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Une collection dirigée par David Rault

ADVERBUM SARL
www.perrousseaux.com
www.adverbum.fr

ISBN 978-2-911220-28-9
© Atelier Perrousseaux éditeur :
• sous le titre Manuel de typographie française élémentaire,
de la première édition en 1995, à la huitième en décembre 2005;
• sous le titre Règles de l’écriture typographique du français,
à partir de la neuvième édition, en 2010.

ISBN 978-2-923747-14-0
© Éditions ARA, 2010, pour le Canada.

Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés pour tous pays.

La loi no 92-597 du 1er juillet 1992 relative au code de la propriété intellectuelle


interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective.
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ou bien du Centre français du copyright (6 bis, rue Gabriel-Laumain, 75010 Paris),
est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.
YVES PERROUSSEAUX

RÈGLES
DE L’ÉCRITURE
TYPOGRAPHIQUE
DU FRANÇAIS

neuvième édition
Sommaire
INTRODUCTION DEUXIÈME PARTIE

Un mot de Gérard Blanchard, 6


LES RÈGLES
Une lettre de René Ponot, 7 TYPOGRAPHIQUES
Les raisons de ce manuel, 8 ÉLÉMENTAIRES
Introduction aux règles, 56
PREMIÈRE PARTIE Les abréviations courantes:
Les nombres ordinaux, 57
BREF HISTORIqUE Deuxième ou second, 58
DE NOTRE ÉCRITURE Primo, secundo, tertio, 58
Abréviations diverses, 58
La naissance de l’alphabet, 14 Les points cardinaux, 60
Les Grecs ajoutent les voyelles, 16 Symboles des mesures légales, 60
La capitale romaine, 19 L’emploi des majuscules et des minuscules:
Les grandes écritures calligraphiques, 21 On compose en majuscules initiales, 63
La minuscule carolingienne, 23 église ou Église, 63
Les gothiques, 24 Organismes d’État multiples, 63
Ligatures et abréviations, 25 Organismes d’État uniques, 64
La fabrication du papier en Europe, 26 Organismes internationaux, 65
Gutenberg invente la typographie, 28 saint(e) ou Saint(e), 66
L’écriture humanistique, 31 Sigles et acronymes, 67
La typographie du xvie siècle, 33 Titres distinctifs, 67
Claude Garamont, 37 Titres d’œuvres et de journaux, 68
Les caractères académiques, 38 Les majuscules issues de la calligraphie, 68
Au xixe siècle, le règne des Didot, 39 On met les accents sur les majuscules, 70
Naissance de la publicité, 40 Les chifres:
De la Belle Époque aux années 30, 42 Les chifres arabes, 74
Maximilien Vox et les Les chifres romains, 75
Rencontres internationales de Lure, 43 L’écriture des nombres:
La typographie numérisée, 44 En chifres arabes, 76
La création typographique En chifres romains
contemporaine en France, 45 grandes capitales, 78
En chifres romains
petites capitales, 78
En lettres, 79
L’écriture des nombres pièges:
Quatre-vingts, 79
Cent, 80
Mille, 80
Millier, million, milliard, 80
L’écriture des numéros de téléphone, 81
Le code postal, 81
Cedex, 81

4
Les adjectifs de couleur, 82 TROISIÈME PARTIE
La coupure des phrases, 83 INFORMATIONS PRATIQUES
La coupure des mots, 84
La coupure des formules Fonctionnement
mathématiques, algébriques du caractère typographique:
et chimiques, 84 Les diférentes espaces, 98
L’écriture des départements, 85 La force de corps, 99
Les régions administratives françaises, 86 L’œil d’un caractère, 100
L’écriture du nom des rues, 86 Les approches et leur réglage, 101
La ponctuation française: La graisse, 103
Le point, 87 La chasse, 103
La virgule, 87 Échelle horizontale
Le point d’interrogation, 88 et échelle verticale, 103
Le point d’exclamation, 88 Les caractères
Le point-virgule, 88 du clavier du Macintosh, 104
Le deux-points, 89 Grille des caractères standards, 106
Les points de suspension, 89 Grilles de polices non standards, 107
Les guillemets, 89 Grille du Zapf Dingbats, 108
Les parenthèses, 91 Grille du Symbol, 109
Les crochets, 91 Les caractères du clavier des PC, 110
Le trait d’union, 91 Ponctuation et symboles, 110
Les tirets, 91 Majuscules accentuées et ligaturées, 111
Les énumérations, 92 Minuscules accentués et ligaturées, 111
Les titres et intertitres, 92 Caractères utilisés ou montrés
L’apostrophe typographique, 93 dans cet ouvrage, 113
Tableau des espaces en usage Les signes de correction, 114
avant et après les signes
de ponctuation, 94 Lexique typographique, 118
Bibliographie, 122
Index alphabétique, 124

Le correcteur typographique, orthographique


et grammatical ProLexis, 127

En français, la déclinaison des principales graisses des


caractères typographiques s’exprime généralement par
maigre, normal, demi-gras, gras, extra-gras et ultra-gras
(ou noir); et en anglais par light, regular ou book, demi
ou medium, bold, heavy et black.
Dans cet ouvrage, la langue des dénominations utili-
sée correspond à celle des fabricants concernés, car c’est
dans celle-ci que sont nommés les caractères achetés
et que vous les retrouverez.

5
À Yves, amicalement
ul ne peut dire ce qu’aurait été le «manuel de typographie ordinai-
N re» que Maximilien Vox avait en projet à la fin de sa vie. Sans doute,
d’une façon ou d’une autre, le «manuel» d’Yves Perrousseaux le réalise. Je
voudrais m’expliquer là-dessus.
Maximilien Vox (1894-1974) fut – on le sait – le créateur des Rencontres
internationales de Lure ou plutôt de l’École de Lure, comme il aimait à l’ap-
peler à l’époque. L’idée lui vint de cette association en découvrant le petit vil-
lage haut perché dominant la Durance, Lurs-en-Provence. Ce rassemblement
de typographes d’abord, puis de toutes sortes de spécialistes des métiers de
la communication audio-scripto-visuelle (et d’enseignants) a un but d’auto-
enseignement et d’échanges amicaux dont le «manuel Perrousseaux» porte
la marque.
Maximilien Vox fut un merveilleux humaniste polyvalent, en même temps
dessinateur, illustrateur, graveur, éditeur, écrivain, journaliste, historien, met-
teur en page et typographe.
Dans les revues de son temps, Le Crapouillot aussi bien que Arts et Métiers
graphiques, il a répandu ses analyses, ses critiques, ses conseils, ses modèles.
Avec le Standard typographique (du PLM puis de la SNCF) il a esquissé
son «manuel de typographie ordinaire». En véritable philosophe de la
typographie, il est allé, au-delà, vers un traité de mise en page approprié aux
mutations technologiques qu’annonçait la photocomposition. C’était Mort
de Gutenberg – jamais réalisé – qu’il rêvait de cosigner avec Jean Giono.
Le temps n’était sans doute pas venu. La revue Caractère, qu’il dirigeait, se
fit l’écho de ce projet qui s’estompa au fil du temps.
Ce qui reste de l’œuvre de Vox la plus ejcace c’est celle qui crée cet état
d’esprit d’exigence et d’amitié qu’Yves Perrousseaux met en œuvre, ici, sous
nos yeux. Il sollicite l’avis des Anciens et celui des Modernes pour aboutir à
ce manuel non pas utile mais indispensable pour ceux qui, aujourd’hui, font
la typographie avec l’ordinateur. Longue vie à ce manuel de typographie la-
tine qui a mûri tout au long de plusieurs saisons de lavandes.

Gérard Blanchard,
chancelier des Rencontres internationales de Lure,
docteur de l’université.

6
Mon cher Yves,

u m’as fait l’amitié de me soumettre ton texte avant publication. En ayant


T terminé la lecture, je conclus que j’aurais aimé l’écrire de la même encre,
si je n’avais déjà – entre autres – participé à la rédaction de l’Abrégé du
code typographique à l’usage de la presse. L’ambition est la même: aider.
Mais non la cible et non la démarche.
Tu as su, me semble-t-il – très pédagogiquement – ne pas employer les mots
qui efraient. En particulier celui de «code» qui a quelque chose de contrai-
gnant. Certains de nos collègues, non des moindres, en ont peur et s’en
défendent par le dénigrement des règles, au reste quelquefois fondé. Ou qui
du moins le paraît. Car la conscience collective de ceux qui demandent qu’on
respecte les règles a parfois oublié les raisons de tel ou tel usage. Ils les
retrouvent parfois aussi et constatent qu’ils avaient eu tort de douter.
Cependant, comme tu fus habile de dire et répéter «règle du jeu», qui im-
plique d’emblée le consensus!
Autre chose encore. Ce qui importe est moins ce qu’il faut faire que ce qu’il
ne faut pas faire. Tu y as bien insisté. Quand on n’a pas fait ce qu’il ne faut
pas faire, on a déjà le maximum de chance d’avoir fait ce qu’il fallait faire.
Après tout, la règle du jeu n’est qu’une question de logique. Il ne lui faut
qu’être collective.
Si ton ouvrage fait réfléchir tes lecteurs, cela se traduira bientôt par un sup-
plément de qualité de leurs imprimés. Bravo Yves !

René Ponot,
historien de la typographie,
docteur de l’université.

7
Les raisons de ce manuel
Des étudiants de Toulouse rencontrés à Apple Expo: «Vous savez, Monsieur,
la typographie, ça ne nous concerne pas. Nous, on fait des images de synthèse et
du multimédia.» Et comme je leur faisais remarquer qu’il devait quand même
bien y avoir un peu de texte dans leurs travaux, l’un de ces jeunes me
demande: «Au fait, c’est vrai qu’on se pose parfois des questions. Par exemple,
avant un deux-points, faut-il un espace ou pas?»
Ou encore bien souvent: «Expliquez-nous, Monsieur, comment on fait un dos-
sier, un dépliant, une brochure, une ajche…»

Invariablement, voilà le genre de préoccupations des personnes que je ren-


contre. Elles travaillent dans des entreprises, des collectivités publiques,
des ojces de tourisme, des MJC, diverses associations. Elles sont toutes dans
la même situation: elles savent se servir du clavier et de la souris, de leur
logiciel de traitement de texte ou de mise en pages, et un beau jour on leur
demande, comme si cela était évident, de réaliser les documents de
communication, dont leur entreprise ou leur organisme a besoin, par le seul
fait que l’ordinateur le permet techniquement.
Ce sont aussi des jeunes qui se lancent dans la vie, sans connaissance par-
ticulière du métier, sinon ce qu’ils ont acquis seuls, ou grâce aux copains, ou
encore pour avoir suivi un stage de formation qui leur a appris le maniement
du Macintosh ou d’un PC et des logiciels dont ils vont se servir.
Avec toute leur bonne volonté ils se mettent alors au travail en s’inspirant
des réalisations qui leur passent entre les mains. Par la même occasion, ils
recopient les erreurs qu’ils n’ont pas su déceler et pour cause (il y en a même
sur les écrans de nos chaînes de télévision). Quant aux résultats…
Je pense que l’arrivée de la PAO et son expansion si rapide participent à une
avancée significative de la démocratie et de la liberté d’expression des
hommes. C’est un phénomène qui va dans le même sens que celui de la
libéralisation des chaînes de radio et de télévision.
La PAO est devenue un fait de société incontournable, comme le furent l’in-
vention de la typographie en son temps et récemment celle d’Internet. En
conséquence, chaque personne concernée devrait pouvoir maîtriser l’ex-
pression typographique de sa langue (de même qu’elle a déjà appris à lire,
écrire et compter): sinon on aboutit à du n’importe quoi, c’est-à-dire à une
régression culturelle, et c’est ce qui arrive trop souvent. La PAO est si récente
que la formation qu’elle exigerait est bien loin d’être en place.
Il y a encore quelques années, il y avait d’un côté la dactylographie tradi-
tionnelle et de l’autre un ensemble de professionnels travaillant en complé-
mentarité: composition typographique plomb (qui a été remplacée, dans les
années 60, par la photocomposition), créateurs graphistes, photograveurs et
imprimeurs. Dans les imprimeries, les jeunes recevaient un sérieux appren-
tissage de la typographie qui demandait des années pour être parfaitement
maîtrisée.

8
La dactylographie mécanique qui, à la fin du xixe siècle, a pris le relais de l’écri-
ture manuscrite des secrétariats (on était alors «employé aux écritures»), ofrait
alors très peu de possibilités d’expression au texte tapé: majuscules, minuscules,
le souligné et le rouge du ruban en tissu. En fonction de ces limites, se sont éla-
borées des règles particulières (qui sont encore trop souvent la base de son
enseignement) et qui n’ont jamais rien eu à voir avec les règles typographiques
pratiquées chez les imprimeurs, élaborées à la Renaissance et perfectionnées au
fil des siècles, dans le but de traduire les particularismes du français afin que tout
le monde les comprenne et les prononce de la
même façon.
Puis, vers la fin des années 60, sont apparues
les premières machines à écrire électriques à
boules puis à marguerites. La frappe se rap-
prochait doucement des rendus typogra-
phiques: justification, espaces proportion-
nelles entre les caractères, possibilité de
caractères gras et italiques, avec tous les pro-
blèmes qui en découlent.
Aujourd’hui, en PAO, les opérateurs tra-
vaillent sur des logiciels qui fonctionnent en
mode typographique. Il est alors tout à fait
logique que, par méconnaissance de la typo-
graphie et de la mise en pages, ils soient
naturellement portés à s’en servir comme en
Illustration d’une ajche de Ernst Deutsh pour dactylographie, et parfois même avec ingénio-
les machines à écrire Mercedes. Vers 1911. sité. Et c’est le piège classique, car il ne s’agit
(Staatsgalerie, Stuttgart.)
pas de réaliser sur ordinateur une espèce de
«dactylographie améliorée».
Il me faut vous expliquer les raisons qui m’ont
amené à réaliser cet ouvrage, puis celui qui le complète, Mise en page et impres-
sion, alors que – graphiste banal, passionné de typographie – je n’avais rien de
particulier pour devenir éditeur.
Vivant depuis plus de 37 ans dans les Alpes-de-Haute-Provence, je suis amené
à collaborer avec des «collectivités territoriales», comme on dit. Elles et moi
avons eu des disputes sans fin (ou presque) au sujet de corrections typographiques
que l’on me demandait et que je ne voulais pas exécuter, car ces demandes
allaient à l’encontre des règles du code typographique (que je n’ai quand même
pas inventées), comme par exemple de mettre des majuscules partout, en parti-
culier pour les dénominations des chefs, des commissions, des organismes, etc.
Ça donne, par exemple: «Le Président du Conseil Général a convoqué la Com-
mission des Affaires Culturelles, Lundi 3 Avril.» Dans cette phrase, tous les mots
employés étant des noms communs, aucun ne doit porter la majuscule (voir
pages 63 et suivantes): ni président, ni conseil, ni commission. Il y a des milliers
de présidents, il y a des milliers de conseils, il y a des milliers de commissions.

9
Les raisons de ce manuel
En revanche, on trouve normal de ne pas mettre de capitales initiales à «le
concierge et les femmes de ménage du conseil général». Et on arrive au fond
du problème: «Si je ne mets pas de majuscule à Président, le président n’est pas
content, et je tiens à conserver mon emploi!»
Autre exemple. On envoie l’été des jeunes gens – 25-30 ans – costauds, spor-
tifs (ils sont souvent moniteurs de ski, l’hiver) faire de longues expéditions
en haute montagne (1500 à 2500 m d’altitude) dans le but de créer de nou-
veaux sentiers de randonnée, ce qu’ils font très bien (les anciennes drailles de
transhumance, le petit pont et la bergerie abandonnée à restaurer, etc.).
Revenus au bureau, on leur demande alors – comme si c’était évident – de
réaliser sur ordinateur la brochure des sentiers de randonnée qu’ils ont rele-
vés. Si ces gars sont réellement doués dans bien des domaines, leurs compé-
tences ne concernent assurément pas la maîtrise du français, ni celle du des-
sin topographique, ni celle de la mise en pages, ni celle du code typographique!
Ce sont ces jeunes qui, me montrant sur leur écran le résultat catastro-
phique de leurs tentatives graphiques, le regard de chien battu, se sentant cou-
pables (coupables de quoi?), m’ont demandé de réaliser des ouvrages d’ap-
prentissage pour des gens «comme eux».

Pour répondre à ce besoin, qui, finalement, concerne aujourd’hui des cen-


taines de milliers de personnes, et après avoir un temps hésité (car expliquer
un patrimoine culturel n’est quand même pas évident, et puis on ne connaît
jamais tout), je me suis mis au travail, soutenu et corrigé par des amis pro-
fessionnels, mes aînés. C’est ainsi qu’ont été réalisés les deux manuels com-
plémentaires suivants:
• Règles de l’écriture typographique du français,
• Mise en page et impression, notions élémentaires.
Ce sont des outils de travail didactiques dont on se sert comme d’une gram-
maire ou d’un dictionnaire. Ils sont perfectionnés à chaque édition et expli-
quent les connaissances minimales, mais indispensables, qu’il faut posséder
pour maîtriser convenablement l’éventail des diférents domaines de ce qu’on
appelle «la chaîne graphique».

Ce premier manuel traite donc de la typographie française. Je dis bien «fran-


çaise» car chaque langue possède ses particularismes typographiques. C’est le
seul code typographique existant sur le marché qui montre non seulement ce
qu’il faut faire, mais également ce qu’il ne faut pas faire et que l’on voit par-
tout. Quant à la couleur d’accompagnement, son but premier n’est pas déco-
ratif mais de permettre des démonstrations didactiques.

Contrairement à ce que les débutants en PAO pourraient peut-être penser de


prime abord, la maîtrise d’un minimum des règles de la composition typo-
graphique (appelées «code typographique») est leur problème numéro un,
face à l’ensemble de leurs préoccupations professionnelles immédiates.

10
En efet, qu’il s’agisse d’un rapport ou, à l’opposé, d’un document de commu-
nication élaboré, ils ont dans tous les cas à gérer du texte et à le gérer correcte-
ment en mode typographique du français.
La langue française est extrêmement riche, pleine de nuances, permettant de tra-
duire les idées d’une façon très précise. Mais c’est vrai qu’elle est particulière-
ment complexe: une virgule mal placée change le sens exact d’une phrase; un
accent non mis sur une lettre capitale peut être la cause d’une erreur de com-
préhension grave du mot concerné.
Pour exprimer cette langue avec précision en typographie, il faut une «règle du
jeu». Il est donc inutile (et pas du tout recommandé) de s’ingénier à inventer
ses propres règles typographiques sous peine de ne pas être compris et même
d’induire ses lecteurs en erreur! C’est un peu comme si, par ignorance de son
existence, chacun inventait sa propre orthographe du français, ou bien comme
si le code de la route n’était pas la «règle du jeu» de la conduite automobile.
Quiconque ne le respecte pas encourt et provoque des accidents. C’est la même
chose en typographie.
Cela dit, il faut savoir que l’apprentissage de la typographie (comme celui de la
mise en pages) ne s’improvise pas: pour bien la maîtriser il faut beaucoup de
pratique, et on devient d’autant plus performant qu’on aime sa langue, qu’on
en possède l’orthographe et la grammaire. Cette maîtrise vient progressivement,
comme d’ailleurs pour n’importe quelle acquisition de connaissances nouvelles.
C’est dans ce sens que Maximilien Vox, ce grand typographe fondateur des Ren-
contres internationales de Lure, aimait à dire avec l’humour qui le caractérisait:
«La typographie est simple, aussi simple que de jouer du violon!»
Cet ouvrage se compose de trois parties:
• Un bref historique de notre écriture occidentale.
• Les règles élémentaires de composition typographique.
• Des informations pratiques.
Ce manuel ne fait donc pas l’inventaire de toutes les règles en usage (par exemple,
il n’aborde pas la composition des formules chimiques ou mathématiques), mais
se contente de répondre à une réalité constatée sur laquelle chacun bute à lon-
gueur de journée.
On ne s’étonnera pas de trouver l’historique avant les règles. Cela permet de
mieux comprendre les raisons de certaines de celles-ci et de fournir de nom-
breuses définitions utilisées par la suite.

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PREMIÈRE PARTIE

Bref historique
de notre écriture
La naissance de l’alphabet
n fait remonter l’invention de l’écriture de notre civilisation occi-
O dentale à environ 3 500 ans avant notre ère, en Mésopotamie. Les plus
anciens documents écrits sont sumériens (de la ville de Sumer, dans l’actuel Sud
de l’Irak); ce sont des actes commerciaux gravés sur de petites pierres plates
ou des tablettes d’argile. On gravait les signes sur l’argile fraîche à l’aide d’un
bâtonnet et on faisait ensuite cuire les tablettes que l’on vou-
laient archiver. Nous ne savons pas encore traduire les toutes
premières écritures, qui étaient pictographiques B et que l’on
date entre – 3500 et – 3000.
Par contre, les écritures suivantes, qui étaient cunéiformes C
sont parfaitement déchifrées. Elles étaient en usage dans tout
le Proche Orient, dès – 2700 et jusque dans le courant du pre-
mier millénaire avant notre ère.

L’Égypte, quant à elle, possédait dès – 3000 une écriture


Écriture cunéiforme. Tablette datée extrêmement élaborée: les hiéroglyphes D (qui furent en
de 2360 avant J.-C., Ur en Chaldée. usage jusque vers l’an 300 de notre ère). Cette écriture, gra-
Paris, Musée du Louvre.
vée dans la pierre, servait avant tout à transcrire des textes
sacrés ou ojciels et ne pouvait être lue que par les élites cul-
tivées; ce n’était pas une écriture à la portée de tous.
L’Égypte se servait également d’une deuxième écriture,
sous la forme d’hiéroglyphes très simplifiés. Elle était calli-
graphiée à l’encre sur des feuilles de papyrus à l’aide d’un
petit morceau de roseau taillé en biseau appelé calame: l’écri-
ture hiératique. Cette écriture était utilisée par les scribes à
usage administratif ou privé et pour l’écriture livresque. Plus
tard, une troisième écriture, encore plus simplifiée, fit son
apparition: l’écriture démotique. Ce fut l’écriture égyptienne
courante.

À partir de certains de leurs hiéroglyphes qui représentaient


Mari (actuelle Syrie), temple d’Ishtar
des sons, les Égyptiens auraient pu réaliser un alphabet mais
(vers 2400 avant J.-C.). ils n’en ont jamais eu l’idée. Ce sont des peuples sémitiques,
L’intendant Ebih-Il. parmi lesquels les Phéniciens, qui, les premiers, élaborèrent
Paris, Musée du Louvre.
une écriture alphabétique d’à peine plus de 20 symboles pho-
nétiques non figuratifs, inspirés des écritures démotiques et
1. PICTOGRAPHIQUE:
cunéiformes.
en forme d’images stylisées. On retenait le premier son de la forme tracée, un peu
comme de nos jours on enseigne pour l’apprentissage de la
2. CUNÉIFORME:
dont les caractères ont la forme
lecture à nos enfants:
de coins. M comme Montagne (le M représentant deux sommets de la
montagne), ou S comme Serpent (le S représentant le serpent
3. HIÉROGLYPHE:
vient des mots grecs hieros, sacré
qui se dresse).
et glyphein, graver.

