Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
NUMÉRO SPÉCIAL
RETOUR EN
TERRE DU MILIEU
• La trilogie de Peter Jackson revisitée
• L’adaptation des Beatles que vous ne verrez jamais
• LE MAKING OF DE LA SÉRIE ÉVÉNEMENT
L 12168 - 19 H - F: 5,90 € - RD
COUVERTURE © MATT GRACE / PRIME VIDEO
Pour joindre la rédaction composer le 01 70 39 53
suivi du n° de poste de votre correspondant
Édito
ÉDOUARD OROZCO Social media editor (83) – eorozco@premiere.fr
COLLABORATIONS
DIRECTEUR ARTISTIQUE : ÉMILIEN GUILLON
RÉDACTRICE GRAPHISTE : VIRGINIE GERVAIS
PHOTO : VIRGINIE GERVAIS (86) – vgervais@premiere.fr
1ERE SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : ESTELLE RUET (88) – eruet@premiere.fr
EN TOUTE FANTASY
SECRÉTAIRES DE RÉDACTION : ISABELLE CALMETS, ALEXANDRE MOUAWAD
TEXTES : DAVID FAKRIKIAN, THÉO RIBETON
SITE INTERNET
WALID CHARFEDDINE : Digital manager
DIRECTION, ÉDITION
RÉGINALD DE GUILLEBON : Directeur de la publication
LAURENT COTILLON : Directeur exécutif
«a
FRÉDÉRIC TEXIER : Responsable financier
CATHERINE LEBORGNE : Comptable u début, il y avait l’Histoire, puis l’Histoire devint
FABRICATION
CREATOPRINT - ISABELLE DUBUC – 06 71 72 43 16 légende, pour finalement se transformer en
SUPPLÉANTE : Sandrine Bourgeois
MARKETING mythe », explique la narratrice du Seigneur des
anneaux au début du film de Peter Jackson. Un bon résumé
PAULINE PARNIÈRE : Directrice marketing – 01 70 36 09 98
pauline.parniere@lefilmfrancais.com
PUBLICITÉ
MEDIAOBS – 44 rue Notre-Dame des Victoires – 75002 Paris - Tél : 01 44 88 97 70
du programme du film mais aussi du destin d’une œuvre
– Fax : 01 44 88 97 79 – mail pnom@mediaobs.com. Pour joindre par téléphone votre
correspondant, composez le 01 44 88 suivi des 4 chiffres entre parenthèses pas comme les autres.
L’arrivée de la série Les Anneaux de pouvoir sur Amazon
DIRECTRICE GÉNÉRALE : Corinne Rougé (93 70)
DIRECTRICE COMMERCIALE : Sandrine Kirchthaler (89 22)
DIRECTEUR DE PUBLICITÉ : Arnaud Depoisier (97 52)
DIRECTEUR DE PUBLICITÉ : Romain Provost (89 27)
CHEF DE PUBLICITÉ DIGITAL : Baptiste Mirande (97 79)
Prime Video est une belle occasion, vingt-et-un ans après
STUDIO : Brune Provost (89 13) la sortie de La Communauté de l’Anneau, de revenir en
COMMANDE ANCIENS NUMÉROS
Tél. : 01 55 56 71 37 Terre du Milieu et de se confronter à nouveau au mythe
ABONNEMENTS
Tarif standard 1 an France métropolitaine : 49,99 € pour 11 parutions Tolkien. Alors que Les Anneaux de pouvoir doit revivifier le
Tarif avec Hors-séries 1 an France métropolitaine : 64,99 € pour 11 parutions du numéro régulier
+ 3 hors-séries. Tarifs autres destinations sur demande auprès du service abonnements. mythe justement, on a voulu repartir sur les traces de
SERVICE ABONNEMENTS :
Gérez vos abonnements, abonnez-vous, réabonnez-vous ou posez vos questions :
l’écrivain le plus passionnant du XXe siècle, faire l’inven-
Par internet : www.premiere.fr (rubrique « Abonnez-vous »)
Par téléphone : 01 55 56 71 37 (France) – (00 33) 1 55 56 71 37 (étranger)
taire de son héritage, et examiner l’impact de son chef-
Ouvert du lundi au jeudi de 9 h à 12 h et de 13 h à 18 h, le vendredi de 9h à 12h et de 13h à 16h.
Par email : premiere@groupe-gli.com d’œuvre sur la pop culture. Les différentes adaptations
Par courrier : PREMIERE Service Abonnements
45 avenue du Général Leclerc - 60643 Chantilly Cedex ou tentatives d’adaptations au cinéma (des Beatles à Ralph
Abonnements Suisse : 1 an (11n°) : 68 CHF. Asendia Press Edigroup SA - Chemin du
Château-Bloch 10 – 1219 Le Lignon - Tél. : 022 860 84 01 abonne@edigroup.ch
Bakshi jusqu’à la trilogie de Jackson), la manière dont ce
Abonnements Belgique : 1 an (11N°) : 60 €. Asendia Press Edigroup SA - Chemin du livre est devenu un phénomène pop culturel massif, les
Château-Bloch 10 – 1219 Le Lignon - Tél. : 070/ 233 304 – www.edigroup.be –
abonne@edigroup.be jeux vidéo et les jeux de rôle qui ont en partie défini l’ima-
Abonnements Canada : EXPRESS MAG, 8275 Avenue Marco Polo, Montréal,
QC H1E 7K1, Canada ginaire contemporain, la concurrence sourde avec le
Tél. : (514) 355-3333 ou (1) 800 363-1310 (français) ; (1) 877 363-1310 (anglais).
Fax : (514) 355-3332. Prix : 1 an 59,99 $, USA. Prix : 1 an 59,99 $, Canada (TPS et TVQ non
incluses). « Première » ISSN 2553-8039, is published monthly (11 times per year,
space opera de George Lucas… c’est le programme de ce
except August) by Première SAS, c/o Distribution Grid, 600 Meadowlands Parkway, Unit 14,
Secaucus, NJ 07094 USA Periodicals Postage paid at Secaucus, NJ. Postmaster :
numéro spécial.
Send address changes to “Première”, c/o Express Mag, PO Box 2769,
Plattsburgh, NY, 12901-0239. Attrapez votre bâton lumineux : bienvenue dans un
VENTE DÉPOSITAIRE
ISSN 2553-8039. Tous droits de reproduction textes et photos réservés
royaume infini où littérature, histoire, magie et… cinéma
pour tous pays sous quelque procédé que ce soit. Commission paritaire :
n° 0923 K 82451. Imprimé en Belgique par Renny-Roto sa, Rue de Rochefort 211, s’entremêlent.
5570 Beauraing. Dépôt légal : octobre 2022 – Distribution MLP.
DIFFUSION
Vente au numéro (réservé aux marchands de journaux) GAËL GOLHEN
DESTINATION MEDIA – tél : 01 56 82 12 06 et reseau@destinationmedia.fr RÉDACTEUR EN CHEF
ISBN 3663322117589
DISTRIBUTION LIBRAIRIES : POLLEN DIFFUSION
ADRESSE
105, rue La Fayette, 75010 Paris.
IMPRIMÉ PAR ARTIGRAFICHE BOCCIA SPA - SALERNO
Ce magazine est édité par : Première Média SARL,
au capital de 10 000 €, 105, rue La Fayette,
75010 Paris, RCS Paris 820 201 689.
Pays d’origine : Italie Avec
le soutien du
Taux de fibre recyclées : 0 %
Certification : PEFC
Eutrophisation : 0.006kg/t
32
26 40 44
4
P
20
54
HS 19 – SEPT-OCT 2022
46 74
68 72 78
Le Seigneur des anneaux :
Les Anneaux de pouvoir
La série Le Seigneur des anneaux :
Les Anneaux de pouvoir entend revivifier
l’univers imaginé par Tolkien. Voici les
coulisses de sa création.
PASSÉ RE
O
de pouvoir. ◆ PAR SYLVESTRE PICARD
à deux trilogies de films, dont la première a rapporté la perte de l’Anneau unique… Qu’est-ce qui a mené à
près de trois milliards de dollars en salles, et pas moins tout cela ? Le pitch proposé à Amazon par deux jeunes
de 17 Oscars, rangeant la version cinéma du Seigneur scénaristes, J. D. Payne et Patrick McKay, nantis de la
des anneaux aux côtés de Ben-Hur, Lawrence d’Arabie recommandation de J. J. Abrams (ils ont bossé sur des
et Titanic dans la légende de Hollywood et permettant réécritures de Star Trek : Sans limites). Après le feu
à l’industrie du cinéma d’entrer dans le XXIe siècle sous vert du studio, les voilà bombardés showrunners de la
le signe de l’imaginaire geek. Tout cela est bien connu. série. Deux quasi-débutants, entourés d’une bande de
Mais quand Amazon s’empare des droits des deux ro- scénaristes rompus à l’écriture sérielle des années 2010
mans pour en tirer une série, là on entre dans l’inconnu. (Bryan Cogman, venu de Game of Thrones, Gennifer
Que va-t-il se passer ? Les droits obtenus par la firme Hutchison, vétéran de Breaking Bad et Better Call
ne couvrent qu’un fragment de l’immense imaginaire Saul, Justin Doble de Stranger Things…). Et pour
tolkienien : le fameux Silmarillion, compilé par Chris- réaliser les premiers épisodes, un vrai réalisateur de
topher Tolkien et racontant sur le ton épique le passé de cinéma : Juan Antonio Bayona (L’Orphelinat, The
la Terre du Milieu, ne fait pas partie du lot [lire page 23]. Impossible, Quelques minutes après minuit), chargé de
Pour créer de nouvelles histoires, Amazon ne peut uti- lancer la série et lui donner son ton, dévoiler un nouveau
liser, outre les deux romans déjà adaptés par Peter chemin vers la Terre du Milieu, explorer un nouveau
Jackson, que les fameux Appendices placés à la fin du « paysage de l’esprit »… Quand vous lirez ce hors-série,
Seigneur des anneaux. L’équivalent de bonus DVD, où la série aura déjà démarré sur Amazon Prime Video. En
se mélangent des cartes, des chronologies, des étymo- attendant la suite, écoutez Payne et Bayona nous raconter
logies, des mythologies. Un « paysage de l’esprit » qui, leurs aventures en Terre du Milieu.
