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Daniel Boukman

La mésaventure
d’Adiraban le marchand
LA MÉSAVENTURE
D’ADIRABAN
LE MARCHAND
Collection « Théâtres »
dirigée par Denis Pryen et Jérôme Martin

Déjà parus

Bernard BACHELOT, L’Alibi. Un échec de Louis XIV en


Algérie, 2013.
Eve NUZZO, Fragments d'une petite comédienne de campagne
suivi de Ouf, 2013.
Nicky ATTIKI, Le fils du psychiatre. Pièce en trois actes, 2013.
Laurence HUARD, J’étais Comtesse en mon pays…, 2012
Claire CARLUT, Dans la grâce des Ténèbres, 2012.
Moni GRÉGO, Un père pied-noir. Suivi de Hier, 2012
Stéphane PATRICE, L’île d’Arros, 2012.
Bernard H. RONGIER, L’impromptu de San Lorenzo, 2012.
Maud TRIANON, Humains, au travail !, 2012.
Marie GULLA et François-Henri SOULIE, Une bicyclette pour
la liberté, 2012.
Michel CORNELIS, Marelle, 2012.
Henri Michel BOCCARA, Pièces à conviction, 2012.
Henri Michel BOCCARA, Pièces fragiles, 2012.
Jean-Marie APOSTOLIDÈS, Trois solitudes, 2012.
Bernard Allombert, Jeanne et Jean, 2012.
Farid PAYA, Rostam et Sohrâb, 2012.
Martine THINIÈRES, Le Grand Large, 2012.
Nassuf DJAILANI, Se résoudre à filer vers le Sud, 2012.
Valentin POTIER, Pyongyang, 2012.
Jean-Marc BAILLEUX, Hôtel de l’Europe, 2012.
KWON Ho-ung, Le Parachute, 2011.
PARK In-bae, Le Combat des journalistes du DongA, 2011.
Christophe ROHMER, Moi, Alexandre, 2011.
Georges BONNAUD, Electr & Prot. Roméo et Juliette du
Cosmos. Vie et transposition théâtrale d’un électron et d’un
proton. Aventures et avatars du premier atome d’hydrogène
léger, 2011.
François JOXE, Quoi quoi ? suivi de Quoique, 2011.
Golchehr DAMGHANI, Petit-déjeuner au chevet de la mort,
2011.
Françoise DELMAS, Rue de la Passerelle, 2011.
Daniel Boukman

LA MÉSAVENTURE
D’ADIRABAN
LE MARCHAND
Illustration : Sophie Donatien / Mise en page : TAG Sarl

© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-336-00872-1
EAN : 9782336008721
Du même auteur
Poésie
Anba fey. éditions Radio Mango, 1987
Pawol bwa sek. éditions Zandoli, 1992
Chiktay pawol. éditions Mabouya, 1994
Zizing pawol. éditions Mabouya, 1998
Mas. K. éditions, 2007

Prose

Pawol fonmi fol. éditions Mabouya, 2011
Traduction. Fables d’ésope in Zayann II, PLB éditions,
2002

Théâtre
Sous le titre générique de Chants pour hâter le temps
de la mort des Orphée
Trois poèmes dramatiques. éditions P.J Oswald, 1967.
Réédition L’Harmattan, 1993
Les voix de sirènes. Des voix dans une prison.
Orphée nègre
Les Négriers. édition P.J Oswald, 1971, réédition
L’Harmattan, 1993
Ventres pleins Ventres creux. éditions P.J Oswald 1971,
réédition L’Harmattan, 1993
Délivrans ! éditions L’Harmattan, 1995
La véridique histoire de Hourya. New Legend éditions
2001, réédition L’Harmattan, 2005
Es lakou dò ? ou Une petite lampe dans la nuit.
éditions L’Harmattan, 2005
Agoulouland suivi de Les 10 doigts des 2 mains.
éditions L’Harmattan, 2006
L’homme endormi ou Et de nouveau la Bête immonde.
K. éditions, 2007
Poulbwa ek bwabwa. K. éditions, 2008
Les Théâtreux suivi de Misié Agoulou ek Ti Sonson.
K. éditions, 2008
Orphée nègre suivi de Les voix de sirènes.
Réédition L’Harmattan, 2011
Liwa Lajan. éditions L’Harmattan, 2013

Divers
Bé a ba jou démaré. Manuel d’alphabétisation en créole
produit en collaboration avec Igo Drané, illustrations de
Conrad Caesar et Max Catayé, éditions Radio Mango,
1989
Maskoko, album de masques créés à partir d’écales
de coco. Textes d’accompagnement de Monchoachi,
photographies de Robert Charlotte. éditions Mabouya,
2003
Migannaj, mélanges poésie / prose en créole et en
français. éditions Mabouya, 2009
Kat zié kontré manti fini, pièce radiophonique.
éditions Mabouya, 2009
Cette comédie en 11 tableaux est
l’adaptation théâtrale d’un conte arabe publié
en français, à Alger, en avril 1965 dans
le journal Alger Républicain.
Premier tableau

C’est le début de la journée… Les vendeurs


installent leurs marchandises… Arrivée des
premiers clients… Ambiance de foule bigarrée…
Adiraban étale ses articles.

