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Formateur : Rodolphe Ley Professeur de Mathématiques

Rodolphe LEY : rodolphe.ley@ac-nancy-metz.fr

Professeur en activité au collège Grandville de Liverdun (mathématiques)


Diverses expériences en début de carrière: lycée professionnel, lycée général, collège
Formateur académique disciplinaire et métier (formation initiale et formation continue)
Chargé de mission auprès de l’inspection de mathématiques
IREM – PHARE- Référent numérique-
Plan de la formation

Les politiques éducatives

Activité et tissage

Conceptualisation (gestes professionnels, postures)

Illustrations, exemples, analyses et mise en situation


Avant l’école républicaine
système scolaire implication eglise

1800 à 1880 :
Napoléon formation d’un corps enseignant-
un ministère de l’instruction publique
Monarchie et 2e République : implication forte de
l’Eglise –loi Guizot
3 formes scolaires (ou modèles):
- École individuelle
- Ecole simultanée
- Ecole mutuelle
Le modèle préconisé

Guizot préconise :
Le modèle simultané

Souhaite l’autorité du maître pour un Etat fort

Cherche à éviter la communication entre élèves


Peu de communication bien entendu avec le maître
1ère étape: 1881-1959
système scolaire inégalitaire

Modèle conforté par Jules Ferry :


Modèle simultané, Jules Ferry promeut les classes
homogènes

Une école duale : 2 ordres distincts


Ordre primaire (enfants des classes moyennes et populaires)
Ordre secondaire (pour élite sociale et intellectuelle)
2ème étape: 1959-1975
démocratisation de l’enseignement
- Démocratisation quantitative: démographisation : accès d’un
plus grand nombre d’élèves à l’enseignement et aux
examens: massification

- Démocratisation qualitative: augmentation du niveau scolaire


atteint des élèves. Affaiblissement du lien entre niveau de
réussite scolaire et l’origine sociale.

Source: DEMOCRATISATION de l’enseignement: (« la démocratisation de l’enseignement, Pierre Merle, 2002)


3ème étape: 1975 à nos jours…
vers l’égalité des chances, l’école inclusive

Loi pour une école


de la confiance
Egalité des chances (juillet 2019)
-obligation école dès
3ans
- obligation de
Ecole inclusive
formation 16-18 ans
Enseigner est un métier !

Notion de gestes professionnels pour parler du travail des enseignants


Relativement récent !
2002
Dans les représentations sociales :
enseigner = affaire de charisme

enseigner = affaire de talent personnel enseigner = affaire de dévouement

enseigner = affaire d’autorités enseigner = affaire de savoirs

Anne Jorro ouvrage paru en 2002 : première occurrence de l’expression


« gestes professionnels de l’enseignant »
Les gestes professionnels et les postures
Classification de Dominique Bucheton
L’activité Ouverture, lien avec la vie, le monde
Plickers pour
« tisser »
Classification de Dominique Bucheton
Ouverture, lien avec la vie, le monde
Gestes
professionnels de
Gestes Des valeurs en
actes:
Gestes professionnels • Confiance
• Faire d’ • Respect
comprendre
professionnels • Solidarité
• Faire dire d’ • Coopération
• Faire faire • Écoute
• Responsabili

• Vivre
Gestes ensemble
Professionnels de • Engagement
Définition des gestes professionnels

Geste professionnel = l’action de communication (verbale ou non verbale) de


l’enseignant dirigée vers l’élève ou la classe, dans le but d’instruire et d’éduquer.
Le geste prend son sens dans le contexte scolaire.

