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Endodontie et état général


O. LABOUX, A. GAUDIN

É
tat général et endodontie ? Il est normal, il est déonto- décrite à partir des corrélations retrouvées entre la flore
logique, il est professionnel de se poser la question. Les endodontique et les bactéries prélevées sur les valves conta-
relations entre les thérapeutiques endodontiques et un minées. L’utilisation de techniques de biologie moléculaire,
certain nombre de pathologies sont connues, mais sont-elles telles que la transcription inverse de la réaction en chaîne par
réellement démontrées scientifiquement ? Par exemple, l’in- polymérase (RT-PCR, reverse transcription polymerase chain
fection focale sur une valve cardiaque ou une prothèse arti- reaction) ou la PCR quantitative (q-PCR, quantitative PCR), a
culaire reste théoriquement possible mais peu de preuves permis d’affiner les connaissances sur la microbiologie endo-
médicales et scientifiques permettent de la confirmer. Le dontique et, notamment, sur les biofilms.
plus souvent, et dans le meilleur des cas, des conférences de
consensus sont établies aux dires d’experts qui se fondent sur À ce jour, les répercussions cardiaques des procédures
la littérature scientifique disponible. Pour la cardiologie, ces endodontiques ne sont toujours pas scientifiquement
consensus sont de plus en plus nombreux et parfois contra- démontrées et de nouvelles recherches cliniques restent
dictoires. Quant aux prothèses articulaires, il n’y a actuelle- nécessaires pour confirmer ou infirmer cette hypothèse.
ment aucun consensus à propos de la conduite à tenir.

Dans le doute, seul le principe de précaution impose des Au quotidien, le patient considéré comme à risque, pour un
recommandations, dont les conséquences sont un grand acte réputé lui aussi à risque, est au cœur d’une décision
nombre d’avulsions et des prescriptions antibioprophylac- médicale partagée entre le chirurgien-dentiste et le cardio-
tiques préventives probablement excessives et sans preuve logue, l’un ne maîtrisant que très peu les pathologies car-
d’une réelle efficacité. Cette attitude préventive doit diaques, l’autre ne connaissant que très peu les actes
constamment être révisée. Les objectifs de ce chapitre bucco-dentaires et leurs complications éventuelles.
sont de rappeler les recommandations actuelles concer-
nant l’endodontie et de décrire leurs fondements afin de
guider le praticien dans ses décisions thérapeutiques. Cette rencontre entre deux « ignorances » conduit à une
antibioprophylaxie presque systématique et des décisions
draconiennes du type avulsion.

I - Endodontie et endocardite À titre d’exemple, dans le cas d’un patient avec un prolapsus
infectieuse valvulaire mitral, le chirurgien-dentiste ne maîtrise peut-être
pas totalement l’importance de cette pathologie en fonction
de l’existence ou non d’un souffle, avec ou sans épaississe-
A - Théories, principe de précaution ment, caractérisé à l’échographie ou non. A contrario, le
et recommandations médecin généraliste ou le cardiologue auront du mal à éva-
luer le risque infectieux d’un retraitement endodontique.
La cavité buccale est considérée comme la porte d’entrée Dans ces conditions, le praticien doit se fonder sur les recom-
principale de nombreuses infections dites focales, notam- mandations en vigueur dans son pays d’exercice même si,
ment cardiaques, depuis de nombreuses années. À défaut parfois, celles-ci peuvent se révéler être contradictoires
de trouver l’origine de la pathologie, la bouche est sou- (Horstkotte et al., 2004 ; Danchin et al., 2005 ; Gould et al.,
vent incriminée. 2006 ; Naber et al., 2007 ; Wilson et al., 2007 ; Bonow et al.,
2008 ; Nishimura et al., 2008 ; Richey et al., 2008). Ces recom-
mandations sont régulièrement révisées, en fonction de
Des générations de praticiens ont été formées à partir de ce l’évolution des connaissances en microbiologie, des
modèle d’infection focale, considérant que des bactéries recherches en santé publique, du vieillissement de la popula-
essentiellement d’origine endodontique pouvaient coloniser tion et de l’accroissement de la population vieillissante et
les valves cardiaques à l’issue d’une bactériémie peropéra- fragilisée par les pathologies cardiaques. En revanche, une
toire. L’origine de cette endocardite infectieuse (EI) a été meilleure prise en charge des pathologies infantiles influence

