Vous êtes sur la page 1sur 16

Partie II : Conductivité thermique

Le phénomène de conductivité thermique joue un rôle très important aussi bien dans la
vie courante que dans les applications technologiques. Ainsi, les processus techniques se
déroulent souvent à température élevée et on se trouve fréquemment devant la nécessite de
transférer des flux de chaleur importants, par l’intermédiaire d’échangeurs de chaleur qui
doivent être construits en matériaux ayant une conductivité thermique la plus élevée possible.
Dans d’autres cas (habitations, applications cryothermiques), il faut au contraire limiter au
maximum les pertes calorifiques. Actuellement, ce phénomène revêt une grande importance en
raison du cout élevé de l’énergie.
Les échanges de chaleur font intervenir des phénomènes de transfert d’énergie de trois
types: conduction, convection et radiation. Nous nous limiterons ici à l’étude de la conduction,
car l’aspect convection est inexistant dans les solides, et le transfert par radiation n’intervient
que dans les matériaux transparents à haute température.
I. Aspect macroscopiques de la conduction : Lois de Fourrier
L’essentiel sur l’aspect macroscopique de la conductivité thermique a été dit par Fourier
en 1822. Celui-ci a été le premier à exprimer de manière précise la proportionnalité entre le flux
thermique Q et le gradient de température 𝑑𝑇/𝑑𝑥.
Lorsqu’il existe une différence de température entre les deux extrémités d’un conducteur
distantes de dx, il s’établit un flux de chaleur Q qui est analogue à un courant électrique résultant
d’une différence de potentiel. Dans le cas d’un écoulement thermique unidirectionnel dans un
matériau isotrope, le flux Q exprime en Wm–2, et la différence de température 𝑑𝑇 sont liés par
la relation suivante (première loi de Fourier):
𝑑𝑇
𝑄 = −𝜅 (1)
𝑑𝑥
𝑑𝑇
Où Q est le flux thermique, est le gradient de température, et 𝜅 est le coefficient de
𝑑𝑥
conductivité thermique (en Wm-1K-1). Le signe (-) dans la relation précédente indique que la
chaleur est transportée du chaud vers le froid. La première loi de Fourrier ne s’applique que si
le gradient de température reste constant dans le temps. Si le gradient de température n’est pas
constant, la variation de température en un point du conducteur en fonction du temps est donnée
par la seconde loi de Fourrier :
𝑑𝑇 𝑑2 𝑇
= 𝐷𝑇 𝑑𝑥2 (2)
𝑑𝑡

Le coefficient de diffusion thermique 𝐷𝑇 est relié à la conductivité thermique par la


relation :
𝜅
𝐷𝑇 = 𝜌𝐶 (3)
𝑝

𝐶𝑝 est la capacité calorifique massique (chaleur spécifique) à pression constante, et 𝜌 la


masse volumique.
La relation (2) donne la vitesse à laquelle une onde thermique plane se propage de
manière unidirectionnelle dans une substance conductrice isotrope.
Les lois de Fourier ne sont valables sous la forme exposée ici que pour des matériaux
isotropes. Si on a affaire à un matériau anisotrope, le flux thermique n’est plus nécessairement
parallèle au gradient de température, et les lois de Fourier prennent une forme tensorielle.
Il existe dans un grand nombre de cas un parallélisme étroit entre conductivité thermique
et conductivité électrique: les métaux sont de bons conducteurs thermiques et la plupart des
isolants électriques (polymères, céramiques) sont également de mauvais conducteurs
thermiques. Il existe néanmoins un certain nombre d’exceptions: des isolants électriques
comme le diamant, le nitrure de bore ou les fibres de polyéthylène fortement orientées,
conduisent la chaleur mieux que les métaux. La conductivité thermique varie cependant dans
une proportion moindre que la conductivité électrique.
Les figures 1 et 2 illustrent les gammes de conductivité thermique que l’on rencontre à
température ambiante pour les divers matériaux, depuis les meilleurs conducteurs thermiques
(2000 Wm-1K-1) comme le cuivre, le diamant et le graphite (dans la direction parallèle au plan
hexagonal) jusqu’aux meilleurs matériaux d’isolation (10–5 Wm–1K–1) qui sont des systèmes
hétérogènes solide-gaz.

