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Atelier d’écriture 2

Mercredis 30 novembre et 7 décembre 2022

Femmes-fleurs

Femmes de chair, femmes de fleur

La puissance sensible des femmes et des fleurs


Document 1. Marie de France, « Eliduc »

« Eliduc », dans Lais Bretons (XIIe-XIIIe siècles) : Marie de France et ses contemporains, éd. et trad.
Nathalie Koble et Mireille Sèguy, Champion, coll. Classiques Moyen Âge, Paris, 2011.

Dernier lai des Lais de Marie de France, « Eliduc » repose sur un motif relativement courant dans la
littérature courtoise de langue française du XIIe siècle : « l’homme entre deux femmes ». 
Eliduc, marié à Guildeluëc, doit partir en guerre de l’autre côté de la mer. Une fois sur place, il fait la
connaissance d’une très belle jeune princesse, Guilliadon, qui devient sa maîtresse. Eliduc cache
l’existence de sa maîtresse à sa femme ; et de sa femme à sa maîtresse. Malheureusement, un jour,
alors qu’ils font une promenade en bateau, Guilliadon apprend par hasard que son ami est déjà marié.
Horrifiée, elle tombe, comme morte, dans un profond coma. Eliduc ne peut se résoudre à
l’abandonner. Il la ramène donc dans son pays natal et la couche dans une chapelle sylvestre un peu
reculée. Chaque jour, il va la voir et pleure sa disparition si bien que sa femme, inquiète de voir son
époux si triste, décide d’en savoir plus. Elle demande à un serviteur de suivre son époux pour savoir
où il va. Ce dernier découvre ainsi l’existence de la chapelle. Guildeluëc profite de l’absence de son
mari — un jour que le roi l’a appelé auprès de lui — pour se rendre dans la chapelle et découvrir le fin
mot de l’histoire. 

