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Mme Swann me dit qu’il lui avait été présenté par Mme Bontemps, qu’il était attaché

au Cabinet du ministre, ce que j’ignorais. Du reste, elle ne devait pas l’avoir vu


souvent — ou bien elle n’avait pas voulu citer le nom, trouvé peut-être par elle
peu « chic », de Bloch — car elle dit qu’il s’appelait M. Moreul. Je lui assurai
qu’elle confondait, qu’il s’appelait Bloch. La princesse redressa une traîne qui se
déroulait derrière elle et que Mme Swann regardait avec admiration. « C’est
justement une fourrure que l’empereur de Russie m’avait envoyée, dit la princesse,
et comme j’ai été le voir tantôt, je l’ai mise pour lui montrer que cela avait pu
s’arranger en manteau. — Il paraît que le prince Louis s’est engagé dans l’armée
russe, la princesse va être désolée de ne plus l’avoir près d’elle, dit Mme Swann
qui ne voyait pas les signes d’impatience de son mari. — Il avait besoin de cela !
Comme je lui ai dit : Ce n’est pas une raison parce que tu as eu un militaire dans
ta famille », répondit la princesse, faisant, avec cette brusque simplicité,
allusion à Napoléon Ier. Swann ne tenait plus en place. « Madame, c’est moi qui
vais faire l’Altesse et vous demander la permission de prendre congé, mais ma femme
a été très souffrante et je ne veux pas qu’elle reste davantage immobile. » Mme
Swann refit la r

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