14
C’est ainsi que du tracé de la tête d’un bœuf (qui se disait
aleph) les Phéniciens retinrent le son A (donc: A comme
Aleph); que du tracé du plan d’une maison (qui se disait
beth) ils retinrent le son B (donc: B comme Beth, comme
dans le nom de la ville de Bethléem); et ainsi de suite
pour chacune des 22 lettres de leur alphabet (voir le
tableau comparatif en page 18).
Des alphabets complets sont apparus autour des années
1100 avant J.-C. Ils étaient consonantiquesB et s’écrivaient
de droite à gauche, comme encore à notre époque l’hé-
breu et l’arabe, ces deux langues sémitiques «cousines ger- L’écriture hiéroglyphique disposait ses
maines». signes horizontalement ou verticalement,
de droite à gauche ou de gauche à droite,
1. CONSONANTIQUE: en fonction du support: obélisque, linteau,
etc. et de l’efet décoratif recherché.
qui ne comporte que des consonnes, donc sans voyelles en tant que lettres
Temple de Karnak: pilier de Sésostris Ier.
distinctes. Par exemple, le mot islam vient de la racine sémitique slm qui
signifie paix et prospérité. On la retrouve dans le mot Jérusalem,
la ville de la paix, mais aussi dans Salomon (Soliman ou Slimane, en arabe)
qui signifie le pacifique.

L’une des premières écritures alphabétiques phéniciennes complètes: gravure sur la tombe du roi Ahiram. Byblos,
xiie siècle avant J.-C.

Égypte Sinaï Phénicie Grèce Rome

ÉVOLUTION du A et du B
On remarque que notre A actuel est le ré-
sultat de la tête du bœuf qui a pivoté de 180°
A aleph (bœuf)

vers la droite à travers les siècles.

B beth (maison)

15
Les Grecs ajoutent les voyelles
n exploitant cette prodigieuse invention qu’est l’alphabet, les Sémites ont
E mis l’écriture à la portée de tout le monde, y compris des commerçants. En
quelque sorte, ils l’ont «démocratisée». Elle n’était plus désormais le privilège
de ceux qui détenaient les pouvoirs.
Chaque peuple avait plus ou moins son alphabet. Les mar-
chands navigateurs phéniciens sillonnaient la Méditerranée
et exportaient le leur dans les différents pays avec lesquels
ils commerçaient. C’est ainsi que l’alphabet phénicien est
arrivé en Grèce vers 900-800 avant J.-C.
Les Grecs avaient utilisé jusque-là une écriture syllabique
crétoise beaucoup moins pratique, appelée Linéaire B.
Leur langue étant complètement diférente des langues
sémitiques (qui se ressemblaient toutes un peu), il n’était
plus possible de faire concorder la signification graphique
Sarcophage d’Ostie. des lettres avec leur valeur phonétique: on ne pouvait plus
Détail, marbre, iie siècle. dire «A comme aleph», puisque bœuf ne se disait pas aleph
Ny Carlsberg Glytoteck, Copenhague.
en grec.
Les Grecs ont conservé la représentation graphique des
lettres et en ont perfectionné les formes. Ils en ont fait des
symboles phoniques abstraits, déconnectés de leurs signifi-
cations sémitiques. Ils en ont retenu les noms sémitiques:
alpha (issu de aleph), bêta B (issu de beth), gamma (pour
ghimel, le chameau, pour C et G), etc.
Enfin, pour traduire avec précision l’articulation des divers
dialectes parlés dans leur pays, les Grecs ont emprunté à
l’alphabet araméen des signes qu’ils ont utilisés pour noter
leurs voyelles.
L’écriture grecque primitive s’écrivait, elle aussi, de droite à
gauche. Quand on grave des lettres dans la pierre, cela n’a
guère d’importance pour le graveur, qu’il soit droitier ou
gaucher. Mais quand il s’est agi de calligraphier (et la ma-
jorité des gens étant droitiers), on a pris l’habitude d’inver-
ser le sens de l’écriture et par là même d’inverser aussi le sens
des lettres. Il y eut une période intermédiaire où l’on écrivit
une ligne dans un sens et la suivante dans l’autre. Cette écri-
ture s’appelle boustrophédon, qui signifie en grec «imitant
la marche du bœuf au labour».

1. VOCABULAIRE
À noter que notre mot alphabet et ses déri-
vés viennent du nom des deux premières
lettres de l’alphabet grec.

16
Écriture grecque lapidaire. Pas d’espace entre les mots, pas de ponctuation, mais une suite de lettres bien formées, dans
un ordonnancement parfait: l’ordre grec!
Au début de notre xixe siècle, les besoins de la publicité naissante ont amené la création de caractères sans empattements.
Vers 1920, l’écrivain-typographe français, Francis Thibaudeau, donne le qualificatif antique à cette famille de caractères,
en référence à ces tracés de lettres sans empattements. Aujourd’hui, les polices comme le Futura, l’Arial, l’Univers,
l’Helvetica, etc. font partie de la famille des antiques (classification Thibaudeau), et dénommées linéales (classification
Vox-Atypi).

Sens de lecture.

Écriture boustrophédon.

17
ÉGYPTE PHÉNICIEN GREC ÉTRUSQUE LATIN
CHYPRE

Aleph
bœuf A
Beth
maison B
Ghimel
chameau CG
Daleth
porte D

échelle E
Heth
barrière H
Iod
bras IJ
Caph
main K
Lamed
crosse L
Mum
eau M
Nun
serpent N
Hgaïn
œil O

bouche P
Koph
singe Q
Resch
tête R
Schin
dent S
Tau
marque T
Vav
appuie-tête UVY
? X
Zaïn
olivier Z
Tableau analysant l’évolution du signe alphabétique, des hiéroglyphes au latin classique.

18
22 signes géométriques phéniciens et un état de leur transformation pour noter le grec
au ixe siècle avant notre ère.
D’après Charles Anderson, Lettering, New-York, 1969.

La capitale romaine
ès la fin du viie siècle avant notre ère, les Romains ont adopté l’écriture des
D Étrusques, elle-même héritée de celle des Grecs.
Un siècle avant J.-C., l’écriture lapidaireB romaine avait atteint une maturité, une
rigueur et une élégance encore jamais égalées. Elle parvint à la perfection aux
ier et iie siècles de notre ère.
Par une volonté politique délibérée, les Romains ont imposé le latin et son
écriture dans tous les pays conquis. Les inscriptions exaltant les victoires des
légions romaines étaient pour eux des instruments de propagande.
De tout temps et dans pratiquement toutes les civilisa-
1. LAPIDAIRE: tions, les peuples conquérants ont persécuté, sinon éradi-
du latin lapis, pierre. Se dit des ins-
criptions gravées dans la pierre, sur qué, la langue et l’écriture des peuples vaincus, c’est-à-dire
des monuments par exemple. supprimé leur culture pour imposer la leur.

19
La capitale romaine

En haut: partie de la Table claudienne, ier siècle de notre ère. Admirez la beauté
de la forme de ces lettres incisées dans le bronze, en particulier les Q.
Sur la stèle de gauche (autel à Mercure, époque tibérienne), les lettres sont
gravées dans la pierre.
[Musée de la civilisation gallo-romaine, Lyon-Fourvière.]

Pour rendre lisibles leurs messages, les Romains ont séparé


les mots entre eux (généralement par un point placé le plus
souvent à mi-hauteur des lettres) et introduit le rythme dans
l’écriture en ne construisant pas leurs lettres sur des modules
de largeur régulière, mais en jouant sur des largeurs diférentes
du tracé des lettres: par exemple, le E et le S sont franchement
étroitisés, alors que le C, le D, le N, le V sont généralement
construits sur des modules plus larges.
Pour rendre visibles leurs messages en toutes circonstances de lecture:
• l’écriture était gravée en petits caractères, sur les stèles par exemple, quand
elle devait être lue à hauteur d’homme, et la gravure était alors peu profonde;
• par contre, en gravant leurs inscriptions en haut de leurs monuments, comme
les arcs de «triomphe», ils ont augmenté la dimension des lettres, la largeur et
la profondeur de la gravure, au fur et à mesure de l’éloignement de l’œil du lec-
teur. Au soleil, la dimension de l’ombre due à la profondeur de la gravure jouait
un rôle essentiel.
Autrement dit, pour que leurs messages soient lus le plus facilement possible,
les Romains ont inventé la lisibilité ainsi que la visibilité de la gravure.
Lisibilité et visibilité ont toujours été deux des préoccupations majeures de
toute personne qui travaille sur du texte, même aujourd’hui sur son écran
de PAO. L’ejcacité des mises en pages en dépend.

20
Les grandes écritures calligraphiques
La capitale romaine lapidaire a donné naissance à des caractères manuscrits bien
structurés et d’un rajnement esthétique remarquable:
La Rustica (ier au viie siècle) permettait un tracé rapide, l’inclinaison de l’ou-
til d’écriture donnant les déliés verticaux et les pleins horizontaux. C’est l’écri-
ture romaine par excellence au long des siècles. Elle est utilisée pour calligra-
phier les livres au calame sur le papyrus, mais on la peint également au pinceau
large sur les murs pour annoncer des élections politiques, les jeux du cirque, etc.

Écriture Rustica

La Quadrata, écriture très rajnée, n’aura été qu’un phénomène de mode de


courte durée au vie siècle. Cette graphie d’aspect carré, comme son nom l’in-
Voir La civilisa- dique, a été utilisée pour transcrire des textes de luxe, généralement littéraires.
tion de l’écriture,
Roger Druet et
Herman Grégoi-
re, éditions
Fayard & Dessain
et Tolra, 1976.

Écriture Quadrata

Ci-dessus: les flèches numérotées sur les lettres capitales repré-


sentent le ductus, c’est-à-dire l’ordre précis des traits et des mou-
vements successifs de la main du copiste pour réaliser les difé-
rentes séquences du tracé complet de chaque lettre. Pour les
textes ojciels: littérature calligraphiée sur papyrus, gravure
lapidaire, etc., les Romains écrivaient en lettres capitales. Par
contre, pour les besoins courants, ils utilisaient une écriture à
main levée, appelée cursive romaine, dans laquelle apparaissent
des formes minuscules (voir l’exemple ci-dessous).

21
Les grandes écritures calligraphiques
près deux mises à sac de Rome par les Barbares (en 410 par les Wisigoths
A d’Alaric, et en 455 par les Vandales de Geiséric), le jeune roi barbare Odoacre
dépose, en 476, sans combat, le dernier empereur romain, Romulus Augustule.
C’est la fin de l’Empire romain d’Occident, ce moment historique mémorable
appelé «la chute de Rome».
Odoacre se contenta de l’Italie, laissant à l’abandon le restant de l’empire
romain d’Occident. Il s’ensuivit plusieurs siècles de déclin général pendant les-
quels le libre arbitre du plus fort remplaça la législation élaborée de l’Empire
romain.
À la chute de Rome, l’Église avait alors quatre siècles d’existence. Elle avait
fait du latin sa langue sacrée (ce qui d’ailleurs le sauva) et l’écrivait en caractères
latins (ce qui sauva cette écriture également).
Quand, au ve siècle, les hordes barbares venues d’Europe centrale déferlèrent
sur l’Europe occidentale, tous les trésors culturels de l’Occident étaient abrités
dans les monastères: dogmes religieux, philosophie, littérature, livres sacrés,
langue et écriture.
Dans ces monastères, qui étaient devenus les derniers refuges de la culture de
cette époque, la réalisation de livres, calligraphiés sur parchemin qui venait d’être
inventé, permettait non seulement de fixer et de transmettre les connaissances
religieuses et profanes, mais elle était également une source de revenus non
négligeables.

Dans ce contexte est apparue une nouvelle écriture, tout


en rondeur, qui va atteindre rapidement une sorte de per-
fection: l’Onciale. C’est une écriture précieuse, longue à
calligraphier, utilisée principalement jusqu’au viiie siècle
pour des ouvrages particulièrement soignés.

Un modèle parfait de l’Onciale:


détail d’un évangéliaire de l’abbaye de Fécamp, viiie siècle.

22
La minuscule carolingienne
a société féodale s’organise. Les pouvoirs politiques et religieux commu-
L niquent par écrit. Nous sommes maintenant dans le haut Moyen Âge. Les
contrées d’Europe occidentale, qui étaient unifiées sous l’Empire romain, main-
tenant disparu, sont compartimentées sous des pouvoirs indépendants, et l’on
voit apparaître, dans ces états «barbares» un foisonnement d’écritures qui rem-
placent la cursive romaine qui en sont d’ailleurs les traitements locaux.

Écriture anglo-saxonne. Écriture mérovingienne. Écriture lombarde.

En 771, Charlemagne se retrouve seul roi des Francs à la tête d’un grand empire.
Il ne sait pas écrire, mais il est conscient de la nécessité d’unifier les diférentes
écritures en usage dans son empire pour «dissiper l’ignorance, faire régner l’ordre
et la clarté» et unir l’Europe chrétienne.

Il confie à Albinus Flaccus Alcuin, un moine très érudit dont il fait l’un de ses
Monogramme principaux collaborateurs, la restauration culturelle, la réforme de l’enseigne-
de Charlemagne. ment de la grammaire, de l’éloquence et de l’art d’écrire (de là: «Charlemagne
inventa l’école!»). Alcuin organise la réforme de l’écriture. Il retient le latin
comme langue administrative de l’empire et favorise une nouvelle graphie
«à la mode» adoptée par la cour: la Caroline.
Celle-ci ne concerne que les lettres minuscules, les lettres majuscules
demeurant – comme de nos jours – issues des capitales romaines d’inscription
(voir la reproduction ci-dessous).
Nos caractères typographiques minuscules actuels (dits latins, comme ceux
que vous êtes en train de lire actuellement en caractère Le Monde Livre) sont
issus de la Caroline, instituée il y a un peu plus de 1200 ans. Nous allons voir,
un peu plus loin, comment les choses se sont passées.

Et relicta civitate Nazareth, venit et habitavit in Capharnaum maritimam, etc. (évangile selon saint Matthieu, 4, 12).

Évangéliaire de Prüm, ixe siècle. Réalisé au monastère de Saint-Martin-de-Tours, ce manuscrit est un parfait exemple de
l’écriture carolingienne à son apogée. Le i n’a pas encore de point (mais le y en a un), notre actuel s minuscule est
exprimé par le s, appelé «s long» (à ne pas confondre avec le f) en début, milieu et fin des mots. Les phrases commen-
cent par une capitale initiale et se terminent par un point. Les choses s’organisent.

23
Les gothiques
es siècles passant, la Caroline subit forcément des modifications. Guillau-
L me le Conquérant, duc de Normandie, envahit l’Angleterre en 1066. Son
royaume s’étendant des deux côtés de la Manche, il s’ensuit naturellement une
interpénétration des deux cultures normande et anglaise. C’est en Normandie B
et probablement à l’abbaye Saint-Étienne de Caen, qu’est apparue une nouvelle
écriture vers 1075: l’écriture que nous appelons à tort gothique C. Au long des
siècles, elle aussi va évoluer en diférentes branches, selon les sensibilités des pays
qui l’utiliseront.

1. Cependant, certains spécialistes,


telle Nina Catach, disent que l’on
trouve en Angleterre, dès le ixe s.,
des écritures que l’on peut déjà
qualifier de prégothiques.

2. ÉCRITURE GOTHIQUE
Bien que d’origine anglo-norman-
de, cette écriture est appelée
gothique du fait qu’elle s’est rapi-
dement implantée dans les pays
germaniques qui la développèrent.
L’Allemagne en a fait la graphie of-
ficielle de sa langue jusqu’à ce que L’écriture gothique primitive est encore assez arrondie
(Angleterre, fin du xiie siècle).
Hitler en proscrive l’usage au début
Des lettres de plus en plus étroitisées (pour gagner de la place),
de 1941.
la cadence régulière des verticales
et le tracé mécanique des formes
sont caractéristiques des écritures gothiques.

Écriture gothique de type «Fraktur». Augsburg, 1507.


Le tracé anguleux des lettres est très prononcé, l’allongement vertical également. Le «s long» n’est plus utilisé qu’en
début et milieu de mot. En fin de mot, il est remplacé par le «s final», c’est-à-dire notre s actuel.
Vous remarquez l’apparition du point sur les i, bien que timide encore.

La dijculté de lecture, due au rapprochement des verticales de ces lettres


gothiques, est à l’origine de l’usage du point sur les i, qui fut conservé depuis.
Exemple, le mot latin «dominus»:

dominus dominus
dominus dominus
24
Ligatures et abréviations
AT VM OR THE

ès l’époque romaine et jusqu’au xvie siècle, les scrip-


D teurs ont eu recours à des raccourcis, d’une part pour
faire tenir le texte dans la mise en page imposée par le
TR AE TV AL VAE

support et d’autre part pour gagner de la place afin d’éco- EN EL TI VIR IL


nomiser de l’argent, car la gravure dans la pierre et la cal-
ligraphie sur papyrus puis sur parchemin ont toujours XT ER PF ET PP
coûté cher. On a alors inventé des signes abréviatifs. Leur
multiplication a fait que la lecture du texte alphabétique
LI VV CO AV VS
s’est parfois transformée en un véritable décryptage de
signes conventionnels (un peu comme la sténographie Ligatures romaines en usage entre
le Ier et le IIIe siècle après J-C.
d’aujourd’hui) que seuls les initiés pouvaient comprendre. D’après Konrad Bauer dans son étude
Römische Ligaturen und Monogramme, 1948.
La typographie, à son début, a recopié ces
mêmes ligatures et ces mêmes abréviations,
et il a fallu un bon siècle pour que l’on com- = m ou n = ur = que
prenne que cette technique nouvelle n’en = er =s = rum
avait plus besoin, au bénéfice d’une compré-
= us = cum = RUM
hension des textes par le plus grand nombre de
lecteurs. = esse = signum = quod
= essemus = que = quid
À notre époque, quelques ligatures nous sont
parvenues, entre autres: le œ, le æ, le fi, le fl, = est = quæ = quidem
le f, le j, le k et le & (ligature du e et du t, = obiit = quia = mille
utilisée pour la conjonction de coordina- = denarius = nota =æ
tion et), qui répond au joli nom d’esper-
= est = autem = cum
luette et non pas à celui de «et» commer-
cial comme l’appellent les techniciens & = est = et enim = ei
marchands sans culture typographique. = et = in, intra = et
Le ß – ligature du «s long» et du «s final»
– a été utilisé en français jusque dans le cou- Signes abréviatifs usités du viiie au xvie siècle
en calligraphie, puis parfois en typographie.
rant du xviiie siècle (voir page 34). Il a été
supprimé de la langue allemande il y a peu,
pour simplifier les communications avec les
autres langues.

Ci-contre:
Diférentes graphies de l’esperluette à travers les siècles.
D’après Jan Tschichold, Formen Wandlungen der et-zeichen, Éditions Stempel (s.d.).
Gérard Blanchard, Pour une sémiologie de la typographie,
Rémy Magermans éditeur, Andenne (Belgique), 1979.

25
La fabrication du papier en Europe
Christian u xiie siècle, diférentes fabriques de papier se sont créées en Espagne,
Bouyer,
L’histoire
A puis très vite en Italie qui améliore le procédé. En France, la première fut
installée vers 1348 dans la région de Troyes (Champagne), une autre vers 1350 à
du papier,
éd. Brepols, Ambert (Auvergne) par deux frères de Montgolfier, puis rapidement un peu par-
1994.
tout dans toute l’Europe. Dès 1120 déjà, l’abbé de Cluny mentionne l’existence
du «chifon de linge» qui provenait des tout premiers moulins à papier espa-
gnols. Cette invention chinoise (qui date, pense-t-on, du iie siècle avant notre ère)
était parvenue en Europe par l’intermédiaire des Arabes.
À la fin du xive siècle, des moines imprimaient des blocs de bois sur lesquels
étaient gravés en relief des images religieuses et les textes de leurs
légendes. Ils opéraient selon le procédé déjà utilisé pour l’impression sur tissu:
on enduisait d’encre le motif gravé, on posait dessus la feuille de papier et on
exerçait sur le tout une pression avec un «frotton» (boule de crin pétrie et
enveloppée d’un linge) et, plus tard, par le moyen d’une presse à vis, déjà utili-
sée par ailleurs depuis des siècles.
Par la suite, on a imprimé des pages entières de textes par ce même procédé de
gravure sur des blocs de bois.

Fragment d’une «Apocalypse» xylographique 1, Exemple de texte entier gravé sur bois et imprimé:
xve siècle. page d’un «donat» (traité de grammaire). xve siècle.
Bibliothèque nationale de France, Paris.

«Les livres que nous lisons tous les jours La gravure sur ces blocs de bois était forcément réalisée à l’en-
sont faits de peaux de bélier, de bouc ou
de veau, ou de plantes orientales, ou vers pour que les sujets apparaissent à l’endroit après impres-
enfin de chifon de linge.» sion. Il arrivait de temps à autre, ce qui arrive à chacun de nous,
Pierre le Vénérable, abbé de Cluny (1120). de faire une faute. Il fallait alors réparer à l’aide d’une cheville
1. XYLOGRAPHIE de bois sur laquelle le signe correct était refait, ce qui ne devait
Du grec xulon, bois, et graphein, pas être une mince afaire.
graver.
Impression d’estampes obtenues à
l’aide d’une planche en bois gravé.

26
Cette Bible est datée de 1443. L’écriture manuscrite gothique est composée sur deux colonnes.
Le travail fastidieux du copiste était guidé par des traits horizontaux et verticaux
portés sur le parchemin. Les lettres initiales décoratives étaient réalisées par la suite,
dans les espaces laissés libres, par des spécialistes en enluminure.
De même la lettrine du donat, page de gauche.
Gutenberg invente la typographie
ans ce contexte vivait à Mayence, en Allemagne, un jeune
D homme d’afaires, particulièrement intéressé (comme
d’ailleurs bien d’autres personnes à cette époque) par la mé-
tallurgie fine et plus spécialement par le moyen de reproduire
industriellement les textes qui étaient alors tous manuscrits,
ce qui ne sujsait plus à la demande, en particulier celle des
universités qui, à cette époque, se créaient un peu partout en
Europe. Il se nommait Johann Gensfleisch zur Laden zum
Gutenberg. Il allait révolutionner le monde de la communi-
cation pour les siècles à venir.
Né à Mayence vers 1400, il y passa sa vie (mis à part un séjour
de dix années à Strasbourg, pour raison politique, de 1434 à
1444) et y mourut en 1468. C’est pendant sa période stras-
Gutenberg jeune. Peinture du xviiie s.
bourgeoise qu’il réalisa la plus grande partie de ses recherches
qui aboutirent à la typographieB, c’est-à-dire la composition
de textes à partir de caractères fondus en alliage métallique,
1. TYPO- mobiles et réutilisables, et c’est très probablement dans les toutes premières an-
GRAPHIE
du grec tupos,
nées qui suivirent son retour à Mayence que son invention fut opérationnelle.
caractère, et Les premiers travaux typographiques de Gutenberg ont copié les petits
graphein, livrets et les grammaires latines qu’on gravait auparavant sur planches de bois;
écrire.
Littéralement:
ils étaient réalisés avec un caractère encore bien maladroit: le DK-type.
écrire avec des Puis, vers 1450, il s’associe avec un notable qui avait des fonds, Johann Fust. Ce
caractères. dernier fait entrer dans l’entreprise un jeune homme de sa famille particulière-
En grec encore,
tuptein veut
ment astucieux, Peter Schöfer, qui joua un rôle non négligeable dans la finalisa-
dire frapper, tion des principes découverts par Gutenberg, en particulier, pense-t-on, le moule
enfoncer, mar- manuel à fondre les caractères (Handgiessinstrument). Le but de cette association
quer, comme
lorsqu’on dit
était de réaliser «l’Œuvre des livres» (das Werk der Bücher), c’est-à-dire de passer
«frapper ou à la vitesse supérieure. On se mit au travail, on dut résoudre des problèmes
battre mon- entièrement nouveaux, tant et si bien qu’en octobre 1454, étaient mis en vente
naie».
à Frankfort les premiers exemplaires de la Bible à 42 lignes, un ouvrage de 1286
pages se présentant sous la forme de deux grands in-folios. Sa facture graphique
est celle des livres enluminés que l’on réalisait manuellement à l’époque: la Tex-
2. TEXTURA turaC est un gros caractère gothique utilisé traditionnellement pour les ouvrages
Ce nom signi- religieux et liturgiques; les 299 caractères de la composition reproduisaient les
fie «trame»,
«texture» de ligatures et les abréviations manuscrites alors en usage. Les lettres ornées étaient
tissu, réalisée laissées en blanc, pour être réalisées plus tard par des enlumineurs de métier,
par la cadence exactement comme cela se pratiquait pour les livres calligraphiés.
des verticales,
l’absence de
courbes dans
les lettres,
mais égale-
ment par la
régularité de
la largeur des
espaces entre
les mots. La gothique Textura créée pour la Bible à 42 lignes, dite «caractère de la B 42». Taille réelle.