1009 Quant en la chapele est entree, A son entrée dans la chapelle,


El vit le lit a la pucele, Elle vit le lit et la jeune fille :
Ki resemblot rose nuvele ; On eût dit une rose fraîchement éclose ;
Del cuvertur la descovri Rabattant la couverture,
E vit le cors tant eschevi, Elle vit son corps parfait,
Les braz lungs e blanches les meins, Ses bras longs, ses mains blanches,
1015 E les deiz greilles, lungs e pleins.  Ses doigts fins, longs et lisses. 
Or seit ele la vérité Elle sait maintenant la vérité
Pur que sis sire ad duel mené.  Sur le deuil que mène son époux. 
Le vadlet avant apela Elle fait s’avancer le serviteur
E la merveille li mustrat : Et lui montre cette scène stupéfiante :
1020 « Veiz tu, fet ele, ceste femme, « Vois-tu, dit-elle, cette femme,
Ki de beauté resemble gemme ? Aussi belle qu’une gemme ?
Ceo est l’amie mun seignur C’est l’amie de mon époux,
Pur quei il meine tel dolur.  celle pour laquelle il se lamente tant. 
Par fei, jeo ne m’en merveil mie, Ma parole je ne peux m’en étonner :
1025 Quant si bele femme est perie.  la morte était si belle ! 
Tant par pitié que par Amur, tant par pitié que par amour,
Jamés n’avrai joie nul jur. » Il m’est désormais impossible d’être heureuse. »
Ele cumencet a plurer Elle se mit à pleurer
E la meschine regreter.  et à déplorer la mort de la jeune femme. 
1030 Devant le lit s’asist plurant.  Elle était assise, en larmes, devant le lit, 
Une musteille vint curant, Quand détala une belette,
De suz l’auter esteit eissue Surgie de dessous l’autel ;
Et li vadlez l’aveit ferue : Comme elle avait foulé le corps de la jeune femme,
Pur ceo que sur le cors passa, Le serviteur frappa :
1035 D’un bastun qu’il tint la tua.  il la tua d’un bâton qu’il avait en main. 
En mi l’eire l’aveit getee.  Il la jeta au milieu de la nef. 
Ne demure une loëe, Elle y gisait depuis peu,
Quant sa cumpaine i acurrut, Lorsque sa compagne accourut
Si vit la place u ele jut.  Et la vit étendue là. 
1040 Entur la teste li ala Elle fit le tour de sa tête,
E del pié suvent la marcha.  multipliant les coups de pattes. 
Quant ne la pot fere lever, Impuissante à la faire se relever,
Semblant feseit de doel mener.  Elle donna toutes les apparences de la douleur. 
De la chapele esteit eissue, Sortant de la chapelle, 
1045 As herbes est el bois venue.  Elle alla chercher des herbes dans la forêt ;
Od ses denz ad prise une flur Avec ses dents, elle coupa 
Tute vermeille colur.  une fleur toute rouge. 
Hastivement reveit ariere ; En hâte, elle revint sur ses pas ;
Dedens la buche en teu maniere elle la plaça dans la bouche
1050 A sa cumpaine l’aveit mise De sa compagne
Que li vadlez aveit ocise, Tuée par le serviteur ;
En es l’ure fu revescue.  Celle-ci revint, sur l’heure à la vie. 
La dame l’ad aparceüe, A ce spectacle, la dame
Al vadlet crie : « Retien la !  Cria au serviteur : « Attrape-la !
1055 Getez, francs hum, mar s’en ira ! » Lance ton bâton mon brave, malheur si elle
E il jeta, si la feri s’échappe ! » Il le lança, la toucha :
Que la florete li cheï.  Elle lâcha la petite fleur. 
La dame lieve, si la prent,  La dame se leva, s’en saisit,
Ariere va hastivement,  Revint en hâte sur ses pas :
1060 Dedanz la buche a la pucele Dans la bouche de la jeune femme
Meteit la flur ki tant fu bele.  elle mit la fleur – elle était si belle ! 
Un petitet i demura, Au bout d’un moment,
Cele revint e suspira. celle-ci revient à elle et poussa un soupir.

Guildeluëc lui promet alors qu’elle rendra la liberté à son époux afin qu’elle et lui puissent se marier et
vivre heureux. Guildeluëc prend donc le voile et cède la place à Guilliadon, qui aurait pu être sa rivale.
Après quelques années de mariage, Guilliadon rejoint Guildeluëc dans son abbaye et elles finissent
leur vie « comme des sœurs ».

Document 2. Le Roman de saint Fanuel (fin du XIIIe siècle)

Le Roman de Fanuel est le titre donné à un récit du XIIIe siècle que l’on trouve inséré en amont de la
vie de la Vierge et du Christ dans 13 manuscrits. Ce récit développe la généalogie fictive de la sainte
famille. Les extraits ci-dessous vont de la fin du prologue à la naissance de Fanuel, l’enfant né de la
fleur, qui à son tour, dans la suite du récit, tombera enceint de sainte Anne la mère de la Vierge.

Ed. Camille Chabaneau, « Le Romanz de saint Fanuel et de sainte Anne et de Nostre Dame et de
Nostre Segnor et de ses apostres », Revue des Langues Romanes, 28, 1885, p. 157-258 ; trad.  Sophie
Albert.

