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Problématique 

:
Dans quelle mesure la sensation profonde de son propre déclin et affaiblissement peut-elle
être source d’une douleur aigüe frappant l’Homme dans sa capacité d’introspection et sa
sensibilité humaine singulière.

Plan :
1. La sensation de déclin destructeur du rapport à soi

1.1. Subir son propre déclin


 Hugo préfère mourir « Puisque mon cœur est mort, j’ai bien assez vécu »
 Voir son corps se métamorphoser : Dans cette expérience extrême, il saute aux yeux de tous que le
corps est la vie même, le lieu de la vitalité et que, lorsqu’il meurt, la vie s’achève. Sans doute est-ce
que, malgré la difficulté d’être, les hommes aiment la vie, l’existence, le fait d’être, qu’ils ont inventé la
croyance en l’immortalité, qu’ils ont logé au moins les âmes quelque part dans un au-delà fantasmé…
La jeune femme de la fin de La Supplication s’imagine voir s’échapper de son urne, sous forme d’une
fumée, l’âme de son bien-aimé…

 « La peau des bras et des jambes se fissuraient »


 Maladie empêche à N de penser
 Perte de forces et d’espoire : « j’ai vécu toute une vie ici, je n’ai pas la force d’en entamer une seconde
(p.25)
1.2. Déconstruction du rapport au temps
 « Trois en après » conjugue sa vie au passé La mort de Léopoldine, puis l’exil, scindent en deux la vie
de Hugo. Les Contemplations distribuées en deux parties se font l’écho de cette césure dans leur
structure même : autrefois/aujourd’hui. Il s’agit d’une catastrophe bouleversant la vie privée, la vie
affective du poète.
 C’est également tout un pays et, au-delà, l’humanité entière, qui a, inscrite dans son histoire, cette
rupture, inaugurale d’une ère nouvelle. Après Tchernobyl, plus rien ne sera comme avant : « l’homme
d’aujourd’hui se trouve à la fracture de deux époques » (p. 32). Tchernobyl a subitement précipité
ceux qui vivaient sur ces terres d’Ukraine et de Biélorussie dans un autre monde, un monde où un
Biélorusse sur cinq vit sur une terre contaminée, avec un réacteur en fusion. L’ancien monde n’est
plus. Ainsi, l’une des personnes interrogées, Irina Kisseleva confie que deux personnes coexistaient en
elle : celle d’avant Tchernobyl et celle de Tchernobyl mais qu’il lui est difficile de reconstituer cet «
avant » avec authenticité puisque sa vision a changé depuis qu’elle sait.
 Le déclin des victimes de Tchernobyl : enfants, boulversement de la lignée temporelle naturelle : ce
sont les enfant qui ont peur de mourir, ils sont aussi touchés « Papa, je veux vivre, je suis encore
petite »
 « Le monde a changé, il ne semble plus éternel comme avant »
1.3. Isolement et solitude : perte de la sensibilité humaine
 Doute Hugolien : abondance des tournures interrogatives, l’interrogation porte sur l’indifférence
cruelle d’un dieu qui aurait pu croire qu’un père pouvait préférer les fruits de sa recherche à sa fille il
doute à la foi de dieu et de sa mission, dans A qui sommes-nous (IV,8) multiplications de profondes
questions métaphysiques : exprime avec force l’angoisse du doute qui traverse le poête
 « Je veux aussi comprendre pourquoi les souffrances nous sont données, pourquoi elles existent »
 Refus d’écrire
 Svetlana Alexievitch fait le constat que l’histoire russe est faite de souffrance et qu’en un sens, elle se
décline dans la plainte qui finit par la sacraliser. « La souffrance est notre abri. Notre culte. Elle nous
hypnotise » écrit Alexievitch, fidèle en cela à l’âme slave… (Supplication, p. 33)

 « Ce n’est plus un homme, mais un réacteur »