Le Poète 
Que sur toi, ton père, ta mère, ton frère, ta sœur,
ta femme, tes enfants, l’aurore déverse en flots la
félicité !

Adiraban
De même sur toi  !… Mais puis-je te faire
remarquer pour la énième fois que je ne suis pas
marié, que mon père et ma mère ont quitté ce bas
monde, il y a belle lurette, qu’ils ne m’ont jamais
donné ni sœurs ni frères, poète de malheur !

Le Poète
Dans ton cœur
pleure
le vent mauvais.
Puisse pour toi un jour
pousser l’amour !

Adiraban 
Que Dieu m’en préserve ! à mon âge, je ne suis
pas assez fou pour me livrer à quelque donzelle.

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Le Poète
à vieilles dents fruits mûrs !

Adiraban 
Va faire cliqueter ailleurs tes mots !

Le Poète 
Je voulais une cithare.

Adiraban 
Argent !

Le Poète 
Mais… Bientôt, je serai ultra-riche… Mes
poèmes…

Adiraban
... Sont de la viande si pourrie qu’ils écœurent
même les mouches !... Hors d’ici, gratte-papier !

Le Poète
Honte à ceux qui puent l’argent !

Il s’en va... Adiraban continue à garnir sa


devanture.

Un homme
Que le Très-haut te bénisse !... Ô les belles
babouches !

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Adiraban 
Vingt dinars !

L’homme 
Vingt dinars ?

Adiraban
Vingt dinars !

L’homme
Tu dis bien vingt dinars ?

Adiraban
Je dis bien vingt dinars !

L’homme 
Pardieu ! Elles sont en or, ces babouches !

Il s’en va.

Adiraban 
Allez va ! Ces babouches ne sont pas faites pour
tes pieds fourchus !

L’ambiance de foule reprend… Adiraban a fini


d’installer sa marchandise ; il pose un écriteau
qu’un vieillard péniblement lit :
L’intelligence est le propre de l’homme
comme la bêtise est de la femme le fardeau.

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Rires... Entrée du conteur.

Le conteur
Depuis que le monde est monde
que tourne la machine ronde
la femme « complice » du serpent
est la cible de boniments
sans cesse ânonnés par l’homme
depuis l’histoire de la pomme
en mille versions répétée
par la gente perroquet.
Pour vous en donner témoignage
voici des proverbes sans âge
tenaces comme figuiers-maudits
fleurissant ailleurs comme ici.

Voix off 
Petite anthologie de misogynie universelle.

Ce qui suit est miné par ceux de la foule.

Proverbe africain : Vivre avec une femme, c’est


comme vivre avec un sorcier.

Proverbe polonais  : Associé à une femme, le


diable lui-même perd la partie.

Proverbe allemand : La femme comme la lune


brille d’un éclat emprunté.

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Proverbe chinois  : La femme infidèle a des
remords, la femme fidèle a des regrets.

Proverbe anglais  : Le silence est le plus beau


bijou d’une femme mais elle le porte rarement.

Proverbe italien : Le rôle d’une honnête femme


est le plus souvent joué que rempli.

Proverbe français : Les faiblesses des hommes


font la force des femmes.

Proverbe arabe : Celui qui désire exceller dans


la sagesse ne doit pas se laisser gouverner par
la femme.

Le conteur (au public)
La suite de l’histoire dira – ou ne dira pas –
si l’intelligence est le propre de l’homme, et de
la femme, la bêtise le fardeau.

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Deuxième tableau

Dans un intérieur, trois femmes.

Zohra
Quel âne, cet Adiraban  ! L’intelligence-est-le-
propre-de-l’homme-la-bêtise-est-le-fardeau-de-
la-femme !!

Hourya
Adiraban ne fait que dire tout haut ce que
beaucoup d’hommes disent tout bas.

Zohra
Hé là ! Doucement ! Tu ne vas tout de même pas
le défendre ! Adiraban est un âne, je le répète !

Fatima
Depuis qu’il a sorti sa pancarte, les femmes se
sont donné la consigne, et toutes, elles fuient sa
boutique comme un marécage.

Hourya
Allez savoir ce qu’il y a dans la tête d’un homme !

Zohra
Ce qu’il faudrait à ce marchand, c’est une bonne
leçon ! Les ânes ne comprennent que le langage
du bois vert !

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Hourya
Une leçon comme celle-là me paraît difficile.

Zohra 
Difficile  ? Donnez-moi un bon gourdin, et une
nuit sans lune, vous verrez si cette bourrique en
turban ne fermera pas boutique pour cause…
d’accident !

Rires

Hourya
Je suis prête à te faire confiance, ô Hercule en
jupons, mais je ne crois pas que ce soit la bonne
méthode.

Fatima
Et si nous allions en délégation protester sous ses
fenêtres ?

Zohra
Pour qu’il nous verse de l’eau de vaisselle sur le
crâne !

