraines.
Le régime «miracle»
Cette fois-ci, ça y est! Vous êtes devenu un expert en
physiologie de la migraine, au fait de toutes les options
thérapeutiques conventionnelles. Vous voyez à présent la
nutrition et la maladie sous un angle tout à fait différent et
comprenez l’importance d’un régime ancestral pour le
maintien de la santé et la prévention des migraines. Il ne vous
reste plus qu’à traduire ce savoir en actions afin de commencer
votre propre voyage vers un avenir sans migraine et en
meilleure santé. Il est temps de se mettre en route.
Cas particuliers
Si vous êtes intolérant au lactose ou allergique aux
protéines du lait (allergie à la caséine), évitez le lait, les
fromages à pâte molle et la crème (le beurre et les fromages
durs sont généralement tolérés). Si vous n’avez pas ces
problèmes, vous pouvez manger des produits laitiers, mais
uniquement ceux élaborés à partir de lait entier. Évitez tout
produit laitier allégé ou écrémé.
Autant que possible, consommez des animaux qui ont
été élevés dans les conditions les plus proches de leur
milieu naturel. De trop nombreux animaux sont élevés dans
des élevages industriels aux conditions que beaucoup
considèrent comme inhumaines. Ces pauvres bêtes sont
généralement nourries avec des aliments très éloignés de ce
qu’ils mangeraient dans la nature. Si nous souhaitons manger
la nourriture qui correspond à notre espèce, nous souhaitons la
même chose pour les animaux que nous consommons. Qui
plus est, dans les élevages industriels, les animaux sont traités
avec des antibiotiques pour prévenir les infections inhérentes à
leurs mauvaises conditions de vie et à leur alimentation
artificielle (Diez-Gonzalez et coll. 1998; Snowder et coll.
2006). Des hormones leur sont souvent administrées pour
qu’ils grossissent plus vite. Autrement dit, ces animaux n’ont
plus grand-chose à voir avec ceux que mangeaient nos
ancêtres. Heureusement, l’émergence de mouvements en
faveur d’une agriculture raisonnée, durable et d’un élevage
respectueux des animaux contribue à agrandir le marché des
aliments qui satisfont nos critères. L’idéal est de connaître le
fermier chez qui vous achetez votre nourriture et de visiter sa
ferme si possible. Les marchés où les agriculteurs vendent
leurs produits directement sont de plus en plus fréquents et, de
nos jours, ce sont souvent les meilleurs endroits où faire ses
courses. Sinon, achetez de la viande de qualité «fermière»,
«élevée en plein air» et recherchez toute indication sur les
conditions dans lesquelles les animaux ont été élevés. Le label
«bio» ne garantit malheureusement pas que l’animal ait été
élevé dans de bonnes conditions24.
Mangez quand vous avez faim. Arrêtez quand vous êtes
repu. En matière de fréquence des repas, le mieux est encore
d’écouter son corps. L’un des grands avantages du régime
ancestral, c’est que les sensations de faim et de satiété ne sont
plus dénaturées par des aliments inappropriés. En d’autres
termes, nous pouvons laisser la sagesse cachée de notre corps
décider de la fréquence de nos repas. Il est possible qu’après
avoir mangé «ancestral» pendant quelque temps, vous vous
aperceviez que vos repas sont plus espacés qu’autrefois. Ce
n’est guère surprenant, puisque le modèle «trois repas par
jour» est très récent dans l’histoire de l’homme. Nos ancêtres
ne mangeaient vraisemblablement pas trois repas classiques
par jour, et vous n’y êtes pas obligés si cela ne vous convient
pas. Lorsque la nourriture était rare, il est fort probable que
l’homme devait jeûner pendant des périodes de temps assez
longues avec un minimum d’inconfort. Notre espèce est donc
conçue pour s’adapter facilement aux fluctuations de la
disponibilité des aliments, à condition que nous mangions un
régime conforme à notre stade d’évolution. La libération de la
contrainte du «trois repas par jour» est un autre avantage de ce
mode d’alimentation.
Pour ceux qui ont plus de quatre migraines par mois,
limitez les glucides à moins de 100 g/jour pendant au moins
les deux premières semaines. En effet, l’un des objectifs
principaux de ce mode d’alimentation est de passer d’un
métabolisme glucocentré à un métabolisme lipocentré et cette
transition est en grande partie déterminée par la quantité de
glucides présente dans l’alimentation. Moins il y a de glucides,
plus rapide sera la transition.
Pour ceux qui ont plus de dix migraines par mois,
limitez les glucides à moins de 50 g/jour pendant au moins les
deux premières semaines (régime cétogène). Ce niveau de
glucides provoquera une production significative de corps
cétoniques par le foie; ces derniers pourront être brûlés par le
cerveau à la place du glucose, ce qui vous conférera une
protection supplémentaire contre les migraines. Comme nous
l’avons vu, il semblerait que les corps cétoniques offrent une
protection contre les maladies neurodégénératives de type
Alzheimer ou Parkinson (Stafstrom et Rho 2012).
