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L’église pourtant ne tomba jamais dans ces préjugés.

Les papes français semblent


n’avoir rien eu plus à cœur que de s’entourer d’Italiens lettrés. Les meilleurs
amis de Pétrarque et de Boccace, et les plus savans, ont été des ecclésiastiques
comme Nelli, des moines comme Martino da Signa et le père Marsili. Il serait aisé
de démontrer, par cet exemple et bien d’autres, que la résistance des cou-yens à
l’humanisme ne fut point générale, et n’eut pas l’importance qu’on lui a attribuée.
On exagère certainement beaucoup lorsqu’on répète que Pétrarque et Boccace,
premiers penseurs modernes, affranchirent la pensée humaine. Tout penseur original
affranchit toujours en quelque chose la pensée. Mais cela n’empêche pas de mettre
les choses à leur place. Boccace et Pétrarque furent bien de leur temps : ils
s’appliquèrent très sincèrement à accorder leurs étutre, ce caractère de
littérateur errant, qui sera celui des humanistes de la renaissance.

Le doute ne peut porter que sur la naissance parisienne de Boccace ; sa bâtardise,


au contraire, est avérée. Suarez, qui écrivait au XVIIe siècle l’Histoire
d’Avignon, affirme avoir vu, dans les archives avignonnaises, une dispense papale
par laquelle Boccace était autorisé, quoique bâtard, à recevoir un bénéfice
ecclésiastique.

Le père de Boccace, dit Filippo Villani, erat vir industrius, ce que je traduirais
en langage moderne : « Il était dans les affaires. » Il était attaché à la maison
des Bardi, une des banques florentines les plus puissantes. Dans toutes les villes
commerçantes de l’Europe s’ouvraient, dans un quartier spécial, les comptoirs des
Lombards ; on appelait ainsi génériquement tous les Italiens. Les comptoirs des
Florentins étaient répandus sur tout le monde connu, de l’Egypte aux Flandres.
Comme l’Angleterre moderne, Florence était trop petite pour nourrir et occuper tous
ses enfans : elle les envoyait au loin faire fortune.
utre, ce caractère de littérateur errant, qui sera celui des humanistes de la
renaissance.

Le doute ne peut porter que sur la naissance parisienne de Boccace ; sa bâtardise,


au contraire, est avérée. Suarez, qui écrivait au XVIIe siècle l’Histoire
d’Avignon, affirme avoir vu, dans les archives avignonnaises, une dispense papale
par laquelle Boccace était autorisé, quoique bâtard, à recevoir un bénéfice
ecclésiastique.

Le père de Boccace, dit Filippo Villani, erat vir industrius, ce que je traduirais
en langage moderne : « Il était dans les affaires. » Il était attaché à la maison
des Bardi, une des banques florentines les plus puissantes. Dans toutes les villes
commerçantes de l’Europe s’ouvraient, dans un quartier spécial, les comptoirs des
Lombards ; on appelait ainsi génériquement tous les Italiens. Les comptoirs des
Florentins étaient répandus sur tout le monde connu, de l’Egypte aux Flandres.
Comme l’Angleterre moderne, Florence était trop petite pour nourrir et occuper tous
ses enfans : elle les envoyait au loin faire fortune.
c********************************************udes et leur foi. Ils mirent, comme il
arrive toujours aux hommes, quelque excès dans leurs prétentions, et exaltèrent
l’homme de lettrés plus haut peut-être qu’il ne convient, préparant par leur
exemple cet homme de lettres de la renaissance propre à tout et prêt à se mêler de
tout. Ce que

Boccace n’eût pas été lui-même, s’il n’eût mis dans ses projets de

Rendons grâces au ciel que Pétrarque ait su persuader à Boccace de continuer son
labeur d’érudit. Nous devons, en effet, à ces deux grands hommes, un service que
nulle reconnaissance ne pourra payer : ils nous ont sauvé les poèmes d’Homère que,
sans leur indu

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