Figure 1 : Aperçu de la conductivité thermique de divers matériaux denses, poreux et


divisés.
Figure 2 : Valeurs de la conductivité thermique pour divers types de matériaux.

II. Conductivité microscopique:


Dans les matériaux si nous nous plaçons à une température de 0 K, les atomes sont fixes
d’un point de vue classique et disposés à leurs positions d'équilibre dans le réseau. Si nous
augmentons la température, les atomes vont vibrer autour de leurs positions d'équilibre, c’est
ce que nous appelons la dynamique de réseau.
En physique de la matière condensée, la dynamique des atomes du réseau est définie par
une onde. Les propriétés de longueur d’onde de cette vibration sont quantifiées par des quasi-
particules nommés les phonons. Le terme de phonon fut introduit par J. Frenkel dans son
ouvrage « Wave mechanics » en 1936.
Dans la mécanique classique, toutes vibrations du réseau peuvent être décomposé,
comme une superposition de modes normaux vibrationnels non-localisés. Les modes normaux
sont peuplés par une quantité de phonons en fonction de l’énergie et du moment de transfert de
l’onde. Les phonons obéissent à la fonction de distribution de Bose. Cette fonction implique
une distribution sur une échelle d’énergie suivant 𝐸𝑝 /𝑘𝐵 𝑇 où 𝐸𝑝 = ℏ𝜔 est l’énergie du phonon.
Dans un solide il y a deux types de vibrations, les modes acoustiques et optiques. Les
modes acoustiques sont ceux qui correspondent aux ondes sonores dans le réseau. Ces modes
ont des fréquences faibles, donc ils ont de grande longueur d’onde et ils sont référencés à la
symétrie du cristal. Les modes optiques sont présents dans les solides qui comportent plusieurs
atomes par maille unitaire. Ils sont appelés optiques car ils peuvent être engendrés par le champ
électrique d'une onde lumineuse. Dans le cas d’un système 3D, les vibrations peuvent également
être du type longitudinal (L) ou transversal (T) au vecteur d’onde associé à la direction de
propagation des phonons.
II.1. Dynamique de réseau :

(a) (b)
Figure 3 : Modes de vibrations (a) transversales, (b) longitudinales.

Un système est en équilibre lorsque les atomes sont disposés à leur position d’équilibre
et que l’ensemble des forces exercées sur chacun de ces atomes se compensent. D’ailleurs dans
cette disposition à l’équilibre, l’ensemble atomique est dépourvu de mouvement au sens
classique, car les atomes sont dans des minima de la surface d’énergie potentielle ; Leur
arrangement présente alors une structure à l’équilibre. Étant donné que la surface d’énergie
potentielle dépend de toutes les coordonnées atomiques, si nous déplaçons légèrement un seul
atome de sa position d’équilibre, cela induit une force de rappel sur cet atome et également des
forces interatomiques sur tous les autres atomes voisins. Dans le cas d’un puits de potentiel
harmonique, la valeur de la force de rappel dépend linéairement de l’amplitude du déplacement.
Généralement, l’approximation harmonique n’est valable que pour de petits déplacements (<
0.05 Å).
M. Born et T. Von Karman entreprirent en 1912 de décrire les vibrations cristallines à
partir de la structure atomique et des forces interatomiques. Ils fondèrent la dynamique des
cristaux. Nous Allons présenter la théorie des vibrations cristallines en examinant d’abords une
chaîne linéaire d’atomes, autrement dit un cristal unidimentionnel. Nous viendrons ensuite au
cristal réel tridimentionnel.

II.1.1. Les modes normaux d’une chaîne de boules et ressorts :


 Les équations de mouvements :
On considère l’exemple de la chaîne linéaire de N atomes identiques. Ces atomes sont
numérotés de 1 à N. Le déplacement longitudinal de l’atome l par rapport à sa position
d’équilibre est notée ql. Afin d’alléger la présentation, nous considérerons que seules les
interactions entre proches voisins sont non-négligeables (C’est une première approximation).
Les liaisons se comportent comme des ressorts. La chaîne est modélisée alors par une chaîne
de boules et ressorts (Figure 4).

Figure 4 : La chaine de boules et ressorts, (a) les extrémités sont fixées, (b) les
extrémités sont non-fixés.

