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Projet du 23 mai 2022

LA REVUE DE PRESSE DU CABINET NYEMB

De la semaine du 23 mai 2022

Actualités règlementaires

Déguerpissement de Dikolo-Bali: l’honorable Marlyse Douala Bell saisit le Premier


ministre.
L’ancienne députée RDPC appelle Joseph Dion Ngute au secours. Depuis le samedi 14
Mai 2021, une opération de déguerpissement des populations a lieu au lieu-dit Bali Dikolo
est en cours. Les démarches des populations auprès de l’État pour désamorcer cette
opération n’ont finalement abouti à rien.
Témoin des casses, l’Honorable Marlyse Douala Bell a saisi le Premier ministre Joseph
Dion Ngute dans un message. « Monsieur le Premier Ministre, quand j’ai vu ces engins
marcher sur ma maison, sous mon regard hébété devant mes enfants interloqués, face au
visage de ma femme baignant dans une rivière de larmes, j’ai compris que ces engins ne
marchaient pas seulement sur ma maison, mais sur mon corps. », écrit-elle. La femme
politique ajoute : « A soixante-dix ans aurais- je la force de recommencer ? Je voudrais
faire confiance à votre sens des responsabilités. Espérer qu’une fois parfaitement édifier,
vous trouverez des solutions idoines qui apaiseront les cœurs et qui répareront notre
estime de soi, notre dignité. »
Ci-dessous son message au 1er Ministre Chef du Gouvernement.
« Monsieur le Premier Ministre chef du Gouvernement,
Humblement, je viens auprès de vous, vous confier en toute fraternité et avec grand
respect ma complainte. Ma détresse.
Excellence,
Une maison est un toit et quelques murs.
Mais, une maison c’est plus que cela.
Une maison c’est un rêve, une ambition, un projet, une réalisation,
Une maison c’est souvent toute une vie.
Une maison, c’est un foyer, un refuge, un cocon, un repère, un abri,
Oui une maison c’est aussi une fierté, un accomplissement, des efforts incalculables, des
privations insoutenables, des angoisses et des doutes.
Une maison c’est surtout, des rires, des pleurs, des murmures, des cris, de la tristesse, du
bonheur et de la joie.
Une maison c’est la vie. Une partie de soi.
Ma maison c’est ma vie.
Ma maison c’est beaucoup de moi et de ma famille.
Monsieur le Premier Ministre, quand j’ai vu ces engins marcher sur ma maison, sous mon
regard hébété devant mes enfants interloqués, face au visage de ma femme baignant dans
une rivière de larmes, j’ai compris que ces engins ne marchaient pas seulement sur ma
maison, mais sur mon corps.
A soixante-dix ans aurais- je la force de recommencer ?
Je voudrais faire confiance à votre sens des responsabilités. Espérer qu’une fois
parfaitement édifier, vous trouverez des solutions idoines qui apaiseront les cœurs et qui
répareront notre estime de soi, notre dignité.
Cela, pour que vive la République exemplaire et le Président Paul Biya.
Excusez-moi Excellence. Je n’ai plus de force. »

