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INFO : Matières à réflexion

La France des Belhoumi

Présentation

Stéphane Beaud

Dans La France des Belhoumi (2020), pages 65 à 68

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Chapitre

Les travaux sur la réussite scolaire des enfants de milieu populaire se sont multipliés depuis la fin des
années 1990. Des enquêtes qui ont fait date ont notamment cherché à résoudre l’énigme sociologique
suivante : comment expliquer la réussite scolaire d’enfants de milieu populaire dont les parents sont
dépourvus de capital scolaire – « réussite » qui en quelque sorte défie les lois de la reproduction scolaire
et sociale ? Bernard Lahire, dans Tableaux de famille, a montré l’importance pour les parents de la place
symbolique de l’école et son influence sur leurs enfants qui mesurent là leurs attentes scolaires. En ce
qui concerne plus spécifiquement les enfants d’immigrés maghrébins, Smaïn Laacher a mis au jour, dès
1992, les déterminants sociaux de la réussite scolaire des enfants d’immigrés maghrébins, ouvriers non
qualifiés pour la plupart. Cette réussite dépend principalement de deux types de facteurs : d’une part,
de ce que Jean-Pierre Terrail a appelé la « mobilisation scolaire » des parents, c’est-à-dire leur effort
pour assurer un suivi scolaire étroit et régulier de leurs enfants, et, d’autre part, de la transmission
effective des savoirs scolaires par l’institution et les enseignants de premier cycle (ceux qu’on appelait
les « instits ») mobilisés pour faire réussir les enfants de milieu populaire.

Les travaux sociologiques sur les familles nombreuses ont aussi mis en évidence la particularité des
parcours des enfants aînés, voués par leur rang dans la fratrie à satisfaire en priorité les aspirations
scolaires et sociales des parents…

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TABLE DES MATIÈRES

TCHAOUROU, UNE COMMUNE BÉNINOISE

12 Déterminants socioéconomiques de la réussite scolaire des adolescents/jeunes de l’arrondissement


de Tchaourou

BILL-LUCAS KINTOMONHO

Résumé

La réussite scolaire est déterminée par l’ensemble des connaissances et compétences de chaque
apprenant. Plusieurs conditions favorisent une bonne assimilation des connaissances et le
développement des compétences chez chaque apprenant. Des études comme celles menées par Sauvy
(1970) et Entwistle (1978) ont montré que l’origine sociale des apprenants détermine leur réussite
scolaire.

Notre étude a pour objectif de mettre en évidence l’existence d’une relation entre certains facteurs
socioéconomiques et la Réussite Scolaire des Adolescents/Jeunes de l’Arrondissement Central de
Tchaourou.

Les analyses issues de cette étude révèlent que dans l’arrondissement de Tchaourou :

les Adolescents/Jeunes issus de familles polygames ont une propension de réussite à l’école plus élevée
que ceux issus de familles monogames;
les Adolescents/Jeunes dont le niveau d’étude des parents est primaire ou plus réussissent moins que
ceux ayant des parents d’aucun niveau;

les Adolescents/Jeunes issus de familles aisées ont plus de chance de réussir que ceux issus de familles
moins aisées.

Mots-clés : Facteurs socioéconomiques, Réussite scolaire, Adolescents/Jeunes

Introduction

L’éducation est un puissant levier de l’épanouissement humain car elle a une forte incidence sur le
développement des capacités humaines et institutionnelles. Elle est perçue comme une priorité et
l’école comme le lieu privilégié pour acquérir des connaissances et vivre des expériences éducatives
utiles. Elle est devenue primordiale pour tous les individus du monde et le droit à l’éducation est de nos
jours impératif. La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH), adoptée à l’Organisation des
Nations Unies (ONU) en 1948, affirme que « toute personne a droit à l’éducation ». Pour toutes ces
raisons, elle occupe une place prépondérante dans les projets de développement de tous les pays du
monde. Face aux nombreux défis posés au monde, l’Afrique doit elle aussi compter sur l’éducation car
celle-ci joue un rôle de plus en plus central dans la réussite des nations, dans leur développement
économique, social et culturel en particulier et des personnes en général (Kalamo, 2012, p. 1). Ainsi, les
gouvernements du monde ont fait de l’éducation une composante importante de leur développement
économique et social à travers la mise en place de stratégies de renforcement et d’amélioration des
systèmes éducatifs. Cependant, un système éducatif efficace ne garantit pas forcément un meilleur
rendement scolaire des apprenants. Un système éducatif efficace est celui dans lequel on ne retrouve ni
abandon, ni redoublement. « Durant ces dernières années, l’opinion que la réussite à l’école constitue
un objectif essentiel, voire un enjeu économique et social pour le développement, est une des idées
promues par l’ensemble des États africains » (Sorgho, 2008, p. 4). Malgré leurs efforts, les résultats
scolaires, notamment ceux des examens nationaux, sont peu concluants. Ainsi, selon les statistiques du
Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique sénégalais, les taux de réussite au
baccalauréat dégringolent d’année en année. De 2013 à 2016, ces taux sont respectivement de 39 %,
31,3 %, 31,3 % et 36,6 %. Ces taux permettent de conclure que seul environ un tiers des candidats
réussissent chaque année à cet examen depuis 2013. Ces taux relativement bas révèlent un taux d’échec
assez élevé.