Hourya 
Trêve de plaisanterie  ! Adiraban proclame que
nous, les femmes, nous sommes des imbéciles,

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n’est-ce pas ? Eh bien, nous allons lui prouver le
contraire… Voilà mon plan  ! Demain, au lever
du soleil, j’irai dans sa boutique et je lui dirai…

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Troisième tableau

La boutique d’Adiraban est déjà rangée… Entrée


de Hourya, voilée. Adiraban est plongé dans ses
comptes.

Hourya
Salut à toi, ô Adiraban !

Adiraban
Salut à toi ! (il lève les yeux) Hé là, femme, tu ne
sais pas lire ?

Hourya, entre-temps, a ôté le voile qui lui cachait


le visage. Adiraban est visiblement ému par sa
beauté.

Adiraban
Que… que… que dois-je te servir ?

Hourya 
Je voudrais du parfum de rose.

Adiraban, troublé, cherche fébrilement dans ses


étagères.

Adiraban
Je suis ton humble serviteur… Que désires-tu
encore ?

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Hourya
Montre-moi tes foulards.

Adiraban est aussi ému qu’au début… Pour


augmenter son trouble, Hourya prend mille
poses devant un miroir.

Hourya
Je prendrai ce bleu, ce vert... et ce jaune…
Combien te dois-je pour le tout ?

Adiraban
Seigneur tout-puissant, jamais au grand
jamais !... Prends avec ces foulards, ces bijoux,
ces parfums, et ce cœur que je dépose à tes pieds.

Hourya
Mais…

Adiraban
En deux mots quatre paroles, je veux t’épouser...
Dis-moi qui est ton père, où est sa maison... je
cours lui demander ta main.

Hourya (le détaillant)


Oui, tu n’es pas mal !... Encore jeune… la mine
fière… Tu ferais, ma foi, un époux acceptable…
Mon père est le Vizir de la ville ; s’il y consent,
je suis prête à devenir ta femme… Mais je tiens à

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t’avertir : mon père a pour moi un amour si tenace
qu’il tient à moi plus qu’aux prunelles de ses
yeux. Il a déjà éconduit plusieurs prétendants…
Cependant, puisque tu… me plais, je vais t’aider
à obtenir ma main... Lorsque tu lui demanderas
d’épouser sa fille, il te répondra que je suis la
plus horrible des créatures et par ma laideur et
par mon caractère exécrable… Réponds-lui que
tu m’acceptes pour épouse avec toutes mes tares
et défauts… Tu n’auras rien à regretter puisque,
regarde ! je suis, je crois assez… belle.

Adiraban tombe à ses pieds.

Hourya
Tout beau ! Tu sais maintenant ce qu’il te reste
à faire… Je te souhaite bonne chance et… à
bientôt !

Adiraban
à bientôt, mon amour !

Il range ses articles et chante «  L’amour est


enfant de bohême et n’a jamais jamais connu de
loi... ».

Retour du poète.

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Le Poète
Je viens chercher la cithare.

Adiraban 
Trop tard ! Je suis amoureux ! Je ferme boutique.

Le Poète
Mais... j’ai de l’argent !

Adiraban
La fille du Vizir m’aime  ! Je cours au palais
demander sa main.

Le Poète
Mais ma cithare…

Adiraban
Au diable, parasite !

Il se remet à chanter «  L’amour est enfant de


bohême et n’a jamais jamais connu de loi…  ».
Il s’en va.

Un homme
Mais, ma parole, notre marchand a le diable aux
trousses !

Le Poète
Il est fou furieux !

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Un autre
Je le savais bien ! Avec tous ces chiens enragés
qui courent les rues !
Le Poète
Vous n’y êtes pas !

Un autre 
Quelle guêpe l’a piqué alors ?

Le Poète
De son dard
Amour l’a transpercé !

Un autre
Amoureux, Adiraban ? Laissez-moi rire !

Un autre 
Le Poète n’a pas précisé l’objet de son amour.

Un autre 
Parions que c’est la lune.

Un vieillard
Ou une vache dans un pré !

Rires

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Le Poète 
Ni lune ni vache ! Mais – à ce qu’il dit – la fille
du Vizir est celle qu’il aime.

Un autre 
Qui ça ?

Apparition d’Adiraban au bout de la rue, vêtu


comme un prince.

Un homme
Le voilà !

Adiraban 
«  L’amour est enfant de bohême et n’a jamais
jamais connu de loi… »

Le Poète
Vous voyez  : il est fou  mais... de la plus suave
des folies.

Un autre
Et alors... l’écriteau ?

Le vieillard
Reste toujours valable  ! Oui, mes frères, les
hommes sont supérieurs aux femmes par leur
force, leur bravoure et leur cerveau… Ne nous

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laissons pas ensorceler, comme ce pauvre
Adiraban, par ces envoyées du diable !

Un homme
Bien parlé !

Un autre
Ta gueule, vieille momie !

Un autre 
Il a raison !

Un autre 
Il a tort !

Début de bagarre ! Arrivée d’un policier.

Un gendarme
Circulez, circulez !

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Quatrième tableau

Au palais, le Vizir, vautré dans des coussins…


Musique en sourdine… C’est jour d’audience !