Fer de Mbalam : Paul Biya refuse de payer 94 milliards de FCFA à Sundance et


choisit l’arbitrage.
Débutées au deuxième semestre de 2021, les négociations entre le Cameroun et Sundance
Resources (et sa filiale locale Cam Iron SA), en vue du règlement à l’amiable du
contentieux qui les oppose au sujet du projet d’exploitation du fer de Mbalam, ont échoué.
C’est ce qui ressort d’un ensemble de courriers officiels, dont nous avons obtenu copie.
Convaincu de la volonté de Yaoundé de poursuivre le développement du projet avec
d’autres partenaires, la junior minière australienne a saisi en juin 2021 la Cour
internationale d’arbitrage de la Chambre de commerce international de Paris afin d’obliger
le pays a lui accordé un permis d’exploitation sur ce gisement de fer, après la convention
minière du 29 novembre 2012 et l’accord de transition du 30 juin 2015.
Pour mettre définitivement fin à la procédure engagée au niveau de la capitale française,
Sundance demande à l’État du Cameroun de lui rembourser les dépenses engagées lors de
la phase de recherche. Des dépenses « évaluées, sous réserve d’audit, à la somme de 94
milliards de FCFA », selon le ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement
technologique (Minmidt), dont les services ont mené les négociations avec l’entreprise
minière australienne.
Désaveux
Le paiement de cette « dette » est considéré par Gabriel Dodo Ndocké comme une « 
évolution » pour clore cette affaire. Ce dernier soumet d’ailleurs cet « arrangement » à la
sanction du président de la République. Mais, Paul Biya décide de défendre les intérêts du
Cameroun devant le tribunal arbitral de Paris, selon une lettre du secrétaire général de la
présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, datée du 18 avril et adressé au
Minmidt. Ce dernier a également choisi, selon le même courrier, de confier la défense du
pays à Thierry Lauriol, avocat au barreau de Paris, associé au sein du cabinet Jeantet.
Ce dernier est déjà l’avocat du Congo, trainé par Sundance devant le tribunal arbitrale de
Londres pour lui avoir retiré le permis sur le volet congolais du même projet.
Ledit avocat, apprend-on, devrait avoir déjà déposé la réponse de l’État du Cameroun à la
demande d’arbitrage avant la date butoir du 30 avril 2022. Par lettre séparée, déclare le
SG-PR, le ministre des Finances, Louis Paul Motazé, a été instruit de mettre en urgence à
la disposition du percepteur près l’ambassade du Cameroun à Paris, de la somme de 55 
000 dollars (environ 34,57 millions de FCFA) au titre du paiement des frais de la
procédure urgente qui s’est achevée le 1er avril 2022, par une décision pas favorable pour
le Cameroun. La Cour internationale d’arbitrage de Paris a en effet rendu une décision
provisoire interdisant au Cameroun « de délivrer un permis d’exploitation relatif au
gisement de minerai de fer de Mbalam ou de délivrer tout instrument ou document ayant
un effet similaire, à Sonamines ou à toute autre entité », a indiqué Sundance.
Lenteur
En août 2021, Sundance Resources a annoncé qu’elle mise sur les procédures d’arbitrage
contre le Cameroun et le Congo pour payer les dettes dues à ses actionnaires d’un montant
estimé à 132 millions de dollars [environ 70,86 milliards de FCFA], à fin janvier 2021. Au
Congo, la firme australienne réclame des dommages d’un montant de 8,76 milliards de
dollars US, soit plus de 4700 milliards de FCFA à la valeur actuelle du dollar.
Depuis 2015, après plusieurs prorogations de sa licence d’exploration sur le projet, la
junior minière australienne n’est pas parvenue à accrocher un partenaire technique et
financier pour la mise en place des infrastructures relatives au projet de Mbalam
(construction d’un chemin de fer plus de 500 km entre Mbalam et Kribi, de la mine et d’un
terminal minéralier au port en eau profonde de Kribi). Des tentatives successives avec les
sociétés chinoises China Gezhouba, en 2015, Tidfore Heavy Equipment Group Ltd, en
2018, et enfin AustSino, à partir de 2018, ont toutes été couronnées d’échec.
Et le 25 juin 2021 à Yaoundé, l’État du Cameroun, à travers le ministre des Transports,
Jean Ernest Ngallé Bibéhé, signe avec les sociétés AutSino Resources Group Ltd et
Bestway Finance Ltd, un mémorandum d’entente (MoU), pour la construction du chemin
de fer de plus de 500 km reliant Mbalam au port en eau profonde de Kribi. Ce qui a poussé
Sundance à trainer AutSino devant les juridictions australiennes pour abus de confiance.
Car Sundance estime que l’entreprise chinoise a utilisé les données qu’elle lui avait
fournies pour négocier et obtenir le permis de Mbalam dans son dos.