Au début, vous aurez sans doute des fringales de sucre.
Pendant les deux premières semaines, votre corps va subir
d’importants changements au fur et à mesure qu’il met en
œuvre la machinerie brûleuse de graisses. Il faut environ une à
deux semaines pour s’y adapter complètement. Pendant cette
période, vous aurez des envies de sucre et il peut arriver, mais
c’est rare, que vous soyez un peu somnolents. Et cela d’autant
plus si vous étiez auparavant un grand mangeur de sucre
(sodas, collations industrielles, etc.). Mangez des fruits et
utilisez des édulcorants naturels. Une fois la transition
terminée, les fringales disparaîtront et il vous sera beaucoup
plus facile d’éviter les glucides et les sucreries.
Assurez-vous d’un niveau suffisant de vitamine D. Nous
passons beaucoup plus de temps à l’intérieur que nos ancêtres.
Comme la majorité de nos réserves de vitamine D sont
produites par la peau lorsqu’elle est exposée à la lumière du
soleil, nous sommes nombreux à souffrir de carence en
vitamine D. À mon avis, quatre patients sur cinq ont des taux
de vitamine D inférieurs aux quantités recommandées. Un
faible taux de vitamine D nuit à la santé des os, ce qui
augmente le risque d’ostéoporose et de fractures
pathologiques. Et il est fort probable que, étant donné son
importance dans plusieurs processus biologiques, nous
n’ayons fait que survoler la question des conséquences d’un
faible taux de vitamine D.
Le meilleur moyen de s’assurer un stock suffisant de
vitamine D consiste à s’exposer au soleil de midi le plus
possible (sans crème écran qui bloquerait les rayons UV
nécessaires à la production de vitamine D) de mars à octobre
sous nos latitudes. En général, 20 à 30 minutes au soleil de
midi suffisent pour une personne de peau blanche. Les
personnes à la peau plus foncée ont besoin d’environ une
heure. Si cela vous est impossible, vous pouvez prendre 1 000
à 2 000 unités internationales (UI) de vitamine D par jour.
L’exercice physique: La réduction de la fréquence des
migraines n’est qu’un des nombreux effets bénéfiques de
l’exercice physique. Comme nous l’avons vu au chapitre 3, le
respect d’un programme d’exercice régulier est aussi efficace
que les antimigraineux préventifs sous ordonnance. Il n’est pas
non plus nécessaire d’en faire trop. Pour bénéficier de cet
avantage, environ vingt minutes d’exercice d’intensité
modérée (50 à 70% de votre rythme cardiaque maximum) trois
fois par semaine suffisent.
Recettes
Lorsque j’ai décidé de changer ma façon de manger, j’ai eu la
chance que ma femme, Jenny, soit prête à m’accompagner.
Mieux encore, ce livre a été l’occasion pour elle de mettre en
pratique ses talents culinaires et sa créativité pour nous
confectionner de savoureux repas. Au fil des années sont ainsi
nées plusieurs recettes, aussi variées que délicieuses, et je vous
propose ici de savourer, comme moi, le fruit de son travail!
Il ne fait aucun doute que la meilleure façon d’effectuer une
transition efficace et en douceur consiste à cuisiner ses propres
repas. Rien de tel pour éviter le blé, les glucides et autres
dangers alimentaires dissimulés dans les aliments industriels.
Pourtant, s’ils veulent suivre nos conseils, certains vont devoir
rompre avec de vieilles habitudes et en adopter de nouvelles.
Ce chapitre est destiné à leur mettre le pied à l’étrier.
De nombreuses recettes font appel à l’huile de coco mais, si
vous préférez, vous pouvez aussi cuisiner avec du beurre, du
ghee (beurre clarifié), de l’huile d’olive, du saindoux ou une
autre graisse animale. Vous pouvez également assaisonner vos
salades avec de l’huile de colza.
Pour chaque recette, nous vous avons indiqué la quantité de
glucides par portion25.
Si vous souhaitez d’autres recettes pour diversifier vos
menus, vous en trouverez sur notre site
mymigrainemiracle.com (en anglais)26.
Si vous ne trouvez pas certains ingrédients dans votre
magasin habituel, pensez aux épiceries exotiques et aux
magasins «bio».