Selon le plan décennal de développement du secteur de l’éducation (2013, p. 36), on a connu au Bénin
en 2010, un taux de réussite au CEP, au BEPC et au BAC respectivement d’environ 65 %, 45 % et 35 %.
Six ans plus tard, ces taux sont passés respectivement à 39,26 %, 16 % et 30,13 %. Nous observons
également dans ce pays une chute assez considérable des taux de réussite aux examens nationaux. À
travers ces faibles taux, l’école n’atteint pas son objectif principal, celui de faire assimiler les
connaissances aux apprenants. Ces faibles taux reflètent sans doute le niveau général des apprenants.
Pour expliquer ce phénomène, on doit d’abord en déterminer quels sont les facteurs qui expliquent la
réussite scolaire des apprenants. Les résultats scolaires varient d’un apprenant à l’autre. Plusieurs
facteurs expliquent les différences de résultats entre des apprenants ayant acquis les mêmes
connaissances. Notons que la réussite scolaire est corrélée avec les résultats scolaires. C’est-à-dire que
lorsque les résultats scolaires sont meilleurs, la réussite est au bout. La réussite scolaire peut être
appréhendée en fonction des résultats cognitifs et des résultats non-cognitifs des apprenants. Cette
étude vise à analyser la réussite scolaire en termes de résultats non-cognitifs des adolescents/jeunes de
l’arrondissement central de Tchaourou. Elle a pour objectif d’appréhender les déterminants
socioéconomiques de la réussite scolaire de ces adolescents/jeunes. Ainsi la question de recherche est la
suivante : quels sont les déterminants socioéconomiques de la réussite scolaire des adolescents/jeunes
de l’arrondissement central de Tchaourou?

1. Revue de littérature

Cette partie vise à faire le point sur les connaissances aussi bien théoriques qu’empiriques relativement
à notre sujet. Nous allons d’abord procéder à la définition de quelques concepts et faire ensuite une
synthèse des résultats de recherche de différents travaux et théories sur le sujet.

1.1. Clarification conceptuelle

a) Réussite scolaire

Le Grand Robert définit la réussite comme étant « un bon résultat, un heureux succès ».

La réussite est également définie comme la « poursuite d’un but couronnée de succès » (Landsheere,
1992, p. 2; cité par Walet et al., p. 12) et comme « les compétences, attitudes, valeurs et connaissances
effectivement acquises par l’intéressé » (Legendre, 1993, p. 126; cité par Walet et al., p. 12). Le terme «
scolaire » renvoie à l’école, à l’enseignement qu’on y reçoit. Ainsi, la réussite scolaire peut se définir
comme un bon résultat, un succès, au terme d’une année scolaire, dans l’acquisition de connaissances
par un apprenant.

D’autres auteurs relativisent la notion de réussite de différentes manières. « On peut considérer qu’il y a
réussite par rapport aux mesures purement scolaires de passage de classes et d’examens » (Pasquier,
1992; cité par Sorgho, p. 13). C’est donc une définition uniquement centrée sur les aspects évaluatifs et
leurs corolaires d’avance ou de retard. « La réussite scolaire indiquée en général, par les notes,
représente le principal critère de passage des élèves d’un niveau à l’autre ou d’une filière à l’autre du
système d’enseignement » (Assogba, 1984; cité par Sorgho, p. 13). Réussir à l’école, c’est donc avoir de
bonnes notes. Dans le cadre de la présente étude, nous adoptons les concepts de Pasquier et d’Assogba.
Ainsi, la réussite scolaire est le passage en année supérieure à la fin d’une année académique.

b) Adolescents/jeunes

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), est adolescent tout individu dont l’âge est compris
entre 10 et 19 ans. La catégorie « adolescent » chevauche celle des jeunes (15-24 ans) et la « population
jeune » englobe les individus de 10 à 24 ans.