Gicam suggère la prudence et des mesures réglementaires face à l’adoption de la


cryptomonnaie en RCA.
Dans une récente note, le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) donne son
point de vue par rapport à la loi du 22 avril 2022 régissant la cryptomonnaie en
République centrafricaine, faisant de cet état, le deuxième à légaliser le Bitcoin après le
Salvador. Pour l’organisation des patrons la plus influente du pays, cette loi a un caractère
révolutionnaire et emporte un certain nombre de conséquences pour la RCA.
D’abord, l’exposition médiatique du pays relative à cette information. Car, il est probable
que de nombreuses personnes s’intéressent désormais à ce pays. Ce qui peut augurer des
jours meilleurs pour l’industrie touristique. En plus, bien que la RCA soit un pays à
l’économie et à l’influence assez modestes sur la scène mondiale, le pays a sans doute
accru son capital de sympathie dans la communauté des « cryptophiles » dont une bonne
frange pourrait envisager des investissements en RCA.
Cependant, relève le groupement patronal, de nombreux défis doivent être relevés pour
que la cryptomonnaie devienne une réalité en RCA.
« En effet, en se souvenant que la RCA est membre de la Cemac et partage le franc CFA
en commun avec six autres pays de la sous-région Afrique centrale, ce pays est donc
soumis à la Convention régissant l’Union monétaire de l’Afrique centrale (UMAC) qui
dispose, entre autres, que : l’unité monétaire légale des États membres de l’Union est le
Franc de la Coopération financière en Afrique centrale (FCFA) ».
Selon le Groupement, il semble ainsi clair que la Convention susvisée ne prévoit pas
d’autre unité monétaire légale que le FCFA dans les pays membres, et par conséquent en
RCA. En plus de l’exclusivité de l’unité monétaire, cette convention accorde aussi le
privilège exclusif de l’émission de monnaie en zone Cemac à la Banque des États de
l’Afrique centrale (Beac).
Réserves et prudence
Le Gicam relève que, même si le problème de la conformité aux normes communautaires
était réglé, et que les institutions d’opérationnalisation étaient mises en place (Agence
nationale de régulation de transaction électronique-ANTE et Trust), la nouvelle loi
centrafricaine sera de peu d’effet à court et même moyen termes. Principale raison : le taux
de pénétration de l’Internet dans le pays est seulement de 11,3 % en janvier 2022, dans un
pays qui du reste à un taux d’alphabétisation de 48% et où l’alimentation en énergie
électrique reste un luxe pour les populations.
En guise de conclusion, le Gicam déclare que, « la légalisation des cryptomonnaies par
des pays comme la RCA ou [le] Salvador est une décision non sans implications sérieuses
pour ces deux pays. De fait, ce choix de grande portée ; qu’est l’acceptation d’actifs
cryptographique, devrait s’accompagner d’autres mesures réglementaires et de
facilitation opérationnelle pour faire de la cryptomonnaie un outil de développement
économique et social ».
Le Gicam suggère ainsi des mesures réglementaires face au choix de la RCA dans un
contexte où, indique l’organisation, la plupart des pays observent encore « la prudence
face au développement de cette technologie ». À preuve, certains pays ont opté pour
l’interdiction, dure ou souple, même s’il est difficile au niveau technique de faire respecter
cette interdiction, notamment pour l’acquisition de bien et de services dématérialisés.

Actualités juridiques

LEX’TALK: LA BLOCKCHAIN.
À l’heure de la crise de confiance et du mécontentement vis-à-vis des tiers et médiateurs
traditionnels, institutions, banques et États, la technologie blockchain, qui porte la
promesse d’une désintermédiation et de la transparence, séduit et intrigue.
Le terme « blockchain » est apparu en 2008 et depuis nous assistons à une croissance des
projets basés sur cette technologie.
Elle est souvent présentée comme une innovation de rupture, aussi importante que la
naissance de l’imprimerie ou d’Internet. Ses impacts potentiels pourraient révolutionner
nos systèmes économiques et nos manières d’échanger. La blockchain est porteuse de
transformations profondes dans de nombreux domaines d’application.
Elle peut à la fois représenter une menace, dans ses intentions ou son utilisation, en créant
des systèmes de confiance basés sur des lois mathématiques qui s’affranchiraient des
exigences démocratiques ou une opportunité pour la démocratie, si elle est bien utilisée.
Cette technologie porte surtout la promesse d’une nouvelle gouvernance, à l’échelle locale
comme mondiale, basée sur des principes novateurs : collaboration, décentralisation et
transparence.
Certains auteurs comme Jean-Paul Delahaye, chercheur au centre de recherche en
informatique, signal et automatique de Lille (CRISTAL) a affirmé que la blockchain serait
comparable à un grand cahier informatique, partagé, infalsifiable et indestructible du fait
même de sa conception et est désormais au cœur d'une nouvelle révolution.
La France a quant à elle adopté la définition suivante : c’est une chaine de blocs sur
lesquels sont stockées des informations de toute nature.
Elle est équivalente à une « technologie de stockage et de transmission d’informations,
transparente, sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle ».
Elle est par ailleurs considérée comme une technologie des registres distribués, ou DLT
(Distributed Ledger Technology), qui regroupe les systèmes numériques qui enregistrent
des transactions d'actifs et leurs détails dans plusieurs emplacements à la fois et constitue
la technologie DLT la plus connue.
Une blockchain constitue une base de données qui contient l’historique de tous les
échanges effectués entre ses utilisateurs, et ce, depuis sa création.

