n°58 - Avril 2021

Allergies : SOMMAIRE

Allergies : 7 huiles
essentielles pour respirer

7 huiles essentielles
au printemps......................... 1
Mesdames, une baisse de moral ?
Mangez des fibres (mieux que
le chocolat)...................................... 6

pour respirer au printemps Des levures contre

des champignons !........................... 6

Plus d’une personne sur cinq souffre de rhume des Amiante : 8 morts par jour
(à quand la fin ?)................. 7
foins, sans compter les allergies alimentaires croisées Santé de vos artères : choisissez
(une allergie au pollen de bouleau peut en effet ce sel minéral !................................11
Migraine : cette enzyme agit sur
cacher une allergie aux amandes ou aux noisettes !) vos mitochondries !........................11
Ce n’est pas une fatalité : il existe des remèdes aroma Faux sucre, mais vrais effets
(à proscrire)...................................11
redoutables. Voici les sept huiles essentielles qui vous
Vos microbes vous protègent !
permettront de respirer enfin le printemps à plein nez. Mon ordonnance
probiotiques contre

C ommunément appelées « rhume des foins », les allergies saisonnières 10 pathologies..................... 12

induites par le pollen des arbres, des graminées ou des herbacées Thé vert : un rempart anti‑acné ?.17
provoquent une rhinite allergique (inflammation de la cavité nasale).
Vous connaissez bien les symptômes : rougeurs, larmoiement, sensation de
Hyperthyroïdie : levez
brûlure oculaire : conjonctivite ; écoulement ou/et obstruction nasale ; éter‑ le pied pour la traiter !....... 18
nuements en salve ; maux de gorge ; parfois de la toux sèche ; démangeaisons Diabète de type 2 : le régime cétogène
pouvant être fortes ; fatigue ; maux de tête. plus efficace que le sport ?............ 23
D et K, le duo gagnant pour
Dans les cas les plus graves, il peut survenir des difficultés respiratoires, voire votre cœur..................................... 23
des crises d’asthme. Dans ce cas, il est important de consulter son médecin. Ménopause : ne mettez pas
Le rhume des foins peut favoriser également d’autres maladies allergiques le cerveau en pause !..................... 23
comme l’asthme ou l’eczéma.
Contre la dépression,
une poudre surprenante
Une personne sur cinq est venue d’Orient…............... 24
allergique ! Fini les mauvaises chutes !
L’apparition et la gravité de ces symp­tômes dépendent de Des muscles solides, pour
la quantité d’allergènes présents dans l’air et du degré des os solides..........................27
de sensibilisation : 50 à 90 % des sujets souffrant de Antidépresseurs inefficaces ? Cette
rhume des foins ont des antécédents d’allergies dans vieille molécule refait surface....... 30
leur famille (prédisposition génétique). Notez qu’en
Allergies : 7 huiles essentielles pour respirer au printemps

Vanessa Périnat Bard Pharmacienne formée à l’université de Lausanne et diplômée en

aromathérapie de l’école ERA, elle pratique depuis plus de vingt ans en officine. Les huiles
essentielles ont pris racine dans sa vie privée, familiale et professionnelle depuis plus de
dix-huit ans et ce n’est que le début d’une grande histoire… Elle anime le blog :
https://naturhessentielle.ch/ Sa philosophie : « La santé, c’est avant tout prendre soin de soi. »

cas de pluie, les symptômes sont
fortement diminués, car il y a moins
de pollens en suspension.
Dans les pays industrialisés, près
d’une personne sur cinq serait affec‑
tée – le double d’il y a trente ans – et
la prévalence serait en constante
augmentation. Des études épidé‑
miologiques à l’échelle européenne
estiment qu’entre 10 et 25 % de
personnes de 15 à 50 ans en souffrent.
Ce sont surtout les personnes
entre 15 et 40 ans qui sont les plus
touchées par la rhinite allergique.
De plus, les personnes commencent
leur « histoire allergique » le plus
souvent à l’adolescence, même s’il
est possible d’attraper un rhume des
foins à tout âge, et plus rarement
au‑delà de 40 ans.
Les allergies polliniques augmen‑
tent au cours de l’âge scolaire et
atteignent un pic pendant l’adoles‑
cence. En moyenne, les premiers
symptômes du rhume des foins appa‑
raissent à l’âge de 6 ans. L’allergie
saisonnière survient très rarement
après 40 ans. Il existe des personnes
allergiques après 40 ans, mais ces
dernières ont souvent commencé
L’allergie est une réaction excessive du système immunitaire qui libère de l’histamine provoquant
ainsi le gonflement des muqueuses nasales.
leur histoire allergique bien avant.
Les hommes seraient plus touchés
par la rhinite allergique saisonnière
que les femmes.
Une histoire d’histamine
Les allergies sont des réactions anor‑
males et excessives de notre système
immunitaire vis‑à‑vis de substances
étrangères reconnues comme dange‑
reuses, malgré leur caractère inof‑
fensif. Pour comprendre la réaction
allergique, il faut revenir en arrière.
Lorsque le corps du futur allergique
entre en contact pour la première
fois avec l’allergène, il ne produit
pas encore de symptômes. Des anti‑
corps de type IgE, spécifiques à cet
allergène, sont alors créés, synthé‑
tisés et stockés. C’est la phase de
sensibilisation. Ainsi, lorsque l’al‑
lergique rencontrera à nouveau cet
allergène, les anticorps seront rapi‑
dement produits en grande quantité,
ils se fixeront sur des cellules du
système immunitaire qui libèrent de
l’histamine (mastocytes).
L’histamine provoque alors le gon‑
flement des muqueuses nasales et
respiratoires (congestion, difficultés
respiratoires) et la dilatation des vais‑
seaux sanguins (rougeurs).
De l’allergie à
l’asthme bronchique
Certains patients souffrant de rhume
des foins vont développer un asthme
bronchique : toux sèche, irritative
et aggravée par l’effort physique.
Parfois, l’asthme peut se manifes‑
ter sous la forme d’une oppres‑
sion thoracique, avec sensation de
« serrement » au niveau de la gorge
et impression subjective de manque
d’air. L’asthme bronchique révèle
la sévérité de la réaction allergique.
Chez une minorité de patients, l’al‑
lergie au pollen peut se manifester
sous la forme d’une urticaire. Il s’agit
d’une éruption cutanée, érythéma‑
teuse et papuleuse, fortement prurigi‑
neuse, durant généralement quelques
minutes à quelques heures et s’estom‑
pant sans laisser de séquelle cutanée.
La plupart du temps, ces urticaires
sont liées au contact direct du pollen
avec la peau chez des patients très
allergiques.
Allergies au
bouleau : attention
aux amandes !
Si vous souffrez de rhume des
foins, il y a de grandes chances que
vous soyez aussi sujet aux allergies
alimentaires. Dans ce cas, on parle
d’allergies alimentaires croisées.
Cela provient de la forte ressem‑
blance au niveau de la structure des
protéines dudit aliment et du pollen
en cause.

2
 Allergies : 7 huiles essentielles pour respirer au printemps

Cyprès ou graminées ? Les mois pour vous traiter

Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre
Semaines 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
Noisetier
Aulne
Frêne
Cyprès
Orme
Arbres

Peuplier
Saule
Bouleau
Platane
Chêne
Pin
Châtaignier
Plantain
Rumex
Graminées
Herbes

Urticacées
Armoise
Chénopode
Artemisia

La première chose à faire lors‑
qu’on souffre de ces symptômes
à des périodes bien définies de
l’année est d’identifier le pollen
responsable. Il est donc intéres‑
sant de connaître la période de
pollinisation.
Les premiers responsables sont
les arbres. Leur pollinisation
commence déjà fin janvier et se
poursuit jusqu’au mois de mai.
Nous retrouvons le noisetier (le
plus précoce), l’aulne, le bouleau,
le frêne, le chêne et le châtaignier.
Puis viennent les graminées, de mai
jusqu’à fin juillet. Le souci avec
ces dernières, c’est qu’on retrouve
leur pollen abondamment dans
l’air ; elles sont ainsi responsables
de plus des trois-quarts des aller‑
gies polliniques. Et finalement,
on trouve les herbacées, de juillet
jusqu’à fin septembre. Parmi les
herbacées, nous retrouvons l’ar‑
moise et l’ambroisie – le nouveau
fléau, car son pollen est fortement
allergisant.
Toutefois, en fonction de la météo
et de la zone géographique, on peut
constater des variations. Lorsque
les hivers sont plus doux, la pollini‑
sation peut notamment commencer
plus tôt.

Ces allergies alimentaires se mani‑
festent sous forme de prurit de la
bouche, des gencives, du voile du
palais, irritation de la gorge, sensa‑
tion d’œdème des lèvres, parfois irri‑
tation conjonctivale et éternuements.
Ces allergies croisées (pollen et
alimentaires) sont fréquentes. Elles
le melon et la pastèque, l’armoise,
le céleri, la carotte, la coriandre, le
persil, le cumin et le fenouil.
3 caractères
anti‑allergiques
notamment bénéfiques pour atté‑
nuer la réaction allergique, calmer
la réaction inflammatoire et l’em‑
ballement du système immunitaire.
Il faut donc des huiles essentielles
anti-inflammatoires, antihistami‑
niques et décongestionnantes.

Pour les personnes fortement aller‑ ● Le caractère anti-inflammatoire

constituent la cause principale d’al‑
lergie alimentaire chez l’adulte.
Exemple : l’allergie au bouleau
entraîne, dans 40 % des cas, une
allergie à certains oléagineux comme
l’amande et la noisette, aux fruits
crus comme la pomme, la poire, la
pêche, la cerise, l’abricot, le kiwi,
etc. Une fois le fruit cuit (la struc‑
ture moléculaire de la protéine est
ainsi modifiée), l’allergie disparaît.
Pour les graminées, sont concernés
giques, il est possible d’entreprendre
une désensibilisation, appelée « im-­
munothérapie », suivie par un aller‑
gologue. C’est un traitement long
et contraignant, mais qui a fait ses
preuves. Ici, nous aborderons unique‑
ment le traitement en aromathéra‑
pie, qui est un traitement purement
symptomatique.
Les huiles essentielles ont une action
préventive ou curative. Elles sont
et calmant tempère l’action du
système immunitaire et le met ainsi
au repos.
● Le caractère antihistaminique
permet de diminuer la libération de
l’histamine. Si l’on diminue le taux
d’histamine libérée, on diminue alors
les symptômes.
● Le caractère décongestionnant
permet de lutter contre l’œdème, la
congestion des muqueuses, notam‑

3
Allergies : 7 huiles essentielles pour respirer au printemps

ment respiratoires et nasales, en cas essentielles sur une mèche de coton

d’allergie au pollen.
Sept huiles à garder
près de soi !
1. Les huiles essentielles d’estra­
gon (Artemisia dracunculus) et de
basilic indien (Ocimum basilicum)
contiennent toutes les deux 80 à 85 %
de méthylchavicol, également appelé
estragol, responsable de leur activité
anti-allergique.
Avant l’apparition des symptômes
allergiques et en période d’exposition
au pollen allergisant, il est possible
d’avaler 1 à 2 gouttes d’huile essen‑
tielle d’estragon ou de basilic indien
déposées sur un comprimé neutre
ou sur un peu de miel. Ce geste est
à répéter 3 fois durant la journée.
Comme dans ce cas les huiles essen‑
tielles sont avalées, il est impératif de
faire une pause d’une semaine tous
les mois, afin d’éviter une accumu‑
lation dans le corps et ainsi s’expo‑
ser à une toxicité.
En voie cutanée, massez-vous avec
un mélange de 4 gouttes d’huile
essentielle d’estragon ou de basilic
indien mélangées à 1 cuillerée à café
d’huile végétale de nigelle, calendula,
colza ou tournesol, par exemple.
Respirez-les également. Pour cela,
appliquez une dizaine de gouttes de
l’une ou l’autre de ces deux huiles
d’aromastick.
Contre-indications : femme enceinte,
allaitante, enfant de moins de 6 ans
(la voie orale n’est pas conseillée
avant 12  ans sans suivi médical).
Évitez toute exposition au soleil
dans les huit heures suivant l’appli­
cation, car elle peut être légère‑
ment photosensibilisante (traces de
L’estragol présente dans l'HE d'estragon
coumarines). Ne pas utiliser la voie possède une puissante action anti-allergique.
orale chez les personnes polymédi‑
camentées et prudence pour la voie
cutanée en cas d’épilepsie. de linalyle lui confère des vertus
calmantes et antispasmodiques puis‑
2. L’huile essentielle de camomille santes.
allemande (Matricaria recutita) est
anti-inflammatoire et antihistami‑ Contre-indications : femme enceinte
nique grâce à sa forte concentration de moins de 3 mois, enfant de moins
en chamazulène. de 3 mois, épilepsie.
5. L’huile essentielle de camomille
Contre-indications : femme enceinte,
romaine (Chamaemelum nobile) :
allaitante, enfant de moins de 6 ans,
calmante, apaisante, mais aussi anti­
antécédents de cancers hormonodé‑
inflammatoire par la présence de
pendants, pas d’exposition au soleil
différents esters monoterpéniques.
dans les huit heures, épilepsie.
Contre-indications : femme enceinte
3. L’huile essentielle de katafray
de moins de 3 mois, enfant de moins
(Cedrelopsis grevei), antihistami‑
de 3 mois, épilepsie.
nique et anti-inflammatoire en raison
de la présence de sesquiterpènes. 6. L’huile essentielle d’eucalyptus
Contre-indications : voie orale, radié (Eucalyptus radiata) pour son
femme enceinte, allaitante, enfant effet principalement mucolytique
de moins de 12 ans, prudence chez et expectorant, décongestionnant
les personnes polymédicamentées et ainsi les voies respiratoires et la
âgées, épilepsie. cavité nasale grâce à sa teneur en
1,8 cinéole.
4. L’huile essentielle de lavande
Contre-indications : femme enceinte
officinale (Lavandula officinalis) :
de moins de 3 mois, enfant de moins
sa richesse en linalol et en acétate
de 3 mois.

Rhume de saison ou rhume des foins ? Quatre remèdes

Comment faire la différence entre
un rhume de saison et le rhume
des foins ? Voici les signes qui ne
trompent pas :
Le rhume de saison :
y Durée 7 à 10 jours,
y Écoulement devenant jaune en
fin de rhume,
y Très peu d’éternuements,
y Possibilité de faire de la fièvre,
y Fréquence hivernale.
Le rhume des foins :
y Durée jusqu’à 6 à 8 semaines
(toute la durée de l’exposition
à l’allergène),
y Écoulement très liquide et
translucide,
y Éternuements fréquents par
salve,
y Généralement pas de fièvre
associée,
y Fréquence printanière.
aroma à composer
chez vous !
1. L’aromastick magique
Formule anti­‑allergique, anti­
inflammatoire, décongestionnante
et calmante :
● HE basilic indien, Ocimum basi‑
licum : 10 gouttes ;
● HE camomille romaine, Chamae‑
melum nobile : 3 gouttes ;

4

● HE camomille allemande, Matri‑
caria recutita : 3 gouttes ;
● HE eucalyptus radié, Eucalyptus
radiata : 2 gouttes ;
● HE arolle, Pinus cembra :
2 gouttes.
Prenez un stick inhalateur avec une
mèche de coton vierge. Imprégnez­
la des huiles essentielles dans les
proportions indiquées ci-dessus.
Mettez le coton dans l’inhalateur,
refermez et votre stick est prêt à
l’emploi. Respirez plusieurs fois par
jour, selon les besoins.
Contre-indications : femme encein­te,
allaitante, enfants de moins de 6 ans,
épilepsie.
2. Un massage déconges­
tionnant au basilic
Formule à 15 % d’huiles essentielles,
anti‑allergique, décongestionnante
et apaisante :
● HE basilic indien, Ocimum basi‑
licum : 50 gouttes ;
● HE eucalyptus radié, Eucalyptus
radiata : 30 gouttes ;
● HE camomille romaine, Chamae‑
melum nobile : 25 gouttes ;
● HE camomille allemande, Matri‑
caria recutita : 25 gouttes ;
● HE katafray, Cedrelopsis grevei :
20 gouttes.
Pour la voie cutanée, l’huile végé‑
tale de nigelle ainsi que le macé‑
rat de calendula sont idéaux afin de
renforcer l’effet des huiles essen‑
tielles. La nigelle est connue pour ses
propriétés antihistaminiques et anti­
inflammatoires tandis que le calen‑
dula est parfait pour apaiser les peaux
les plus sensibles.
Dans un flacon de 50 ml, ajou‑
tez les huiles essentielles dans les
proportions indiquées ci-dessus, puis
complétez avec une huile végétale de
votre choix (nigelle, colza, tournesol,
calendula, etc). Frictionnez avec une
vingtaine de gouttes du mélange 3 à
4 fois par jour durant la période des
allergies. Il est possible de se fric‑
tionner jusqu’à 6 fois par jour, lors
Allergies : 7 huiles essentielles pour respirer au printemps
Préparez le terrain avec les camomilles !
(Deux antidotes)
En prévention, je vous conseille
d’utiliser les remèdes suivants à
base de camomilles :
1. Le baume barrière
aux camomilles
Une formule à 5 % d’huiles essen‑
tielles, anti‑allergique à utiliser en
massage :
y HE camomille romaine, Cha­-
mae­melum nobile : 25 gouttes ;
y HE camomille allemande,
Matricaria recutita : 25 gouttes.
Dans un flacon de 50 ml, ajoutez les
huiles essentielles dans les propor‑
tions indiquées ci-dessus, puis
complétez avec une huile végétale
de votre choix (colza, tournesol,
calendula, etc). Frictionnez avec
une dizaine de gouttes du mélange
matin et soir, un mois avant les
allergies. Dès que les allergies
commencent, utilisez le mélange
spécifique pour les allergies.
Contre-indications : femme encein­
te, allaitante, enfants de moins de
6 ans, épilepsie.
2. Le breuvage aux
hydrolats de camomille
Les hydrolats sont l’eau de distil‑
lation des huiles essentielles. Ils
sont très intéressants, car riches
en molécules aromatiques autant
hydrophiles que lipophiles, mais
en concentration bien plus faible,
de forte réaction, mais pendant 2 à
3 jours de suite au maximum.
Contre-indications : femme encein­te,
allaitante, enfants de moins de 12 ans,
personnes polymédicamentées, épile­
psie.
3. Fabriquez votre spray
nasal !
Formule uniquement à base d’hy‑
drolats, anti‑allergique, déconges‑
tionnante et apaisante :
donc ne présentant pas les mêmes
précautions et contre-­indications
que les huiles essentielles. Ils sont
idéaux en traitement de fond, en
prévention, sur du long terme.
Formule à base d’hydrolat anti­
allergique, décongestionnante et
apaisante :
y HA estragon, Artemisia dra­-
cun­culus : 150 ml ;
y HA camomille romaine,
Chamaemelum nobile : 50 ml ;
y HA camomille allemande,
Matricaria recutita : 50 ml.
Dans un flacon de 250 ml, ajou‑
tez les hydrolats dans les propor‑
tions indiquées ci-dessus. Chez
l’adulte, avalez 1 cuillerée à soupe
du mélange dilué dans un grand
verre d’eau le matin (chez les
enfants, 1 cuillère à café dans un
verre d’eau), à commencer un mois
avant les allergies. Après ouver‑
ture, à conserver au frigo pendant
30 jours.
Contre­-indications : femme enceinte,
enfants de moins de 6 ans.
● HA eucalyptus globuleux, Euca‑
lyptus globulus : 5 ml ;
● HA camomille romaine, Chamae‑
melum nobile : 5 ml ;
● HA camomille allemande, Matri‑
caria recutita : 5 ml ;
● HA myrte verte, Myrtus commu‑
nis : 5 ml ;
● NaCl (chlorure de sodium - sel) :
18 mg (petite pointe de couteau).
Dans un flacon de 20 ml avec embout
spray nasal, ajoutez les hydrolats dans
les proportions indiquées ci-dessus.
5
Allergies : 7 huiles essentielles pour respirer au printemps