Pour notre étude, nous nous sommes intéressés à la « population jeune » au sens large, en accordant
une attention particulière à la tranche d’âge 12-24 ans que nous avons considérée comme le groupe
d’âge représentant les adolescents/jeunes.

1.2. Résultats obtenus par les auteurs

La réussite scolaire peut se diviser en deux composantes. On distingue la réussite scolaire en fonction
des résultats cognitifs (académiques) des élèves et la réussite scolaire en fonction des résultats non-
cognitifs des élèves (Basque, 2014, p. 28). Pour la réussite scolaire en fonction des résultats non-
cognitifs, on traite des résultats reliés aux aspects comportementaux, sociaux, moraux, éthiques,
esthétiques, affectifs et à l’éducation physique (Basque, 2014, p. 28). « Lorsqu’on traite des résultats
cognitifs des élèves, on fait référence aux connaissances et aux compétences acquises dans les matières
scolaires et ceci est mesuré par les résultats des élèves aux épreuves normalisées » (Basque, 2014, p.
28).

Pour certains auteurs, l’origine sociale est le facteur essentiel qui explique la réussite ou l’échec à l’école
mais pour d’autres par contre, les facteurs scolaires ou encore individuels seraient les mieux indiqués
pour rendre compte d’un tel phénomène (Sorgho, 2008, p. 1). Selon Cherkaoui (1999, p. 41), « les
théories explicatives de la réussite scolaire peuvent être brièvement classées en deux groupes. Les
théories déterministes qui privilégient les facteurs relatifs au passé de l’individu et soulignent les
différences qualitatives entre les sous-cultures de classe dans lesquelles les individus sont socialisés et
les théories actionnistes ou individualistes développées par des économistes néoclassiques et certaines
écoles sociologiques dont celle de Boudon » (cité par Sorgho, 2008, p. 1). Ces derniers s’appuient plutôt
sur les variables liées à l’avenir, aux projets sociaux et scolaires ainsi qu’au pouvoir de décision
rationnelle des individus. Mais, s’il existe plus qu’un débat controversé autour de ce qui pourrait
expliquer mieux ou pas la réussite ou l’échec scolaire, l’origine sociale est cependant une conclusion à
laquelle aboutissent la plupart des études empiriques sur les questions de réussite ou d’échec scolaire.
En effet, les résultats de nombreuses recherches établissent des relations entre les performances
scolaires et les variables de l’origine sociale. Parmi ces recherches, on peut retenir entre autres les écrits
de sociologues, de sociolinguistes et de psychologues aussi bien aux États-Unis, en Europe qu’en
Afrique.

C’est ainsi qu’en Europe, Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron soutiennent l’idée d’une liaison entre
la culture des étudiants et leur origine sociale (Sorgho, 2008, p. 2).

De même, Alain Gras rejoint Bourdieu en affirmant que chez l’enfant, « les variables de la réussite dans
l’enseignement post primaire sont la profession de son père, le niveau d’instruction de ses parents,
l’habitat, la motivation de la famille vers les savoirs et l’instruction » (Gras, 1974; cité par Sorgho, 2008,
p. 2). Pour Gras tout comme Sylvain Coster et Ferdinand Hotyat, ces facteurs influencent les succès à
venir autant que les dispositions intellectuelles et le caractère de l’enfant. Mais bien avant, Sauvy (1970)
« avait prouvé que les enfants de classes favorisées réussissent plus à l’école que ceux issus de classes
sociales défavorisées » (cité par Sorgho, 2008, p. 2). Entwistle (1978) va dans le même sens. « Il estime
que la classe sociale est un déterminant incontestable de l’éducation car la distribution des étudiants au
niveau de l’enseignement secondaire et supérieur est corrélée avec le niveau de revenus et
d’occupation des parents » (cité par Sorgho, 2008, p. 2). Aussi, selon une étude du Ministère de
l’Enseignement technique et de la formation professionnelle ivoirien (p. 11), « d’aucuns considèrent que
la réussite scolaire est influencée par l’origine sociale tandis que d’autres stipulent que certaines
variables scolaires et caractéristiques inhérentes à l’enseignant ne suffisent pas pour rendre compte du
niveau de réussite scolaire ».