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considérablement le nombre de patients ayant souffert d’un - addiction à des substances illicites par voie intraveineuse ou
rhumatisme articulaire aigu (RAA) et justifiant une prise en nasale (Friedman et al., 2002).
charge préventive. Un certain nombre d’études reflète l’accroissement des
En France, nous nous référons toujours à la conférence de infections à staphylocoque au détriment des infections à
2002, elle-même évolution du consensus de 1992. Or, depuis streptocoques buccaux (Moreillon et Que, 2004). Cela est
quelques années, de nombreuses conférences de consensus notamment le cas aux États-Unis d’Amérique et c’est proba-
sont publiées : il s’agit de recommandations établies aux dires blement lié à la forte prévalence des hémodialyses (par le fait
d’experts, s’appuyant sur la littérature scientifique ; tous ces d’une voie veineuse), du diabète sucré et du fort nombre de
travaux insistent sur le fait que le niveau de preuve dans le patients porteurs d’un dispositif intracardiaque (Cabell et al.,
domaine est faible. 2002 ; Fowler et al., 2005). Dans d’autres pays, la prévalence
Récemment (en 2007), s’appuyant notamment sur le fait que de l’endocardite infectieuse à Staphylococcus aureus (sta-
depuis les premières recommandations la prévalence de l’en- phylocoque doré) dépend davantage du nombre de consom-
docardite infectieuse n’avait pas été modifiée, l’American mateurs de stupéfiants par injection intraveineuse (Ribera
Heart Association (American Heart Association, 2007) a et al., 1998).
bousculé les principes érigés depuis des années en se focali-
sant sur une définition de patients à risque beaucoup plus L’endocardite infectieuse touche majoritairement le cœur
restreinte qu’auparavant. gauche, mais le cœur droit est atteint dans 5 à 10 % des cas
En 2008, la publication du National Institute for Health and (Frontera et Gradon 2000 ; Hoen et al., 2002 ; Wilson
Clinical Excellence (Richey et al., 2008) abonde en ce sens, en et al., 2002).
remettant grandement en cause nos protocoles.
En 2009 enfin, l’European Society of Cardiology (ESC) (Habib
et al., 2009) publie des recommandations. Cette pathologie peut concerner, d’une part, les patients
En 2011, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits porteurs d’un stimulateur cardiaque (pacemaker) permanent,
de santé (ANSM) publie des recommandations sur la pres- d’un défibrillateur implantable, d’une maladie cardiaque
cription des antibiotiques en pratique buccodentaire et congénitale et, d’autre part, les consommateurs de stupé-
reprend les recommandations de l’ESC. fiants par injection intraveineuse (Wilson et al., 2002 ; Gebo
et al., 2006). Pour ces derniers, les particules de drogue injec-
Important ! L’endocardite infectieuse est une maladie qui tée bombardent la valve tricuspide (cœur droit) et peuvent
présente les particularités suivantes : en altérer la surface. Dans de mauvaises conditions d’hygiène,
- ni l’incidence ni la mortalité n’ont baissé depuis 30 ans qui plus est en cas de déficit immunitaire, une endocardite
(Moreillon et Que, 2004) ; infectieuse peut apparaître, dans laquelle le staphylocoque
- les formes cliniques sont diverses, en fonction de la lésion
doré est le plus souvent impliqué (Moss et Munt, 2003)
cardiaque sous-jacente, des micro-organismes impliqués,
de l’existence ou non de complications… ; (fig. 6.1).
- les recommandations préventives sont établies aux dires
d’experts compte tenu d’un niveau de preuves scienti-
fiques faible.

Valve mitrale
Thrombus
B - Épidémiologie de l’endocardite
infectieuse
Il y a plusieurs années, l’endocardite infectieuse concernait
essentiellement des adultes jeunes présentant des lésions
valvulaires identifiées, notamment associées à des antécé-
dents de rhumatisme articulaire aigu. Aujourd’hui, l’endocar- Végétations
dite infectieuse affecte principalement des patients âgés,
sans antécédents cardiaques connus ou porteurs d’une valve
prothétique.
Une étude récente conduite dans des pays industrialisés
montre une augmentation des endocardites infectieuses
chez les patients porteurs d’une valve prothétique ou souf-
frant d’un prolapsus valvulaire mitral (Tleyjeh et al., 2007). De
nouveaux facteurs de prédisposition se détachent désor- Figure 6.1 Valve mitrale présentant des végétations consécu-
mais : tives à une endocardite infectieuse. Noter la présence d’un
- valve prothétique ; thrombus proche d’un feston vestibulaire altéré. Photographie
- dégénérescence valvulaire sclérotique ; peropératoire sans préparation (Pr J.F. Godin, CHU de Nantes).

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C - Incidence de l’endocardite infectieuse Important ! Une CNS peut toutefois provoquer une endo-
Selon les pays, l’incidence varie de 3 à 10 épisodes pour cardite infectieuse sur valve native, donnant alors une
forme clinique agressive :
100 000 personnes mais peut aller jusqu’à 14,5/100 000 pour
- endocardite infectieuse à culture négative due à un traite-
nos aînés de 70 à 80 ans. Les hommes sont deux fois plus ment antibiotique préalable ;
concernés que les femmes. Chez les secondes, la pathologie - endocardite infectieuse fréquemment associée à une
est généralement moins sévère et le recours à la chirurgie culture sanguine négative ;
moins fréquent que chez les premiers (Aksoy et al., 2007). - endocardite infectieuse associée à une culture négative
constante (5 % des endocardites infectieuses).

D - Classification et pronostic (tableau 6.1)


Remarque : le pronostic de l’endocardite infectieuse dépend F - Physiopathologie
d’un certain nombre de paramètres : de l’endocardite infectieuse
- de la topographie (cœur droit ou cœur gauche) ;
- du fait qu’il s’agit d’une infection nosocomiale ou non ; L’endothélium valvulaire, normalement résistant à la coloni-
- de la sévérité du tableau clinique ; sation bactérienne et à l’infection par les bactéries circu-
- de l’éventuelle récidive lantes, peut devenir le siège de dépôts de fibrine et de
plaquettes.

E - Microbiologie Les modifications topographiques engendrées créent des


zones de turbulences du flux sanguin (turbulences aggra-
L’endocardite infectieuse avec cultures positives est majori- vées par la présence de sondes ou de cathéters) ainsi que
taire, représentant 85 % de la totalité des endocardites infec- des zones inflammatoires et peuvent engendrer une dégé-
tieuses. Les germes impliqués sont les streptocoques (sanguis, nérescence valvulaire chez les personnes âgées (une fois
mutans, salivarius, mitis), les entérocoques (faecalis, faecium, sur deux chez les plus de 60 ans).
durans) et les staphylocoques (aureus). Ces derniers, sur valve
native, sont sensibles à l’oxacilline. Sur valve prothétique, le
staphylocoque est le plus souvent résistant à cet antibio- En cas d’inflammation associée ou non à une lésion préa-
tique (coagulase négative staphylococcique, CNS). lable, des intégrines de la famille β1 se lient à la surface endo-

Tableau 6.1 Classification des endocardites infectieuses à visée prothétique (d’après les recommandations de la Société européenne
de cardiologie, 2009).
En fonction de la localisation de l’infection Cœur gauche sur valve native
et de la présence ou non de matériel
Cœur gauche sur valve prothétique :
intracardiaque
❒ précoce (< 1 an après chirurgie)
❒ tardive (> 1 an après chirurgie)
Cœur droit
Dispositif médical (pacemaker ou défibrillateur)
En fonction du mode de contamination Endocardite infectieuse liée à un soin (nosocomiale ou non)
Communautaire (symptômes d’endocardite infectieuse < 48 heures après une admission d’un
malade ne présentant pas tous les signes d’endocardite infectieuse liée aux soins)
Drogue par voie intraveineuse
Endocardite Infectieuse active Avec fièvre persistante et culture positive
Ou morphologie inflammatoire observée en chirurgie
Ou patients toujours sous antibiothérapie
Ou résultats histopathologiques d’endocardite infectieuse
Récidive Rechute
Réinfection