Le Grand Chambellan 
Adiraban, marchand de la ville !

Adiraban
Que Dieu te comble, toi et les tiens, de santé et
d’éternelle prospérité, ô flambeau de justice et
d’équité !

Le Vizir 
Qu’il répande sur toi et sur ta famille les mêmes
bontés !
Que me vaut l’honneur de ta visite ?

Adiraban
Seigneur, j’aime ta fille Zoubida et je veux
l’épouser !

Le Vizir
Mais, marchand, sais-tu…

Adiraban 
Je sais  ! Je sais que Dame Nature fut cruelle
envers elle mais je l’aime, ô Vizir !

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Le Vizir
Ma fille est borgne, malheureux !

Adiraban
Je l’aime, Seigneur !

Le Vizir
Ma fille est bancale !

Adiraban 
Je l’aime, Seigneur !

Le Vizir
Elle est énorme… acariâtre-cruelle-bavarde-
menteuse !

Adiraban
Qu’importe, Seigneur, puisque je l’aime !

Le Vizir
En vérité, ton amour semble invincible... Je tenais
à t’avertir, mais puisque tu t’obstines à vouloir
devenir mon gendre, sache qu’en aucun cas, tu
ne pourras répudier ta femme, comme cela sera
stipulé dans le contrat de mariage… Réfléchis !
Il est encore temps de te ressaisir !

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Adiraban 
Inutile, Seigneur  ! J’aime ta fille telle que Dieu
voulut qu’elle soit, et je veux l’épouser.

Le Vizir
Eh bien ! Je te donne ma fille… Les noces seront
célébrées, la lune prochaine.

Musique… Ballet… Collation.

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Cinquième tableau

Place publique… Attroupement.

Un homme 
Vous savez la nouvelle ?

Un autre 
Non ! Qu’est-ce que c’est ?

Le vieillard
La guerre est déclarée ?

L’homme 
Ne parle pas de malheur  ! Adiraban épouse la
fille du Vizir !

Un autre
La fille du Vizir !!

L’homme 
Ce n’est pas tout ! On dit que ce mariage sera tel
celui d’un prince.

Un mendiant
Les tables craqueront sous le poids de dindes
truffées de langues de tourterelles… Les fontaines
cracheront des cascades de vin !

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Un autre 
Mille musiciens assourdiront la nuit.

L’homme 
Ce n’est pas tout  ! Il paraît que le Vizir lui a
donné comme dot le poids en or de l’épousée.

Le mendiant 
Pourvu que, dans son bonheur, il ne nous oublie
pas, nous les pauvres !

Le vieillard
Dormez sur vos deux oreilles  : les riches sont
généreux !

Le mendiant 
Généreux, les riches ! Ils nourrissent mieux leurs
chiens que nous, les pauvres !

Un autre
Alors, Adiraban épouse la fille du Vizir !!

Le vieillard éclate de rire.

Un autre
Qu’est-ce qui te prend ?

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Le vieillard 
Que je crêve de rire, ha ha ha ! Vous ne connaissez
pas la fille du Vizir ?

Un autre
Eh bien, comme toute grande dame de la ville,
elle a la taille fine, un teint de rose, des yeux de
biche, un cou de cygne, de jolis petits pieds, ses
cheveux ont la couleur du blé.

Le vieillard 
La fille du Vizir, ha ha ha !! Un quart de crapaud,
deux de chauve-souris, le reste tient de la
chèvre… La belle bête, en vérité !

Un autre 
Tu mens !

Le vieillard 
C’est l’une des servantes du palais qui l’a raconté
à sa sœur qui l’a dit à ma cousine qui l’a confié à
ma femme qui me l’a dit !

Un autre 
Mais alors… Adiraban ?

Un autre
A acheté chat en sac !

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Un autre 
Et quand il ouvrira le sac…

Le vieillard 
... Y trouvera une… rate !

Tous
Ha ha ha !

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Sixième tableau

Fatima
Ha ha ha !

Zohra
La fête finie, les musiciens rangent leurs
instruments… La mariée attend dans la chambre
nuptiale son époux… Celui-ci, tout amour, écarte
le rideau qui lui cachait sa bien-aimée… et, ô
stupeur ! il recule, horrifié, la mâchoire pendante
au-delà de sa ceinture ! Adiraban se rend compte de
son malheur : le Grand Vizir n’avait pas menti…
Sa fille Zoubida est là sur le lit, étalée comme
une pyramide d’égypte, plus horrible à regarder
que la plus horrible des harpies… Pendant deux
jours, pendant deux nuits, l’infortuné Adiraban
s’arracha les cheveux, se roula par terre, fou de
rage et de honte.

Fatima
Bravo ! Nous voilà vengées !

Hourya 
Gageons que notre homme n’osera plus prétendre
que les femmes sont bêtes… N’était-ce pas là la
meilleure des leçons pour sa vanité d’homme ?

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Zohra
Qui pis est, il devra traîner son fardeau d’épouse
jusqu’au bout ! Il ne peut même pas la répudier !