Il y a deux manières de traiter les extrémités : soit les ressorts aux extrémités
sont fixés (1a) ou pas (1b).
Dans l’hypothèse où les extrémités sont fixées, le système de forces appliquées aux
masses est le suivant :
𝑓1 = −𝑐(𝑞1 − 0) + 𝑐(𝑞2 − 𝑞1 ) (4.1)
……………………………………..
𝑓𝑙 = −𝑐(𝑞𝑙 − 𝑞𝑙−1 ) + 𝑐(𝑞𝑙+1 − 𝑞𝑙 ) (4.l)
…………………………………….
𝑓𝑁 = −𝑐 (𝑞𝑁 − 𝑞𝑁−1 ) + 𝑐(𝑞𝑁+1 − 𝑞𝑁 ) (4.N)
Si les extrémités sont libres, les équations aux extrémités sont remplacées par celles-ci :
𝑓1 = 𝑐(𝑞2 − 𝑞1 ) (4’.1)
𝑓𝑁 = −𝑐 (𝑞𝑁 − 𝑞𝑁−1 ) (4’.N)
Les équations du mouvement, qui régissent les coordonnées 𝑞𝑙 , sont les équations de Newton :
……………………………………
𝑑2
𝑀 𝑑𝑡 2 𝑞𝑙 = −𝑐(𝑞𝑙 − 𝑞𝑙−1 ) + 𝑐(𝑞𝑙+1 − 𝑞𝑙 ) (5)

………………………………………

 Les modes normaux de vibrations


La chaîne infinie d’atomes : Ondes sinusoïdales progressives
Soit a le paramètre de maille de la chaîne. Nous allons vérifier que l’onde progressive :
𝑞𝑙 = 𝐴 cos(𝜔𝑡 − 𝐾𝑙𝑎) (6)
Représente une solution particulière de l’équation générale (5). Nous l’appellerons mode
normal de vibration (ou mode propre) de la chaîne infinie. Les paramètres ω et K introduits
dans (6) sont la pulsation et le nombre d’onde. K est relié à la longueur d’onde :
𝐾 = 2𝜋/𝜆 (7)
Utilisons la notation complexe :
𝑞̃𝑙 = 𝐴 𝑒 𝑖(𝜔𝑡−𝐾𝑙𝑎) et 𝑞𝑙 = ℝ{𝑞̃𝑙 } (8)
On remplace la solution donnée par (8) dans l’équation de mouvement (5), on obtient :
2𝑐 𝑐 𝑐
( 𝑀 − 𝜔2 ) 𝑞̃𝑙 − 𝑀 𝑞̃𝑙−1 − 𝑀 𝑞̃𝑙+1 = 0 (9)

D’où nous déduisons facilement ω :


2𝑐
𝜔 2 (𝐾 ) = (1 − cos 𝐾𝑎)
𝑀
𝑐 𝐾𝑎
Ou : 𝜔(𝐾 ) = 2√ |sin |, K est réel (10)
𝑀 2

Donc, à chaque valeur du K réel correspond une solution des équations du mouvement donné
par la relation (6). La pulsation est une fonction de K (relation (10)) et est présentée sur la figure
5.

Figure 5 : Représentation graphique de la relation de dispersion (10).


𝜋 𝜋
−𝜋 ≤ 𝐾𝑎 ≤ +𝜋, donc K est compris − 𝑎 ≤ 𝐾 ≤ + 𝑎 dans la première zone de Brillouin d’un
réseau linéaire.
Deux nombres d’ondes K et K’ tels que :
2𝜋
𝐾′ = 𝐾 + 𝑚 , 𝑚 est un entier (11)
𝑎

Définissent la même onde progressive (pour s’en assurer il suffit de porter (11) dans (6) et (10)).
En conséquence, toutes les ondes progressives de la forme (6) et (8) peuvent être obtenues en
restreignant le nombre d’ondes à un domaine de largeur 2𝜋/𝑎, donc :
𝜋 𝜋
−𝑎 ≤ 𝐾 ≤ +𝑎 (12)

Ce domaine est la première zone de Brillouin d’un réseau réciproque unidimentionnel (Figure
2). Les valeurs de K extérieures à la première zone reproduisent les mouvements atomiques
𝜋 𝜋
déjà décrits par les valeurs de K appartenant à l’intervalle ]− 𝑎 , + 𝑎 ].