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théliale et à la fibronectine circulante, facilitant ainsi le dépôt et donc très fréquentes. Cela expliquerait pourquoi la plu-
de S. aureus et autres pathogènes de l’endocardite infec- part des endocardites infectieuses ne seraient pas en rap-
tieuse sur la valve concernée. port avec des procédures invasives (Van der Meer et al.,
Il y aurait de la sorte deux grandes situations d’infection pri- 1992 ; Strom et al., 1998 ; Roberts et al., 1999 ; Duval et al.,
maire d’une valve : 2006 ; Forner et al., 2006) ;
- sur un endothélium physiquement modifié, favorisant l’in-
fection par la plupart des micro-organismes ; Il est ainsi établi que le risque de bactériémie serait de
- sur un endothélium indemne, propice à l’endocardite infec- 1 000 à 8 000 fois plus important dans la vie quotidienne
tieuse à S. aureus. qu’à la suite d’une procédure thérapeutique dentaire (Pal-
lasch et Wahl, 2003). Cela met l’accent sur l’importance du
maintien d’une bonne hygiène orale et d’un suivi régulier.
G - Diagnostic de l’endocardite infectieuse
L’endocardite infectieuse peut être suspectée cliniquement
- le risque de choc anaphylactique lié à l’emploi d’antibiotiques
dans les situations suivantes :
ne peut être écarté, bien qu’aucun cas fatal n’ait été rapporté
• apparition d’un nouveau souffle cardiaque ;
dans la littérature médicale à ce jour (Shanson, 2008) ;
• événement embolique de cause inconnue ;
- cette antibioprophylaxie systématique pourrait favoriser
• bactériémie de cause inconnue ;
l’apparition de résistances aux antibiotiques ;
• fièvre, notamment en cas :
- les preuves scientifiques montrant l’intérêt de l’antibiopro-
- de présence de matériel prothétique intracardiaque (valve
phylaxie sont inexistantes. En effet, les différentes études
prothétique, pacemaker, défibrillateur implanté),
concernant ce sujet sont souvent contradictoires (Hall et al.,
- d’antécédents d’endocardite infectieuse,
1993 ; Lockhart et al., 2008). À ce jour, aucune étude au
- d’antécédent de maladie valvulaire ou de maladie car-
niveau de preuve suffisant (prospective, randomisée, en
diaque congénitale.
double aveugle ) n’a permis de justifier une attitude théra-
peutique par rapport à une autre.
Essentiel : le diagnostic d’endocardite infectieuse sera C’est ainsi que plusieurs recommandations ont été proposées
fondé sur l’observation clinique, l’échocardiographie trans- par les sociétés cardio-vasculaires à travers le monde afin de
thoracique ou transœsophagienne et le prélèvement
microbiologique (avec PCR, polymerase chain reaction).
définir des protocoles (Danchin et al., 2002 ; Wilson et al.,
2007 ; Naber et al., 2007).

Le traitement consiste en une administration d’amoxicilline Important ! Même si des divergences subsistent, toutes ces
(de 100 à 200 mg/kg/j) par voie intraveineuse en 4 à 6 doses recommandations se rejoignent sur trois points :
pendant 4 semaines. Environ 50 % des patients hospitalisés - la large prescription antibioprophylactique n’est plus d’ac-
seront opérés (Castillo et al., 2000 ; Hoen et al., 2002 ; Wal- tualité ;
- l’antibioprophylaxie doit être limitée au haut risque d’en-
lace et al., 2002).
docardite infectieuse ;
La mortalité des patients hospitalisés varie entre 9,6 et 26 % - une bonne hygiène bucco-dentaire et un suivi régulier des
(Hoen et al., 2002 ; Thuny et al., 2005 ; Delahaye et al., 2007 ; patients sont des éléments déterminants dans la préven-
San Román et al., 2007). Ce taux variable s’explique par diffé- tion de l’endocardite infectieuse.
rents facteurs : le patient lui-même, la présence ou non de
complications cardiaques et la nature du germe impliqué.

H - Mesures préventives II - Quels sont les principes


Le principe de l’antibioprophylaxie de l’endocardite infectieuse
des nouvelles recommandations ?
a été proposé, sur la base d’observations cliniques, au début du Il convient finalement de distinguer les patients à risque,
XXe siècle. Ces mesures préventives restent aujourd’hui sujettes d’une part, et les procédures à risque, d’autre part.
à polémique, ainsi que l’implication des procédures odontolo-
giques sur les risques de contamination pouvant conduire à une
endocardite infectieuse. Pourquoi ? Parce que : A - Patients à risque
- la mesure du risque lié à la procédure est mal évaluée. La D’après l’ANSM, les patients à risque sont ceux :
bactériémie n’est pas seulement présente lors de procé- • qui sont porteurs d’une valve prothétique ou de matériel
dures de soins invasives, au cours desquelles elle est quasi- prothétique de réparation valvulaire. Ils présentent un haut
ment systématique (Moreillon et al., 1988 ; Lockhart, 2000), risque d’endocardite infectieuse, un risque de mortalité
mais elle peut également survenir au cours de la mastication accru et sont exposés à des complications particulièrement
et du brossage des dents. Ces bactériémies « spontanées » sévères (Anderson et al., 2005 ; Lalani et al., 2006) ;
sont faibles et limitées dans le temps (de 1 à 100 CFU/ml de • qui ont déjà eu une endocardite infectieuse ; ils sont égale-
sang pendant moins de 10 minutes) mais pluriquotidiennes ment exposés à une mortalité supérieure et des complica-