Fatima 
Vous verrez ! Il quittera la ville sous peu. Jamais
il n’osera réouvrir sa boutique.

Zohra 
Je souhaite que sa femme le fasse enrager du
lever au coucher du soleil !

Hourya
Mes sœurs, la leçon a porté ses fruits mais il
serait temps de réparer les torts que nous lui
avons causés.

Zohra
Il récolte ce qu’il a semé !

Fatima 
Hourya a raison  ! Qui nous dit qu’une fois
sa blessure d’orgueil cicatrisée, il ne va pas
retourner sa rage contre sa malheureuse épouse ?

Zohra
Mais... notre vengeance dans cette affaire ?

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Hourya
C’est chose accomplie… Défaisons ce que nous
avons fait ! Voyez-vous, quand il s’agit de pareils
préjugés : l’intelligence est le propre de l’homme
comme la bêtise est de la femme le fardeau, le
pardon est la meilleure des ripostes... Voilà ce
que je vais faire...

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Septième tableau

Devant sa boutique, Adiraban est assis, plongé


dans une profonde tristesse.

Hourya
Salut à toi, ô Adiraban, le bienheureux !

Adiraban
Ah ! Te voilà, misérable ! Démon femelle, tu es
satisfaite de ton exploit ?

Hourya
Que veux-tu dire ? Je ne comprends pas !

Adiraban 
Tu ne comprends pas, perfide ! Hors d’ici avant
que je ne te brise les vertèbres, vipère !!

Hourya
Ah je vois ! Tu n’es pas satisfait de ton mariage ?

Adiraban 
Tu parles !! Ah ! Maudites soient les femmes !

Hourya
La colère t’aveugle  !... Ainsi, tu m’as crue sur
parole… Pourtant, je croyais qu’étant homme,
ton intelligence supérieure t’empêcherait de

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tomber dans le piège de la sotte que voici,
puisque femme je suis, n’est-ce pas ?... Mais ta
douleur me fait pitié et je suis prête à te tirer de
ce mauvais pas.

Adiraban 
Comment te croire après le tour que tu m’as
joué ?

Hourya 
Il le faut pourtant… à moins que tu préfères
garder dans ta maison ta colombe ?

Adiraban 
Oh non non non  !... Si tu dis vrai et que tu
m’aides, je te donnerai mille écus et ma boutique
par-dessus le marché !

Hourya 
Garde ton or, marchand, et puisses-tu,
simplement, après cette épreuve, rendre aux
femmes le respect qui leur est dû !

Adiraban 
D’accord ! Parle, je t’écoute !

Hourya
Va chercher un âne … Fais-y grimper ton épouse,
attache-la solidement pour qu’elle ne tombe

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pas… Puis conduis-la par les rues de la ville en
demandant la charité… Quand le Vizir apprendra
que tu te sers de sa fille pour mendier, il te fera
aussitôt convoquer...

Adiraban
... Et couper le cou, pendarde !

Hourya
Aie confiance et tu verras ! Quand tu seras au
palais, pour justifier ta conduite, tu diras au
Vizir…

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Huitième tableau

Le Palais… Les courtisans commentent la


nouvelle

Un courtisan 
Quel scandale !

Un autre
La fille du Vizir sur un âne, tenant une écuelle !!

Le bouffon
Au fait, qui tenait l’écuelle : la fille ou l’âne ?

Un autre
L’heure n’est pas aux rires, bouffon !

Un autre
Le Vizir est pire qu’un lion furieux !

Un autre
Qu’on livre ce marchand au bourreau et clac ! On
n’en parle plus !

Un autre
Le Calife s’est opposé à cette formule… radicale
certes mais qui risque de provoquer la colère du
peuple !

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Le bouffon 
Que vous affamez, mes Seigneurs, et gare aux
chiens qui ont faim !

Un autre 
Ta gueule !

Un autre
Nous avons essayé d’arrêter l’affaire afin que le
Vizir ignore tout.

Un autre 
Hélas  ! On peut dire du bien de quelqu’un des
années, sans qu’il le sache, mais il suffit qu’on en
dise du mal, une seule fois, pour qu’il l’apprenne.

Le bouffon 
à bon entendeur, salut  ! Les murs ont des
oreilles !

Un autre
Et les bouffons des têtes de mule !

Le bouffon 
Je vous l’accorde ! Pour un homme, j’ai de bien
grandes oreilles, mais, vous, mon Seigneur, pour
une bourrique, vous en avez de bien petites !

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L’autre 
Tu me le paieras, avorton !
Il se met à poursuivre le bouffon, une babouche
à la main... Cohue générale. Entrée du Grand
Chambellan.

Le Grand Chambellan : Le Grand Vizir !

Le chahut cesse…
Musique : entrée du Vizir suivi d’un scribe.

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Neuvième tableau

Le Vizir
Qu’on m’amène ce filou de marchand  !... Ah  !
Te voilà, bandit, charogne, chacal ! Traîner ainsi
dans la boue la chair de ma chair, ma Zoubida !
Ah canaille ! Que t’ai-je fait pour mériter un tel
affront  ? (il s’assied) Pourquoi te sers-tu de ta
femme, ma fille, pour demander l’aumône ?