1 à 2 pulvérisations dans chaque
narine matin et soir, en prévention.
Augmentez jusqu’à 6 à 8 fois par
jour lors de fort rhume des foins.
Après ouverture, à conserver au frigo
pendant 15 jours.
Contre-indications : femme enceinte,
enfants de moins de 6 ans.
Sources et références
consultables en ligne sur https://staticmail.editionsbiosante.fr/2021/03/
sce58/sce58sources.pdf
4. Protégez vos paupières !
Formule uniquement à base d’hy‑
drolats, anti‑allergique, calmante et
apaisante :
● HA rose de Damas, Rosa Damas‑
cena : 50 ml ;
● HA camomille romaine, Chamae‑
melum nobile : 25 ml ;
● HA camomille allemande, Matri‑
caria recutita : 25 ml.
Dans un flacon de 100 ml, ajoutez les
hydrolats dans les proportions indi‑
quées ci-dessus. Imprégnez un coton
du mélange (un par œil), nettoyez les
paupières matin et soir, en préven‑
tion. Augmentez jusqu’à 4 fois par
jour lors de fort rhume des foins.
Après ouverture, à conserver au frigo
pendant 15 jours.
Contre-indications : aucune.
Vanessa Périnat Bard

Précautions d’emploi : ces huiles essentielles sont déconseillées en cas d’allergie connue à l’une d’entre elles,
d’asthme, d’épilepsie, de peau lésée en cas d’application locale. L’huile essentielle de tanaisie annuelle est très
irritante pour les voies respiratoires et délicate à utiliser. Je la déconseille vivement en automédication. Tenez
bien compte des contre-indications et en cas de doute, demandez conseil à votre médecin ou à moi-même, https://
naturhessentielle.ch/.

Actualités
ɕ Mesdames, une baisse de moral ? Mangez ɕ Des levures contre
des fibres (mieux que le chocolat) des champignons !
Dépression, vague à l’âme, tristesse… Le chocolat Les infections chroniques dues au cham‑
est certes connu pour son réconfort instantané sur pignon microscopique Candida albicans
le moral, pourtant, c’est vers les fibres qu’il serait sont un problème majeur, notamment pour
préférable de se tourner pour des effets protecteurs les personnes hospitalisées (il s’agit d’une
sur le long terme. Ceci est d’autant plus vrai chez les maladie nosocomiale) ou immunodépri‑
femmes préménopausées dont le risque de dépres‑ mées, mais pas seulement, car il pourrait
sion s’avère deux fois plus élevé. Une récente étude1 concerner un Français sur deux ! Or les
coréenne a ainsi étudié les habitudes alimentaires de antifongiques généralement recommandés
plus de 5 000 femmes préménopausées et a montré ne sont pas exempts d’effets secondaires
que plus la consommation de fibres était élevée, plus quand l’organisme ne développe pas une
les risques de dépression étaient faibles. résistance à leur égard.
La diminution d’œstrogènes affecte en effet l’équi‑ Des chercheurs2 se sont intéressés aux
libre du microbiote intestinal, engendrant aussi une effets antifongiques de certaines levures
augmentation de la prévalence de la dépression chez probiotiques, notamment la Saccharomyces
la femme proche de la ménopause. Cette étude vient cerevisiae var. boulardii, déjà commercia‑
donc confirmer, une nouvelle fois, la pertinence de lisée. Le résultat est porteur d’espoir : ces
l’axe intestin-cerveau. Tout changement dans la levures forment une barrière naturelle
composition du microbiote peut ainsi affecter l’état contre le pathogène, s’y accrochent et en
émotionnel et, plus généralement, la santé de notre neutralisent la virulence. De plus, en sécré‑
cerveau. La diversité des bactéries et enzymes de tant des acides gras à chaîne courte, elles
notre microbiote intestinal est aussi primordiale. parviennent même à bloquer l’adhérence
Fruits, légumes, légumineuses, grains non transfor‑ de ces Candida dans l’organisme. Une
més, à vous de varier les plaisirs ! stratégie très encourageante.

1. Kim, Yunsun MD et al., « Inverse association between dietary fiber intake and depression in premenopausal women. », Menopause : December 21, 2020 - Volume
Publish Ahead of Print - Issue - doi: 10.1097/GME.0000000000001711
2. « Application of Probiotic Yeasts on Candida Species Associated Infection. », Lohith Kunyeit,1, 2, 3 Anu-Appaiah K A, 1, 2 and Reeta P. Rao 3. J Fungi (Basel).
2020 Dec ; 6(4) : 189. Published Online 2020 Sep 25. doi: 10.3390/jof6040189
6

Rencontre avec Roger Lenglet
Amiante : 8 morts par jour
(à quand la fin ?)
Depuis son interdiction en France, on croit le danger de l’amiante derrière
nous. Grossière erreur, nous sommes encore exposés à ces fibres hautement
cancérigènes : que ce soit dans les murs de nos bâtiments, dans nos assiettes
ou encore dans les objets que nous importons. Découvrez avec Roger Lenglet,
journaliste d’investigation, les failles de la politique sanitaire française.
Annie Casamayou pour Santé
Corps Esprit : Vous suivez l’af‑
faire de l’amiante depuis près
de trente ans, pouvez-vous nous
rappeler ce qui s’est passé ?
Roger Lenglet : J’ai commencé à
enquêter sur l’amiante peu avant
que le scandale ne fasse la une de la
presse et aboutisse à son interdiction,
en janvier 1997. Jusque-là, l’amiante
était considéré comme un minéral
très résistant, un excellent isolant
contre le feu, l’humidité, le froid,
le bruit, etc. Il était massivement
utilisé notamment dans les piscines,
les cinémas ou les salles de concert,
mais aussi dans les bâtiments d’en‑
treprises et par la suite dans les habi‑
tations individuelles, mélangé à des
plâtres, des ciments, des peintures,
des joints, des vernis, etc. L’amiante
a ainsi été incorporé dans plus de
3 000 produits de tous les secteurs
de l’industrie et de l’artisanat, avec
des usages énormes surtout dans le
bâtiment, mais aussi la construction
automobile et navale, le textile, les
ustensiles de cuisine, l’ameuble‑
ment, la décoration, les jouets…
L’amiante a aussi été introduit dans
les revêtements bitumeux des routes
et des trottoirs. Résultat, dans les
villes où l’on a procédé à des études
d’exposition de la population dans
les années 1970, on a trouvé des
fibres d’amiante dans les poumons
Roger Lenglet est philosophe
et journaliste d’investigation.
Il est l’auteur de nombreuses
enquêtes sur le lobbying en
santé publique et il a contri‑
bué à lancer plusieurs alertes.
Avec Le livre noir de l’amiante,
publié en 2018 aux Éditions
de l’Archipel, il fait la lumière
sur les dangers de l’amiante et
la dérive des politiques sur ce
dossier phare.
de tous les citadins. Car sous l’action
des intempéries et de l’usure, tous les
matériaux qui contiennent ces fibres
d’amiante s’érodent et libèrent de
l’amiante dans l’atmosphère.
Dès le début du XXe siècle, on a
établi des liens entre l’exposition
professionnelle à l’amiante et les
excès de mortalité, on a eu aussi
de nombreuses preuves de décès
Amiante : 8 morts par jour (à quand la fin ?)
par l’amiante dans un cadre non
professionnel dès les années 1970.
Dans le milieu du travail, on a
d’abord fixé un seuil réglementaire,
c’est‑à‑dire une limite sous laquelle
les fibres d’amiante en suspension
dans l’air étaient considérées comme
non dangereuses. Le seuil a baissé
progressivement au fil des années,
alors qu’en parallèle, la courbe de
la mortalité était de plus en plus
visible et impressionnante. On voit
bien l’hypocrisie de cette notion de
seuil : plutôt que d’interdire très vite
un produit qui tue, la réglementation
laisse croire que l’on est protégé sous
une certaine dose ; cela permet aux
industriels de gagner du temps.
L’empoisonnement a donc duré
encore des années, alors que toutes
les données et les études scientifiques
montraient les dangers de l’amiante
sur la santé et auraient dû provoquer
une interdiction totale. En 1996, les
associations de victimes ont fait
pression, la presse a suivi et dénoncé
le silence du gouvernement. Puis
l’Inserm a publié un rapport décla‑
rant que l’amiante était cancérigène
quel que soit le seuil d’exposition
et dans les jours qui ont suivi, le
décret d’interdiction a enfin été enté‑
riné. À ce moment-là, on était déjà à
2 000 morts par an en France, en ne
prenant en compte que les affections
pulmonaires.
7
Amiante : 8 morts par jour (à quand la fin ?)
Cette affaire est exemplaire dans le
sens où, pour la première fois, l’opi‑
nion a pris conscience que le prix de
la vie est vraiment très bas au regard
des considérations économiques
prises en compte par les industriels
et les gouvernements. Ces derniers
n’ont d’ailleurs qu’une culture de
santé publique très pauvre et nulle en
matière de prévention. Ce qui apparaît
aussi dans ce dossier, comme dans
beaucoup d’autres scandales ensuite,
c’est que lorsque le gouvernement fait
face à une crise sanitaire majeure, il
la gère comme une crise de commu‑
nication. Il cherche à apaiser l’opi‑
nion publique le plus vite possible
pour éviter le scandale et la mise
en examen des politiques, des hauts
fonctionnaires et des experts officiels
instrumentalisés par les industriels.
A.C.  : Malgré l’interdiction,
nous sommes toujours très
exposés à l’amiante. Pourquoi ?
R.L. : Les risques sanitaires liés à
l’amiante ne sont pas tous derrière
nous, loin s’en faut. Les épidémio‑
logistes les plus rassurants disent
qu’entre 1996 et 2016, l’amiante
a fait 50 000 victimes en France et
qu’il s’en ajoutera encore proba‑
blement autant au cours des deux
prochaines décennies. L’amiante est
quasi indestructible. Quand les fibres
d’amiante sont inhalées ou ingérées,
elles pénètrent en profondeur dans
les organes et résistent à la dégrada‑
tion là où d’autres substances seraient
détruites par l’organisme. Elles ont
la faculté, vu leur finesse et leur
résistance, de traverser les organes et
de voyager dans le corps très au‑delà
de l’endroit où elles pénètrent.
Elles se fichent dans les cellules et
elles exercent un effet carcinogène
durant des décennies. Un cancer peut
apparaître vingt, trente ou quarante
ans après l’exposition. Ce temps de
latence dissimule la forte mortalité
qui va perdurer suite à l’exposition
actuelle à ces fibres.
8
L’amiante est encore présent un
peu partout, notamment dans de
nombreux bâtiments. On voit encore
souvent des bardages faits de petites
plaques amiantées sur certaines
façades d’immeubles. On trouve
aussi partout du fibrociment, en parti‑
culier ces fameuses grandes plaques
ondulées grises qui recouvrent des
millions de mètres carrés de toiture
en France. Dans n’importe quelle
ville, on les voit sur les entrepôts,
les garages, sur les granges et les
bâtiments agricoles ainsi que sur les
dépendances des particuliers.
L’amiante est
quasi indestructible.
Quand les fibres
d’amiante sont
inhalées ou ingérées,
elles pénètrent
en profondeur
dans les organes.
De nombreuses personnes veulent
se débarrasser elles-mêmes de ces
plaques et elles font des erreurs par
méconnaissance du danger et des
enjeux. Il y a ceux qui arrachent
le toit en fibrociment et le cassent
en morceaux pour le mettre dans
leur voiture et le déposer dans une
décharge, souvent même dans des
dépôts sauvages. Certains vont
jusqu’à l’enterrer dans le jardin sans
penser que quelqu’un retournera
la terre tôt ou tard. Il y a aussi des
gens qui le brûlent, mais précisé‑
ment, les fibres ne brûlent pas ! Avec
l’air chaud, elles s’envolent dans les
colonnes de fumée, retombent chez
le voisin et partout sur le village, car
elles sont très légères et se déplacent
très vite dans le vent.
C’est une aberration, mais les bâti‑
ments publics ou privés contenant de
l’amiante restent souvent en l’état, ou
alors on bricole quelque chose pour
le camoufler ou le « confiner ». À
partir d’un certain taux de fibres dans
l’air, les propriétaires des locaux ont
l’obligation d’intervenir et de désa‑
mianter. Mais la triche est fréquente.
En dessous des seuils réglementaires,
on accepte de le laisser en place…
Et cela concerne des écoles, des
parkings, des gymnases, des gares,
des locaux administratifs, des super‑
marchés, etc. C’est une erreur de
croire que tant que les fibres sont
prises dans le ciment amianté, elles
ne sont pas dangereuses, car il y
a toujours des ouvriers qui inter‑
viennent à ces endroits, par exemple
des électriciens qui y font des trous
ou qui les raclent pour faire passer
des fils ou des gaines. De plus, en
vieillissant, le matériau continue
de se dégrader petit à petit et des
fragments se détachent. Les fibres
ne se voient pas, on ne les sent pas,
pourtant quand on fait des mesures,
on peut trouver d’énormes quantités
de fibres dans une atmosphère qui
paraît pourtant très saine.
A.C.  : Vous révélez une autre
source de contamination : l’ali‑
mentation et certaines bois‑
sons. Mange-t-on vraiment de
l’amiante ?
R.L. : Oui. La principale source
de contamination, ce sont les fibres
inhalées, mais on en a aussi dans
des boissons et des aliments qui
sont toujours commercialisés. C’est
un tabou, pourtant je rappelle que
l’amiante a longtemps été utilisé
pour filtrer le vin et même des bières
et des sodas, y compris en France.
Les filtres amiantés ont relargué
jusqu’à des millions de fibres cancé‑
rigènes par litre. Il y a eu à ce sujet
quelques procès d’ouvriers viticoles
qui ont gagné contre leur employeur,
mais ces jugements sont restés très
discrets. L’utilisation des filtres à
l’amiante a, en principe, été bannie
par une circulaire ministérielle au
début des années 1980, mais l’inter‑
diction réelle a été sans cesse déniée,
transgressée et repoussée. Plusieurs