LA CRÉATION
à la sortie du roman en 1954, avait déjà rendu maboules
certains lecteurs et lectrices, réclamant à Tolkien encore
plus de matière, de cartes, de chronologies, d’étymolo-
gies, de mythologies…
Encore plus que le roman lui-même, les Appendices J. D. PAYNE : Tout a commencé avec un pitch purement
vont fournir le modèle de fabrication des écrasants verbal. Amazon recherchait des scénaristes, ils ont parlé
cycles de fantasy post-Tolkien, qui inventeront avec des dizaines de personnes. Patrick et moi étions
d’énormes cosmogonies parfois au détriment du story- en quelque sorte des outsiders : on avait juste fait un
telling. Ce sont pourtant ces Appendices-là qui seront peu de télé et de ciné avant… Mais le studio était hyper
la base de la série Amazon. Avec le prologue specta- ouvert : on pouvait pitcher ce qu’on voulait, à partir
culaire de La Communauté de l’Anneau de Jackson, des 9 000 ans d’histoire contenus dans ce qu’Amazon
qui raconte en quelques minutes dingues la forge des avait acheté. Les droits de la trilogie du Seigneur, des
anneaux de pouvoir par Sauron, sa conquête de la Appendices et du Hobbit. Les gens ont proposé plein
Terre du Milieu, l’alliance des Elfes et des Nains, puis de trucs. Les aventures du jeune Aragorn, un spin-off
sur les Nains… Nous, on a voulu partir sur une histoire la philologie, la linguistique, l’étude des mots… Patrick,
vraiment épique et on s’est souvenu des cinq premières lui, est un expert du cinéma classique. Des films d’au-
minutes du film de Peter Jackson. La voix off de Ga- teur européens, Fellini, Bergman… Et évidemment, on
ladriel qui raconte la forge des anneaux de pouvoir et est tous les deux fans des gros blockbusters hollywoo-
l’avènement du Seigneur des ténèbres. Voilà, ça, on ne diens. On considère que l’écriture est essentiellement
l’avait jamais vu. Notre pitch a simplement été de dire : une expérience de « world building » [construction
« Et si on faisait une série qui raconte la forge des an- d’univers]. S’immerger dans un monde. Dès le départ,
neaux de pouvoir ? L’ascension de Sauron ? La chute on savait que la série allait devoir être une expérience de
de Númenor ? Et, pour finir, la dernière alliance des cinéma – et pas simplement des personnes qui papotent
Hommes et des Elfes ? » Et on a décroché le job ! À par- dans une pièce. Faire un film de huit heures qui possède
tir de là, on a écrit une bible dans laquelle on a décrit à la fois toute la profondeur, la complexité d’une grande
très précisément ce que l’on voulait, où l’on voulait aller. série télé et toute la production value d’un blockbuster
Donc, toute cette aventure est partie d’une performance hollywoodien.
orale de notre part – on est un peu des showmen avec
Patrick [McKay] – puis de l’écriture, mais rien de visuel. JUAN ANTONIO BAYONA : Tu ne peux pas te contenter
de lire les dialogues du livre. Tu dois amener ton point
JUAN ANTONIO BAYONA : Quand j’ai appris qu’Ama- de vue d’auteur à la série. Patrick et J. D. ont amené les
zon faisait une série, j’ai pensé que c’était cool : le mots et l’action ; moi, le langage du cinéma pour tenter
monde de Tolkien est si monumental ! Le format sé- de changer la matière en or. Quand tu adaptes, tu dois
riel semblait adapté, il donne suffisamment de temps apposer ton propre point de vue. Pour être le plus fidèle
pour exprimer toute la magnificence, tous les détails possible, tu dois être infidèle.
de cet univers. Et puis mon agent m’a appelé pour me
dire que Patrick et J. D. voulaient me rencontrer. Je suis J. D. PAYNE : Dans sa « lettre 131 » adressée à Milton
allé à L.A. avec Belén [Atienza, producteur exécutif], Waldman, l’un de ses éditeurs, Tolkien souhaitait créer
on a dîné ensemble. À ce moment, on ne savait rien de une mythologie interconnectée qui laisserait suffi-
la série : je me demandais si ça pouvait être une nou- samment d’espace à d’autres mains, d’autres esprits.
velle version de l’histoire d’origine ? J’ai compris qu’ils Il laissait les outils pour peindre, faire de la musique,
avaient un grand plan, non seulement pour la première composer des drames. Il voulait passer le relais pour
saison mais pour toute la série… C’était super excitant. que la Terre du Milieu se développe, se remplisse,
devienne plus grande. OK, c’est aussi présomptueux que
J. D. PAYNE : Il fallait revenir aux mêmes sources que de se dire qu’on allait écrire une troisième partie à la
© MATT GRACE / PRIME VIDEO
Tolkien. Il adorait le vieil anglais, les récits épiques Bible ! Mais si la Bible elle-même se présente comme
nordiques. J’ai toujours aimé cette « mythologie clas- un canevas à compléter, on a quand même essayé d’être
sique », j’ai un diplôme de littérature anglaise. J’adore les plus tolkieniens possible.
LA FORGE
J. D. PAYNE : Sur cette première saison, on a travaillé
de façon très analogique. Presque rétro. On écrivait sur
des index cards qu’on accrochait ensuite à un panneau.
Il y en avait trois : un « character board », un « season
board » et un « series board ». Sur chaque panneau,
chaque personnage était sur une ligne correspondant
à un « monde » de la série. Et on avançait en vérifiant
ce que Tolkien disait de chaque personnage dans les
sources auxquelles on avait accès. Ainsi, on a pu voir
les lieux et les événements déjà existants et ceux qu’on
devait inventer. Galadriel, Elrond ? On a « mappé » les
histoires des personnages à l’horizontale. Ainsi, on a pu
Ismael Cruz Córdova
écrire chaque épisode sur le panneau « season », en ras-
semblant suffisamment d’éléments pour « remplir » un
épisode. Un danger, un monstre, un événement… Puis
on avançait grâce au « series board » qui nous disait le POUR ÊTRE LE PLUS
futur de la série : tel personnage meurt à la saison 3, tel
royaume s’effondre à la saison 4, et là, tel artefact sera FIDÈLE POSSIBLE À UNE
ŒUVRE, TU DOIS ÊTRE
découvert et ça va tout changer…
ELROND GALADRIEL
Elrond le Semi-Elfe n’est pas en- Le visage de la série pour l’instant. Reine Elfe
core seigneur de Fondcombe et gendre de éthérée et divinisée chez Jackson sous les traits
Galadriel (il est censé épouser sa fille à de Cate Blanchett, la jeune Galadriel est jouée
un moment) : héraut de Gil-Galad, il agit par Morfydd Clark, remarquée dans le film
en tant qu’émissaire de son roi auprès des d’horreur Saint Maud : une guerrière en armure
autres peuples de la Terre du Milieu. Avant maniant l’épée à deux mains. Elle a 1970 ans
d’avoir la tête d’Hugo Weaving, il a celle de quand le Second Âge commence, et comme la
Robert Aramayo, plus connu chez les fans de série se situe à la fin de cet Âge, elle pourrait
Game of Thrones pour avoir joué un jeune avoir plus de 4000 ans.
Ned Stark – donc un jeune Sean Bean, alias
Boromir chez Jackson… Ouh là, on mé-
lange les franchises…
SAURON
Avant d’être le grand méchant de l’histoire
(et un colosse d’acier maléfique ravageant
les armées elfes et humaines façon Obélix
dans le prologue du film de Jackson), Sau-
ron est un être divin créé par le dieu origi-
nel, Eru, qui forgera un certain Anneau…
Et on dirait que son look risque de sur-
prendre les fans. Est-ce qu’il aura
la tête (très Eminem) d’An-
son Boon, vu dans le
trailer du San Diego
GIL-GALAD Comic Con, ou une
autre ? Une chose est ISILDUR
Juste entrevu dans le sûre : ce ne sera pas
prologue de La Com- un gros œil jaune qui Vous savez, celui qui a
munauté de l’Anneau flotte. refusé de détruire l’An-
(il achève un Orque d’un neau après la défaite de
coup de lance), Gil-Galad Sauron… La série promet
est pendant le Deuxième Âge le d’en faire un des personnages
Haut Roi des Noldors, alias les Elfes. Dans Le Seigneur principaux, sous les traits de Maxim Baldry (la série
© MATT GRACE / PRIME VIDEO / NEWLINE
des anneaux : Les Anneaux de pouvoir, il est incarné Years and Years). À travers lui et sa famille, on suivra
par Benjamin Walker, ex-tête d’affiche d’Abraham surtout le tragique destin de l’île idyllique de Númenor,
Lincoln : Chasseur de vampires. royaume qui sera englouti par les flots et dont l’image
obsédait profondément Tolkien.
LA LÉGENDE
Tolkien que toi ! On a aussi collaboré avec des experts
comme Tom Shippey [un universitaire expert en lit-
térature médiévale qui a travaillé avec Peter Jackson
sur ses deux trilogies mais se serait fait virer des An-
JUAN ANTONIO BAYONA : Mes épisodes devaient neaux de pouvoir pour avoir trop parlé de la série dans
donner le ton de la série. C’était la même chose avec la presse].
Penny Dreadful [il a tourné les deux premiers épisodes
de la S1]. On a fait du style cinematic à cause des films JUAN ANTONIO BAYONA : On a eu la chance de tour-
de Peter Jackson. La barre était très haute. Mais tu ne ner avec une seule caméra et donc de raconter l’his-
veux pas offrir moins que ça au public. Amazon nous a toire plan par plan. Je me souviens que pour le premier
donné les ressources nécessaires pour atteindre cet ob- plan tourné avec des personnages de différentes tailles
jectif. Dans les premiers épisodes, tu établis le langage, (scales), la Harfoot et l’Étranger, il a fallu huit heures de
les mouvements de caméra, le style. Et puis tu passes préparation – sur une journée de travail de dix heures !
le relais à d’autres… C’est un peu étrange, c’est comme On pouvait prendre le temps de faire des choses dans
abandonner un film avant la fin de son tournage. Mais cette série que seul le cinéma permet normalement.
je savais que je devais m’effacer pour que les autres
réalisateurs puissent s’exprimer pleinement. Wayne J. D. PAYNE : Depuis le début, on avait ce luxe in-
[Yip] et Charlotte [Brändström] sont venus sur le mon- croyable de savoir qu’on allait faire une série qui durerait
tage, ils ont eu accès à tout ce que je tournais. Puis, je
les ai laissés bosser. J’avais déjà travaillé avec des pro-
ducteurs qui étaient d’abord des cinéastes : del Toro,
ON EST TOUJOURS
Spielberg. À mon avis, la meilleure chose à faire est de
donner tous les outils possibles à un réalisateur et de le REVENUS AU TEXTE.
laisser faire son travail ensuite.