Ndoye (2008, p. 3) affirme que « plusieurs conclusions de recherche font état de multiples facteurs
socioéconomiques (profession des parents, scolarité des parents, travail de la mère, nombre d’enfants
dans la famille, pratiques éducatives, etc.) interagissant les uns avec les autres et pouvant avoir un effet
sur la réussite scolaire ».

Selon Basque (2014, p. iii), « la réussite scolaire est expliquée par les résultats antérieurs des élèves, la
qualité de l’enseignement et le statut socioéconomique des élèves ». Aussi, la réussite scolaire est
déterminée par la qualité de l’enseignement ainsi que la motivation et l’engagement des élèves (Basque,
2014, p. iii).

Ndoye (2008, p. 1) à travers son article estime que deux facteurs socioéconomiques ont un lien
statistiquement significatif avec la réussite académique des filles à la fin de l’école élémentaire au
Sénégal. Ces deux facteurs sont les sources de revenus de leur mère et la disponibilité de matériels
pédagogiques.

Mais bien avant le développement des liens entre origine sociale et réussite scolaire des apprenants,
l’éducation est davantage une nécessité individuelle. Ainsi, Gary Becker à partir de 1964 développe la
théorie du capital humain, théorie de la « demande individuelle d’éducation ». L’idée principale de cette
théorie est que des individus ont des salaires plus importants parce qu’ils ont une plus grande «
productivité marginale » due à un plus grand niveau d’instruction (cité par Mano, 2013, p. 8).

Mincer (1974) enrichit la théorie de Becker et établit les bases économétriques du lien existant entre le
salaire et le nombre d’années d’études. Ancré dans la théorie du capital humain, Mincer considère qu’il
existe deux moyens d’en acquérir : l’éducation et l’expérience professionnelle. Selon lui, le cycle de vie
est divisé en deux temps : une période durant laquelle l’individu s’éduque et une période durant
laquelle il travaille qui commence à la fin de la précédente et finit à l’âge de la retraite. Concernant la
période d’éducation, Mincer pose certaines hypothèses : elle est homogène c’est-à-dire que toutes les
années d’études apportent le même niveau de connaissances (en qualité et en quantité). De plus, il
n’existe pas de dépréciation du capital humain. Ce modèle implique que les individus acquièrent un
savoir négociable sur le marché du travail quand ils terminent leurs études. Conscient de cette
incohérence, Mincer introduit une nouvelle variable pour prendre en compte le fait que les individus
continuent d’investir dans leur capital humain pendant qu’ils travaillent : il s’agit de l’expérience
professionnelle. Alors qu’avec l’unique variable “éducation”, le salaire est constant dans le temps, l’ajout
de la notion d’expérience professionnelle donne un salaire concave (cité par Mano, 2013, p. 11-12).

En somme, les auteurs convergent vers la même conclusion, celle stipulant que l’inégalité sociale entre
les apprenants est un facteur déterminant dans leur réussite scolaire.

2. Démarche méthodologique

2.1. Milieu et population d’étude

a) Milieu
La commune de Tchaourou est située dans le département du Borgou et s’étend sur une superficie de 7
256 km2 soit 28 % de la superficie totale de ce département et environ 6,5 % du territoire national
(Afrique Conseil, 2006, p. 10). Elle est la plus vaste commune du Bénin en matière de superficie. Elle est
délimitée au nord par les communes de Parakou, Pèrèrè et N’Dali, au sud par la commune de Ouèssè, à
l’est par la République fédérale du Nigeria et à l’ouest par les communes de Bassila et Djougou. Cette
commune est subdivisée en sept arrondissements (Tchaourou, Tchatchou, Sanson, Goro, Bétérou, Kika
et Alafiaou) organisés en 36 villages et quartiers de ville comprenant plusieurs localités.

La collecte des données dans le cadre de ce travail s’est déroulée dans l’arrondissement central de
Tchaourou.

b) Population d’étude

La population statistique étudiée ici est l’ensemble des adolescents/jeunes de l’arrondissement central
de Tchaourou ayant entre 12 et 24 ans et fréquentant l’école au moment de l’enquête.