marques ont continué même après
l’interdiction de l’amiante en France,
en 1997.
Les décideurs de l’Union euro‑
péenne (UE) ont joué sur les délais.
Il faut rappeler que ce n’est qu’en
2005 que tous les pays de l’UE sont
censés avoir mis fin au commerce de
produits comportant de l’amiante.
De plus, l’amiante dans les vieilles
bouteilles millésimées n’est pas
détruit et bien que la loi interdise clai‑
rement la vente de produits contenant
de l’amiante, ces vins sont encore
dans les circuits de distribution et à
des prix très élevés.
Il faut aussi noter que l’eau du robi‑
net peut contenir de l’amiante. Cela
dépend notamment des endroits
où elle est pompée et des canali‑
sations par lesquelles elle passe.
Dans certaines nappes phréatiques,
on pense que l’eau est pure, car ces
nappes sont là depuis des millions
d’années, alors que la pluie et les
eaux de ruissellement passant sur les
revêtements routiers érodés drainent
la poussière d’amiante.
Quant aux canalisations en amiante­
ciment, elles n’ont pas été changées
assez vite et leur vieillissement a
largement passé les limites. Ces
canalisations se sont dégradées
d’une part à cause du contact perma‑
nent avec l’eau, en particulier dans
les régions où l’eau n’est pas très
calcaire et où le dépôt protecteur
ne s’est pas formé. Autre facteur
de dégradation, les tremblements
sismiques permanents : on ne s’en
rend pas compte sans sismographe,
mais la terre tremble en permanence
et les études sur l’usure des canalisa‑
tions montrent que ces tremblements
imperceptibles usent les points de
jonction, ce qui libère de l’amiante.
Ensuite, il y a de l’amiante dans
des aliments, du riz par exemple,
et des boissons en provenance des
pays qui n’ont pas interdit l’amiante,
principalement les pays d’Asie et du
bout de l’Europe de l’Est. Rappelons
que la Chine et la Russie restent les
plus gros producteurs d’amiante et
que les usages des filtres utilisant
de la poudre d’amiante n’y ont pas
tous disparu. Le riz et l’huile venant
de ces pays font partie des produits
qui ont été pointés lors de certains
contrôles. Il y a aussi des vins et
des bières d’importation, des sodas
et des jus de fruits. Les contrôles
restent d’ailleurs très insuffisants
au regard des volumes d’importa‑
tion. On découvre régulièrement de
l’amiante, mais on ne découvre que
ce que l’on cherche et les moyens des
contrôleurs ont été tellement réduits
que les douanes ressemblent à des
gardiens de foot dont les buts font
des centaines de kilomètres de large !
A.C.  : L’empoisonnement est
loin d’être terminé. Est-ce qu’il
y a d’autres produits dont il
faudrait se méfier ?
R.L. : Oui, c’est le cas du talc. Ce
produit connaît de plus en plus de
restrictions parce qu’il est souvent
mêlé à de l’amiante. À l’état natu‑
rel, le talc est pris dans des couches
géologiques qui sont souvent amian‑
tées. Évidemment, l’usage du talc est
destiné à la peau, mais il fait voler
les particules très pulvérulentes et
les bébés dont toutes les cellules sont
en plein développement sont très
vulnérables face aux risques.
Il faut bien penser que des produits
amiantés franchissent continuelle‑
ment les frontières en provenance
des pays d’Asie : des jouets, des bibe‑
lots, des contenants isothermes, des
produits de bricolage, des plaquettes
de frein, etc. On estime que près
de 14 % des produits importés
contiennent de l’amiante, dont une
bonne partie est achetée sur internet.
Une enquête a révélé que l’on a déjà
en France environ 80 kg d’amiante
par habitant du fait des importations
avant l’interdiction de 1997, ce n’est
pas la peine d’en ajouter… Qui plus
est dans des produits dont on ne se
méfie pas !
Amiante : 8 morts par jour (à quand la fin ?)
A.C. : Quels sont les types de
cancers liés à l’amiante ?
R.L. : Au début du combat contre
l’amiante, pour obtenir des avancées
sans diluer le discours, on a préféré
braquer les projecteurs sur les cancers
des voies aériennes, car ce sont les
affections principales. Si l’on s’en
tient aux expositions officiellement
reconnues, on se limite à deux grands
types de cancer : le cancer broncho‑
pulmonaire et le cancer de la plèvre,
l’enveloppe qui entoure le poumon.
Pour ce dernier, on parle de méso‑
théliome de la plèvre pulmonaire et
il est avéré qu’à 95 ou 97 %, il est
dû à l’exposition à l’amiante. Pour
le cancer bronchopulmonaire, on sait
que d’autres cancérogènes aggravent
les risques, comme le tabac bien sûr.
Les cancers spécifiquement liés à
l’amiante font environ 3 000 morts
chaque année.
Par contre, on minorise complè‑
tement le rôle de ces fibres dans
les cancers des voies digestives,
alors qu’elles font aussi des morts.
Outre celles qu’on avale directe‑
ment, une grande partie provient
des fibres inhalées qui retombent
dans l’œsophage. Il faut savoir que
la nuit, lorsqu’on est couché, le
tapis de cils couvrant l’intérieur des
poumons travaille pour en expul‑
ser toutes les impuretés. Elles sont
ainsi remontées et basculent vers le
tube digestif, de sorte que l’amiante
redescende tout le long de l’appareil
digestif, jusqu’au bout de l’intes‑
tin. Cet apport de fibres contribue
aux cancers des voies digestives, y
compris aux cancers du péritoine,
aux cancers colorectaux…
Le sujet est scientifiquement docu‑
menté depuis des années. Il est acquis
aujourd’hui que les fibres d’amiante
les plus voyageuses peuvent contri‑
buer aussi aux cancers du péricarde
(l’enveloppe du cœur), des ovaires,
de la vessie et de la moelle osseuse. À
vrai dire, on peut retrouver des fibres
d’amiante partout, dans le cerveau
9
Amiante : 8 morts par jour (à quand la fin ?)
également où l’on en détecte dans
des tumeurs.
L’amiante entre, par ailleurs, dans
des synergies avec d’autres toxiques.
Hélas, les seuils à ne pas dépasser
sont fixés à partir d’études toxico‑
logiques ou épidémiologiques qui
ne visent qu’un produit unique. Or
en réalité, dans nos poumons et tout
notre organisme, nous avons des
centaines de molécules différentes qui
ne devraient pas être là et le mélange
a souvent des effets beaucoup plus
explosifs qu’un seul toxique. Dans
le cas de l’amiante, son association
avec les goudrons du tabac produit
des synergies multipliant le risque
de développer un cancer.
A.C. : En tant que consomma‑
teur, que peut-on faire pour se
protéger de l’amiante ?
R.L. : Ce sont des démarches
que l’on fait rarement dans la vie
courante, pourtant tout utilisateur
d’un bâtiment doit pouvoir accéder,
en France, au bordereau de déclara‑
tion de la présence d’amiante et de
l’état de l’air. Si vous fréquentez un
gymnase, une école et dans votre
immeuble, vous pouvez demander
le « dossier technique amiante » qui
doit être tenu à jour.
Malheureusement, le repérage de
l’amiante par les diagnostiqueurs
reste souvent sous-évalué, ce qui est
encore un problème que j’aborde en
détail dans le livre, en particulier sous
l’angle de la corruption des entre‑
prises de contrôle des taux d’amiante
dans l’air… sachant notamment que
les collectivités publiques cèdent
parfois à la tentation, elles aussi, pour
limiter les coûts d’un désamiantage
qui pourrait être plus sérieux.
Les services des douanes sont censés
vérifier régulièrement les listes dres‑
sées par la banque de données Rapex
pour épingler les produits dangereux.
Il est bon de savoir que tout le monde
peut la consulter sur le site de la
1. https://ec.europa.eu/consumers/consumers_safety/safety_products/rapex/alerts/?event=main.listNotifications&lng=en
10
Commission européenne avant de
faire des achats1.
Si vous devez intervenir sur des
matériaux amiantés chez vous, il
faut faire appel à une entreprise de
désamiantage certifiée. Reste que
les entreprises se dérangent rare‑
ment pour des surfaces modestes…
Pour minimiser les risques, si vous
intervenez quand même sur des
endroits amiantés, par exemple sur
des plaques de fibrociment qui sont
tombées par terre ou qui se sont
effritées, l’idéal est de travailler au
mouillé, c’est‑à‑dire de les arroser
d’eau ainsi que le sol avant de passer
le balai, puis de nettoyer le balai et
la pelle sous le robinet. Il ne faut
surtout pas utiliser l’aspirateur, car
il recrache dans l’air les particules
fines, notamment les particules
d’amiante.
On peut retrouver
des fibres d’amiante
partout, dans
le cerveau également
où l’on en détecte dans
des tumeurs.
A.C. : Quelle serait la solution
pour en finir avec l’amiante ?
R.L. : La vraie solution serait d’avoir
des plans de prévention beaucoup plus
rigoureux. Et des contrôles dignes de
ce nom. Ce que je vois dans ce dossier,
comme dans bon nombre d’autres
domaines de santé publique, c’est
en effet le manque de contrôle, tout
particulièrement sur les contrôleurs
eux-mêmes. Le contrôle de l’amiante
est réalisé par des contrôleurs certes
agréés, mais qui ont un fonctionne‑
ment de clientèle, c’est‑à‑dire qu’ils
acceptent des compromis pour ne pas
perdre de marchés. C’est le même
problème qu’avec la police et les
juges, il faut contrôler les contrôleurs.
Il faudrait des sanctions beaucoup
plus lourdes pour mettre un terme
aux complaisances.
Dans tout le système, on a un mélange
d’ignorance, de course aux affaires,
de négligence et d’indifférence. On se
préoccupe de sa carrière et l’on ignore
les questions de santé publique.
Leur discours est du même niveau
que celui des personnes qui répètent
que si l’on faisait attention à tout, on
ne vivrait plus. Il est vrai qu’on a tous
ce type de réaction à un moment ou
un autre. On se croit pragmatique,
mais en fait, ce n’est pas comme ça
que l’on doit traiter les problèmes
de prévention.
A.C. : L’amiante est-il aussi une
bombe à retardement pour
nos enfants ?
R.L. : Oui, cette menace qui pèse sur
la santé va se prolonger sur plusieurs
générations, d’autant que le temps de
latence de l’apparition des cancers
est souvent très long. Le niveau d’ex‑
position ne s’abaissera d’ailleurs
irréversiblement qu’à partir du jour
où l’on arrivera à obtenir une inter‑
diction mondiale. Aujourd’hui, il y
en a encore beaucoup de pays qui
n’envisagent pas de l’interdire si la
pression internationale n’est pas
assez forte, à commencer par les
grands producteurs. L’amiante repré‑
sente encore beaucoup d’argent et le
lobbying est intense au niveau inter‑
national. On a même vu un retour en
arrière avec Trump, qui a autorisé de
nouveau l’amiante aux États-Unis,
alors que ces fibres font encore
40 000 morts par an dans ce pays…
Propos
recueillis par
Annie Casamayou
Naturopathe
Actualités
ɕ Santé de vos artères :
choisissez ce sel minéral !
Le magnésium réduirait signi‑
ficativement le stress tout en
régulant le système nerveux.
Simple effet de ricochet ?
En diminuant le stress, notre
tension artérielle s’emballe‑
rait moins et nous protégerait
ainsi d’accidents cardiovas‑
culaires ?
Rien n’est moins sûr…
Une récente étude1 vient de
révéler que son action est en
réalité physiologique et chimi­
que. Cette étude iranien­n e
de 2020, réalisée en double-
aveugle auprès de 64 patients,
a montré que la prise orale de
magnésium sur plus de six
mois permettait d’améliorer
la santé cardiaque en réduisant
les facteurs d’inflamma­tion
chez les personnes atteintes
de maladies coronariennes.
Le magnésium aurait ainsi un
effet protecteur sur les risques
d’athérosclérose, une mala‑
die qui entraîne la calcifica‑
tion des artères, perturbe la
circulation sanguine et porte
atteinte aux organes.
Ce sel minéral aux multi‑
ples vertus est donc un véri‑
table atout santé. Et l’on est
encore loin d’imaginer son
plein potentiel, l’existence du
magnésium dans le plasma
sanguin n’ayant été décou‑
verte qu’en 1920.
ɕ Migraine : cette enzyme agit sur vos mitochondries !
La migraine, comme son étymologie l’indique – « moitié du crâne » –,
est un mal de tête dont la douleur, souvent intense, se localise d’un
côté de la tête. Invalidantes quand elles sont chroniques, les migraines
concernent près de 15 % des adultes dans le monde. S’il existe des
traitements pour soulager la douleur, aucune solution préventive (à
part l’éviction des aliments sources d’intolérances alimentaires) n’a
pourtant fait ses preuves jusqu’à aujourd’hui.
Une récente méta-analyse2 parue en 2021 vient apporter une lueur
d’espoir à tous les migraineux. Elle montre que la CoQ10, une coen‑
zyme, aurait des effets préventifs anti-inflammatoires sur la migraine.
En effet, la migraine résulte d’une inflammation des vaisseaux
sanguins du système cérébral. Au niveau cellulaire, elle entraîne une
baisse des réserves énergétiques dans les mitochondries du cerveau
(les centrales électriques de nos cellules). Or la CoQ10 est connue
pour améliorer et stimuler leur fonctionnement. Les chercheurs ont
ainsi voulu démontrer cet effet dans la pratique et… bonne nouvelle :
les résultats sont probants.
En comparant les résultats de presque 400 migraineux sur plus de
six semaines, ils ont observé une réduction significative de la durée
des migraines (de 20 minutes par mois) ainsi qu’une réduction de
la fréquence (de 1,52 fois par mois). En revanche, elle n’a pas eu
d’effet sur la sévérité de la migraine.
ɕ Faux sucre, mais vrais effets (à proscrire)
C’est loin d’être une surprise : le sucre et ses avatars que sont les
édulcorants (dits aussi « non nutritifs », NNS) sont responsables non
seulement d’une éventuelle prise de poids, mais aussi de l’apparition
de désordres métaboliques comme le diabète.
Dans un essai randomisé3, parallèle et en double-aveugle, 137 jeunes
adultes en bonne santé ont été répartis en trois groupes : le premier
a reçu 48 mg de sucralose, le deuxième le double, le troisième de
l’eau comme placebo. Leurs taux d’insuline et de glucose ont été
mesurés régulièrement.
Les conclusions sont sans appel : la consommation chronique de
sucralose affecte durablement la résistance à l’insuline et au glucose
chez les sujets sains et à l’indice de masse corporelle normal. Dès
lors, faites la chasse non seulement au sucre, mais aussi à ses subs‑
tituts qui grignotent, eux aussi, votre capital santé.

1. Sobhani, Ali Reza et al., « Magnesium Sulfate Improves Some Risk Factors for Atherosclerosis in Patients Suffering from One or Two Coronary Artery Diseases: A
Double-blind Clinical Trial Study. », Clinical pharmacology : advances and applications, 25 Sep. 2020, doi:10.2147/CPAA.S261264
2. Sazali S, Badrin S, Norhayati MN, et al., « Coenzyme Q10 supplementation for prophylaxis in adult patients with migraine—a meta-analysis. », BMJ Open 2021;
doi: 10.1136/bmjopen-2020-039358
3. « Chronic sucralose consumption induces elevation of serum insulin in young healthy adults: a randomized, double blind, controlled trial. », DI/16/301/03/022.
https://nutritionj.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12937-020-00549-5

11
Vos microbes vous protègent ! Mon ordonnance probiotiques contre 10 pathologies

Dossier

Vos microbes vous protègent !
Mon ordonnance probiotiques
contre 10 pathologies
En Occident, nous avons à tort considéré les microbes comme des ennemis.
Bactéries, virus, germes… ils sont pourtant loin d’être mauvais ! Certaines bactéries
nous protègent et renforcent même nos défenses contre les intrus. Pourquoi alors ne
pas les utiliser pour soigner nos pathologies plutôt que de recourir aux antibiotiques
qui tuent tout ? Voici l’ordonnance probiotiques du Dr Frey.

Dr Michel Frey Docteur en médecine, il est spécialiste des questions de vieillissement et

de fertilité. Durant ses années de pratique au service des armées, il a étudié l’impact négatif
du stress sur l’organisme et a développé un protocole adapté pour y répondre. Michel Frey est
également diplômé de médecine traditionnelle chinoise et auteur de nombreux ouvrages.