Adiraban (à genoux)
Grand et Puissant Vizir, je jure par Dieu que je
ne nourris aucune mauvaise intention  ! C’est
uniquement pour la subsistance de votre fille,
mon épouse, que je suis obligé d’agir de la sorte.

Le Vizir
Parle plus clairement, coquin !

Adiraban (se relève)


Voilà, ô Grand Vizir  : les temps sont durs, les
impôts pleuvent sur nous, pauvres marchands, si
bien que, pour faire vivre votre fille, ma femme,
je suis réduit à la mendicité !

Le Vizir
Cela ne justifie pas pour autant ta conduite à
l’égard de mon sang  !... Mais je veux bien me
montrer généreux... encore que si j’écoutais

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mon cœur, je te ferais bastonner, puis couper
en rondelles  !... Redonne-moi ma fille et n’en
parlons plus !

Adiraban 
Mais, Seigneur, le contrat de mariage stipule
que la répudiation n’est pas permise.

Le Vizir 
Ne t’occupe pas de cette partie ! Je sais comment
contourner la loi !

Adiraban 
C’est que, puissant Vizir… c’est que… j’aime
ma femme, et malgré mes déboires, je ne peux
me résoudre à m’en séparer !

Le Vizir 
Je te donnerai cent pièces d’or !

Adiraban 
Je ne puis… fût-ce pour cent pièces d’or !

Le Vizir
Deux cents pièces d’or !

Adiraban
Non, bon Seigneur, je ne puis !

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Le Vizir
Trois cents… quatre cents… cinq cents… ou !

Adiraban 
Top là ! Grand Vizir, mon cœur se déchire à la
pensée de devoir quitter ma bien-aimée, mais,
pour son bonheur et le tien, j’y consens pour…
Combien as-tu dit ?

Le Vizir 
Cinq cents écus, marchand de l’enfer !

Adiraban 
Ta fille, ô généreux Vizir, te sera rendue avant
le coucher du soleil… Dieu vous bénisse, mon
Seigneur, Dieu vous bénisse !

51
Dixième tableau

Dans sa boutique, Adiraban chante comme un


rossignol… Arrive Hourya, voilée…

Adiraban
Salut, ô lumière de l’esprit !

Hourya 
Homme au jugement rectifié, l’opération a-t-elle
réussi ?

Adiraban
Grassement, et je t’en remercie.

Hourya 
Tiens tiens ! Que dit cette pancarte ?

Adiraban 
Ne m’accable pas  ! (il déchire l’écriteau) Par
orgueil et… par bêtise, j’ai péché !

Hourya : Puisse, pour toi, la sagesse porter fleurs


et fruits !

53
Noir progressif sur Adiraban tandis que Hourya
s’avance, ôte son voile et au public dit :

Hourya 
La mésaventure d’Adiraban le marchand
fut pour notre homme précieux médicament
et la misogynie qui empestait son cœur
en lui interdisant tout accès au bonheur
d’aimer et d’être aimé
en toute liberté
cette haine que tant d’hommes éprouvent pour
les femmes
au point de les frapper jusqu’à ce qu’elles
rendent l’âme
cette inhumanité
vient d’être dénoncée
mais lorsque les projecteurs seront éteints
et que de cette pièce arrivera la fin
combien d’hommes
de leur corps expulseront
cet insidieux
démon ?