TOLKIEN ÉTAIT NOTRE
ÉTOILE POLAIRE.
J. D. PAYNE : On démarrait chaque journée en lisant
à voix haute un extrait de Tolkien. Parfois, cet extrait J. D. PAYNE
« Oh ? Super. » Très, très Guillermo comme réponse ! ration 4K de ses deux trilogies et son montage des archives des
Beatles (Get Back). Vingt ans après, Le Seigneur des anneaux
J. D. PAYNE : Travailler avec le Tolkien Estate, c’était version Jackson est encore trop imprimé dans les esprits pour
un dialogue permanent. Simon Tolkien est un peu un être rebooté. Pour l’instant…
Sorcier lui-même, avec des sourcils fantastiques. « Mon
Dieu, c’est le petit-fils de Tolkien ! » Ça fait quatre ans
ON A FILMÉ EN
CINEMASCOPE POUR
ESSAYER D’ÊTRE AUSSI
ÉPIQUES QUE LES
BOUQUINS.
JUAN ANTONIO BAYONA
qu’on échange avec lui, l’éditeur Harper Collins et New bizarre. Tu dois être à la fois amant et chirurgien. Ima-
Line. Ils ont voulu voir notre synopsis pour la saison 1 gine, tu es chirurgien et tu dois opérer ton compagnon.
et l’approuver. Pareil avec la saison 2. Tout au long du Tu dois lui couper la jambe pour qu’il survive. Quand
processus, on leur parlait, surtout à propos des moments il se réveille, tu dois lui expliquer que tu as fait ça pour
clés. Ils nous donnaient leur avis… Bref, en résumé, ça qu’il ne meure pas… En tant qu’artiste, tu es en amour
a été une relation très positive. avec le matériau, mais en tant que showrunner tu dois
composer avec des contraintes matérielles et budgé-
JUAN ANTONIO BAYONA : On inventait en per- taires et des effets qui soient réalisables… tout en lut-
manence : on a dû trouver un moyen de faire que les tant avec ton désir de tourner ces scènes, de mettre en
motion control shots donnent l’impression d’avoir été scène des moments que tu trouves affolants de poésie. Il
faits à la main. Car on trouvait que les MCS avaient l’air y a un dialogue cerveau droit/cerveau gauche en perma-
trop artificiels. Le mouvement était trop rigide. J’ai de- nence. Pour en revenir à Tolkien, Je crois qu’il a réussi
mandé à l’équipe SFX si on pouvait imprimer un mou- à naviguer dans la politique d’Oxford tout en étant un
vement de caméra portée à l’épaule. Ils ont inventé un grand professeur et un véritable artiste : oui, je crois que
truc… fantastique. Mais j’essaie de ne pas être trop ob- Tolkien aurait fait un excellent showrunner !
sédé par ça. Ce ne sont que des outils.
JUAN ANTONIO BAYONA : Comme moi, Oscar [Faura]
L’IMAGINAIRE a fait les deux premiers épisodes, mais c’est tout. Il a éta-
bli le ton aussi. Visuellement, on a travaillé avec beau-
coup d’artistes de la trilogie de Jackson. Le look en a
JUAN ANTONIO BAYONA : Nous avions un point de forcément découlé. Mais bon, quand tu regardes un film
repère fondamental : Tolkien et ses livres. Ils nous ra- de Woody Allen, son look diffère selon le chef opéra-
content tout ce qu’il y a à montrer car, pour moi, Tolkien teur, selon qu’il s’agisse de Vittorio Storaro ou Darius
est très cinégénique. Les paysages expriment l’humeur Khondji. Surtout, je savais qu’Oscar allait beaucoup tra-
des personnages, par exemple. C’est une façon très ci- vailler l’obscurité, main dans la main avec les gens des
nématographique de raconter une histoire. On a fait la effets spéciaux. Il a fait de très belles choses à ce sujet
même chose, en gros. On a essayé de raconter l’histoire sur Fallen Kingdom… Là, on a tenté de créer la plus
avec tous les outils. Avec l’idée de la beauté comme ho- belle obscurité possible.
rizon. Tolkien était obsédé par la beauté. Oscar Faura,
mon chef opérateur, est obsédé aussi par cette idée – il a J. D. PAYNE : Tolkien est une catégorie à lui tout seul.
fait en sorte que chaque plan soit réellement beau. On a Bien sûr, il y a eu des créateurs de fantasy avant lui
filmé en CinemaScope pour essayer d’être aussi épiques mais il reste le grand-père du genre au XXe siècle. Tout
que les bouquins. J’ai fait mon découpage en imaginant le monde a créé de la fantasy en réaction à ce qu’il avait
le plus grand écran possible parce que lorsque tu lis fait. Donc, si dans l’avenir on peut ranger notre série sur
Tolkien, tu comprends qu’il écrivait pour le plus grand l’étagère au côté des œuvres de tous les autres artistes
canevas. Le Scope du paysage : tu as besoin d’un cadre qui ont travaillé sur Tolkien depuis cinquante ans (Peter
immense. Après, si tu regardes la série sur ton télé- Jackson, Ralph Bakshi, Led Zeppelin, John Howe, Alan
phone, c’est ton choix, mais c’est vraiment fait pour être Lee…), on sera comblés. u
vu sur le plus grand écran possible.
J
aspect visuel juste ? Je ne
suis pas tellement friand de
e ne suis pas forcément pour l’ex- derrière. Cela dit, en tant que l’idée de s’interdire des choses,
ploitation transmédia de toute concepteur, on est obligé de tout de ne pas y toucher et de forcé-
œuvre littéraire, mais je crois concevoir, et de donner tout un univers ment faire autre chose. Au contraire,
que Tolkien a créé un monde à un réalisateur pour qu’il puisse mettre en s’il y a quelque chose d’archétypal dans
tellement vaste qu’il y a de la scène cet émerveillement, ce mystère, par ce que l’on fait, il va apparaître et toucher
place pour une série comme Les l’éclairage, les angles de caméra… Sur un quelque chose de juste. Il ne faut pas desi-
Anneaux de pouvoir… Il existe projet d’une telle ampleur, notre travail est gner à l’envers, il faut aller vers l’essence
d’ailleurs aussi le projet de La Guerre des mis en tranches, et distribué à beaucoup de la chose. Voilà, fin de la minute philoso-
Rohirrim, un film d’animation japonais. de monde, croyez-moi ! Je suis ravi d’en- phique. (Rires.) » u
Pendant longtemps il y a eu une réticence tendre Bayona dire que l’idée centrale de
des ayants droit concernant une adaptation,
et je les comprends : moi-même illustrateur,
je ne suis pas convaincu qu’il faille illustrer
cette œuvre, même en dessins ! Sur la série
L’UNIVERS DE TOLKIEN
Amazon, j’ai fait la même chose que pour
Peter Jackson. Toujours la même chose : EST LE SEUL UNIVERS
beaucoup d’environnements, de design.
Tout est nouveau. C’est une question de res- DU FANTASTIQUE QUE
pect par rapport à mes œuvres précédentes.
J’essaie de ne pas reprendre ce que j’ai déjà JE CONNAISSE OÙ TOUT
ME PLAÎT.
fait pour un autre client en le réinjectant ail-
leurs. La visualisation de Tolkien, à la fois
dans l’édition et au cinéma, et maintenant
en streaming, est un monde très complexe.
En série, la dynamique est différente par
rapport aux films. Jackson concentrait à
lui seul quatre ou cinq postes, scénariste,
metteur en scène, direction artistique…
j’avais affaire à une seule personne. Sur la
série, la structure est plus classique : un di-
recteur artistique, un metteur en scène, les
showrunners… Mais, au fond, ça ne change
pas grand-chose par rapport à mon travail.
Un sentiment d’émerveillement
L’un des pouvoirs de Tolkien est sa capacité
à évoquer un visuel ou une impression vi-
suelle par les émotions de ses protagonistes.
On découvre souvent la Terre du Milieu par
les yeux des Hobbits : c’est grand, ça dé-
© MATT GRACE / PRIME VIDEO / NEWLINE
P
rofesseur de littérature com- Comment le livre est-il devenu un
parée à la Sorbonne Nouvelle best-seller ?
(Paris 3), Vincent Ferré traduit Dix ans plus tard, en 1965, une édition « pi-
et édite les œuvres de Tolkien rate » sort en poche, chez Ace Books, un
chez Christian Bourgois ; il a éditeur qui a essayé de se jouer des copy-
également dirigé le Diction- rights aux États-Unis pour ne pas verser un
naire Tolkien (Bragelonne) et centime à Tolkien. Ce qui a fait un scan-
été commissaire de l’exposition Tolkien, dale et a conduit Tolkien à publier en 1966
voyage en Terre du Milieu à la BNF (2019- une édition révisée et autorisée chez Bal-
2020). Il nous raconte comment Tolkien a lantine. Or le lectorat s’est mobilisé en fa-
conquis les États-Unis, puis le monde. veur de cette édition qui a bénéficié d’un
« buzz », en même temps que le livre s’est
PREMIÈRE : Le Seigneur des anneaux démocratisé puisqu’il était moins cher. C’est
paraît aux États-Unis en 1954. à ce moment-là que se produit un tournant
Comment a-t-il été accueilli ? et que Tolkien devient un auteur culte. Entre
VINCENT FERRÉ : Au début, Tolkien a été 1966 et 1968, les ventes de ce roman dans
perçu comme un auteur pour la jeunesse en le monde ont été multipliées par quinze :
raison du succès du Hobbit. En 1938, il a avant 1966, les ventes anglo-américaines se
reçu le Prix du meilleur livre pour la jeu- chiffraient en dizaines de milliers d’exem-
nesse aux États-Unis. Sorti là-bas en grand plaires ; en 1968, on parle de trois millions !
format, à un prix assez élevé, chez Houghton Ce chiffre est sans doute à relativiser car
Mifflin, un éditeur très respectable, Le Sei- il vient des éditeurs, mais cela montre bien
© ALPHA HISTORICA - ALAMY BANQUE D’IMAGES
gneur des anneaux est salué par des géants l’explosion de sa popularité. Tolkien devient
comme l’écrivain W. H. Auden. Cet ancien pour le grand public « le père de la fantasy »
étudiant de Tolkien à Oxford et futur prix – ce qui est faux pourtant, ce genre étant né
Nobel fait paraître un important article dans au XIXe siècle – et l’on passe d’un accueil
le respectable New York Times. L’accueil intellectuel à un succès phénoménal grâce
critique et d’estime a été très notable. au format de poche.