N ous appelons microbiome

l’ensemble des gènes des
micro-organismes. Le micro­
biote, quant à lui, rassemble le
groupe des microbes, les espèces, les
souches… Cela pourrait surprendre,
mais certains microbes contribuent à
développer le système immunitaire,
alors que d’autres influent sur l’hu‑
meur et favorisent l’anxiété. Cela
s’explique par le fait que certains
microbes ne font que passer, alors
que d’autres sont sélectionnés pour
être « exploités » par des « gènes »
récepteurs. Cette forme d’exploi‑
tation permet ainsi de générer un
système de réaction de défenses
immunitaires au même titre que
le principe de la vaccination : « Je
te reconnais et je t’accepte pour
venir constituer l’architecture du
microbiome intestinal » ou « Je ne
te reconnais pas et tu viens troubler
cet équilibre au risque de générer
une pagaille dans les fonctions intes‑
tinales. »
Halte à
l'antibiorésistance !
J’aimerais ici faire une analogie avec
la nature. Comme les rivières, les
forêts, la terre, les microbes font
partie de notre écosystème, mais
malheureusement nous utilisons à
tout va des antibiotiques qui ont pour
but de les détruire. Quand on connaît
les effets de l’antibiorésistance, on
peut se demander : que va‑t-il se
passer quand ils viendront à dispa‑
raître complétement ?
Les écosystèmes vont-ils s’effon‑
drer ? Il faut considérer un besoin
de stabilité « adaptative » des écosys‑
tèmes et préserver le rôle des microbes
qui contribuent à cette stabilité, y
compris dans notre organisme.
Notre santé repose en partie sur nos
microbes, lesquels sont grandement

12

responsables de notre adaptabilité
aux différents systèmes environne‑
mentaux. Les microbes poussent,
en effet, l’organisme à répondre
par la modification de nos gènes
protecteurs. C’est donc une erreur de
vouloir à tout prix éliminer systémati‑
quement cette présence microbienne
par l’utilisation d’antibiothérapie.
Certes, et loin de faire le procès de
cette médecine, il faut simplement
savoir doser l’urgence de l’inva‑
sion microbienne. Et ne pas oublier
l’adaptabilité à l’environnement que
la nature cherche toujours à réaliser…
Une médecine
évolutive
La médecine chinoise a su prendre
en compte ce principe et construire
une thérapeutique adaptée à toutes
les formes d’évolution : climatiques,
alimentaires, psychologiques ou
microbiennes et virales. L’utilisation
des 365 points d’acupuncture offre
un éventail considérable de straté‑
gies thérapeutiques selon les modi‑
fications de notre environnement,
contrairement à notre médecine dite
conventionnelle où le choix des trai‑
tements ne repose que sur la mani‑
festation pathologique du moment et
rarement sur l’anticipation.
Mais en médecine comme sur les
questions environnementales, un
nouveau virage semble s’amorcer
quant à la compréhension du micro‑
biome.
En écologie, la place des micro‑
biomes dans l’explication de la dyna‑
mique des écosystèmes et de leur
stabilité est de plus en plus prise en
compte ; et leur possible « répara‑
tion » – par exemple la bioremédia‑
tion (ensemble de techniques utili‑
sées pour dépolluer un site naturel,
sol, sédiments, eaux de surface ou
souterraines) – passera aussi par les
microbiomes.
Vos microbes vous protègent ! Mon ordonnance probiotiques contre 10 pathologies
Des découvertes historiques, et pourtant…
Si de nos jours on considère les
microbes comme des ennemis,
nous avons oublié certaines
découvertes essentielles.
Il y a plus d’un siècle un scien‑
tifique russe, Elie Metchikoff,
lauréat du prix Nobel, avait avan‑
cé l’idée que les bactéries produi‑
sant de l’acide lactique offraient
des bénéfices pour la santé. Selon
lui, « l’auto­-intoxication intesti‑
nale » et le vieillissement qui en
résultait pouvaient être supprimés
en modifiant la flore microbienne
de l’intestin : il suffisait alors de
remplacer.
Il développa ainsi un régime
alimentaire à base de lait fermen‑
té par une bactérie qu’il appela
« Bacille bulgare ».
En 1917, avant la
découverte de la péni‑
cilline par Sir Alexan‑
der Fleming, le scienti‑
fique allemand Alfred Nissle
isola une souche non pathogène
d’Escherichia coli à partir des
selles d’un soldat de la Première
C’est ainsi toute une réflexion nou­-
velle sur l’existence microbienne qui
nous fait réfléchir sur de nombreuses
applications dans le domaine de la
médecine personnalisée, même si
elles nécessitent encore des études
appro­fondies.
Plus de bactéries
en nous que de
cellules humaines !
Apparu sous forme de vie sur Terre il
y a plus de trois milliards d’années,
un microbe ou germe (nommé égale‑
ment « petite vie ») est un organisme
vivant invisible à l’œil nu.
Nommé également bactérie, il est
constitué d’une unique cellule entou‑
rée d’une paroi et dépourvue de
Guerre mondiale qui n’avait
pas développé l’entérocolite
lors d’une épidémie de dysen‑
terie. La souche d’Escherichia
coli est un des rares exemples de
probiotique qui ne soit pas une
bactérie lactique.
Henry Tissier (de l’Institut Pas­
teur) isola un Bifidobacterium à
partir d’un enfant nourri au sein
avec l’intention de l’administrer
aux enfants souffrant de diarrhée.
Il a postulé que la bifidobactérie
remplacerait la bactérie protéoly‑
tique qui cause la diarrhée.
De nos jours, PubMed révèle que
1 500 études sur les probiotiques
ont été publiées, ainsi que près
de 350 sur les prébiotiques. Ces
études sont hétérogènes quant
aux souches utilisées,
aux prébiotiques testés
et aux populations
étudiées, mais les preuves
ainsi accumulées confirment
l’hypothèse que les bienfaits
sont mesurables dans beaucoup
de contextes.
noyau (organisme appelé proca‑
ryote).
C’est une cellule à part entière possé‑
dant son génome qui peut ainsi péné‑
trer dans notre corps sans pour autant
être reconnue comme « intrus » à
l’organisme.
Chez l’homme, on trouve dix fois
plus de cellules bactériennes que
de cellules humaines1. L’immense
majorité d’entre elles sont inoffen‑
sives, voire bénéfiques pour le corps
humain, même s’il existe des espèces
pathogènes à l’origine de nombreuses
maladies infectieuses comme la peste,
la tuberculose, le choléra, la syphilis,
etc.
Les plus dangereuses sont celles qui
causent des infections respiratoires :
la tuberculose tue encore plus de
deux millions de personnes par an.
13
Vos microbes vous protègent ! Mon ordonnance probiotiques contre 10 pathologies
Mauvais microbe
ou système
immunitaire affaibli ?
Il est important de comprendre que
l’impact négatif, et donc pathogène,
d’un microbe est en réalité la consé‑
quence d’une fragilité immunitaire.
Toute manifestation microbienne
peut être à la fois salvatrice dans
notre organisme, lui permettant
de développer des anticorps ou un
équilibre de la flore intestinale, ou
être violemment destructrice en cas
d’insuffisance immunitaire.
Ces microbes pénètrent alors dans
l’organisme par l’intermédiaire des
plaies, des muqueuses, de l’alimen‑
tation ou de la respiration.
Les mesures d’hygiène fondamen‑
tales doivent suffire à éviter une
propagation trop importante, mais
une petite quantité de pénétration
peut également nous conduire à
développer nos anticorps et donc
stimuler nos défenses immunitaires.
Invasion dans
l’intestin grêle !
Analysons maintenant le mode de
propagation des microbes (bactéries)
et virus dans la paroi intestinale et
plus précisément celle de l’intestin
grêle.
La prolifération bactérienne se produit
lorsqu’on peut détecter plus de
100 000 germes par millilitre de jus
dans l’intestin grêle. En impliquant
des bactéries dans le processus diges‑
tif, des diarrhées, des selles grasses,
des flatulences, une carence en fer
et vitamines peuvent survenir. En
règle générale, il y a rarement une
prolifération bactérienne dans l’in‑
testin grêle sans qu’une maladie
sous-jacente ne soit trouvée. C’est ce
que nous appelons les MICI (mala‑
dies inflammatoires chroniques de
l’intestin).
14
Les virus sont-ils dangereux ?
Les virus ne sont pas des cellules,
mais des particules infectieuses
dont les gènes sont enfermés dans
une coque protéique infectieuse et
qui ne peuvent se répliquer qu’en
pénétrant dans une autre cellule.
Ce mécanisme les rend beaucoup
plus dangereux, car en pénétrant
dans une cellule, ils peuvent se
propager dans tout l’organisme
par les muqueuses et le sang. Seul
notre système immunitaire peut
y faire face en développant des
antigènes qui vont créer, par la
suite, une forme d’immunité par
la reconnaissance du virus. L’anti­-
biotique n’a donc pas d’inci‑
dence thérapeutique sur le virus,
il n’empêche pas la pénétration
d’un microbe pathogène : seul
Toutefois cette activité microbienne,
si elle est bien gérée par notre micro‑
biome, ne portera pas à conséquence
pathologique. Cette fonction intes‑
tinale s’apparente à un chef d’or‑
chestre qui sait répartir les partitions
et les exécuter sans fausse note.
Cet orchestre de chambre est donc
notre microbiote dont la grande
composition doit respecter la bonne
gestion digestive.
À chaque pathologie
sa souche
Depuis quelques années, les scienti‑
fiques s’intéressent de plus en plus
à certaines souches de micro-orga‑
nismes vivants (bactéries ou levures)
qui peuvent nous être très bénéfiques
pour la régulation du microbiote ;
ce sont des probiotiques. Leur rôle
essentiel est de renforcer la barrière
principale qui est l’intestin grêle et
de stimuler nos défenses naturelles
face aux infections, alimentaires
pour la plupart.
l’organisme peut le faire. C’est
pour cela qu’on a développé le
système de vaccination permet‑
tant à notre corps de reconnaître
l’intrus viral et de le combattre.
Tout d’abord, le virus rencontre
la cellule cible. L’attachement du
virus à la cellule survient alors,
suite à la reconnaissance d’un
récepteur qui est spécifique pour le
virus et correspond classiquement
à une protéine de surface de la
cellule-cible.
Le récepteur est donc générale‑
ment un déterminant crucial du
tropisme d’un virus ; c’est ainsi
que se fait l’envahissement, un
peu à la manière du cheval de Troie
dans la mythologie grecque…
Les probiotiques sont largement
utilisés en automédication. Dans
l’alimentation au quotidien, ils sont
présents dans les produits fermentés
comme les produits laitiers, les kéfirs
et les légumes marinés.
Nous les trouvons également dans
les compléments alimentaires et
le plus célèbre reste l’ultralevure,
isolée pour la première fois par le
scientifique français Henry Bouard,
en 1923, à partir de litchis et de
mangoustans. Plusieurs types de
probiotiques sont disponibles actuel‑
lement dans le commerce, mais tous
n’ont pas la même destinée.
Comment agissent-ils ? Certains
vont protéger le tube digestif en
empêchant la colonisation par des
micro-organismes dits pathogènes en
développant des substances antimi‑
crobiennes. D’autres vont renforcer
la barrière intestinale en stimulant le
système immunitaire.
D’un probiotique à l’autre, le mode
d’action varie selon sa fragilité au
contact des muqueuses et son dosage
nécessaire pour une réelle efficacité.

Voici les probiotiques les plus impor‑
tants en fonction des pathologies
qu’ils traitent :
1. L’antidiarrhéique: le
Lactobacillus rhamnosus GG
Une des principales pathologies
manifestées par les intestins reste la
diarrhée d’origine bactérienne. Les
probiotiques Lactobacillus rhamno‑
sus GG et Bifidobacterium adoles‑
centis sont probablement les plus
indiqués dans le traitement.
Lactobacillus rhamnosus GG fait
partie des probiotiques. Ingéré en
quantités adéquates, il produit des
effets bénéfiques sur l’organisme. En
effet, les probiotiques de ce type sont
connus pour influer sur la composi‑
tion des différents microbiotes de
l’organisme :
● Le microbiote intestinal, connu
pour son rôle dans la digestion et la
défense de l’organisme ;
● Le microbiote vaginal.
Cette souche de probiotiques permet
de lutter contre le développement
d’agents infectieux tels que des bacté‑
ries pathogènes, mais également de
restaurer l’équilibre du microbiote
intestinal. C’est la raison pour laquelle
la souche Lactobacillus rhamnosus
GG est couramment utilisée pour le
traitement des diarrhées, dont celles
provoquées par les rotavirus et les
antibiotiques. Au‑delà de la flore
intestinale, la souche Lactobacillus
rhamnosus permettrait également de
réduire la perméabilité de l’intestin.
Cette action s’avère particulièrement
intéressante pour limiter certains
troubles digestifs, notamment dans le
cadre du syndrome de l’intestin irri‑
table. Grâce à toutes ses actions au
niveau du système digestif, la souche
Lactobacillus rhamnosus GG contri‑
bue à préserver et restaurer le confort
digestif et aide considérablement à
soutenir le système immunitaire.
Les souches Bifidobacterium adoles‑
centis sont des habitants normaux
des voies intestinales humaines et
animales saines. La colonisation
Vos microbes vous protègent ! Mon ordonnance probiotiques contre 10 pathologies
de B. adolescentis dans l’intestin
survient immédiatement après la
naissance. Leur population intesti‑
nale a tendance à maintenir une stabi‑
lité relative jusqu’à la fin de l’âge
adulte où des facteurs tels que l’ali‑
mentation, le stress et les antibio‑
tiques la font décliner.
Cette espèce a été isolée pour la
première fois par Tissier, en 1899,
dans les excréments de nouveau-nés
allaités. Depuis lors, leur présence
dans l’intestin est associée à un
microbiote sain.
La corrélation entre la présence
de ces bifidobactéries et la santé
gastro-intestinale a donné lieu à de
nombreuses études. Ces organismes
probiotiques sont aujourd’hui utili‑
sés comme additifs alimentaires,
dans les produits laitiers notamment.
Des bifidobactéries, comme Strepto‑
coccus thermophilus et Enterococ‑
cus faecium, ont ainsi été ajoutées
dans les produits laitiers, notamment
le yaourt et le lait.
2. L’acné : un lien
bactérien
L’acné est associée à une augmen‑
tation des bactéries anaérobies qui
affectent la flore cutanée sensible.
Des chercheurs de l’hôpital Rasoul
Akram, en Iran, ont découvert que
l’augmentation de la quantité de
bonnes bactéries dans l’intestin avec
un supplément probiotique aidait
à combattre les agents pathogènes
infectieux qui causent l’état de la
peau et maintenait également le bien-
être de l’intestin et du microbiote de
la peau.
Les souches proposées : Bifidobacte‑
rium adolescentis, plantarum, Lacto‑
bacillus rhamnosus.
3. Allergies : une
immunité hypersensible
Dans le terme allergie, j’inclus
l’asthme ainsi que les allergies et
intolérances alimentaires. Être aller‑
gique, c’est présenter une hypersen‑
sibilité du système immunitaire face
La famille des Lactobacillus est aussi très
efficace contre les rhinites allergiques !
à un allergène (ou plusieurs, selon
les cas). Plus sensible à certains
éléments de notre environnement,
notre organisme lance une réaction
excessive à cet agent extérieur.
Pour que l’allergie se déclenche,
deux conditions sont nécessaires :
une prédisposition génétique chez
l’individu et une exposition à la
substance allergène. La prédisposi‑
tion génétique ou héréditaire à déve‑
lopper une allergie est généralement
appelée atopie. Rhinite, asthme aller‑
gique, eczéma, conjonctivite : l’al‑
lergie peut s’exprimer de bien des
façons et à tous les âges de la vie,
même si la période de l’enfance et de
l’adolescence est souvent cruciale.
La rhinite allergique saisonnière se
développe généralement en période
préscolaire et scolaire. Dans 80 %
des cas, les signes de rhinite aller‑
gique se manifestent durant les vingt
premières années.
Les souches proposées : Lactoba‑
cillus acidophilus, Bifidobacterium
adolescentis Strepto­coccus thermo‑
philus.
4. Ballonnements :
déséquilibre de la flore
Le stress, un changement d’alimen‑
tation ou encore la prise d’antibio‑
tiques perturbent de façon transitoire
la flore intestinale, ce qui peut occa‑
15
Vos microbes vous protègent ! Mon ordonnance probiotiques contre 10 pathologies
sionner des ballonnements, gêner
la digestion ou provoquer des diar‑
rhées. Pour améliorer ces troubles,
l’intérêt d’aliments contenant des
probiotiques est bien connu. Ces
derniers sont des micro-organismes
vivants, principalement des bactéries
ou des levures.
Les souches proposées : Lactoba‑
cillus acidophilus, Bifidobacterium
diverses, Lactobacillus rhamno‑
sus LGG. Il vaut mieux choisir des
probiotiques sans prébiotiques et si
possible avec enzymes.
5. La colite ou syndrome
du côlon irritable
S’il y a une affection qui porte
parfaitement son nom, c’est bien
le syndrome du côlon irritable. Il
remporte tous les honneurs dans la
course aux désagréments agaçants
et irritants, rendant la vie de ceux
qui en souffrent particulièrement
incommodante (croyez-en l’expé‑
rience de l’auteur de cet article…).
Et pourtant, ce trouble fonctionnel
des intestins, aussi appelé syndrome
de l’intestin irritable, SII ou encore
colopathie fonctionnelle, touche
10 % de la population mondiale et
5 % en France. Les femmes âgées
de 20 à 40 ans sont particulière‑
ment concernées. L’origine reste
complexe, car elle est bien souvent
la conséquence d’un faisceau de
causes comme un terrain de stress,
une alimentation mal orchestrée et
l’hérédité. Là encore, une colonisa‑
tion bactérienne s’impose, causant
une anarchie sur le microbiome.
Les souches proposées : Bifidobacte‑
rium longum, Lactobacillus (acido‑
philus, lactis, plantarum, casei)
Streptococcus thermophilus.
6. La constipation :
le grand ralentissement
La constipation (autre qu’un problème
de péristaltisme) est souvent passa‑
gère, due à diverses raisons comme
la grossesse, un changement d’habi‑
tudes alimentaires, un voyage, etc.,
16
Le Bifidobacterium est la souche clé pour
traiter le syndrome du côlon irritable.
mais elle devient chronique quand
elle dure plus de six mois et si elle est
accompagnée d’autres signes.
La constipation peut être de deux
natures différentes :
● La constipation distale (ou termi‑
nale) concerne l’évacuation au niveau
du rectum, où les selles dures sont
« bloquées » pendant plusieurs jours.
● La constipation de transit, où
les selles restent longtemps dans le
côlon et où la contraction des intes‑
tins est insuffisante pour les pous‑
ser. L’insuffisance de fibres dans les
repas, la consommation excessive
de graisses, de féculents comme
les pommes de terre ou le riz, d’ali‑
ments à base de farine, une consom‑
mation insuffisante d’eau sont autant
de facteurs favorisant ce type de
constipation.
De nombreux autres éléments de la
vie quotidienne peuvent provoquer
la constipation : l’âge, la sédenta­
rité, le stress, les problèmes psycho‑
logiques, etc. Certaines maladies
chroniques sont aussi des causes
non négligeables : diabète (méta‑
bolique), hypothyroïdie (endocri‑
nienne), accidents vasculaires céré‑
braux, paraplégie (neurologique),
sclérose en plaques, etc. La consti‑
pation n’est donc pas une patholo‑
gie, mais un symptôme qui pourrait
s’aggraver si elle dure et entraîner
des difficultés telles que des hémor‑
roïdes, une occlusion intestinale ou
une fissure anale.
Les souches proposées : Bifidobac‑
terium (bifidum, longum, infantis,
adolescentis, plantarum), Lacto‑
bacillus acidophilus, Lactobacillus
rhamnosus GG.
7. Rectocolite
hémorragique :
des lésions du côlon
La rectocolite hémorragique fait
partie des maladies inflammatoires
chroniques de l’intestin (MICI).
Elle se caractérise par des lésions
continues, le plus souvent superfi‑
cielles, qui débutent dans le rectum et
peuvent s’étendre sur l’ensemble du
côlon sans jamais atteindre d’autres
segments du tube digestif.
Elle évolue par poussées entre‑
coupées de périodes de rémission
(périodes calmes sans symptômes).
Le symptôme le plus fréquemment
rencontré au cours de la RCH est
la présence de sang dans les selles
(rectorragies). Ceci peut être accom‑
pagné d’émission de glaires, de diar‑
rhées, de douleurs abdominales…
Les poussées sévères de la mala‑
die peuvent déboucher sur une perte
de poids, une fatigue importante et
parfois de la fièvre.
Les souches proposées : Bifidobac‑
terium bifidum, Lactobacillus (acido‑
philus, plantarum, rhamnosus, reuteri).
8. Cystite : invasion de
(mauvaises) bactéries
Les cystites ou/et cystalgies sont des
infections d’origine bactérienne. Les
souches impliquées sont naturelle‑
ment présentes dans le microbiote
intestinal, mais distinctes de celles
responsables des infections intesti‑
nales. Escherichia coli est l’agent
pathogène prédominant. De récents
travaux portent sur la prévention
des récidives par des applications
vaginales ou des apports oraux de
lactobacilles avec une preuve d’ef‑
ficacité pour certaines souches : en
particulier L. rhamnosus, L. reuteri,
et L  acidophilius. La canneberge
semble, par ailleurs, avoir une effica‑
 Vos microbes vous protègent ! Mon ordonnance probiotiques contre 10 pathologies

