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Conduction thermique

La conduction thermique (ou diffusion thermique) est un mode de transfert thermique provoqué par une
différence de température entre deux régions d'un même milieu, ou entre deux milieux en contact, et se
1
réalisant sans déplacement global de matière (à l'échelle macroscopique) par opposition à la convection qui
est un autre mode de transfert thermique. Elle peut s'interpréter comme la transmission de proche en proche
de l'agitation thermique : un atome (ou une molécule) cède une partie de son énergie cinétique à l'atome
voisin.

La conduction thermique est un processus de transport de l'énergie interne lié à l'agitation moléculaire et dû
2
à une hétérogénéité du milieu à l'échelle macroscopique . C'est un phénomène irréversible analogue au
2
phénomène de diffusion . Dans les fluides (liquides et gaz) ce transport d'énergie résulte au niveau
microscopique de l'anisotropie de la fonction de distribution des vitesses. Dans les solides, la conduction
thermique est assurée conjointement par les électrons de conduction et par les vibrations du réseau cristallin
3
(phonons) .

Phénomènes physiques
La conduction thermique est le déplacement de l'énergie thermique
N1
des parties chaudes d'un système vers les parties froides. Lorsque
l'énergie diffuse dans un système, les différences de température
décroissent et l'entropie croît.

Dans le cas le plus simple des gaz, la diffusion de l'énergie


thermique intervient quand, au cours de son mouvement de
translation, une particule cède une partie de sa quantité de
mouvement à d'autres particules lors de collisions.

Dans les solides, le mouvement de translation prend la forme de


phonons (voir la figure). Les phonons sont des quantités
élémentaires (quantifiées) d'énergie de vibration se déplaçant dans Le mouvement de translation des
un solide à la vitesse du son propre à la substance. La manière dont particules dans les solides, qui se
les phonons interagissent dans le solide détermine leurs propriétés, manifeste par leur température,
telles que la diffusion thermique. Les isolants électriques, par prend la forme de phonons. On a
N2 représenté ici des phonons
exemple, ont généralement une conductivité thermique faible et
ces solides sont considérés comme des isolateurs thermiques d'amplitude identique mais de
(comme le verre, les matières plastiques, le caoutchouc, les longueur d'onde variant de 2 à
céramiques et la pierre). Ceci est dû au fait que dans les solides, les 12 molécules.
atomes et molécules ne sont pas libres de se déplacer.

Les métaux, toutefois, présentent une forte conductivité thermique. En effet, leur structure permet une
diffusion de l'énergie cinétique par les électrons de conduction, légers et extrêmement mobiles. C'est
pourquoi il existe, dans les métaux, une corrélation presque parfaite entre la conductivité électrique et la

4
4
conductivité thermique . La conductivité électronique prédomine dans les métaux parce que les électrons
sont délocalisés, c'est-à-dire qu'il ne sont pas liés à un atome et qu'ils se comportent comme un gaz
quantique.

Généralités sur la modélisation

Loi de Fourier

La conduction thermique est un transfert thermique spontané d'une région de température élevée vers une
région de température plus basse, et est décrite par la loi dite de Fourier établie mathématiquement par Jean-
5
Baptiste Biot en 1804 puis expérimentalement par Fourier en 1822 : la densité de flux thermique est
proportionnelle au gradient de température :

La constante de proportionnalité λ est nommée conductivité thermique du matériau. Elle est toujours
positive.

Dans le Système international d'unités, la densité de flux thermique s'exprime en watts par mètre carré
(W/m2), la conductivité thermique λ en watts par mètre-kelvin (W m−1 K−1) et la température T en kelvins
(K).

La loi de Fourier est une loi macroscopique. Elle n'est valide que pour des solides de dimensions grandes
6
devant le libre parcours moyen et la longueur d'onde des phonons impliqués dans les transferts thermiques .