La chaîne finie d’atomes :


Les conditions aux limites périodiques :
Lorsque la chaîne est de longueur finie, une onde progressive telle que celles
mentionnées plus haut se réfléchit aux extrémités droite et gauche sans cesse. L’état vibratoire
de la chaîne résulte de l’interférence d’un système d’ondes progressives se propageant de
gauche à droite et d’un système d’ondes progressives se propageant de droite à gauche.
Les modes propres, appelés pour une chaîne finie modes permis, peuvent s’installer de
manière stable dans cette chaîne. Le nombre de modes permis est égal au nombre de degrés de
liberté de la chaîne (Le nombre N d’atomes). Chaque mode permis possède son K et sa pulsation
ω donnés par les équations plus haut.
Puisque le nombre d’atomes en volume est beaucoup plus grand que celui en surface, la
théorie utilisera le produit 𝔻(𝜔)𝑑𝜔 qui représente le nombre de modes permis dans un
intervalle [𝜔, 𝜔 + 𝑑𝜔], où 𝔻(𝜔) est appelée densité spectrale (qui est indépendante des
conditions aux limites).
Les conditions aux limites données par Born et Van Karman (1912) donnent des
conditions aux limites périodiques. Pour une chaîne de 𝑁 atomes de longueur 𝐿𝑎 :
Les modes normaux de la chaîne finie sont sélectionnés parmi les modes normaux de la
chaine infinie d’après le critère de périodicité suivant :

𝑒 𝑖(𝜔𝑘𝑡−𝐾𝑙𝑎) = 𝑒 𝑖(𝜔𝑘𝑡−𝐾(𝑙𝑎+𝐿)) (13)


Soit : 𝑒 −𝑖𝐾𝐿 = 1 (14)
Ce qui donne les valeurs des nombres d’ondes permises de K :
𝜋 6𝜋 4𝜋 2𝜋 2𝜋 4𝜋 6𝜋 𝜋
− < ⋯− ,− ,− , 0, , , …… ≤
𝑎 𝐿 𝐿 𝐿 𝐿 𝐿 𝐿 𝑎
Les valeurs successives de K sont séparées par ∆𝐾 = 2𝜋/𝐿. On représente chacune de
ces solutions par un vecteur 𝐾 ⃗ , d’origine O dans la première zone de Brillouin du réseau
réciproque. Les extrémités des vecteurs 𝐾⃗ , permis sont uniformément répartis et définissent les
𝜋 𝜋 1 𝐿
points permis de la 1ère zone de Brillouin. Leur densité sur la zone ]− 𝑎 , + 𝑎 ] est ∆𝐾 = 2𝜋 leur
nombre total est N.
Vitesse de groupe :
La vitesse d’un paquet d’ondes est la vitesse de groupe :
𝑑𝜔
𝑣𝑔 = (15)
𝑑𝐾

Si on applique la relation de dispersion (10), cette vitesse vaut :

𝑐𝑎2 𝐾𝑎 − lorsque K est négatif


𝑣𝑔 = ±√ 𝑀 cos { (16)
2 + lorsque K est positif
La région qui est proche de l’origine de la courbe de dispersion correspond à un K<<π/a, donc
son cosinus est petit. Nous pouvons faire l’approximation sur la relation de dispersion :

𝑐𝑎2
𝜔(𝐾 ) ≅ √ 𝑀 |𝐾 | = 𝑠|𝐾 | (17)

Le nombre de modes 𝔻(𝜔)𝑑𝜔 (𝔻(𝜔) nombre de modes par unité fréquence) dans
l‘intervalle 𝜔 et 𝜔 + 𝑑𝜔 pour une dimension est donné par :
𝐿 𝑑𝐾 𝐿 𝑑𝜔
𝔻(𝜔)𝑑𝜔 = 𝜋 𝑑𝜔 𝑑𝜔 = 𝜋 𝑑𝜔/𝑑𝐾 (18)

II.1.2. Les modes transverses :