cité dans la prévention des rechutes,
mais cela reste à prouver.
9. Lenteur digestive :
conséquence de
l’alimentation
Les ballonnements, l’acidité gastri­
que, les difficultés digestives sont le
lot de tous ces inconforts au quoti­
dien dont souffrent près de 60 %
de la population française. Mau‑
vaise hygiène alimentaire ? Alcool ?
Médicaments ? Anxiété ? Toutes ces
causes peuvent être responsables des
troubles de la mauvaise digestion,
et en particulier l’excès d’acidité au
niveau des muqueuses gastriques et
intestinales.
Les souches proposées : Bifidobac‑
terium (bifidum, longum, infantis,
adolescentis) Lactobacillus (acido‑
philus, casei, plantarum) + enzymes.
10. La gastro-entérite :
la grippe intestinale
Le terme gastro-entérite signifie
inflammation du tractus gastro­
intestinal. Elle est souvent appelée
grippe intestinale par invasion d’un
Norovirus d’origine soit alimentaire,
soit bactérienne par les muqueuses,
mais, là encore, l’explication reste
incertaine. Extrêmement répandue,
surtout chez les enfants, la gastro­
entérite est aussi très contagieuse.
D’origine bactérienne, elle se mani‑
feste souvent en fin d’année, proba‑
blement liée à l’alimentation. Il
semblerait que cela corresponde,
lors des fêtes de fin d’année, à la
consommation d’huîtres. Certains
auteurs évoquent la contamination
bactérienne d’une micro-algue qui
serait responsable de la prolifération
bactérienne ; hypothèse non négli‑
geable compte tenu de la théorie
invasive sur les muqueuses intesti‑
nales. La protection par les probio‑
tiques peut, là encore, se justifier à
titre préventif.
Les souches proposées : Bifidobac‑
terium, Lactobacillus acidophilus,
L. casei.
Éviter ou renforcer ?
Le point d’équilibre
Nous devons maintenant réfléchir
sur l’impact nécessaire de ces diffé‑
rentes souches de bactéries tout à la
fois « iatrogènes » (extérieures) et
indispensables à la gestion de notre
microbiote. Où se situe l’équilibre ?
Trop de pré­cautions contre les conta‑
minations bactériennes conduisent
Sources et références
consultables en ligne sur https://staticmail.editionsbiosante.fr/2021/03/
sce58/sce58sources.pdf
à réduire notre capacité à créer nos
anticorps quand, inversement, trop
peu de prévention peut aussi favo‑
riser l’invasion pathogène.
Un juste milieu pourrait être la solu‑
tion, mais en tenant toujours compte
de nos propres capacités immuni‑
taires. Là encore, il faut privilégier
notre système de santé au quotidien,
à savoir dans les grandes règles :
● Une alimentation variée et équi‑
librée selon les saisons ;
● Garder une bonne confiance en
nos capacités à nous défendre ;
● Pratiquer une activité physique
régulière pour trouver un exutoire à
nos problèmes au quotidien ;
● Ne jamais culpabiliser si nous
faisons une entorse aux règles d’hy‑
giène au quotidien, cela est le plus
important.
En conclusion, soyons à l’écoute de
notre deuxième cerveau : l’intestin
grêle, c’est probablement le chef
d’orchestre de la gestion de nos
besoins.
Dr Michel Frey

Actualités
ɕ Thé vert : un rempart anti‑acné ?
Connu pour ses propriétés antioxydantes et son
goût subtil, le thé vert est une excellente boisson
santé. Mieux : il ferait également des miracles sur
les peaux à problème, notamment sur l’acné.
Que ce soit à l’adolescence, à la ménopause ou
après des repas trop riches, ces boutons disgracieux
sont toujours liés à une hypersécrétion de sébum
qui obstrue les follicules de la peau.
En comparant plusieurs études concernant les
effets du thé vert sur l’acné, des chercheurs ont
compilé les résultats1 pour aboutir à la conclusion
suivante : l’application topique et cutanée d’extrait
de thé vert est bénéfique dans le traitement de
l’acné, et ce, sans aucun effet secondaire, contrai‑
rement à de nombreux produits chimiques. Toute‑
fois, les résultats concernant la prise orale ne sont
pour le moment pas assez probants et des études
supplémentaires devraient être menées.
Pas étonnant que, depuis plusieurs années, de
plus en plus de fabricants de cosmétiques naturels
ajoutent du thé vert dans leur crème.

1. Kim, S, Park, TH, Kim, WI, Park, S, Kim, JH, Cho, MK, « The effects of green tea on acne vulgaris: A systematic review and meta-analysis of randomized clinical
trials. », Phytotherapy Research. 2020; 1– 10. https://doi.org/10.1002/ptr.6809
17
Hyperthyroïdie : levez le pied pour la traiter !

Dans le cabinet du naturopathe

Hyperthyroïdie : levez le pied

pour la traiter !
Lorsqu’on parle de la thyroïde, on pense souvent à l’hypothyroïdie, l’affection la
plus fréquente. Mais n’oublions l’hyperthyroïdie qui touche entre 1 et 6 % de la
population selon l’âge et le sexe, dont beaucoup sans le savoir. C’est le cas aussi
pour les nodules, présents chez une personne sur deux. Des solutions naturelles
existent pour rétablir l’équilibre thyroïdien avant de recourir aux traitements
conventionnels, loin d’être sans conséquence.

comment agir naturellement pour

Florence Muller est naturopathe en région pari‑ aider sa thyroïde à revenir à l’équi‑
sienne. Diplômée de l’ISUPNAT, elle axe particuliè‑ libre, de faire le point sur cette mala‑
rement sa pratique sur l’alimentation (nutrithérapie), die, les traitements conventionnels
la gestion du stress et l’utilisation des plantes. et leurs éventuelles conséquences.

Quand la thyroïde

L orsque j’ai reçu Clémence, rien dit », me dit-elle. Sa maladie s’emballe

une jeune femme de 35 ans,
j’avais une véritable pile en
face de moi. Elle était très nerveuse,
agitée, elle parlait vite. Ses mains
tremblaient légèrement. J’ai tout de
suite remarqué ses yeux exorbités et
le goitre au niveau de sa gorge. Elle
était aussi un peu maigre et transpi‑
rait beaucoup alors qu’il ne faisait pas
chaud. Elle se plaignait d’insomnie,
d’une grande fatigue et de faiblesse
musculaire. Dès qu’elle s’est arrêtée
pour reprendre son souffle, je lui ai
demandé depuis combien de temps
elle avait la maladie de Basedow.
Elle fut un peu surprise. « Comment
savez-vous ? Je ne vous ai encore
a été découverte en 2015. C’est le
goitre qui ne cessait de grossir à la
base de son cou qui l’a alertée, tout
comme son médecin.
Clémence a reçu pendant un an un
traitement à base de Néo­‑Mercazole.
Les choses sont rentrées dans l’ordre
pendant les deux premières années.
Ensuite, ses symptômes ont com­-
mencé à revenir par périodes et là,
c’est la rechute. Son goitre est de
nouveau là.
Clémence est un peu perdue : elle ne
comprend pas cette maladie, ni son
traitement ni son évolution. Il me
semble donc essentiel, avant de voir
Quand la thyroïde s’emballe… c’est
l’hyperthyroïdie, c’est‑à‑dire une
sécrétion excessive d’hormones
thyroïdiennes par la thyroïde, abou‑
tissant à une hyperactivité de l’or‑
ganisme. En bref, tout fonctionne
trop vite.
Sautes d’humeur,
diarrhées, palpitations…
la maladie de Basedow
Clémence m’a déjà décrit ses symp­
tômes. En l’interrogeant, je cons­
tate qu’elle souffre aussi de palpi‑
tations, qu’elle ne supporte pas la
chaleur, qu’elle est sujette aux sautes
d’humeur, surtout au moment des

18

règles. Son cycle est devenu complè‑
tement irrégulier. Quant à son tran‑
sit, il est trop rapide. Ses selles sont
molles et elle a souvent des diarrhées.
Clémence présente tous les symp‑
tômes de l’hyperthyroïdie et nous
en connaissons la cause, la maladie
de Basedow, aussi appelée maladie
de Graves.
Il s’agit d’une pathologie auto­
immune. Cela signifie que le sys­
tème immunitaire de Clémence « dé­­-
b­loque » et qu’il fabrique des anti­
corps qui vont nuire au bon fonction­
nement de sa thyroïde. Ici, il s’agit
des TRAKS, des anticorps antirécep‑
teurs de la TSH qui viennent se fixer
sur les récepteurs de la TSH, empê‑
chant ainsi cette dernière de jouer
son rôle de régulateur de la thyroïde.
Celle-ci continue de produire des
hormones thyroïdiennes, indépen‑
damment des besoins réels de l’or‑
ganisme. Devenue hyperactive, elle
augmente aussi uniformément de
volume, sans qu’il y ait nécessaire‑
ment de nodules.
Nodules toxiques, médicaments ou stress : les autres causes de
l’hyperthyroïdie
La maladie de Basedow est la
première cause d’hyperthyroïdie,
pour environ 90 % des cas. Mais
l’hyperthyroïdie peut aussi être
due à la présence d’un ou plusieurs
nodules, appelés toxiques, car
ils produisent des hormones de
façon excessive. Lors d’une scin‑
tigraphie, l’un des examens de la
thyroïde, ces nodules « chauds »
captent et fixent de façon impor‑
tante les marqueurs radioactifs.
Il faut toutefois bien distinguer le
goitre, fréquent dans la maladie
de Basedow, qui correspond à une
augmentation du volume de toute
la thyroïde, et le goitre nodulaire
ou multi-nodulaire qui correspond
à l’augmentation hétérogène du
volume de la thyroïde, uniquement
là où se trouvent le ou les nodules.
Les antithyroïdiens traditionnels sont
toxiques pour le foie et l’immunité !
On parle alors de goitre toxique
répandu. Chez Clémence, les TRAKS
étaient très élevés, confirmant la
forme auto-immune de son hyperthy‑
roïdie et expliquant la présence de ce
goitre. Le reste de son bilan sanguin
était sans appel. Sa TSH était très
basse, inférieure à 0.01 mUI/L et ses
taux de T4 et T3, les deux principales
hormones thyroïdiennes, étaient très
élevés, bien au‑delà des normes.
Notez aussi qu’un goitre peut exis‑
ter en cas d’hypothyroïdie ou de
maladie d’Hashimoto, une forme
auto-immune de l’hypothyroïdie.
L’étape initiale de cette thyroïdite
peut d’ailleurs se traduire par une
hyperthyroïdie.
D’autres thyroïdites peuvent entraî­
ner des hyperthyroïdies, comme la
thyroïdite de De Quervain. Il y a
alors une inflammation des tissus
de la thyroïde. Elle peut faire suite
à une infection ou à une grossesse et
provoque de la fièvre, des douleurs,
des suées nocturnes et une grande
fatigue. Aucun traitement n’est
nécessaire, tout revient à la normale
en quelques mois.
Certains médicaments, notamment
avec beaucoup d’iode, peuvent
provoquer une hyperthyroïdie.
Hyperthyroïdie : levez le pied pour la traiter !
L’autre facette
des médicaments
Lorsqu’une hyperthyroïdie est dia­-
gno­stiquée, quelle qu’en soit la cause,
le traitement conventionnel consiste
en des substances antithyroïdiennes,
comme le Néo-Mercazole reçu par
Clémence. Ce médicament contient
un principe actif, le carbimazole, qui
inhibe la formation des hormones
thyroïdiennes en interférant avec
l’incorporation de l’iode dans la
thyréoglobuline. Le thiamazole,
principe actif du Thyrozol®, a les
mêmes effets. Ces deux principes
actifs sont aussi connus sous le nom
de méthimazole. Ce traitement est
prescrit pour quelques mois à plus
d’un an, puis est arrêté.
Ces traitements peuvent toutefois
avoir de lourdes conséquences.
D’abord, ils sont toxiques pour le
foie et la moelle osseuse (diminution
des globules blancs). Ils augmentent
les risques de pancréatite aiguë et
C’est le cas de l’amiodarone, pres‑
crit pour les arythmies cardiaques,
et des produits de contraste iodés.
L’arrêt de ces traitements fait
disparaître l’hyperthyroïdie. Atten‑
tion au surdosage d’hormones
thyroïdiennes prescrites en cas
d’hypothyroïdie.
Enfin, l’hyperthyroïdie peut être
provoquée par des évènements
très stressants de la vie ou encore
par une grande tension nerveuse
ou par ce stress qui nous stimule
pour réaliser nos grands projets.
Ce stress quotidien, dont nous
n’avons pas toujours conscience,
sollicite nos systèmes nerveux et
glandulaires. Notre thyroïde, alors
sursollicitée et surstimulée, répond
à nos demandes, mais elle pourrait
bien un jour finir par… s’épuiser.
19
Hyperthyroïdie : levez le pied pour la traiter !
peuvent, en cas de surdosage, provo‑
quer une hypothyroïdie, comme
c’était le cas de Clémence. Heureu‑
sement, cela n’est pas permanent.
L’arrêt des médicaments permet un
retour à l’équilibre même si, sur le
long terme, ils ne sont pas toujours
efficaces. L’hyperthyroïdie peut se
réinstaller et c’est précisément ce
qui arrive à Clémence.
Deux autres options de traitement
existent : l’iode radioactif, c’est ce
que le médecin de Clémence lui a
proposé en cas d’échec. Il s’agit
alors d’injecter un isotope radioactif
de l’iode (I-131). Il est capté préfé‑
rentiellement par les cellules de la
thyroïde qui seront ainsi détruites.
L’autre possibilité est l’ablation
chirurgicale de tout ou partie de la
thyroïde. Dans les deux cas, une
hypothyroïdie s’installe et devra
être traitée par des hormones thyroï‑
diennes de synthèse. Soigner une
maladie par une autre n’est sans
doute pas la solution idéale, ni la
première intention à avoir. Heureu‑
sement, on peut agir naturellement
sur un terrain auto-immun.
L’alimentation :
des changements
indispensables
Le premier axe de travail que je
propose à Clémence est l’alimenta‑
tion. Ce point est capital : elle devra
supprimer ou éviter certains aliments
et en privilégier d’autres. Ces chan‑
gements lui permettront à la fois
d’agir sur son terrain auto-immun et
de freiner l’activité de sa thyroïde.
On supprime les aliments
pro-inflammatoires (lait
et gluten)
La cause exacte de l’apparition
d’une pathologie auto-immune n’est
pas connue avec certitude, mais il
est établi que la consommation de
produits laitiers et de gluten génère
et entretient une inflammation de
20
Un nodule ? 95 % d’entre eux sont bénins
Les nodules qui se forment dans
la thyroïde sont très fréquents et
affectent environ une personne sur
deux. Ils sont souvent impalpables
et nous ignorons qu’ils sont là,
n’étant que rarement accompa‑
gnés de dysfonctionnements de
la thyroïde.
Parfois, un nodule trop volumi‑
neux pourra devenir gênant en
raison de la pression exercée sur
les tissus environnants, au niveau
de la gorge et de la trachée. Des
difficultés pour respirer ou déglu‑
tir peuvent se faire sentir.
95 % des nodules sont bénins :
parmi eux, 5 à 10 % sont toxiques
et facteurs d’hyperthyroïdie, 5 %
des nodules sont cancéreux. En
général, les femmes sont les plus
touchées.
bas-grade, potentiellement cause
de cette auto-immunité, et qu’elle
surstimule un système immunitaire
déjà dysfonctionnant et débordé.
Tous deux contiennent des peptides
qui passent la barrière intestinale,
devenue perméable, et se retrouvent
dans le sang alors qu’ils ne devraient
pas y être. Le système immunitaire
déclenche alors une réponse normale
de défense et inflammatoire pour se
débarrasser de l’hôte inopportun.
Stimulé quotidiennement, le système
immunitaire s’attaque « par erreur »
à nos propres cellules, les empê‑
chant de bien fonctionner, voire les
détruisant purement et simplement.
Bannir ces aliments de l’alimentation
permet de calmer le système immu‑
nitaire et l’inflammation et donc de
contenir la maladie. Cela restaure
aussi la muqueuse intestinale.
Le Pr Seignalet, en recommandant
une alimentation hypotoxique, a
obtenu d’excellents résultats sur
les personnes souffrant de diverses
pathologies auto-immunes. Une
étude1 a également montré, concer‑
La carence en iode, les dérègle‑
ments de la thyroïde, les radio‑
thérapies au niveau du cou ou
de la tête ou encore l’exposition
à des particules radioactives
augmentent le risque d’avoir un
ou plusieurs nodules à la thyroïde.
Veillez donc à maintenir le bon
équilibre de votre thyroïde. Ne
négligez pas votre apport en iode,
car la carence en cet oligo-élément
essentiel est impliquée dans l’ap‑
parition de nodules et dans leur
évolution. Consommez quotidien‑
nement des produits de la mer, des
algues et du sel marin non raffiné.
Pensez aussi au macérat de gui
(Viscum album) indiqué pour les
kystes de la thyroïde notamment
(5 à 15 gouttes 2 fois par jour en
dehors des repas en fonction du
fabricant).
nant la maladie d’Hashimoto, une
thyroïdite auto-immune affectant
la thyroïde, que la suppression des
produits laitiers faisait baisser natu‑
rellement la TSH trop élevée, sans
aucun traitement. Je conseille donc
à Clémence de supprimer tous les
produits laitiers, quelles qu’en soient
la forme ou l’origine animale, et le
gluten.
On désencrasse
l’organisme
Je l’invite à manger le plus bio
possible, à bannir les produits
ultra-transformés et industriels,
riches en additifs toxiques et pertur‑
bateurs endocriniens, à éviter les
cuissons dans des ustensiles en plas‑
tique, à choisir ses cosmétiques, ses
produits d’hygiène et d’entretien
les plus naturels possible… Bref
de limiter au maximum son exposi‑
tion aux substances de synthèse qui
pourraient encrasser son organisme,
entretenir son terrain auto-immun et
perturber son système endocrinien.