La loi de Fourier est une loi phénoménologique analogue à la loi de Fick pour la diffusion de particule ou la
loi d'Ohm pour la conduction électrique (Ohm s'est d'ailleurs servi d'une analogie entre thermique et
électricité pour construire sa théorie). Ces trois lois peuvent s'interpréter de la même façon : l'inhomogénéité
d'un paramètre intensif (température, nombre de particules par unité de volume, potentiel électrique)
provoque un phénomène de transport tendant à combler le déséquilibre (flux thermique, courant de
diffusion, courant électrique).

Complément

Nous pouvons exprimer le transfert thermique selon Ox pendant un temps dt. On suppose que la quantité
de chaleur traversant une surface d'aire dSx est proportionnelle à dSx, au temps de transfert dt et au taux de
variation de la température T :

La densité de flux thermique à travers la surface élémentaire dSx est alors :


Nous pouvons en déduire la densité de flux dans la direction Ox :

Le même raisonnement dans chacune des directions de l'espace donne la loi de Fourier.

Équation de la chaleur

Un bilan d'énergie, et l'expression de la loi de Fourier conduit à l'équation générale de conduction de la


chaleur dans un corps homogène, équation de transport de la température :

est la conductivité thermique du matériau en W m−1 K−1,


N3
est l'énergie produite au sein même du matériau en W m−3 ,
est la masse volumique en kg/m3
est la capacité thermique massique du matériau en J kg−1 K−1.

Sous forme unidimensionnelle et dans le cas où P est nulle et la conductivité constante, on obtient :

En régime stationnaire, lorsque la température n'évolue plus avec le temps et si P est nul, elle se réduit à :
qui est une équation de Laplace. T est alors une fonction harmonique.

Dans le cas d'un régime permanent et unidimensionnel, l'équation précédente se réduit à : dont la
solution est T =Ax + b où A et B sont des constantes à fixer selon les conditions aux limites.

Échelle microscopique : l'équation de Boltzmann-Peierls

Dans les problèmes à l'échelle nanométrique tels qu'on les rencontre par exemple en microélectronique le
libre parcours moyen des phonons n'est pas petit devant la taille de l'objet étudié et l'équation de diffusion de
8 9
la chaleur n'est plus valide . Ce problème a été résolu par Rudolf Peierls en 1929 en donnant une
description microscopique du phénomène par l'intermédiaire d'une équation de Boltzmann pour l'énergie
dEν transférée par les phonons considérés comme un gaz, à l'instar du gaz de photons. Cette énergie est
ramenée à l'unité d'aire traversée dS , à l'intervalle de fréquence considéré dν, à l'angle solide élémentaire
considéré dΩ et à l'intervalle de temps temps dt pour donner une intensité Iν
Cette quantité est l'analogue de la luminance spectrale pour le
rayonnement. Elle obéit à l'équation de Boltzmann que l'on donne
10
ici en une dimension d'espace et dans le cas stationnaire

Pour cela :

on a introduit la quantité τ = κ x; où κ est le coefficient


Conductivité apparente d'une lame
d'absorption spectral du milieu supposé indépendant
de silicium en fonction de son
de ν. Cette quantité est l'inverse du libre parcours 7
épaisseur . Le libre parcours moyen
moyen l = 1 / τ, typiquement quelques dizaines de nm
dans le milieu est voisin de 300 nm.
à température ambiante;
on a supposé que la dépendance angulaire était de
révolution, caractérisée par μ = cos θ ;
on a négligé les termes de diffusion pouvant résulter de défauts cristallins ou de processus
Umklapp.

Gν est le terme de création qui résulte de la création de phonons par agitation thermique.

Dans le cas où l'équilibre thermodynamique est atteint, ce terme est donné par la loi de Planck (les phonons
sont des bosons tout comme les photons, ils obéissent donc à la statistique de Bose-Einstein) :

Tm température de vibration unique pour tous les degrés de liberté du réseau cristallin
(dilatation, torsion, flexion),
h constante de Planck,
k constante de Boltzmann,
σ constante de Stefan-Boltzmann,
vitesse de groupe pour la propagation (typiquement quelques milliers de m/s). C'est la
cm moyenne des vitesses longitudinale et transversale, quelquefois nommée vitesse de
Debye.

