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Corrigé du commentaire de texte

Extrait de La condition humaine, d’André Malraux

« L’homme est né pour être libre et partout il est dans les fers. » J-J. Rousseau

André Malraux est l’un des auteurs phares du courant littéraire et philosophique absurdiste /
existentialiste. Ce courant propose de montrer que malgré l’absurdité apparente de la condition
humaine, il appartient aux hommes de donner eux-même un sens à leur existence.

Problématique : Dans quelle mesure cet extrait constitue-t-il une allégorie (ou une
parabole) sur la condition humaine ?

Allégorie/ parabole = récit symbolique, personnification, comparaison entre une idée abstraite et
des personnages concrets.

I. Ces hommes sont prisonniers en tout et victimes de leurs faiblesses, ce qui rend
absurde et contradictoire leur condition.

1/ Un enfermement qui se décline sur tous les plans

Prisonniers d’une cellule, mais aussi de leurs propres corps, comme en témoigne le champ lexical
abondant du stress, de la nervosité, ainsi que la blessure physique du compagnon de Katow,
blessure qui provoque la chute des capsules.

Chaque action est un tâtonnement, la faiblesse des personnages semblent totale. Quel comble
pour des êtres humains, dont la conscience est aussi aboutie que de se trouver réduit à une telle
impuissance ! Cette contradiction rend absurde leur condition. (ce sont des prisonniers
politiques, des révolutionnaires : ils se sont engagés pour la liberté et ils meurent dans le pire
enfermement)

2/ Cette faiblesse matérielle semble anéantir tout espoir

Le don de Katow de sa capsule de cyanure est un acte héroïque car il se condamne à d’atroces
souffrances pour les épargner à un inconnu, mais ce don se révèle vain devant la perte des
capsules. Même la volonté apparaît sans effet, et les personnages se refusent à croire à tant
d’impossibilité, tant d’absurdité : ils persistent dans leur lutte pour trouver du sens alors même
que tout semble perdu.

3/ La nature paradoxale de leur quête et du don de Katow

Les protagonistes se débattent pour avoir le privilège de mourir au plus vite, d’éluder des
souffrances atroces. La mort est le seul horizon, la vie est synonyme de souffrance, c’est une
allégorie de l’existence humaine selon Malraux : la liberté réside à accepter cette dimension
tragique de la condition humaine, et de chercher à donner du sens à nos actes, car aussi
contraignante que soit notre situation, on a toujours une marge de manœuvre. Ainsi, Katow qui
est sûr de mourir de façon imminente peut encore aider cet inconnu.

II. C’est dans la lutte commune pour trouver un sens qu’émerge la reconnaissance de
l’autre et la fraternité

1/ Ces mêmes mains qui ont fauté sont celles par lesquelles advient la reconnaissance de
l’autre.
Il n’est pas seulement question de sens (signification) mais aussi de sensations dans ce texte.
Le toucher est le seul sens qui subsiste dans ce texte, ou la vue et l’ouïe sont amoindries.
L’existence humaine est ainsi dépeinte comme un tâtonnement, comme on l’a vu précédemment.
Or, c’est dans la rencontre de l’autre comme mon semblable, celui qui tâtonne comme moi,
qu’advient la solution : la fraternité est dans ce texte l’espoir qui permet aux personnages de
rester dignes dans des conditions les plus difficiles qui soient. Katow se sacrifie pour un inconnu
(on ne sait même pas son nom) lequel témoigne sa reconnaissance « même si nous ne trouvons
rien », ce qui témoigne de la sincérité de ce remerciement. Ils sont unis, frères dans l’adversité, et
c’est ce qui leur permet de trouver du sens et du courage alors que le désespoir semble devoir les
envahir.

2/ Le doute est toujours présent : alors même qu’ils retrouvent les capsules (qui symbolisent le
sens de leur actions), ils ont peur de s’être trompé «... Mais : – Tu es sûr que ce ne sont pas des
cailloux ? » Ce doute montre que selon les existentialistes comme Malraux, le sens que l’on donne
à sa vie est un trésor fragile qui doit sans cesse être reconquis, protégé, entretenu. Rien n’est
jamais acquis, rien n’est définitivement certain.

3/ Katow rend les capsules après avoir vérifié qu’il s’agissait bien de « cela ». Il demande à l’autre
de les lui donner, et celui-ci s’exécute puis Katow les lui rend. Cela témoigne de la confiance qui
s’est instaurée entre les personnages, car chacun aurait pu se méfier ou se dédire de l’autre :
- L’autre en refusant de les lui rendre pour que Katow vérifie, de crainte qu’il ne les lui rende pas
- Katow en revenant sur sa décision et en préférant garder l’une des capsules pour lui.

Leur relation apparaît donc renforcée comme nous l’indique leur poignée de main qui se fait
« plus forte ». Malraux nous indique que sans confiance, sans l’autre, rien ne peut être accompli,
et que l’une des significations élémentaires de l’existence humaine est d’apprendre à œuvrer avec
autrui.

Finalement, ce texte nous montre que l’être humain a toujours le choix, et que si insignifiant
qu’elle soit, c’est cette marge de manœuvre qui fonde sa liberté et lui permet de devenir plus
digne.

Ma dignité (le respect que je mérite) ressort ainsi grandie lorsque je sait que j’ai fait de mon mieux
dans les conditions qui s’imposaient à moi.

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