Noir final

54
Théâtre
aux éditions L’Harmattan

Dernières parutions

regard (Le) de Laurent Terzieff


Brunhes Olivier, Téphany Julien
Ce DVD propose deux documentaires inédits sur l’artiste d’exception qu’était
Laurent Terzieff. Laurent Terzieff et compagnie d’Olivier Brunhes (1996, 26
minutes), montrant Terzieff au travail dans sa mise en scène de Meurtre dans
la cathédrale. Terzieff par lui-même de Julien Téphany (2011, 38 minutes)
nous fait découvrir à travers les archives de l’INA la carrière de ce surdoué
qui a décidé de se retirer du monde des stars pour se consacrer à l’essentiel.
(20.00 euros) ISBN : 978-2-296-56778-8
Contribution d’une ouvrière du théâtre au bonheur
du monde – Pratique de l’atelier théâtre
Augier-Jeannin Isabelle
Ce livre témoigne d’une expérience théâtrale qui permet à l’auteure de faire un
constat : les techniques qu’elle a acquises et expérimentées peuvent contribuer
à un mieux-être en société, et individuel. Ces techniques et les témoignages
qui leur sont associés constituent un outil précieux pour les « intervenants »
(compagnies théâtrales, amateurs ou professionnels, désireux de proposer des
ateliers théâtre en parallèle à leurs activités de création), mais aussi pour les
« accompagnants » qui ont un projet éducatif et/ou de société : enseignants,
éducateurs, coachs…
(39.00 euros, 396 p.) ISBN : 978-2-336-00151-7, ISBN EBOOK : 978-2-296-50712-8
KASSANDRA FUKUSHIMA SUIVI DE PROMÉTHÉE 2071
Pièces librement inspirées d’Eschyle
Jacques Kraemer
Ces deux pièces forment un diptyque dont le point de départ est le théâtre
d’Eschyle : Prométhée enchaîné et Agamemnon. La première, Prométhée
2071, est travaillée par la question du réchauffement climatique et des
désordres planétaires qui risquent d’en découler. La seconde, Kassandra
Fukushima, exprime la hantise d’une articulation du terrorisme mondial au
nucléaire militaire et civil.
(Coll. Théâtre des cinq continents, 10 euros, 64 p., juin 2012)
ISBN : 978-2-296-99061-6
L’EFFROYABLE CHANSON DU POÈTE VOYANT
Jean-Pierre Barbier-Jardet
Le message de cette pièce est axé sur la révolte contre la famille, l’Eglise et
les despotes. Y figure la révolution de 1870, la Commune, mais aussi la guerre
d’Algérie et les tortures dénoncées dans le livre d’Henri Alleg, La Question.
L’auteur retrace la guerre du Viêt Nam, l’Holocauste, la violence carcérale,
comme les événements de mai 1968. L’amour y est présent sous sa forme la
plus décriée puisqu’il s’agit d’homosexualité.
(Coll. Théâtre des cinq continents, 10,5 euros, 76 p., juin 2012)
ISBN : 978-2-296-97016-8
APPEL À LA FRATERNITÉ
M’envole, me pose, m’abandonne, résistant aux vents violents
Lucette JASON
Si la culture a un socle, celui-ci se trouve dans la diversité de nos réalisations.
Cette oeuvre est un appel à la mise en commun de nos ressources pour mener
à bien l’éducation des enfants. Cette démarche diminue les frustrations et la
«rage», tout en acceptant d’écouter l’autre. Dans un quartier dit «difficile»,
Michael est défendu par sa mère, prête à résister. Elle se bat mais pense à la
conciliation. Ses pas sont alors ceux de l’espoir.
(Coll. Théâtre des cinq continents, 12 euros, 88 p., juin 2012)
ISBN : 978-2-296-99248-1
CEUX DU PÉRIMÈTRE
Jean Larriaga
Ceux du périmètre sont jetés de chez eux sans ménagement, réduits à attendre
que soit désactivée la bombe américaine de 500 kilos mise à jour au pied de
leur immeuble. Les évacués attribuent à la bombe toutes les significations
possibles. L’aîné d’entre eux, mémoire vivante des raids aériens de 1943 à
1944, affirme qu’il n’y en a jamais eu un seul ici. La peur se fera angoisse,
le doute l’affirmation d’un châtiment rien que pour eux. Et pourquoi pas
nucléaire ?...
(Coll. Théâtre des cinq continents, 12,5 euros, 112 p., juin 2012)
ISBN : 978-2-296-96241-5
CHAPEAU POUR NOTRE ÉPOQUE ! MI LÉPÔK, PAPA !
Pièce en créole et en français
Henri Melon
Nous sommes confrontés aux affres d’une révolution à l’échelle planétaire. Le
mardi noir du 11 septembre 2001 est l’un de ses pics, tout comme «la crise».
Dans cette pièce, alternativement comique et tragique, l’auteur rejette une
troisième guerre mondiale en tant que solution appropriée au problème de
l’humanité contemporaine.
(Coll. Théâtre des cinq continents, 12 euros, 96 p., juin 2012)
ISBN : 978-2-296-99312-9
LA PITIÉ DANGEREUSE
D’après le roman de Stefan Zweig
Elodie Menant
1913, dans une ville de garnison autrichienne, le riche M. Kekesfalva organise
un bal costumé en l’honneur de sa fille, Edith, paralysée. Lors de cette soirée,
la demoiselle rencontre Anton Hofmiller, jeune lieutenant de cavalerie. Pris de
compassion pour elle, l’officier lui tient compagnie et les visites se succèdent.
Edith en tombe follement amoureuse. Comment réagir face à cet amour ?
Quelles sont les limites et les dangers de la pitié ?
(Coll. Lucernaire, 8 euros, 84 p., juin 2012) ISBN : 978-2-296-96646-8
SOUS MA PEAU, LE MANÈGE DU DÉSIR
Geneviève de Kermabon
Ce texte est écrit à partir d’interviews d’anonymes sur le désir amoureux et