Or faites pais, si m’escoutés. Maintenant taisez-vous, et écoutez-


Je vous dirai, se vous volés, moi. Je vous dirai, si vous le voulez bien,
Si com li rois Jesus nasqui, comment le roi Jésus naquit, qui engendra
Et qui sa mere engenui, sa mère, comment sainte Anne fut portée,
35 Et com sainte Anne fu portée, qui ne fut pas engendrée par un homme
Qui ains ne fu d’ome engenrée,
Mais par le terdre d’un coutel mais quand un couteau fut essuyé sur la
En la cuisse saint Fanuel. cuisse de saint Fanuel. Il la porta à cet
La la porta si longuement endroit aussi longtemps qu’une mère porte
40 Si com mere fait son enfant. son enfant.
Saint Abraham ot .I. vergier
Que Diex ama molt et tint chier.
Encor dist on Vergier Abraham Saint Abraham avait un verger, pour
En la terre Jherusalem. qui Dieu avait amour et affection. On
45 En cest vergier avoit une ente l’appelle encore le Verger d’Abraham dans
Qui tant estoit et bele et gente ;
la région de Jérusalem. Dans ce verger était
Desor cele ente ot une flor,
une pousse qui était belle et noble. Sur cette
Mais ne sai dire la coulor ;
pousse était une fleur dont je ne sais dire la
Il n’est nul clerc tant bien letrés
50 Ne d’escriture doctrinés couleur ; aucun clerc ne sait ni ne connaît
Qui sa coulor peust escrire assez bien l’Ecriture pour pouvoir décrire
Ne sa beauté vous peust dire. sa couleur ni sa beauté. Un ange avait pour
Et uns angles i sieut venir coutume de venir s’asseoir chaque jour sur
Chascun jor sor la flor seir ; la fleur ; il venait garder l’arbre et la fleur,
55 L’arbre et la flor venoit garder, que Dieu y avait fait apporter par un ange
Que Diex l’i ot fait aporter du paradis : il savait bien que son corps y
A un angle de paradis ; serait placé. Et à dire vrai, c’était l’arbre
Bien sot ses cors i seroit mis. que monseigneur Dieu aimait tant, qui fut
Ce fu li arbre voirement interdit à Adam mais dont celui-ci mangea
60 Que Damedex par ama tant, le fruit par faiblesse, car sa femme lui en fit
Qu’a Adam fu mis en devié, goûter. C’est pourquoi Dieu fit arracher
Puis en menga par son pechié, l’arbre.
Que sa fame l’en fist mengier.
Por ce fist Dex l’arbre errachier.
65 Apres icelui mengement Après que le fruit eut été mangé
Fu envoié saint Abrahant, ainsi, l’arbre fut envoyé à saint Abraham,
Com home que Dex ot molt chier ; homme que Dieu chérissait par-dessus tout.
Si le planta en son vergier. Abraham le planta dans son verger.

La voix de Dieu révèle à Abraham que de la fleur de l’arbre naîtra « un chevalier qui portera la mère
de la vierge dont Jésus Christ fera sa servante. »

105 Une fille ot sains Abrahans, Saint Abraham avait une fille jeune
Molt jone et bele de .XII. ans ; et belle, âgée de douze ans. La jeune fille
De grant biauté fu la meschine, (meschine) était d’une grande beauté ; elle
Plus iert blanche que flor d’espine, était plus blanche que l’aubépine, avait les
Les euz out vers, clers et rianz, yeux vairs, clairs et rieurs, la bouche belle
110 La bouche bele et avenanz ; et avenante ; c’était une très douce créature,
Molt i out douce créature, selon ce que nous raconte l’Ecriture.
Ce nos raconte l’escripture. Chaque jour, le matin, quand la jeune fille
Chascun jor a la matinee, (pucele) était levée, elle entrait dans ce
Quant la pucele estoit levee,
verger pour que son noble corps s’ébatte.
115 Si s’en entroit en cel vergier
Un jour elle s’approcha de la pousse qui
Por son gent cors esbanoier.
était belle et admirable, et elle en cueillit la
Un jor aprocha de cele ente
Qui molt estoit et bele et gente, fleur. Celle-ci exhala une si puissante odeur
Si a coillie cele fior. que du parfum qu’elle exhala, elle engrossa
120 Ele geta si grant oür la très jeune fille (pucelete).
Que del flair que ele geta
La pucelete en engroissa.
Quand la mère, la femme d’Abraham, apprend que sa fille est enceinte, elle la couvre de propos
insultants, l’accusant de déshonorer la noblesse de son lignage. Elle la prévient : la loi des juifs est
sans pitié pour les mères des bâtards et des enfants sans père, qui sont lapidées sans pitié.