2.2. Source des données

La démarche méthodologique adoptée dans le cadre de cette étude est l’approche de recherche
quantitative. Nous avons procédé à l’administration des questionnaires « Foyer familial » et «
Adolescents/jeunes ».

Le questionnaire « Foyer familial » nous a permis d’enquêter auprès de 2 000 foyers familiaux de
l’arrondissement central de Tchaourou après en avoir répertorié 4 000.

Le questionnaire « Adolescents/jeunes » a été administré aux adolescents/jeunes (individus ayant un


âge compris entre 12 et 24 ans) situés dans les foyers familiaux constituant notre échantillon. Nous
avons à cet effet un échantillon de 2 191 adolescents/jeunes.

2.3. Méthodes statistiques

a) Analyse descriptive

Pour cerner les variables indépendantes corrélées à la variable d’intérêt (réussite scolaire), nous allons
procéder à une analyse bivariée qui consiste à croiser chaque variable explicative à la variable d’intérêt.
L’existence de liaison entre la variable dépendante et les variables explicatives est appréhendée grâce
au test de Chi-2 au seuil de 5 % (respectivement 10 %).

b) Analyse économétrique

Les variables indépendantes les mieux corrélées seront celles qui figureront dans le modèle
économétrique. Ici, la variable d’intérêt « réussite scolaire » prend la valeur 1 si l’adolescent/jeune est
admis et 2 sinon. Elle est binaire, ainsi le modèle logit s’avère le mieux approprié pour une telle étude.

Le modèle logit consiste à calculer le logarithme népérien (ln) des odds et à les régresser sur les
variables explicatives. La quantité est appelée logit.

3. Résultats et discussions

3.1. Analyse bivariée de la réussite scolaire

a) Niveau d’instruction des parents/tuteurs et réussite scolaire

Le niveau d’instruction des parents/tuteurs influe sur la réussite scolaire des adolescents/jeunes
scolarisés à un seuil de 5 %. Les adolescents/jeunes dont les parents/tuteurs ont un niveau d’étude
secondaire/supérieur (82,41 %) réussissent plus que ceux dont les parents/tuteurs ont un niveau
d’étude primaire (70,65 %) ou n’ont aucun niveau d’étude (76,79 %).

Graphique 1 : Répartition du taux de réussite selon le niveau d’instruction des parents


Pearson chi2(2) = 6.7690 Pr = 0.034

Source : Nos travaux à partir des données de l’enquête ENSPD 2016

b) Situation familiale des apprenants et réussite scolaire

Le taux de réussite des adolescents/jeunes scolarisés vivant dans un foyer polygame est de 79,44 %
(respectivement 71,59 %). Les adolescents/jeunes vivant dans les foyers polygames réussissent plus que
ceux qui vivent dans les foyers non polygames. La situation familiale des adolescents/jeunes influe sur
leur réussite scolaire à un risque d’erreur de 5 % car la p-value du test de Chi-2 est inférieure à ce seuil.

Graphique 2 : Répartition du taux de réussite scolaire selon la situation familiale de l’adolescent/jeune

Pearson chi2(1) = 7.7460 Pr = 0.005

Source : Nos travaux à partir des données de l’enquête ENSPD 2016

c) Statut dans l’activité des chefs de foyer et réussite scolaire

Le statut dans l’activité du chef de foyer détermine la réussite scolaire des adolescents/jeunes scolarisés
à un seuil de 10 %. Le taux de réussite des adolescents/jeunes dont les chefs de foyer sont cadres
supérieurs/cadres moyens (85,06 %) est plus élevé que ceux dont les chefs de foyer sont employés de
bureau/ouvriers (69,86 %) ou travailleurs à leur propre compte/employeurs (74,67 %).
Graphique 3 : Répartition du taux de réussite scolaire selon le statut dans l’activité du chef de foyer

Pearson chi2(2) = 5.7628 Pr = 0.056

Source : Nos travaux à partir des données de l’enquête ENSPD 2016

d) Principal mode d’éclairage et réussite scolaire

La réussite scolaire chez les adolescents/jeunes scolarisés est influencée par le mode d’éclairage. Il
existe une liaison entre la réussite scolaire et le mode d’éclairage à un seuil de 10 %. Les
adolescents/jeunes qui réussissent les plus sont ceux utilisant l’énergie électrique (fournie par la SBEE
ou celle fournie par un groupe électrogène), la lampe à pétrole et la lampe à pile chargeable.
Cependant, nous ne pouvons pas affirmer avec exactitude que les adolescents/jeunes utilisant les lianes
et feuilles d’arbres échouent les plus car ils ne représentent que 0,11 % des adolescents/jeunes
scolarisés.