Nous avons considéré seulement les déplacements longitudinaux des atomes, c’est-à-
dire suivant la direction de la chaîne. Dans un cristal réel, les atomes peuvent se déplacer dans
toutes les directions et le nombre de coordonnées nécessaires pour définir l’ensemble des
déplacements est 3N. Dans le cas d’une chaîne linéaire d’atomes portée par l’axe y’Oy, le
déplacement transversal est donc dans les directions transverses. Un repère Oxyz est définit. A
chaque vecteur 𝐾 ⃗ permis peuvent être associés deux modes transverses indépendants
orthogonaux : l’un est suivant Oz et l’autre est suivant Ox (figure 6). La constante élastique
associée aux déplacements transverses est différente de la constante élastique associée aux
déplacements longitudinaux.
Aux 3N vecteur 𝐾 ⃗ permis de la première zone de Brillouin correspond ainsi 3N modes
de vibrations orthogonaux ce qui est exactement le nombre de degrés de liberté du système des
noyaux. Un état de mouvement arbitraire de la chaîne finie peut être considéré comme une
superpostition linéaire de ces 3N modes indépendants.

Figure 6 : La chaîne linéaire d’atomes. Propagation suivant Oy. Mode de vibration


longitudinal (a) et modes de vibrations transverses orthogonaux (b) et (c).
Figure 7 : Les branches de dispersion des modes longitudinale et transverses dans le cas
particulier de la chaîne linéaire d’atomes.

II.1.3. La chaîne linéaire à deux atomes par maille :


La figure 8 représente cette chaîne. La longueur de la maille élémentaire est a et contient
deux atomes différents A et B de masses respectives M(A) et M(B).
Les équations générales qui régissent le mouvement d’un atome A ou d’un atome B
dans la chaîne, sont respectivement :
𝑑2
𝑀 (𝐴 ) 𝑞𝑙 (𝐴) = 𝑐 [𝑞𝑙 (𝐵) − 𝑞𝑙 (𝐴)] − 𝑐 [𝑞𝑙 (𝐴) − 𝑞𝑙−1 (𝐵)] (19a)
𝑑𝑡 2

𝑑2
𝑀 (𝐵) 𝑑𝑡 2 𝑞𝑙 (𝐵) = 𝑐 [𝑞𝑙+1 (𝐴) − 𝑞𝑙 (𝐵)] − 𝑐[𝑞𝑙 (𝐵) − 𝑞𝑙 (𝐴)] (19b)

Les ondes progressives sont écrites comme suit:


𝑞̃𝑙 (𝐴) = 𝐴 𝑒 𝑖(𝜔𝑡−𝐾𝑙𝑎) (20a)
1
𝑞̃𝑙 (𝐵) = 𝐵 𝑒 𝑖(𝜔𝑡−𝐾(𝑙+2)𝑎) (20b)
On porte les équations (20 a et b) dans les équations (19 a et b), nous allons obtenir le
système d’équations :
𝑎
[2𝑐 − 𝜔2 𝑀 (𝐴)]𝐴 − [2𝑐 cos 𝐾 ] 𝐵 = 0
2
(21)
𝑎
[−2𝑐 cos 𝐾 ] 𝐴 + [2𝑐 − 𝜔2 𝑀 (𝐵)]𝐵 = 0
2
Afin que le système admette une solution (A, B) non-nulle, il suffit que le déterminant
des coefficients soit nul. Nous obtenons finalement la condition (relation de dispersion)
suivante :
1 1 1 1 2 4 sin(𝐾𝑎⁄2)
𝜔2 (𝐾 ) = 𝑐 [(𝑀(𝐴) + 𝑀(𝐵)) ∓ √(𝑀(𝐴) + 𝑀(𝐵)) − ] (22)
𝑀(𝐴)𝑀(𝐵)

A une valeur de K correspondent maintenant deux fréquences. La courbe de dispersion


compte deux branches (Figure 9).
Figure 8 : Chaîne linéaire à deux atomes par maille.