Dans l'hypothèse de l'équilibre thermodynamique du milieu on peut écrire une équation pour l'intensité qui
est identique à celle du transfert radiatif. On obtient une équation pour l'intensité intégrée en fréquence
:

Lien avec l'échelle macroscopique


Introduisons les premiers moments de Im :

- l'énergie

- la densité de flux de chaleur

où ρ est la masse volumique et CV la capacité thermique massique.

Lorsque :

le libre parcours moyen est petit devant la dimension du domaine ou tout autre quantité s
caractérisant la solution soit ;

le temps caractéristique est petit devant toute variation temporelle dans le

domaine ;

11
diverses méthodes permettent d'obtenir une équation de diffusion reliant ces quantités sous la forme :

On reconnait la loi de Fourier avec une conductivité thermique valant

Démonstration

Comme en transfert radiatif, on peut réduire l'équation de Boltzmann au système suivant :

On suppose le tenseur isotrope : : c'est la méthode d'Eddington ou méthode


P1 .

On obtient alors

Dans l'hypothèse d'une densité de flux stationnaire, la seconde équation du système ci-
dessus s'écrit
La conductivité thermique est proportionnelle à la vitesse de propagation, à la capacité thermique massique
et au libre parcours moyen dans le milieu.

{\displaystyle
D={\frac {\lambda
}{\ h C {V}}}
Par suite le coefficient de diffusion thermique est proportionnel à la vitesse de
propagation et au libre parcours moyen.

L'équation de la chaleur obtenue avec cette approximation diffusive est une équation parabolique pour
laquelle la vitesse de propagation de l'information est infinie.

Échelles de temps courts : équation de Cattaneo-Vernotte

Dans certains cas l'hypothèse de quasi-stationnarité du flux n'est plus valide, par exemple si on utilise une
source de chaleur ultra-brève comme une impulsion laser pour chauffer un échantillon.

Si on conserve le terme temporel sur le flux (voir encadré précédent), on obtient :

Cette expression du flux comportant un terme de relaxation de l'oscillation des phonons est appelée
12 13
équation de Cattaneo-Vernotte d'après Carlo Cattaneo et Pierre Vernotte . Le système auquel elle
conduit est du type équations des télégraphistes. Dans ce système d'équation aux dérivées partielles
hyperbolique, la vitesse de propagation de l'information est cm /√3 et non cm .

Échelle nanoscopique : le quantum de chaleur


14
On considère un guide d'ondes virtuel de taille nanoscopique. Rolf Landauer a montré que le flux de
chaleur pour le mode de propagation α entre un milieu 1 et un milieu 2 à l'équilibre thermodynamique est

nombre d'onde ;
relation de dispersion ;

nombre d'occupation de la statistique de Bose-Einstein ;

facteur de transmission.
Le guide est limité par deux surfaces permettant un échange parfait : . À ses extrémités on applique

deux milieux avec une différence de température et on considère la limite . On


suppose que ces températures sont suffisamment faibles pour avoir le droit de ne prendre en compte que le
nombre d'onde k = 0 pour chaque mode.
15
Avec ces hypothèses on montre que le quantum de conductance par mode est

16
Cette valeur a été mesurée expérimentalement .

Conduction en régime stationnaire


Un régime stationnaire est défini par l'indépendance par rapport au temps de toute quantité, notamment la
température.

Remarque : on confond parfois le régime stationnaire avec le régime permanent, alors qu'un régime
permanent peut dépendre du temps (exemple : un régime périodique).

Surface plane simple

Le matériau est un milieu limité par deux plans parallèles (cas d'un mur). Chaque plan a une température T
homogène sur toute sa surface. On considère que les plans ont des dimensions infinies pour s'affranchir des
effets de bords. En conséquence le milieu est unidimensionnel et la densité de flux est la même en tout point.
On suppose de plus que la conductivité est constante.