25 Pour connaître la teneur en glucides des aliments, vous pouvez consulter le site
LaNutrition.fr ou bien vous procurer un petit guide très pratique, Le Compteur de
glucides (Thierry Souccar Editions, 2015). (NDE)
26 Vous trouverez également des recettes en français dans plusieurs ouvrages parus
aux éditions Souccar: Manger paléo, d’Olivier Schwartz et Thomas Renoult, Je me
mets au paléo d’Aglaé Jacob, L’Assiette paléo et L’Assiette de la force de
Christophe Bonnefont et Julien Venesson. Et pour des recettes cétogènes, Céto
Cuisine de Magali Walkowicz. (NDE)
• • • Les petits déjeuners
Je préfère manger sucré que salé au petit déjeuner. J’ai donc
créé des recettes qui contiennent peu d’édulcorants mais
procurent tout de même une sensation sucrée. En effet, comme
elles sont souvent utilisées dans des préparations sucrées, les
saveurs de la cannelle, du clou de girofle, de la vanille, des
amandes et de l’orange sont associées au goût sucré.
Plusieurs recettes demandent l’adjonction de protéines en
poudre. Je vous conseille de choisir une poudre à base de
lactosérum (petit-lait)27, sans sucre ajouté. On en trouve de
nombreux parfums différents. Essayez plusieurs marques
jusqu’à trouver celle qui vous plaît. Nous avons eu de la
chance, la marque de notre supermarché local nous convenait
parfaitement!
Vous trouverez d’autres idées de petits déjeuners sur le blog
de santé ancestrale de Mark Sisson:
www.marksdailyapple.com.
Lasagnes d’aubergines
Dans ce plat, les différentes couches sont séparées par des
tranches d’aubergine qui remplacent les feuilles de pâte
traditionnelle. Nous précuisons l’aubergine afin de mettre son
parfum en valeur et accélérer la cuisson finale. Pour gagner du
temps, préparez-le à l’avance. Vous n’aurez plus qu’à
l’enfourner le moment voulu.
Galettes de courge
Voici une garniture roborative qui accompagnera
agréablement nombre de vos entrées. Le secret consiste ici
à bien recouvrir les galettes de fromage afin que celui-ci
soit saisi lors de la friture, les rendant croquantes à
l’extérieur mais laissant l’intérieur plus fondant.
Chips de kale
Si vous vous êtes toujours demandé que faire avec du
chou kale, cette recette est pour vous! Complètement
addictives, ces chips sont idéales pour les petites fringales.
Bananes glacées
Une gâterie rafraîchissante pour l’été. Les enfants
peuvent vous aider à préparer ces glaces. Grillez la noix de
coco au four à 180 °C jusqu’à ce qu’elle soit légèrement
dorée et odorante.
Semaine 1
1er jour
◆ Petit déjeuner: Smoothie spécial petit déj’ ou œufs
brouillés.
◆ Déjeuner: Salade caesar (sans croûtons!).
◆ Dîner: Poulet aux noix de pécan, sauce moutarde.
2e jour
◆ Petit déjeuner: Smoothie spécial petit déj’ ou omelette
poivrons-tomates.
◆ Déjeuner: Poulet aux noix de pécan, sauce moutarde
(restes), soit seul, soit dans une salade ou un wrap salade.
◆ Dîner: Filet mignon de porc grillé à l’asiatique avec
asperges rôties.
3e jour
◆ Petit déjeuner: Smoothie spécial petit déj’ ou omelette au
jambon.
◆ Déjeuner: Salade d’endives, betteraves, avocat, miettes
de thon.
◆ Dîner: Poulet au curry Massaman.
4e jour
◆ Petit déjeuner: Smoothie spécial petit déj’ ou œufs
brouillés.
◆ Déjeuner: Poulet au curry Massaman (restes), soit tel
quel, soit émincé dans du lait de coco pour faire une
soupe.
◆ Dîner: Steak haché avec tomates cerises rôties.
5e jour
◆ Petit déjeuner: Smoothie spécial petit déj’ ou omelette
poivrons-tomates.
◆ Déjeuner: Salade landaise avec tomates cerises rôties
(restes).
◆ Dîner: Soupe de poisson (sans croûtons!).
6e jour (week-end)
◆ Petit déjeuner: Smoothie spécial petit déj’ ou omelette au
jambon.
◆ Déjeuner: Papillotes de saumon et julienne de légumes au
citron.
◆ Dîner: Ratatouille provençale aux olives.
7e jour (week-end)
◆ Petit déjeuner: Smoothie spécial petit déj’ ou œufs
brouillés.
◆ Déjeuner: Côtelettes de porc à la sauge avec beurre
noisette et choux de Bruxelles rôtis.
◆ Dîner: Crevettes au citron vert et à la coriandre avec
brochettes de poivrons et oignons grillés.
Semaine 2
Pendant le week-end, confectionnez un lot de barres chocolat-
orange aux noix de pécan afin d’en avoir pour la semaine.