S
i les événements liés à
l’Anneau unique ont trusté
depuis vingt ans l’imagi-
naire populaire associé au
mythe tolkienien, ils ne
sont en réalité que la par-
tie émergée d’un iceberg
littéraire comprenant au
bas mot dix fois leur tribut
de batailles, de mythes et
d’épopées, à côté desquels la
guerre de l’Anneau fait figure
de clapotis de l’Histoire. Le Premier et le Second
Âge, tels que les appelle la chronologie consacrée
(la première défaite de Sauron et la perte de l’An-
neau par Isildur marquant le début du Troisième), ont
en sus une certaine dimension biblique ou antique qui
les place au-dessus du Troisième Âge sur le plan spec-
taculaire : participation des dieux, engloutissements de
continents entiers…
Pourtant ce shared universe clé en main, où il n’y aurait
qu’à se pencher pour imaginer un flux de spin-off à l’ins-
tar de ce qui est actuellement entrepris du côté de Game
of Thrones ou de Star Wars, n’est pas près de se révéler
à l’écran, et la raison est complexe. Depuis 1969, les
droits d’adaptation de l’œuvre de Tolkien sont scindés
© DR
L’œuvre du fils
Le Tolkien Estate, incarné par le fils et exécuteur lit-
téraire de J. R. R. Tolkien, Christopher, ne s’est occupé
ces cinq dernières décennies que d’une seule tâche :
publier dans une forme cohérente les dizaines de mil-
liers de pages de brouillons de l’écrivain, qui n’avait de
son vivant rien publié sur la Terre du Milieu hormis
Le Seigneur des anneaux et Le Hobbit. Comme l’ex-
plique Vincent Ferré [lire pages précédentes], ce travail
a démarré « très vite après la mort de J. R. R. Tolkien,
par la compilation du Silmarillion » (1977), bible vul-
garisatrice destinée à faire connaître pour la première
fois et de manière très dense et synthétique les événe-
ments et personnages du Premier et du Second Âge.
S’ensuivit une longue phase d’approfondissement : les
douze volumes de « l’Histoire de la Terre du Milieu
(1983-1996), destinés à présenter les textes, les com- Décédé en 2020 à l’âge de 95 ans juste après avoir
menter » sans masquer leur nature fragmentaire et achevé ce travail d’un demi-siècle, Christopher Tolkien
i n a - chevée. a laissé derrière lui un Tolkien Estate dont la fonc-
tion est désormais moins de publier que d’entre-
tenir la flamme autour d’un corpus existant. Et
pour l’entretenir, l’adaptation des épopées du
Premier Âge n’a jamais été envisagée. « Je ne pense
pas qu’ils le feront un jour », estime Vivien Stoc-
ker, vice-président de l’association Tolkiendil, une
des principales communautés de fans en France.
« Ils n’ont qu’une seule ligne directrice : les livres.
Le reste, c’est casse-gueule. »
Le Tolkien Estate est en réalité sur une ligne
d’équilibriste : il ne peut pas totalement s’op-
poser à de grands événements populaires
comme les films de Jackson ou la série Amazon
dans la mesure où ils sont, in fine, bénéfiques à
la notoriété des livres, mais ces œuvres cassent
aussi en partie le jouet littéraire, car « à partir
du moment où on donne une image au texte, on le
fixe. Or le texte tolkienien est par essence mouvant,
LA FONCTION DU TOLKIEN Vivian Stocker. Il est ainsi probable que le cadre d’écri-
ture et de cohérence entre les inventions de la série et le
ESTATE EST D’ENTRETENIR canon tolkienien ait été clairement négocié en échange
de l’extension aux droits télévisés. Mais si les appen-
CORPUS EXISTANT.
incomplets sur le Premier pour offrir la même fenêtre
d’adaptation aux titulaires du paquet de droits de la
trilogie.
composite », explique Vivian Stocker. Raison pour Le vieux rêve geek de voir un jour à l’écran Morgoth
laquelle le Tolkien Estate, qui n’a pas souhaité ré- ou la chute de Gondolin s’éloigne à nouveau malgré la
pondre à nos sollicitations, affichait jusqu’à une trompeuse impression de rapprochement associée à la
période récente sur son site une FAQ où l’on pou- série Amazon. Il faut de toute façon se rappeler à qui
vait lire qu’aucune adaptation en film ou en série du elle s’adresse : « La série capitalise bien plus sur la po-
Silmarillion n’était à l’ordre du jour… même s’il ne s’est pularité des films de Peter Jackson, qui retrouveront
pas réellement opposé à la série Les Anneaux de pou- certains personnages comme Galadriel, que sur l’at-
voir, alors qu’il aurait pu refuser d’étendre à la télévision tente des lecteurs de Tolkien », tranche Vivian Stocker,
(qui n’était pas incluse dans l’accord de 1969) les droits qui ajoute que le noyau dur de fans n’est d’ailleurs « pas
d’adaptation vendus par J. R. R. Tolkien. très attaché au support visuel ». Reste à savoir si un
Au-delà du support de diffusion, et même si « on ignore éventuel carton ne changerait pas les enjeux. Après tout,
© ALLEN & ULWINN / DR
le contenu des négociations entre Amazon et le Tolkien Tolkien lui-même a longtemps pensé que Le Seigneur
Estate, on sait qu’un accord a été conclu », ajoute des anneaux était inadaptable… u
C
e qui suit est, a priori, parfaitement vrai et anneaux. Quand les Beatles sont allés à Rishikesh et ont
certainement partiellement faux. Comme séjourné en Inde pendant trois mois avec le Maharishi
dans toute bonne histoire – mais peut-être au début de l’année 1968, il leur a envoyé les livres. Un
encore plus dans celle-ci –, il y a des trous, pour chacun des Beatles. Sauf peut-être pour Ringo…
des arrangements avec la vérité, une lé- Mais John, Paul et George, c’est sûr. Ils étaient exaltés
gende qui s’écrit à rebours et des faits qui par les bouquins. »
se contredisent au gré d’ego en quête de
reconnaissance. Une chose reste cependant certaine : Un réalisateur star
« En 1968, les Beatles envisageaient sérieusement un Denis O’Dell, décédé fin 2021, a une lecture légère-
film Le Seigneur des anneaux. Ils ont essayé, aucun ment différente de celle de Peter Jackson. Occupé à re-
doute là-dessus. » C’est Peter Jackson qui l’affirme, et négocier les contrats des Beatles dans l’éventualité d’un
on aurait tendance à lui faire doublement confiance : nouveau film ensemble, il refuse initialement de parti-
le réalisateur a lui-même transposé au cinéma l’œuvre ciper au voyage indien de 68 : « Je faisais des réunions
réputée inadaptable de J. R. R. Tolkien, et son obsession à New York avec David Picker, qui était à la tête de
pour les Beatles a donné vie à ce que d’aucuns consi- United Artists à l’époque », se souvient-il des décen-
dèrent comme le plus grand documentaire musical de nies plus tard auprès de la revue Uncut. « Super, mais
tous les temps, Get Back. « J’ai fait ma petite enquête », les Beatles n’avaient pas de long métrage en vue. (…)
poursuit-il au micro de la BBC. « J’ai interrogé Paul à Et dans l’ascenseur qui me menait au bureau de Picker,
ce sujet. Ringo ne se souvient pas de grand-chose. De j’ai eu l’illumination : Tolkien ! » Selon sa version, il
ce que je comprends, Denis O’Dell, qui était le patron passe quelques coups de fil en urgence, apprend que les
d’Apple Films, avait l’idée d’adapter Le Seigneur des droits viennent justement d’être vendus à United Artists
© DR
(en réalité, le deal n’aurait eu lieu qu’en 1969, soit un an assure McCartney dans le livre de Roy Carr, Beatles at
plus tard). O’Dell demande un million de dollars pour the Movies. Il évoque également quelques tensions sur
chaque Beatle, « alors qu’ils n’avaient eu que 50 000 £ la répartition des rôles – Lennon se serait quand même
pour A Hard Day’s Night ». David Picker fronce des bien vu en Frodon – qui aurait gangrené le projet dès son
sourcils, mais son interlocuteur lui promet que Lennon démarrage : « La force de nos précédents films, c’était
et McCartney « composeront la musique pour couvrir qu’on était sur un pied d’égalité. »
les coûts du film ». Le patron de United Artists sent le Dans les pages du magazine Life, en juin 1969, Starr
bon coup, et accepte à la condition que l’adaptation soit confirme son intérêt : « On [les Beatles] voulait faire
tournée par un réalisateur star, que Denis O’Dell a un ce film, mais quelqu’un d’autre a eu les droits. J’aime-
an pour dénicher. « J’ai appelé David Lean, il ne vou- rais toujours incarner Sam, l’ami de Frodon. Je suis
lait pas le faire. J’ai appelé Stanley Kubrick, il a dit très sérieux. » Se penchant subitement vers le micro
que c’était “infilmable”. » D’autres sources évoquent du journaliste, il ajoute : « Hey, ceux qui produisent Le
également les fins de non-recevoir de Michelangelo Seigneur des anneaux, vous m’entendez ? Je veux jouer
Antonioni ou Richard Lester. « Alors, j’ai emporté les
trois livres avec moi en Inde » pour les offrir au groupe.