d’extraits de l’oeuvre de Grisélidis Réal. Grand cirque de la passion, cabaret du
sexe, manège du désir, cette pièce explore le fantasme et la réalité amoureuse dans
tous ses états. L’Amour... Faire l’amour... et les autres, comment font-ils ? Que se
cache-t-il dans ma tête et dans mon ventre, d’inavoué, de trouble, de sulfureux
? Suis-je normale ? Charlotte ne sait pas, Charlotte ne sait plus. Mais qui sait ?
(Coll. Lucernaire, 13,5 euros, 128 p., juin 2012) ISBN : 978-2-296-96650-5
LA MAIN INVISIBLE
Sylvie Jopeck
Les Naudin, famille de patrons, reçoivent Bernard Lubinski, directeur délégué
de leur société, et sa femme. Dîner burlesque et tragique où entre séduction
et humilitaion, se joue la comédie de la finance et de la fortune tandis que la
ruse et le mépris manipulent ceux qui croyaient au pouvoir de l’argent. La
Main invisible, celle dont l’économiste Adam Smith écrivait qu’elle conduit
l’homme à «remplir une fin qui n’entre nullement dans ses intentions» est le
théâtre de ce jeu de dupes.
(Coll. Théâtre des cinq continents, 11,5 euros, 92 p., juillet 2012)
ISBN : 978-2-296-99453-9
ELÉGANCE DES NAUFRAGÉS
Bernard Rongier
Un couple. H pour homme, F pour femme. Devant nous, cependant, deux
personnages parfaitement individualisés, et comme le commande toute
dramaturgie (ou presque), à la fois opposés et complémentaires. Lui mieux
armé, plus à même de mener une barque pourtant fort incertaine ; elle plus
faible, dépendante, souffrant de quelque obscure pathologie. Des éclopés de la
vie, des laissés-pour-compte, certes. Mais puissamment liés par une sorte de
tendresse résistante à l’accablement.
(Coll. Théâtre des cinq continents, 10 euros, 68 p., juillet 2012)
ISBN : 978-2-296-99660-1
MADAME DE VILMORIN
Annick Le Goff, Coralie Seyrig
D’après les interviews d’André Parinaud
La pièce, adaptée des entretiens de Louise de Vilmorin et d’André Parinaud,
nous fait découvrir une séductrice et une grande amoureuse dotée d’un humour
corrosif. Elle met en scène une femme de lettres étonnante qui se souvient
de son enfance, des hommes qu’elle a aimés (Saint-Ex, Cocteau, Gallimard,
Malraux) et d’un monde aujourd’hui disparu. Elle nous livre ses réflexions
sur la littérature et sur la vie qui passe à la lueur d’une bougie et au détour de
quelques interludes au piano.
(Coll. Lucernaire, 8,5 euros, 52 p., juillet 2012) ISBN : 978-2-296-99412-6
LA PAIX !
Vincent Colin
D’après Aristophane
« Nous autres les Malgaches, petit peuple vaillant vivant à l’écart des grands
enjeux planétaires, avons décidé de nous adresser aux dieux pour qu’ils
ramènent la paix sur Terre. » Gageons qu’Aristophane, ne serait pas fâché de
voir les comédiens de la troupe malgache Landyvolafotsy s’emparer de cette
version très libre de sa fameuse comédie. Le père Lagnole, l’un des leurs,
s’élève vers l’Olympe, à l’aide d’une machine volante de sa propre confection,
pour réclamer aux dieux la restitution ferme et définitive de cette paix qui leur
fait tant défaut sur Terre.
(Coll. Lucernaire, 8,5 euros, 68 p., juillet 2012) ISBN : 978-2-296-99411-9
TROIS SOLITUDES
D.A.F. de Sade, Marie Lafarge, Josefa Menéndez
Jean-Marie Apostolidès
Trois individus ayant vécu à des moments différents de l’histoire sont arbitrairement
réunis dans l’espace abstrait d’une scène de théâtre. Il s’agit du marquis de Sade,
de l’écrivain romantique Marie Lafarge et d’une mystérieuse espagnole, cloîtrée
dans un couvent de Poitiers, la soeur Josefa Menéndez. Chacun d’eux revit
son existence et sa passion, exacerbée en raison de l’enfermement auquel il est
soumis. L’excès, le délire et la mauvaise foi caractérisent leurs discours jusqu’au
moment où ces trois vies brisées se rejoignent en un chant collectif.
(Coll. Théâtres, 15 euros, 146 p., juillet 2012) ISBN : 978-2-296-99191-0
MARELLE
Michel Cornélis
Un soir de noël, Paul et Lucie se retrouvent à minuit face à un cadeau étrange :
une marelle dessinée sur le sol et un livre fermé de sept sceaux. Le chemin
de la marelle les emmène sur un parcours initiatique parsemé de personnages
étonnants. Au gré de leur rencontre, les deux adolescents vont mûrir et tisser
des liens très forts afin de découvrir cette vérité détenue par le livre mystérieux.
(Coll. Théâtres, 10 euros, 64 p., juillet 2012) ISBN : 978-2-296-99657-1
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La mésaventure
d’Adiraban le marchand

Il était une fois, un marchand du nom d’Adiraban, dont la


misogynie était telle que, sur la devanture de sa boutique, on
pouvait lire :

L’intelligence est le propre de l’homme


comme la bêtise est de la femme le fardeau.

Parole amplement partagée par les gens du pays où se déroule


l’histoire qui vous est ici contée, jusqu’au jour où...

Daniel Boukman est écrivain martiniquais créolo-francophone.


Il est réalisateur de Tout Lang Sé Lang, une émission en langue
créole sur Martinique Première et anime, depuis plusieurs années,
un atelier d’étude du créole martiniquais.

ISBN : 978-2-336-00872-1
9,50 €

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