Gestes de tissage (tisser le sens et les finalités des tâches proposées)


Gestes d’étayage (étayer le travail en cours, en apportant l’aide nécessaire)
Gestes d’Atmosphère (maintenir un espace de travail et de collaboration langagière et
cognitive)
Gestes de pilotage des tâches (piloter et organiser l’avancée de la leçon, dans
l’espace et le temps de la classe)
Classification de Christian Alin
Classification de Christian Alin

Christiant Alin (2010) définit les gestes profesionnels comme étant « des actes
et des gestes qui visent des problèmes suffisamment génériques de l'action
professorale. Ils sont identifiés en tant que discours, dans ou comme une
classe d'action appartenant à un référentiel et à l'ethnohistoire sémiotique
d'un métier. Le geste professionnel s'exécute et se réalise en fonction du but
opératoire, performatif qui lui est assigné. Mais, il est aussi sous l'impulsion
des motifs et de la dynamique subjective du sujet qui le met en œuvre,
autrement dit, de ce que l'on nomme l' « activité du sujet ».
Les gestes professionnels sont :

inscrits dans une culture…(contexte du pays, traditions, modèles de


formation initiaux….)
adressés et donc partagés…(feed-back, interaction, dialogues, public
visé, niveau visé…)
aux visées spécifiques (faire apprendre, éduquer au sens général,
acquisition de compétences, de gestes situés et ajustés au
contexte (programmes, prérequis, diagnostic, situation dans la
progression ou programmation, type d’activité, choix du support,
choix de la stratégie…)
utilisent divers canaux (oral, écrit, corporel…)

pour « Faire Comprendre, Faire dire, Faire faire…. »


Les gestes professionnels ne sont pas isolés

Ils coagissent et rétroagissent les uns avec les autres


(étayage dans une atmosphère avec un certain pilotage)

Ils sont modulaires


Différentes configurations appelées POSTURES

Ils sont plus ou moins développés et précis


Selon le degré d’expérience, selon la culture de l’enseignant

Des exemples avec mise en évidence du geste professionnel en mode majeur :


Gestes de tissage
Gestes de tissage
Gestes de tissage

Les métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation


Gestes d’étayage
Gestes d’étayage
Gestes d’étayage
Gestes de pilotage des tâches
Gestes de pilotage des tâches
Gestes d’étayage faire-faire; faire-dire

Les gestes spécifiquement didactiques de l’enseignant

Renvoient à des modes de faire et de dire précis

Par exemple:
- la question des prérequis
- la question de la chronologie des apprentissages
- La question de l’ordre des chapitres abordés
(progressivité)
- …
Gestes d’Atmosphère
Gestes d’Atmosphère

✓ Faire/Avoir/Être autorité?

La relation
d’autorité:

Schéma
Bruno
Robbes
Quelle autorité à l’école?

✓ 6 types d’autorité

➢ L’autorité générationnelle
➢ L’autorité institutionnelle
➢ L’autorité naturelle
➢ L’autorité charismatique
➢ L’autorité autoritariste
➢ L’autorité évacuée

➢ Conclusion:
L’autorité éducative, c’est le maintien du lien pour favoriser l’enseignement
Gestes d’Atmosphère
LE MODÈLE MENTAL FIXE ET LE MODÈLE MENTAL FLUIDE

Incidence du modèle mental des enseignants sur les progrès des élèves
Le modèle mental fixe

Les personnes (enseignants ou élève) qui ont un modèle mental fixe épousent l’idée
que l’on nait intelligent ou idiot dans un domaine particulier

Le modèle mental fluide

Les personnes (enseignants ou élève) qui ont un modèle mental fluide pensent
que la détermination et la persévérance alliés à un soutien constant et résolu
sont les véritables prédicteurs de la réussite.
LE MODÈLE MENTAL FIXE ET LE MODÈLE MENTAL FLUIDE
Les combinaisons possibles de modèles mentaux fixe et fluide
L’enseignant sous-estime la capacité de l’élève Ensemble, l’enseignant et l’élève évaluent les
Modèle mental fluide

et sa volonté de fournir un effort, et il « place la progrès de celui-ci, fixent de nouveaux objectifs


barre plus bas » en raison de la situation et cherchent des façons de poursuivre sa
économique, de la langue, de la culture, etc., progression. L’enseignant donne au élèves de
de l’élève. tous les niveaux de préparation le plus
d’occasions possible de relever des défis, de
progresser et de réussir.
L’élève

