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Le phénomène de conductivité thermique joue un rôle très important aussi bien dans la
vie courante que dans les applications technologiques. Ainsi, les processus techniques se
déroulent souvent à température élevée et on se trouve fréquemment devant la nécessite de
transférer des flux de chaleur importants, par l’intermédiaire d’échangeurs de chaleur qui
doivent être construits en matériaux ayant une conductivité thermique la plus élevée possible.
Dans d’autres cas (habitations, applications cryothermiques), il faut au contraire limiter au
maximum les pertes calorifiques. Actuellement, ce phénomène revêt une grande importance en
raison du cout élevé de l’énergie.
Les échanges de chaleur font intervenir des phénomènes de transfert d’énergie de trois
types: conduction, convection et radiation. Nous nous limiterons ici à l’étude de la conduction,
car l’aspect convection est inexistant dans les solides, et le transfert par radiation n’intervient
que dans les matériaux transparents à haute température.
I. Aspect macroscopiques de la conduction : Lois de Fourrier
L’essentiel sur l’aspect macroscopique de la conductivité thermique a été dit par Fourier
en 1822. Celui-ci a été le premier à exprimer de manière précise la proportionnalité entre le flux
thermique Q et le gradient de température 𝑑𝑇/𝑑𝑥.
Lorsqu’il existe une différence de température entre les deux extrémités d’un conducteur
distantes de dx, il s’établit un flux de chaleur Q qui est analogue à un courant électrique résultant
d’une différence de potentiel. Dans le cas d’un écoulement thermique unidirectionnel dans un
matériau isotrope, le flux Q exprime en Wm–2, et la différence de température 𝑑𝑇 sont liés par
la relation suivante (première loi de Fourier):
𝑑𝑇
𝑄 = −𝜅 (1)
𝑑𝑥
𝑑𝑇
Où Q est le flux thermique, est le gradient de température, et 𝜅 est le coefficient de
𝑑𝑥
conductivité thermique (en Wm-1K-1). Le signe (-) dans la relation précédente indique que la
chaleur est transportée du chaud vers le froid. La première loi de Fourrier ne s’applique que si
le gradient de température reste constant dans le temps. Si le gradient de température n’est pas
constant, la variation de température en un point du conducteur en fonction du temps est donnée
par la seconde loi de Fourrier :
𝑑𝑇 𝑑2 𝑇
= 𝐷𝑇 𝑑𝑥2 (2)
𝑑𝑡
(a) (b)
Figure 3 : Modes de vibrations (a) transversales, (b) longitudinales.
Un système est en équilibre lorsque les atomes sont disposés à leur position d’équilibre
et que l’ensemble des forces exercées sur chacun de ces atomes se compensent. D’ailleurs dans
cette disposition à l’équilibre, l’ensemble atomique est dépourvu de mouvement au sens
classique, car les atomes sont dans des minima de la surface d’énergie potentielle ; Leur
arrangement présente alors une structure à l’équilibre. Étant donné que la surface d’énergie
potentielle dépend de toutes les coordonnées atomiques, si nous déplaçons légèrement un seul
atome de sa position d’équilibre, cela induit une force de rappel sur cet atome et également des
forces interatomiques sur tous les autres atomes voisins. Dans le cas d’un puits de potentiel
harmonique, la valeur de la force de rappel dépend linéairement de l’amplitude du déplacement.
Généralement, l’approximation harmonique n’est valable que pour de petits déplacements (<
0.05 Å).
M. Born et T. Von Karman entreprirent en 1912 de décrire les vibrations cristallines à
partir de la structure atomique et des forces interatomiques. Ils fondèrent la dynamique des
cristaux. Nous Allons présenter la théorie des vibrations cristallines en examinant d’abords une
chaîne linéaire d’atomes, autrement dit un cristal unidimentionnel. Nous viendrons ensuite au
cristal réel tridimentionnel.
Figure 4 : La chaine de boules et ressorts, (a) les extrémités sont fixées, (b) les
extrémités sont non-fixés.
Il y a deux manières de traiter les extrémités : soit les ressorts aux extrémités
sont fixés (1a) ou pas (1b).
Dans l’hypothèse où les extrémités sont fixées, le système de forces appliquées aux
masses est le suivant :
𝑓1 = −𝑐(𝑞1 − 0) + 𝑐(𝑞2 − 𝑞1 ) (4.1)
……………………………………..
𝑓𝑙 = −𝑐(𝑞𝑙 − 𝑞𝑙−1 ) + 𝑐(𝑞𝑙+1 − 𝑞𝑙 ) (4.l)
…………………………………….