Pour calmer le jeu, elle devra éviter
tous les excitants comme le café, le
thé, le chocolat, l’alcool, les sodas
trop riches en caféine et/ou en sucres
et tous les produits trop sucrés qui
stimulent la thyroïde.
Plus d’aliments
goitrogènes au menu
Les aliments goitrogènes seront à
privilégier. Ils contiennent des thio‑
cyanates qui empêchent la fixation
de l’iode et donc la formation des
hormones thyroïdiennes. Ce sont
tous les choux, le raifort, le colza, les
graines de moutarde, les navets, les
radis, le millet, les pêches, la patate
douce ou encore les cacahuètes. Mais
pour être efficaces, ils doivent être
consommés en grande quantité et
surtout crus, car la cuisson supprime
partiellement l’effet goitrogène2.
Un apport en iode
quotidien
Quant aux aliments contenant de
l’iode, je ne les lui interdis pas
comme a pu le faire son médecin. Il
serait dommage de la priver d’une
bonne source de protéines, d’autant
plus que la cuisson détruit l’iode
en partie. Je lui précise surtout que
l’iode est un oligo-élément essentiel
pour la thyroïde et aussi pour de
nombreux autres tissus et glandes de
l’organisme. S’en priver serait donc
L’iode est votre amie : consommez des produits de la mer bio, idéalement un jour sur deux.
Hyperthyroïdie : levez le pied pour la traiter !
nuire à sa santé. Je lui recommande
un apport quotidien de sel marin
non raffiné et de consommer des
produits de la mer un jour sur deux,
notamment les petits poissons gras
pour les oméga-3 de type EPA/DHA
si importants pour la santé.
L’hygiène de vie :
on lève le pied
(il y a urgence) !
Stop à l’hyperactivité
Bien que la fatigue soit l’un des
symptômes de l’hyperthyroïdie, la
personne qui en souffre est souvent
hyperactive. Elle a de nombreuses
activités, se lève tôt, se couche tard,
travaille beaucoup. Elle en épuise
son entourage qui dit volontiers
d’elle qu’elle est speed. Clémence
correspond tout à fait à ce tableau.
Dès qu’elle ne travaille plus,
Clémence va courir, c’est sa soupape,
et elle voit ses amis. Elle n’est jamais
chez elle en fait, sauf pour dormir.
D’ailleurs son sommeil est mauvais :
elle a des insomnies en début ou
milieu de nuit. Elle ne s’endort
jamais avant 1 h du matin et est
réveillée dès 5 h. Conclusion : elle
est fatiguée, mais a quand même de
l’énergie pour tout faire, « donc ce
n’est pas grave », me dit-elle.
Au moins huit heures
par nuit
Voilà un point sur lequel nous ne
sommes pas d’accord. Le sommeil
est vital pour la santé. C’est notam‑
ment pendant le sommeil que le
système glandulaire, dont la thyroïde,
se recharge en énergie. Le temps de
sommeil doit être d’au moins huit
heures par nuit et Clémence devrait
se coucher au plus tard à 23 h. Je
lui fais comprendre que tant qu’elle
maintiendra ce rythme de vie effré‑
né, sa thyroïde n’aura pas d’autre
choix que de le suivre. Cette sursol‑
licitation permanente participe à
son hyperthyroïdie, mais un jour sa
thyroïde finira par s’épuiser et tout
son organisme avec.
Elle doit accepter de lâcher prise et
de ne pas vouloir tout contrôler.
De la cohérence
cardiaque et du yoga
pour se relaxer…
Reste la vie privée. Je conseille à
Clémence de pratiquer deux fois
par jour cinq minutes de cohérence
cardiaque pour que son système
nerveux parasympathique puisse
revenir à l’équilibre. Elle trouvera
des programmes sur internet et peut
même télécharger une application et
pratiquer où elle veut, dès qu’elle a
cinq minutes.
L’activité physique est une très bonne
chose, mais elle doit être modérée.
Les efforts intensifs stimulent beau‑
coup trop la thyroïde et le cœur, qui
a déjà tendance à battre trop vitre en
cas d’hyperthyroïdie. La marche est
donc une bonne alternative.
Pour l’inciter à encore plus calmer
le jeu, je lui conseille de pratiquer le
yoga ou le Pilates, pour se concen‑
trer sur sa respiration et sur ce qui se
passe dans son corps. Je lui conseille
une pause de vingt minutes par jour
où elle devra soit s’allonger, soit
s’asseoir et pendant lesquelles elle
ne devra rien faire ou presque.
21
Hyperthyroïdie : levez le pied pour la traiter !
… et l’on s’aide
des plantes si besoin
Pour préparer son sommeil, je lui
donne de la passiflore à raison de
400 mg 3 fois par jour en gélules.
Elle prendra aussi, 30 minutes avant
le coucher, 15 gouttes de macérat de
tilleul (Tilia tomentosa). Le tilleul
harmonise le système nerveux, toni‑
fie les systèmes nerveux épuisés
et apaise les troubles du sommeil
grâce à ses vertus sédatives. Pour
calmer ses palpitations, elle prendra
du macérat d’aubépine (Cratae‑
gus oxyacantha ou laevigata), à
raison de 8 gouttes 2 fois par jour
en dehors des repas. L’aubépine
est un sédatif central qui calme les
troubles cardiaques et l’anxiété et
aide à retrouver le sommeil.
Les bons
compléments
alimentaires
pour l’équilibre
thyroïdien
Certains compléments alimentaires
peuvent enfin aider à diminuer les
symptômes.
Je conseille donc à Clémence de
prendre pendant les deux prochains
mois un complexe comprenant de la
coenzyme Q10, de la L-Carnitine, du
sélénium, du zinc, du magnésium et
des vitamines B.
● Certaines études ont montré que
les taux de coenzyme Q10 sont plus
bas en cas d’hyperthyroïdie 3, or
cette enzyme est essentielle pour
l’organisme. Outre ses vertus anti‑
oxydantes, elle active la produc‑
tion d’énergie dans tout l’organisme
et a une action bénéfique sur les
troubles cardiaques et l’hyperten‑
sion, souvent présents dans l’hyper‑
thyroïdie. Combler cette carence
permet de retrouver de l’énergie.
● D’autres études4 montrent que la
L-carnitine, une association de deux
22
acides aminés, la lysine et la méthio‑
nine, peut diminuer les symptômes
de l’hyperthyroïdie, notamment
parce qu’elle empêche les hormones
thyroïdiennes T3 et T4 de pénétrer
dans les cellules. La supplémenta‑
tion orale doit être comprise entre
2 et 4 g par jour.
● Le sélénium est un antioxydant. Il
intervient dans la production et l’ac‑
tivation des hormones thyroïdiennes.
Les études récentes5 ont montré son
rôle déterminant dans les patholo‑
gies auto-immunes de la thyroïde.
● Le zinc, le magnésium et les vita‑
mines B interviennent dans le bon
fonctionnement de la thyroïde de
même que dans la régulation du
système nerveux et du métabolisme
énergétique.
Du lycope, puissant
régulateur thyroïdien
Certaines plantes ont la capacité de
calmer l’activité de la thyroïde. C’est
le cas du lycope (Lycopus europaeus),
LA plante de l’hyperthyroïdie, dont
l’efficacité a été scientifiquement
reconnue depuis les années 1950.
Des études récentes confirment que
le lycope réduit significativement
les symptômes de l’hyperthyroïdie6
et qu’il est efficace en cas de mala‑
die de Basedow en agissant sur les
récepteurs à la TSH7. La mélisse
(Melissa officinalis) a les mêmes
propriétés et une action calmante
qui permet de réduire l’anxiété et
les palpitations. Je conseille donc à
Clémence de prendre 3 fois par jour,
en dehors des repas, 100 gouttes de
teinture-mère de lycope auxquelles
elle ajoutera 60 gouttes de tein‑
ture-mère de mélisse pendant 2 mois.
Ce dosage assez élevé sera à réajuster
en fonction de l’évolution de ses
symptômes.
Sources et références
consultables en ligne sur https://staticmail.editionsbiosante.fr/2021/03/
sce58/sce58sources.pdf
Je lui recommande aussi de prendre
du macérat de viorne mancienne
(Viburnum lantana), associé à un
macérat de cornouiller sanguin
(Cornus sanguinea), pour réguler
la thyroïde en cas d’hyperthyroïdie.
Elle en prendra 8 gouttes de chaque,
en dehors des repas, 2 fois par jour
pendant 2 mois.
Et on masse !
Enfin, pour une action locale et
ciblée, je conseille à Clémence de
masser sa thyroïde 2 fois par jour
avec de l’huile essentielle de myrrhe
(Commiphora myrrha), à raison de
2 gouttes dans 10 gouttes de l’huile
végétale de son choix. Cette huile
essentielle a des propriétés thyréo‑
modulatrices et calme l’emballement
de la thyroïde.
Quand j’ai revu Clémence deux
mois plus tard, elle avait décidé, en
accord avec son médecin, de ne plus
prendre le Néo-Mercazole ® et de
suivre à la lettre le protocole natu‑
rel d’attaque que nous avions élaboré
ensemble « pour donner une chance
à sa thyroïde  », me dit-elle. Et le
résultat était très satisfaisant : elle
était moins fatiguée, beaucoup plus
calme et posée. Son sommeil était
meilleur. Son dernier bilan sanguin
s’était amélioré avec une TSH plus
haute et des taux de T4 et T3 moins
élevés. Cela a été dur de changer
ses habitudes alimentaires, mais
elle ne le regrette pas, car « cela en
vaut la peine », me dit-elle. Je lui ai
donc conseillé de poursuivre ainsi
jusqu’à ce que sa thyroïde revienne
à l’équilibre.
Florence Muller
Actualités
ɕ Diabète de type 2 : ɕ D et K, le duo gagnant pour votre cœur
le régime cétogène plus Depuis le début de la pandémie de Covid-19, des médecins ne cessent
efficace que le sport ? d’appeler les autorités publiques à supplémenter les populations à
En cas de diabète de type 2, risque en vitamine D, tant le déficit altère le système immunitaire
les recommandations pour et augmente les éventuelles complications. De nombreuses études
améliorer sa glycémie sont l’ont bien montré.
plutôt claires : augmenter son Ce qui est nouveau dans cette étude2, c’est la mise en lumière des effets
activité physique et adapter combinés d’une carence en vitamine D et vitamine K. Cette dernière,
son régime alimentaire, en moins connue, est pourtant essentielle à la coagulation sanguine, au
réduisant notamment son maintien de la santé osseuse ou pour son rôle antihémorragique. Sur un
apport en glucides et en sucres. échantillon de 4 742 participants, issus de la population générale, avec
Une étude 1 de l’université des pathologies rénales et cardiovasculaires, 20 % étaient carencés en
d’Arcadia, à Philadelphie, vitamines D et K. Leur risque de mortalité toutes causes confondues
vient d’enfoncer le clou en était alors plus élevé relativement au groupe avec un haut statut en
comparant les effets d’un vitamines D et K. Les chercheurs indiquent des tendances similaires
régime cétogène (pauvre pour la mortalité cardiovasculaire.
en glucides et riche en bons Dès lors, n’hésitez pas à vous supplémenter en vitamine D à raison de
gras) avec ceux du sport, sur 3 000 UI/j, et à manger régulièrement des aliments riches en vitamine K
des adultes diabétiques et en comme le chou frisé, les épinards, les brocolis ou les blettes.
surpoids (IMC supérieur à 25).
En mangeant moins de 50 g
de glucides par jour, les parti‑
cipants ont vu leur glycémie
ɕ Ménopause : ne mettez pas le cerveau en pause !
significativement améliorée Bouffées de chaleur, anxiété ou dépression... ces symptômes, désor‑
et leurs médicaments antidia‑ mais reconnus pour accompagner la ménopause, ne seraient pas les
bétiques réduits. Ce qui vient seuls. La ménopause serait-elle une période critique aussi pour la santé
confirmer une autre étude cognitive des femmes ? C’est ce que plusieurs études menées à grande
menée en 2008 qui compa‑ échelle semblent suggérer, dont une récente3 publiée dans Menopause,
rait un régime hypocalorique la revue de la North American Menopause Society (NAMS).
et une diète cétogène sur Réalisée sur 440 femmes principalement issues de groupes ethniques
50 patients diabétiques : 95 % et milieux socioéconomiques démunis, donc considérées plutôt
de ceux qui avaient suivi la à risque élevé, cette étude met en lumière le tournant majeur que
seconde avaient réduit ou arrê‑ représente la ménopause pour les femmes. Le déclin cognitif, comme
té leurs médicaments ! un déficit de l’attention et de la mémoire ou des difficultés d’appren‑
Pour rappel, un régime céto‑ tissage, doit être pris au sérieux.
gène consiste à éviter les fécu‑ Les chercheurs concluent, en effet, sans ambages que ces troubles
lents au profit des aliments peuvent, pour certaines, s’installer et devenir définitifs. Pourquoi,
pauvres en glucides (légumes chez certaines, ces symptômes de la ménopause disparaissent-ils
verts, viande maigre, œufs…) quand chez d’autres ils demeurent ? Et surtout, quels axes de préven‑
avec un apport significatif en tion individuels mettre en place ? Telles sont les questions qui restent
lipides. à explorer.

1. Weis, Nicole, « Low carbohydrate ketogenic diet versus aerobic physical activity in the management and treatment of type 2 diabetes: A review paper. » (2020),
Capstone Showcase. 85. https://scholarworks.arcadia.edu/showcase/2020/pa/85
2. « Combined low vitamin D and K status amplifies mortality risk: a prospective study. », 2020 Aug 17. doi: 10.1007/s00394-020-02352-8
3. Menopause via NAMS 13 Jan, 2021 « Can Menopause Be Blamed for Increased Forgetfulness and Lack of Attention? »

23
Contre la dépression, une poudre surprenante venue d’Orient…

Médecine chinoise

Contre la dépression, une poudre

surprenante venue d’Orient…
La pandémie de Covid-19 a fait exploser les chiffres des personnes souffrant de
dépression. Or la médecine occidentale propose peu de solutions, si ce n’est des
antidépresseurs aux effets secondaires inquiétants. La médecine chinoise propose
une autre voie – celle de la réharmonisation du foie – avec comme remède, une
poudre aux pouvoirs étonnants.

