Vous êtes sur la page 1sur 4

Dans la ville très hospitalière et festive de Jacmel 

Marilourde Desvallons et
Kaël Ulysse ont donné naissance à une fille calme et  ambitieuse le 22
Septembre 1999.  Elle a du confronter la dure réalité de la monoparentalité dès
sa  plus tendre enfance puisque son père s'est envolé vers l' au delà  quand elle n'
avait que deux ans .  Elle ne connaîtra jamais les bienfaits d'une présence
paternelle mais sa mère une femme forte et responsable  s'est efforcée  de
remuer ciel et terre pour combler ce vide.  Marilourde avait tout fait pour qu'elle
se sente aimer et encadrer. Elle l'aida à se forger un caractère d'acier ,participa
activement dans sa formation et son éducation. Elle a la chance de grandir dans
une famille aimante et aimable en compagnie de quatre soeurs aînées . Trois
perles qui ont toujours joué leur rôle, qui n'ont jamais renoncé à leur
responsabilité en tant qu'ainées. Les rapports entre soeurs n'ont pas toujours été
cordiaux mais ses sœurs ont toujours fait l'effort pour cultiver la tolérance envers
une benjamine sage, tendre et adorable.  L'humilité  est une qualité priorisée au
sein de la famille Ulysse, c’est ce qui pousse cette personne timide à parler d'elle
à la troisième personne du singulier. Et oui! la fille calme et ambitieuse
présentée dans les lignes précédentes est moi Sabine Ulysse.  Je pense que cette
timidité a été nourrie par plusieurs événements qui n'ont pas gâché ma joie de
vivre mais qui ne m'ont malheureusement pas permis de m'extérioriser comme
les autres enfants de mon âge.
La mort de mon père avait laissé un énorme  vide dans mon existence cependant
c'était impossible de comprendre la dimension de ce départ brusque. La peine la
plus douloureuse m'a été infligée par Samantha la douce ,la tendre . Aujourd'hui
en écrivant ces quelques lignes j'arrive à peine à croire que je ne reverrai plus
ma soeur chérie . Je ne suis pas en train de me lamenter sur mon sort puisque la
vie n'est jamais trop rose pour aucun être humain mais j'ai fait l'expérience de
deux pertes terribles qui vont marquer à tout jamais ma vie. Les leçons que j'ai
tirées de ces terribles sinistres sont nombreuses, j'ai appris que je n'aurai jamais
tout ce que je veux, je dois vivre avec ce que j'ai, je dois avanver en dépit des
péripéties et je dois profiter pleinement de ma vie . Nous avons tous un chapitre
lugubre dans sa vie, j'ai appris à vivre le mien et à le raconter comme je peux
avec ces belles et moins belles pages.  J'ai toujours détesté quand on a pitié de
ma situation c'est pour cela comme ma mère je garde la tête haute. Mon enfance,
mon adolescence bref ma vie n'a pas toujours été caractérisé par la douleur fort
heureusement, n'oubliez pas que je suis jacmélienne. Enfant légitime d'une ville
qui ne dort jamais j"ai eu la chance de goûter à la joie et la chaleur de la
campagne en dépit du fait qu'une bonne partie de ma jeunesse je l'ai passée à la
Capitale. Mon coeur et mon âme restent attachés à ma ville c'est là que je me
sens en sécurité c'est aussi là que je suis en mesure de m'évader loin de la
cruauté et les souvenirs douloureux de la capitale . Au  Collège Saint Paul de
Jacmel