 Isolement : Dans La Supplication, Natalia Roslova dit que Tchernobyl leur apprend « à dire “je”. Je ne
veux pas mourir ! J’ai peur ! », alors qu’on les avait conditionnés à dire toujours « nous », à n’être
qu’un élément d’un plus grand tout anonyme et sans autre âme que l’idéologie soviétique.
 La maladie, dans l’œuvre de Nietzsche, en ce qu’elle révèle une étrangeté aux autres et à soi-même,
apparaît comme une épreuve aux vertus didactiques,
2. La condition humaine elle-même se suffit pour affronter son propre déclin
2.1. Morale de l’acceptation
 Maux de tête martelants, élancements exténuant le corps, crises migraineuses avec vomissements
éreintants, fièvres insidieuses, abattements, sueurs empoissaient ses nuits, la fébrilité l’empêchant de
trouver le repos, tout cela était l’ordinaire de cet homme contraint à philosopher aux coups de ce
marteau viscéral qui tambourinait inlassablement sous son crâne. L’amour de la vie ne fut cependant
jamais chez lui acceptation passive du fardeau qui était le sien, mais adhésion reconquise contre la
douleur. C’est ainsi que la douleur qui pourtant le martyrisa, fut finalement aimée, acceptée, voulue
même, du moins au niveau de ses représentations a posteriori.
 Les victimes qui acceptent que la vie continue
 « Quant à Dieu, on lui fait des prières, mais on ne lui demande rien. Il faut bien vivre… » (p.60)
 « Non je ne la blâme pas. C’est la vie… Il faut survivre… » (p.238)
2.2. Forme de vitalité dans le doute et l’incompréhension
 La douleur est un sentiment qui a son utilité, apprentissage de la douleur, il faut savoir souffrir « Savoir
souffrir est la moindre des choses » (§ 325).
 « On trouve dans la souffrance elle-même le sens et la raison de ce qu’on endure… » (p. 224).
 Victoire face à l’adversité : « Le destin nous accorde la plus haute distinction quand il nous fait
combattre pour un temps aux côtés de notre adversaire. Nous sommes par là prédestinés à une
grande victoire »
 « Douter est sa puissance et sa punition » (VI,26,294), sans le doute l’homme ne serait pas libre
 « Où serait le mérite de retrouver sa route,/Si l’homme, voyant clair, roi de la volonté,/Avait la
certitude, ayant la liberté ? »
 C’est parce que hugo refuse de douter qu’il entrenprend dans pm une introspection réfléchie dans les
profondeurs de son âme et une réflexion sur le royaume des mortds.
2.3. Se rattacher au sensible pour sauver son âme
 Hugo : souvenir de l’apparence charnelle de sa fille
 Grand dualisme pour ce qui est du corps mais quand même Pythagore dont il répète l’idée selon
laquelle le corps (sôma) est un tombeau (sêma), à la fois prison et « signe » ou « protection » de l’âme.
Mm si il déteste le corps : ambivalence « époux impur de l’âme » (V, 26, v. 122-138).
 Nietzsche et le corps « Dans la douleur, il y a autant de sagesse que dans le plaisir : elle fait partie,
comme celui-ci, des forces de conservation de l’espèce de premier ordre… Qu’elle fasse mal ne
constitue pas un argument contre elle, c’est son essence » (§ 257). « Nous devons constamment
enfanter nos pensées à partir de notre douleur et leur transmettre maternellement tout ce qu’il y a en
nous de sang, de cœur, de feu, de plaisir, de passion, de torture, de conscience, de destin, de fatalité »
(p. 30). Autrement dit, penser c’est élaborer ce que nous ressentons.
 Malgré les dangers et la douleur, le territoire est un sanctuaire pour les gens, ils y retournent « Il est
impossible de transporter dans un nvx lieu le monde qui reliait tout ses gens. Ils étaient come liés à
leur terre par un cordon ombilical »
 « Mais nous sommes heureux, nous sommes chez nous »
3. Comprendre le déclin afin de le surmonter