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tions plus sévères que les autres (Renzulli et al., 2001 ; Chu B - Procédures à risque
et al., 2005) ;
• qui sont porteurs d’une cardiopathie congénitale cyanogène : Les procédures endodontiques à risque sont :
- non opérée ou dérivation chirurgicale pulmonaire-systé- - le sondage parodontologique à visée diagnostique ;
mique ; - la chirurgie de la région péri-apicale ;
- opérée, mais présentant un shunt résiduel ; - les thérapeutiques endodontiques.
- opérée avec mise en place d’un matériel prothétique par
voie chirurgicale ou transcutanée, sans fuite résiduelle, Essentiel : l’antibioprophylaxie, ciblée principalement
seulement dans les 6 mois suivant la mise en place ; contre les streptocoques, est dans ces cas recommandée
- opérée avec mise en place d’un matériel prothétique par pour les patients à risque décrits ci-dessus (tableau 6.2).
voie chirurgicale ou transcutanée avec shunt résiduel.
La Société européenne de cardiologie (Habib et al., 2009) ne Les fluoroquinolones et les glycopeptides ne sont pas recom-
recommande pas d’antibioprophylaxie pour les patients mandés car, d’une part, leur efficacité n’est pas démontrée et,
transplantés cardiaques ni pour ceux souffrant d’autres mala- d’autre part, ils présentent un potentiel important de déve-
dies sur valve native (incluant même les formes les plus cou- loppement de résistances bactériennes.
rantes : bicuspidie aortique, prolapsus valvulaire mitral,
sténose aortique) (fig. 6.2). En conclusion, les dernières recommandations limitent
l’antibioprophylaxie aux seuls patients à risque devant
Dent à pulpe Dent à pulpe subir des actes dentaires également à risque. Il apparaît
non vitale vitale qu’une bonne hygiène bucco-dentaire et un suivi régulier
RTE* sont des éléments majeurs de réduction de la prévalence
de l’endocardite infectieuse. L’information du patient, tant
Endodontie strictement Endodontie strictement
pour les décisions thérapeutiques que pour le suivi à insti-
contre-indiquée contrôlée tuer, reste un élément primordial de prévention.

Antibioprophylaxie
À l’exception des groupes à risque, les prescriptions antibio-
prophylactiques sont de plus en plus limitées et les précau-
Asepsie stricte Séance Endodonte totalement tions d’asepsie locale, notamment la pose du champ
(digue étanche obligatoire) unique accessible (monoradiculées) opératoire, restent les moyens les plus appropriés pour
En tout temps : avis du cardiologue, information et consentement du patient,
prévenir tout risque de dissémination bactérienne. Afin de
praticien compétent, instauration d’un suivi préciser la ou les pathologies (tableau 6.1), le contact systé-
*RTE : retraitement endodontique.
matique avec le médecin traitant et/ou le cardiologue est
indispensable. Dans l’exemple de gauche (tableau 6.3), le
Figure 6.2 Résumé de la conduite à tenir chez un patient pré- courrier conduira probablement le cardiologue à prescrire
sentant un risque d’endocardite infectieuse. une antibioprophylaxie, le plus souvent parce qu’il ne connaît

Tableau 6.2 Recommandations de prescription de l’antibioprophylaxie de l’endocardite infectieuse.


Simple dose 30-60 min avant l’intervention
Situation/pénicilline (per os ou IV)
Antibiotique
ou ampicilline
Adulte Enfant
Non allergique Amoxicilline ou ampicilline 2g 50 mg/kg
Allergique Clindamycine 600 mg 20 mg/kg

Tableau 6.3 Exemples de lettres du chirurgien-dentiste au cardiologue.


Dr Meslah DIGUE Dr Meslah DIGUE
Chirurgien-dentiste Chirurgien-dentiste

Dr Jacoud OSLER Dr Jacoud OSLER


Cardiologue Cardiologue

Mon cher Confrère Mon cher Confrère

Nous recevons en consultation ce jour M… Nous recevons en consultation ce jour M…


Je vous remercie de m’indiquer si vous jugez qu’il y a un risque oslérien Je vous remercie de m’indiquer la nature exacte de l’affection dont M…
nous déclare être porteur…

