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Peter Castro M1 — IHEAL

Compte rendu du cours


Des espaces d'écoute, des espaces où le changement est possible.

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Un dessin numérique que j'ai élaboré, une petite grenouille, symbolise ma représentation de la tactique amphibie, dont parle Rita
Segato lorsqu'elle affirme que nous devons avoir un pied dans les luttes sociales, l'autre dans l'académie et dans l'État pour pouvoir
avancer. Une torche symbolisant les mouvements sociaux et un livre symbolisant les connaissances que nous co-construisons.
Peter Castro M1 — IHEAL

Parler depuis un lieu où vous vous sentez en sécurité. Sentir que l’on écoute l’autre. Être
surpris, se sentir sur une île au milieu d’un océan académique. Les cours étaient un moment
de la semaine où j’avais l’impression d’apprendre quelque chose de nouveau. Quelque
chose que, dans ma trajectoire académique, je ne peux pas affirmer tout le temps. Parce que
même si le savoir des autres enseignants m’est inconnu, la forme, le poids, la structure, le
caractère de quelque chose qui peut être hiérarchisé, classé et organisé m’est familier, il me
pèse, il m’écrase. Je n’ai pas l’impression de pouvoir respirer au milieu de plans structurés,
de parties et sous-parties, de conclusions et d’ouvertures. Des bibliographies sans vie, des
étudiants à la recherche d’une ascension sociale. Moi aussi, je suis perdu dedans ce
labyrinthe en montée.
Plus qu’un contenu, c’est une façon d’enseigner. C’est un environnement qui fait que
l’étudiant n’a pas peur de l’erreur, n’a pas peur de la violence symbolique des hommes
blancs, qui lui font sentir la pauvreté de son capital culturel. Leur incapacité à être objectif,
leur impulsivité, leur corporalité exagérée. Grâce à cela, il m’a été possible de voir mes
camarades de classe prendre le courage de parler de leur vie personnelle et de montrer
comment le contenu de ce que nous étudions nous traverse de l’intérieur. Nous sommes des
corps, nous ne sommes pas des vases vides à remplir par des académiciens progressistes.
Les mouvements sociaux qui conduisent le changement social, l’académie qui peut les
accompagner ou les entraver. Nous sommes membres d’un monde étranger qui nous exclut
et nous laisse exister dans la mesure où nous pouvons penser plus longtemps, où nous
pouvons lire et faire notre propre chemin. Et comme nous l’avons vu en classe, depuis que
l’université est occupée par d’autres corporalités, nous pouvons commencer à proposer la
connaissance d’autres manières. Nous pouvons dire que ce qu’ils disent connaître le mieux
de nous, sans se demander ce que nous pensons, nous ne voulons plus le prendre pour
vérité. Nous ne continuerons plus à lire avec soumission des auteurs monolithiques, mais
nous recherchons la flamme apportée par des auteurs non hégémoniques, périphériques, qui
sont lus, mais pas reconnus. Dont le savoir est extrait, objectivé et blanchi.
Je sens que dans le cours j’ai eu l’opportunité de guérir, de parler de ce qui me pèse à
l’intérieur. Parce qu’en tant qu’homme cis hétéro, j’ai été formaté pour exercer une
violence envers la classe sociale des femmes par le mandat de la masculinité, aussi fracturé
dans l’enfance. Merci, professeure, merci de m’avoir donné l’opportunité de me voir
différemment. Pour me pardonner et me sentir fort à l’intérieur. Les voix des femmes sont
plus proches de moi et m’aident à grandir, à comprendre, à me comprendre moi-même. Je
sens que j’ai encore un long chemin à parcourir, mais je ne me sens pas coupable de mon
histoire de masculinités toxiques à l’école militaire. J’ai l’impression d’être quelqu’un
d’autre. J’avais l’habitude de marcher seul, mais maintenant je marche avec des amis. Je
suis un être en devenir. Merci. 😊

Réponse aux questions


Peter Castro M1 — IHEAL

1. Les théoriciennes brésiliennes dont je me souviens sont Leila Gonzales et Djamila


Riveiro. Elles parlent de la matrice suprémaciste blanche qui crée notre cadre de
compréhension de la réalité. Les expériences des femmes noires, qui pensent de manière
située et avec une conscience historique, créent des concepts à la recherche d’une contre-
hégémonie à la manière universaliste blanche de voir l’humain et la société.

Partir la compréhension de la double altérité qui s'entrecroise dans le corps de la femme


noire de sexe ou de race, en prenant ses distances avec les mouvements patriarcaux
antiracistes et les luttes féministes blanches. Constater que les femmes blanches jouissent
d'une existence et peuvent aller se battre pour le droit de vote alors que les femmes n'ont
pas les considérations que les hommes ont pour les femmes blanches.

En effet, les femmes noires peuvent travailler aussi dur que les hommes et donner naissance
à autant d’enfants sans être écoutées et sans être considérées comme des femmes. Être
considéré comme une personne. Ainsi, ce que le féminisme noir nous montre en pleine
figure, c’est notre incompréhension des conséquences structurelles des oppressions
multiples qui peuvent s’additionner, se juxtaposer et générer des lieux de non-existence.

2. Les revendications des femmes amérindiennes s’inscrivent dans une constellation de


luttes anticoloniales pour la restitution des terres, la souveraineté épistémique, la
souveraineté alimentaire, la souveraineté dans de multiples dimensions. Mais ils cherchent
surtout à aller à l’encontre du modèle développementaliste. Celui qui veut les faire entrer
dans l’État-nation en tant qu’acteurs du capitalisme qui cherche d’une manière ou d’une
autre à s’approprier les connaissances et les terres autochtones. Les femmes indigènes sont
donc réticentes aux féminismes blancs extractivistes, hippies et pachamamaniques.
Cherchant à leur dicter la manière dont elles doivent mener leur lutte de classe du sexe, en
leur ôtant leur autonomie de pensée et en poursuivant leur sauveurisme blanc.

Le féminisme amérindien cherche des plans de vie, pas des plans de développement, bref la
bonne manière de vivre.

3. Les mouvements internationaux qui nous permettent de voir la matrice qui structure la
réalité sont attaqués dans le monde entier. Parce qu’ils érodent la manière traditionnelle de
voir les rôles de genre. Ils donnent aux personnes opprimées par les structures de
domination de race, de genre et de classe les armes pour les attaquer et rechercher une
société plus humaine basée sur l’altérité et non sur l’unité universelle.

C’est pourquoi les agendas politiques des pays d’Amérique latine cherchent à les faire
disparaître. Car cela remet en question leur pouvoir statique. Leur pouvoir languissant,
soutenu par les piles d’argent utilisées dans les campagnes de désinformation de la
population. Ils essaient de faire croire au citoyen lambda que c’est la fin des temps. Faisant
des discours haineux contre les autres en raison de leur couleur de peau, de leur culture, de
leur religion, de leur sexe.
Peter Castro M1 — IHEAL

J'ai mis en annexe un projet sur lequel je


travaille en ce moment, mélangeant le travail
de capo effectué en Amazonie colombienne
et les bandes dessinées.

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