Le musicien Donovan, également sur place, est très em-
ballé par l’idée. « C’est lui qui a poussé les Beatles à les
DAVID LEAN NE VOULAIT
lire – ils ne lisaient jamais rien », tacle O’Dell.
Sûrement un peu aidés par leur trip mystique et la prise
PAS LE FAIRE. J’AI APPELÉ
de LSD, les Fab Four s’emballent et s’imaginent jouer
dans Le Seigneur des anneaux : Paul McCartney se-
STANLEY KUBRICK, IL A DIT
rait Frodon, Ringo Starr incarnerait Sam, John Lennon
jouerait Gollum et George Harrison prendrait les traits QUE C’ÉTAIT “INFILMABLE”.
de Gandalf. « On en a parlé pendant un bon moment », DENIS O'DELL, PRODUCTEUR
gardait 2001 une fois par semaine, ça le fascinait », pu créer avec la bande originale d’un film Le Seigneur
commente Leon Vitali, bras droit et ami de Kubrick, des anneaux ! On aurait eu 14 ou 15 chansons assez in-
dans une interview au quotidien Metro. Visiblement un croyables à écouter. » Imaginez… u
L’OMBRE
ET LA FLAMME
Quand Le Seigneur des anneaux
s'est animé
Élu par les Anglais meilleur roman du XXe siècle, Le Seigneur
des anneaux aura connu de nombreuses tentatives d’adaptations
cinématographiques, dont une étonnante version animée réalisée
par le New-Yorkais Ralph Bakshi. Un film fascinant, ambitieux
et inachevé, qui a ouvert la voie à la trilogie de Peter Jackson.
Histoire d’un aller sans retour. u PAR SYLVESTRE PICARD
W
ellington (Nouvelle-Zélande), Asimov ou encore L. Ron Hubbard. Ackerman lance
fin 1978. Un certain Peter Jackson, la même année le magazine Famous Monsters of
alors âgé de 17 ans, se précipite Filmland, dont les articles sur les effets spéciaux et
dans sa salle de cinéma favorite le cinéma fantastique influenceront bien des artistes à
pour voir la version animée du l’instar de Peter Jackson ou Guillermo del Toro. Acker-
Seigneur des anneaux. Le jeune man souhaite mélanger prises de vues réelles et anima-
Peter n’a rien lu de J. R. R. Tolkien, tion dans un film de trois heures avec deux entractes qui
mais c’est un gros fan de fantasy et surtout de films utiliserait la variété des paysages américains comme
fantastiques. Il n’est pas convaincu par ce qu’il voit. décor. Mais Tolkien, bien qu’impressionné par la qualité
« C’était bien, mais au milieu, ça devenait franchement des concept arts américains, refuse de valider le projet à
incohérent », se souviendra le réalisateur au micro du cause des simplifications et des libertés prises avec son
journaliste d’Empire, Ian Nathan. « Je n’avais pas lu le magnum opus. Et des fautes, aussi : Boromir est ainsi
bouquin, et je ne comprenais rien du tout. » Quelques appelé « Borimor » tout au long du script.
semaines plus tard, il commence un stage de photogra- « Ce document, en tant que tel, suffit à plonger dans un
veur à Auckland et se prépare à des voyages de douze état certain d’inquiétude », écrit Tolkien à son éditeur,
heures en train. Il traîne à la librairie pour trouver de la ajoutant que Monty Zimmerman, l’un des auteurs de
lecture et tombe sur Le Seigneur des anneaux. « C’était l’adaptation, est « tout à fait incapable de comprendre
la version de poche avec les Nazgûls du film sur la cou- ou d’adapter le “langage parlé” du livre. Il est pressé,
verture. C’était mon premier exemplaire du livre. Si je insensible et insolent. » Bref, Tolkien n’est pas satisfait
n’avais pas vu le film, je n’aurais pas acheté le livre, et, au bout d’un an, le projet tombe à l’eau. Cela dit,
et peut-être que je n’aurais pas tourné ma version… » Forrest J. Ackerman – qui fera bien plus tard un caméo
dans Braindead de Peter Jackson – avait du flair car,
La quête du Graal publié en 1954, Le Seigneur des anneaux n’était pas en-
C’est en 1957 qu’une première adaptation cinéma du core le best-seller culte que l’on connaît. Son vrai succès
Seigneur des anneaux est proposée à Tolkien par trois ne commencera qu’au milieu des années 60, principale-
producteurs américains, dont le fameux Forrest J. ment aux États-Unis, grâce à une édition de poche pirate
Ackerman, agent littéraire de Ray Bradbury, Isaac publiée en 1965.
Un Seigneur mort-né
Même si Boorman souhaite tourner en Irlande pour
réduire les coûts, le script paraît encore terriblement cher
et risqué à United Artists qui met le projet au panier en
1970. Un an et 3 millions de dollars auraient été englou-
tis dans ce travail, qui ne fut pas perdu pour Boorman :
« Le Seigneur des anneaux a nourri Délivrance, qui est
le premier film “boormanien”, si vous voulez. Avec le
thème central, essentiel, de la rivière », explique-t-il.
Ce Seigneur mort-né a évidemment aussi inspiré Zardoz
et surtout Excalibur, tourné en 1981 et conçu avec
Pallenberg, qui donne du mythe arthurien une vision
extrêmement personnelle. Une rumeur jamais vérifiée
veut aussi que Disney se soit intéressé au livre pour en
tirer un projet à destination du jeune public.
Tolkien meurt en 1973, sans jamais voir la moindre
adaptation cinéma de son roman. Mais fin 1976, tout
Dix ans plus tard, en 1967, United Artists propose à s’accélère : Ralph Bakshi s’empare du projet. Tout
Tolkien de céder les droits d’adaptation cinéma de son comme Peter Jackson, Bakshi est un réalisateur inat-
œuvre à perpétuité pour la somme très modique de tendu (son premier long métrage, Fritz le chat, d’après
104 000 livres sterling (123 000 € actuels). Tolkien, âgé la BD de Crumb, fut le premier dessin animé à être
de 75 ans, content de se débarrasser de ce poids, ac- classé X en 1972), bien éloigné de l’univers de Tolkien,
cepte. Le contrat est avantageux : United Artists a le éminent linguiste d’Oxford amoureux de mythologie et
droit de faire ce qu’il veut du roman, de couper dedans, de poésie. Mais c’est aussi un grand fan d’heroic fantasy
de rajouter des personnages, de produire des suites et qui vient de réaliser Les Sorciers de la guerre (1977),
couloir, il y avait le bureau de Dan Melnick de la MGM, Dick Shepherd, appelle mon avocat pour lui dire que
qui dirigeait la production cinéma. Un mec très, très Le Seigneur des anneaux, c’est fini. Ils trouvaient le
brillant. Je file le voir aussitôt, mais Dan est en réunion projet ridicule. Mais je voulais vraiment faire ce film !
Je suis allé voir Saul Zaentz : sa société Fantasy Re- ni Zaentz ni Bakshi. Le producteur se charge de trouver
cords avait investi de l’argent dans deux de mes films, un remplaçant, ne souhaitant surtout pas que Bakshi
Fritz le chat et Heavy Traffic. Saul s’était fait un pognon écrive le scénario. Il embauche alors Peter S. Beagle,
dingue avec eux. Et il a tout de suite vu le potentiel d’un auteur de La Dernière Licorne (un best-seller de fantasy
film tiré du roman de Tolkien. Il a racheté les droits et paru en 1962 et traduit en France en 1999), pour tra-
a avancé le budget : 8 millions de dollars. Le plus gros vailler sur le projet. « J’ai écrit et réécrit ce script Dieu
budget que j’ai jamais vu ! C’était parti. » sait combien de fois, au moins huit ou neuf, pour un
salaire de simple consultant, racontait Beagle en 2007.
Rembrandt chez Tolkien J’espérais que lorsque la deuxième partie du film sor-
Avec l’arrivée du financement de Saul Zaentz, Bakshi tirait, je gagnerais plus afin de compenser le manque
peut faire démarrer son studio d’animation (Ralph’s à gagner. Mais il n’y a jamais eu de deuxième partie :
Spot, fondé en 1969) sur Le Seigneur des anneaux. Saul Zaentz ne s’est jamais senti obligé moralement de
La transition avec le monde de fantasy post-apo des tenir sa promesse. » Bakshi, lui, veut changer radica-
Sorciers de la guerre est facile, mais le premier défi est lement de style visuel. « Le Seigneur des anneaux, ce
d’accoucher d’un script qui tient la route. Un premier n’était pas Les Sorciers de la guerre. C’était vrai. Pour
jet, écrit par un certain Chris Conkling (où le film était de bon. Mais comment aurait-on pu tourner un vrai
raconté en flash-back par Merry le Hobbit), ne satisfait film avec un tel budget, de toute façon ? Pour tourner
difficile », soupire Bakshi. Les communications avec le le script. » De fait, il semble que Saul Zaentz ait très vite
studio resté en Amérique sont dures à maintenir : avant tempéré les ambitions du réalisateur en prévoyant deux
Internet, il fallait utiliser le fax ou le courrier express films et non trois. Bakshi doit batailler une fois de plus
sur la dernière ligne droite pour que son film conserve Arwen chez Jackson). Le prologue du film, qui résume
le sous-titre de « Première Partie ». Le Seigneur des l’histoire de la Terre du Milieu dans une succession de
anneaux sort finalement en novembre 1978, à la date tableaux épiques (la forge des anneaux de pouvoir, la
prévue, même si l’équipe travaille jusqu’au tout dernier guerre de Sauron, la trahison d’Isildur, Gollum…) sera
moment pour respecter les délais. « Le film a rapporté repris d’ailleurs presque tel quel par Jackson dans son
beaucoup d’argent, mais pas suffisamment du point de film de 2001. La prose de Tolkien provoque les mêmes
vue de Zaentz qui a refusé de me payer en conséquence. images : le plan du Nazgûl reniflant les Hobbits cachés
On s’est engueulés pour de bon avec Saul, et c’est pour sous un tronc d’arbre est le même dans les deux films.