28
Lettres simples séparées.

Lettres ligaturées.

Abréviations.

Abréviations et «notes tironiennes» (voir p. 121)


encore en usage au xve siècle.

[1] [2] [3] [6] [4]. Moule [5]. Type sortant [6]. Type séparé
de fonderie. du moule. de sa masselotte.

L’invention géniale de Gutenberg se déroule en trois temps:


1. À l’extrémité d’une tige d’acier très résistant, on grave en relief un caractère
à l’envers: c’est le poinçon [1].
2. Par pression, on enfonce ce poinçon dans un métal plus doux: du cuivre [2].
Le caractère est alors inscrit en creux et à l’endroit dans cette matrice [3].
3. On coule dans cette matrice (que l’on a positionnée dans le moule manuel de
fonderie) un métal encore plus doux: du plomb [4].
Au démoulage, on obtient le caractère en plomb, en relief et à l’envers [5], et
on en moule ainsi de grandes quantités. Il faut répéter cette opération pour cha-
cune des lettres minuscules, pour chacune des lettres capitales, pour chacun des
signes de ponctuation, pour chacun des chifres. Chaque caractère fait donc l’ob-
jet d’un bloc de plombB indépendant qui s’appelle un «type» [6].
Par la suite, on réalisera cette suite d’opérations:
1. LE PLOMB
• par caractère (exemple: le garamond, le bodoni…); TYPOGRAPHIQUE
• par corps (c’est-à-dire par taille): corps 6, 8, 10, 12, 16, 24… est un mélange de plomb,
• par attribut: maigre, maigre italique, gras, gras italique… d’étain et d’antimoine.

Gutenberg eut encore à réaliser un long travail de précision pour mettre au point
industriellement les largeurs de ses types (pour régler les approches entre chaque
caractère), leur hauteur (pour que les surfaces imprimantes des caractères se trou-
vent sur le même plan horizontal) et bien d’autres détails techniques qui en
découlaient. Il fallut mettre au point une recette d’encre, assez grasse pour tenir
sur le métal et assez fine pour ne pas «engraisser» les caractères à l’impression.
Ces travaux durèrent des années et s’efectuèrent dans le plus grand secret.

29
Bible de Gutenberg,
dite «à 42 lignes»
car chaque colonne
est justifiée en hauteur
sur 42 lignes de texte:
une copie très proche
de la facture calligraphique
des livres de l’époque,
comme en page 27.
Le tirage de cet ouvrage
est estimé entre 180
et 200 exemplaires,
dont 50 sur vélin et
les autres sur papier.
[Gutenberg Museum, Mayence.]

Si le nom de Gutenberg est indissociablement lié à l’invention de la typogra-


phie, il y a d’autres prétendants: pendant plusieurs siècles, Laurens Janszoon
Coster, de Harlem, était considéré en Hollande comme son inventeur. En France,
l’abbé Requin a découvert, en 1890, des documents qui établissent qu’à Avignon
un orfèvre de Prague, nommé Prokop Waldvoghel, possédait en 1444 des alpha-
bets en acier (sans doute des poinçons) et connaissait un procédé pour «écrire
artificiellement». Malheureusement pour lui, on ne connaît aucun document
qu’il aurait pu avoir imprimé. Quoi qu’il en soit, la Bible à 42 lignes est la pre-
mière grande œuvre réalisée à partir de cette nouvelle technologie.
Endetté par ses recherches et mises au point qui durèrent des années, attaqué
en justice par ses associés qui l’abandonnèrent et créèrent leur imprimerie,
Gutenberg ne fut jamais riche et aucune impression ne porte son nom. Mais son
invention fit l’efet d’une bombe dans les pays européens, comme la PAO le fait
pour nous actuellement, quelque 560 ans plus tard. C’est l’outil qui a changé,
pas le «métier». Et très vite, dans cette seconde moitié du xve siècle, se créaient
des ateliers de typographie et d’imprimerie un peu partout: Strasbourg (1460),
Subiaco près de Rome (1464), Bâle et Augsbourg (1468), Venise (1469), Nurem-
berg et Paris (1470), Lyon (1473), Toulouse (1475), Anvers, Westminster…
L’humanisme, qui caractérise la Renaissance, et la Réforme protestante, qui lui
est contemporaine, n’auraient jamais pu atteindre le niveau d’expansion qu’ils
ont eu sans ce nouvel outil permettant une grande difusion des idées par l’im-
primé, à un prix abordable. Les «hérésies» cathares et albigeoises, trois siècles
plus tôt, qui n’eurent pas cette chance et pour cause, furent exterminées.
On désigne également par typographie le procédé d’impression de ces
caractères métalliques en relief, préalablement encrés, sur des feuilles de
papier. Gutenberg n’a pas inventé l’imprimerie en tant que technique de
reproduction (comme on le dit à tort): elle existait depuis près d’un siècle comme
nous venons de le voir. Mais il a perfectionné la technique de son temps, en ma-
tière de presse à imprimer, en fonction de ses propres besoins.

30
Sur cette gravure
représentant
une imprimerie
de l’époque
de Gutenberg,
on distingue
à droite
la composition
typographique,
et au centre
la presse à vis
pour imprimer,
avec ses deux
servants:
l’imprimeur
et l’encreur.

L’écriture humanistique
arallèlement à l’expansion des écritures manuscrites gothiques qui s’épa-
P nouissaient dans les pays germaniques, une écriture manuscrite, tout à fait
diférente, issue de la Caroline de notre moine Alcuin du temps de Charlemagne
[page 23], tout en sensibilité et en rythme, était utilisée dans les pays latins comme
l’Italie et la France, alors marqués par le mouvement intellectuel de la Renais-
sance que l’on appelle l’humanisme: l’écriture humanistique. Les caractères
typographiques de ces pays ont naturellement été créés en fac-similés de cette
écriture humanistique. Ils sont les ancêtres des caractères typographiques à em-
pattements que nous utilisons depuis.

Écriture humanistique, Solinus Caïus Julius, De mirabilibus mundi, partie manquante refaite à la main, Parme, 1480.
[Bibliothèque de Ladislas Mandel.]

Typographie humanistique, Préparation évangélique, Nicolas Jenson, Venise, 1470.


[Bibliothèque nationale de France.]

31
Le meuble ci-dessus supporte 2 casses, l’une est à droite et l’autre à gauche. Chacune contient
tous les caractères d’une police typographique. Les caractères étaient toujours rangés aux mêmes endroits,
dans des petits casiers appelés «cassetins» comme dans la gravure du haut.
Les lettres CAPITALES étaient rangées dans les cassetins du haut de la casse (on les appelait «hauts de casse»)
et les lettres minuscules en bas, d’où l’appellation «bas de casse» qui est toujours utilisée de nos jours.
Gravure de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Milieu du xviiie siècle.
La typographie du xvie siècle
out d’abord l’orthographe n’était pas encore fixée (elle le
T sera sous le règne de Louis-Philippe, au xixe siècle). Les
petits Français ne connaissaient pas encore l’angoisse de la
«faute d’orthographe» et la télévision française n’aurait pas
encore pu réaliser ses dictées médiatiques!
C’est dans le courant du xvie siècle qu’on a progressivement
pris l’habitude de mettre les accents sur les minuscules B et
sur les majuscules B pour traduire la prononciation.
Le «i» et le «j», ainsi que le «u» et le «v», avaient même
valeur et étaient utilisés respectivement l’un pour l’autre. C’est
ainsi qu’aujourd’hui le patronyme Lefèbvre est une déforma-
tion de le fébureC. On utilisait la lettre «s» (en romainD) et «s»
(en italique): il s’agit du s long, utilisé en début et en milieu
des mots, et seulement en minuscules (dans un texte en capi-
tales, on utilisait le S dans tous les cas de figure). Sa confusion
avec le «f» comme fort (comme un Turc) et non comme le
(mauvais) sort a fait que le s long a été progressivement aban-
Caractères d’Alde Manuce, pour
son Virgile, Venise, 1501. donné dans le courant du xviiie siècle. En fin des mots, et uni-
68 ligatures qui éliminent les cré- quement là, on utilisait notre s actuel, qu’on appelait alors
nages et rendent moins fragile s final, comme son usage l’indiquait.
d’emploi un caractère courant que
Manuce réserve à l’édition des clas- La raison d’être des ligatures (lettres liées pour ne former
siques latins en livres de poche. qu’un seul caractère) est d’éviter le résultat disgracieux de l’as-
Dans Die schöne Schrift in der Entwicklung sociation de deux ou trois lettres qui ne fonctionnent pas bien
des lateinischen Alphabets. Prague, 1965.
ensemble, rendant la lecture plus dijcile et la composition
inélégante.
Le caractère «t» est la ligature d’un s long et d’un t, «c»
celle d’un c et d’un t, «s» celle d’un s final et d’un t. Aujour-
2. FÉBURE d’hui sont utilisées, en composition soignée, les ligatures sui-
Vient du latin faber. En vieux fran- vantes: «fi», celle d’un f et d’un i; «fl», celle d’un f et d’un l;
çais, un fébure était un maître ou-
vrier travaillant dans le fer. «f», celle de deux f; «j» celle de deux f et d’un i; «k» celle
de deux f et d’un l. Exemple:
3. VOCABULAIRE
On appelle romains les caractères
fils fleur chiffon difficile affluent
typographiques verticaux, en difé-
renciation des caractères italiques.
ils fleur chifon dijcile akuent
fils fleur chiffon difficile affluent
Le qualificatif roman, qui est la tra-
duction anglaise de romain de cer- ils fleur chifon dijcile akuent
taines polices de caractères numéri-
sés, signifie que le caractère concerné
est en romain, mais également dans
une graisse normale. 1. VOCABULAIRE
Pour signifier ces deux mêmes attri- On appelle majuscule ou capitale initiale (du latin initium, début), la première
buts, d’autres polices sont parfois lettre en capitale d’un texte composé en minuscules.
appelées regular ou book. En typographie on appelle capitales, tous les caractères qui ne sont pas en minus-
Exemple: le Times roman, l’Helveti- cules (abréviation: CAP ou Cap), et on appelle bas de casse tous les caractères
ca regular, le Caslon book. qui ne sont pas en majuscules (abréviation: bdc).

33
La typographie du xvie siècle
L’esperluette «&» était systématiquement utilisée, y compris dans les textes cou-
rants, pour la conjonction de coordination «et», sauf en début de phrase. Cette
ligature du e et du t existait déjà chez les Romains et a toujours été utilisée dans
les écritures calligraphiques qui ont précédé la typographie.
Le «etc.» (abréviation de la locution latine et cetera qui signifie «et les autres
choses») se typographiait assez souvent «& c.».
Le caractère «ß» (Eszett), en usage en allemand et que nous transcrivons par
«ss», a été en usage en français, principalement dans les textes en italique
(comme en poésie), jusque dans le courant du xviiie siècle. Le ß est la ligature
d’un s long et d’un s final:
s + s = ß (en romain) et s + s = ß (en italique).
Les indications qui précèdent vous permettent dorénavant de pouvoir lire les
livres des xvie, xviie et xviiie siècles. On s’y fait finalement très vite:

Extrait de La Semaine (vaste épopée retraçant l’histoire de la Création),


écrite en 1578 par Guillaume Salluste du Bartas (1544-1590). Édition datée de 1610.
Cette œuvre monumentale fait partie de «la poésie après la Pléiade», du Bellay, Ronsard, etc.
Bibliothèque de l’auteur.

34
Ci-contre, à droite:
Premier livre imprimé à Paris, en
1470, à la Sorbonne: Les Lettres de
Gasparin de Pergame.
En noir la typographie proprement dite et
en couleur les lettrines et les enluminures
rajoutées à la main, qui étaient particulières
à chaque exemplaire, car en fonction de la
commande passée par chaque acheteur.
C’est le début de la typographie
«latine» en France.

VOCABULAIRE
On appelle incunables les livres
réalisés en typographie, fabriqués
jusqu’à la fin de l’année 1500.

Page 34, en bas:


• à gauche: la première italique,
gravée par Francesco Grifo, de
Bologne, pour Alde Manuce, 1501.
Reproduction taille réelle. Les ma-
juscules restent en romain, alors
que les minuscules sont en italique.
• à droite: La ponctuation de la lan-
es choses vont maintenant très vite se mettre en place.
gue française (1540), par Étienne
Dolet (1509-1546), tome d’un vaste
traité inachevé. Étienne, humaniste
L Le Français Nicolas Jenson (1420-1481), grave en 1470, à
Venise, l’un des plus beaux romains du temps [page 31]: la
et latiniste remarquable, impri-
meur-libraire soutenant la Réforme, lettera antiqua formata qui inspirera de nombreux créateurs
a été brûlé pour «hérésie» à Paris. de caractères, encore de nos jours.
Il avait 37 ans. En 1501, à Venise, l’imprimeur Alde Manuce (1449-1515)
cherche à reproduire l’écriture courante de chancellerie de son
époque et imagine l’italique. Il crée également le petit format:
le livre de poche était né.
Par l’édit de Villers-Cotterêts, en 1539, promulgué par Fran-
çois Ier, le français (alors simple langue vernaculaire) devient
progressivement notre langue ojcielle et remplace le latin. Tout
restait à inventer: orthographe, ponctuation, accentuation, car
jusqu’alors le français n’avait jamais eu l’occasion d’être parti-
culièrement étudié sur le plan de son expression typographique.
Geofroy Tory (1480-1533) écrit le Champfleury (1529), un
laborieux ouvrage traitant des proportions des lettres capitales,
A capitale, extraite de l’œuvre de dessinées en rapport avec celles du corps humain, et de l’étude
Geofroy Tory, le Champfleury. du dessin des signes de ponctuation.

35
Exemple de typographie et de mise en page en usage aux xvie, xviie et xviiie siècles:
Martin Dominique FERTEL, La Science pratique de l’imprimerie, Saint-Omer, 1723.
Bibliothèque de l’auteur.
Claude Garamont
Claude Garamont grave le romain de ce célèbre caractère qui
porte son nom, aux proportions et à l’élégance inégalées
(1544), bientôt suivi du Garamond italique, inspiré des tra-
vaux d’Aldo Manuce. Il grave également, pour François Ier,
des caractères grecs, les fameux grecs du roy, dont les poin-
çons sont aujourd’hui conservés à l’Imprimerie nationale et
ont été classés «monuments historiques» en 1946.
De grands graveurs ou initiateurs de caractères, éditeurs
et imprimeurs sont de ce xvie siècle: Francesco Grifo en Ita-
lie, Simon de Colines, Robert Estienne, Michel Vascosan,
André Vechel et Robert Granjon en France; Christophe
Plantin (un Français qui s’est installé à Anvers en 1549 et y
fonda une très importante imprimerie qui resta dans la
famille jusqu’en 1876; c’est maintenant le musée Plantin- ORTHOGRAPHE
Moretus) et enfin Daniel Elzévir en Hollande. Claude GARAMONT (c. 1499-1561),
typographe de François Ier et créa-
Le Garamond a été copié et interprété au long des siècles teur du superbe caractère qui porte
par les fabricants de caractères. Aujourd’hui, diférents son nom, vivait à cette époque de
Garamonds existent en caractères numérisés sur le marché la Renaissance où la mode était de
latiniser son nom. C’est ainsi qu’il
de la PAO, dont ceux-ci: se fit appeler GARAMONDUS et
que l’orthographe de son nom peut
se terminer soit par un T, soit par

P
un D.
 faire de l’encre rouge, on se sert du [Bibliothèque nationale de France.]

même Vernis que pour la noire, excepté qu’il


ne doit point être si fort, & au lieu du noir, on
Adobe Garamond, corps 14
y met du Cinabre, autrement dit du Vermillon,
lequel sera bien broyé au sec sur un marbre (cela
s’entend lorsqu’il est en pierre) & que l’on
broye ensuite sur un encrier pour cet usage, Simoncini Garamond, corps 14

de la même manière qu’on fait pour le Noir.


¶ On peut y ajouter un morceau de colle
de poisson de la grosseur d’une noix, que Stempel Garamond, corps 14

l’on fait tremper l’espace de vingt-quatre


heures dans un peu d’eau de vie & que l’on mêle
bien avec ledit Vernis & le rouge; cela rend l’encre Garamond 1530, corps 14

fort luisante, chose expérimentée.


Le signe ¶ qui s’appelle pied de
mouche était utilisé pour attirer
l’attention du lecteur sur un point
Ci-dessus: recette extraite du Fertel, page 291. particulier.

37
Les caractères académiques
lus tard, sous le règne de Louis XIV, l’académisme s’est imposé dans le des-
P sin de la lettre comme il le faisait alors partout ailleurs dans les arts.
Entre 1694 et 1714, Philippe Grandjean et ses collaborateurs, Alexandre et Louis-
René Luce, gravent les poinçons de nouveaux caractères, inspirés des dessins
établis par la commission Jaugeon à partir de tracés géométriques (voir document
ci-dessous). Il s’agit du Grandjean, mais ces caractères sont plus
connus sous l’appellation de Romains du roy. Le grandjean
marque le début de la construction géométrique du dessin des
caractères typographiques et l’abandon progressif du dessin issu
du geste de la main (en usage jusque-là), qui, lui, découle de l’hé-
ritage séculaire de la calligraphie.

Construction géométrique des romains du roy.


Archives de l’Imprimerie nationale.

Deux célèbres graveurs anglais sont du début du xviiie siècle:


William Caslon (1692-1766) et John Baskerville (1706-1775).
À sa création, en 1757, le Baskerville (qui s’inspire des romains
du roy) fut considéré comme «trop excentrique». En France,
Pierre Fournier le jeune (1712-1768) présente dans son Manuel
typographique (1766) [ci-contre] une importante déclinaison en
tailles, en graisses et en largeurs, de son caractère (le Fournier),
des capitales ornées et un grand nombre de vignettes à combi-
naisons permettant la réalisation de motifs décoratifs. Il est éga-
lement l’inventeur d’un point typographique, qui fut rapide-
ment perfectionné par le point Didot (vers 1785).

Vous avez dit: «Trop excentrique?»


Le mot MANUEL est typographié ITC New Baskerville regular et italic, corps 20
en capitales ornées, l’encadrement
et le cul-de-lampe sont réalisés à Nous avons dit: «Trop excentrique!»
partir de vignettes diverses. Adobe Caslon regular et italic, corps 20

38
Au xixe siècle, le règne des Didot
la fin du xviiie et au début du xixe siècle, les progrès
À techniques ont permis la réalisation de déliés extrê-
mement fins. Pour cette époque, ce fut une prouesse de la
gravure des poinçons et plus encore du moulage de ces
déliés si fins et si fragiles, pour des caractères en plomb, ne
l’oublions pas. L’invention du papier vélin, en Angleterre
par Baskerville, permettait l’impression de ces caractères
délicats qui se caractérisent par un fort contraste entre les
pleins et les déliés et par des empattements filiformes. En
France ce fut le Didot (Firmin Didot, 1764-1836), en Italie
le Bodoni (Giambattista Bodoni, 1740-1813) et en Alle-
magne le Walbaum (Justus Erich Walbaum, 1768-1839).
Ces caractères ont marqué l’édition et la presse de la pre-
mière moitié du xixe siècle.

Honoré de Balzac se trouva ainsi en me-


sure d’acheter le 16 mars 1826, à un sieur
Laurens aîné, son fonds d’imprimerie,
situé rue des Marais-Saint-Germain
no 17, devenue rue Visconti en 1864.
Exemple en Didot, roman et italic, corps 14.

Caractère Anglaise
de Firmin Didot, pour
son Virgile, Paris, 1806.
Bibliothèque de Ladislas Mandel.

39
Naissance de la publicité
ans la première moitié du xixe siècle, la publicité naissante est à l’origine de la créa-
D tion de caractères sans empattements et souvent sans pleins ni déliés. Ces carac-
tères s’inspirent du tracé des lettres primitives grecques du milieu du premier millé-
naire avant notre ère, d’où l’appellation Antiques donnée à ces caractères qui ont la
propriété de pouvoir supporter des graisses importantes (d’où leur bonne visibilité à
distance) et de pouvoir être fortement étroitisés et serrés les uns contre les autres du fait
de l’absence d’empattements (d’où un gain de place). Parallèlement apparaissent des
caractères romantiques inspirés des écritures gothiques du Moyen Âge, des caractères
à empattements rectangulaires très épais et une fabuleuse floraison d’autres caractères
de formes décoratives, extrêmement riches et diversifiées (exemples en bas de page).
L’imprimeur lyonnais Louis Perrin (1799-1865) invente des caractères renouant
1. Ponot René, avec les traditions des siècles précédants, les Augustaux, en s’inspirant des ca-
Louis Perrin pitales lapidaires romaines B. Ces Augustaux viennent en réaction aux Didots,
& l’énigme qui régnaient alors sans partage dans l’édition, et sont à l’origine d’un renou-
des augustaux,
Éd. des Cendres, veau typographique représenté par la famille des caractères nommés Elzévirs.
Paris, 1998. Ce nom sera utilisé jusqu’au milieu du xxe siècle.

Louis Perrin inaugure ses capitales augustales dans le livre


d’Alphonse de Boissieu Inscriptions Antiques de Lyon, 1846.

C’est également l’époque des premiers timbres-poste. L’apparition des publicités dans la presse.

40
Amer Zoulou, apéritif supérieur.
Ajche imprimée par Ory pour une assurance-vie, 1831. Étiquette de bouteille, vers 1880.
Musée des Arts décoratifs, Paris. Bibliothèque Forney, Res 5038-1 pl. 278.

Ajche d’intérieur. Illustration de Gustave Janet, 1854.


Musée des Arts décoratifs, Paris.

Lessiveuse Soleil, vers 1880.


Musée des Arts décoratifs, Paris.

Paul Poncet, Jifran le meilleur goudron.


Joseph Belon, ajche Saint-Raphaël Quinquina, 132 x 207 cm, 1891. Ajche, 122 x 161 cm, vers 1900.
Bibliothèque Forney, E 85038. Bibliothèque Forney, E 195849.

41
De la Belle Époque aux années 30
es créations typographiques des années 1880-1915 suivent
L de près les courants artistiques de l’art nouveau et du
modern style, les décors végétaux et les écritures au pinceau
(influence japonaise).

La Belle Époque L’Arnold Böcklin, corps 23.

Les débuts de l’aviation L’Auriol, de George Auriol, 1901, corps 23.

Celles des Années Folles, des années 20B et des années 30B sont
marquées par le dadaïsme et le surréalisme. Des écrivains et
des peintres de talent s’intéressent au dessin de la lettre.
Savon Le Petit Chat, 1900.

Le jeune Maurice Chevalier


Le Gill Sans extra bold, de l’Anglais Eric Gill, 1928, corps 14.

LES SPORTS D’HIVER 1937


Le Broadway, de l’Américain M.F. Benton, 1929, corps 13.

L’Allemagne envahit la Pologne


Le Peignot, de A.M. Cassandre, 1937, corps 19.

The Times change de look


Jauro, Automobiles Schneider, 1925. Le Times, de l’Anglais Stanley Morison, 1932, corps 17.