Cela vous fera une option supplémentaire pour le petit
déjeuner ou un en-cas pratique.
8e jour
◆ Petit déjeuner: Smoothie spécial petit déj’ ou barre
chocolat-orange aux noix de pécan.
◆ Déjeuner: Crevettes au citron vert et à la coriandre
(restes), soit seules, soit dans une salade ou un wrap
laitue.
◆ Dîner: Poulet aux noix de pécan, sauce moutarde avec
haricots verts rôtis.
9e jour
◆ Petit déjeuner: Smoothie spécial petit déj’ ou barre
chocolat-orange aux noix de pécan.
◆ Déjeuner: Poulet aux noix de pécan, sauce moutarde
(restes), soit seul, soit dans une salade ou un wrap laitue.
◆ Dîner: Sardines et carottes râpées généreusement
assaisonnées.
10e jour
◆ Petit déjeuner: Smoothie spécial petit déj’ ou barre
chocolat-orange aux noix de pécan.
◆ Déjeuner: Maquereaux poêlés aux amandes et aux
asperges.
◆ Dîner: Curry d’aubergines et de patates douces.
11e jour
◆ Petit déjeuner: Smoothie spécial petit déj’ ou barre
chocolat-orange aux noix de pécan.
◆ Déjeuner: Filets de cabillaud aux échalotes et haricots
verts.
◆ Dîner: Crevettes (ou bœuf ou poulet) aux légumes sautés.
12e jour
◆ Petit déjeuner: Smoothie spécial petit déj’ ou barre
chocolat-orange aux noix de pécan.
◆ Déjeuner: Crevettes (ou bœuf ou poulet) aux légumes
sautés (restes).
◆ Dîner: Crabe sur fondue de poireaux avec chips de kale.
Semaine 3
15e jour
◆ Petit déjeuner: Smoothie spécial petit déj’ ou fruits
rouges à la crème.
◆ Déjeuner: Moules au lait de coco.
◆ Dîner: Lasagnes d’aubergines.
16e jour
◆ Petit déjeuner: Smoothie spécial petit déj’ ou fruits
rouges à la crème.
◆ Déjeuner: Lasagnes d’aubergines (restes).
◆ Dîner: Cabillaud à la tapenade.
17e jour
◆ Petit déjeuner: Smoothie spécial petit déj’ ou fruits
rouges à la crème.
◆ Déjeuner: Taboulé de chou-fleur aux raisins secs.
◆ Dîner: Poulet au curry Massaman.
18e jour
◆ Petit déjeuner: Smoothie spécial petit déj’ ou fruits
rouges à la crème.
◆ Déjeuner: Poulet au curry Massaman (restes), soit tel
quel, soit émincé dans du lait de coco pour faire une
soupe.
◆ Dîner: Velouté de brocoli et omelette au pesto.
19e jour
◆ Petit déjeuner: Smoothie spécial petit déj’ ou fruits
rouges à la crème.
◆ Déjeuner: Salade d’endives, poulet, noix et pommes.
◆ Dîner: Saumon coco-macadamia à la sauce au beurre et
citron vert, avec haricots verts.
Sur internet
Le site de ce livre. Le site qui accompagne ce livre se trouve à
l’adresse suivante: www.mymigrainemiracle.com. Il contient
une foultitude de ressources supplémentaires pour les
migraineux, dont une section consacrée aux recettes de
cuisine, régulièrement mise à jour (en anglais).
Mark’s Daily Apple. Créé par Mark Sisson, auteur de Primal
Blueprint (traduit en français en 2012 sous le titre Le Modèle
Paléo), le site www.marksdailyapple.com est une véritable
mine d’or pour ceux qui ont adopté cette façon de manger.
Non seulement il propose un blog quotidien bien écrit qui
traite de sujets nombreux et divers, mais ce site contient
également beaucoup de recettes qui s’accordent avec les
principes mis en avant dans En finir avec la migraine (en
anglais).
Le blog de Michael et Mary Dan Eades, docteurs en
médecine. Situé à l’adresse www.proteinpower.com, ce blog
est tenu par des médecins libres-penseurs qui défient les
dogmes nutritionnels et soignent leurs patients avec succès
depuis des années par des régimes à faible teneur en glucides,
de type ancestral. Beaucoup d’analyses intéressantes, de
commentaires et de conseils avisés.
Livres
The Primal Blueprint30 de Mark Sisson (Primal Nutrition Inc.,
2012). Un livre populaire, facile à lire, et très amusant sur les
avantages d’un mode de vie et d’une alimentation paléos. Son
ouvrage suivant, The Primal Connection31, explore plus avant
la façon dont l’adoption de modes de vie ancestraux dans notre
monde superficiel au rythme effréné améliore la santé mentale
et la vie spirituelle.