Notons T 1 la température du plan situé à l'abscisse x1, et T 2 la


température du plan situé à l'abscisse x2. Notons e = x2 – x1
l'épaisseur du mur. En régime stationnaire, T est une fonction affine
de x, d'où :

La densité de flux thermique surfacique s'écrit :

Profil de température dans un mur.


Le flux thermique à travers une surface S vaut :

{\displaystyle \Phi ={\frac


{\lambda S}{e}}(T_{1}-
T {2})={\frac {T {1}-T {2}}
Analogie électrique

Par analogie avec l'électricité (loi d'Ohm), nous pouvons mettre en parallèle les deux expressions :
Nous pouvons mettre en parallèle d'une part la tension et la
température, d'autre part l'intensité et le flux thermique :

On peut définir alors une résistance thermique, jouant dans le


transfert de chaleur un rôle comparable à la résistance électrique.

Analogie.

où S est la surface du matériau et e son épaisseur. La résistance


thermique Rthc est homogène à des K W−1

Surfaces planes en série

On considère des matériaux A, B et C d'épaisseurs respectives eA,


eB et eC et de conductivités respectives λA, λB et λC.

Les hypothèses sont identiques à celles d'une surface plane simple.


On considère que le contact entre chaque couche est parfait ce qui
signifie que la température à l'interface entre 2 matériaux est
identique dans chaque matériau (pas de saut de température au
passage d'une interface).

Les résistances thermiques s'additionnent :

Démonstration

Globalement, nous avons

Si l'on décompose

Pour la couche A :

pour la couche B :

pour la couche C :

Nota : Par hypothèse le flux (ou la densité de flux) est constant.

Avec :
Donc

Profil des températures Pour chaque matériau la variation de température suit une loi du type :

La variation de température est donc linéaire dans l'épaisseur du matériau considéré. La pente dépend de λ
(conductivité thermique) caractéristique de chaque matériau. Plus la conductivité thermique sera faible (donc
plus le matériau sera isolant) plus la pente sera forte.

Analogie électrique De la même manière que les résistances électriques en série s'additionnent, les
résistances thermiques en série s'additionnent.

Surfaces planes en parallèle

On considère des matériaux plans juxtaposés. Chaque matériau est homogène et limité par deux plans
parallèles. C'est par exemple le cas d'un mur avec une fenêtre.

Les hypothèses sont identiques à celles d'une surface plane simple. En supplément, on considère que la
température est uniforme en surface de chaque élément (T1 et T2).
Soit SA, SB et SC les surfaces respectives des éléments A, B et C.

Par la suite, on fait l'hypothèse que le flux est toujours


perpendiculaire à la paroi composée ; ceci n'est pas réaliste puisque
la température de surface de chaque élément qui la composent est
différente et qu'il existe par conséquent un gradient de température
latéral (à l'origine des ponts thermiques). Aussi, il est nécessaire de
corriger le flux de chaleur calculé dans la paroi composée à l'aide de
coefficients de déperdition linéiques, spécifiques à chaque jonction
de paroi (et pouvant être négligeables, cf. règlementation thermique
TH 2000)

Les conductances thermiques s'additionnent :

Démonstration

Pour chaque élément, le flux s'exprime suivant la relation

Avec en prenant l'analogie électrique

où est égale à , ou Nous avons donc

Le flux total est égal à la somme des flux dans chaque élément

Soit S la surface totale

Le flux surfacique s'écrit alors


Toujours par analogie avec les lois électriques, l'inverse de la résistance thermique est parfois
appelé conductance thermique.

Analogie électrique

Il est donc également possible de faire une analogie entre un montage électrique de résistances en parallèle.

Surface cylindrique simple

Le tube simple est constitué d'un seul matériau homogène. La


température est homogène sur chaque surface du tube. On considère
que le tube a une longueur infinie afin de s'affranchir des effets de
bord.

