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Boltzmann
La loi de Stefan ou de Stefan-Boltzmann (du nom des physiciens Jožef Stefan et Ludwig
Boltzmann) définit la relation entre le rayonnement thermique et la température d'un objet
considéré comme un corps noir. Elle établit que l'exitance[a] énergétique d'un corps en watts
par mètre carré (puissance totale rayonnée par unité de surface dans le demi-espace libre
d'un corps noir) est liée à sa température exprimée en kelvins par la relation :
Graphe de la puissance émise par unité de surface par un corps noir en fonction de sa température
thermodynamique . En bleu, l'approximation selon la loi de Wien,
,
où est la constante de Stefan-Boltzmann, aussi
appelée constante de Stefan, et où l'émissivité (flux radiatif émis par un élément de surface
à une température donnée, rapporté à la valeur de référence qu’est le flux émis par un corps
noir à cette même température) est un coefficient sans unité, compris entre 0 et 1, et qui est
l'unité pour un corps noir.
Inversement, cette loi permet un calcul de la température à partir du flux énergétique par
unité de surface :
Histoire
Cette loi est la seule loi physique qui porte le nom d’un physicien slovène.
Stefan publia cette loi le 20 mars dans l’article Über die Beziehung zwischen der
Wärmestrahlung und der Temperatur (allemand pour De la relation entre rayonnement
thermique et température) dans les Bulletins from the sessions de l’Académie des sciences de
Vienne.
La loi de Stefan apparaît maintenant a posteriori comme une application de la loi de Planck,
qui permet de déterminer la luminance énergétique totale :
La luminance dans une direction donnée étant par ailleurs pondérée par le cosinus de l'angle
par rapport à la normale à la surface émettrice, l’exitance énergétique du corps noir est
donnée par la loi de Lambert :
Démonstration
On part de l'expression de la densité spectrale émise par un corps noir (Loi de Planck). On
En effet, donc et
Dans la suite de l'article, on ne travaillera qu'en pulsation, sachant que tous les calculs
On cherche maintenant à exprimer la puissance surfacique totale (pour toutes les pulsations)
émise par un corps noir.
On montre que si est la puissance émise par une unité de
En effectuant le changement de variable , on obtient
avec .
Applications notables
Température du Soleil
Grâce à cette loi, Stefan détermina également la température de la surface du Soleil. Il
apprend, des données de Jacques-Louis Soret (1827–1890), que le flux énergétique du Soleil
est 29 fois plus grand que celui d'une lamelle de métal chauffée. Soret avait placé une
lamelle circulaire devant son appareil de mesure, à une distance telle qu'elle apparaissait
sous le même angle que le Soleil. Il avait estimé la température de la lamelle entre 1 900 °C
et 2 000 °C [1].
Stefan estime que le tiers du flux énergétique du Soleil est absorbé par l'atmosphère terrestre
(la mesure précise de l'absorption atmosphérique ne fut pas réalisée avant 1888 et 1904),
ainsi il corrige ce rapport du facteur 3/2 : 29 × 3/2 = 43,5. Stefan retient pour la température
de la lamelle de Soret la valeur moyenne des mesures de température, soit 1 950 °C, ce qui
correspond à une température absolue de 2223 K.
L'application de sa loi conduit à une température du Soleil égale à 43,50,25 soit 2,568 fois la
température de la lamelle ; ainsi Stefan obtient une valeur de 5709 K (5436 °C) (la valeur est
actuellement de 5780 K, 5507 °C). Ce fut la première estimation sérieuse de la température
du Soleil : les valeurs précédemment avancées variaient entre 1 800 °C à 13 000 000 °C en
raison de relations rayonnement-température inadaptées.
Certains auteurs utilisent d'autres termes, tels température équivalente de corps noir d'une
planète[2] ou température effective de rayonnement d'une planète[3]. Des concepts semblables
incluent la température moyenne globale et la température de l'air de surface globale
moyenne[2] qui incluent les effets de l'effet de serre.
Avec la loi de Stefan-Boltzmann, les astronomes peuvent estimer le rayon des étoiles dont la
distance (et donc la luminosité absolue) est connue : en effet, en approximant le spectre
d'émission d'une étoile par celui d'un corps noir à une certaine température T, la luminosité
d'une étoile s'écrit :
où, L est la luminosité, est la constante de Stefan-Boltzmann (ou constante de Stefan), R le
rayon de l'étoile, et T sa température. Le travail de l'astronome consistera donc à évaluer la
distance et la température de l'étoile. Notons toutefois que le spectre réel d'une étoile diffère
en général plus ou moins notablement du spectre d'émission d'un corps noir. La température
est donc ici une température effective : celle qui permet, à l'aide d'un spectre de corps noir,
d'approximer au mieux le spectre réel de l'étoile. Cette méthode fournit de bons ordres de
grandeurs plutôt qu'une mesure précise des rayons stellaires.
Par ailleurs, cette loi est également respectée dans la thermodynamique des trous noirs pour
le rayonnement de Hawking.
Limitations
La loi de Stefan-Boltzmann s'applique au cas idéal du corps noir. Pour les corps réels elle
n'est plus parfaitement exacte : la constante de proportionnalité change un peu, mais la
très forte dépendance à la température persiste[4].
Quand la distance entre deux corps est nanométrique, le rayonnement thermique a lieu par
un mécanisme d'effet tunnel des photons : ce « rayonnement en champ proche » dépend
beaucoup plus fortement de la distance et moins fortement de la température que dans le
régime « en champ lointain » décrit par la loi de Stefan-Boltzmann. De nombreuses
confirmations expérimentales de l'augmentation très importante du flux échangé dans ce
régime ont été observées au cours des années 2010, et des applications à la
spectroscopie et à la conversion d'énergie thermique en électricité sont en cours de
développement[4],[5].
Notes et références
Notes
a. Appellation recommandée par la Commission internationale de l'éclairage (anciennement
émittance énergétique).
Références
1. Soret, J.-L.. "Sur la température du Soleil (extrait d'une lettre de M. J.-L. Soret à M. H.
Sainte-Claire Deville)." Annales scientifiques de l'École Normale Supérieure 3 (1874): 435-
439. <http://eudml.org/doc/80786 [archive]>.
2. (en) J. M. Wallace et P. V. Hobbs, Atmospheric Science. An Introductory Survey, Academic
Press, 2006 (ISBN 9-780-12732-951-2)
3. (en) R. Stull, Meteorology for Scientists and Engineers, Univsity of British Columbia, 2011
(ISBN 978-0-88865-178-5, lire en ligne (https://www.eoas.ubc.ca/books/Practical_Meteoro
logy/mse3.html) [archive])
Articles connexes
Rayonnement
Loi de Planck
Loi de Wien
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Boltzmann&oldid=190026817 ».
Dernière modification il y a 2 mois par Ariel Provost