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ISP “Dr. J.V. González”. Profesorado en francés. Lengua III. M.

Barrangou

Le poème Barbara nous parle de la destruction de la ville de Brest lors des bombardements
pendant la Seconde guerre mondiale. Le poète fait semblant de nous parler d’une belle fille et
de son amoureux. Tout est un prétexte pour nous montrer les atrocités de la guerre.

Barbara
Jacques Prévert (1900 - 1977)

Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Epanouie ravie ruisselante
Sous la pluie

Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même

Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N'oublie pas

Un homme sous un porche s'abritait


Et il a crie ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras

Rappelle-toi cela Barbara


Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu a tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu a tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas

Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
ISP “Dr. J.V. González”. Profesorado en francés. Lengua III. M. Barrangou

Sur le bateau d'Ouessant

Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant

Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abime
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.

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Quelques poèmes de la Renaissance autour de la métaphore de la rose

François de MALHERBE (1555 – 1628)

Consolation à M. Du Périer sur la mort de sa fille

Ta douleur, du Périer, sera donc éternelle,


Et les tristes discours
Que te met en l'esprit l'amitié paternelle
L'augmenteront toujours

Le malheur de ta fille au tombeau descendue


Par un commun trépas,
Est-ce quelque dédale, où ta raison perdue
Ne se retrouve pas ?

Je sais de quels appas son enfance était pleine,


Et n'ai pas entrepris,
Injurieux ami, de soulager ta peine
Avecque son mépris.
ISP “Dr. J.V. González”. Profesorado en francés. Lengua III. M. Barrangou

Mais elle était du monde, où les plus belles choses


Ont le pire destin ;
Et rose elle a vécu ce que vivent les roses,
L'espace d'un matin. […]

Pierre de RONSARD (1524 – 1585)

Mignonne, allons voir si la rose

A Cassandre

Mignonne, allons voir si la rose


Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,


Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,


Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.

Pierre de RONSARD (1524 – 1585)

Quand vous serez bien vieille

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,


Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle.

Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,


Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s’aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.
ISP “Dr. J.V. González”. Profesorado en francés. Lengua III. M. Barrangou

Je serai sous la terre et fantôme sans os :


Par les ombres myrteux je prendrai mon repos :
Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et votre fier dédain.


Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.

Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène, 1578

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