Figure 9 : (a) Branches de dispersion et pulsations propres des modes longitudinaux


pour un cristal linéaire ayant deux atomes par maille. (b) l’ensemble des branches lorsqu’il y a
déplacements transverses.
 La branche inférieure :
Elle correspond aux basses fréquences, et c’est pour cette raison on l’appelle branche
acoustique. Pour les très basses fréquences de la branche acoustique (Lorsque K→0) les
relations (21) montrent que :
𝐴
~1 (23)
𝐵

Cela veut dire que les déplacements des atomes voisins sont quasiment identiques, dans la
même direction : il y a translation de la maille dans son ensemble.
Pour la première zone de Brillouin, 𝐾𝑎 << 1 et 𝐾𝑎 = ±𝜋 en limite de zone, donc pour
Ka petit :
1
cos 𝐾𝑎 ≅ 1 − 2 𝐾 2 𝑎2 + ⋯. (24)

La pulsation de cette branche est :


1
𝑐
𝜔 = 𝑀(𝐴)+𝑀(𝐵) 𝐾 2 𝑎2 (25)
2

La branche acoustique possède une grande longueur d’onde.


 La branche supérieure :
Elle correspond aux hautes fréquences. Lorsque K→0, l’expression (22) montre que :
1 1
𝜔 = √2𝑐 (𝑀(𝐴) + 𝑀(𝐵)) (26)

En reportant dans le système (21) on retrouve :


𝐴 𝑀(𝐵)
~ − 𝑀(𝐴) (27)
𝐵

Les déplacements des atomes voisins sont de sens contraires. Cette branche est appelée branche
optique.
Donc :
La relation de dispersion de ω en fonction de K donne deux branches nommées
« acoustiques » et « optiques » nous avons les modes acoustiques longitudinal LA et transverse
TA, et les modes optiques longitudinal LO et transverse TO, comme le montre la figure
précédente.
Si la maille élémentaire a p atomes, nous aurons 3p branches correspondant à la relation
de dispersion : 3 branches acoustiques et (3p-3) branches optiques. Exemple : LE Germanium
possède deux atomes par maille primitive, le diagramme de dispersion des fréquences phonons
montre ainsi 6 branches : Une branche LA, une LO, deux TA et deux TO.
Le traçage des courbes de dispersion des fréquences phonons en fonction des points de
haute symétrie traduit une propriété physique importante qui est la stabilité dynamique du
matériau. Cette stabilité est confirmée lorsqu’il n’y a pas de fréquences négatives dans la courbe
tracée (Pas de partie imaginaire).
III. Aspects microscopiques de la conduction :
Le coefficient de conductivité thermique mentionné dans la partie I est facilement défini
par les lois de Fourrier données précédemment. L’expression de la conductivité thermique 𝜅 du
matériau est donnée par la relation suivante :
1
𝜅 = 3 𝑐𝑣 𝑣̅ 𝑙 (28)

Où 𝑐𝑣 est la capacité calorifique par unité de volume, 𝑣̅ la vitesse moyenne des particules et l
le libre parcours moyen d’une particule entre deux collisions.
Nous avons vu précédemment que la conductivité électrique était directement
proportionnelle au nombre d’électrons mobiles présents dans les matériaux. Dans le cas des
métaux qui ont une densité d’électrons mobiles supérieure a1023 cm–3, la conductivité thermique
est également proportionnelle à la densité d’électrons mobiles. Dans ce cas, l’énergie thermique
est véhiculée presque exclusivement par les électrons.
Cependant, il existe des solides qui sont connus pour être des isolants électriques mais
qui conduisent la chaleur aussi bien que les métaux. Cette observation nous amène à penser
qu’il existe au moins un autre mécanisme de conduction thermique que celui faisant intervenir
des électrons mobiles. Le mécanisme qui est en majeure partie responsable du transport de la
chaleur dans les isolants électriques fait intervenir les vibrations du réseau cristallin. On parle
dans ce cas de conductivité thermique de réseau ou conductivité thermique par phonons.
Dans un solide, les atomes vibrent constamment autour de leur position d’équilibre et
l’amplitude des vibrations croît avec la température. Si on fournit de l’énergie thermique à une
extrémité d’un cristal, l’amplitude des vibrations atomiques augmente à cette extrémité. A cause
des forces interatomiques qui assurent la cohésion du cristal, tout mouvement d’un atome
influence ses voisins immédiats et se transmet de proche en proche sous la forme d’une onde
dans la direction du gradient thermique. C’est par ce mécanisme que la chaleur est conduite
dans les isolants électriques
Dans le langage de la mécanique quantique, chaque vibration du réseau cristallin peut
être décrite comme une onde progressive transportant de l’énergie. De la même manière que
l’on associe aux ondes lumineuses des particules (les photons), on associées phonons aux ondes
acoustiques.
Lorsqu’il y a élévation de température, il y a émission de phonons à la suite de
l’augmentation de l’amplitude des vibrations. Une différence de température induit un gradient
de concentration en phonons et un plus grand nombre d’entre eux se dirigent de la source chaude
vers la source froide.
La formule (28) s’applique aussi bien dans le cas de la conductivité thermique
électronique que dans le cas de la conductivité thermique phonique du réseau. Le fait que les
métaux sont de meilleurs conducteurs thermiques que les solides non-métalliques (𝜅 est de 10-
100 fois plus grande) indique que la plupart de chaleur est portée par les électrons libres :
𝜅 = 𝜅𝑃ℎ𝑜𝑛𝑜𝑛𝑠 + 𝜅é𝑙𝑒𝑐𝑡𝑟𝑜𝑛𝑠 (29)
𝜅 = 𝜅𝐿 + 𝜅𝑒 (30)
Nous avons vu précédemment que la conductivité électrique était directement
proportionnelle au nombre d’électrons mobiles présents dans les matériaux. Dans le cas des
métaux qui ont une densité d’électrons mobiles supérieure à 1023 cm–3, la conductivité
thermique est également proportionnelle à la densité d’électrons mobiles. Dans ce cas, l’énergie
thermique est véhiculée presque exclusivement par les électrons.
Ce sont les Phonons longitudinaux acoustiques qui interviennent plus dans le
mécanisme de la conductivité thermique de réseau puisque leurs vitesses de groupe est la plus
élevée (La pente de la courbe au voisinage de K→0) (Figure 10).
Figure 10 : Courbe de dispersion des fréquences phonons dans un cristal dans la direction
[111].