𝑓𝑁 = −𝑐 (𝑞𝑁 − 𝑞𝑁−1 ) + 𝑐(𝑞𝑁+1 − 𝑞𝑁 ) (4.N)
Si les extrémités sont libres, les équations aux extrémités sont remplacées par celles-ci :
𝑓1 = 𝑐(𝑞2 − 𝑞1 ) (4’.1)
𝑓𝑁 = −𝑐 (𝑞𝑁 − 𝑞𝑁−1 ) (4’.N)
Les équations du mouvement, qui régissent les coordonnées 𝑞𝑙 , sont les équations de Newton :
……………………………………
𝑑2
𝑀 𝑑𝑡 2 𝑞𝑙 = −𝑐(𝑞𝑙 − 𝑞𝑙−1 ) + 𝑐(𝑞𝑙+1 − 𝑞𝑙 ) (5)
………………………………………
Donc, à chaque valeur du K réel correspond une solution des équations du mouvement donné
par la relation (6). La pulsation est une fonction de K (relation (10)) et est présentée sur la figure
5.
Définissent la même onde progressive (pour s’en assurer il suffit de porter (11) dans (6) et (10)).
En conséquence, toutes les ondes progressives de la forme (6) et (8) peuvent être obtenues en
restreignant le nombre d’ondes à un domaine de largeur 2𝜋/𝑎, donc :
𝜋 𝜋
−𝑎 ≤ 𝐾 ≤ +𝑎 (12)
Ce domaine est la première zone de Brillouin d’un réseau réciproque unidimentionnel (Figure
2). Les valeurs de K extérieures à la première zone reproduisent les mouvements atomiques
𝜋 𝜋
déjà décrits par les valeurs de K appartenant à l’intervalle ]− 𝑎 , + 𝑎 ].
𝑐𝑎2
𝜔(𝐾 ) ≅ √ 𝑀 |𝐾 | = 𝑠|𝐾 | (17)
Le nombre de modes 𝔻(𝜔)𝑑𝜔 (𝔻(𝜔) nombre de modes par unité fréquence) dans
l‘intervalle 𝜔 et 𝜔 + 𝑑𝜔 pour une dimension est donné par :
𝐿 𝑑𝐾 𝐿 𝑑𝜔
𝔻(𝜔)𝑑𝜔 = 𝜋 𝑑𝜔 𝑑𝜔 = 𝜋 𝑑𝜔/𝑑𝐾 (18)
𝑑2
𝑀 (𝐵) 𝑑𝑡 2 𝑞𝑙 (𝐵) = 𝑐 [𝑞𝑙+1 (𝐴) − 𝑞𝑙 (𝐵)] − 𝑐[𝑞𝑙 (𝐵) − 𝑞𝑙 (𝐴)] (19b)
Cela veut dire que les déplacements des atomes voisins sont quasiment identiques, dans la
même direction : il y a translation de la maille dans son ensemble.
Pour la première zone de Brillouin, 𝐾𝑎 << 1 et 𝐾𝑎 = ±𝜋 en limite de zone, donc pour
Ka petit :
1
cos 𝐾𝑎 ≅ 1 − 2 𝐾 2 𝑎2 + ⋯. (24)
Les déplacements des atomes voisins sont de sens contraires. Cette branche est appelée branche
optique.
Donc :
La relation de dispersion de ω en fonction de K donne deux branches nommées
« acoustiques » et « optiques » nous avons les modes acoustiques longitudinal LA et transverse
TA, et les modes optiques longitudinal LO et transverse TO, comme le montre la figure
précédente.
Si la maille élémentaire a p atomes, nous aurons 3p branches correspondant à la relation
de dispersion : 3 branches acoustiques et (3p-3) branches optiques. Exemple : LE Germanium
possède deux atomes par maille primitive, le diagramme de dispersion des fréquences phonons
montre ainsi 6 branches : Une branche LA, une LO, deux TA et deux TO.
Le traçage des courbes de dispersion des fréquences phonons en fonction des points de
haute symétrie traduit une propriété physique importante qui est la stabilité dynamique du
matériau. Cette stabilité est confirmée lorsqu’il n’y a pas de fréquences négatives dans la courbe
tracée (Pas de partie imaginaire).
III. Aspects microscopiques de la conduction :
Le coefficient de conductivité thermique mentionné dans la partie I est facilement défini
par les lois de Fourrier données précédemment. L’expression de la conductivité thermique 𝜅 du
matériau est donnée par la relation suivante :
1
𝜅 = 3 𝑐𝑣 𝑣̅ 𝑙 (28)
Où 𝑐𝑣 est la capacité calorifique par unité de volume, 𝑣̅ la vitesse moyenne des particules et l
le libre parcours moyen d’une particule entre deux collisions.