Graphique 4 : Répartition du taux de réussite scolaire selon le principal mode d’éclairage

Pearson chi2(5) = 9.2942 Pr = 0.098

Source : Nos travaux à partir des données de l’enquête ENSPD 2016


3.2. Analyse explicative de la réussite scolaire

a) Interprétation des résultats

Le modèle logistique effectué est globalement significatif car sa probabilité critique (Prob > Chi-2 = 0,00)
est inférieure au seuil du test qui est fixé à 5 %. La courbe ROC qui permet de mesurer la sensibilité du
modèle précise le degré d’acceptation d’une régression logistique. Pour cette régression, la courbe ROC
affiche un coefficient de discrimination ayant pour valeur 0,7470 soit 74,70 %, ce qui signifie que la
discrimination faite est bonne. Les outils d’interprétation que nous utiliserons ici sont les « odds ratios »
et les effets marginaux. Ils sont récapitulés dans le tableau ci-dessous.

Tableau 1 : Listes des variables explicatives en fonction de leurs coefficients, odds ratios et effets
marginaux

Variables explicatives Coefficient Odds ratios Effets marginaux P > |z|

Situation familiale de l’adolescent/jeune (ref = foyer non polygame)

Foyer polygame0,8081039 2,24 0,1198 0,048

Niveau d’instruction du parent/tuteur (ref = aucun)

Primaire -1,278619 0,28 -0,2105 0,000

Secondaire/supérieur -0,2854844 0,75 -0,0441 0,560

Statut dans l’activité du chef de foyer (ref = employé de bureau/ouvrier)

Cadre supérieur/cadre moyen et assimilé 1,376855 3,96 0,1378 0,019

Principal mode d’éclairage (ref = lampe à pile/chargeable)

Electricité (SBEE) 1,078522 2,94 0,1653 0,000

Source : Nos travaux à partir des données de l’enquête ENSPD 2016

– Les odds ratios


Un adolescent/jeune vivant dans un foyer polygame a 2,24 fois plus de chance d’être admis (de passer
d’une classe à une autre) que celui vivant dans un foyer non polygame.

Un adolescent/jeune ayant un parent/tuteur avec un niveau d’étude primaire a 3,57 fois moins de
chance d’être admis que celui ayant un parent/tuteur qui n’a aucun niveau d’étude. Cette chance passe
à 1,33 fois si le parent/tuteur de l’adolescent/jeune a un niveau d’étude secondaire/supérieur.

Un adolescent/jeune dont le chef de foyer est un cadre supérieur ou un cadre moyen a 3,96 fois plus de
chance d’être admis que celui dont le chef de foyer est un employé de bureau ou un ouvrier.

L’adolescent/jeune qui utilise l’énergie électrique fournie par la SBEE a 2,94 fois plus de chance d’être
admis que son homologue qui utilise une lampe à pile/chargeable comme principal mode d’éclairage.

– Les effets marginaux

En passant d’un adolescent/jeune vivant dans un foyer polygame à celui vivant dans un foyer non
polygame, la probabilité de réussite scolaire augmente de 0,1198.

La probabilité pour qu’un adolescent/jeune soit admis en ayant un parent/tuteur de niveau d’étude
primaire diminue de 0,2105 comparativement à celui ayant un parent/tuteur qui n’a aucun niveau
d’étude. Cette probabilité diminue de 0,0441 lorsqu’on passe d’un adolescent/jeune dont le
parent/tuteur n’a aucun niveau d’étude à son homologue dont le parent/tuteur a un niveau d’étude
secondaire/supérieur.

En passant d’un adolescent/jeune dont le chef de foyer est un employé de bureau ou un ouvrier à celui
dont le chef de foyer est un cadre supérieur ou un cadre moyen, la probabilité de réussite scolaire
augmente de 0,1378.