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pas la nature du risque lié à l’acte dentaire à venir. L’exemple A - Risque d’infection
de droite, quant à lui, permet au chirurgien-dentiste de
prendre une décision thérapeutique en toute connaissance
sur prothèse articulaire
de cause. Le risque est multifactoriel et complexe à analyser. En résumé,
il dépend de quatre facteurs : la bactériémie, le statut général
du patient, la prothèse en elle-même et la nature des micro-
organismes impliqués.
III - Patients porteurs de prothèse Les traitements endodontiques génèrent une bactériémie
articulaire faible, notamment par rapport aux extractions et aux soins
Le remplacement d’une prothèse articulaire (hanche et genou parodontaux. En revanche, les activités courantes (brossage,
principalement) est devenu une intervention courante en mastication) ont une probabilité plus élevée de déclencher
chirurgie orthopédique (fig. 6.3). Si le risque de contamina- une bactériémie, d’intensité plus importante (Olsen, 2008).
tion préopératoire a diminué grâce à l’amélioration des Souvent comparé à l’endocardite infectieuse, le sepsis d’un
conditions d’asepsie et à l’utilisation des antibiotiques, le implant articulaire se différencie par ses mécanismes physio-
risque d’infection secondaire persiste et s’élève en raison du pathologiques et sa bactériologie. Les travaux de Gristina et
nombre croissant d’arthroplasties et de l’augmentation de la Costerton (1985) ont montré que la présence d’un corps
durée de vie des patients (Bauer et al., 2007). L’infection étranger favorisait le développement d’un germe habituelle-
d’une arthroplastie constitue une complication dévastatrice, ment anodin. Ces auteurs décrivent une zone d’immuno-
notamment en termes de fonctionnalité, dont les évolutions incompétence autour de l’implant. Certaines particules de
les plus dramatiques sont l’amputation du membre concerné dégradation des matériaux de l’implant (métal, polyéthylène)
et le décès du patient. saturent les macrophages et diminuent leurs capacités de
Les soins bucco-dentaires représentent une cause poten- phagocytose. De la même manière, les débris de ciment de
tielle d’infection de prothèse articulaire par contamination méthacrylate réduisent le chimiotactisme et les fonctions
secondaire après les foyers cutanés et urinaires (Jacobson des macrophages. La prothèse en elle-même constitue un
et al., 1986 ; Maderazo et al., 1988). Les infections d’origine substrat favorable pour la formation de biofilm.
dentaire sont cependant difficiles à incriminer de manière
précise : pour confirmer le diagnostic étiologique, il faut Important ! Les prothèses de grande taille (caractérisées
retrouver le même micro-organisme au niveau de la prothèse par une grande cavité articulaire), les prothèses contraintes
et de la cavité buccale ainsi que dans les hémocultures, avec (entraînant une synovite) et les prothèses descellées pré-
sentent un risque accru d’infection par contamination
une relation chronologique entre les soins dentaires et la sur-
secondaire.
venue de l’infection. Les infections d’origine dentaire sont
donc rarement individualisées et on peut supposer qu’elles
restent sous-estimées (Bauer et al., 2007). La fréquence de Blomgren et Lindgren (1981) ont démontré que la présence
survenue d’une infection de prothèse articulaire à point de d’une prothèse articulaire provoquait une diminution des
départ bucco-dentaire serait de l’ordre de 0,04 à 0,2 % et défenses locales antibactériennes et que le risque d’infection
représenterait de 6 à 11 % des infections tardives survenant était plus important en postopératoire immédiat (première
sur arthroplasties (Waldman et al., 1997 ; La Porte et al., 1999). semaine) que tardif. Le délai pendant lequel les prothèses
restent sensibles aux infections diffère selon les auteurs,
allant de 3 semaines à 2 ans (Hanssen et al., 1997).
Les streptocoques sont retrouvés dans 37 à 78 % des cas lors
des hémocultures après infection sur prothèse associée à des
soins dentaires. Les staphylocoques sont responsables de
plus de 25 % des infections des prothèses articulaires après
des soins dentaires alors qu’ils ne représentent que 0,05 % de
la flore buccale. Leur pouvoir pathogène dans le risque de
contamination d’une prothèse articulaire est donc certaine-
ment plus important que celui du streptocoque. (Kim et
Weiss, 1993).

Important ! La survenue d’une infection sur prothèse articu-


laire peut également être influencée par l’état patholo-
gique du patient. Toutes les situations où il existe une
diminution des défenses immunitaires (polyarthrite rhuma-
toïde, patients traités par immunosuppresseurs, corticothé-
rapie, diabète) constituent un risque accru d’infection
(American Dental Association, 2003).
Figure 6.3 Mise en place chirurgicale d’une prothèse du genou.

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Il semble donc difficile de déterminer précisément les situa-
tions à risques.
Le risque d’infection secondaire dépend essentiellement de
quatre facteurs (fig. 6.1) :
- la nature prothèse ;
- la nature des micro-organismes impliqués ;
- l’état général du patient ;
- les risques liés à la bactériémie.

B - Suggestions
pour la pratique endodontique
Le dépistage et le traitement des foyers infectieux à dis-
tance, chez un patient porteur d’un implant articulaire, se
font tout au long de la vie. Avant la pose d’une prothèse,
l’ensemble des soins nécessaires à la remise en état de la
cavité buccale doit être réalisé.

Dans la mesure où, dans la plupart des cas, la pose d’une pro- Figure 6.4 Fracture au niveau du
thèse n’est pas une chirurgie urgente, il est préférable de réa- fémur sur une prothèse orthopé-
liser les soins au moins 3 mois avant l’intervention. Si le dique.
patient est considéré comme « sain », tous les traitements
peuvent être envisagés dans les conditions d’asepsie clas-
sique (champ opératoire étanche). En revanche, s’il présente
un risque lié à son état général, les dents peu stratégiques ou C - Controverses
ayant un pronostic incertain seront extraites sous antibiopro- L’antibioprophylaxie chez le sujet porteur de prothèse arti-
phylaxie (Cottreel et al., 2006 ; Académie nationale de culaire reste cependant très controversée (indication, délai
chirurgie dentaire, 2007). de l’intervention, choix de l’antibiotique).
Après la pose de la prothèse, les recommandations par
accord professionnel entre l’Association dentaire américaine Les soins dentaires et notamment les traitements endo-
et l’Académie américaine de chirurgiens de 2003 retiennent dontiques entraînent théoriquement moins de bactérié-
le délai de 2 ans comme période à risque. Les traitements mie qu’un brossage de dents ou la mastication de
endodontiques sur des dents stratégiques pourront être chewing-gum mais ils sont soumis à une antibioprophy-
envisagés sous antibioprophylaxie tandis que pendant cette laxie.
période, toute dent suspecte ou à pronostic réservé sera L’amoxicilline reste la référence dans quasiment toutes les
extraite avec les mêmes précautions. recommandations pour la prévention de l’infection de la
Au-delà de cette période « critique » de 2 ans, les traitements prothèse articulaire car son spectre est large mais, d’après
Cioffi et al. (1988), la céphalosporine serait plus adaptée.
endodontiques pourront être envisagés ; se pose alors la
question de la nécessité de l’antibioprophylaxie.
Les patients porteurs de prothèse articulaire doivent-ils sys- Le délai de 2 ans après chirurgie comme période à risque est
tématiquement recevoir une antibioprophylaxie ? À l’heure également un sujet à controverse et certains auteurs
actuelle, les données scientifiques sont insuffisantes pour réduisent ce délai à plusieurs mois après l’intervention
répondre de manière précise et péremptoire. Il existe en (Sandhu et al., 1997 ; Seymour et al., 2003 ; Scott et al., 2005).
revanche des recommandations par accord professionnel
entre l’Association dentaire américaine et l’Académie améri-
caine de chirurgiens orthopédistes datées de 1997 et mises à
jour en 2003. En l’absence de plus d’éléments scientifiques IV - Diabète et endodontie
nous les retiendrons (American Dental Association, American
Academy of Orthopedic Surgeons, 2003). Le diabète est la première cause non seulement de cécité
avant 65 ans mais aussi d’amputations non traumatiques,
une des principales causes de dialyse et une source impor-
Important ! L’antibioprophylaxie n’est pas indiquée pour les tante de complications cardio-vasculaires.
soins de routine, mais elle est recommandée dans toutes
les situations où il existe un risque important de contamina-
tion des prothèses, c’est-à-dire lors de soins dentaires à À ce jour, en France, plus de 2 millions de personnes sont
haut risque de bactériémie réalisés chez certains patients
dits à haut risque d’infection hématogène (fig. 6.4). traitées pour cette pathologie. Ce chiffre est en constante
augmentation et est corrélé avec l’accroissement de la préva-

