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Pour ce qui est des belles-lettres, des livres et des auteurs antiques, Pétrarque

ne pouvait admettre l’avertissement, d’où qu’il vînt. Avec son érudition aisée et
une complète sécurité de conscience, il prend la défense des lettres, s’appuyant
sur les pères et les enseignemens mêmes de l’église. Si pourtant Boccace persiste
dans son dessein et veut se de faire de ses livres, qu’il en fixe le prix et ne les
cède à nul autre qu’à Pétrarque. Tant de prudence et de cordialité ramenèrent le
calme dans l’âme du nouveau converti.

Sa conversion fit grand bruit, et quelques-uns pensèrent qu’il ne pouvait faire


moins que d’entrer au couvent pour pleurer ses péchés. L’idée de voir Boccace
moine, qui, à première vue, nous paraît folle, ne sembla pas telle aux Florentins
d’alors. On la trouva naturelle, puisqu’on l’imagina. Pourtant il n’alla point
jusque-là, et se contenta de mener désormais une vie raisonnable. Il avait presque
cinquante ans.

Rendons grâces au ciel que Péutre, ce caractère de littérateur errant, qui sera
celui des humanistes de la renaissance.

Le doute ne peut porter que sur la naissance parisienne de Boccace ; sa bâtardise,


au contraire, est avérée. Suarez, qui écrivait au XVIIe siècle l’Histoire
d’Avignon, affirme avoir vu, dans les archives avignonnaises, une dispense papale
par laquelle Boccace était autorisé, quoique bâtard, à recevoir un bénéfice
ecclésiastique.

Le père de Boccace, dit Filippo Villani, erat vir industrius, ce que je traduirais
en langage moderne : « Il était dans les affaires. » Il était attaché à la maison
des Bardi, une des banques florentines les plus puissantes. Dans toutes les villes
commerçantes de l’Europe s’ouvraient, dans un quartier spécial, les comptoirs des
Lombards ; on appelait ainsi génériquement tous les Italiens. Les comptoirs des
Florentins étaient répandus sur tout le monde connu, de l’Egypte aux Flandres.
Comme l’Angleterre moderne, Florence était trop petite pour nourrir et occuper tous
ses enfans : elle les envoyait au loin faire fortune.
trarque ait su persuader à Boccace de continuer son labeur d’érudit. Nous devons,
en effet, à ces deux grands hommes, un service que nulle reconnaissance ne pourra
payer : ils nous ont sauvé les poèmes d’Homère que, sans leur indu

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