je n'étais pas turbulente, je dois au moins ça à ma timidité. J'étais parmi  les plus
calmes ,je faisais l'effort de respecter mes professeurs et tous ceux qui avaient
pour tâche de m'encadrer . Mes notes etaient satisfaisantes pas assez aux yeux de
ma mère qui voulait que je fasse d'avantage. Cette femme attend toujours le
meilleur de moi et s'attend que je sois parfaite, c'est tellement dure de lui plaire
mais j'essaie quotidiennement . Elle a été pendant longtemps l'une de mes
meilleures amies après son départ pour un pays étranger la connexion n'a pas
changé mais la distance a installé des incompréhensions mutuelles. Elle refuse
d'accepter que je grandis comme la plupart des parents haïtiens, à 22 ans je suis
déjà une vraie jeune adulte avec toutes les exigences que cela implique. Le désir
de ne jamais décevoir ma mère me pousse à me donner à fond dans mes études
et à avoir un comportement digne de l'éducation reçue . Mais je reste un humain
et les réalités humaines ne me sont pas inconnues. Certains échecs ont tendance
à me faire perdre de vue mes objectifs, des fois j'ai besoin d'un support parental
parce qu' il y a des choses qui ne peuvent pas être discutés au téléphone mais je
m'y fais et j'avance.
J'ai l'impression de parler plus de comment je vois la vie au lieu de vraiment
parler de moi.  Je pense  toutefois que c'est la même chose  puisque c'est la façon
dont je la vois qui me permet de vivre conformément à ma philosophie . Chaque
être humain devrait selon moi avoir une philosophie de vie, la mienne  c'est de
maintenir l'équilibre . L'équilibre en toute chose j aime m'instruire, apprendre
d'avantage tout comme j'aime tout ce qui se rapporte à la festivité, le plaisir .
J'aime la solitude tout comme parfois il me faut avoir la compagnie des gens qui
sont importants pour moi. J'aime ce qui est grandiose ,le luxe toute ce qui
implique la beauté par contre j'arrive à me contenter de ce que j'ai. C 'est cet
équilibre qui me caractérise ,je ne saurais être celle que je suis aujourd'hui  sans
lui.  J'accepte les jours tristes où ça ne va vraiment pas pour mieux savourer les
jours de bonheur  car je sais qu'après la pluie le beau temps n'est jamais loin. 
C'est cet état d'esprit qui m'empêche de sombrer quand je pense à ma mère qui
n'est pas auprès de moi et à mon père, ma sœur que je ne reverrai plus jamais.

Prendre soin des autres a toujours été quelque chose qui me passionnait.  La
médecine en dépit du fait que c'est un long parcours du combattant m'avait
beaucoup intéressé. Tant de fois j'épuisais les trousses de premier soin de ma
mère à la maison pour soigner mes poupées malades . Elle savait me crier dessus
à cause de ce gâchis mais elle sentait un jour elle aura un médecin dans la
famille.  Au fur et à mesure que je grandis j'ai réalisé comment l'enseignement
supérieur est difficile en Haïti en raison de la faible capacité d'acceuil de nos
universités. Je devais faire un choix intelligent et réfléchi motivé surtout par la
peur bleue du sang. J'étais dans une situation où je devais choisir en tenant
compte de ce qui constituait  ma passion  de toujours, la concurrence rude pour 
l'admission à une université et un enseignement de qualité.  C'est ce qui m'a
poussé à me tourner vers l'UNIFA et l'aventure jusqu'à présent  n'est pas
regrettable. Je sens que je vais acquérir le maximum de connaissance pouvant
me permettre de devenir un professionnel compétent. La réalité actuelle du pays
n'est pas favorable à un apprentissage sain et consistant profs et étudiants sont en
train de faire un travail monstre, face à  de tels handicaps seuls la passion et le
courage peuvent nous guider.  J'ai souvent tendance à prier pour en avoir
beaucoup plus car je sais que la vie ne sera jamais facile ,je ne peux pas prier
pour une vie facile. Les expériences personnelles m'ont appris que le bonheur est
peut être un idéal ou il est sans doute passager on peut le trouver dans nos brefs
instants de joie. On le trouve dans les gestes insignifiants ou signifiants des
autres,  un examen réussi, ne sourire d'un être cher, dans l'optimisme ou même
dans un simple merci après un service rendu. Alors profitons en !

J' ai sus mentionné que la peur de décevoir ma mère me pousse toujours à ne pas
me décourager à faire des efforts considérables. La projection que je me suis
faite de moi aussi dans 10 ans me pousse aussi à prendre au sérieux tout ce que
j'entreprends . Je veux être une femme compétente dans sa profession,
indépendante qui assume ses choix ,je ne veux pas bénéficier des avantages en
raison de mon physique ou de mon charme.  Je veux  être jugé à partir de ce que
je possède en terme de capacité intellectuelle .  Je ne veux pas perdre mon côté
altruiste tout en sachant que l'argent est essentiel mais beaucoup de fois en Haïti
nos professionnels ne priorisent pas le droit à la vie que détient chaque individu
et la nécessité de faire œuvre qui vaille dans une société marquée par autant de
précarité. Peu importe le type de professionnels que nous sommes nous devons
considérer que nous avons une obligation morale envers notre famille et notre
pays et je pense c'est ce qui fera de nous un agent du changement.  Je veux finir
ce récit en parlant de mes défauts de manière très originale parce que j'ai
beaucoup mis en exergue mes qualités . Nous avons tous notre part d'ombre,
personne ne peut prétendre être parfaite. Je dois faire des efforts quotidiens pour
diminuer ma colère pour éviter de trop juger les autres. Je dois aussi être moins
méfiante et têtue les autres défauts trop personnels pour être jugés sont des
inhérents à ma personne donc impossible de les changer je suis condamnée à
vivre avec.

Vous aimerez peut-être aussi