La variation de température s'écrit :

Démonstration

Si l'on considère une variation dR à l'intérieur du matériau


constituant le tube, la loi de Fourier s'exprime alors :

(l'hypothèse de régime permanent assure en effet que le


flux thermique est constant dans le cylindre et est donc
indépendant de l'endroit choisi)

Variation de la température dans l'épaisseur du tube


Soit S la surface d'un cylindre :

Nous pouvons écrire la loi de Fourier sous la forme :

Évo
l'épa
Tinté

La variation de température dans le matériau est donc

Sur la totalité de l'épaisseur du tube, la variation est

Surfaces cylindriques concentriques

Le tube concentrique est constitué de tubes disposés en couches


concentriques. On considère que le contact est parfait entre les tubes.
La température est homogène sur chaque surface du tube. On
considère que le tube à une longueur L infinie afin de s'affranchir
des effets de bord.

La résistance totale du tube s'exprime suivant une loi de type


« série » comme le mur composé série :

Démonstration

Évolution de la température dans la première couche :

Schéma d'un tube concentrique.

Évolution de la température dans la deuxième couche :


Sur la totalité de l'épaisseur du tube :

La résistance thermique de la couche A

La résistance thermique de la couche B

La résistance totale du tube s'exprime suivant une loi de


composé série :

Conduction en régime dynamique


La résolution de l'équation de la chaleur en régime dynamique est beaucoup plus délicate. Elle fait appel aux
notions de transformées de Fourier, de produit de convolution et de distributions. Nous donnons quelques
exemples de résolution.

Cas d'un domaine illimité

Principe général

On écrit l'équation de la chaleur sous la forme :

où D est le coefficient de diffusivité thermique et P représente ici l'échauffement (en K/s) provenant de
sources de chaleur. Cette valeur peut être une fonction du temps et de la position de la source de chaleur,
mais aussi une distribution. Par exemple, l'injection instantanée et ponctuelle d'une quantité de chaleur peut
se représenter par le produit d'une distribution de Dirac à l'instant t = 0 par une distribution de
Dirac en x = 0, x étant l'abscisse dans le cas d'un problème unidimensionnel ou le vecteur position dans le
cas général.
On se donne également l'état initial du domaine , qui peut être également une fonction de x ou
une distribution.
17, 18
La méthode de résolution consiste à :

appliquer une transformée de Fourier relative à la variable x, à tous les termes de


l'équation différentielle. Cela transforme la dérivation par rapport à x par un produit. Si l'on
prend , alors l'équation devient :

ou plutôt, au sens des distributions, pour tenir compte de la condition initiale :

reconnaître dans cette équation un produit de convolution :

L'opérateur qu'on applique à F est un produit de convolution relatif à la variable t ;

appliquer la réciproque de l'opérateur dont on montre qu'il vaut , où H


est la fonction de Heaviside, pour aboutir à :

Si F(P) est une fonction et non une distribution, cette relation devient, pour t > 0 :

prendre la transformée de Fourier inverse pour en déduire T.

Cas particulier

Si l'on prend et (injection instantanée de chaleur en un point donné), la méthode


décrite ci-dessus conduit à :

donc, pour t > 0 :

dont la transformée de Fourier inverse est, pour t > 0 :


dans le cas unidimensionnel ;

dans le cas tridimensionnel.

Domaine illimité sans source de chaleur

Si l'on se donne seulement la température initiale du milieu sans


source de chaleur (P = 0), alors on trouve que :

Propagation par conduction dans le


dans le cas unidimensionnel. plan à partir d'un point chaud. La
hauteur en un point donné indique la
valeur de la température en ce point.

dans le cas tridimensionnel.

Cas de domaines limités, sans source de chaleur

Cas d'un domaine limité par un plan. Problème de Kelvin

On suppose le domaine limité par le plan x = 0. Si l'on se donne


pour condition aux limites supplémentaire T(0,t) = 0 pour tout t,
alors, il suffit de prolonger la répartition initiale de température
par une fonction impaire en x et d'appliquer le résultat précédent.