En 1931, le journal londonien The Times demandait à Stanley


Morison de créer un caractère mieux adapté aux contraintes
de la presse. L’année suivante sortait le Times qui se caracté-
rise par des ascendantes et descendantes courtes, permettant
de mettre davantage de lignes dans les colonnes, tout en
conservant une excellente lisibilité. Plus de 60 ans après sa
création, ce caractère reste l’un des grands classiques dont sont
équipés les logiciels de PAO.

1. L’abréviation des années ne porte que les décennies quand il s’agit du siècle
en cours. Écrivant cela en 1999, les années 20 signifient bien les années 1920
(c’est-à-dire de 1920 à 1929). Pour le siècle précédent, il faut écrire les années
1820 (1820 à 1829). Certains codes typographiques préconisent l’écriture des an-
nées en lettres: les années trente, et d’autres en chifres: les années 30. Les deux
graphies sont possibles, à la condition d’en n’utiliser qu’une seule d’un bout à
Chassaing J., La Regia, 1931. l’autre d’un même ouvrage. Pour ma part, je préfère le choix du journal Le Monde
(les chifres), parce que c’est ainsi que l’on écrit normalement les années, par
exemple: 14-07-99. Le passage à l’an 2000, ou plutôt le changement de siècle qui
nous intéresse ici, oblige une certaine souplesse d’écriture pendant un certain temps: en 2005, les années 30 resteront les
années 1930, mais en 2045, les années 30 seront forcément les années 2030.

42
Maximilien Vox
1952. Maximilien Vox (1894-1974) fonde à Lurs-en-Provence,
les Rencontres internationales de Lure qui permettent à des pro-
fessionnels, étudiants, experts, chercheurs, etc., de se retrou-
ver chaque année autour d’un thème central (la typographie),
de réfléchir et de débattre de l’évolution des métiers de la
communication «audio-scripto-visuelle», et particulièrement
de l’édition et du multimédia. Maximilien Vox.
Croquis de Lucien De Roeck, 1958.
Une association unique au monde pour la qualité de ses
travaux et la simplicité des relations entre ses participants, Maximilien Vox, de son vrai nom
qu’ils soient professionnels renommés, simples débutants ou Samuel Monod, fut graveur, typo-
graphe, journaliste, publicitaire et
étudiants. éditeur. À partir de 1952, il rassem-

Les années cinquante Le Mistral, de Roger Excoffon, 1953, corps 32.


blait chaque été, au village de Lurs-
en-Provence, qu’il avait choisi pour
sa retraite, quelques bons amis pro-
fessionnels de diférents pays pour
«parler métier». De fil en aiguille,
Les années soixante ces retrouvailles de bons copains
ont donné naissance aux Ren-
L’Helvetica, de Max Miedinger, 1957, corps 25. contres internationales de Lure.

Les années quatre-vingts Le Novarese, d’Aldo Novarese, 1980, corps 25.


Vox est le créateur de la classifica-
tion des caractères d’imprimerie
(1954) qui porte son nom et celui
de l’Association typographique in-
ternationale (Atypi). Les caractères
sont regroupés en dix familles en
fonction de leurs origines histo-
riques: Humanes, Garaldes, Réales,
Didones, Mécanes, Linéales, Inci -
ses, Scriptes, Manuaires et Frac-
tures. Voir explications dans le
lexique typographique en fin d’ou-
vrage.
La classification Vox-Atypi ainsi que
celle de Thibaudeau sont dévelop-
pées dans l’ouvrage complémen-
taire de celui-ci: Mise en page et im-
pression, notions élémentaires.

Les personnes qui ont été


intéressées par ce petit
chapitre historique
liront avec grand plaisir
Histoire
de l’écriture typographique,
par Yves Perrousseaux,
une grande fresque
En 1957, alors âgé de 29 ans et directeur de création à la fonderie Deberny & en plusieurs volumes, courant
Peignot à Paris, Adrian Frutiger dessine pour la photocomposition (et aussi de Gutenberg
pour le plomb) le fameux caractère Univers qui devait le rendre célèbre dans le au milieu du xxe siècle.
monde entier. Conçu au départ en 21 séries allant de l’étroit-maigre au large- Voir www.perrousseaux.com
gras, Univers répond à un large éventail d’occupation de l’espace dans la page, pour en savoir davantage.
démarche qui n’avait jamais été réalisée auparavant.

43
La typographie numérisée
1953. Débarque à Paris, «avec son sac à dos, ses souliers de montagne et sa culotte
tyrolienne», le jeune graphiste suisse allemand Albert Hollenstein (1930-1974). Il a in-
troduit le graphisme suisse en France dans les années 60 et la typographie américaine
à partir de 1966, et a fortement favorisé la création de caractères et le développement
des diaporamas. C’est l’époque des premières photocomposeuses qui allaient détrôner
le «plomb». C’est aussi celle de l’essor de l’ofset et de l’apparition des lettres-transfert.
Pendant la session 1970 des Rencontres internationales de Lure, Maurice Girod, de
la société IBM France, fait une conférence mémorable sur les premiers balbutiements
du traitement de texte et de la mise en pages sur écran.
1984. Naissance du premier Macintosh.
À partir de 1995, grâce à l’intervention de créateurs professionnels de haut niveau et
l’arrivée de nouveaux logiciels, la création de caractères numérisés, après bien des er-
rances, a finalement abouti à la mise sur le marché de polices respectant parfaitement
les usages typographiques traditionnels de dessin des caractères (en graisse, chasse, style
et corps), au contraire des «anamorphoses» automatiques, permises par les logiciels de
mise en pages et de traitement de texte, qui déforment le dessin des caractères d’une
façon ridicule (mais pratique). La réalisation du gras et de l’italique (à partir d’un mo-
dèle unique en romain) par anamorphose est malheureusement devenue le système
dont les fabricants de logiciels, comme Microsoft, ont doté leurs logiciels de traitement
de texte. Ces logiciels sont principalement utilisés pour les besoins des secrétariats (qui
demandent avant tout la rapidité de la frappe du texte, et cela par un personnel formé
aux travaux de secrétariat et non, bien sûr, par des graphistes typographes). Jusque-là,
rien à dire. Mais là où les choses dérapent, c’est lorsque les non-professionnels des arts
graphiques réalisent des documents de communication qui se voudraient quelque peu
élaborés, sans posséder les connaissances de la typographie et de la mise en page (par-
fois ils y sont contraints par leur direction). Le résultat est bien souvent préjudiciable
au but souhaité par le commanditaire et toujours à notre culture. Les pays qui nous
entourent sont davantage respectueux que nous des codes graphiques, pour la bonne
raison que leurs gouvernants et leur population, informée dès l’école, en sont conscients.
Ce qui n’est pas le cas en France.
En 2000, après les formats Type 1 (des fontes PostScript d’Abode) et TrueType (Apple
et Windows), est apparu le format OpenType qui permet la gestion, dans un fichier
unique, des caractères du standard Unicode (près de 100000 signes du monde entier),
notamment des ligatures et des signes particuliers, comme les signes diacritiques utili-
sées dans les langues de l’Europe centrale (comme le polonais et le tchèque) ou au
Moyen Orient, mais aussi ceux des langues anciennes (comme le grec et le copte).
Aujourd’hui, des sociétés comme Adobe, FontShop, ITC, Monotype, Linotype, etc.,
ainsi que des créateurs de caractères indépendants de plus en plus nombreux, numéri-
sent un fonds extraordinaire de polices de caractères typographiques anciens et de concep-
tion contemporaine. On trouve les catalogues sur Internet.
Ce qui fait qu’aujourd’hui encore, un graphiste travaillant sur ordinateur a à sa dis-
position un nombre infiniment plus grand de caractères qu’aucun imprimeur, du temps
du plomb, n’aurait jamais pu s’acheter pendant toute sa vie!

44
La création typographique contemporaine
u temps du plomb, contrairement à aujourd’hui, on créait peu de caractères: la
D réalisation coûtait fort cher. De plus et depuis la fin du xixe siècle, il n’y avait plus
de place pour la création de caractères dits de «labeur», parce qu’ils étaient dépendants
des machines à composer: Linotype pour la presse et Monotype pour le livre; ces firmes
vendant les caractères fonctionnant sur leurs machines, et cela au plan international.
C’est pourquoi, les seules créations restant aux fonderies traditionnelles concernaient
principalement les caractères de publicité, de titrages et de «fantaisie». Étant donné les
risques financiers, les nouveautés typographiques étaient très sélectionnées et relative-
ment peu nombreuses.
Avec la typographie numérisée, le problème se présente tout à fait diféremment: la
réalisation sur logiciels spécialisés et la commercialisation, traditionnelle ou via
Internet, permettent à n’importe quelle personne un peu dégourdie de réaliser et de
vendre ses créations. La création typographique étant toujours l’expression graphique
d’une culture à une époque donnée, et plus particulièrement de la langue qui la véhi-
cule, il est toujours préférable d’avoir acquis au préalable (ou d’acquérir en cours de
route) une bonne formation de création de la lettre et de l’histoire de sa culture gra-
phique. Il existe des écoles techniques pour cela, et du moins des ouvrages.
Les caractères «déstructurés» proviennent d’une autre approche: elle est plus liée à
un courant graphique universaliste et émane de l’expérimentation – parfois minima-
liste – de la numérisation. On procède souvent «pour voir ce que ça donne», par
curiosité. La démarche me semble intéressante et c’est l’histoire qui retiendra, ou ne
retiendra pas, telle ou telle création, comme toujours.
Aujourd’hui donc, on crée de nouveaux caractères et en grand nombre. Il est impor-
tant de prendre conscience qu’un caractère est conçu par son créateur pour une uti-
lisation précise, car le caractère passe-partout, servant à tous les besoins typographiques,
n’existe pas. Certains caractères sont conçus pour les textes de lecture continue, c’est-
à-dire les textes (comme celui que vous êtes en train de lire) d’une revue, d’un journal,
d’un livre, d’une brochure. D’autres pour des textes courts, de quelques mots seule-
ment, comme des accroches d’ajches, des titrages d’une brochure, d’un programme
vidéo, de cinéma ou d’un site Web. D’autres, encore, pour la signalétique: les panneaux
routiers, du métro, d’expositions, etc.; ils sont conçus pour être lisibles de loin.
Certaines créations contemporaines s’inspirent d’écritures ou de typographies his-
toriques, ce qui permet de donner beaucoup d’allure à des textes particuliers auxquels
on veut donner une connotation historique précise.
La création de caractères s’est faite à toutes les époques et, dans ce domaine, la nôtre
est particulièrement imaginative, abondante et de qualité, que ce soit en France ou
dans d’autres pays. Les exemples [pages suivantes] montrent quelques caractères de sen-
sibilités très diférentes, créés récemment. Ils permettent de se rendre compte que la
création typographique est bien vivante et promise à un bel avenir.

Vous trouverez les coordonnées actualisées des créateurs de caractères figurant sur les pages 46 à 54, sur notre
site: www.perrousseaux.com ➛ Liens et adresses utiles ➛ Polices de caractères typographiques numérisées.
Ou bien, en questionnant un moteur de recherche sur le Net (Google par exemple) le nom du créateur concerné,
vous finirez bien par arriver sur son catalogue.

45
La création typographique contemporaine
Joos Pro
2009
En août 1539, fut promulgué ce qu’on
Laurent Bourcellier appelle l’«Ordonnance de Villers-Cotterêts»
France
(du nom de l’agglomération qui se trouve
Ce caractère de lecture conti- dans l’Aisne). En 192 articles, cet ouvrage
nue est une italique redressée,
basée sur le caractère gravé
par Joos Lambrecht, à Gand,
manuscrit actualise le droit français et
en 1539.
Il est optimisé pour le format
annonce un certain nombre de dispositions
OpenType et compatible
Unicode.
nouvelles, dont l’article III qui nous concerne
Il comprend de nombreuses
ligatures et variantes, dont particulièrement:
certaines sont montrées ici.

En savoir plus:
www.typographies.fr LE FRANÇAIS
devient la langue écrite
officielle de la Franc
Dans un premier temps, il prend la suite du
latin pour les affaires de droit, mais très vite,
sous l’influence des lettrés, des poètes
et de certains imprimeurs, il s’impose dans le
royaume dans tous les domaines.

ABCÇDEFGHIJKLMNOPP
QQRTUVWXYZ ÆAŒ
aaa b c ç d  e  f g h h i j k l ł m  n  o
pqqrstuvwxyz æ œ ij
1234567890 1234567890
c st fi fl ff ffi ffl gj gy ll oo tt & @ ¶  € £ $
46
le Chat Noir
Auto

Underware
collectif composé de :
Akiem Helmling
Allemagne Auto 1 Regular
Bas Jacobs
Pays-Bas ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
Sami Kortemäki
Finlande
abcdefghijklmnopqrstuvwxyz
1234567890 1234567890 1234567890
Auto est un caractère sans
Auto 1 Italic
serif qui inclut trois italiques
différentes. La déclinaison se
compose de 3 x 24 fontes.
ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
Auto 1 abcdefghijklmnopqrstuvwxyz
Light, Light italic 1234567890 1234567890 1234567890
Regular, Italic
Bold, Bold italic Auto 2 Bold Italic
Black, Black italic ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
Auto 2
Light, Light italic
abcdefghijklmnopqrstuvwxyz
Regular, Italic 1234567890 1234567890 1234567890
Bold, Bold italic
Auto 3 Black Italic
Black, Black italic
Auto 3
ABCDEFGHIJKLMNOPQRST
Light, Light italic U V WXYZ
Regular, Italic
Bold, Bold italic
abcdefghijklmnopqrstuvwxyz
Black, Black italic 1234567890 1234567890 1234567890
En savoir plus:
www.underware.nl

En ce qui concerne le correcteur, il est certain qu’on ne saurait confier cette charge à
n’importe qui, car il doit posséder une bonne connaissance du latin et du grec; il lui faut
aussi disposer d’une vue très pénétrante, pas tellement pour lire les petits caractères que
pour pouvoir retrouver à la lecture de manière précise chaque syllabe de chaque mot,
voire de chaque lettre. Et s’il y a source d’erreur, les fautes qui subsistent à cause de
manuscrits fautifs ou transcrits de manière obscure ou confuse ne doivent pas être consi-
dérées comme typographiques, mais elles sont à imputer aux auteurs des livres.
Extrait de : Jérôme Hornschuch, Orthotypographia, Éditions des Cendres, Paris, 1997. [Ce texte est composé en Auto 2 Italic, corps 12.]

47
La création typographique contemporaine
Fedra Serif A Fedra Serif A Book
2002 ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
Peter Bil’ak abcdefghijklmnopqrstuvwxyz
Pays-Bas
æœfiffflffifflß&¶@€$
1234567890 1234567890 ½¼¾
Le Fedra Serif A se compose
des fontes suivantes: Fedra Serif A Book Italic
Book, Book italic A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V WX Y Z
Normal, Normal italic
Medium, Medium italic
a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z æ œ fi fl ß
Bold, Bold italic 1234567890
Fedra Serif A Book Small Cap
La série Fedra se poursuit par :
abcdefghijklmnopqrstuvwxyz
Fedra Serif B
Fedra Sans 1234567890
Fedra Serif A Book Expert
En savoir plus: µ∂≤ãÅå\]çfiÆfl±`àZâ Q
www.typotheque.com
∞≠Ø©™¨_ïñóîì®è
ABCDWXEFGHIJKL MNP VYÉ
abcdefghijklmnopqrstuvwxyz 1234567890
Fedra Serif A Book Italic Expert
µ∂≤ãÅå\]çËfiÆflgÂʱÈÁà
A B W X C D I J E F G H K L _ 1234567890

Peter Bil’ak
a étudié la typographie à Bratislava, puis en Angle-
terre, en France (à l’Atelier national de création typo-
graphique) et aux États-Unis, avant de s’installer aux
Pays-Bas en 1997 où il étudie deux années à l’Académie
Jan Van Eyck de Maastricht, avant de travailler au sein
du Studio Dumbar à La Haye. [Composé en Fedra Serif A Medium et Book.]
48
FF TartineScript FF Tartine Script Bold
2007

Xavier Dupré
ABCDEFGHIJKLMNOP
France
Q R ST U V W X Y Z
Ce caractère, plein de douceur 1234567890
et bien lisible, a été dès sa
sortie chez FontFont en 2001
adopté par les graphistes et
AB C D E F G H I J K L M N
utilisé (entre autres applica-
tions) pour des emballages de O PQRSTUV W XYZ
grande consommation.
Disponible en version PRO
(incluant les langues d’Europe
abcdefƒghijklmnopqrsstuvw
centrale, des Pays Baltes, le turc
et le grec).
xyyzzz & 1234567890
Le FF TartineScript
se compose des fontes sui-
vantes:
Regular
Bold
Black
En savoir plus :
www.fontfont.com

©François Moisette

49
La création typographique contemporaine
VistaSans VistaSans Book
2005

Xavier Dupré
ABCDEFGHIJKLMNOPQR
France
STUVWXYZ
Un caractère particulièrement
abcdefghijklmnopqrstuv
rajné de lecture continue et de
titrage qui bénéficie d’un grand
wxyz æ œ @ 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0
nombre de variantes. VistaSans Alt Book Italic

ABCDEFGHIJKLMNOPQR
Le VistaSans se compose
des fontes suivantes: STUVWXYZ
Light
Light Italic
abcdefghijklmnopqrstuv
Alt Light
Alt Light Italic
wxyz æ œ @ 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0
Book
Book Italic
Alt Book
Alt Book Italic
Regular
Regular Italic
Alt Regular
Alt Regular Italic
Medium
Medium Italic
Alt Medium
Alt Medium Italic
Bold
Bold Italic
Alt Bold ©Michal Batory ©Des Signes

Alt Bold Italic


Black VistaSans Alt Black
Black Italic
Alt Black
ABCDEFGHIJKLMNOPQ
Alt Black Italic RSTUVWXYZ
abcdefghijklmnopqrstuv
En savoir plus:
www.emigre.com wxyz æ œ @ 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0
50
Ambroise Ambroise regular tralala
2001
AABCDEEFGHIJKLMNNOPQRSTU
Jean-François Porchez
France VWXYZ ƌ
aabcdefFgghiIjklLmnopqrstuuvwxyyz
Ce caractère est une interpréta-
tion contemporaine de certains æœc i f h m # s & @ ? !
caractères Didot de style tardif
conçu vers 1830.
Des formes originales (ici en
122 334567890
couleur) se retrouvent sur les
poinçons de Vibert, graveur
attitré des Didot durant cette Ambroise bold
période. Elles figurent dans le
spécimen de la fonderie de AABCDEEFGHIJKLMNNOPQRS
Jules Didot l’aîné de 1842.
TUVWXYZ Æ Œ
a abcdef Fg gh iIj k l m n o p q rst uuv w
Ce caractère se compose de
trois variantes: xyyz æ œ c i f h m # s & @ ? !
z Ambroise
(montré ici) qui possède une
chasse normale;
122 334567890
z Ambroise Firmin
qui est un peu plus étroitisé;

z Ambroise François
qui est encore plus étroitisé.
Chaque variante, qui ne possède
pas d’italique, est déclinée en
light, regular, demi, bold et black.
Agay KéiL
En savoir plus :
www.typofonderie.com

xXxXxXxXxXxXxXxXxXxXxXxX
—–__—–— –—.<.>.—– –—–._.–—–
/////////////////*/*/*\*\*\\\\\\\\\\\\\\\\
<<O> <O> <O> <O> <O> <O> <O> >
[][][][][][][][][ }{}{}{}{}{}{}{}
51
La création typographique contemporaine
Panorama Panorama Extra-condensed ExtraLight
2004

Jean-Baptiste Levée
ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
France
ÆŒ ß&@ 1234567890
Un système typographique
qui se base sur une approche
abcdefghijklmnopqrstuvwxyz æœ
fonctionnelle de la typographie
avec une souplesse
et une sensibilité humanistes. Panorama Condensed ExtraLight Italic

Troyes
Robuste et pragmatique,
le système Panorama se décline
selon différents paramètres de
chasses et de graisses :

Condensed ExtraLight

en Champagne
Extra-condensed ExtraLight
Extra-condensed ExtraLight
Italic
Expanded ExtraLight
Extra-condensed ExtraBlack
Panorama Extra-Condensed ExtraBlack
Extra-condensed ExtraBlack
Italic ABCDEFGHIJKLMNOP
Expanded ExtraBlack

En savoir plus:
QRSTUVWXYZ
www.batfoundry.com
abcdefghijklmnopq
rstuvwxyz æœ
1234567890
Panorama Extra-Condensed ExtraBlack Italic

Strasbourg
Le Parlement est composé de 73 6 députés européens, qui représen-
tent 375 millions d’électeurs provenant de 27 États (en 20 0 9), c’est-à-dire
le second plus grand électorat du monde, derrière celui de l’Inde, et le plus grand
électorat transnational. Le Parlement est élu au suffrage universel direct tous les cinq ans.

52
Ministry Script
2005 A B C D E F G H I J K L M N O
Alejandro Paul
Argentine
P Q R T U V W X Y Z
Une scripte rajnée
abcdefghijklm nopqrstuvwxyz
possédant de nombreuses
ligatures et lettres
à paraphe, qui trouvera
   
son emploi pour des textes
courts, dans des imprimés 1234567890

e ◊
et des emballages recherchés.

u i l l
En savoir plus :

e f e
www.veer.com

Ch è v ∫ SAVO
N NER I E S DU M
IDI

Berto Original Berto Original


2001

Christophe Badani
ABCDEFGHIJKLMNO
France
PQRSTUVWXYZ
Police créée dans les années
1950 par Joseph Bertocchio Berto Original Bold
(1907-1978), connu sous le
pseudonyme de Berto.
Ce natif de Marseille fut une
A B C D E FG H I J K L M N O
PQRSTUVWXYZ
grande figure de la lithographie.
Il a utilisé pour créer son
caractère des lettres qu’il avait
utilisées dans ses ajches.
Le Berto a été redessiné par Berto Original Extra Bold
Christophe Badani en se basant
sur des documents originaux. A B C D E FG H I J K L M N O
En savoir plus : www.typopha-
ge.com PQRSTUVWXYZ
53
DEUXIÈME PARTIE

Les principales
règles
de l’écriture
typographique
du français
Introduction aux règles typographiques
omme je le signalais en début d’ouvrage, les règles qui suivent répondent
C aux questions qui me sont souvent posées par des personnes pratiquant la
PAO sans connaissances typographiques particulières; ce qui est un phénomène
de société. Cet ouvrage répond à un besoin manifeste.
Les règles typographiques françaises sont fort nombreuses et parfois très spé-
cifiques, comme celles concernant la composition des mathématiques, par
exemple. Un grand nombre ne vous concerne pas, ou pas encore. Par contre, il
vous importe d’en acquérir le minimum convenable B, c’est-à-dire celles sur les-
quelles vous butez à longueur de journée.
L’application de ces règles vous permettra de réaliser des travaux déjà corrects
sur le plan de leur écriture typographique, d’être plus à l’aise dans votre travail
et de participer à la bonne santé de notre langue. Si celle-ci permet des nuances
très fines des idées (que bien d’autres langues de par le monde ne peuvent pas
exprimer avec autant de précisions), elle est, en revanche, l’une des langues les
plus dijciles du monde, il faut bien nous le dire et sans culpabiliser.
Étant donné le nombre de logiciels concernés et leur perfectionnement sans
fin, les pages qui suivent vous indiquent (sauf quelques cas particuliers) les ré-
sultats que vous devez obtenir et non pas les façons de procéder: vous devez
normalement les trouver et les régler dans les manuels de votre logiciel de mise
en pages ou de traitement de texte, dans les «préférences».
Parcourez souvent cet outil de travail: ses informations finiront par vous entrer
dans la tête, une par une, exactement comme vous avez acquis progressivement,
une par une aussi, les manipulations de votre ordinateur. Vous les retiendrez
plus vite que vous ne le pensez parce que ce sont le plus souvent des réponses de
bon sens, rodées depuis fort longtemps. D’autres viennent de la tradition.
Lorsque vous maîtriserez bien ces règles typographiques, vous pourrez (mais
seulement à partir de ce moment-là) vous permettre quelques entorses pour ré-
soudre, de la façon la plus appropriée, certains problèmes sur lesquels il nous ar-
rive à tous de buter, mais vous saurez alors pourquoi.