99

6684_.indb 99 01/08/12 15:35


6 Endodontie

lence de l’obésité. La prévalence du diabète augmente d’envi- En revanche, peu de données relatives à la pathogenèse, à la
ron 3 % par an (www.diabete.fr). progression et à la cicatrisation des lésions péri-apicales en
Le diabète se caractérise par un taux de sucre dans le sang relation directe avec le diabète sont disponibles.
(glycémie) trop élevé survenant lorsque l’organisme ne Les auteurs d’une étude rétrospective sur des cas traités non
fabrique plus d’insuline ou qu’il ne l’utilise pas correctement. chirurgicalement (Fouad et Burleson, 2003) ont noté que le
En l’absence d’insuline, le sucre entre mal dans le muscle et pronostic des dents atteintes de lésions endo-parodontales
s’accumule dans le sang. était inférieur, chez les patients diabétiques, à celui des non-
Il existe deux types de diabètes (tableau 6.4) : celui de type 1 diabétiques. Ils ont également remarqué que le pourcentage
touche les sujets jeunes alors que celui de type 2 touche les de réussite des traitements endodontiques était inférieur
personnes âgées de plus de 50 ans, souvent en situation de chez eux lorsqu’une lésion était décelable radiologiquement
surpoids. au début du traitement.
Le dépistage du diabète se fait en mesurant le taux de sucre Les lésions péri-apicales chez les patients diabétiques anciens
dans le sang. On parle de diabète lorsque la glycémie à jeun sont, en moyenne, plus importantes en taille que celles des
(le matin) est supérieure à 1,26 g/l lors de deux dosages sujets diabétiques récents ou non diabétiques (Falk et al.,
consécutifs ou lorsque la glycémie est supérieure à 2 g/l, 1989).
quel que soit le moment de la journée.
En revanche, le suivi d’un patient diabétique se fait en mesu-
rant un autre paramètre : l’hémoglobine glyquée (HBA1c).
C - Conduite à tenir
Celle-ci est réalisée tous les 3 ou 4 mois et reflète, l’équilibre chez le patient diabétique
des glycémies pendant une plus longue période que la glycé- Les patients diabétiques sont généralement suivis par leur
mie à jeun (jusqu’à 6,5 %, le contrôle est optimal ; en dessous médecin traitant en partenariat avec un diabétologue.
de 7 %, il est acceptable ; au-dessus de 8 % il est mauvais et il
faut revoir le traitement).
Important ! Il est important de prendre contact avec l’un de
ces deux médecins afin de connaître :
A - Implications orales - précisément le statut du patient (équilibré/non équili-
bré) ;
Le diabète peut entraîner différentes complications orales : - les éventuelles complications de la maladie (cardiaques,
- une xérostomie ; ophtalmologiques, nerveuses…).
- des infections ;
- un retard de cicatrisation ;
- une augmentation de la fréquence et de la sévérité des Le patient équilibré est considéré comme un sujet sain. Les
lésions carieuses ; traitements endodontiques initiaux et les retraitements
- une augmentation des risques de candidose ; endodontiques peuvent être réalisés en respectant les pré-
- une gingivite ; cautions d’usage, notamment la mise en place du champ
- une parodontite. opératoire étanche. Il n’y a pas non plus de contre-indication
à un traitement chirurgical (fig. 6.5 et 6.6).
Pour le patient non équilibré chez lequel un traitement endo-
B - Implications en endodontie dontique d’urgence est nécessaire, deux cas de figure sont
possibles :
Les patients diabétiques présentent une augmentation de la - s’il s’agit d’un traitement initial sur une dent pulpée, le trai-
prévalence des parodontites apicales par rapport aux patients tement peut être envisagé ;
non diabétiques (Britto et al., 2003 ; Fouad, 2003). Les flam- - s’il s’agit d’un traitement initial ou d’un retraitement sur une
bées infectieuses (flare-up) après traitement endodontique dent infectée présentant une lésion osseuse péri-apicale,
sont plus fréquentes chez les premiers (Fouad, 2003).
l’antibioprophylaxie fondée sur le protocole de l’endocar-

Tableau 6.4 Les deux types du diabète.


Type 1 (anciennement appelé diabète Il représente environ 10 % des diabétiques et est causé par une destruction auto-immune des
insulinodépendant ou diabète du sujet cellules bêta-pancréatiques
jeune) Le pancréas ne fabrique plus d’insuline. L’unique traitement possible consiste à administrer des
injections d’insuline et à suivre un régime alimentaire spécial
Il survient surtout dans l’enfance et peut durer pendant toute la vie
Type 2 (anciennement appelé diabète non Le pancréas fabrique de l’insuline en quantité insuffisante ou l’organisme utilise mal l’insuline
insulinodépendant ou diabète gras du sujet (défaut des récepteurs de l’insuline)
de plus de 50 ans) Ce diabète se retrouve surtout chez les adultes et se traite par un régime alimentaire, de
l’exercice physique et, parfois, des médications orales ou l’injection d’insuline
Sa prévalence augmente en raison de l’évolution des comportements : sédentarité et
alimentation déséquilibrée favorisant un surpoids

100

6684_.indb 100 01/08/12 15:35


Endodontie et état général 6

a b

Figure 6.5 Retraitement endodontique avec dépose d’un ins-


c trument fracturé chez un patient diabétique de type 1 équilibré.