Le cas le plus célèbre est celui du problème de Kelvin. Ce dernier a


considéré dans les années 1860 que la Terre était initialement à une
température constante de l'ordre de 3 000 °C et qu'elle s'est
refroidie par simple conduction. Utilisant la valeur actuelle du
gradient de température en fonction de la profondeur, il en a déduit
une estimation de l'âge de la Terre. On peut appliquer la méthode de
résolution précédente en considérant la Terre comme plate et Problème de Kelvin. L'axe des x est
infiniment profonde, limitée par le plan de sa surface. Le calcul orienté vers la droite. Le milieu semi-
conduit à : infini x>0, dont la température initiale
est T0, possède une frontière x = 0
dont la température est
constamment nulle. La hauteur en
un point donné indique la valeur de
la température en ce point.
où erf est dite fonction d'erreur de Gauss.

Le gradient de température à la surface est :

Connaissant de l'ordre de 3 °C pour 100 mètres de profondeur et D estimé à 10−6 m2 s−1, on trouve
que vaut 100 millions d'années. Ce résultat est largement sous-estimé car Kelvin ignorait les phénomènes
N 4, 19, 20
de convection au sein du manteau terrestre .

Cas d'un domaine limité par deux plans parallèles

On considère un domaine limité par les deux plans x=0 et x=L. On


suppose qu'on se donne comme conditions aux limites
T(0,t) = T(L,t) = 0. On utilise une méthode de résolution basée sur
les séries de Fourier, en cherchant T sous la forme :

Cette expression vérifie à la fois l'équation de la chaleur et les


conditions aux limites. Si l'on se donne la répartition de température
initiale , il suffit de développer celle-ci en série de Fourier pour
déterminer les .
Propagation de la chaleur par
Par exemple, si l'on prend constant, on obtient : conduction dans un domaine limité 0
< x < L. Les deux frontières du
domaine sont maintenues à
température constante. La hauteur
en un point donné indique la valeur
de la température en ce point.

En faisant tendre L vers l'infini, on retrouve la solution de Kelvin du paragraphe précédent, la somme
précédente étant considérée comme une somme de Riemann convergeant vers l'intégrale.

Cas d'un domaine à géométrie sphérique

Dans le cas où la propagation se fait dans un domaine sphérique, et où la température ne dépend que de la
distance r au centre, l'équation de la chaleur devient, compte tenu de l'expression du laplacien en sphérique :
Si l'on pose , l'équation devient :

On peut alors appliquer les méthodes précédentes pour déterminer


F, puis en déduire T en divisant par r.

Ainsi, la résolution du problème de Kelvin dans le cas d'une boule


de rayon R (température initiale uniformément égale à , la surface Propagation de la chaleur par
étant maintenue à une température nulle) conduit à l'expression conduction dans un domaine
suivante de T : circulaire. Problème de Kelvin : la
température initiale est uniforme, la
température sur le cercle frontière
est maintenue nulle. La hauteur en
un point donné indique la valeur de
la température en ce point.

où sinc est la fonction sinus cardinal.

Cas de domaines limités, avec source de chaleur

On considère l'équation :

avec P non nul. On cherche en général une solution particulière à cette équation, de façon que, une fois
retranchée à T, on puisse se ramener à une équation sans second membre. Voici quelques exemples, dans le
cas où P représente une densité de source de chaleur constante, indépendante de la position et du temps.

Domaine limité par deux plans parallèles

Considérons un domaine limité par les deux plans x=0 et x=L. On suppose qu'à l'instant initial, la
température du domaine est égale à une température de référence nulle, et que les bords du domaine
resteront en permanence à cette température nulle. T vérifie donc :

T(0,t) = T(L,t) = 0 pour tout t positif.