ça que je n’ai jamais tourné la deuxième partie. La fin
a été horrible. Horrible. L’Espagne m’a épuisé. Il fallait En attendant Jackson
plus de temps, plus d’argent. Le montage a été fait dans Quarante ans plus tard, le film de Bakshi conserve une
la précipitation. Je n’étais pas très heureux, à la fin. atmosphère très agréablement étrange : par exemple,
Saul Zaentz ne m’a pas aidé. L’accueil a été bon, le pu- ses Nazgûls sont particulièrement impressionnants.
blic était content. Mais tout le monde me demandait : Avec leur démarche tordue et boiteuse, ils exhalent un
“Où est la suite ?” Et je ne pouvais pas la faire. Je me malaise réel, loin de la puissance brute des Spectres
sentais complètement merdeux. » On ne verra jamais de l’Anneau version Peter Jackson. Cela n’éclipse pas
Frodon jeter l’Anneau unique dans le Mont du destin : les défauts du film, trop gros et ambitieux pour son
la version de Bakshi condense La Communauté de l’An- propre bien (le Balrog est horriblement raté, la fin est
neau et Les Deux Tours en un seul film, en s’achevant incompréhensible, le character design est franchement
sur la bataille du Gouffre de Helm, avec évidemment de aléatoire). L’œuvre de Tolkien devra attendre pour at-
nombreux raccourcis qui seront assez semblables à ceux teindre sa forme juste sur grand écran l’arrivée de la
pris par Philippa Boyens quand elle écrira le film de dream team miraculeuse de Jackson et Cie (les scéna-
Peter Jackson : exit Tom Bombadil, exit le personnage ristes Philippa Boyens et Fran Walsh, les génies de Weta
de Glorfindel (remplacé par Legolas chez Bakshi et par Workshop, le tournage d’une trilogie en simultané) qui
LA CHARGE L
e plus grand événement (en marge) du Festi-
val de Cannes 2001 aura été la présentation
en exclusivité pour les distributeurs du monde
entier des premières images du Seigneur des
anneaux de Peter Jackson. Le 16 mai 2001
HEROIC
pour être exact. La projection du promo-reel
de 25 min, aux effets spéciaux non encore fi-
nalisés, avait littéralement été prise d’assaut par une
horde de non-professionnels qui tentaient par tous les
moyens d’entrer. On avait même pu voir le webmaster
d’un site ciné très connu à l’époque, caché dans les toi-
Lucas vs Jackson
lettes de la salle de cinéma plus d’une heure avant le
début de la projection ! Ce n’étaient pas les premières
images du film : un autre promo, d’une vingtaine de
minutes, essentiellement axé sur les personnages, avait
Comment, en 2001, internet et un jeune été présenté l’année précédente à un petit comité de dis-
tributeurs triés sur le volet. Mais le nouveau montage
Néo-Zélandais allaient mettre fin au de 2001 dévoilait enfin toute la dimension épique du
monopole de George Lucas sur la fantasy. film. La tension était palpable dans la salle au moment
où les lumières se sont éteintes. Divisé en trois parties,
Retour sur une odyssée folle. u PAR DAVID FAKRIKIAN le promo présentait d’abord les personnages. Alors que
les premières images défilaient, le public se surprenait
salle ce jour-là, l’excitation était à son comble. Les dis- trilogie originale en la reliftant à grands coups d’images
tributeurs respiraient. Pour la plupart des gens présents, de synthèse sous le label « édition spéciale », à la sur-
il n’y avait plus aucun doute. « La trilogie » serait désor- prise de son vaste public. Avant de commettre un Star
mais celle de la saga du Seigneur des anneaux. George Wars Épisode 1 qui a laissé ses fans encore plus décon-
Lucas et ses héros en pyjama allaient être renvoyés au tenancés. Le terrain était devenu propice à une nouvelle
ENVIE DE CROIRE EN
commence à présenter des designs de créatures, et le
mois suivant, les noms des membres du casting se dé-
voilent peu à peu. En octobre 1999, New Line annonce
QUELQUE CHOSE. ET PETER le début du tournage de La Communauté de l’Anneau,
et quatre mois plus tard, une poignée de personnalités
JACKSON EST ARRIVÉ. néo-zélandaises et californiennes ont le privilège de vi-
sionner six minutes d’images du film.
Mais pour le grand public, rien, jusqu’au moment où va
saga fantastique. Une autoroute s’ouvrait, en quelque se briser le silence (des anneaux) : le 7 avril 2000, deux
sorte, où la trilogie du Seigneur des anneaux n’avait plus minutes trente d’images sont visibles sur le site officiel.
qu’à s’engouffrer. Les cinéphiles avaient envie de croire Baptisée « internet teaser », cette mini-bande-annonce
à nouveau en quelque chose. Et Peter Jackson est arrivé. est exclusivement diffusée sur le web. On peut y aper-
cevoir des dizaines de milliers de guerriers dévalant
Jackson et les internautes une immense vallée, des Orques grimaçants, les res-
Flash-back. Été 1998 : la nouvelle fait l’effet d’une ponsables des effets spéciaux animatroniques dans leur
bombe. Le Néo-Zélandais Peter Jackson vient de signer atelier et Peter Jackson lui-même jouant les hôtes. En
un contrat pour adapter Le Seigneur des anneaux sous vingt-quatre heures, plus d’un million et demi d’inter-
forme d’une trilogie colossale qu’il écrira, produira et nautes téléchargent ce teaser : un record sans précédent
réalisera sur sa terre natale et dont les trois épisodes se- dans l’histoire de la promotion d’un film !
ront tournés dans la foulée. Le web devient dès lors le terrain de jeu de la promo-
Avant même le premier tour de manivelle, le projet de tion du film, et par ricochet de la trilogie. Au goutte-à-
Jackson était un événement. L’internet naissant allait goutte, les photos officielles du casting circulent sur la
aussi jouer un rôle déterminant dans sa promotion, des Toile avant d’être reprises dans la presse écrite. « Vous
milliers de sites le choisissant comme sujet principal, trouverez l’aventure, ou l’aventure vous trouvera » est
mixant allègrement informations officielles, éléments le slogan du second teaser qui est projeté dans les salles
faitement huilée, explose à sa sortie, mi-décembre, tor- cinéma, il n’y avait plus qu’une trilogie, et c’était celle
pillant tout sur son passage et ramenant dans les salles de Peter Jackson. u
LA GUERRE
DU JEU
Adapter n’est pas jouer
Les œuvres de J. R. R. Tolkien ont
beaucoup influencé le jeu de rôle, mais
pendant longtemps, celui-ci n’a pas su
être à la hauteur de son modèle.
Explications. u PAR SYLVESTRE PICARD
A
u départ, il y a encore un problème de
droits. À la fin des années 70, Donjons et
Dragons a largement pillé Tolkien en uti-
lisant des éléments de son œuvre (Hob-
bits, Nazgûls et Ents), à tel point que
Saul Zaentz, qui détient les droits des
adaptations de l’écrivain disparu
en 1973, menace TSR, l’éditeur de D&D, des vers respectifs, « comme les moines copistes du Moyen
pires attaques en justice. Celui-ci abandonnera Âge ont sauvegardé la culture antique », selon la jolie
Tolkien (les Hobbits seront nommés Halflings), et formule du journaliste Chris Taylor dans How Star
ce ne sera pas si grave : l’univers du jeu ressemble Wars conquered the universe (2014). Dès 1982, Saul
plus à de la SF délirante qu’à la délicate cosmogo- Zaentz cède les droits d’adaptation en jeu de rôle du
nie de l’érudit d’Oxford. Le plus populaire des Seigneur des anneaux à l’éditeur Iron Crown Enter-
jeux de rôle, publié en 1974, impose son imagi- prises (ICE) : le résultat, intitulé Middle-Earth Role
naire visuel et ses clichés : les Elfes blonds aux Playing ou MERP (JRTM( ou Jeu de rôle des Terres du
yeux bleus et aux oreilles pointues feront dé- Milieu en VF) utilise un système de règles incroya-
sormais partie du décorum rôliste. Selon l’his- blement complexe et détaillé… Pete Fenlon, le
torienne du JDR Coralie David, Le Hobbit, boss d’ICE, estime de toute façon que l’écrasante
avec sa bande d’aventuriers constituée d’un Magi- majorité des acheteurs de son jeu n’utilise pas
cien, d’un Hobbit voleur et d’une bande de Nains ses règles mais celles d’autres jeux (comme
guerriers, est le modèle même du groupe de per- Dragons), et prend les
Donjons & Dragons
sonnages de D&D. Qu’il y ait ou non un JDR offi- livres comme source d’informa-
ciel, cela n’empêche pas l’œuvre de Tolkien de rester tion sur l’univers. Le succès est
un grand classique rôliste. Et comme tout classique, au rendez-vous : la gamme est
on construira l’imaginaire de fantasy autant avec lui détaillée, la précision apportée aux
que contre lui – ou plutôt avec et contre les clichés plans et cartes de la Terre du Milieu
imposés par Donjons et Dragons d’après Tolkien. est très appréciée par les fans. Pendant
Dans les années 80, le JDR devient véritablement vingt ans, le jeu sera le seul à permettre
grand public. Aux États-Unis, en l’absence de officiellement d’explorer les mondes de
nouveaux films ou de nou- velles Tolkien – et les endroits que l’auteur
œuvres officielles, les au- n’avait évoqués que de loin. « Les
teurs des jeux de rôle adaptés livres de campagne en Terre du
de Star Wars et du Seigneur Milieu d’ICE étaient parmi les
des anneaux conservent livres de contexte les plus ap-
et développent leurs uni- profondis jamais édités pour
FRODON AU PAYS
DES SOVIETS
Le mythe Khraniteli
Longtemps perdue dans les archives de la télévision pétersbourgeoise,
l’adaptation soviétique de la saga de Tolkien était quasiment devenue
une légende. Finalement exhumée en 2021, elle a été mise en ligne
gratuitement sur YouTube. 110 minutes sidérantes, qui offrent une
nouvelle perspective glorieuse sur la version de Peter Jackson, produite
à peine quelques années plus tard... u PAR CHARLES MARTIN
DOM 27 FF / BELG. 130 FB / CH 5 FS / A 60 ÔS / ALG 225 DA / CDN $ 3,95 / D 7,50 DM / ESP 500 PTS / GB 2,60 £ / GR 1 030 DR / ITA 6 000 L / LUX 130 FL / MAR 35 DH / NL 8,50 G / PORT CONT 610 ESC / TOM 900 F.CFP / TUN 3 500 DT. PHOTO NIGEL PARRY POUR LE PREMIERE US.