1. Les règles que j’utilise dans cet ouvrage sont celles en usage à l’Imprimerie nationale, créée en 1640
par Louis XIII. La rigueur de cette vénérable institution, en ce qui concerne le suivi de l’évolution de notre
langue au fil des siècles, est à mon avis une excellente garantie de crédibilité.
Le lecteur qui voudra aller plus loin, au sujet de ces règles, trouvera dans la bibliographie les références
des codes typographiques du français complets, existant sur le marché. De l’un à l’autre, il existe des di-
férences sur quelques points bien précis, ce qui illustre bien la réelle complexité de notre langue. Par
exemple: l’abréviation des années en chiffres (les années 20) ou en lettres (les années vingt), comme je
l’explique en page 42. En typographie, ce qui est le plus important, c’est de choisir une seule et même
règle du jeu et de l’appliquer jusqu’au bout du même ouvrage, et non de mélanger les genres dans le cou-
rant de ce même ouvrage.

➛ Cette flèche attire votre attention sur des règles ou des configurations sur lesquelles bien des
personnes se posent des questions.

56
Les abréviations courantes
LES NOMBRES ORDINAUX

➛ Les lettres et chifres supérieurs se mettent toujours en minuscules.


On abrège:
premier par 1er (en chifre arabe) et par Ier (en chifre romain)
premiers par 1ers et Iers
première par 1re et Ire
premières par 1res et Ires
Si votre logiciel ne permet pas de mettre les lettres et chiffres supérieurs,
on tolérera par défaut: 1er, Ier, etc.
Cette tolérance est bien sûr valable pour la suite des exemples.

➛ deuxième par 2e et IIe (on ne met que le e final)


et non par 2me, 2ème ou 2ième qui sont des erreurs courantes, même sur les
écrans de nos chaînes nationales de télévision. On y voit par exemple:
Résultats des 2ème et 3ème courses (parfois: 2ème et 3ème courses)
au lieu de 2e et 3e courses.
Ces fautes (par méconnaissance) sont d’autant plus gênantes que les non-pro-
fessionnels qui se mettent à la PAO vont les recopier, persuadés que ce qu’ils
voient à la télévision représente forcément les bons modèles!
deuxièmes par 2es et IIes
troisième par 3e et IIIe
et ainsi de suite.
Exemples:
LE Ve SALON DES ANTIQUAIRES, et non: LE VE SALON…
Les 15es Journées de vol à voile

Les supérieurs méritent d’être bien mis en valeur autant pour leur lisibilité que
pour la beauté de la typographie. La plupart des logiciels de traitement de texte
et plus particulièrement ceux de mise en pages permettent de régler leur di-
mension et la hauteur de leur positionnement. Il est plus élégant de leur don-
ner une dimension sujsante et de ne pas les placer trop haut :

1er 2e XXVIes
et non sous cette forme timide, positionnée trop haute et peu visible :
er e es
1 2 XXVI
Dans la mesure du possible, évitez cette forme dactylographique :

1er 2e XXVIes

57
Les abréviations courantes

➛ deuxième ou second
• On emploie «deuxième» quand l’énumération peut aller au-delà de deux:
la deuxième République, le deuxième quart d’heure.
• On emploie «second» quand l’énumération s’arrête à deux:
la seconde mi-temps, le Second Empire.
On ose espérer que la Seconde Guerre mondiale restera bien la seconde!

➛ primo, secundo, tertio… par 1o, 2o, 3o…


Le signe supérieur est la lettre o finale, à ne pas confondre avec le petit zéro °
qui, en typographie, est l’abréviation légale de «degré».

RÈGLE GÉNÉRALE DE L’ÉCRITURE DES ABRÉVIATIONS


• Une abréviation qui ne se compose que des premières lettres de son mot
se termine par un point : référence = réf.
• Une abréviation qui se termine par la dernière lettre de son mot
ne comporte pas ce point final : boulevard = bd
• L’abréviation des groupes de mots ne comporte pas de point final non plus :
s’il vous plaît = SVP ou svp
Mais il y a des exceptions qui proviennent de l’usage. Vous trouverez les plus
usitées dans la liste ci-dessous.

ABRÉVIATIONS DIVERSES (extrait)


On abrège:
après Jésus-Christ par apr. J.-C. (on écrit également : après notre ère)
avant Jésus-Christ par av. J.-C. (avant notre ère)
article par art. (ne s’abrège pas lorsqu’il s’agit de l’article premier de statuts
ou de titres ou de sous-titres de lois, dans le but que tout soit bien clair).
bas de casse (typographie: lettre minuscule) par bdc
bon à tirer (arts graphiques: l’accord du client sur la maquette ou sur les
épreuves de photogravure, avant l’impression) par BAT
capitale (d’un pays) par cap.
capitale (typographie: lettre majuscule) par Cap. ou CAP
c’est-à-dire (qui s’écrit avec les 2 traits d’union) par c.-à-d.
confer (comparer) par cf.
département par dép.
➛ docteur par doct. (dans un texte) ou Dr (titre honorifique)
environ par env.
➛ et cetera par etc. et non par etc… [voir également en page 89]
On termine par un point et non par des points de suspension.
Cette abréviation ne se répète pas; on n’écrit donc pas: etc. etc.
On évitera de la renvoyer en début de ligne, et particulièrement
toute seule en début de dernière ligne d’un paragraphe.

58
exemple par ex. par exemple par p. ex.
faubourg par fg
féminin par fém.
figure par fig.
fleuve par fl.
habitants par hab.
hauteur par H. ou par haut.
histoire par hist.
hors taxes par ht ou HT
idem (le même) par id.
illustration par ill.
introduction par introd.
largeur par l. ou par larg. (le l sans point est réservé à «litre»)
latitude par lat.
longitude par long.
longueur par L ou par long.
Madame par Mme Mesdames par Mmes 1 1. Les titres de civilité :
on n’abrège pas quand
Mademoiselle par Mlle Mesdemoiselles par Mlles on s’adresse aux
masculin par masc. personnes (dans une
lettre par exemple),
➛ Monsieur par M. mais seulement quand
et non par Mr. qui est l’abréviation anglaise de «Mister». on parle d’elles.
Messieurs par MM.
numéro, numéros par no, nos
nota bene par N-B
page par p. (on ne la répète pas: p. 127 et 128 et non pp. 127 et 128)
paragraphe par § (on ne le répète pas: § 4 et 5 et non §§ 4 et 5)
par intérim par p. i.
par ordre par p. o.
pour cent par p. 100 ou par %
pour mille par p. 1000 ou par ‰
post-scriptum par P-S
président-directeur général par pdg et non par PDG, Pdg… C’est un nom commun.
➛ professeur par prof. (dans un texte) ou Pr (titre honorifique)
recto par ro, verso par vo
répondez s’il vous plaît par RSVP
sans lieu ni date par s.l.n.d.
siècle par s.
société par sté ou Sté
société anonyme par SA
société à responsabilité limitée par Sarl ou SARL
suivant(e)(s) par suiv.
substantif par subst.
supplément par suppl.
taxe sur la valeur ajoutée par TVA
téléphone par tél. ou Tél.
température par T.
tonne par t.
toutes taxes comprises par TTC

59
Les abréviations courantes
LES POINTS CARDINAUX
Contrairement à d’autres codes typographiques, les règles en usage à l’Imprimerie nationale
préconisent de ne pas mettre de point après ces abréviations. Je le préfère aussi.

Nord par N NE, NO, SE, SO ou SW


Sud par S NNE, NNO, SSE, SSO ou SSW
Est par E NNE-SSE, etc.
Ouest par O ou par W
Lorsque les points cardinaux désignent une région, ils ne s’abrègent pas
et prennent une capitale initiale:
Ces gens sont originaires de l’Ouest de la France.
Ils ne prennent pas cette capitale lorsqu’ils désignent une direction:
Il a marché trois jours plein sud.

SYMBOLES DES MESURES LÉGALES (extrait)


fixés par la loi du 3 mai 1961.
➛ Ces symboles (qui sont des sortes d’abréviations) sont invariables au pluriel et
ne comportent pas de point final.
On abrège:
1. Lorsque le ampère(s) par AB (du physicien français André-Marie Ampère, 1775-1836.)
nom de la
are(s) par a
mesure pro-
vient d’un centiare(s) par ca
nom propre, centigramme(s) par cg
il est d’usage
centilitre(s) par cl
d’écrire l’abré-
viation en centimètre(s) par cm
capitale. La décalitre(s) par dal
mesure, quant
décamètre(s) par dam
à elle, est un
nom commun décibel(s) par dBB (du physicien américain Alexander Graham Bell [1847-1922],
l’un des inventeurs du téléphone.)
et s’écrit par degré(s) (d’angle) par °
conséquent
degré(s) Celsius (température) par °C Exemple: 25 °C
sans capitale
initiale. degré(s) Fahrenheit (température) par °F Exemple: 80 °F

➛ euro(s)
En vertu des conclusions du Conseil européen de Madrid de décembre 1995,
Extrait du la monnaie unique des communautés européennes porte le nom d’euro.
Code de rédac-
Il est entré en application le 1er janvier 2002.
tion interinsti-
tutionnel des L’euro est divisé en cent subdivisions, chacune étant appelée cents.
communautés Officiellement cent(s) se prononce comme en anglais.
européennes.
Les formes à utiliser sont:
un euro, des euros, un cent, des cents (tout en minuscules).
Le code ISO pour l’euro est EUR. Le symbole de l’euro est €.
On écrit donc: 1 euro, 375 euros ou 1 EUR, 375 EUR ou encore 1 €, 375 €

60
Profitons de l’euro pour aborder, ici, les symboles internationaux des unités
monétaires. Ils sont définis par les codes ISO 4217. Chaque symbole monétaire
est représenté par trois lettres : les deux premières représentent le nom de l’État
concerné, la troisième par l’initiale du nom de l’unité monétaire dans la langue
de l’État concerné.
Par exemple, le symbole de la livre sterling britannique est GBP: GB pour Great
Britain et P pour pound. Son symbole est £.
Voici la liste d’autres monnaies usuelles chez nous :
dinar algérien = DZD
dinar tunisien = TND
dirham marocain = MAD
dollar américain = USD. Son symbole est $
dollar canadien = CAD
† escudo portugais = PTE
euro = EUR (c’est l’exception, forcément)
† florin hollandais = NLG (G pour gulden)
† franc belge = BEF
† franc français = FRF
franc suisse = CHF
† lire italienne = ITL
† mark allemand = DEM
† peseta espagnole = ESP
grade(s) (d’angle) par gr
gramme(s) par g (et non par g. ni gr ni gr.)
hectare(s) par ha
hectogramme(s) par hg
hectolitre(s) par hl
hectomètre(s) par hm

➛ heure(s) par h (et non par H, qui est une erreur courante).
• Le h vient en minuscule, même dans un texte en majuscules:
LA CONFÉRENCE EST À 20 h 45, SALLE DES FÊTES.
• On tape: 20 [espace] h [espace] 45 B
et non 20H45 20 H. 45 20hrs 45 ou d’autres graphies fantaisistes,
et non encore 20,45 h parce qu’il s’agit d’heures et de minutes,
et non pas d’heures et de centièmes d’heures, parce que nous ne sommes
pas, ici, en système décimal mais dans un système sexagésimal, c’est-à-dire
qui se divise en 60 subdivisions (et non pas en 100).
• On compose: 20 h 05 et non 20h5

1. Idéalement, cette espace C est d’un quart de cadratin (comme ici), appelé aussi espace fine (voir page 93).
Si votre logiciel ne permet pas le quart de cadratin, mieux vaut mettre une espace normale que pas d’espace du tout =
20 h 45 et non 20h45.
2. En typographie, le mot espace est féminin quand il désigne l’intervalle entre deux lettres ou deux mots.

61
Les abréviations courantes
• Lorsque l’horaire est franc, c’est-à-dire qu’il ne comporte pas de minutes,
on ne compose pas 00 à leur place:
Le concert est à 22 h et non 22 h 00 (on n’est pas à quelques minutes près).
• Par contre, on mettra ces 00 pour des horaires particuliers, comme ceux
des moyens de transport qui, eux, nécessitent une grande précision:
Ce train part de Lyon à 13h00 et arrive en Avignon à 15h00.
jour(s) par j (et non par jr, jrs) ou, depuis peu, par d (le day anglais).

➛ kilogramme(s) par kg
Exemple: 1 kg 25, 5 kg
et non par kgs Kg Kgs KG KGS
et non plus par 25 kg 5, parce que nous sommes, ici, en système décimal
(bien que 25,5 kg se prononce vingt-cinq kilos et demi).
• Kg vient en minuscules, même dans un texte en majuscules:
IL SOULÈVE 85 kg SANS TROP DE PROBLÈME.
kilomètre(s) par km
Exemple: 1 km 39,5 km
et non par kms Km Kms KM KMS
et non plus par 39 km 5, parce que nous sommes, ici, en système décimal
(bien que 39,5 km se prononce trente-neuf kilomètres et demi).
• Km vient en minuscules, même dans un texte en majuscules:
IL MARCHE 3 À 4 km CHAQUE JOUR.

➛ kilomètre(s) par heure par km/h


kilowatt(s) par kW (de James Watt, ingénieur britannique, 1736-1819.)
kilowattheure(s) par kWh
litre(s) par l (ou L si l’on craint la confusion du chiffre 1 avec la lettre l).
mètre(s) par m
mètre(s) carré(s) par m2
mètre(s) cube(s) par m3
mètre(s) par seconde par m/s
millibar(s) par mbar L’INFORMATIqUE
milligramme(s) par mg On abgège :
millilitre(s) par ml octet par o
millimètre(s) par mm kilooctet par ko
minute(s) (d’angle) par ' (prime) mégaoctet par Mo
minute(s) (de temps) par min gigaoctet par Go
quintal, quintaux par q bit par b
seconde(s) (d’angle) par " (seconde) pixel par px
seconde(s) (de temps) par s (et non par sec.)
stère(s) par st
tonne(s) par t (et non par T)
volt(s) par V (de Alessandro Volta, physicien italien, 1745-1827.)
watt(s) par W (de James Watt.)

62
L’emploi des majuscules et des minuscules
ON COMPOSE AVEC UNE CAPITALE INITIALE:
• le mot qui commence une phrase ou une citation complète:
Elle lui demanda: «Avez-vous retrouvé ce livre?»
• les patronymes, les prénoms, les surnoms:
Elle vivait avec ce Bernard Lambert, qu’on appelait le Baraqué.
• l’article qui fait partie d’un patronyme:
Le fabuliste Jean de La Fontaine, le paysagiste Le Nôtre.
• les noms des peuples, des habitants des régions et des agglomérations:
Les Espagnols, les Allemands, les Alsaciens, les Grenoblois.
• par contre, le nom des langues s’écrit en bas de casse:
L’espagnol, le français, l’allemand, le russe, l’arabe, etc.
• les noms historiques:
Le Moyen Âge, la Renaissance, la Révolution française.
• le nom des voies, lieux-dits et monuments publics:
La rue Grande, le carrefour des Quatre-Chemins, l’Arche de la Défense,
la Cour Carrée du Louvre, le Quai des Orfèvres.
• les noms communs employés en sens absolu ou en noms propres:
La justice populaire n’est pas forcément la Justice.
Les fresques rénovées du plafond de la Chapelle Sixtine.
L’ambassadeur fut reçu par la Couronne du Danemark.
C’est une jurisprudence du Parquet de Bordeaux.
Son entreprise était en règle avec le Trésor.

église ou Église
• prend une capitale initiale lorsqu’il s’agit du pouvoir spirituel ou temporel
d’une confession chrétienne:
L’Église de Rome, un homme d’Église, les Églises protestantes.
• et n’en prend pas lorsqu’il s’agit d’un lieu de culte ou d’un bâtiment:
Une église romane, l’église du village, la musique d’église.

ORGANISMES D’ÉTAT
➛ PREMIER CAS: LES ORGANISMES MULTIPLES
Ces organismes, existant en un certain nombre de même type dans l’organisa-
tion administrative française, sont des noms communs et, comme tels, s’écrivent tout
en minuscules: ils ne prennent donc pas de capitale initiale.
Par contre, leur intitulé peut contenir un terme spécifique jouant le rôle d’un
nom propre (comme nous venons de le voir) et qui prend alors, à ce titre, une
capitale initiale.

63
L’emploi des majuscules et des minuscules

➛ On écrit donc, dans un texte éditorial (dossiers, articles de presse, brochures, etc.):
l’académie de Reims
un agent de police (police: au sens de faire la police, par un élu municipal
par exemple, pas uniquement par un policier ou par un gendarme)
la caisse régionale de sécurité sociale du Pas-de-Calais
la chambre de commerce de Manosque
la commission des finances de la mairie
le conseil des prud’hommes du Var
le conseil général
le conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA)
la cour d’appel d’Aix-en-Provence
la cour d’assises des Alpes-de-Haute-Provence
l’état-major
le gouverneur militaire de Metz
le grefe du tribunal d’instance de Troyes
l’observatoire de Saint-Michel-de-Provence
Le parc naturel régional du Luberon
la préfecture de Haute-Savoie
la préfecture de Police (police: au sens de l’organisme national)
le 3e régiment d’infanterie
les services de l’Équipement des Vosges
le tribunal correctionnel de la Charente-Maritime, etc.

➛ Par contre, dans une entête de lettre, dans le titre d’une ajche, d’un dépliant,
on portera la capitale initiale :
Parc naturel régional du Luberon, exposition…
Conseil général (général est un adjectif, donc g en minuscule en français)

SECOND CAS: LES ORGANISMES UNIQUES


Ces organismes et institutions d’État, dont la compétence s’étend à tout le ter-
ritoire national, sont de véritables noms propres. Seul, le premier mot nécessaire à
son identification porte une capitale initiale ainsi que l’adjectif (le cas échéant)
qui le précède. Les autres mots restent en minuscules selon les règles déjà vues.
On écrit donc:
l’Administration (au sens de l’autorité administrative française)
les Archives nationales, ou les Archives
l’Assemblée nationale
la Bibliothèque nationale de France
le Cadastre
la Caisse nationale d’épargne
le Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
la Chambre des députés
le Conseil constitutionnel
le Conseil d’État

64
le Conseil des ministres
le Conseil supérieur de la magistrature
les Contributions directes
la Cour de cassation
la Cour des comptes
le Gouvernement (par exemple: français)
la Grande Loge de France
le Grand Orient de France
la Haute Cour de Justice
l’Imprimerie nationale
l’Inspection des finances
l’Institut de France
la Monnaie
l’Ojce des changes
le Parlement (la Chambre des députés)
le Quai d’Orsay (le ministère des Affaires étrangères)
la Sécurité sociale (au sens de l’institution nationale)
le Sénat
la Sûreté nationale
le Trésor, etc.

ORGANISMES INTERNATIONAUX
Ce cas de figure est semblable à celui des organismes nationaux uniques:
ces organismes et institutions d’ordre international ou supranational sont de vé-
ritables noms propres. Seul, le premier mot nécessaire à l’identification porte une
capitale initiale ainsi que l’adjectif (le cas échéant) qui le précède.
Les autres mots restent en minuscules selon les règles déjà vues.
On écrit donc:
l’Agence européenne pour l’énergie nucléaire
l’Association européenne de libre-échange (AELE)
la Banque internationale pour la reconstruction et le développement
(BIRD)
le Bureau international du travail (BIT)
le Bureau Veritas
la Commission de Bruxelles
la Communauté européenne
le Conseil de l’Europe
le Conseil de sécurité (de l’ONU ou Onu)
le Conseil européen de recherches nucléaires (CERN)
la Cour internationale de Justice
le Croissant-Rouge
la Croix-Rouge
le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF ou Unicef)

65
L’emploi des majuscules et des minuscules
le Fonds monétaire international (FMI)
la Ligue arabe
les Nations unies
l’Organisation de coopération et de développement économique
(OCDE)
l’Organisation de l’unité africaine (OUA)
l’Organisation des Nations unies (ONU ou Onu)
l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la
culture (UNESCO ou Unesco, pour United Nations Educational
1. Contrairement Scientific and Cultural Organisation B)
au français, la l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP)
langue anglaise
porte une capitale
l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN ou Otan)
initiale sur l’Organisation internationale du travail (OIT)
chaque substantif l’Organisation mondiale de la santé (OMS)
d’un titre (livres,
organismes, etc.).
l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Ne pas mélanger le Pacte atlantique
les genres. le Parlement européen
l’Union de l’Europe occidentale (UEO), etc.

➛ saint(e) ou Saint(e)
• prend une capitale initiale lorsqu’il s’agit de patronymes, de lieux, de mo-
numents, de voies, de fêtes et d’ordres:
Antoine de Saint-Exupéry, Saint-Benoît-sur-Loire, la Sainte-Chapelle,
l’église Saint-Pierre de Chaillot, la rue Saint-Jacques, le bd Saint-Michel,
la fête de la Saint-Nicolas, la Saint-Nicolas, l’ordre du Saint-Sépulcre,
l’ordre de Saint-Michel.
• prend également une capitale initiale dans certaines expressions tradition-
nelles historiques ou religieuses:
Le Saint Empire romain germanique, le Saint-Esprit, la Sainte-Trinité.
• s’écrit avec un s minuscule quand il désigne le personnage lui-même, quand
il est employé comme simple adjectif ou fait partie de noms communs:
saint Jérôme, sainte Marthe, la fête de saint Nicolas,
l’Écriture sainte, la sainte Famille, la Semaine sainte,
des saint-bernard (chiens), du saint-émilion (vin),
un saint-honoré (pâtisserie), du saint-paulin (fromage).
• Par contre, on écrit:
la Sainte Vierge, le saint-père ou le Saint-Père (le pape)
des saintes nitouches, saint-frusquin, la saint-glinglin
• Le mot saint(e) ne s’abrège qu’en cas de nécessité (le plus souvent par manque
de place ou pour arranger une justification).

66
Il prend alors la forme de:
St ou St, Sts ou Sts, Ste ou Ste, Stes ou Stes
même dans un texte en capitales,
et non: ST, ST, STS, STS, STE, STE, STES, STES

SIGLES ET ACRONYMES
Ils sont formés de la capitale initiale des diférents mots qui composent chaque
nom.
• L’usage de mettre un point et une espace après chaque lettre a été abandonné.
Aujourd’hui, on compose donc les sigles sans points abréviatifs ni espace entre
les lettres:
CDTL, CEE, EDF, MJC, RATP, SNCF, USA, ZA, ZI, etc.
• Lorsque le sigle peut se prononcer aisément, il est possible de le composer
comme un nom propre, c’est-à-dire en minuscules avec une capitale initiale
(cela s’appelle un acronyme):
Assedic, Éna, Euratom, Inserm, Onu, Otan, Unesco, Unicef, etc.
Certains acronymes perdent leur majuscule en devenant noms communs :
laser.

TITRES DISTINCTIFS
➛ Les dénominations d’une dignité, d’une charge, d’un grade ou d’une fonction
sont des noms communs. Dans le texte d’un article, d’un rapport, d’une brochure,
d’une convocation ou même d’un de ces multiples cartons d’invitation, ils s’écri-
vent par conséquent sans capitale initiale:
le capitaine de gendarmerie
le cardinal de Paris
le colonel du 3e régiment d’infanterie
le commandant de l’Airbus
le curé de Cucugnan
le député de la première circonscription
l’évêque de Rouen
le général de brigade
le maire de Toulouse
le ministre de l’Éducation nationale
le préfet de l’Aube
le président du conseil général, etc. Président est un nom commun, au même titre
que le concierge ou les femmes de ménage
du conseil général.
C’est dur à entrer dans la tête de certaines
personnes: Vanitas vanitatum, et omnia vanitas!

