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Vivre c’est se contredire.

Si la saveur du miel nous fait oublier la mort des abeilles, et que le sourire de l'enfant
chasse la douleur lors de l'accouchement. Puisque la passion de vivre nous
empêche de penser à cette mort vers laquelle nous convergeons et que la peur du
néant nous pousse à vivre plus intensément. La douleur ravive le plaisir et la peur
attise la bravoure. L'inconnu ouvre les portes au savoir mais la crainte nous fait
rebrousser chemin. L'obscurité devance l'aurore et l'hésitation précède le choix. La
vie et la mort sont deux amants éternels l'amour ne peut être sublimer que dans la
douleur.
Oui, dans la douleur.
La passion amoureuse.
Quelle mascarade, quel jeu de théâtre. Où on attribue à l’autre des qualités qu’il ne
possède guère. On le cristallise dans un mirage idéaliste. La réalité nous déçoit, l’autre n’est
pas ce que l’on imagine. L’on aime alors quelqu’un et ce quelqu’un est un autre. Nous
sommes alors constamment malheureux. Bizarre, n’est-ce pas le bonheur absolu que l'on
cherche dans les bras de l’autre. Et bien sachez que là est le problème, notre amour n’est pas
dirigé vers l’autre. Il est plutôt narcissique, puisque derrière cette idéalisation de l’autre se
cache un jugement. Est-il assez digne de notre amour, de nous-même ? Or aimer quelqu’un,
c’est l’aimer pour ce qu’il est. Il faut accepter les risques dans le fait de vivre l’amour :
l’autre peut mourir demain ! Aimer, c’est prendre le risque de souffrir.
Voilà un autre exemple de la contradiction qui règne dans l’humain. Masochisme et
sadisme danse avec la peur de nous blesser, la peur de la mort et une forte volonté
de survivre, un désir de vivre.
Nous nous balançons entre deux poids opposés et ce en permanence. Chaque pôle
nous attire à lui à mesure que l'autre pôle nous repousse. On a peur de l'un et puis
envie de l'autre. La peur gèle l'envie puis l'envie aveugle la peur à son tour
Tiraillés entre deux forces.
Telle est notre nature ; une polarité
Un dilemme éternel.
J’ai toujours été fascinée par ces oppositions, que j’ai jugé moulte fois absurde.
Mais, en m’approfondissant dans la contemplation de ces contrastes, tout devient
beaucoup plus claire. Que la vie sera ennuyeuse sans le volte-face incessant des
gens. Ce côté imprévisible attise la curiosité, nous pousse à aller de l’avant afin de
découvrir ce qui nous attends. Ainsi, la vie chevauche sur un ensemble de
satisfactions et de désillusions.
Certes, plus jeune, je pestais devant cette agitation et ces hauts et bas. Mais en
grandissant, j’ai pris de la hauteur. Les contrastes de la vie, tous comme les pixels
d’une photo, paraissent contrastés lorsque le zoom est à son maximum. Il faut alors
prendre du recul pour que le tout s’homogénéise et qu'une image complète et
uniforme apparaisse devant nos yeux. Les incohérences s’expliquent et ce dilemme
éternel qu’est la vie prend les allures d’une valse. Il devient une parfaite
représentation de l’harmonie et il ne nous reste plus qu’à se joindre à cette dance
pour pouvoir s’en délecter.

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