T(x,0) = 0 pour tout x entre 0 et L.
La fonction indépendante de t vérifie les deux
premières relations, de sorte que, si l'on pose

, alors G vérifie :

Propagation de la chaleur par


conduction dans un domaine limité 0
< x < L. Le domaine est chauffé
uniformément, alors que la
On peut appliquer la méthode vue plus haut en cherchant G sous la température initiale est nulle, et que
forme d'une série : les deux bords restent à cette
température nulle. La hauteur en un
point donné indique la valeur de la
température en ce point.

qui vérifie les deux premières relations. Comme, pour des raisons de
symétrie, on s'attend à ce que , on peut supposer que les coefficients sont nuls
lorsque n est pair, de sorte que :

Pour t = 0, on a :

On trouve les en développant en série de Fourier. On trouve :

D'où G, puis finalement :

Lorsque t tend vers l'infini, la température du domaine tend vers , l'échauffement thermique
dans le milieu étant alors en équilibre avec l'évacuation de la chaleur par les deux bords.

Domaine limité par un plan

La résolution du même problème dans le cas où x > 0 consiste à déterminer T tel que :
On peut obtenir la solution en faisant tendre L vers l'infini dans
l'expression donnée dans le paragraphe précédent, en assimilant la
série à une somme de Riemann. On obtient alors l'expression
suivante :

Propagation de la chaleur par


conduction dans un domaine x > 0
limité par un bord. Le domaine est
chauffé uniformément, alors que la
température initiale est nulle, et que
le bord reste à cette température
nulle. La hauteur en un point donné
indique la valeur de la température
en ce point.

où erf désigne la fonction d'erreur de Gauss. On peut également trouver cette expression en appliquant la
méthode découlant du principe général relatif à un domaine illimité, après avoir étendu à l'espace entier les
fonctions T et P en des fonctions impaires en x, de façon que T s'annule en x = 0.

Quand t tend vers l'infini, T vaut environ Pt, analogue à celle d'un domaine infini. Le bord unique n'est pas
suffisant pour évacuer la chaleur.

Domaine à géométrie sphérique

Dans le cas d'un domaine dont le bord est une sphère de rayon R, on utilise l'expression du laplacien en
sphérique et l'on est amené à résoudre :

Pour tout t, T(R,t) = 0


Pour tout r, T(r,0) = 0

En posant , G vérifie le système :

Pour tout t, G(R,t) = 0


Pour tout r,

La méthode des séries de Fourier suggère de chercher G sous la

forme d'une série , où les

sont trouvés en développant en série de Fourier. On


obtient :

Propagation de la chaleur par


conduction dans un domaine à bord
circulaire. Le domaine est chauffé
uniformément, alors que la
température initiale est nulle, et que
le bord reste à cette température
nulle. La hauteur en un point donné
indique la valeur de la température
en ce point.

et donc :

où sinc est la fonction sinus cardinal.

Quand t tend vers l'infini, la température T tend vers la répartition limite .

Notes et références

Notes
1. Le terme système désigne un corps ou un ensemble de corps où s'opèrent des échanges de
chaleur.
2. Le diamant est une exception notable : son réseau cristallin rigide possède de nombreux
mode de vibration quantifiés. Il en résulte que le diamant présente à la fois une capacité
calorifique très faible et une conductivité thermique élevée.
3. Elle est souvent nulle (cas des dépôts de chaleur en surface de murs, par exemple), mais
apparaît dans l'étude du transfert thermique par conduction au sein du combustible nucléaire,
ou dans l'absorption de la lumière ou des micro-ondes au sein des matériaux semi-
transparents, etc.
4. La convection apportant des matériaux chauds à proximité de la surface, le gradient de
température au voisinage de celle-ci au bout d'un temps donné est plus élevé dans le cas de
la convection que dans celui de la conduction. Par conséquent, la durée de refroidissement
conduisant à un gradient donné sera estimée plus courte dans le cas de la conduction que
dans celui de la convection. Voir England P, Molnar P, Richter F, Kelvin, Perry et l'âge de la
terre, Pour la Science, février 2008, p. 32-37, traduit d'un article d'American Scientist (http://co
urses.washington.edu/ess408/KelvinPerry2007.pdf). Une deuxième source d'erreur, plus
marginale, provient du fait que Kelvin néglige également le terme de source d'énergie dû à la
radioactivité.