La probabilité de réussite scolaire augmente de 0,1653, lorsqu’on passe d’un adolescent/jeune utilisant
une lampe à pile/chargeable comme principal mode d’éclairage à son homologue utilisant de l’énergie
électrique fournie par la SBEE.
b) Synthèse des résultats et commentaires

Le but de cette étude étant d’appréhender les caractéristiques socioéconomiques de la réussite scolaire
des adolescents/jeunes de l’arrondissement central de Tchaourou, nous avons à cet effet ciblé certaines
caractéristiques susceptibles d’influer sur la réussite scolaire dans cet arrondissement. Ces
caractéristiques non cognitives sont notamment sociales (niveau d’instruction du parent/tuteur,
situation familiale de l’adolescent/jeune) et économiques (statut dans l’activité du chef de foyer,
principal mode d’éclairage) avec une caractéristique du logement (principal mode d’éclairage)
considérée comme économique.

Les adolescents/jeunes dont le chef de foyer est un cadre supérieur ou un cadre moyen réussissent plus
que ceux dont le chef de foyer est employé de bureau ou ouvrier. Plus le niveau d’étude d’une personne
est élevé, plus elle a de chance d’occuper une grande fonction et donc d’avoir une activité plus
rémunérée (théorie du capital humain de Becker). Une personne ayant une activité bien rémunérée
aura forcément un niveau de vie élevé. Tout cela explique le fait que les adolescents/jeunes dont le chef
de foyer est un cadre supérieur ou un cadre moyen vivent dans un milieu plus favorable aux études (la
possibilité d’avoir des encadreurs de maison, de disposer de matériel didactique comme les livres
d’exercice, etc.). Ceux-ci disposent probablement de l’énergie électrique fournie par la SBEE et donc
sont plus enclins à réussir à l’école que ceux dont le chef de foyer est un employé de bureau ou un
ouvrier et qui utilisent une lampe à pile/chargeable. Certaines études ont en effet montré que les
caractéristiques du logement influencent les résultats scolaires des apprenants.

Dans l’arrondissement central de Tchaourou, les familles les plus aisées sont polygames, ce qui explique
pourquoi un adolescent/jeune vivant dans un foyer polygame peut mieux réussir que celui vivant dans
un foyer non polygame.

Les adolescents/jeunes ayant un parent/tuteur de niveau d’étude primaire ou plus réussissent moins
que ceux ayant un parent/tuteur qui n’a aucun niveau d’étude. Ce constat contredit les résultats
d’autres études. Toutefois, remarquons que les facteurs cognitifs de l’adolescent/jeune influent
positivement sur sa réussite scolaire. Ainsi, dans l’arrondissement central de Tchaourou, le niveau
d’instruction des parents/tuteurs n’a pas d’effet sur la réussite scolaire de leurs enfants. Un
adolescent/jeune disposant de capacités intellectuelles plus élevées réussit mieux que celui qui en a
moins et ce, quel que soit le niveau d’instruction de ses parents/tuteurs.

Conclusion
L’éducation est primordiale pour l’ensemble des individus car elle a une forte incidence sur le
développement des capacités intellectuelles, humaines et institutionnelles. Ainsi, tous les pays du
monde investissent dans l’éducation, afin de rendre performant leur système éducatif. Certains pays du
monde y sont déjà parvenus. Pour d’autres comme les pays d’Afrique en général et ceux d’Afrique de
l’Ouest en particulier, de nombreux efforts restent encore à fournir dans ce sens.

Au Bénin, les taux de réussite aux examens nationaux depuis quelques années sont assez déplorables. Le
taux d’échec à ces examens est de plus en plus grand. Il convient donc d’appréhender les déterminants
de la réussite scolaire chez les apprenants. C’est dans cette perspective que notre étude s’est intéressé à
l’arrondissement central de Tchaourou avec pour objectif d’appréhender les déterminants
socioéconomiques de la réussite scolaire des apprenants de cet arrondissement.

L’analyse de l’ensemble des résultats de cette étude révèle essentiellement que les adolescents/jeunes
issus de familles polygames réussissent à l’école mieux que ceux issus de familles monogames; les
adolescents/jeunes dont le niveau d’étude des parents est primaire ou plus réussissent moins que ceux
ayant des parents d’aucun niveau; les adolescents/jeunes issus de familles aisées ont plus de chance de
réussir que ceux issus de familles moins aisées.

Références bibliographiques

Afrique conseil (2006). Monographie de la commune de Tchaourou. Cotonou : Afrique Conseil.

Basque, M. (2014). Les déterminants de la réussite scolaire dans les écoles efficaces. Thèse de doctorat
(Administration et évaluation en éducation), Université Laval, Québec, Canada. En ligne :
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