 La conductivité thermique électronique :


Cette conductivité électronique se concentre seulement sur les électrons de Fermi (les
seuls qui puissent être excités thermiquement) Elle s’écrit :
𝜅
= 𝐿 𝑇 ou 𝜅𝑒 = 𝜎𝐿𝑇 (31)
𝜎
3 𝑘 2
Qui est la loi de de Wiedemann-Franz. La constante théorique 𝐿 = 2 (𝑒 ) = 1,2. 10−8 𝑊Ω/𝐾 2
𝜋2 𝑘 2
ou 𝐿 = (𝑒 ) = 2,45. 10−8 𝑊Ω/𝐾 2 est appelée constante de Lorentz (Lorenz).
3

 La conductivité thermique de réseau :


Cette conductivité peut être évaluée par plusieurs modèles. Le plus simple est le plus connu est
celui de l’équation de Slack :
3 1⁄3
̅ 𝜃𝐷
𝑀 𝑉
𝜅𝐿 = 𝐴 (32)
𝛾2 𝑇𝑛2⁄3

̅ est la masse atomique moyenne, V est le volume par atome, n est le nombre
Où 𝑀
d’atomes dans la cellule primitive. 𝛾 est le paramètre de Grüneisen donné par l’expression de
Julian :
9−12(𝑣𝑡 /𝑣𝑙 )2
𝛾= (38)
2+4(𝑣𝑡 /𝑣𝑙 )2

La constante A dans la relation de Slack est déterminée en fonction du paramètre de


Grüneisen comme suit :
2,43.10−8
𝐴= 0,514 0,228 (33)
1− + 2
𝛾 𝛾
La conductivité thermique entre dans la détermination des propriétés thermoélectriques, traduits
par les effets Seebeck, Peletier et Thomson. Le paramètre qui détermine une bonne ou une
mauvaise conversion thermoélectrique du matériau est la figure de mérite ZT donnée par :
𝑆𝜎2
𝑍𝑇 = 𝜅 𝑇 (34)
𝐿 +𝜅𝑒

𝑃𝐹
𝑍𝑇 = 𝜅 𝑇 (35)
𝐿 +𝜅𝑒

Où S est e coefficient de Seebeck, σ est la conductivité électrique, PF est le facteur de puissance