3.1. L’écriture comme victoire sur le déclin
 « Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas ? Ah ! Insensé qui
crois que je ne suis pas toi ! » libération du caractère personnel et isolant de la souffrance : il la
partage pour la première fois grâce à l’écriture.
 Littérature au-delà de la littérature : subjectivité
 Mais quand ils sont dans l’amour ou confrontés à la mort, les gens parlent toujours bien, dans ces
moments ils s’élèvent au-dessus de leur moi ordinaire, ils se mettent sur la pointe des pieds4. » Ils
s’élèvent. « Ce sont ces gens que je cherche. Que je guette. Des gens bouleversés par la vie. Par l’Être
»
 Dans La Supplication, si les apparatchiks s’abritent derrière les ordres reçus ou non reçus pour se
démettre de leur responsabilité, certains personnages brisent, eux, la règle de conformité à
l’idéologie, opérant un retour sur soi-même. Par ce sursaut salutaire, cette sortie du crépuscule de la
conscience autocensurée qui était apparemment nécessaire pour survivre dans un État totalitaire, ils
accèdent à une vérité personnelle, intime. Mais oser dire la vérité dans une conversation libre est
source de profond soulagement, éveil de tout l’être à une vie nouvelle. Le bonheur, c’est cette vie plus
intense, ce mode d’être élargi, approfondi, sentiment d’être à nouveau soi-même, comme si l’on avait
soudain recouvré sa dignité, nécessaire au courage d’être.
 « j’ai envie de m’ouvrir, de raconter tout jusqu’à la fin »
 Ni artiste
3.2. La tension de l’amour permet de surmonter
 Hugo
 Une petite fille raconte que, leucémique, les filles de sa classe ont peur de la toucher. Elle fait très
consciemment le lien avec le travail de son père à Tchernobyl. C’est lui, les radiations qu’il a subies qui
sont la source de sa maladie. Elle le sait. Son mal précède sa naissance à la manière d’un destin qui les
frappe tous deux. « J’aime mon papa » sonne comme le glas de tout ressentiment, comme une sorte
d’amor fati.
 « Mais elle n’est pas morte parce que je l’aime » Larissa
 Amor fati, l’amour de ce qui advient tel qu’il advient.
 « Seule la grande douleur est l’ultime libératrice de l’esprit… je doute qu’elle améliore ; mais je sais
qu’elle nous approfondit » (p. 30). Si « la confiance dans la vie » s’évanouit, si « la vie devient
problème », « même l’amour de la vie est encore possible – on aime seulement de manière
différente… On revient régénéré de tels abîmes, d’une aussi dure consomption… en ayant fait peau
neuve,… plus méchant, avec un goût plus fin de la joie, avec une seconde et plus dangereuse
innocence de la joie » (p. 31). On trouve ce sentiment du bonheur de s’être soi-même retrouvé. «
Nous connaissons un bonheur nouveau » (p. 31). Ce bonheur nouveau fut cependant fort aride car
Nietzsche ne revint jamais à la vie sociale ordinaire. Ce fut un grand solitaire errant.

 « Il y a des maladies que l’on ne peut pas traiter. Il faut s’asseoir près du malade et lui caresser les
mains »

3.3. Une nouvelle conception de la temporalité


 Conception de la temporalité cyclique
 Nietzsche relève de maladie lorsqu’il écrit Le Gai Savoir dont le premier aphorisme du livre IV s’intitule
« Pour le nouvel an » : c’est une nouvelle année qui commence, une nouvelle période, une nouvelle
philosophie qui s’annonce. Janvier, c’est le retour du commencement, le retour du recommencement.
Plus que tout autre, c’est le mois de l’éternel retour. C’est pour cela qu’il est saint (Sanctus Januarius).
Nietzsche relève de la maladie et vit un renouveau vital personnel. « Que de choses je laissais
désormais derrière moi ! » dit-il dans l’avant-propos (p. 26).

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