émotions équilibrées. Une émotion

Philippe Sionneau a étudié la médecine chinoise
à la Hubei University of Chinese Medicine, à Wuhan.
Cet expert en médecine chinoise a déjà publié plus de
25 ouvrages sur le sujet et enseigne cette médecine
millénaire à travers le monde.
équilibrée, qui circule avec fluidité,
cela veut dire qu’elle peut s’expri‑
mer, mais ne dure pas dans le corps,
ne s’éternise pas dans l’organisme,
n’y stagne pas. Sinon, les émotions
deviennent dans ce cas une cause

N
ous devons prendre cons­
cience que la médecine occi­
dentale, la naturopathie, l’ho‑
méopathie ou la médecine chinoise,
par exemple, ne nous parlent pas de
la réalité. Chacune de ces approches
est une matrice de pensée qui tente de
comprendre, diagnostiquer, soigner
l’être humain.
Par exemple, dans le monde des
médecines non conventionnelles
en Europe, la pensée dominante est
celle de la naturopathie. Dans cette
spécialité, le foie possède une place
très particulière. Il est considéré
comme le grand filtre de l’orga‑
nisme permettant de désintoxiquer
notamment le sang. Dans cette vision
médicale, la santé dépend du pouvoir
purifiant du foie.
Le foie : régulateur
de nos émotions
En médecine chinoise, le concept de
l’organe foie est totalement différent.
L’une de ses grandes fonctions est de
réguler la circulation du qì, du sang,
des liquides et… des émotions. Très
précisément, la tradition chinoise
nous dit « le foie régularise le mental
et les émotions  ». Les émotions
sont vues comme une forme de qì,
c’est‑à‑dire d’énergie. Si le cœur
gère ces « qì de l’esprit », le foie
quant à lui favorise leur circulation
fluide. C’est lui qui leur permet de
circuler librement, de se manifester
naturellement. Quand cette fonction
est harmonieuse, la pensée est claire,
le cœur paisible, l’esprit détendu, les
de maladie.
Quand la fonction de régulation du
mental et des émotions du foie est
perturbée, son qì stagne, les activi‑
tés mentales et émotionnelles sont
bloquées provoquant doute, anxié‑
té, dépression, tendance à soupirer,
déprime, envie de pleurer…
Ainsi, l’une des grandes causes de
la dépression mentale est ce que les
Chinois nomment la surpression du
foie et stagnation du qì (gān yù qì
zhì 肝郁气滞).
« Foie en surpression » :
pulsions réfrénées
L’humain possède un esprit grégaire.
Il a besoin de vivre en groupe, en
société. Ce type d’organisation force
l’individu à faire des concessions par

24

rapport au reste du groupe. L’édu‑
cation nous impose des limitations,
des règles, nous oblige à contrôler
nos pulsions pour rendre possible la
vie en communauté. La société avec
ses règles et ses lois, l’éducation avec
ses impératifs sont là pour réfréner,
atténuer, contrôler l’élan vital parfois
excessif de l’individu par rapport au
projet de vie en groupe.
Une des conséquences majeures d’un
excès de contrôle de nos pulsions
individuelles est de provoquer une
stagnation du qì du foie ou, pour être
plus exact, une surpression du foie
et stagnation du qì.
Les refoulements émotionnels, les
colères rentrées, les frustrations,
les insatisfactions, les ressenti‑
ments qu’exige la vie en société
induisent obligatoirement, si ceux-
ci sont trop importants ou répétés,
une surpression du foie. Ce méca‑
nisme peut parfaitement être aussi
généré par une humiliation répé‑
tée dans le couple, dans le travail,
à l’école, etc. Cela provoque une
moins bonne fluidité de la circula‑
tion du qì, et bien sûr des émotions
dans l’ensemble du corps : troubles
psychiques, dépressions par insatis‑
faction, par frustration, par refou‑
lement émotionnel.
La dépression peut provenir de colères
refoulées qui bloquent l’énergie du foie.
Contre la dépression, une poudre surprenante venue d’Orient…
Des symptômes à surveiller
Voici les principaux symptômes :
y Dépression ou état dépressif
cyclothymique ;
y La dépression fait suite à une
situation conflictuelle  : frustra‑
tion, ressentiment, insatisfaction,
refoulement émotionnel ;
y Le terrain dépressif favorisé
par une éducation trop rigoureuse,
restrictive ;
y Des difficultés à s’organiser, à
planifier, à être régulier ;
y Des réponses émotionnelles
exacerbées et disproportionnées ;
y Instabilité émotionnelle ;
Dépression : des
colères refoulées ?
La dépression qui peut en découler
n’est pas provoquée par la tristesse,
ni par des excès de soucis auxquels
l’on n’arrive pas à apporter de solu‑
tions. Elle provient d’une colère
intérieure qui est la conséquence
d’un excès de contrôle qui bloque
l’élan vital de l’individu.
Cette dépression par frustration, par
ressentiment, par humiliation ou par
«castration éducative» fréquemment
rencontrée, s’accompagne de colère
sous-jacente, de difficultés à s’orga‑
niser, à planifier, à être régulier, et de
réponses émotionnelles exacerbées
et souvent cassantes.
La colère, lors de ces états dépressifs,
représente une soupape de sécurité
lorsque la surpression intérieure est
trop vive. Ces individus intériorisent
leurs émotions, les laissent s’ac‑
cumuler dans le ressentiment (pas
toujours conscient), s’empêchent de
les laisser couler jusqu’au moment
où elles deviennent insupportables.
Ils sont alors obligés de lâcher. Mais
comme le contrôle est une dominante
dans leur terrain, ils ne se laisseront
pas aller n’importe où en société. Ils
choisiront le milieu où il est le plus
facile de se relâcher : la famille, les
y Soupirs fréquents ;
y Des pleurs (décompression de
la tension intérieure) ;
y Douleur mobile et distension
de la poitrine, de la région thora‑
cique latérale, du petit bassin ;
y Tension dans la région du
plexus solaire ou de l’estomac ;
y Éructations, distension abdo‑
minale après les repas, inappé‑
tence, défécation irrégulière ;
y Règles irrégulières, syndrome
prémenstruel, distension des seins
avant les règles ;
y Pouls radial en corde.
intimes. Ce processus est à l’origine
de beaucoup de dysharmonie dans
les familles, les couples et donc de
désunions.
La poudre
antidépression
Si le soutien psychologique ou l’an‑
tidépresseur chimique semblent être
les thérapeutiques les plus usitées
dans notre monde moderne, la méde‑
cine chinoise possède de grands
atouts pour aider ce type de dépres‑
sifs. La surpression du foie est l’une
des causes les plus répandues concer‑
nant la dépression mentale. Ce n’est
pas la seule évidement.
En phytothérapie chinoise, l’une des
prescriptions de base pour ce désé‑
quilibre est Xiāo Yáo Sǎn 逍遥散
(poudre pour être libre de toute
contrainte qui contient 8 plantes
différentes). Nous proposons ici une
explication succincte du fonctionne‑
ment de cette prescription, particu‑
lièrement adaptée à la déprime de
type « suppression du foie ».
Elle agit contre ces trois
déséquilibres…
Pour bien analyser Xiāo Yáo Sǎn,
il faut comprendre le mécanisme
25
Contre la dépression, une poudre surprenante venue d’Orient…
pathologique sous-jacent. Trois
mécanismes courants peuvent se
développer.
1. Les perturbations émotionnelles
dérèglent les fonctions de régula‑
tion et de libre circulation du foie
induisant une surpression du foie.
D’une part, cette surpression peut
provoquer une dysharmonie foie/
rate, d’autre part, elle peut se trans‑
former en feu. Le feu assèche le sang.
Il en découle une dysharmonie foie/
rate avec vide de sang.
2. Un vide de sang constitutionnel
ou acquis favorise la surpression
du foie et stagnation du qì, selon le
principe que le sang est la racine, la
mère du qì. En cas de vide de sang,
le qì se dérègle et stagne. Comme
le foie est l’un des organes les plus
sujets au vide de sang, ce mécanisme
est fréquent. Dans ce cas, la moindre
émotion perturbatrice transforme le
vide du sang du foie en surpression
du foie. Comme la surpression du
foie induit fréquemment une dyshar‑
monie foie/rate, il résulte de tout cela
une dysharmonie foie/rate avec vide
de sang.
3. Une surpression du foie d’origine
émotionnelle produit une attaque
transversale vers la rate. Celle-ci,
opprimée, ne transforme, ne produit
plus correctement de qì et de sang.
En conséquence, nous avons comme
résultat une dysharmonie foie/rate
avec vide de sang.
Xiāo Yáo Sǎn, dans tous les cas, est
une prescription parfaitement adap‑
tée. Voici comment fonctionne les
8 plantes de la poudre Xiāo Yáo Sǎn :
… régularise le foie (sang
et qí)…
A. Harmonisation du qì du foie
(harmonisation des fonctions du
foie)
Chái Hú (Radix bupleuri) est l’em‑
pereur, il draine le foie, élimine la
surpression.
Bò Hé 薄荷 (Herba menthae haplo‑
calysis) est le premier ministre de
26
Mes deux recommandations
y Laboratoire Sinolux
Demandez la poudre concentrée
Xiāo Yáo Sǎn (200 g). Prendre
2 mesurettes, 3 fois par jour,
diluées dans un verre d’eau chaude
(sur prescription).
Chái Hú. Il l’aide à régulariser le qì
du foie. En revanche, il faut prescrire
les tiges et les feuilles, car les feuilles
seules risqueraient – à cause de leur
nature ascendante – d’induire une
montée du yáng du foie qui n’arran‑
gerait rien. Les tiges permettent de
contrôler cette tendance et de régu‑
lariser le qì du foie.
B. Harmonisation du sang du foie
(harmonisation de la forme du foie)
Bái Sháo Yào 白芍药 (Radix albus
paeoniae lactiflorae) est le deuxième
ministre de Chái Hú. Il nourrit le
sang du foie, calme le foie, ancre le
hún (魂 – l’esprit du foie), retient le
yáng (contrôle les excès de la nature
ascendante de Chái Hú 柴胡).
Dāng Guī 当归 (Radix angeli‑
cae sinensis) assiste Bái Sháo Yào
pour nourrir fortement le sang du
foie. De plus, il active le sang et
prévient ainsi la stase de sang qui
peut être provoquée par la stagna‑
tion de qì.
… et réharmonise
la rate (qí)
A. Harmonisation du qì de la rate
(tonification du qì de la rate)
Sì Jūn Zǐ Tāng 四君子汤 (décoc‑
tion des quatre gentlemen) est la
prescription de base pour tonifier
le qì du centre. Ils renforcent effi‑
cacement les fonctions de trans‑
port-transformation de la rate. Nous
Sources et références
consultables en ligne sur https://staticmail.editionsbiosante.fr/2021/03/
sce58/sce58sources.pdf
y Laboratoire Planeta Verd 
Demandez les comprimés Xiāo
Yáo Sǎn. Prendre 5 comprimés
3 fois par jour avec à chaque fois
un grand verre d’eau tiède.
évitons d’employer Dǎng Shēn 党参
(Radix codonopsitis pilosulae) (sauf
dans les cas de grand vide de qì), car
il tonifie trop fortement le qì, ce qui
a parfois pour conséquence de faire
stagner le qì, ce qu’il faut éviter ici.
Si nous voulions le prescrire, nous
aurions tout intérêt à l’associer à
Mù Xiāng 木香 (Radix auklandiae
lappae) pour tonifier sans faire
stagner. Enfin, Shēng Jiāng 生姜
(Rhizoma zingiberis) tiédit le centre
et harmonise l’estomac. En tiédissant
le foyer central, il favorise les fonc‑
tions de transformation de la rate.
Traditionnellement, cette prescrip‑
tion se trouve dans les pharmacies
chinoises sous forme de poudre
concassée grossièrement que l’on
faisait bouillir pour en extraire les
principes actifs. C’est toujours le
procédé qui a ma préférence. De nos
jours, des techniques modernes nous
permettent de trouver ce remède sous
forme de poudre concentrée ou de
gélules. Il est impératif de se fournir
auprès d’authentiques laboratoires
spécialisés.
Bien évidemment, en cas de forte
dépression, il est recommandé de
prendre conseil auprès d’un praticien
de médecine chinoise qui fera un
bilan précis de la situation.
Philippe Sionneau
 Fini les mauvaises chutes ! Des muscles solides, pour des os solides

Activité physique

Fini les mauvaises chutes !

Des muscles solides, pour des os solides
Si le sport est l’un des meilleurs moyens pour protéger vos os, c’est en partie
parce que l’exercice permet de réduire de 40 % le risque de fractures liées aux
chutes ! Un chiffre bien loin d’être anodin, surtout quand on avance en âge. Car
il n’y a pas que les muscles qui fondent, les os aussi. Découvrez le programme
du Dr Kuhn pour ne plus vous faire de « vieux os ».

pression, chaque tension exercée sur

Dr Fabrice Kuhn Médecin généraliste, diplômé l’os le modèle à un niveau micros‑
en biologie et en médecine du sport. Il est l’auteur de copique et l’accumulation de ces
nombreux ouvrages sur la nutrition et l’activité physique. remodelages microscopiques les
rend perceptibles à long terme. Les
os se remodèlent ainsi sans cesse et
évoluent en permanence. Ils sont

L imiter le risque de fracture,
c’est prolonger sa bonne santé.
Pour des os solides, vous n’êtes
pas obligé de courir. Si courir est bon
pour les os, il existe heureusement
des alternatives tout aussi efficaces,
voire plus. Se muscler est une excel‑
lente stratégie pour renforcer vos os.
Et c’est même peut-être la meilleure
chose à faire !
Les os sont vivants !
Tout ce que vous faites a une influ­
ence sur votre squelette et cela
commence dès l’enfance pour perdu‑
rer toute votre vie. Heureusement,
il n’est jamais trop tôt ni trop tard
pour agir. Si vous vous y mettez
dès aujourd’hui, vous ne rattrape‑
rez probablement pas tout le temps
perdu, mais vous pourrez tout de
même renforcer votre squelette et
en tirer de grands bénéfices.
Vous ne le percevez pas, mais chacune
de vos actions, ou de vos inactions,
a un impact sur vos os. Votre alimen‑
tation, votre exposition solaire, le
temps que vous passez assis, votre
activité sportive… Tout cela façonne
votre squelette et vos os.
Plus nous vieillissons, plus les
imperfections qui se sont construites
durant notre vie se révèlent. La vie
laisse des marques sur les os. D’ail‑
leurs la paléontologie nous apprend
beaucoup de choses rien qu’avec son
analyse ! Les lignes de force, les tubé‑
rosités, les excroissances témoignent
de notre passé. Vos os sont différents
de ceux de votre voisin. Chaque
certes solides et denses, mais ils sont
bel et bien vivants.
Il faut comprendre que l’os est en
perpétuel remaniement. Une bataille
est engagée en permanence entre
ostéoblastes et ostéoclastes, deux
classes de cellules osseuses. Les osté‑
oclastes dégradent l’os tandis que les
ostéoblastes le reconstruisent. Pour
que l’os vive bien, il faut un bon équi‑
libre entre les deux, un peu comme
s’il fallait dégrader un peu l’os pour
mieux le reconstruire. Au sein de
l’os, ce sont encore d’autres cellules
(les ostéocytes) qui perçoivent la
contrainte et la transmettent. À eux
trois, ils maintiennent l’homéostasie
de l’os (sa régulation interne) et
adaptent l’os aux contraintes.
Votre alimentation et votre expo‑
sition au soleil sont la clé pour

27
Fini les mauvaises chutes ! Des muscles solides, pour des os solides
soutenir ce remodelage permanent.
Si vous n’apportez pas le nécessaire
à la construction osseuse (calcium,
magnésium, protéines, énergie…),
vous ne pourrez pas remodeler votre
os correctement. Le soleil, quant à
lui, apporte la vitamine D si capitale
pour le squelette. À cela s’ajoutent
les changements hormonaux qui
peuvent fragiliser le squelette,
comme la ménopause.
Le sport façonne
vos os
Ce mécanisme de modelage des os
explique l’existence de fractures de
fatigue. Si vous courez trop, si les
impacts sont trop répétés et si vous
n’avez pas laissé le temps à votre
organisme de s’y habituer progres‑
sivement, la déconstruction sera
trop importante et la reconstruction
ne pourra pas suivre le mouvement
demandé. Se crée alors une zone de
fragilité appelée fracture de fatigue.
Cependant, les sports à fort impact,
comme la course à pied et les sauts
pratiqués sans excès, restent un
moyen particulièrement efficace
pour renforcer les os puisque l’im‑
pact démultiplie le poids et, donc,
démultiplie la contrainte. En réponse
à ces fortes contraintes, l’adaptation
sera maximisée et les lignes de force
plus marquées. À l’inverse, les sports
Le sport prévient l’ostéoporose et diminue le risque de fracture avec l’âge.
28
Vos os changent et s’adaptent…
Chaque os est marqué par les
contraintes qu’il subit. Même au
sein d’un os, la structure varie.
Bien entendu, la corticale (la
partie externe de l’os, celle qui
lui donne sa solidité) est diffé‑
rente de la médullaire (la partie
centrale de l’os, celle qui contient
la moelle osseuse). La corticale
s’architecture autour de lignes
de force. C’est autour de ces
lignes de force que l’os se soli‑
difie afin de pouvoir supporter
les contraintes auxquelles il est
habitué. C’est grâce à cette orga‑
nisation structurée que nos os
peuvent être à la fois solides et
légers, contrairement à la pierre
qui est solide, mais plus lourde. Il
suffit de répéter la même pression
au même endroit et dans la même
portés (vélo, natation par exemple)
sont moins profitables pour les os
puisque les contraintes osseuses
sont moindres. D’ailleurs, même la
marche, qui pourtant est un sport non
porté, a peu d’impact bénéfique sur
l’os. Le choc du pied posé au sol n’est
pas suffisant. Il l’est pour donner une
certaine structure, mais pas suffisam‑
ment pour donner une structure plus
solide. Mais ces sports sans impact
ont aussi d’autres avantages.
orientation pour que l’os devienne
plus résistant à cette contrainte.
Ces lignes de force témoignent
donc de vos activités passées. À
l’inverse, il suffit de rester inac‑
tif de façon prolongée pour que
l’os perde ces lignes de force.
En l’absence de contraintes, il se
remodèle différemment et perd sa
structure. C’est ce qui arrive aux
astronautes s’ils ne s’exercent pas
dans l’espace où l’apesanteur (ou
surtout l’absence de pesanteur)
élimine les contraintes osseuses.
L’astronaute doit donc passer du
temps à s’exercer pour conser‑
ver ses muscles, mais aussi pour
conserver une certaine structure
osseuse. Plus proche de nous, c’est
ce qui arrive si nous restons alités
plusieurs mois.
Heureusement pour ceux qui n’ai‑
ment pas courir, il existe un autre
moyen diamétralement opposé pour
renforcer les os : c’est la muscula‑
tion. La musculation est une solu‑
tion particulièrement efficace pour
consolider le squelette. D’une part,
en renforçant les os, la musculation
réduit le risque de fracture. D’autre
part, en renforçant les muscles, elle
limite le risque de chute et, par voie
de conséquence, de fracture. C’est le
double avantage de la musculation.
Tirons-en donc profit !
Os et muscles dans
le même bateau
Si de prime abord cela peut paraître
étrange, il faut pourtant savoir que les
os et les muscles partagent beaucoup
de liens et de similitudes.
Bien entendu, leur premier lien est
anatomique. Les muscles s’attachent
sur les os et permettent de mobi‑
liser les articulations et les os. Ils
partagent aussi des caractéristiques
et des composés biochimiques.