– «Douce mere, dist la meschine, – Douce mère, dit la jeune fille


155 Je sui encore ausi virgine (meschine), je suis encore aussi vierge que
Com est la rose del rosier l’est la rose du rosier quand elle sort de
Quant ele part del aiglentier, l’églantier. Et je me soumettrai à ce sujet à
Et si en ferai un juise, une ordalie, complètement nue sous ma
Trestote nue en ma chemise, chemise, et j’entrerai toute nue dans le feu.
160 Ou g’i enterrai toute nue. Et si Dieu veut me sauver de telle sorte que
Ainc ne fui d’ome corro[m]pue, pas un de mes cheveux ne brûle, il sera
Et se Dex me velt si sauver juste que je reste dans ma chemise saine et
Que mon chevoel ne puist brusler,
sauve.
Don est il drois que je remaine
– D’accord, ma fille, dit la mère,
165 En ma chemise vive et saine. »
mais je m’en vais le dire à ton père. »
— « Oil, fille, ce dist la mere,
Mes ge l’irai dire ton pere. »
La dame est de la chambre issue,
Son segnor troeve enmi la rue, La dame est sortie de la chambre ;
170 Trestot coiement l’apela. elle trouve son époux dans la rue et
Ceste parole li conta l’appelle très discrètement. Elle lui raconta
Que sa fille est enceinte et grosse, toute l’histoire : sa fille est enceinte, «
Porce qu’a coillie une rose parce qu’elle a cueilli une rose sur une
Desore une ente en no vergier. pousse dans notre verger ».

Les parents décident d’étouffer le scandale dans l’œuf ; mais deux femmes de chambre ont entendu la
conversation entre la mère et sa fille et se hâtent de tout divulguer. Voilà les juifs prévenus, ils
viennent trouver Abraham, font comparaître devant eux la jeune fille et menacent de la lapider. Elle
réclame l’ordalie par le feu. Les juifs font préparer un bûcher où l’on mène l’accusée. Otant sa
fourrure et son manteau de soie, elle reste nue sous sa chemise. Elle adresse à Dieu une prière qui
évoque, entre autres, l’arbre du Paradis et la tentation d’Eve, puis s’avance jusqu’au bûcher.

La pucele iert en sa chemise, La jeune fille (pucele) était dans sa


Onques .i. poil n’en i brui chemise : de l’habit dont elle était vêtue,
Del garnement qu’ ele ot vesti. pas un seul poil ne brûla. Dieu la couvrit
Dex la covri tote de flors, entièrement de fleurs aux couleurs variées.
280 Qui erent de maintes colors. Jamais aucune rose n’avait encore vu le
Onques rose n’avoit esté jour au moment dont je vous parle : sur
A icel jor que j’ai conté. cette vierge (virge) apparurent les
Sor cele(s) virge s’aparurent premières qui furent jamais. Les étincelles
Les premières qui onques furent. et les flammèches qui voletaient au-dessus
285 Les estinceles et la flame,
de la dame devinrent soudain des oiseaux
Qui voloient desor la dame,
au chant très doux. Tous les tisons, fussent-
Oisel devindre[n]t maintenant
ils de vives braises et de charbon ardent,
Qui chantoient molt doucement.
Onques ni ot .I. seul tison, devinrent roses de rosiers et fleurs de lis et
290 Tant fust espris en vif carbon, d’églantiers. Le feu s’éteignit, en vérité.
Ne fussent roses de rosier Tous les parents de la jeune fille furent
Et flor de liz et d'aiglentier. ravis ; la mère qui l’avait portée la serra
Li fus estainst, c’est veritez. contre elle et l’embrassa.
Molt en fu liez ses parentez,
295 Et la mere qi le porta
Sa fille prist, si le baisa.
La parentèle de la jeune fille veut la marier et un prétendant se présente, qui lui offre en dot dix
châteaux. Mais celle-ci refuse d’avoir d’autre époux que le seigneur qui a transformé le feu en une
pluie de fleurs. Neuf mois après l’épisode du verger, elle accouche d’un enfant qui est appelé Fanuel.
Document 3. Claude-Louis Combet, Marinus et Marina, Paris, Flammarion, 1979