101

6684_.indb 101 01/08/12 15:36


6 Endodontie

a b

Figure 6.6 Traitement d’une parodontite apicale chronique


c chez une patiente diabétique de type 1 équilibrée.

102

6684_.indb 102 01/08/12 15:36


Endodontie et état général 6
dite infectieuse peut s’avérer nécessaire si le risque de bac-

Nombre de CD4 + lymphocytes T (cell/mm3)


tériémie est élevé (forte septicité buccale, longueur de la Primo-infection Mort 107
1 200
durée du soin ). On privilégiera alors des traitements en une 1 100 Maladies opportunistes
séance afin de ne pas multiplier les antibioprophylaxies. Infection aigüe

ARN viral par ml de plasma


1 000 106
900
800 Latence clinique
V - Endodontie et VIH 700
105

600
A - Données acquises sur l’infection 500 104
400
par le VIH 300
103
Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est un rétrovi- 200
rus infectant l’homme et qui est responsable du syndrome 100
d’immunodéficience acquise (sida). Celui-ci est défini par 0 102
l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme une « défi- 0 3 6 9 12 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
cience acquise de l’immunité cellulaire par l’infection au VIH, Semaines Années
caractérisée par une numération des lymphocytes T CD4+
inférieure à 200/mm3 ou à 15 % des lymphocytes totaux, et Figure 6.7 Les différentes phases de la maladie en fonction de
une sensibilité accrue aux infections opportunistes et aux la charge virale et du taux de lymphocytes.
néoplasmes malins » (www.oms.org).

Important ! Transmis par plusieurs fluides corporels (sang,


sécrétions vaginales, sperme et lait maternel), le sida est - une primo-infection (de 50 à 75 % des cas) avec ou sans
une pandémie ayant causé à ce jour la mort d’environ symptômes ; il s’agit de la phase de séroconversion qui suit
28 millions de personnes, soit 8 000 par jour. la contamination ;
- une phase de latence, parfois accompagnée d’un état de
lymphadénopathie généralisée ;
En France, 120 000 personnes sont porteuses du VIH et
- une phase à symptômes mineurs de l’infection à virus de
6 500 personnes sont nouvellement contaminées tous les
l’immunodéficience humaine ;
ans. Ces contaminations concernent de plus en plus les
- la phase d’immunodépression profonde, ou « stade de
femmes. Si elles ne représentent que 20 % des cas de sida
sida », généralement symptomatique.
depuis le début de l’épidémie, plus de 42 % des nouvelles
contaminations annuelles les concernent (www.invs.sante.fr).
Une fois la séropositivité établie, un suivi régulier de l’infec- Dès la primo-infection, le virus se réplique activement
tion doit être effectué pour assurer une bonne prise en dans l’organisme, avec une production quotidienne de
10 milliards de virions, entraînant la destruction d’environ
charge de la maladie et, ainsi, évaluer au mieux l’état du
5 milliards de lymphocytes T CD4+.
malade. Deux facteurs sont pris en compte dans cette sur-
veillance :
- le taux de lymphocytes T4, pour définir le niveau de l’infec-
Cette réplication se stabilise, au bout de quelques semaines,
tion ;
à un niveau plus ou moins important selon les sujets. Le sys-
- la charge virale, indiquant le nombre de virions dans l’orga-
tème immunitaire, hyperactivé, compense partiellement la
nisme et, par voie de conséquence, la vitesse de réplication
destruction massive des lymphocytes T CD4+ en augmentant
du VIH dans l’organisme, permettant ainsi de prévoir l’évo-
leur production. Mais l’infection à VIH persiste malgré tout et
lution de l’infection.
entraîne l’émergence et la sélection de virus mutants qui
Le taux normal de lymphocytes T4 chez l’homme se situe
échappent à la réponse immune de l’hôte.
entre 600 et 1 200/mm3. On considère que (CDC, mmwr
2006) :
- jusqu’à 500 T4/mm3, le patient peut vivre dans des condi- Essentiel : pendant plusieurs années, les lymphocytes
T CD4+ semblent se renouveler rapidement malgré leur des-
tions normales et ne nécessite pas de traitement ; truction par le virus, jusqu’à ce que l’épuisement des organes
- entre 350 et 500 T4/mm3, un traitement antiviral est recom- lymphoïdes centraux (thymus) ne permette plus leur régé-
mandé et la baisse de la charge virale est escomptée pour nération. La destruction des lymphocytes T CD4+ est bien
permettre une remontée du taux de lymphocytes T4 ; souvent due à l’hyperactivation de ces cellules, par interac-
- en dessous de 200 T4/mm3, le patient est fortement immu- tion avec certaines structures du virus, et non à une destruc-
nodéprimé et a un risque important de souffrir de multiples tion directe par le VIH. Après 10 à 15 ans d’évolution
maladies opportunistes liées au sida. spontanée sans traitement, le sujet est immunodéprimé
(stade sida), des pathologies infectieuses ou tumorales rares
L’infection par le VIH évolue en plusieurs phases qui peuvent (dites opportunistes) surviennent et conduisent au décès.
se succéder dans le temps (fig. 6.7) :

103

6684_.indb 103 01/08/12 15:36


6 Endodontie

Actuellement, les traitements antirétroviraux évitent ou


retardent l’évolution vers le stade sida en maintenant les
VI - Endodontie et
niveaux de réplication du virus le plus bas possible. immunodéficience médicamenteuse
Près d’un tiers des patients infectés par le VIH sont égale- Il existe trois principales situations dans lesquelles le chirur-
ment infectés par le virus de l’hépatite C. Cette co-infection gien-dentiste peut être amené à prendre en charge des
n’est pas sans conséquences puisqu’elle est devenue la pre- patients sous traitement immunosuppresseur. Le patient :
mière cause de mortalité chez ces patients (Singal et al., - a bénéficié d’une allogreffe d’organe ou de cellules souches
2009). hématopoïétiques (CSH) ;
- a besoin d’un traitement de fond pour une maladie auto-immune ;
B - Répercussions orales et endodontiques - a besoin d’un traitement de fond pour une maladie inflam-
matoire chronique.
Sur le plan dentaire, la séropositivité en tant que telle ne pré-
dispose pas directement à la maladie carieuse. En revanche, Les complications odontostomatologiques liées à un trai-
l’hyposialie consécutive à la prise de certains médicaments tement immunodépresseur ou immunosuppresseur sont
psychotropes favorise la formation de lésions carieuse cervi- principalement dominées par des infections fongiques ou
cales (Birnbaum 1995 ; Hegarty et al 2008 ; Cavasin Filho et al., virales, des leucoplasies chevelues, des lésions cancé-
2009). reuses, des gingivites, voire des ulcérations.