C’est le cas du calcium qui sert à la
construction osseuse et à la contrac‑
tion musculaire. De même pour des
protéines qui sont fondamentales
pour la construction de l’un et de
l’autre. Ou encore, dans le cas de la
vitamine D, un élément fondamental
pour le bon fonctionnement des os
et des muscles.
Tout comme les muscles se renforcent
en réponse aux contraintes, les os,
nous l’avons vu, se solidifient eux
aussi et s’adaptent aux contraintes,
principalement mécaniques, comme
le poids ou les tensions des tendons
sur les os. Os et muscles suivent le
même cheminement face à l’âge.
Avec le vieillissement les muscles
s’atrophient. On parle de sarcopénie
(« sarco » désignant le muscle). Les
os, eux, se déminéralisent. On parle
d’ostéoporose. Il existe même un
état associant la fonte osseuse et la
fonte musculaire tellement fréquent
qu’un nom lui a été donné : on parle
d’« ostéosarcopénie ». Malheureuse‑
ment, cet état favorise les fractures.
Avoir des os moins solides majore le
risque de fracture. Perdre de la masse
musculaire accroît le risque de chute
et donc de fracture.
Heureusement, nous avons les
moyens d’agir face à la sarcopénie
et face à l’ostéoporose. Même si le
temps perdu ne se rattrape pas tota‑
lement, il est urgent d’agir le plus
tôt possible pour prévenir ces deux
pathologies, car avec l’âge, notre
organisme réagit de façon moins
efficace aux contraintes. Il s’adapte
moins aisément et les effets d’un
même effort sont plus bénéfiques
s’ils sont faits tôt dans la vie.
Musclez vos os !
La musculation renforce les os en
associant des effets directs (ceux du
poids de la charge sur le squelette) et
des effets indirects (les tensions des
muscles sur les os via les tendons,
mais aussi les modifications hormo‑
Fini les mauvaises chutes ! Des muscles solides, pour des os solides
nales résultant de l’effort de muscu‑
lation comme la testostérone).
Le secret pour rendre la musculation
plus efficace pour les os est la variété
et la progressivité. Mais ne soyez
pas surpris, vous ne verrez pas vos
os progresser. Vous ne les verrez pas
grossir ! Il est ainsi plus difficile de
se rendre compte de l’impact des
efforts sur les os que sur les muscles
qui, eux, peuvent prendre du volume
au fil des séances.
Comme l’effet est très localisé (trame
osseuse, lignes de force), il faut que
les efforts soient très variés pour
renforcer tout l’os. Il faut varier les
points d’appui, les directions et les
gestes. Par exemple, il est possible de
faire un jour des flexions ou squats
et un autre jour des fentes. Les deux
vont faire travailler les cuisses, les
fesses, le tronc, les os des membres
inférieurs et les os du bassin, mais
les deux vont le faire différemment.
Bien entendu, il est nécessaire de
cibler l’ensemble du corps. Faire
des efforts au niveau du bas du corps
pour renforcer les muscles et les os
des membres inférieurs, aussi bien
qu’en haut du corps pour renfor‑
cer les os des membres supérieurs,
le rachis et le bassin. Les études
suggèrent enfin qu’il est judicieux
d’associer des efforts avec charge et
des efforts à haute vitesse d’exécu‑
tion. C’est une autre façon de varier
les contraintes et les adaptations qui
en résultent.
Il est important de se remémorer
que, pour un sportif d’endurance,
il est fondamental d’ajouter de la
musculation à son entraînement. Non
seulement cela améliore les perfor‑
mances, mais cela a un impact positif
sur la santé. Quant au squelette, il en
bénéficiera sans aucun doute.
C’est particulièrement le cas pour
les sports portés comme le cyclisme.
C’est aussi vrai chez le coureur : un
coureur qui pratique la musculation
aura un squelette plus dense qu’un
coureur qui ne fait que courir.
Endurance et
muscu : la cerise
sur le gâteau
Se muscler est efficace, mais y
associer un sport d’endurance avec
impacts est encore plus efficace. Les
os semblent en profiter davantage,
et cerise sur le gâteau, le reste de
l’organisme en profite encore plus
lui aussi. Vous l’avez compris, pour
un programme complet et varié, il
est important d’associer des efforts
de musculation et des efforts avec
impacts, et pour cela, voici quelques
recommandations :
● Associez des efforts avec charge
importante et des efforts à haute
vitesse d’exécution, mais à charge
plus faible.
● N’hésitez pas à aller en salle de
sport pour vous faire guider par
un encadrant de qualité pour faire
des exercices de musculation avec
charge.
● Respectez le principe de progres‑
sivité. Il est dangereux de commen‑
cer avec trop de charges ou de faire
d’emblée trop de répétitions.
● Pour ceux qui n’aiment pas courir,
il suffit d’une cinquantaine de sauts
multidirectionnels trois à sept fois
par semaine pour observer un béné‑
fice sur la densité osseuse. C’est une
alternative efficace.
● Surtout, évitez la sédentarité :
rester assis de façon prolongée sans
interruption est néfaste pour l’os.
Pensez à vous lever et à vous activer
régulièrement, même brièvement,
toutes les vingt à trente minutes. Cela
est très salvateur. Marcher quelques
pas, grimper un étage ou faire
quelques flexions rapides permet
de rompre la sédentarité et préser‑
ver votre santé.
Pensez-y et faites-le  ! Ce ne sont
pas seulement vos os qui en profi‑
teront, mais également votre cœur,
vos artères, vos muscles, votre méta‑
bolisme…
29
Fini les mauvaises chutes ! Des muscles solides, pour des os solides

Votre programme « os solides »

1. Faites de la musculation deux
ou trois fois par semaine. Les
bénéfices sont osseux et muscu‑
laires, mais pas seulement. Cela
améliore la santé cardiovascu‑
laire, le métabolisme, cela éloigne
certains cancers, protège votre
cerveau…
2. Chacune de ces séances de mus­
culation doit utiliser des mouve­
ments différents pour cibler un
maximum de muscles et varier les
contraintes osseuses. L’une de ces
séances pourrait se faire avec charge
et une autre sans charge, mais avec
des mouvements plus explosifs (au
poids de corps par exemple). Faites-
vous guider, au moins au début.
3. Faites au moins deux séances
d’endurance par semaine. Si
possible avec des impacts (course
à pied ou marche rapide par
exemple). Vous pouvez mixer
endurance et musculation au sein
d’une même séance. Cela peut
vous simplifier les choses et vous
faire gagner du temps.
4. Assurez-vous d’avoir au moins
trois séances hebdomadaires
avec des impacts. Ces impacts
peuvent être inclus dans les séances
de musculation ou d’endurance.
Courir valide une de ces séances.
Réaliser cinquante sauts multidi‑
rectionnels durant une séance de
musculation en valide une autre.
Réaliser ces cinquante sauts au
cours d’une séance d’un autre sport
valide aussi cette recherche d’im‑
pacts.
5. L’alimentation soutient la
cons­truction osseuse. Les apports
pro­téiques doivent ainsi être suffi‑
sants (autour de 1 g de protéines
par kg de poids de corps et par jour,
réparties en trois à quatre fois dans
la journée et notamment juste après
l’effort). Si le calcium est bien
évidemment important, la ration de
fruits et légumes doit surtout être
la base de l’alimentation. Évitez
les déficits énergétiques. En effet,
un déficit énergétique prolongé
fragilise le squelette (attention
aux régimes à répétition). Les
omégas-3 (huile de colza bio, huile
de lin, œufs de poules élevées aux
graines de lin, poissons gras…)
sont utiles aussi bien aux os qu’à
la construction musculaire.
6. Faites le plein de vitamine D.
Exposez-vous au soleil chaque
jour en été durant quinze minutes,
bras et visage découverts ; pas trop
cependant pour éviter les cancers
de la peau (on évite de rougir). En
hiver, supplémentez-vous en vita‑
mine D, car durant cette saison, en
France, l’inclinaison du soleil ne
permet pas d’en fabriquer suffi‑
samment. Or la vitamine D favo‑
rise la construction osseuse ainsi
que la contraction musculaire.
7. Évitez la sédentarité. Pensez à
vous lever régulièrement. Le béné‑
fice est immédiat ! À l’inverse, il
suffit d’oublier de se lever pour que
notre santé se dégrade et que nous
perdions les bénéfices de tous les
efforts consentis dans la journée (y
compris les efforts sportifs).

Sources et références Dr Fabrice Kuhn

consultables en ligne sur https://staticmail.editionsbiosante.fr/2021/03/
sce58/sce58sources.pdf

Actualités
ɕ Antidépresseurs inefficaces ? Cette vieille molécule refait surface
Près de 322 millions de dépressifs dans le monde
souhaiteraient trouver une solution durable pour en
finir avec cette maladie. Si des antidépresseurs sont
prescrits dans la majorité des cas, on estime toute‑
fois que près de la moitié des patients demeurent
avec cette pathologie, malgré la prise en charge
médicamenteuse et différentes molécules. À cela
s’ajoute le temps d’action des antidépresseurs
souvent long, de deux à trois semaines.
Récemment, une ancienne molécule a refait surface
et bouscule la recherche : la kétamine. Cet antidé‑
presseur serait efficace, lui, en moins d’une heure.
Surtout, des chercheurs américains viennent de
confirmer son absence d’effets secondaires sur
le long terme. Dans cette récente étude1 de 2020
récoltant les résultats de près de 6 000 patients,
seulement 0,7 % des personnes ont dû arrêter
le traitement à cause d’effet indésirables. Si les
mécanismes d’action de cette molécule ne sont
pas encore clairement identifiés, certains attribuent
son succès à sa capacité de rétablir une meilleure
connectivité dans le cerveau. Elle aurait ainsi le
pouvoir de bloquer certains récepteurs inhibiteurs.
Une étude encourageante !

1. Feifel D et al., « Safety of Repeated Administration of Parenteral Ketamine for Depression. », Pharmaceuticals (Basel)., 2020. doi: 10.3390/ph13070151
30
 LIVRES

Ma bible de la santé Aimer vieillir : La maladie

au naturel selon
les saisons
Alix LEFIEF-
DELCOURT
Éditions Leduc,
mars 2021,
624 pages – 23 €
Se soigner naturellement au rythme des
saisons, c’est le thème original que pro‑
pose cet ouvrage très complet. Vous y
trouverez des réponses naturelles pour
prévenir et soigner les différents symp‑
tômes et maladies. Les maux sont classés
par saison pour les retrouver facilement.
Au fil des pages, vous découvrirez des
conseils, des remèdes, des trucs de grand-
mère, des recettes à faire soi-même, mais
également des témoignages instructifs et
poignants. Grâce à cette bible de la santé,
vous pourrez vous constituer une trousse
des meilleurs remèdes pour affronter
chaque saison de façon sereine.
La révolution de
la médecine anti-âge
Dr Gérard BERSAND
Éditions Jouvence,
avril 2021,
256 pages – 17,90 €
Les seniors d’aujourd’hui souhaitent
plus que tout vieillir en pleine forme. Et
d’après ce livre original, vieillir ne serait
pas une fatalité, mais une chance ! Cet
ouvrage propose en effet d’accompagner
les seniors vers une vie plus équilibrée en
se basant sur une alimentation saine, une
(re)découverte du corps et un maintien
des équilibres hormonaux. Grâce aux der‑
nières avancées, notamment celles sur les
cellules souches, découvrez comment la
médecine anti-âge peut vous permettre de
garder la forme physique et intellectuelle
pour profiter à 100 % de chaque instant,
le plus longtemps et le mieux possible.
d’Alzheimer
Identifier, comprendre,
accompagner
Dr Bernard CROISILE
Larousse, avril 2021
224 pages – 6,95 €
Les maladies neurologiques entraînant
des troubles irréversibles des facultés
intellectuelles et de la mémoire, comme
la maladie d’Alzheimer, continuent de
croître à vitesse grand V. Spécialiste dans
le domaine, le Dr Croisile a ainsi décidé de
créer un réel outil pour les malades, mais
aussi pour les accompagnants. Ce guide
vous aidera à comprendre la maladie, à
choisir le meilleur traitement et à mieux
vivre les difficultés du quotidien. Quels
sont les signes de la maladie ? Quels sont
les facteurs de risques ? Comment aider
l’entourage ? Autant de questions qui
trouveront les réponses au fil des pages.

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numéro 57 à la page 5, il ne faut pas « abaisser
le PH de son assiette » mais bien l’augmenter
pour limiter les risques de récidive du cancer du
sein. Nos excuses.
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Numéro 58 - Avril 2021
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 « La seule chose qu’on est sûr de ne pas réussir est celle qu’on ne tente pas. » Paul-Émile Victor
Voguez avec force dans le tourbillon de la vie
La vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Pour appréhender au mieux ce voyage, il est nécessaire de trouver
force mentale et physique. En pratiquant Navasana, vous exercez la force de votre volonté et favorisez une navigation
paisible.
En sanskrit « nava » désigne le bateau,
la barque. Navasana est donc la
posture du bateau. Symbole de voyage
et gage de sécurité, le bateau permet
de traverser d’une rive à l’autre, de
relier deux domaines ou deux états.
Posture équilibrante, elle apporte force
et flexibilité et permet de s’adapter à
tout changement.
La stabilité de l’esprit est
dans la force physique
Navasana renforce les muscles abdo‑
minaux, les fléchisseurs du dos et des
hanches. Il fortifie la région lombaire et
développe la musculature des cuisses.
Cette posture stimule les reins et tonifie
les organes digestifs. Elle renforce
les centres d’énergie au niveau de la
région pelvienne. Le système cardio‑
vasculaire ainsi que la circulation sont
améliorés. Cet asana procure de la
chaleur et donne de l’énergie au corps.
Navasana développe la concentra‑
tion, réduit le stress et les tensions et
améliore l’équilibre mental.
Navasana en pratique
• Asseyez-vous sur votre tapis en
posture du bâton (Dandasana), les
jambes tendues devant vous. Levez
les fesses l’une après l’autre de façon
à vous asseoir sur les ischions (os des
fesses).
• Placez les paumes des mains à plat
sur le sol de part et d’autre des hanches,
doigts vers l’avant.
SANTÉ-CORPS-ESPRIT AVRIL 2021
• Sur une expiration, amenez les
genoux à la poitrine afin de vous
mettre en équilibre sur les fesses et
attrapez l’arrière de vos genoux avec
vos mains.
• Stabilisez-vous dans cette posture
qui peut être une étape suffisante en
fonction de votre niveau.
• Pensez à rentrer le menton vers
le sternum afin d’étirer la nuque et
garder le dos droit et étiré vers le haut
afin d’allonger la colonne vertébrale.
Roulez les épaules vers l’arrière et
ouvrez la poitrine.
• Lâchez les mains et tendez les bras
parallèles au sol.
• Tendez alors lentement les jambes et
portez votre regard sur les gros orteils.
Le corps forme alors un « V » comme
la coque d’un bateau.
• Restez en Navasana pendant 5 à 10
respirations profondes ou autant qu’il
vous est possible de tenir.
• Pour sortir de la posture, ramenez
lentement les pieds au sol en mainte‑
nant les genoux avec vos mains, puis
retrouvez la posture du bâton. Vous
pouvez répéter cette posture deux fois,
puis roulez sur le dos en contrôlant
la descente afin de prendre quelques
minutes en Savasana (posture de
relaxation).
Conseils
Il n’est pas question ici de chercher à
monter les jambes le plus haut possible,
mais plutôt de trouver la stabilité et la
fermeté de la posture. Pour ce faire, il
est nécessaire d’engager les muscles
du périnée. Veillez à garder le bas du
ventre plat et ferme, sans le durcir et
le gonfler.
Si vous avez des douleurs au niveau
du cou, asseyez-vous près d’un mur de
manière à poser l’arrière de votre tête
sur le mur lorsque le torse s’incline.
Si lever les bras est trop difficile, recu‑
lez le torse de manière à prendre appui
sur les avant-bras, les mains étant
posées au sol à côté des hanches.
Variantes
Il est possible de faire Navasana en
tendant les jambes, en les soutenant
avec les mains derrière les genoux.
Vous pouvez aussi pratiquer cette
posture les pieds sur un mur ou sur une
chaise, notamment lorsque la ceinture
abdominale n’est pas suffisamment
musclée ou que l’équilibre vient à
manquer.
Placez une sangle autour du haut du
dos et des pieds si vous avez du mal à
tendre les jambes. En poussant ferme‑
ment sur la sangle avec vos pieds, vous
trouvez la stabilité nécessaire.
Enfin, si vous vous sentez solide dans
la posture du bateau, placez les mains
à l’arrière de la tête en ouvrant bien les
coudes. Vous renforcerez davantage
vos abdominaux et le bas de votre dos.
Contre-indications
Il est déconseillé de pratiquer Nava‑
sana en cas de :
• Hernies discales lombaires et abdo‑
minales,
• Hémorroïdes,
• Grossesse,
• Trois premiers jours des règles,
• Asthme,
• Chirurgie abdominale.
Stéphanie Delaleuf
Professeure de yoga, lithothérapeute
et praticienne en aromathérapie