Sanctions contre Banque Atlantique Cameroun : la Cour de justice de la Cemac


désavoue la Cobac.
Le 12 mai 2022, la Cour de justice de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA
et Guinée équatoriale) a définitivement vidé le contentieux qui oppose, depuis août 2021,
la filiale au Cameroun du groupe Banque Atlantique à la Commission bancaire de
l’Afrique centrale (Cobac), le régulateur du secteur bancaire dans l’espace Cemac.
Après avoir ordonné un sursis à exécution de la décision démettant d’office le Conseil
d’administration de Banque Atlantique Cameroun (BACM), prise par la Cobac le 27 août
2021, la Cour de justice communautaire vient d’annuler purement et simplement toutes les
quatre décisions prises par la Cobac contre cette institution bancaire et ses dirigeants pour
« vice de forme, de procédure et défaut de base légale ». Cette décision fait suite aux
recours (recours en sursis à exécution et recours en annulation) introduits par la banque
auprès de la Cour, le 16 novembre 2021.
Les décisions ainsi annulées sont la démission d’office les membres du Conseil
d’administration, ainsi que les blâmes infligés au directeur général, à son adjoint, et à la
banque et ses dirigeants sociaux (PCA, DG et DGA). Selon la Cobac, ces décisions prises
le 27 août 2021, mais révélées le 5 octobre 2021, l’avaient été principalement au motif de
« manquements graves aux règlements relatifs à la lutte contre le blanchiment des
capitaux et le financement du terrorisme, ainsi qu’à la réglementation des changes ». Mais
le collège des juges, conduit par Julienne Elenga Ngaporo, a estimé que « la violation de la
réglementation relative au blanchiment des capitaux et financement du terrorisme,
reprochée à la Banque Atlantique Cameroun (BACM) et ses dirigeants, n’est pas établie ».
Ces décisions, contestées par les dirigeants de Banque Atlantique Cameroun dès leur
révélation au grand public, avaient amené la banque à organiser une intense activité de
lobbying auprès des autorités monétaires de la zone Cemac, dans l’optique d’obtenir un
réexamen de sa cause par le régulateur. À chaque étape, les émissaires de la banque
avaient présenté « toutes les informations de nature à lever d’éventuels doutes sur la
conformité de certaines opérations ».
Face aux résultats produits par cette mission d’explication, la banque avait saisi la Cour de
justice de la Cemac le 16 novembre 2021. Cette instance judiciaire communautaire vient
de lui donner raison sur toute la ligne.

Actualités jurisprudentielles

Le bailleur qui débranche les installations électriques dans les locaux loués, de manière à
laisser le preneur dans le noir, et qui occupe le garage dudit local avec son véhicule, cause
au preneur des troubles de jouissance qu'il convient de faire cesser.
Les parties au contrat de bail se doivent chacune de respecter les clauses qu’elles ont elles-
mêmes convenues. Dès lors que le bailleur a donné à bail ses locaux au preneur, il est tenu
de les libérer tout en les laissant en bon état de telle manière qu’il devient un occupant sans
droit ni titre s’il continue d'occuper les lieux donnés à bail. Tout sabotage des lieux loués
par le bailleur est constitutif d'un trouble de jouissance.
Ainsi, le bailleur impayé qui débranche toutes les installations électriques faites par le
preneur dans les locaux loués, de manière à le laisser dans le noir et qui occupe le garage
dudit local avec son propre véhicule, cause au preneur des troubles de jouissance qu'il
convient de faire cesser en application des dispositions de l’article 109 et suivants de
l'AUDCG.