(PF).
IV. Les effets thermoélectriques
IV.1. Effet Seebeck:
Il a été découvert par Thomas Johann Seebeck en 1821 : Il constata l'apparition une tension
entre les bornes des conducteurs A et B, lorsque ces derniers sont soumis à un gradient de
températures dans les jonctions 1 et 2:
La différence de potentiel entre les points de connexion est proportionnelle au gradient de
température entre ces mêmes points. Le coefficient de proportionnalité est appelé coefficient de
Seebeck; il est désigné par 𝑆𝐴𝐵, et donné par la relation suivante:
Δ𝑉 𝑉
𝑆𝐴𝐵 = ( ) (36)
Δ𝑇 𝐾

Les coefficients de Seebeck de deux matériaux sont reliés au coefficient de Seebeck du couple
par :
𝑆𝐴𝐵 = 𝑆𝐴 − 𝑆𝐵 (37)

IV.2. Effet Peltier:


Découvert en 1834 par Jean-Charles Peltier qui mit en évidence la dissipation ou l'absorption
de chaleur au niveau des jonctions entre les matériaux conducteurs, lorsque ces derniers sont
mises sous tension. Selon le sens du flux de courant, la chaleur est soit dissipée, soit absorbée
par ce point du matériau. Le coefficient Peltier est donné par:
Π = 𝑄/𝐼 (38)
Où 𝑄 est la chaleur dissipée ou absorbée et 𝐼 est le flux du coutant électrique.
IV.3. Effet Thomson:
En 1851, William Thomson prédit qu'en présence simultanée d'un gradient de température et
un courant électrique, il y a échange de chaleur avec le milieu extérieur dans chaque segment
individuel dans le circuit. Lorsque le courant électrique circule dans le sens inverse de la
différence de température, la chaleur sera absorbée. A l'inverse, elle sera dissipée lorsque le
courant circule dans le même sens du gradient de température. Cet effet se différencie des deux
premiers dans le fait que ce dernier existe pour un même matériau, et ne nécessite pas de
jonction. Le flux thermique est donnée par:
𝑑𝑄 𝑑𝑇
= 𝜏𝐼 (39)
𝑑𝑥 𝑑𝑥

Où 𝑥 représente la coordonnée spatiale et τ est le coefficient de Thomson du matériau. Thomson


montre également que les effets Seebeck et Peltier sont liés comme suit:
𝑄
Π= = 𝑆𝑇 (40)
𝐼

IV. Les limites de la théorie harmonique :


La théorie des vibrations du réseau que nous avons étudié dans ce chapitre est la théorie
harmonique : Les forces appliquées aux atomes sont exprimées par des fonctions linéaires des
déplacements atomiques, par conséquences :
 Deux modes de vibrations sont strictement indépendantes et tout mode propre est stable
dans le temps.
 Les constantes élastiques sont indépendantes de la pression et de la température.
 La capacité calorifique devient constante aux températures élevées.
 La dilatation thermique n’est pas prévue.
Dans certains cristaux réels, aucune de ces lois n’est parfaitement satisfaite. Les écarts peuvent
être attribués au fait que l’on a négligé toute contribution anharmonique, c’est-à-dire non-
linéaire dans l’expression des forces en fonction des déplacements atomiques.
V. La quantification de l’énergie vibratoire dans un cristal :
Dans le cadre de la théorie harmonique, on établit que l’énergie totale vibratoire du
cristal est identique à celle d’un ensemble d’oscillateurs harmonique indépendants. Pour être
tout à fait précis, l’énergie vibratoire totale est la même que si chaque mode de vibration (λ)
était un oscillateur harmonique de pulsation 𝜔𝜆 ; celui-ci peut donc être désigné par
« oscillateur harmonique associé au mode ».
La mécanique quantique nous apprend que l’énergie d’un oscillateur harmonique est
quantifiée : les états stationnaires de l’oscillateur sont spécifiés par un nombre quantique 𝑛𝜆 , à
chaque état correspond l’énergie propre :
1
𝐸𝜆 = (𝑛𝜆 + 2) ℏ𝜔𝜆 (41)

L’énergie de tous les modes normaux de vibration est :


1
𝐸 = ∑𝜆 (𝑛𝜆 + 2) ℏ𝜔𝜆 (42)

On dit qu’il y a 𝑛𝜆 quanta de vibrations associés au mode normal 𝜆 (ou encore que 𝑛𝜆 quanta
occupent le mode normal 𝜆, chacun est porteur d l’énergie ℏ𝜔𝜆 .

Vous aimerez peut-être aussi