Important ! Il n’existe pas de complications spécifiques Du point de vue des effets secondaires, on peut noter la clas-
directement liées au sida en rapport avec un acte endo- sique hyperplasie gingivale sous traitement par cyclosporine
dontique (Suchina et al., 2006). Le pronostic des traite- associée à un inhibiteur calcique (Nifédipine®).
ments endodontiques n’est pas affecté chez les patients Qu’en est-il exactement des complications endodontiques
porteurs du virus (Shetty et al., 2006, Alley et al., 2008). chez ces patients ? Actuellement, aucune étude ne montre
Il n’existe donc pas de contre-indication aux traitements
endodontiques initiaux et aux retraitements endo- de corrélation certaine entre ce type de traitement et des
dontiques, ni à l’anesthésie locale ou locorégionale (Pour- complications endodontiques inflammatoires ou infec-
riat et al., 2001). tieuses (Dodds et al., 1989 ; Teixeira et al., 2000).
Dans ces conditions, quelle peut être la meilleure conduite à
tenir avec ces patients ?
La première démarche consiste à prendre contact avec le
médecin traitant, afin de connaître les pathologies dont
C - Conduite à tenir souffrent le patient et la nature de son traitement.
Le contact avec le médecin traitant est important afin de En cas de greffe, il est recommandé d’effectuer les soins,
préciser : notamment endodontiques, à distance de la greffe.
- le taux sanguin de lymphocytes CD4+ (< 200/mm3 = risque
infectieux majeur) ; Important ! Le principe de précaution faisant souvent loi,
- la charge virale ; lorsqu’il y a allogreffe d’organe, le patient doit dès lors être
- la numération des plaquettes ; placé sous antibioprophylaxie pour tout acte endodontique
- la numération des polynucléaires neutrophiles (< 800/mm3 (Little et al., 1997).
= risque infectieux majeur) ;
- la nature du traitement médicamenteux en cours. En dehors de ces allogreffes, le traitement initial et le retraite-
ment n’imposeront pas de précautions particulières. En revanche,
Remarque : lorsque le risque infectieux est réel, notamment en cas de chirurgie endodontique, notamment si le patient est
en cas de neutropénie sévère, il faudra envisager de réaliser sous glucocorticoïdes, une prescription antibiotique s’impose.
les soins endodontiques sous antibioprophylaxie. Une attention particulière sera portée aux greffés rénaux, pour
lesquels certains médicaments pourraient être néphrotoxiques
(Bots et al., 2006 ; Grassi et al., 2006). Plus généralement, il faut
En cas de bilan d’hémostase perturbé et/ou de fonctions être très vigilant sur les interactions médicamenteuses entre
immunitaires perturbées, la chirurgie endodontique est traitement immunosuppresseur et traitement à visée odontos-
contre-indiquée. tomatologique (tableau 6.5).

104

6684_.indb 104 01/08/12 15:36


Endodontie et état général 6
Tableau 6.5 Interactions médicamenteuses entre les principaux médicaments immunosuppresseurs et des médicaments utilisés en
odontologie.
Famille (spécialité) Interactions Spécialités Effet
Macrolides : Inhibiteurs de la calcineurine et Cyclosporine A (Sandimmum®, Immunosuppression augmentée
• érythromycine (Érythrocine®), rapamycine Néoral®)
josamycine (Josacine®),
FK 506 tacrolimus (Prograf®) Immunosuppression augmentée
spiramycine (Rovamycine®)
• roxithromycine (Rulid®),
clarithromycine
(Zeclar®), azythromycine
(Zithromax®)
Amphotéricine B (Fungizone®) Inhibiteurs de la calcineurine et FK 506 tacrolimus (Prograf®) Synergie néphrotoxique
rapamycine
Aciclovir (Zovirax®, Activir®) Antiprolifératifs Mycophénolate mofétil Concurrence au niveau de la
(Cellcept®) sécrétion tubulaire.
Si insuffisance rénale,
augmentation de concentration
des 2 molécules

VII - Conclusion mais poser également un problème de santé publique. Le


risque d’infection focale en est un très bon exemple ; les
Dans le domaine médical, en 7 ans, 50 % des connaissances mesures prises depuis des années n’ont pas réduit le nombre
deviennent obsolètes. C’est notamment pour cette raison d’endocardites infectieuses.
que la formation continue régulière s’impose comme une
évidence. Se pose en revanche le problème de pratiques qui,
très souvent, ne sont pas assises sur des données scienti- Néanmoins, l’absence de preuve de haut niveau ne doit
fiques à niveau de preuve élevé ; c’est le cas des interrelations pas conduire le praticien à s’abstenir de toute précaution.
entre l’état général et l’endodontie. Dans ce concept, le prin- L’objectif de ce chapitre était de rappeler les éléments de
cipe de précaution prévaut le plus souvent. L’absence de réflexion afin que chacun puisse prendre ses décisions en
mesure d’efficacité de nos pratiques peut néanmoins engen- toute connaissance de cause, tout en gardant à l’esprit que
drer des effets négatifs tels que le développement de résis- les recommandations émises par les experts doivent tou-
tance aux antibiotiques ; celle-ci peut rester individuelle jours s’appliquer.

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