Tribunal de commerce de Cotonou, Deuxième Chambre de jugement de la Section III, N°


069/2022/CJ2/S3/TCC du 15 avril 2022.
Actualités économiques et financières au Cameroun et en zone CEMAC

Au Cameroun
Les assureurs retirent leurs dépôts des banques pour souscrire à l’emprunt
obligataire du Cameroun, plus rentable.
Selon le président de l’Association des compagnies d’assurance du Cameroun (Asac),
l’engouement de ces entreprises pour l’emprunt obligataire 2022 du Cameroun, dont les
souscriptions s’achèvent le 25 mai 2022, est tel que les assureurs rompent des contrats de
dépôts à terme (DAT) dans les banques commerciales, pour souscrire à l’appel public à
l’épargne lancé par l’État. À en croire Thierry Kepeden (photo), par ailleurs directeur
général d’Axa Cameroun, les assureurs sont principalement aguichés par le taux d’intérêt
de 6,25% servi par le gouvernement camerounais dans le cadre de cette opération de levée
de fonds.
« Nous cassons des DAT à 5 et 5,5% dans les banques, parce que nous souhaitons avoir
un peu plus (d’intérêts, NDLR). Si l’État ne prend pas nos souscriptions et que nous
retournons vers les banques pour de nouveaux DAT, elles ne nous les reprendront plus à
ces mêmes taux », a-t-il confié le 17 mai 2022 à Douala, au cours de la phase du road-show
de l’emprunt obligataire 2022 réservée aux investisseurs de la capitale économique
camerounaise.
En effet, au regard du volume de la prise ferme de 180,5 milliards de FCFA déjà garantie à
l’État du Cameroun par les arrangeurs, le président de l’Asac s’inquiète de ce que les 19,5
milliards restants sur les 200 milliards de FCFA recherchés par le Cameroun soient
rapidement souscrits, et que le volume sursouscrit ne soit pas encaissé par le Trésor public.
Auquel cas, l’engouement manifesté par les assureurs en rompant les DAT pour privilégier
les placements dans l’emprunt obligataire aura été vain.
« Si j’obtiens plus de 200 milliards de FCFA, je prends », a rassuré Louis Paul Motazé, en
soulignant les besoins énormes de financements auxquels fait actuellement face l’État du
Cameroun. Afin de définitivement rassurer le président de l’Asac, a expliqué Samuel Tela,
le directeur de la trésorerie au ministère des Finances, en cas de sursouscription, ce sont les
offres des personnes physiques qui seront prioritairement encaissées, suivies de celles des
investisseurs institutionnels tels que les compagnies d’assurance. Ce n’est qu’après ces
offres que les prises fermes seront prises en compte, au prorata de l’enveloppe restante.
Pour rappel, débuté le 16 mai 2022 à Libreville, la capitale gabonaise, le road-show de
l’emprunt obligataire 2022 du Cameroun, que conduit le ministre des Finances, se poursuit
ce 18 mai 2022 à Brazzaville, la capitale du Congo, après l’étape de Douala, le 17 mai
2022. L’épilogue est prévu le 23 mai 2022 à Yaoundé, la capitale du pays.

Economie numérique : suite à la crise de la Silicon Mountain, la Douala Silicon se


positionne.
Le Réseau camerounais de structures d’accompagnement à l’entrepreneuriat innovant,
KmerTech, a présenté, le 18 mai à Douala, les six startups lauréates au terme de la
compétition nationale « TIE Champion », financée par l’Union européenne (UE). Au cours
de cette cérémonie, Philippe Van Damme, l’ambassadeur, chef de délégation de l’UE au
Cameroun, a indiqué que les États membres de l’UE ainsi que ses organisations (GIZ,
coopération allemande, Orange digital Center etc.) veulent tous voir l’écosystème des
startups se développer en quelque chose d’un peu plus structuré à Douala. « Bien avant la
crise, Buea [dans le Sud-ouest du pays] était Sillicon Mountain. Maintenant que cet
espace n’existe plus, il y a peut-être un Douala Silicon qui peut se développer et donner
lieu à un hub des plus intéressants », a déclaré le diplomate.
Dans la même veine, Rebecca Enonchong, figure de proue d’Active Space, un espace
d’incubation à Douala, a indiqué que les six startups lauréates, basées dans la capitale
économique du pays, peuvent devenir des milliardaires de demain. « Souvent on minimise
le projet qu’on voit dans ces compétitions de startups. Mais on y retrouve des gens qui ont
approché le marché, qui ont des modèles économiques intéressants et qui reçoivent des
financements. Nous avons des startups qui ont levé les trois dernières années plus de deux
millions de dollars, donc sont milliardaires sur papier », a-t-elle déclaré.
Si l’idée de la Douala Silicon (en similitude avec la Silicon Valley aux États-Unis) se
matérialise, elle viendra palier l’affaiblissement de la Silicon Mountain dans la région du
Sud-ouest du Cameroun, victime depuis 2016 d’une crise anglophone qui a causé l’arrêt
d’activités plusieurs entreprises. En 2017 déjà, l’ONG Internet sans frontières a révélé que
les entreprises numériques dans la Silicon Mountain ont perdu 440 millions de FCFA en
une année de conflit armé.
Pour donner plus de tonus à l’écosystème tech, KmerTech a lancé une compétition
nationale baptisée « Tech innovation entrepreneurship » (TIE) du 10 décembre 2021 au 20
janvier 2022. Ainsi, 49 projets ont été présélectionnés sur un total de 111. Le 3 mars 2022
à Douala, 18 candidats finalistes ont présenté leur idée startup. Au bout du compte, les six
gagnants bénéficient d’un soutien financier de l’Union Européenne (UE) pour implémenter
des projets numériques portant sur l’éducation (Miya Academy, Cameroon GCE APP), la
santé (Telmi, Ekosse) et le business (Nkwa, Tensend).
Pour sa part, le soutien fourni par la KmerTech comprend un soutien technique via les
incubateurs ; la formation des candidats à l’esprit de résolution de problèmes et de
conception de produits, tout au long du processus de candidature. Enfin, Kmer Tech se
charge de décrocher des financements pour permettre aux champions nationaux TIE de
lancer leurs produits/services.