➛ Par contre, en tête d’une lettre, on portera la capitale initiale car il s’agit, dans
ce cas précis, d’une formule de politesse:
Monsieur le Maire, Monsieur le Président, etc.

67
L’emploi des majuscules et des minuscules
TITRES D’ŒUVRES ET DE JOURNAUX
Les titres d’œuvres littéraires (romans, documents, pièces de théâtre,
poèmes, etc.), de journaux et de revues, d’œuvres artistiques (peintures, sculp-
tures, compositions musicales, œuvres cinématographiques, etc.) s’écrivent en
entier.
Pour en marquer l’authenticité, on les distingue typographiquement du
restant du texte en les mettant en italique (si le texte est en romain), ou en
romain (si le texte est en italique):
Il fut passionné par Que ma joie demeure de Jean Giono.
Elle relit Le Prophète de Khalil Gibran.
En peinture, il aime bien La Grande Odalisque d’Ingres.
Ils ont revu je ne sais combien de fois Les vacances de Monsieur Hulot
et Mon oncle de Jacques Tati.
L’article défini ne prend l’attribut typographique du nom du titre que s’il fait
réellement partie de ce titre:
Elle lit Le Monde avec attention.
Il pleurait sur Le Grand Meaulnes.
La Comédie-Française rejoue Les Femmes savantes, cet automne.
Lorsque l’article défini n’appartient pas au titre ou s’il a été contracté,
il conserve les attributs typographiques du corps de texte de la phrase:
Un article du Monde traitait de…
Il conservait du Grand Meaulnes un souvenir mélancolique.
L’auteur des Aventures de Gulliver est l’Irlandais Jonathan Swift.
S’écrivent toujours en caractères romains:
• les noms des codes:
le Code de la route, le Code civil, le Code Napoléon…
• les noms des livres sacrés:
la Bible, le Coran, l’évangile selon saint Jean, le Talmud…

Les majuscules issues de la calligraphie


ans la première partie de ce manuel consacrée à l’historique de notre écri-
D ture occidentale, nous avons vu [page 21] qu’à partir du milieu du premier
millénaire de notre ère, on s’est progressivement mis à écrire en lettres minus-
cules, et que les lettres majuscules n’étaient utilisées que comme capitales ini-
tiales. Auparavant (des premiers alphabets phéniciens jusqu’à la fin de l’Empire
romain, c’est-à-dire pendant environ 1 700 ans) les grandes écritures en usage, gra-
vées ou calligraphiées, ne s’écrivaient qu’en lettres majuscules.
➛ Il en découle aujourd’hui que les polices de caractères numérisés, issues de
ces écritures calligraphiques carolingiennes, gothiques et de chancellerie de la
Renaissance (c’est-à-dire en usage entre les années 700 à 1550 environ), que vous

68
employez en PAO, sont logiquement conçues comme elles l’étaient à l’époque:
leurs majuscules ne sont prévues pour n’être utilisées qu’en capitales initiales.
Elles ne peuvent pas fonctionner pour composer les mots entiers en majuscules,
comme cela est possible avec les caractères typographiques issus des écritures
humanistiques des xve et xvie siècles ou qui ont été créés plus tard.
Ainsi en est-il des caractères comme:
• le Zapf Chancery et autres caractères «de chancellerie»:
il faut composer:
et non :
qui est une absurdité typographique (c’est dijcilement lisible).

• le Arnold Böcklin et autres caractères décoratifs :


il faut composer :
et non :

• un grand nombre de scriptes :


il faut composer :
et non :

Mais certaines scriptes ont été conçues typographiquement et peuvent donc


fonctionner en capitales. Il faut faire des essais :

• les gothiques :
il faut composer :
et non :

On peut sourire, mais combien d’enseignes, de menus, d’étiquettes alimentaires,


de titrages, de publications diverses, sous prétexte de faire ancien, sont-ils typo-
graphiés ainsi? Cela ne fonctionne pas et pour cause; en conséquence le texte est
parfaitement illisible et le résultat ridicule.
Pour donner plus de force à un titre forcément en bas de casse et capitales
initiales, on peut renforcer le corps de ces dernières dans un but décoratif : ce
qui se pratiquait à l’époque avec les lettres ornées:

69
On met les accents sur les majuscules

« Onlaneviemetdure
pas d’accent sur les majuscules» fait partie de ces idées reçues qui ont
et qui n’ont plus de raison d’être, un peu comme «On ne coupe
pas la salade dans son assiette» qui a marqué l’éducation de mes grands-parents.
Ne pas couper la salade dans son assiette vient de l’époque où, l’acier inoxydable
n’étant pas encore inventé, le vinaigre de la sauce noircissait les lames de cou-
teaux. Pour éviter cet inconvénient ménager, on érigea cette règle de «bonne
éducation». Aujourd’hui, si cette règle a perdu sa raison d’être depuis l’appari-
tion des couteaux en inox, cette idée reçue reste quand même dans la tête des
gens car, entre temps, elle est devenue synonyme d’être «bien ou mal élevé».
HISTORIQUE
En typographie française, et depuis le courant
du xvie siècle, on met les accents sur les mi-
nuscules et sur les majuscules (il n’y a pas à
faire de diférence entre l’accentuation des mi-
nuscules et des majuscules: c’est la même règle qui
s’appliquent dans les deux cas de figure) pour tra-
duire les subtilités de la prononciation et évi-
ter les contresens. Pour des raisons techniques
de l’époque, il arrivait que certaines polices
soient créées sans accent (à cause de pro-
blèmes de hauteur des lignes de plomb ne per-
mettant pas toujours de respecter l’interli-
gnage), mais le bon typographe les rajoutait
alors souvent manuellement dans ses mon-
tages quand c’était possible (voir l’exemple en
page 72). Enfin, et pour des raisons de con-
traintes techniques cette fois-ci, est apparue, à
la fin du xixe siècle, l’impossibilité d’accentuer
des majuscules :
• en imprimerie, les machines composeuses
(nouvelles machines de composition de «labeur»
qui fondaient des lignes de caractères, soit par
lignes-blocs de plomb: Linotype pour la presse;
soit par lignes de caractères séparés: Monotype
pour le livre), étant de conception anglo-saxon-
ne, ne comportaient pas de majuscules
accentuées, puisque la langue anglaise n’en
comporte pas;
1778 : ici, les majuscules sont accentuées. • et dans les secrétariats, dès leur apparition,
[Bibliothèque de l’auteur.]
les machines à écrire (alors à frappe méca-
nique) ne comportaient pas de majuscules ac-
centuées non plus, car elles étaient, elles aussi,
de conception anglo-saxonne.

70
Machine à écrire de bureau,
L.C. Smith & Bros, 1911.

La Jérusalem délivrée,
imprimerie de Pierre Didot l’aîné,
Paris, an IV de la République (1796).
Les majuscules sont accentuées.
[Bibliothèque de Ladislas Mandel.]

Petit à petit, on s’est ainsi habitué aux majuscules non accentuées, bien qu’elles
n’aient plus permis le respect de l’orthographe exigée par notre langue. Pendant
près d’un siècle, on a justifié ces contraintes techniques par cette idée reçue idio-
te, alors qu’il aurait été plus honnête de reconnaître: «On ne peut plus mettre les
accents sur les majuscules parce que les machines ne le permettent pas.» Ce que les
typographes et autres professionnels étaient les seuls à savoir.
Aujourd’hui, la micro-informatique a remédié à ces lacunes: les polices
numérisées sont conçues avec non seulement les accents en usage en français, mais
également en usage dans bien d’autres langues. L’informatique permet à cha-
cune d’elles de retrouver ses particularismes orthographiques, hormis encore
sous quelques logiciels de traitement de texte (américains, le plus souvent), mais qui
se perfectionnent à chaque version nouvelle.

71
On met les accents sur les majuscules

PROUESSE
Sur cette page datant de 1722,
les caractères sont manifestement
conçus sans accent.
Mais le typographe a ajouté:
• l’accent circonflexe au-dessus
des O, par le bricolage de la lettre
v mise à l’envers ;
• l’accent aigu, par l’apostrophe
placée à gauche des E;
• l’accent grave, par l’apostrophe
placée à droite des E.
(Cette curieuse configuration n’était
pas rare à cette époque.)
Reproduction taille réelle.
[Bibliothèque de l’auteur.]

Précision de René Ponot,


historien de la typographie :
« En fait, les accents débordaient
souvent le corps des caractères et
ils se cassaient.
Ici, le typographe a eu à cœur
de respecter l’orthographe, après
brisure peut-être. »

72
Le dernier obstacle actuel reste un certain enseignement de la dactylographie
non actualisé (comme parfois encore celui à l’école primaire), qui finira bien par
réviser ses vieux manuels, au bénéfice de la bonne tenue des publications dans
notre langue française, y compris celles provenant des secrétariats.
Cet enseignement obsolète n’a pas encore pris en compte le fait que les logi-
ciels de traitement de texte fonctionnent en mode typographique et non plus
en mode dactylographique, du fait de l’ignorance désolante des règles de com-
position typographique de certains soi-disant enseignantsB.
Combien de fois de jeunes femmes (pas celles formées il y a 30 ans) m’ont
répondu: «Ah bon! mais pourtant à l’école [de secrétariat], on nous avait toujours
dit qu’il ne fallait pas les mettre! C’était même une faute!»
Et pourtant, en typographie:
l’accent sur les majuscules, comme sur les minuscules d’ailleurs:
• a pleine valeur orthographique;
• détermine la prononciation;
• évite la confusion de sens de nombreux mots sur lesquels nous butons tous
de temps à autre, comme dans les exemples suivants:

LES ENFANTS LEGITIMES: LÉGITIMES ou LÉGITIMÉS?


L’AUGMENTATION DES RETRAITES:
des RETRAITES ou des RETRAITÉS?
L’ETUDE DU MODELE: du MODÈLE ou du MODELÉ? etc.

➛ L’ Imprimerie nationale préconise l’utilisation systématique des majuscules ac-


centuées, y compris sur la préposition À. Si déjà nous, francophones, avons du
mal à comprendre le sens de certains mots non accentués, à plus forte raison
qu’en est-il des étrangers qui lisent, par exemple, nos documents touristiques!
Certains logiciels (notamment des logiciels techniques) utilisent des polices de ca-
ractères dont les capitales ne sont pas pourvues de tous les accents utilisés en fran-
çais, ou sont parfois même sans accent du tout.
Dans ce cas, l’Imprimerie nationale préconise de proscrire les textes incom-
plètement accentués et d’opter pour une composition:
• soit avec tous les accents français;
• soit sans accent du tout.

1. En France, l’accentuation des majuscules est un véritable abcès de fixation, bien que les choses se cal-
ment: il n’y a qu’à ouvrir n’importe quel dictionnaire pour réaliser que les capitales sont efectivement
accentuées en français, et puis c’est tout. À Apple Expo, ces dernières années, j’ai rencontré séparément
deux enseignants de PAO (qui ne se connaissent pas). Ils m’ont dit à peu près la même chose: «Cet ouvrage
m’a remis en question, en particulier votre chapitre concernant l’accentuation des majuscules. J’ai alors réalisé
que depuis des années j’enseignais des conneries à mes élèves.»

➛ Pour savoir comment réaliser les majuscules accentuées sur votre clavier:
• sur Macintosh, voir pages 104 et suivantes;
• sur PC, voir pages 110 et 111.

73
Les chiffres
LES CHIFFRES ARABES
Ce sont les dix caractères qui nous servent à représenter les nombres :
1 2 3 4 5 6 7 8 9 0
Ils viennent probablement des Indes et nous sont parvenus au xiie siècle par
le canal des Arabes, dont le zéro que l’on ne connaissait pas auparavant en Oc-
cident. Ces chifres arabes ne furent pratiquement pas utilisés pendant près de
deux siècles et ne furent employés régulièrement qu’à partir de l’imprimerie.
1 2 3 4 5 6 7 8 9 0

Ci-contre, métamorphose des chifres arabes progressi-


vement transformés par la notation occidentale, in
La Civilisation de l’écriture, Roger Druet et Herman Gré-
goire, éditions Fayard & Dessain, et Tolra, 1976.

Il existe deux graphies typographiques des chifres arabes:


• Les chifres capitales
appelés également «chifres grandes capitales», «chifres alignés»:
1 2 3 4 5 6 7 8 9 0
qui sont d’excellente lisibilité, mais ne s’harmonisent pas avec les textes minus-
cules. Ils sont apparus au xixe siècle en accompagnement des caractères sans em-
pattements [page 40]. On les utilise principalement dans les textes où leur lisi-
bilité est primordiale: comptabilité, mathématiques, finances, économie, sciences,
etc., du fait qu’ils sont bâtis sur une même hauteur, un même axe central et des
approches fixes, ce qui permet de les mettre facilement en colonnes.
• Les petits chifres
1. Le format
appelés également «chifres minuscules», «chifres elzéviriens»
OpenType permet et parfois «chifres suspendus» [page 40, les augustaux]:
la gestion, dans
un même fichier, 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0
des caractères du
standard Unicode qui sont les chifres nés avec la typographie aux xve et xvie siècles. Leurs ap-
(près de 100 000 proches ne sont pas fixes mais proportionnelles, comme celles des lettres. S’ils
signes du monde
entier, notamment s’harmonisent merveilleusement bien avec les textes en minuscules, ils ne ré-
des ligatures pondent pas aux critères des documents techniques d’aujourd’hui. Par contre, on
et des signes
particuliers, peut se permettre le luxe culturel de les utiliser dans des travaux de qualité, non
comme les signes techniques. En PAO, vous les trouvez dans les polices «expert» qui sont des po-
diacritiques
utilisées dans les
lices complémentaires des polices standard, ou mieux dans les polices OpenTy-
langues de l’Europe pe B dont les premières sont apparues en 2000 . Un certain nombre de caractères
centrale ou au de lecture continue de qualité sont pourvus de ces petits chifres, ce qui permet
Moyen Orient,
comme le turc.) de les utiliser, couplés aux chifres grandes capitales.

74
LES CHIFFRES ROMAINS
Les Romains ne connaissaient pas le zéro. Les chifres romains sont au nom-
bre de 7 et s’écrivent en lettres majuscules :
I V X L C D M
1 I
2 II c’est-à-dire I plus I
3 III I plus I, plus I
4 IV I retranché de V
5 V
6 VI V plus I
7 VII V plus I, plus I
8 VIII V plus I, plus I, plus I
9 IX I retranché de X
10 X
50 L
100 C
500 D
1 000 M
Pour nous et par manque d’habitude, l’utilisation des chifres romains n’est pas
aisée, mais vous ne vous en servez guère que pour composer certains nombres
ordinaux [page 57] et les cas particuliers de l’écriture des nombres en chifres ro-
mains grandes ou petites capitales [pages 78 et 79] comme le veut l’usage, ou en-
core pour comprendre une date ancienne.
L’écriture des nombres en chifres romains se fait en écrivant successivement, et
dans l’ordre, les chifres indiquant d’abord les milliers, puis les centaines, puis les
dizaines et enfin les unités, et sachant que :
I ne peut se retrancher que de V et de X
X ne peut se retrancher que de L et de C
C ne peut se retrancher que de D et de M
11 XI
12 XII
13 XIII
14 XIV
15 XV
16 XVI
17 XVII
18 XVIII
19 XIX
20 XX
30 XXX
40 XL c’est-à-dire X retranché de L (suite page suivante)

75
L’écriture des nombres
50 L
60 LX
70 LXX
80 LXXX
90 XC c’est-à-dire X retranché de C
89 LXXXIX L plus X, plus X, plus X, plus I retranché de X
1789 MDCCLXXXIX M plus D, plus C, plus C
plus LXXXIX comme ci-dessus
1996 MCMXCVI M plus C retranché de M,
plus X retranché de C, plus VI
2000 MM
2001 MMI

Pour une lecture plus aisée, on a pris l’habitude, dans les siècles passés, de mettre
une espace pour séparer les milliers des centaines et les centaines des unités :
M DCC XXIII (1723)
parfois en rajoutant un point après les milliers et les centaines :
M. DCC. XXIII

Les chifres romains peuvent s’aligner verticalement à gauche, par exemple dans
un tableau ou une table des matières. Ils peuvent également s’aligner à droite
quand il est nécessaire de conserver un blanc constant entre le numéro et le
début du texte.

ON COMPOSE EN CHIFFRES ARABES:

• Les nombres dans les quantités:


La règle légale française veut que l’on sépare les nombres par une espace
(norme ISO 31) et non par un point, par tranches de trois chifres avant et après
la virgule:
236 594 350,167 55
La virgule est employée pour séparer la partie décimale de la partie entière
d’un nombre:
935,55

• Les nombres constituant des données quantifiées:


Ce village, de 1 245 habitants, possède 27 km de voies communales répar-
ties sur une surface cadastrée de 25 500 ha 450 ca.
Aux dernières élections : 858 inscrits, 732 votants, 673 bulletins exprimés.

76
• Les dates (sauf les mois), les heures, minutes et secondes, les âges:
La fête du village sera cette année les 5, 6 et 7 août.
J’ai programmé l’enregistrement de 20h 50 à 23 h 15
et non de 20,50 h à 23,15 h, parce qu’il s’agit d’heures et de minutes, et non
d’heures et de centièmes d’heures [page 61].
Mon fils est âgé de 19 ans. J’ai 23 ans de plus que lui.

• Les années:
➛ On ne met pas d’espace entre les milliers et les centaines :
1789 1845 1996 2005

• La pagination:
➛ On ne met pas d’espace non plus entre les milliers et les centaines :
la page 2750

• Les nombres dans les numéros d’ordre:


On ne met pas d’espace non plus entre les milliers et les centaines :
Les numéros d’articles, de lois, de titres financiers, de matricules, de nomencla-
tures, de loteries, d’années, de pages, de rues et d’adresses ne se séparent pas non
plus par tranches de trois chifres (disposition légale):
le billet 2943365 ; le numéro 054532 gagne 3 000 €
L’article 5 de la circulaire préfectorale no 5287/AMP/2395
Matricule 56455 ; véhicule immatriculé 5453 MB 04
34, rue de Rome, 13001 MARSEILLE CEDEX 03

• Pour conclure, on peut dire qu’on compose en chifres arabes tous les nom-
bres dont la nature n’a pas encore été mentionnée ou qui se composent en chifres
romains grandes ou petites capitales [page suivante], comme les nombres s’ap-
pliquant aux mesures métriques et typographiques, aux quantités physiques, chi-
miques ou électriques, aux degrés (d’angle ou de température), aux sommes, aux
pourcentages, aux taux d’intérêt, aux travaux de mathématiques, au numérota-
ge des vers (poésie), des versets des ouvrages sacrés, etc. :
Le prix du mètre de tissu était de 23 € plus 19,6 % de TVA
Un moteur de 5 ampères sous 220 volts
L’étain, d’une densité 7,2, fond à 232 °C et bout à 2 250 °C

L’immatriculation à la Sécurité sociale


Chacun des chiffres ou groupe de chiffres contient sa propre signification :
par exemple, le n° 1 85 04 10 387 164 signifie :
1 = sexe masculin (ou 2 = sexe féminin); 85 = année de naissance;
04 = mois de naissance; 10 = département d’inscription de la naissance;
387 = numéro de la commune; 164 = numéro d’ordre des naissances dans
la commune.

77
L’écriture des nombres
ON COMPOSE
EN CHIFFRES ROMAINS GRANDES CAPITALES:

• Les divisions principales d’un ouvrage:


actes (théâtre), chants (poésie), chapitres, documents, fascicules, livres,
parties, planches et illustrations, sections, titres, tomes, volumes:
l’acte II du Bourgeois gentilhomme
chapitre IX de l’évangile selon saint Jean
le tome V, le fascicule VII, les planches XXI à XXXIV

• Les années du calendrier républicain, les millénaires:


la Constitution de l’an I de la République (1793)
➛ les premiers alphabets sont du IIe millénaire av. J.-C.

• Les régimes politiques, les dynasties, les salons, conciles, etc.:


la IIIe République, la XVIIIe dynastie
les XXes Jeux olympiques d’hiver
le XXVIe Salon de l’agriculture, le concile Vatican II
mais on écrit en lettres : Premier Empire et Second Empire

• Les numéros dynastiques suivant un nom propre de souverain:


Henri IV, Louis XIV, Napoléon Ier, le pont Alexandre III

• Les régions militaires:


la IVe région militaire

ON COMPOSE
EN CHIFFRES ROMAINS PETITES CAPITALES :

➛ • Les numéros des siècles :


Le xviiie siècle français est appelé le siècle des Lumières.

• Les divisions secondaires des ouvrages, tels que chapitres, scènes, odes,
sonnets, strophes, etc. :
Le Bourgeois gentilhomme, acte II, scène iv.

• Dans les ouvrages soignés, les numéros des pages de préface,


d’avant-propos, d’introduction, etc. :
Dans sa préface, page viii, l’auteur attire l’attention sur…

78
ON COMPOSE EN LETTRES:

• Les nombres commençant une phrase :


Cent vingt perdrix s’étaient installées dans la colline
On évitera cette construction de phrase si le nombre est trop long :
Quatre-vingt-dix-sept d’entre elles provenaient…
au bénéfice de la construction suivante:
Cent vingt perdrix […] dont 97 provenaient…

• Les nombres inférieurs à 10 :


Ce manuel se compose de trois parties
Il y a quatre ans et deux mois avait lieu…

• Les nombres employés comme des substantifs :


entrer en sixième, participer aux quarts de finale,
jouer le huit de trèfle, voyager en première

• Les fractions d’heure suivant les mots midi et minuit:


midi vingt, minuit dix-sept

• Les expressions comme:


1. Abréviation les années trente B, l’hospice des Quinze-Vingts, la guerre de Trente ans,
des années : les Trente glorieuses (les années 1945-1975)
voir aussi
en page 42.
• En dessous de cent, les diférents éléments qui composent un nombre sont re-
liés:
soit par un trait d’union:
dix-huit, vingt-quatre, cinquante-trois, quatre-vingt-dix-sept ;
soit par la conjonction de coordination et :
vingt et un, trente et un, quarante et un, soixante et onze

• Il en est de même quand ces nombres entrent en composition avec des


nombres supérieurs à cent :
cent vingt-deux, trois cent trente et un, cinq cent dix-huit
mille neuf cent quatre-vingt-seize

L’écriture des nombres pièges


QUATRE-VINGTS
• prend la marque du pluriel en tant que nombre entier, dans le sens qu’il
signifie une addition franche de quatre fois vingt :
quatre-vingts
• reste invariable dans l’écriture de ses composés :
quatre-vingt-un, quatre-vingt-six, quatre-vingt-treize
ou lorsqu’il prend l’emploi de l’adjectif ordinal «vingtième»:
La page quatre-vingt signifie la page quatre-vingtième.

79
L’écriture des nombres pièges
CENT
• prend la marque du pluriel dans ses multiples entiers et devant millier,
million et milliard :
trois cents, quinze cents, cinq cents millions, six cents milliards,
• reste invariable lorsqu’il est suivi d’un nombre :
trois cent dix, quinze cent quinze, cinq cent cinquante millions,
ou de l’adjectif numéral mille :
sept cent mille euros,
ou lorsqu’il prend l’emploi de l’adjectif ordinal «centième» :
L’année mille neuf cent signifie l’année mille neuf centième.

• La tradition veut que l’on écrive habituellement :


onze cents, douze cents, treize cents, quatorze cents,
quinze cents, seize cents,
plutôt que:
mille cent, mille deux cents, mille trois cents, etc.
mais qu’ensuite on emploie indiféremment:
dix-sept cents ou mille sept cents,
dix-huit cents ou mille huit cents,
et dix-neuf cents ou mille neuf cents.
Cela fait partie des bizarreries de la langue française.