L’enseignant et l’élève voient les difficultés de L’enseignant encourage l’élève et insiste pour
l’apprenant comme allant de soi, et ni l’un ni qu’il travaille dur et progresse. Avec le temps,
Modèle mental fixe

l’autre ne consentent les efforts nécessaires voyant que ses efforts le conduisent au succès,
pour que l’élève atteigne des niveaux l’élève adopte un modèle mental plus fluide.
supérieurs de rendement. Tous deux estiment L’enseignant donne aux élèves de tous les
aussi que de bonnes notes dans les matières niveaux de préparation le plus d’occasions
au programme sont appropriés pour les possible de relever des défis, de progresser et
apprenants avancés. de réussir.
Modèle mental fixe Modèle mental fluide
L’enseignant
Gestes d’Atmosphère

Egalité filles-garçons
En mathématiques
Cadre institutionnel

L’égalité entre les filles et les garçons est un principe


fondamental inscrit dans le code de l'éducation. Elle encourage
un climat scolaire serein, assure un cadre protecteur - sans
comportements ni violences sexistes - et elle favorise la mixité
et l'égalité en matière d'orientation.
Les stéréotypes

Quels sont les stéréotypes (clichés) récurrents liés aux mathématiques et au genre ?
En octobre 2003, on pouvait lire dans le magasine Phosphore (qui se donne en particulier
pour mission d’aider les lycéens à s’orienter) des affirmations sans fondements, qui son
un résumé de ces stéréotypes.

Garçons : statistiquement, ils réussissent mieux dans les mathématiques que les filles. Ils
sont plus à l’aise en raisonnement abstraits et pour gérer les mouvements de rotation dans
l’espace. Les garçons ont même parfois des flashs immédiats de la solution.

Filles : leur réaction pourra être celle de la panique en cas d’incompatibilité complète avec
tout ce qui ressemble à des maths. Sinon, les filles qui acceptent de s’y plonger pourront
tout aussi bien trouver la solution en appliquant une méthode, mais elle n’auront pas
spontanément l’intuition du résultat. »

Ces idées reçues ne sont pas du tout confirmées par des études sérieuses.
Constat de la recherche

https://www.francetvinfo.fr/societe/education/mathematiques-comment-les-idees-recues-changent-elles-le-cerveau-des-filles_1212967.html
Des exemples de stéréotypes dans les manuels

LES FILLES NE SONT PAS LES SEULES A CUISINER !!!!


LES FILLES NE SONT PAS LES SEULES A FAIRE LES COURSES !!!!
Des exemples de stéréotypes dans les manuels

TOUS les points historiques du manuel parlent d’hommes.


En voici deux exemples, il n’y en a AUCUN où l’on voit apparaître
une femme
Des exemples de stéréotypes dans les manuels

On montre une image de médecin où l’on devine que c’est une femme mais on
pourrait déjà le montrer clairement. De plus, dans le texte on parle d’ “un médecin”
alors que l’on montre l’image d’une femme : il vaudrait mieux mettre “une
médecin”. La question de l’exercice est mal posée : on nous demande de “l’aider”,
cela laisse sous-entendre qu’elle n’est pas capable de le faire. On devrait plutôt
poser comme question : “Quelle posologie adaptée va-t-elle établir ?”
Des exemples de stéréotypes dans les manuels

On représente une fille en train de chercher sur un problème mathématique en


précisant qu’elle a fait plusieurs essais sans succès. Cela conditionne le fait qu’une
fille qui fait des maths va échouer. On pourrait remplacer Marie par un robot qui a
été mal programmé et qui n’arrive pas à créer le quadrilatère.
Conclusion: Les gestes professionnels pour lutter
contre ces stéréotypes

- Quand je propose des exercices à mes élèves, je m’assure de ne pas être


dans les stéréotypes, dans les clichés et de favoriser l’esprit critique.
Je suis vigilant vis-à-vis des multiples ressources auxquelles je suis
confronté et j’adapte.