Projet Backbone : le Cameroun perd un financement de 7 milliards de FCFA.


Le 18 mai à Yaoundé, au cours de la 9e session ordinaire du Comité de pilotage du projet
« Central Africane Backbone » (CAB), qui vise à interconnecter tous les pays de la Cemac
par la fibre optique, le ministre des Postes et Télécommunications (Minpostel), Minette
Libom Li Likeng, a révélé que certaines activités de ce projet ont été annulées.
Cette annulation est une conditionnalité posée par la Banque africaine développement
(BAD), le principal bailleur des fonds, pour sauver les financements dédiés au projet. Sauf
que du fait de cette décision, le Cameroun a perdu un financement de 7 milliards de FCFA.
« L’annulation de ces activités équivaut à environ 24% du montant de l’accord de prêt,
soit plus de 7 milliards de FCFA sur les 30 milliards de FCFA accordés », a déclaré le
Minpostel.
Selon Libom Li Likeng, concrètement la configuration de l’infrastructure à fibre optique a
été modifiée. Les travaux de construction des locaux techniques devant abriter les
équipements actifs de la fibre optique et la résiliation du marché y relatif a été supprimé,
au regard des lenteur observées dans l’exécution de ce marché. En plus, la solution « 
Indoor » a été remplacée par la mise en œuvre de la solution « Outdoor » proposée par
l’opérateur Huawei. 13 autres activités non lancées, pour la plupart, en cours de
contractualisation (en attente de non-objection de la BAD) ou à exécuter dans les régions
du Nord-ouest et du Sud-Ouest ont également été annulées.
Le Minpostel explique qu’au cours des deux dernières années, le projet Backbone a connu
d’importantes perturbations, qui ont sérieusement impacté son fonctionnement, en raison,
entre autres, des lourdeurs et incompréhensions dans la réalisation du projet. Les
pesanteurs concernent la gestion des demandes de non-objection ; les difficultés dans la
gestion du personnel du projet tout au long de l’année 2020 et le retard dans le recrutement
du spécialiste en passation des marchés, avec pour conséquence le non-respect du plan de
passation des marchés et du plan de travail annuel du projet.
Les autres perturbations majeures rencontrées sont : la pandémie du Covid-19 qui a
entraîné de multiples suspensions de l’exécution de plusieurs contrats, les reports
systématiques des travaux des commissions de passation des marchés ainsi que le retard
dans l’exécution de certains contrats ; l’insécurité dans les régions du Nord-Ouest et du
Sud-ouest, qui a entraîné la reconfiguration du projet dans sa globalité avec l’annulation de
tous les projets inscrits dans ces régions.
Articulé en une composante régionale et en des composantes nationales, le projet CAB a
démarré au Cameroun en 2016, mais n’a connu sa vitesse de croisière qu’en 2018, et
particulièrement en 2019. Ceci avec notamment le début des travaux de pose de la fibre
optique dans la région du Sud du pays, en vue de l’interconnexion avec le Congo, et dans
la région de l’Est, pour l’interconnexion avec la République centrafricaine.

Emprunt obligataire 2022 : 200 milliards pour relancer les projets.