2,90 EUROS
2001 - 19 F -
- DECEMBRE
MAGAZINE CINÉMA
LE PREMIER
50
“LE SEIGNEUR DES ANNEAUX” - “HARRY POTTER” – “LE PEUPLE MIGRATEUR”
NOUVEAUX FILMS
DU
LES SECRETS
PEUPLE R
MIGRATEU
Y POTTER
MAGIQUE HARR
À CONSERVER: HÉROS
LA GALERIE DES
SEIGNEUR X
FANTASTIQUE
3:HJMTKC=UV^UUW:?a@m@j@h@k;
- 2,90 E
R
PREMIÈRE 01/12
DÉCEMBRE
2001
WOOD
C’EST ELIJAH
UTE
QUI PREND TO E
AC
LA (PETITE) PL
O.
DE CE NUMÉR I
LU
UN PORTRAIT
T CO NS AC RÉ,
ES
E DE
MAIS L’ÉQUIP
QU E FA IT
L’ÉPO
LA
AUSSI DANS
A
PÉDAGOGIE (L U
ILIE
TERRE DU M
LS ET
POUR LES NU
GIE
UNE TYPOLO
TES
DES DIFFÉREN TES
CE S PR ÉS EN
RA
N).
CHEZ TOLKIE
© NEWLINE CINEMA
LES BONUS
UN COFFRET POUR
LES GOUVERNER TOUS
Des bonus au menu (qui aujourd’hui envisagerait de regarder Le Retour du
roi sans la scène de la Bouche de Sauron ?), ainsi qu’à
leurs suppléments – des heures de making of pour un
Si les films de Peter Jackson ont généré un temps de visionnage à peu près équivalent aux films.
culte aussi massif et aussi pérenne, c’est Si leur succès est quantifiable, il reste difficile à appré-
hender du fait des multiples ressorties et de la coexis-
aussi à travers leur coffret DVD, objet geek tence d’éditions par film (mieux comptabilisées) et de
coffrets trilogie ou hexalogie (avec Le Hobbit). Les trois
incontournable de son temps. u PAR THÉO RIBETON films oscillent en tout cas dans un top 15 des ventes all-
D
time, quelque part entre la trilogie Pirates des Caraïbes,
The Dark Knight et une palanquée de Disney.
ans les années 2000, en France, sur les Mais le véritable succès est ailleurs et échappe à toute
étagères des chambres d’ados à tendance mesure : c’est une place particulière atteinte par l’expé-
geek, on était toujours à peu près sûr de rience collective des films et de leurs suppléments, em-
trouver les mêmes cinq ou six artefacts : un pereurs incontestés de la 2000’s Movie Night, comme le
gros paquet de cartes Magic, une carte des résumait assez bien le journaliste du site Den of Geek,
deux îles de Vice City, un lecteur mp3 rem- Andrew Blair, qui racontait en 2014 ses projections étu-
pli d’épisodes du Donjon de Naheulbeuk, diantes : « Les films eux-mêmes devinrent un support
quelques Naruto… et puis, trônant au centre, les trois de jeux à boire enfiévrés, et les appendices une partie
volumes rouge, vert et bleu des DVD du Seigneur des du médicament contre la gueule de bois le lendemain.
anneaux. Des trucs à frire, une pinte de thé [Andrew Blair est
Sorties aux printemps 2002, 2003, puis en format tri- écossais] et un documentaire sur les chevaux. C’était
logie intégrale en 2004, ces éditions vidéo ont offert ma happy place, à tel point que j’ai regardé les bonus
en premier lieu un support domestique au film, mais avant le film lorsque j’ai acheté Le Retour du roi. »
aussi et surtout un écrin royal à leurs versions longues, Le coffret trilogie est en réalité sorti au moment idéal
qui ont depuis largement supplanté les versions cinéma pour atteindre un tel statut, comme l’explique Stéphane
avec une remarquable placidité par cet homme pour qui réédition de 2011 du coffret, sous le titre The Making of
la conception d’ornementations uniques à l’intérieur de The Lord of The Rings. u
LA VOIE DU
Une révolution
industrielle ?
Arrivée au pic de l’explosion
du DVD, la trilogie du Seigneur
des anneaux est le témoin d’une
ère où l’industrie du cinéma
libertaire prenait encore des
risques. Mais après Frodon,
la terre brûlée ? u PAR DAVID FAKRIKIAN
O
n peut avoir du mal à s’en rendre compte
aujourd’hui, mais la trilogie originale du
Seigneur des anneaux a été avant tout l’en-
treprise d’un seul homme. Son réalisateur.
Certes, Peter Jackson a été aidé, mais c’est lui
qui a poussé Miramax à acquérir les droits
du roman. Lui qui a porté le projet chez New
Line quand les précédents ont botté en touche. Lui qui a
convaincu le studio de financer trois films d’un coup, réa-
lisés en un an et demi, pour 270 millions de dollars. Chez
lui, en Nouvelle-Zélande. Lui qui a suggéré que son studio
de postproduction, Weta Digital, pourrait se charger de tous
les effets spéciaux. Il se murmurait, dans les coulisses de
l’industrie, au moment où les trois films triomphaient, que
le pari pris par le studio avait été insensé, et que personne
ne s’y hasarderait à nouveau. Jackson avait eu de la chance
mais sa trilogie devait rester une anomalie, un incident de
chaîne de production, qui ne devrait jamais se reproduire.
Casse-tête
Les gargantuesques et répétées sorties DVD n’ont pas aidé.
Truffés de bonus, scènes coupées, nouveaux montages,
éditions « simples » et éditions collector, les magnifiques
coffrets qui trônaient fièrement sur les étagères des Virgin
Megastores existant encore, et qui s’arrachaient, prouvaient
que le public voulait tout ce que les majors lui refusaient
habituellement, ou lui octroyaient avec parcimonie.
Du making of, des coulisses, de l’épique. Un véritable
casse-tête pour les corporations, qui ont pour philosophie
de faire le plus d’argent possible avec le minimum de tra-
vail, qui voulaient conserver le contrôle. Encore plus fou,
Peter Jackson avait littéralement réinventé le look du pre-
mier film en DVD pour l’aligner sur le rendu salles des
suivants, et offrir pour la postérité une trilogie cohérente
visuellement (les auteurs des Matrix lui emboîteront le pas
Anomalie
Les productions ont alors été contrôlées non plus par un
individu seul (surtout s’il s’agissait du réalisateur), mais en
comités. On prévoit désormais des franchises à épisodes,
étalées sur plusieurs années, par phases, comme les trois
Seigneur des anneaux, mais aux réalisateurs interchan-
geables, aux scénarios sans cesse réécrits, avec même la
possibilité de ranger les œuvres finies dans un placard, si le
potentiel commercial n’est pas au rendez-vous des projec-
tions tests (coucou Batgirl). Les films ne sont plus conçus
en trilogie, mais au mieux en deux « épisodes », si les ana-
lyses et plans marketing permettent d’en assurer le succès.
Tout est contrôlé, des versions longues aux bonus (tous plus
consensuels les uns que les autres). Après Frodon, la terre
brûlée ? Même Jackson subira la révolution avec la trilogie
du Hobbit, et sa valse de réalisateurs, en s’emparant du pro-
jet à reculons ; conscient, sans aucun doute, que le contexte
n’était plus le même. Certes, James Cameron avait annoncé
une trilogie Avatar réalisée sur le même modèle que celui
du Seigneur (trois films en un seul coup), mais il s’agissait
de la suite du plus grand succès de tous les temps. Après
avoir déclaré qu’il en ferait finalement quatre à la suite, il
s’est ravisé (seuls deux films seraient en boîte, et le réali-
sateur parle désormais de ne pas faire les deux suivants).
La trilogie originale du Seigneur des anneaux existe donc
aujourd’hui comme ce qu’elle a toujours été : une anomalie.
Cette aberration fut possible à un instant T de l’histoire du
cinéma, et à un moment technologique précis. À cette pé-
riode, les réseaux sociaux n’existaient pas, les discussions
des forums n’avaient d’incidence que sur les prochains épi-
sodes des séries télé, et la majorité de la planète n’avait pas
d’ordinateur et n’était pas connectée. C’était l’époque où un
studio indépendant pouvait encore parier sur un réalisateur
débutant et prendre le risque, avec les dividendes que l’on
© NEWLINE / WARNER / DISNEY
LORD OF
THE QUIZ
Le questionnaire du Milieu
Des chiffres mirifiques et des êtres magnifiques…
Tout ce que vous croyiez savoir sur la saga mais que vous
auriez mieux fait de demander. À moins que vous ne soyez
vraiment un Seigneur ? u PAR CHARLES MARTIN
B) Le Second Âge
C) Le Troisième Âge
D) Le Quatrième Âge
© NEWLINE
LE BEST OF
19
LE DERNIER ANNEAU
Le Seigneur des anneaux ? De la pure
propagande gondorienne, si l’on en croit les
Orocuen (ne les traitez surtout pas
d’Orques !), guerriers désenchantés,
transformés définitivement en parias par la
défaite de Sauron… C’est l’angle réjouissant
de ce roman écrit par le paléontologue russe
Kirill Eskov, pas vraiment fan du Tolkien
romancier mais raide dingue de son univers.
En racontant la saga du côté des prétendues
forces du Mal, Le Dernier Anneau est non
seulement un brillant jeu littéraire, mais
aussi un superbe bouquin d’aventures. Mort
aux Elfes !