MILLE,
adjectif numéral et nom commun, reste invariable dans les deux cas :
• en tant qu’adjectif numéral:
trois mille personnes
• en tant que nom commun:
Gagner des mille et des cents.

MILLIER, MILLION, MILLIARD


Ces trois termes ne sont pas des adjectifs numéraux mais des noms
communs. En conséquence ils prennent la marque du pluriel:
trois milliers de personnes,
cinquante-sept millions d’habitants,
trois milliards de chifre d’afaires.

Millier est toujours employé avec un sens imprécis et ne peut donc pas se
substituer à mille qui, lui, est rigoureusement précis:
Il y avait trois milliers de manifestants
signifie qu’il y avait environ 3 000 manifestants.
Cette salle contient trois mille places assises
signifie que la contenance est exactement de 3 000 places assises.

80
L’écriture des numéros de téléphone
• Les numéros se composent de plusieurs groupes de chifres séparés entre eux
par une espace, sans point ni trait d’union.
• L’abréviation de téléphone est Tél. ou tél. (avec un point). Dans la mesure du
possible, on composera le mot «téléphone» en entier, c’est plus élégant.
Le fait de mettre un «:» (deux-points) après les mots téléphone et fax n’ap-
porte rien de plus à la compréhension et ne fait que surcharger inutilement.
• On écrit donc:
➛ Téléphone 04 92 76 49 41
ou Téléphone 04 92 76 49 41
Fax 04 92 76 42 50
Fax 04 92 76 42 50
et non:
Téléphone: 04.92.76.49.41 Fax: 04-92-76-42-50
ni Téléphone: 04.92.76.49.41 Fax: 04-92-76-42-50

Le code postal
Pour des raisons techniques de lecture informatique, qui justifient une entorse
aux règles typographiques, la rédaction du code postal (c’est-à-dire la seule der-
nière ligne de l’adresse figurant sur l’enveloppe) s’efectue:
Norme • sans abréviation, sauf Saint et Sainte qui peuvent être abrégés en ST et STE;
AFNOR • en capitales non accentuées et sans soulignement;
NF Z 10-007.
• sans aucun signe d’accentuation;
• les 5 chifres du code postal non espacés.

On compose donc: et non:


Patrick Laugier
25, boulevard des Templiers Saint-Martin-de-Brômes
➛ 04800 SAINT MARTIN DE BROMES St-Martin-de-Brômes
ou SAINT-MARTIN-DE-BRÔMES
04800 ST MARTIN DE BROMES ST-MARTIN-DE-BRÔMES

CEDEX (ou Cedex) se compose sans accent étant donné que c’est l’acronyme de
Courrier d’Entreprise à Distribution EXceptionnelle
(ce qui n’empêche pas de prononcer cédex par commodité.)

Dans les codes postaux belges et suisses, le numéro suit la voie:


Peter Van Der Meersch Johan Schweitzer
Chaussée d’Ixelles 126 Schöferweg 42
B-1050 BRUXELLES CH-3047 BREMGARTEN-BERN

81
Les adjectifs de couleur
• Les adjectifs de couleur s’accordent en genre et en nombre avec le nom
qu’ils qualifient, dans les deux cas suivants:
1. Quand la couleur est indiquée par un seul véritable adjectif. Il s’agit des ad-
jectifs les plus courants, de leurs dérivés en –âtre et des huit suivants: alezan, bai,
écarlate, fauve, incarnat, mauve, pourpre, rose:
des feux rouges des chevaux alezans
des cheveux châtains une jument baie
des eaux verdâtres des étofes pourpres
une étofe vermeille des lèvres incarnates
une truite saumonée des fleurs roses
des liqueurs ambrées des nuages mauves
2. Quand la couleur est indiquée par plusieurs adjectifs concernant des objets
diférents:
des lampions bleus, blancs, rouges
ce qui signifie: des lampions uniquemen bleus, plus des lampions unique-
ment blancs, plus des lampions uniquement rouges.

• Les adjectifs de couleur sont invariables dans tous les autres cas,
qu’il s’agisse de:
1. Plusieurs adjectifs désignant plusieurs couleurs réunies dans un même objet:
des lampions bleu, blanc, rouge
ce qui signifie: des lampions qui sont à la fois colorés de bleu, de blanc et de rouge.
2. Deux adjectifs dont le second précise le premier:
des yeux bleu clair (d’un bleu clair), une mer bleu foncé
des juments gris pommelé
3. Deux adjectifs définissant une troisième couleur qui est le résultat des deux
premières:
des yeux gris-bleu, des nuages bleu-noir, une mer gris-vert
4. Noms employés seuls ou précisant un adjectif de couleur:
des chemises citron, des chemises jaune citron,
des vélos vert pomme, des manteaux vert émeraude,
une teinte abricot, une veste gris souris, un foulard jaune tournesol
une porcelaine bleu de Prusse.
5. Expressions composées (avec ou sans trait d’union) comme:
terre de Sienne, feuille morte, tête-de-nègre, poivre et sel,
vert-de-gris, noir de fumée, vert bouteille, lie-de-vin, etc.

82
La coupure (ou césure) des phrases
Signes utilisés: [pour coupure possible, • pour coupure prohibée.

Dans la mesure du possible, on évite de couper les mots en fin de ligne.


Quand on fait une coupure, on fait en sorte de ne pas diviser:
• un nombre exprimé en chifres du mot qu’il accompagne:
850• brebis dans le pré
Henri• IV
le 14• juillet• 1789, et à défaut : le 14• juillet [1789 (si justification courte)
22• h• 30
• l’appel de note du mot qui le précède:
dans son rapport publié l’an dernier• B
dans son rapport publié l’an dernier• à
dans son rapport publié l’an dernier• (1)
dans son rapport publié l’an dernier• *
• la ponctuation du mot qui la précède:
Voilà ce que contient la boîte•:
En êtes-vous bien sûr•?
Le vent calmé•, la mer apaisée•, il s’endormit•.
• les pourcentages:
53,50•% 53,50• pour cent
• l’abréviation «etc.» du mot qui la précède:
Des tomates, du persil, quelques carottes,• etc.
• dans les verbes à la troisième personne du singulier demandant
un «t euphonique», on divise avant ce t et non après:
apprendra-[t-il et non apprendra-t-•il
mange-[t-on et non mange-t-•on
• de la même façon, on divise:
c’est-[à-dire et non c’est-à-•dire

➛ La coupure d’une adresse électronique trop longue se fait après une barre
oblique :
textetextetexte : https://listes.irisa.fr/wws/arc/typographie/2004-05/
msg00004.html
Pour éviter de la couper, on peut la reporter entière à la ligne suivante:
• alignée à gauche:
https://listes.irisa.fr/wws/arc/typographie/2004-05/msg00004.html
• ou centrée:
https://listes.irisa.fr/wws/arc/typographie/2004-05/msg00004.html

83
La coupure (ou césure) des mots
Signes utilisés: [pour coupure possible, • pour coupure prohibée.

• En règle générale, on divise les mots par syllabes:


Les sau[mons re[mon[tè[rent la ri[vière mal[gré les pré[da[teurs.
• Pour les mots composés avec un préfixe, on fait son possible pour tenir compte
de l’étymologie:
anti[rouille extra[ordinaire supra[national trans[mission
Ce qui n’exclut pas pour autant la coupure syllabique:
extraor[di[naire transmis[sion suprana[tio[nal surten[sion
mais la coupure étymologique est préférable à la syllabique.
• Pour les mots composés avec trait d’union, la division se fait toujours après le
trait d’union:
auto-[école grand-[duc sous-[bois tire-[bouchon
• On ne divise pas un mot avant ou après une apostrophe:
aujourd•’•hui presqu•’•île prud•’•homme
• On ne sépare pas une élision B du mot qui la suit: 1. Élision. C’est
l’•arbre en d’•autres temps j’•ai qu’•elle la suppression de la
voyelle finale d’un
• On ne divise pas les noms propres, les prénoms et les sigles: mot. L’élision se
matérialise par une
Gu•ten•berg Jé•rô•me S•N•C•F Unes•co apostrophe.

• Mais on peut diviser, après le trait d’union, un nom propre composé


ou un prénom composé:
Saint-[Saëns Jean-[François et non Jean-Fran•çois
• On ne divise pas les nombres exprimés en chifres, les dates:
3,•1416 57• 276• 960,55 M.• DCCC.• XXX.• V 1•9•9•8

La coupure (ou césure) des formules


mathématiques, algébriques et chimiques
• Si l’on doit diviser une opération ou formule, on le fait avant les signes
+ – x ÷ = ou autres.
Ces signes sont toujours reportés à la ligne suivante :
a + b [+ (c – d) [= G
• On ne divise pas les symboles chimiques et les lettres de référence :
C•2•H•4•O + O = C•2•H•4•O•2
• On ne sépare pas les symboles du mot qui les précède :
le segment• AB sin• α
Pour les personnes concernées par ces sujets techniques, il existe des ouvrages spécialisés.

84
L’écriture des départements

➛ Les noms des départements, constitués de plusieurs mots, prennent un trait


d’union entre chacun d’eux. En voici la liste :

04 Alpes-de-Haute-Provence
05 Hautes-Alpes
06 Alpes-Maritimes
13 Bouches-du-Rhône
2A Corse-du-Sud
2B Haute-Corse
21 Côte-d’Or
22 Côtes-d’Armor
28 Eure-et-Loir
31 Haute-Garonne
35 Ille-et-Vilaine
37 Indre-et-Loire
41 Loir-et-Cher
43 Haute-Loire
44 Loire-Atlantique
47 Lot-et-Garonne
49 Maine-et-Loire
52 Haute-Marne
54 Meurthe-et-Moselle
62 Pas-de-Calais
63 Puy-de-Dôme
64 Pyrénées-Atlantiques
65 Hautes-Pyrénées
66 Pyrénées-Orientales
67 Bas-Rhin
68 Haut-Rhin
70 Haute-Saône
71 Saône-et-Loire
74 Haute-Savoie Par contre, on écrit sans trait d’union:
76 Seine-Maritime 75 Ville de Paris
77 Seine-et-Marne 90 Territoire de Belfort
79 Deux-Sèvres
82 Tarn-et-Garonne
87 Haute-Vienne
92 Hauts-de-Seine
93 Seine-Saint-Denis
94 Val-de-Marne
95 Val-d’Oise

85
Les régions administratives françaises
La France métropolitaine est divisée administrativement en 22 régions, depuis
la loi du 5 juillet 1972. En voici la liste :
Alsace Île-de-France
Aquitaine Languedoc-Roussillon
Auvergne Limousin
Basse-Normandie Lorraine
Bourgogne Midi-Pyrénées
Bretagne Nord–Pas-de-Calais
Centre Pays de la Loire
Champagne-Ardenne Picardie
Corse Poitou-Charentes
Franche-Comté Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA)
Haute-Normandie Rhône-Alpes

L’écriture du nom des rues


• Les noms des rues constitués de plusieurs mots (même lorsqu’il s’agit d’un
prénom et d’un patronyme) prennent un trait d’union entre chaque mot :
rue du Vieux-Moulin
place de la Porte-Saint-Martin
boulevard Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny
avenue Pierre-Mendès-France
• Ne pas confondre avec l’écriture normale de ces mêmes noms dans un texte
courant (voir pages 63 et suivantes) :
la porte Saint-Martin
le maréchal de Lattre de Tassigny
le président du Conseil, Pierre Mendès France
• On ne met pas la préposition de avant un nom propre de personne.
On dit et on écrit :
l’avenue Victor-Hugo, le boulevard Maréchal-Leclerc
et non :
l’avenue de Victor-Hugo, le boulevard du Maréchal-Leclerc
(l’avenue n’appartient pas à Victor Hugo ni le boulevard au maréchal)
• Dans la rédaction des adresses, les mots : avenue, boulevard, chaussée, impasse,
mail, place, rue, etc., étant des noms communs, ne prennent pas de capitale ini-
Voir aussi
les spécificités tiale, sauf en début de phrase :
d’écriture du 28, avenue Victor-Hugo
Code postal, Avenue Victor-Hugo, au numéro 28, se trouvait…
page 81.

86
La ponctuation française
Apparus au xvie siècle et complétés par la suite, les signes de ponctuation per-
mettent de traduire l’articulation précise du sens de la phrase. Pour s’exprimer
clairement il est nécessaire d’y porter une grande attention: une virgule mal pla-
cée peut changer complètement le sens d’une phrase; par exemple:
Cet homme est paresseux, comme vous il va me falloir sévir.
Cet homme est paresseux comme vous, il va me falloir sévir.
Chaque langue possède ses propres particularismes de ponctuation.

LE POINT
termine la phrase.
➛ • En fin de phrase, on ne met pas de point final après le point d’exclamation,
le point d’interrogation et les points de suspension: ces trois signes de ponctua-
tion jouent déjà, en plus de leur propre rôle, celui de point final.

LA VIRGULE
sépare les parties d’une proposition ou d’une phrase, à la condition qu’elles ne
soient pas déjà réunies par les conjonctions et, ou, ni.
Le renard, sentant la présence du chien, s’en retourna sans bruit.
Le renard sentit la présence du chien et s’en retourna sans bruit.
Le renard craignait la présence du chien ou celle du maître.
Le renard ne sentit ni la présence du chien ni celle du maître.
• Elle sépare les énumérations:
Le renard esquiva le chien, le maître, le piège et l’appât empoisonné.
• Elle isole les mots mis en compléments détachés:
Le renard, rusé comme tout, sut évaluer les dangers.

➛ • On ne met jamais de virgule avant une parenthèse, un tiret ou un crochet.


Deux constructions de phrase sont possibles:
1. La phrase est constituée de deux propositions:
1. Les paren- Le renard sut évaluer les dangers (il faut dire que cet animal est ruséB).
thèses marquent
Dans cette construction, le «i» de «il» est minuscule et le point final de
la pause la plus
forte. tout cet ensemble vient après la parenthèse fermante.
2. Les tirets • On aurait également pu construire la phrase avec un tiret C:
marquent une Le renard sut évaluer les dangers – il faut dire que cet animal est rusé.
pause moyenne
ou poétique.
• Ou simplement avec une virgule D:
Le renard sut évaluer les dangers, il faut dire que cet animal est rusé.
3. Les virgules
marquent la 2. Le texte entre parenthèses est une phrase indépendante:
pause la plus
faible. Le renard sut évaluer les dangers. (Il faut dire que cet animal est rusé.)
Dans cette construction, nous avons deux phrases normalement constituées,
4. L’enchaînement
des démonstrations chacune avec sa capitale initiale et son point final, la seconde ayant la parti-
amène à interférer
sur plusieurs signes
cularité d’être entre parenthèses E. Comme dans toute phrase entre paren-
de la ponctuation. thèses, le point final vient avant la parenthèse fermante.

87
La ponctuation française
• On ne coupe jamais le sujet de son verbe par une virgule.
On n’écrit pas:
Le renard, imaginant déjà une poule grasse entra dans le poulailler.
ni: Le renard imaginant déjà une poule grasse, entra dans le poulailler.
Par contre, le sujet et son verbe peuvent être séparés par une proposition (ou
davantage) encadrée par deux virgules. On revient alors dans le cas des virgules
faisant ojce de pauses faibles de la page précédente:
Le renard, imaginant déjà une poule grasse, se pourléchant déjà les
babines, entra dans le poulailler.
On aurait également pu écrire (pause forte):
Le renard (imaginant déjà une poule grasse, se pourléchant déjà les
babines) entra dans le poulailler.
On aurait encore pu écrire (pause moyenne ou poétique):
Le renard – imaginant déjà une poule grasse, se pourléchant déjà les
babines – entra dans le poulailler.
1. Etc. • «etc.» est toujours précédé d’une virgule et d’une espace B :
Voir également Rusé, le renard évita le chien, le maître, le piège, etc.
page 58

LE POINT D’INTERROGATION
termine toute phrase interrogative de style direct:
– Quelle heure est-il à présent?

LE POINT D’EXCLAMATION
• termine toute phrase exclamative:
– Il est midi plein!
– Il est donc temps de se mettre au travail!
• suit les interjections, comme:
Ah! Oh! Enfin! Hélas! Eh bien! etc.
• dans une suite d’interjections semblables, il ne ponctue que la dernière:
Oh! là, là! Hé hé!

LE POINT-VIRGULE
détache nettement des idées partielles; il marque nettement la fin d’un enchaî-
nement. Il est particulièrement précieux pour composer un raisonnement, un
portrait, un récit.
Ce n’est pas l’intelligence qui manque au renard; il est observateur, il
sait attendre le meilleur moment; les hommes s’en méfient depuis la
nuit des temps; que de contes n’a-t-on écrits à son sujet.

88
LE DEUX-POINTS
introduit une explication, une citation, un discours, une énumération:
Il lui rendit ses biens: son chapeau, son épée et ses métaux.
Jakin et Booz répétèrent: «Soyez attentifs au travail !»

LES POINTS DE SUSPENSION


Ils sont toujours au nombre de trois: tapez le caractère …
et non trois points successifs …
Les points de suspension marquent:
• une suppression:
Il allait vérifier que la grosse porte à double battant soit fermée…
• un sous-entendu ou une interruption:
(dans ce dernier cas, on les met entre crochets)
Il allait vérifier que la grosse porte […] soit fermée et le gros verrou tiré.
• Placés en début de texte: ils sont suivis d’une espace normale:
… C’est alors que l’étranger sortit de l’ombre.
• Placés en fin de mot à l’intérieur d’un texte, ils sont collés à la dernière
lettre et suivis d’une espace normale:
C’est alors que… «l’étranger» sortit de l’ombre.
• Remplaçant un mot: ils sont précédés et suivis d’une espace:
C’est alors que … sortit de l’ombre.
• En fin de phrase, ils viennent collés à la dernière lettre:
C’est alors que l’étranger sortit de l’ombre…
• On ne met pas de points de suspension après «etc.»
➛ On ne compose donc pas:
etc… ni etc.… (etc. + …) ni etc. … [Etc., voir aussi page 58.]

LES GUILLEMETS
Les guillemets français sont des doubles chevrons horizontaux. Ils sont particu-
lièrement visibles et élégants, et font partie de nos particularismes culturels ty-
pographiques. Ils viennent légèrement décollés du mot (ou des mots) qu’ils en-
1. Voir explica- cadrent, par une espace fineB. Exemple :
tions page 93. En réalité «Renart» est le nom propre donné à l’animal appelé «gou-
pil» dans le Roman de Renart, l’un des chefs-d’œuvre de la littérature fran-
çaise du Moyen Âge. «Renart», devenant nom commun, a remplacé
«goupil» et, au fil du temps, le «t» final s’est transformé en «d».
L’anglais utilise des guillemets ouvrants ayant la forme de virgules retournées,
et des guillemets fermants ayant celle de deux apostrophes. Ils viennent accolés
aux mots:
“The English quotation marks.”

89
La ponctuation française
Pour mettre entre guillemets un texte venant à l’intérieur d’un autre texte déjà
entre guillemets, l’anglais utilise les guillemets simples:
“Types were originally copied from ‘manuscript letters’ written with
broad-nobbed pens or quills.”
Pour des raisons pratiques, les informaticiens, au début de l’informatique, ont
utilisé les guillemets simples (quote) et doubles (double quote), en forme de tirets
verticaux (ce qui est une absurdité typographique), venant accolés au mot:
"Types were originally copied from 'manuscript letters' written with
broad-nobbed pens or quills."
Ces guillemets ouvrants et fermants sont les mêmes. [Voir aussi page96.]

➛ Dans la mesure où votre logiciel le permet, utilisez les guillemets français même
pour les travaux «décontractés», le Multimédia, les sites Web [voir
p. 110], etc. Ne pas le faire serait un non-sens culturel concernant notre langue.

➛ Le français utilise les guillemets anglais doubles pour mettre en valeur un texte
venant à l’intérieur d’un autre texte déjà entre guillemets français:
«À l’origine, les caractères typographiques ont repris les formes des
“lettres manuscrites” réalisées au calame ou à la plume d’oie.»
Vous trouverez cette introduction sur les guillemets peut-être un peu longue, mais
c’est un point sur lequel bien des gens se posent des questions.

On utilise les guillemets pour rapporter une citation, un dialogue [voir ci-des-
sous: Jeanne leur a dit…] ou pour mettre en valeur un mot ou un groupe de mots
[voir page précédente l’explication concernant le mot «renard»].
(Ne pas confondre l’usage des guillemets avec celui de l’italique: voir p. 68).

➛ Le point final vient avant ou après le guillemet fermant, en fonction de la


construction du texte entre guillemets:
«Jeanne leur a dit que dimanche ils sont invités à la fête.»
Jeanne leur a dit que «dimanche ils sont invités à la fête».
Jeanne leur a dit: «Dimanche, vous êtes invités à la fête.»
Jeanne leur a dit: «Dimanche, êtes-vous invités à la fête?»
➛ Le point final (ou son équivalent) venant à l’intérieur des guillemets n’est pas
doublé, c’est-à-dire qu’on ne le porte pas une seconde fois après le guillemet fer-
mant B.
On n’écrit donc pas:
Jeanne leur a dit: «Dimanche, vous êtes invités à la fête.».
Jeanne leur a dit: «Dimanche, êtes-vous invités à la fête?».

1. Selon les règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale. Certains codes typo préconisent le
contraire. Si cette conjecture ne fait pas l’unanimité, c’est que dans un cas comme dans l’autre le résul-
tat esthétique n’est pas satisfaisant.

90
LES PARENTHÈSES
sont utilisées pour intercaler une précision dans la phrase:
De bon matin, les chasseurs, leur besace remplie de victuailles (fromage
de chèvre, pâté de lapin et rosé de Provence), se mirent à descendre la
grande combe du Luberon.
Lorsque le texte entre parenthèses commence et se termine par deux attributs
typographiques diférents (comme du romain et de l’italique), la parenthèse fer-
mante prend le même attribut que la parenthèse ouvrante.
On compose donc:
De bon matin, les chasseurs, leur besace remplie de victuailles (fromage
de chèvre, pâté de lapin et rosé de Provence), se mirent à descendre la
parenthèse fermante
grande combe du Luberon. en romain
et non:
De bon matin, les chasseurs, leur besace remplie de victuailles (fromage
de chèvre, pâté de lapin et rosé de Provence), se mirent à descendre la
parenthèse fermante
grande combe du Luberon. en italique

LES CROCHETS
d’emploi moins fréquent, ils sont utilisés pour indiquer:
• une précision à l’intérieur d’une parenthèse:
De bon matin, les chasseurs, leur besace remplie de victuailles (fromage
de chèvre [ajné à point, s’il vous plaît], pâté de lapin [maison] et rosé
de Provence), se mirent à descendre la grande combe du Luberon.
• dans une citation, pour matérialiser une coupure de texte:
De bon matin, les chasseurs […] se mirent à descendre…

LE TRAIT D’UNION
(ou tiret quart de cadratin, le plus court) sert à unir les diférents mots d’un même
nom:
le département des Alpes-de-Haute-Provence
un va-nu-pieds, le tout-à-l’égout

LES TIRETS
• Le tiret (ou tiret demi cadratin, celui de taille moyenne) employé seul:
• signale chaque terme d’une énumération (voir page suivante);
• signale le changement d’interlocuteur d’un dialogue:
– Tu la troubles! reprit cette bête cruelle;
et je sais que de moi tu médis l’an passé.
– Comment l’aurais-je fait, si je n’étais pas né?
reprit l’agneau; je tète encore ma mère.
– Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.
– Je n’en ai point.

91
La ponctuation française
• employés par paire, il encadre un ou plusieurs mots et joue le rôle de
pauses faibles [voir exemples pages 87 et 88].
• Le tiret long (ou tiret cadratin), moins usité, a le même rôle que le tiret demi
cadratin.
➛ • Venant en fin de phrase, le second tiret (le moyen comme le long) est alors
supprimé avant le point final.