Avec l’opération baptisée « ECMR 6,25 % Net 2022-2029 » l’État entend mobiliser par
Appel Public à l’Épargne, un montant de 200 milliards de FCFA. A cet effet, l’État du
Cameroun a été autorisé par la Commission de surveillance du marché financier de
l’Afrique centrale (COSUMAF) à effectuer une opération d’emprunt obligataire par appel
public à l’épargne pour un montant de 200 milliards de FCFA pour financer certains
projets inscrits au budget de l’État pour l’exercice 2022. Après 2010, 2013, 2014 ,2016 et
2018, l’État du Cameroun vient de lancer son sixième emprunt obligataire. L’opération
amorcée depuis le 16 mai 2022 est conduite par le Ministre des Finances Louis Paul
Motaze. Cet appel public à l’épargne de l’État du Cameroun fait l’objet d’un Road show,
une campagne marketing qui a conduit la délégation camerounaise au Gabon au Cameroun
et se rendra Congo Brazzaville pour inciter les investisseurs à souscrire à cet emprunt
obligataire auprès d’un syndicat de placement. Le taux d’intérêt de cet emprunt obligataire
est de 6,25 % au lieu de 6 % comme antérieurement fixé. La durée de cet emprunt est de
7ans. Le minimum des souscriptions est de 30 titres obligataires et le montant de
l’émission est de 200 milliards de FCFA.
Pour atteindre les résultats escomptés par cette opération dont l’État du Cameroun est
l’émetteur, appel a été fait à quatre arrangeurs dont Afriland Bourse and Investissement, la
Société générale Capital Securities-Central Africa, Upline Securities Central Africa, BGFI
Bourse, et deux co-arrangeurs : Atlantic financial group Capital et ASCA qui constituent
ce syndicat. Depuis un peu plus de deux décennies l’État du Cameroun s’est engagé dans
un vaste programme d’investissement dans des projets porteurs de croissance et d’emploi
dans les domaines des infrastructures portuaires, routières, et énergétiques.
Le 17 mai 2022 à Douala le Ministre des Finances Louis Paul Motaze a procédé au
lancement de l’emprunt obligataire baptisé « ECMR 6,25% NET 2022-2029 » au cours
d’une cérémonie très courue. Étaient conviés à cette grand-messe de la finance publique un
important panel de personnalités publiques de tous les secteurs d’activités. Au cours de son
allocution, le Ministre des Finances a exhorté les souscripteurs à saisir cette offre qui est «
une occasion unique de poursuivre l’écriture de la grande histoire financière du
Cameroun ».
Sur le choix porté sur Douala pour le lancement de cette nouvelle opération, le Ministre
des Finances précise par le fait que de cette ville porte-bonheur est parti le succès des
opérations précédentes de financement de l’État de 2010, 2013, 2014 ,2016 et 2018 avec
des taux de souscription respectifs de 101,5%, 162%, 100%,115% et 138%. Et de Douala
a-t-il conclu avec conviction, viendra encore le succès de celle du 17 mai 2022. À toutes
ces périodes, le Cameroun à la faveur de ces différents emprunts obligataires a bénéficié
d’un important concours financier pour la réalisation de ses programmes de
développement.
Les quatre premiers emprunts ont été intégralement remboursés, le cinquième s’achèvera
en novembre 2023. Au cours de la décade 2010-2023, le Trésor public a également
remboursé un montant total de 3 349,14 milliards de FCFA dont 2 294, 024 milliards sur
le monétaire de la BEAC, 645 milliards sur le marché financier local et 360,12 milliards
sur le marché international.
Cette sixième opération est entièrement garantie par l’État du Cameroun. À cet effet un
compte séquestre a été ouvert dans les livres de la BEAC et approvisionné régulièrement
en prévision des échéances de remboursement sous le contrôle de la Représentation de la
masse des Obligataires qui sera mise en place. Les principaux caractères de l’émission
obligataire sont un montant de 200 milliards de FCFA, un taux d’intérêt séduisant et
maitrisé de 6,25% net d’impôts et taxes, une maturité innovante de 7 ans, une période de
différé de 2 ans.
La réalisation d’une cinquantaine de projets est prévue dans les secteurs stratégiques des
infrastructures, des industries et services, du développement rural, conformément à la
vision 2035. En effet, certaines activités au cours de cette année 2022 nécessitent la
mobilisation de ces 200 milliards qui sont destinés à des projets structurants de
développement inscrits au budget 2022 dans les secteurs de l’Eau et l’Énergie.

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