Références
1. José-Philippe Pérez et A. M. Romulus, Thermodynamique. Fondements et applications,
Paris, Masson, 1993, p. 153.
2. Pérez et Romulus 1993, p. 158
3. Pérez et Romulus 1993, p. 160
4. Voir Loi de Wiedemann et Franz.
5. Joseph Fourier, Théorie analytique de la chaleur, 1822 [détail des éditions], Édouard Leroy,
« Sur l’intégration des équations de la chaleur », ASENS, 3e série, t. 14,‎1897, p. 379-465
(lire en ligne (http://archive.numdam.org/ARCHIVE/ASENS/ASENS_1897_3_14_/ASENS_1
897_3_14__379_0/ASENS_1897_3_14__379_0.pdf) [PDF]) et liens externes (voir infra).
6. Des flux de chaleur qui échappent à Fourier, Pour la Science no 494 décembre 2018 p. 63.
7. (en) Yuan Dong, Dynamical Analysis of Non-Fourier Heat Conduction in Nanosystems,
Springer, 2016 (lire en ligne (https://books.google.fr/books?id=BZfDCgAAQBAJ&pg=PA39&d
q=boltzmann+phonon+drift+velocity))
8. O. Bourgeois, D. Tainoff, N. Mingo, B. Vermeersch et J.-L. Barrat, « Des flux de chaleur qui
échappent à Fourier », Pour la Science, no 494,‎2008, p. 58-65.
9. (de) R. E. Peierls, « Zur kinetischen Theorie der Wärmeleitung in Kristallen », Annalen der
Physik, vol. 3,‎1929, p. 1055–1101
10. (en) Ingo Müller et Tommaso Ruggeri, Rational Extended Thermodynamics, vol. 37, Springer,
coll. « Springer Tracts in Natural Philosophy », 1998, 396 p. (ISBN 978-1-4612-7460-5)
11. (en) Michael M. Modest, Radiative Heat Transfer, Academic Press, 2003, 822 p.
(ISBN 0-12-503163-7, lire en ligne (https://books.google.com/books?id=lLT-aKLTxkQC&print
sec=frontcover))
12. (it) Carlo Cattaneo, « Sulla conduzione del calore », Atti del Seminario Matematico e Fisico
dell' Universita di Modena e Reggio Emilia, vol. 3,‎1948, p. 83–101.
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15. (en) J. B. Pendry, « Quantum Limits to the Flow of Information and Entropy », Journal of
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17. Lev Landau et Evgueni Lifchits, Physique théorique, t. 6 : Mécanique des fluides [détail des
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18. Laurent Schwartz, Méthodes mathématiques pour les sciences physiques, Hermann, 1965.
19. Jean-Louis Le Mouël, Le refroidissement de la Terre, 196e conférence de l’Université de tous
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pdf/140700.pdf) ou [2] (http://www.canalu.tv/index.php/canalu/producteurs/universite_de_tous
_les_savoirs/dossier_programmes/les_conferences_de_l_annee_2000/la_terre_les_oceans
_le_climat/le_refroidissement_de_la_terre_depuis_son_origine_le_champ_geomagnetique)
20. (en) John Perry, « On the age of earth », Nature, vol. 51,‎7 février 1895, p. 341-342.

Voir aussi
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Conduction thermique, sur Wikiversity

Articles connexes
Diffusivité thermique
Diffusion de la matière
Conductivité thermique
Transfert thermique
Conductance électrique
Homogénéisation
Thermodynamique hors équilibre
Fluctuations thermodynamiques

Liens externes
cours bases essentielles http://www.ryounes.net/cours/conduction.pdf
cours bases complètes : http://www.sciences.univ-
nantes.fr/sites/claude_saintblanquet/index.htm
http://www.lmm.jussieu.fr/~lagree/COURS/MECAVENIR

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