Présentation par Claude-Louis Combet dans la réédition de José Corti (2003) :

« Dans la Bithynie chrétienne du Ve siècle, vivait une jeune vierge nommée Marina. À l’âge de
quinze ans, elle entra, à la suite de son père, dans un monastère d’hommes où, ayant réussi à
dissimuler son identité sexuelle, elle mena une existence de contemplation et de pénitence. Après sa
mort, l’Église la canonisa sous le nom masculin de Marinus.
Traducteur et interprète de cette légende, le narrateur élabore le récit de son propre cheminement
spirituel, à la fois contrepoint et écho de l’aventure intérieure de Marina. Le texte étranger – à sa
langue, à sa culture et à sa foi – devient la lumière qui lui permet de déchiffrer peu à peu sa
biographie, au cœur de laquelle la question de l’adhésion au masculin ou au féminin s’impose
comme un problème limite qui ne débouche, ici, sur aucune voie de salut. »

Dans le premier chapitre, le narrateur évoque son cheminement spirituel, et le moment où il s’est
révélé à lui-même. Voici la fin du chapitre :

« Je me tenais debout dans un espace mort, en un temps totalement dénoué. Il n’y avait, par ici,
plus de murs, plus de portes, plus de couloirs ni d’escaliers. Le couvent avait à peu près la
consistance d’une ombre précipitée dans le vide. L’attente même de l’Abbé, suspendue à sa
question, avait cessé de peser sur moi. Mon cœur, maintenant sourd à sa parole, se faisait si léger
en moi que les espaces les plus lointains pouvaient l’inviter à leur conquête – pour autant que
conquérir voulût dire accepter. J’étais libre. Je regardais mes pieds. Jamais je n’avais mis autant
d’espoir en aucun de mes regards. Ils étaient nus dans leurs sandales et je souriais à leur
obscénité. » (p. 82)

On passe dans le chapitre II à la réécriture proprement dite de la Vie de sainte Marine. Marina,
que son père Eugène a abandonnée pour partir au monastère de Maria Glykophilousa, fait un
rêve :

« Marina rêve à Marina : elle va se marier mais elle ne connaît pas encore son fiancé. Elle est
toute vêtue de fleurs blanches et roses et ces fleurs ne sont pas une parure extérieure à elle-même,
mais elles ont poussé sur sa peau et leurs racines sont nées de sa chair. Le corps de Marina est
comme l’humus nourricier d’une merveilleuse floraison avec laquelle il ne fait qu’un car il n’y a
pas de distance, pas d’intervalle, entre l’être de la chair et le paraître de la beauté. Toutes ces
corolles fraîches écloses sont Marina et celle-ci, qui s’avance comme peut se dérouler un jardin ou
une prairie, ne fait que marcher à travers elle-même sans jamais se distinguer de soi. Marina est
tout à fait consciente de sa beauté, elle a envie d’elle-même, elle voudrait se rouler dans ses
propres fleurs et se cueillir à pleines brassées. Cependant, comme elle est sur le point de pénétrer
dans l’église et se prépare à rencontrer son fiancé, elle s’aperçoit que ses pieds sont nus. » (p. 100)
Document 4. L’Annonciation de Francesco del Cossa (circa 1470)

Détrempe sur bois, 139 cm sur 113,5 cm, Dresde, Gemäldegalerie


Document 5. Rejection Breakthrough Drawing, from the Rejection Quintet, 1974

Drawing, colored pencil and graphite on paper. Dimensions 101.6 cm × 76.2 cm.
Collection SFMOMA.

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