20
LORD OF THE RINGARDS
Quand il fut traduit en France en 2002, alors que le
monde attendait Les Deux Tours comme le Messie,
Lord of the Ringards a bien fait rager les fans français
de Tolkien, considérant cette parodie comme vulgos
et opportuniste (normal quand le Magicien s’appelle
Grandpaf). Et pourtant, Bored of the Rings (en VO) date
de 1969, à l’époque où le roman fait un tabac aux
États-Unis, et est signé de deux fondateurs du
légendaire magazine National Lampoon, monument de
l’humour yankee. Ce sont les premiers à avoir parodié
Tolkien, et sans doute les seuls à l’avoir fait aussi bien.
18
17
L’ANNEAU UNIQUE
La quête du « meilleur » jeu de rôle adapté
© ATLANTIC RECORDS / FREE LEAGUE / BRAGELONNE / 500 NUANCES DE GEEK
15
© METRO-GOLDWYN-MAYER - NEW LINE CINEMA - WINGNUT FILMS / LEGO - PLAYSTATION
14
LA NOUVELLE-ZÉLANDE
Pour le petit pays du Pacifique, il y a
eu un avant et un après Seigneur
des anneaux. Peter Jackson, originaire
de Wellington, a imposé au studio de
filmer toute la trilogie dans son pays
natal. North Island, montagneuse et
volcanique, a été largement utilisée
pour les décors extérieurs. Le bourg de
Matamata, dans la région de Waikato,
a servi de Comté pour les Hobbits.
Dans la foulée, la Nouvelle-Zélande a
enregistré une croissance massive du
tourisme : + 40 % entre la sortie du
premier et celle du troisième volet !
12
ARAGORN PAR VIGGO
Avant Le Seigneur des anneaux,
Viggo Mortensen était l’un
de ces seconds rôles sympas
qui auraient pu figurer dans la
défunte rubrique de Première
intitulée « On ne sait jamais
comment ils s’appellent ». Après
Le Seigneur des anneaux… vous
connaissez la suite. Tout comme
Grands-Pas le rôdeur devient le
roi Aragorn II Elessar, Viggo a été
transformé par le rôle – qu’il joue
en bon method actor comme s’il
n’avait joué que ça toute sa vie.
Habité, limite dingue, hyper sexy,
coureur des ombres devenu
meneur d’hommes, Aragorn selon
Viggo est le héros qu’on aimerait
tous être et/ou avec lequel on
aimerait sortir.
09
SMAUG, LE DRAGON
Difficile de voir la trilogie du Hobbit autrement que comme un
Seigneur des anneaux en moins bien, d’accord. Mais Smaug le dragon a
beau partir du même procédé technique (la performance capture), il
n’est en rien un Gollum light. Jackson et ses équipes transforment
Benedict Cumberbatch (1,83 m) en un colossal dragon (long de 130 m,
soit deux jumbo-jets) régnant sur un tas d’or encore plus immense que
lui… La rencontre entre la performance de l’acteur et la technologie
donne une vie inouïe à Smaug et à sa cruauté narquoise.
06
l’inachèvement, la suggestion. Howe refuse que sa vision de la Terre
du Milieu soit la bonne, la seule, l’ultime, et il n’en est que plus grand.
WETA WORKSHOP
Studio d’effets spéciaux fondé en 1987
par Richard Taylor et Tania Rodger,
© JOHN HOWE.COM : METRO-GOLDWYN-MAYER - NEW LINE CINEMA - WINGNUT FILMS
05
CHRISTOPHER TOLKIEN (1924-2020)
Avec tout le respect que nous devons au plus jeune fils
de Tolkien, disparu à 95 ans à Draguignan où il vivait
depuis 1975, c’est peut-être lui le meilleur « produit
dérivé » de l’écrivain. « Premier lecteur » de son papa,
philologue et médiéviste, ancien pilote de la RAF, et
exécuteur testamentaire de J.R.R., classant et étudiant
sans relâche les archives de l’écrivain. Il transformera
les milliers de pages de brouillons de son père
en bien plus qu’un univers, en un véritable monument
littéraire. Sans lui, pas de Silmarillion, pas de passé
pour la Terre du Milieu. Ni d’avenir.
02
LA BATAILLE
DU GOUFFRE DE HELM
« À l’aube, regardez à l’est… » Encore une fois, c’est
Gandalf qui sauve la mise. Tournant de la saga au
terme des Deux Tours, la grandiose bataille est sans
doute le moment le plus spectaculaire de la franchise.
Pendant plus d’une heure, le roi du Rohan, aidé par
Aragorn et ses compagnons, résiste au siège de
l’armée de Saroumane. Réfugiés dans la forteresse
de Fort-le-Cor, bâtie jadis par Helm Main-Marteau,
ils vaincront… bien aidés par la chevauchée
fantastique d’Eomer au soleil levant !
RÉPONSES
QUESTION 2. Réponse : D QUESTION 15. Réponse : D
Le Retour du roi a été sacré meilleur film Personnage important dans le livre de
cette année-là et Peter Jackson a même Tolkien, ce barbu jovial possède un
DU QUIZ
remporté la statuette du meilleur réali- grand pouvoir personnel : il est insen-
sateur. La trilogie du Seigneur des an- sible à celui de l’anneau unique. Mais
neaux a raflé, au total, 17 Oscars, contre il a été coupé par Jackson car jugé pas
0 pour celle du Hobbit malgré 7 nomi- assez essentiel. Son rôle dans l’histoire
nations. et ses répliques sont en partie repris par
Sylvebarbe.
QUESTION 3. Réponse : A
Les frères Harvey et Bob Weinstein dé- QUESTION 16. Réponse : C
tenaient les droits du Seigneur des an- Il débute par la mort d’Isildur et se ter-
neaux à l'époque et ont tenté de forcer mine avec la destruction de l’Anneau
la main de Peter Jackson, menaçant de unique et la défaite de Sauron. La série
le remplacer par Quentin Tarantino… Les Anneaux de pouvoir, elle, se pas-
sera bien avant, durant le Second Âge.
QUESTION 4. Réponse : B
Le réalisateur s’est rendu compte qu’il était QUESTION 9. Réponse : D QUESTION 17. Réponse : D
trop jeune pour le rôle, alors que l’acteur Celui qui allait devenir Doctor Strange était Stuart Nash a avancé ce chiffre pour
irlandais était en Nouvelle-Zélande de- à cette époque le Sherlock de la série britan- expliquer la remise de taxes locales de
puis deux mois pour répéter et s’entraîner. nique, aux côtés de Martin Freeman (Wat- 114 millions de dollars auxquelles a eu
Stuart Townsend révéla plus tard que le stu- son), recruté pour incarner Bilbon. droit la production Amazon. La presse
dio l’avait renvoyé sans même le payer. américaine a rapidement précisé que ce
QUESTION 10. Réponse : A budget démentiel (4 à 5 fois supérieur
QUESTION 5. Réponse : D La Galloise de 33 ans a été révélée au grand à celui de Game of Thrones) compre-
Incarné par John Noble, Denethor a été ima- public en 2020 dans l’adaptation de Bram nait la construction des décors et autres
giné comme une déclinaison du roi Lear, un Stoker par Steven Moffat, diffusée en installations, qui serviront ensuite aux
dirigeant lâche et désespéré de garder sa po- France sur Netflix. futures saisons.
sition de pouvoir.
QUESTION 11. Réponse : B QUESTION 18. Réponse : B
QUESTION 6. Réponse : C Et de loin ! Le film durait 3 h 21 lorsqu’il est Tolkien lui-même a dessiné une
Même si elle est assez peu présente à l'écran, sorti en salles. Il existe une version longue ébauche de cette Tour Sombre, mesu-
Galadriel, l’Elfe de la lignée royale des Ñol- de 4 h 12 en DVD/Blu-ray. Les Deux Tours rant environ 1 400 mètres de hauteur et
dor qu'incarne Cate Blanchett, revient dans fait 2 h 59. Un voyage inattendu, le plus long se trouvant dans le nord du Mordor, au
chaque film. Elijah Wood n’est que dans le de la trilogie du Hobbit, s’étire sur 2 h 49. sommet d’une colline rocheuse au-des-
premier film du Hobbit, tandis qu’Orlando sus du plateau de Gorgoroth.
Bloom, à l’inverse, n’y est pas. Ian Holm, QUESTION 12. Réponse : D
lui, est notamment absent des Deux Tours. Les membres de la Communauté sont Gan- QUESTION 19. Réponse : B
dalf (Sorcier), Legolas (Elfe), Gimli (Nain), Le réalisateur fait de nombreux ca-
QUESTION 7. Réponse : C Aragorn, Boromir (Hommes), Frodon, Sam, méos au fil de ses six films. Il apparaît
« Tout commença lorsque les grands an- Merry et Pippin (Hobbits). en guerrier du Rohan dans Les Deux
neaux furent forgés : trois furent don- Tours, en corsaire dans Le Retour du
nés aux Elfes, sept aux seigneurs Nains et QUESTION 13. Réponse : C roi, en Nain dans Un voyage inattendu.
neuf anneaux furent donnés à la race des Le réalisateur mexicain de La Forme de Et surtout, il a inventé ce personnage
Hommes. Mais ils furent tous dupés, car un l’eau devait diriger les films, mais le finan- d’Albert Dreary, un poivrot de la ville
autre anneau fut forgé… » cement tardant à arriver, il a préféré quit- de Brie.
ter le projet en 2010. Il reste crédité comme
QUESTION 8. Réponse : A l’un des quatre scénaristes aux côtés de Fran QUESTION 20. Réponse : A
Passionné par L’Anneau du Nibelung qu’il a Walsh, Philippa Boyens et Peter Jackson. Quittant ses amis avec Gandalf et les
vu plusieurs fois et dont il a étudié le livret Elfes pour s’en aller finir ses jours sur
avec dévotion pendant des années, Tolkien a QUESTION 14. Réponse : A les Terres Immortelles, Frodon offre à
toujours nié avoir été influencé par Richard Ce n’est pas vraiment précisé dans les films, Sam le livre dans lequel lui et Bilbon
Wagner : « Ces deux anneaux sont ronds, et mais dans les livres, on nous explique que ont raconté leur histoire. Il l’invite à le
c’est là leur seule ressemblance », disait-il. Frodon est placé sous la garde de son oncle poursuivre et même à en écrire la fin…
© NEW LINE CINEMA