- Quand je propose des exercices à mes élèves, je prends parfois pour


support ces problématiques pour faire des mathématiques.
Défi madeleines 2
LES DIFFÉRENTS POSTURES
(DOMINIQUE BUCHETON)

Posture de contre- Posture


Posture de contrôle
étayage d’accompagnement

Posture Posture de lâcher- Posture « du


d’enseignement prise magicien »
La POSTURE PROFESSIONNELLE
Tentative de définition :
Une posture est une structure pré-construite (schème) du « penser-dire-
faire », qu’un sujet convoque en réponse à une situation ou à une tâche
scolaire donnée. Les sujets peuvent changer de posture au cours de la
tâche selon le sens nouveau qu’ils lui attribuent.

Source : document d’accompagnement des programmes en français,


langage oral, Les postures enseignantes.
Posture de contrôle
vise à mettre en place un certain cadrage de
la situation : par un pilotage serré de
l’avancée des tâches, l’enseignant cherche à
faire avancer tout le groupe en synchronie.
Les gestes d’évaluation constants (feed-
back) ramènent à l’enseignant placé en «
tour de contrôle », la médiation de toutes les
interactions des élèves. Les gestes de
tissage sont rares. L’adresse est souvent
collective, l’atmosphère relativement tendue
Posture de contre-
étayage

variante de la posture de contrôle, le maître


pour avancer plus vite, si la nécessité
s’impose, peut aller jusqu’à faire à la place
de l’élève.
Posture
d’accompagnement le maître apporte, de manière latérale, une
aide ponctuelle, en partie individuelle en
partie collective, en fonction de l’avancée de
la tâche et des obstacles à surmonter. Cette
posture à l’opposé de la précédente ouvre le
temps et le laisse travailler. L’enseignant
évite de donner la réponse voire d’évaluer, il
provoque des discussions entre les élèves, la
recherche des références ou outils
nécessaires. Il se retient d’intervenir, observe
plus qu’il ne parle
Posture l’enseignant formule, structure les savoirs,
d’enseignement les normes, en fait éventuellement la
démonstration. Il en est le garant. Il fait alors
ce que l’élève ne peut pas encore faire tout
seul. Ses apports sont ponctuels et
surviennent à des moments spécifiques
(souvent en fin d’atelier) mais aussi lorsque
l’opportunité le demande. Dans ces
moments spécifiques les savoirs, les
techniques sont nommés. La place du
métalangage est forte. Cette posture
d’enseignement s’accompagne de gestes
d’évaluation à caractère plutôt sommatif.
Posture de lâcher-
prise
l’enseignant assigne aux élèves la
responsabilité de leur travail et l’autorisation
à expérimenter les chemins qu’ils
choisissent. Cette posture est ressentie par
les élèves comme un gage de confiance. Les
tâches données (fréquemment des fichiers)
sont telles qu’ils peuvent aisément les
résoudre seuls; les savoirs sont
instrumentaux et ne sont pas verbalisés.
Posture « du
magicien »

une posture dite du « magicien » : par des


jeux, des gestes théâtraux, des récits
frappants, l’enseignant capte
momentanément l’attention des élèves. Le
savoir n’est ni nommé, ni construit, il est à
deviner.
Conclusion 1- La variété des postures d’étayage des
enseignants
Gestes d’étayage posture d’accompagnement
Gestes d’étayage-posture lâcher prise
Conclusion 2- Des postures d’apprentissage diverses
des élèves
Conclusion 3- Un constat inquiétant : le tissage est
une « non-préoccupation », un impensé de trop
d’enseignements

✓ Cette perte de sens par l’absence de gestes de tissage pourrait


être l’une des raisons importantes du décrochage de nombre
d’élèves
✓ Elle renforce les différences socioculturelles, pour certains à la
maison on fait les liens, on discute du cours…
✓ Les moments d’ouverture de séance, comme ceux de clôture,
sont des moments clés du tissage
Bibliographie

✓ Les gestes professionnels dans la classe: Dominique Bucheton

✓ L’autorité éducative : Bruno Robbes

✓ Comprendre le cerveau pour mieux différencier : Carole Dweck

Merci pour votre attention

Les métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation

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