Nous avons vu précédemment que la conductivité électrique était directement
proportionnelle au nombre d’électrons mobiles présents dans les matériaux. Dans le cas des
métaux qui ont une densité d’électrons mobiles supérieure a1023 cm–3, la conductivité thermique
est également proportionnelle à la densité d’électrons mobiles. Dans ce cas, l’énergie thermique
est véhiculée presque exclusivement par les électrons.
Cependant, il existe des solides qui sont connus pour être des isolants électriques mais
qui conduisent la chaleur aussi bien que les métaux. Cette observation nous amène à penser
qu’il existe au moins un autre mécanisme de conduction thermique que celui faisant intervenir
des électrons mobiles. Le mécanisme qui est en majeure partie responsable du transport de la
chaleur dans les isolants électriques fait intervenir les vibrations du réseau cristallin. On parle
dans ce cas de conductivité thermique de réseau ou conductivité thermique par phonons.
Dans un solide, les atomes vibrent constamment autour de leur position d’équilibre et
l’amplitude des vibrations croît avec la température. Si on fournit de l’énergie thermique à une
extrémité d’un cristal, l’amplitude des vibrations atomiques augmente à cette extrémité. A cause
des forces interatomiques qui assurent la cohésion du cristal, tout mouvement d’un atome
influence ses voisins immédiats et se transmet de proche en proche sous la forme d’une onde
dans la direction du gradient thermique. C’est par ce mécanisme que la chaleur est conduite
dans les isolants électriques
Dans le langage de la mécanique quantique, chaque vibration du réseau cristallin peut
être décrite comme une onde progressive transportant de l’énergie. De la même manière que
l’on associe aux ondes lumineuses des particules (les photons), on associées phonons aux ondes
acoustiques.
Lorsqu’il y a élévation de température, il y a émission de phonons à la suite de
l’augmentation de l’amplitude des vibrations. Une différence de température induit un gradient
de concentration en phonons et un plus grand nombre d’entre eux se dirigent de la source chaude
vers la source froide.
La formule (28) s’applique aussi bien dans le cas de la conductivité thermique
électronique que dans le cas de la conductivité thermique phonique du réseau. Le fait que les
métaux sont de meilleurs conducteurs thermiques que les solides non-métalliques (𝜅 est de 10-
100 fois plus grande) indique que la plupart de chaleur est portée par les électrons libres :
𝜅 = 𝜅𝑃ℎ𝑜𝑛𝑜𝑛𝑠 + 𝜅é𝑙𝑒𝑐𝑡𝑟𝑜𝑛𝑠 (29)
𝜅 = 𝜅𝐿 + 𝜅𝑒 (30)
Nous avons vu précédemment que la conductivité électrique était directement
proportionnelle au nombre d’électrons mobiles présents dans les matériaux. Dans le cas des
métaux qui ont une densité d’électrons mobiles supérieure à 1023 cm–3, la conductivité
thermique est également proportionnelle à la densité d’électrons mobiles. Dans ce cas, l’énergie
thermique est véhiculée presque exclusivement par les électrons.
Ce sont les Phonons longitudinaux acoustiques qui interviennent plus dans le
mécanisme de la conductivité thermique de réseau puisque leurs vitesses de groupe est la plus
élevée (La pente de la courbe au voisinage de K→0) (Figure 10).
Figure 10 : Courbe de dispersion des fréquences phonons dans un cristal dans la direction
[111].
̅ est la masse atomique moyenne, V est le volume par atome, n est le nombre
Où 𝑀
d’atomes dans la cellule primitive. 𝛾 est le paramètre de Grüneisen donné par l’expression de
Julian :
9−12(𝑣𝑡 /𝑣𝑙 )2
𝛾= (38)
2+4(𝑣𝑡 /𝑣𝑙 )2
𝑃𝐹
𝑍𝑇 = 𝜅 𝑇 (35)
𝐿 +𝜅𝑒
Les coefficients de Seebeck de deux matériaux sont reliés au coefficient de Seebeck du couple
par :
𝑆𝐴𝐵 = 𝑆𝐴 − 𝑆𝐵 (37)
On dit qu’il y a 𝑛𝜆 quanta de vibrations associés au mode normal 𝜆 (ou encore que 𝑛𝜆 quanta
occupent le mode normal 𝜆, chacun est porteur d l’énergie ℏ𝜔𝜆 .