E
Les énumérations et les titrages, bien que ne faisant pas, à proprement parler, partie de
la ponctuation, sont placés ici sur le plan pratique.

LES ÉNUMÉRATIONS
• elles sont introduites par un deux-points;
• les énumérations de premier rang sont introduites par un tiret et se termi-
nent par un point-virgule, sauf la dernière par un point final;
• les énumérations de second rang sont introduites par un tiret décalé et se ter-
minent par une virgule. Exemple :
Avant le jour, nos chasseurs rassemblèrent leur fourbi :
– les fusils qu’on avait remis à neuf;
– les cartouches : de quoi soutenir un siège;
– les victuailles préparées avec tant d’attention :
– le fameux fromage de chèvre (ajné à point, donc!),
– le pâté de lapin de la tante Marie,
– un pain de campagne, à peine sorti du four,
– ce rosé de Provence que Jacques apprécie tant,
– des appeaux de perdrix grise et de caille femelle;
– de la ficelle qui pourrait toujours servir;
– les pipes, du tabac brun et des allumettes.

LES TITRES ET INTERTITRES


Quand la typographie marque elle-même la rupture de la phrase, c’est-à-dire
que le découpage des lignes permet d’en comprendre le sens, on ne met pas de
point, de virgule ou de point-virgule :

De bon matin
nos lurons de chasseurs
très excités
se mirent à descendre
la grande combe
92
L’apostrophe typographique

➛ • L’apostrophe marque l’élision, c’est-à-dire la suppression de la voyelle finale


d’un mot. On ne met d’espace ni avant ni après l’apostrophe:
d’un, l’arrivée
et non:
d’ un, l ’arrivée, qu ’ elle
• L’emploi de l’apostrophe naguère utilisée dans grand’rue, grand’père,
grand’mère, grand’oncle, etc., est maintenant remplacé par le trait d’union: grand-
rue, grand-père, grand-mère, etc.
Mais on a conservé: prud’homme et aujourd’hui.

➛ • L’apostrophe typographique est dessinée dans la logique graphique propre à


chaque caractère:

l’abeille, aujourd’hui, l’ours, l’oie,


• Au début de l’informatique, pour gagner de la place dans la table normalisée des
1. ASCII. Code caractères (dite «table ASCIIB»), les informaticiens, s’inspirant de l’économie réa-
informatique lisée sur les claviers des machines à écrire d’alors, ont programmé une seule touche,
traduisant tous
les caractères la quote, pour réaliser et le guillemet anglais simple et l’apostrophe C.
dans des Malheureusement, cette apostrophe verticale vient comme une pièce étrangère
nombres allant dans les compositions typographiques, comme vous pouvez vous en rendre compte
de 0 à 255.
par comparaison entre les exemples ci-dessus et ci-dessous.
2. Voir page 90.
l'abeille, aujourd'hui, l'ours, l'oie,
• Tous les ordinateurs possèdent encore cette apostrophe verticale rudimen-
taire. Les choses évoluant quand même, les logiciels sont généralement dotés
d’un réglage permettant de la remplacer par l’apostrophe typographique, de
façon automatique.
À défaut, on réalise cette apostrophe typographique:
• sur Macintosh: en appuyant en même temps sur la touche apostrophe
(touche «4» du grand clavier, en minuscule) et sur une autre touche [voir
pages 106] ;
• sur PC: voir page 110. À la fin de la saisie d’un texte, on peut aussi utiliser
l’option Rechercher ' puis Remplacer partout par Alt 0146.

➛ • Dans la mesure où votre logiciel permet de réaliser l’apostrophe typogra-


phique, je vous recommande de l’utiliser systématiquement, parce que c’est
notre tradition typographique. Si l’opération est manuelle et vous paraît en-
nuyeuse, mettez-la au moins sur les textes en grands corps comme dans les titres
et les sous-titres: ce sera déjà plus élégant.
Mais l’utilitaire Prolexis convertit automatiquement l’apostrophe verticale in-
formatique en apostrophe typographique [voir page 127]. C’est très pratique.

93
La ponctuation française
LES ESPACES EN USAGE
AVANT ET APRÈS LES SIGNES DE PONCTUATION

AVANT APRÈS
le signe de ponctuation le signe de ponctuation

point
pas de blanc . espace-mot

point d’interrogation
espace fine insécable ? espace-mot

point d’exclamation
espace fine insécable ! espace-mot

virgule
pas de blanc , espace-mot

point-virgule
espace fine insécable ; espace-mot

deux-points
espace-mot insécable : espace-mot
ou espace fine insécable

guillemet ouvrant
espace-mot « espace fine insécable
sauf en début d’alinéa où l’on ne met pas d’espace

guillemet fermant
espace fine insécable » espace-mot

barre de fraction ou slash


L’apostrophe et espace fine insécable / espace fine insécable
le trait d’union
ne sont pas des
signes de ponc- apostrophe
tuation, mais
des signes
pas de blanc ’ pas de blanc
grammaticaux.
Mais il est
pratique de
points de suspension
les placer ici. pas de blanc ou espace-mot … espace-mot
selon le cas [voir page 89]

94
parenthèse ouvrante
espace-mot ( pas de blanc

parenthèse fermante
pas de blanc ) espace-mot

crochet ouvrant
espace-mot [ pas de blanc

crochet fermant
pas de blanc ] espace-mot

trait d’union
pas de blanc - pas de blanc

tiret
espace fine sécable – espace fine sécable

tiret long
espace fine sécable — espace fine sécable

Cette gravure sur bois représente un typographe assis en


plein travail. Devant lui se trouve le texte manuscrit. Il
compose son texte caractère par caractère – qu’il prend
dans les cassetins de la casse [p. 32] – dans un composteur
[p. 119]. La «belle ouvrage» demandait alors beaucoup de
connaissances typographiques et beaucoup de temps.
Ne vous faites pas d’illusion: avec votre logiciel, cette
belle ouvrage demande également aujourd’hui des
connaissances et du temps, même si ce dernier est plus
court et moins astreignant.
La Grande Danse macabre des hommes, Mathieu Husz, Lyon, 1490.

PRATIQUE
Le correcteur typographique, orthographique et grammatical ProLexis est d’une très grande utilité, en particulier en ce
qui concerne les corrections typographiques (programmées sur celles de l’Imprimerie nationale), comme par exemple de
mettre en place automatiquement les espaces avant et après les signes de ponctuation, ce qui, manuellement, est
une opération fastidieuse, pour ne pas dire irréalisable dans les conditions de travail d’aujourd’hui [voir en page 127].

95
TROISIÈME PARTIE

Quelques
informations
pratiques
Fonctionnement du caractère typographique
LES DIFFÉRENTES ESPACES
epuis la composition typographique plomb, l’unité de mesure des espaces
D est tradionnellement le cadratin. Sa largeur a la valeur du corps du caractère
composé. En corps 10, la largeur du cadratin est donc de 10 points , soit environ
1. Voir 3,76 mm en points DidotB et 3,51 mm en points PicaB.
pages 97 et 98 Les sous-multiples du cadratin sont le demi-cadratin, le tiers de cadratin, le
et dans
Mise en page quart de cadratin et le huitième de cadratin. Ce dernier, qu’on appelle égale-
et impression. ment espace fine ou fine, a comme rôle de décoller juste un peu certains signes
de ponctuation du mot qui les précède. Ces diférentes espaces sont matériali-
sées par des blocs de plomb que l’on insère entre les caractères.
En typographie numérisée, l’espace que vous faites sur le clavier de votre
ordinateur avec la barre d’espacement est appelée espace-mot ou intermot. Sa
largeur, définie par le créateur de caractères en fonction de la hauteur d’œil de
la fonte numérique [voir en page 98], est variable et tourne autour de 1/4 à 1/3
du cadratin traditionnel.
Dans le cas d’un texte justifié sur les deux côtés, sa largeur varie automati-
quement en fonction du nombre d’espaces disponibles dans la ligne considérée
(sous Word, QuarkXPress, etc.,) ou dans le paragraphe (sous Adobe InDesign).
C’est pour cette raison que cette espace est encore appelée espace justifiante.
➛ En typographie numérisée, la valeur du cadratin traditionnel et celles de ses
sous-multiples ne correspondent plus aux mesures anciennes. C’est pourquoi,
il est plus logique, aujourd’hui, de ne considérer que deux sortes d’espaces:
• l’espace-mot, comme nous venons de le voir;
• l’espace fine, utilisée dans la ponctuation, d’une largeur plus petite que celle
de l’espace-mot et laissée à l’appréciation de l’utilisateur.

hauteur
du corps
utilisé Du pâté de lapin?
cadratin espace-mot espace fine
traditionnel sécable insécable
(carré)

Les espaces peuvent être soit sécables, soit insécables, c’est-à-dire qu’elles peu-
vent être séparées des deux lettres ou signes qu’elles relient, ou pas.
Une espace insécable empêche, par exemple, de trouver un signe de ponc-
tuation en début de ligne, parce que c’est la dernière syllabe du mot + l’espace
insécable + le signe de ponctuation qui passent alors à la ligne suivante, en un
seul bloc. De plus, la largeur des espaces insécables ne peut pas être modifiée.
Vous devez normalement trouver dans le manuel de votre logiciel les opé-
rations à accomplir pour réaliser les espaces insécables et les espaces fines.
➛ Si votre logiciel ne vous permet pas de réaliser l’espace fine, mieux vaut
mettre une espace-mot (qui sera donc plus large que la fine) que pas d’espace
du tout: pour une meilleure lisibilité et le confort de lecture.

98
abpC
hampe (ou ascendante) corps
Cet exemple
est en
Le Monde Livre
normal,
corps 100 (Didot).

Un point Didot vaut


0,3759 mm.
jambage (ou descendante)

empattement

LA FORCE DE CORPS
Elle s’exprime en points typographiques. En France, la mesure typographique
de référence est le point Didot. Il équivaut à 0,3759 mm. Il fut inventé par
François-Ambroise Didot vers 1780. Il comporte un multiple de douze points
appelé douze ou encore cicéro.
Pour indiquer la taille d’un caractère, on indique son corps: il correspond à la
hauteur maximale des lettres (hampes et jambages compris), plus un petit blanc
au-dessus (talus de tête) et un autre en dessous (talus de pied), pour que les lignes
de texte ne se touchent pas. Quand on parle d’un texte composé en corps 12, cela
signifie qu’il est composé dans le corps dont la hauteur est de 12 points Didot,
et en réalité de 0,3759 x 12 = 4,5108 mm.

Vista Sans, caractère créé par Xavier Dupré en 2006 (voir page 50).
corps 6 Le point Didot est la mesure typographique utilisée en France.

8 Le point Didot est la mesure typographique utilisée en France.

12 Le point Didot est la mesure typographique en France.


15 Le point Didot est la mesure typographique en
18 Le point Didot est la mesure typograpique

30 Le point Didot est la mesure


42 Le point Didot est
54 Le point Didot
99
Fonctionnement du caractère typographique
Les Anglo-Saxons utilisent le point Pica qui est la subdivision en 72 parties de
l’inch (le pouce anglais); il équivaut à 0,35135 mm, c’est-à-dire qu’il est légè-
rement plus petit que le point Didot. Il comporte lui aussi un multiple de
12 points: le pica.
Actuellement, les logiciels de PAO de conception américaine sont naturelle-
ment réglés par défaut en points Pica, mais la plupart vous permettent la conver-
sion dans d’autres mesures, dont le point Didot ou le point métrique (0,4 mm)
adopté par l’Imprimerie nationale depuis 1790.

L’ŒIL D’UN CARACTÈRE (pluriel: des œils)


À l’origine, ce mot désignait la hauteur totale de la partie imprimée des ca-
ractères en plomb, ascendante et descendante comprises. Aujourd’hui, on l’uti-
lise pour nommer la hauteur des lettres courtes, c’est-à-dire sans ascendante ni
descendante comme les a, e, o, u, x, etc. (voir le schéma ci-dessous). La hauteur
d’œil, également appelée « hauteur d’x », est propre au dessin de chaque carac-
tère. En voici quelques exemples:

Le corps est le même pour chacun de ces 4 caractères :

œil du œil du
œil du Tiepolo Zinzolin
œil de Futura corps 100
book
l’Adobe book
Garamond corps 100
corps 100
corps 100

La diférence de hauteur d’œil, d’un caractère à un autre, n’a aucun rapport


avec la force du corps qui, elle, reste constante, corps par corps (ci-dessous, l’in-
terlignage, matérialisé par les lignes en pointillés, est de 13 points):

Exemple d’un caractère petit œil : Exemple d’un caractère gros œil :
Adobe Garamond regular, corps 11. Arial normal, corps 11.
Le matin, la brume de mer se lève. On Le matin, la brume de mer se lève. On
commence à être inquiet. Tout l’équipage commence à être inquiet. Tout l’équipa-
est en haut. Le capitaine ne quitte pas la ge est en haut. Le capitaine ne quitte
dunette. Dans l’entrepont, où les soldats pas la dunette. Dans l’entrepont, où les
sont enfermés, il fait noir. soldats sont enfermés, il fait noir.

Le choix des caractères (et donc de la grandeur des œils qui en résulte) interfère
sur la lisibilité et l’allure graphique de vos mises en pages. Un caractère gros œil
demande généralement à être un peu plus interligné qu’un caractère petit œil.

100
espace

AB cpi corps

Cet exemple
est en
Le Monde livre
normal

● corps 100.
● ●

chasse approches

LES APPROCHES
Ce sont ces petits intervalles verticaux, situés à gauche et à droite de chaque
caractère. Ils sont prévus par leur créateur de façon à ce que chaque bas de casse,
chaque capitale, chaque chifre, chaque signe de ponctuation et chaque signe
autre se positionnent de façon harmonieuse à côté de chacun des autres «types»
de la police.
Suivant le nombre de types, il peut y avoir plusieurs milliers d’approches de
paires à prérégler dans une même police, par son créateur. En création de po-
lices, le dessin des caractères est une chose qui n’est déjà pas évidente, mais la
mise au point des approches est la plus compliquée et celle qui demande le plus
de connaissances. Quand les approches ont été bien réalisées, vous obtenez une
composition qui s’écoule bien, qui donne un beau gris typographique.
Malheureusement, un assez grand nombre de polices numérisées sont lancées
sur le marché avec des approches incomplètement réglées, dans le but de réduire
leur prix de vente. Il est parfois nécessaire de les reprendre manuellement une
➛ par une, au juger, pour obtenir des masses blanches équilibrées optiquement
entre les caractères.
Certaines corrections d’approche peuvent se prérégler une fois pour toutes,
police par police, sur certains logiciels comme QuarkXPress et InDesign.

Exemple en Firenze, corps 23 :

RÉGLAGE DES APPROCHES


Flèche couleur = approche trop serrée. Flèche noire = approche trop large.

Ce qui donne, après reprise manuelle :

RÉGLAGE DES APPROCHES


+5 – 5 – 6 – 20 – 4 + 13 – 10 – 10 +5 +8 +8

Unité de mesure des corrections effectuées ici sur QuarkXPress : le 1/200 de cadratin.

101
Fonctionnement du caractère typographique

OISAN 1 2 3 4
Le Monde
Livre
normal
corps 90.

Pour équilibrer les approches entre les lettres, il faut considérer les blancs entre
chacune d’elles. Pour ce faire, il faut se reculer un peu de l’écran, cligner des
yeux et imaginer dans sa tête ces surfaces, ici représentées en grisé. (On agit de
même pour équilibrer les espaces entre chaque mot.) Avec un peu d’habitude, on
perçoit très vite les disproportions.
Si, dans l’exemple ci-dessus (avec quelques lettres à problème comme le O et
le AB), je considère que l’espacement 1 me convient, je vais devoir agrandir le 2
et resserrer les 3 et 4, ce qui donne :

OISAN 0 +5 –6 –5
Unité de mesure des corrections efectuées ici sur QuarkXPress : le 1/200 de cadratin.

Mais je peux aussi, dans un but décoratif ou de lecture à distance, interlettrer


davantage C. Il me faudra alors régler les approches de la même façon :

O I SAN
1. En typographie de qualité, la mesure des approches se règle à partir du couple des deux lettres : L A.
2. Voir Mise en page et impression, page 72.

102
LA GRAISSE
Il s’agit de l’épaisseur du dessin d’un caractère. À chacune des valeurs de graisse
correspond une dénomination, qui varie d’une police à une autre en fonction
du vocabulaire en usage dans le pays d’origine [voir la note page 5].
• Certaines polices (généralement les « fantaisies », les gothiques et la plupart
des scriptes) ne possèdent qu’une seule graisse, comme :

• La plupart sont dotées du maigre, du gras, voire du demi-gras :


Adobe Garamond regular et italic
Adobe Garamond bold et bold italic
Adobe Garamond semi-bold et semi-bold italic
• Quelques-unes, enfin, sont dotées d’une grande déclinaison de graisses, comme
Univers, Helvetica Neue, Le Monde Sans et Présence (voir ci-dessous).

LA CHASSE
Il s’agit de la largeur d’un caractère (y compris ses approches).
Elle difère d’un caractère à un autre en fonction du dessin de chacun d’eux et
a été conçue, par son créateur, pour fonctionner sans modification d’échelle,
ni horizontale ni verticale :

Chasse du Présence
ultra light et black, corps 85. Présence est un caractère créé par Thierry Puyfoulhoux en 1999.

➛ Cela dit, les logiciels de PAO permettant de modifier ces deux échellesB par ana-
morphose, on peut étroitiser ou élargir très légèrement la largeur des caractères
des textes d’édition pour certaines raisons pratiques, mais en restant dans des me-
sures de bon sens (5 % au grand maximum) et ne pas aboutir à ceci :
Le méchant loup se cachait au fond du bois.
Le méchant loup se
Cet exemple est en Le Monde Livre Semi Bold, corps 15, étroitisé à 50 % et élargi à 250 %.

1. La modification des échelles des caractères provoque bien des polémiques dans le milieu professionnel
de la typographie, car elle mutile les caractères, c’est évident. L’ordinateur permettant ces modifications,
il faut quand même vivre avec son époque, mais également réfléchir à ce que l’on fait: si certains carac-
tères de fantaisie supportent plus ou moins bien ces déformations, les caractères classiques à empatte-
ments ne les supportent pas du tout, et il est préférable, culturellement parlant, de ne pas y toucher.

103
Les caractères du clavier du Macintosh
Le clavier du Macintosh permet d’obtenir jusqu’à 4 caractères sur certaines
touches, et non pas seulement 2, comme sur les machines à écrire :
• Les 2 caractères obtenus comme en dactylographie : en tapant sur les touches
soit en minuscule, soit en majuscule. Les caractères obtenus sont ceux qui figu-
rent sur les touches.
• D’autres caractères, obtenus en tapant sur une touche, tout en tenant enfon-
cée la touche Option (Alt).
• D’autres caractères obtenus en tapant sur une touche, tout en tenant enfon-
cées les touches Option-Capitale (non bloquée).
• D’autres caractères, enfin, en tapant sur certaines touches, tout en tenant en-
foncée la touche Caps Lock (capitale bloquée).
➛ Selon les logiciels, les commandes ne sont pas toutes les mêmes. De plus, cer-
taines polices sont dotées de caractères particuliers, non standards, que d’autres
ne possèdent pas forcément. Il faut faire des essais, trouver les bonnes combi-
naisons, puis en prendre note.
➛ Voici les opérations à réaliser sur Macintosh pour obtenir, selon votre logiciel,
les caractères suivants :
À : Caps Lock + à
ou ` (accent grave), relâcher, puis Majuscule-A
 : Option + Z
ou ^ (accent circonflexe), relâcher, puis Majuscule-A
á : Option + Majuscule + 1, relâcher, puis a
Á : Option + Majuscule + 1, relâcher, puis A
É : Caps Lock + é
ou Option + Majuscule + 1, relâcher, puis Majuscule + E
È : Caps Lock + è
ou Option + K
ou ` (accent grave), relâcher, puis Majuscule-E
Ê : Option + Majuscule + E
ou ^ (accent circonflexe), relâcher, puis Majuscule + E
Ë : Option + Majuscule + K
ou ¨ (tréma), relâcher, puis Majuscule + E
Ç : Option + ç
í : Option + Majuscule + 1, relâcher, puis i
Í : Option + Majuscule + 1, relâcher, puis I
ì : ` (accent grave), relâcher, puis i
Ì : ` (accent grave), relâcher, puis I

104
ò : ` (accent grave), relâcher, puis 0
Ò: ` (accent grave), relâcher, puis O
ó : Option + Majuscule + 1, relâcher, puis o
Ó: Option + Majuscule + 1, relâcher, puis O
Apostrophe typographique ’ :
en frappe directe, si votre logiciel est programmé pour
ou Option + Majuscule + Apostrophe
Les guillemets,
s’obtiennent qui est aussi le guillemet anglais simple fermant.
par combinai- Voir aussi ce que donne ctrl (contrôle) + Apostrophe
son des touches
indiquées Guillemet français ouvrant « :
ci-contre. en frappe directe, si votre logiciel est programmé pour :
Selon le réglage
de votre logi- (sous QuarkXpress, le guillemet est ouvrant quand il est tapé après une espace).
ciel, vous obte- ou Option + 7
nez les guille-
ou Option + Guillemet
mets français,
ou anglais, (qui parfois donne le guillemet anglais ouvrant “ )
ou verticaux. Voir aussi ce que donne ctrl (contrôle) + Guillemet
Il faut faire vos
essais.
Guillemet français fermant » :
N’oubliez pas en frappe directe, si votre logiciel est programmé pour :
que vous pouvez
modiier les (sous QuarkXpress, le guillemet est fermant quand il est tapé après un signe).
réglages par ou Option + Majuscule + 7
défaut ou Option + Majuscule + Guillemet
(qui sont les
réglages de la (qui parfois donne le guillemet anglais fermant ” )
langue anglaise,
installés d’ojce
par le construc-
teur) dans les
préférences du INFORMATIONS PRATIQUES MACINTOSH
logiciel utilisé.
L’extension Pop Char, dont l’icône apparaît dans la barre de menu permet de
visualiser la totalité des signes dont est dotée la police en service et de les faire
venir dans votre composition typographique en cours. Ce qui est fort pratique
pour des polices « expert » et les polices de signes divers. Il est plus rapide d’al-
ler chercher une seule fois le signe désiré, puis de le multiplier dans sa compo-
sition par copier-coller.
Les grilles figurant dans les pages suivantes vous permettront de savoir comment
procéder pour obtenir les caractères non imprimés sur les touches (comme les
capitales accentuées et les guillemets à la française des polices de caractères stan-
dards), le positionnement des caractères des polices « expert » (ligatures, petits
chifres, petites capitales, ornements, etc.) ainsi que celui des symboles divers fi-
gurant sur des polices comme Zapf Dingbats, Symbol, etc.
Ces grilles ont été réalisées sous QuarkXpress pour Macintosh.

105
Grille des caractères standard
Grille réalisée en caractère Le Monde Livre, dans l’ordre du clavier AZERTY, pour Macintosh.
Exemple : pour obtenir le caractère Æ, tapez la touche A tout en tenant enfoncées les touches Option + Majuscule

Touches Option Option Touches Option Option


bdc CAP bdc CAP
clavier + bdc + CAP clavier + bdc + CAP

# @ # • Ÿ * $ * ‚ ¥
1 & 1  Q q Q ‡ Ω
2 é 2 ë „ S s S Ò ∑
3 " 3 « » D d D ∂ ∆
4 ' 4 ‘ ’ F f F fi fl
5 ( 5 { [ G g G fi fl
6 § 6 ¶ å H h H Ì Î
7 è 7 “ ” J j J Ï Í
8 ! 8 ¡ Û K k K È Ë
9 ç 9 Ç Á L l L ¬ |
0 à 0 ø Ø M m M µ Ó
° ) ° } ] % ù % Ù ‰
- - _ — – £ ` £ @ #
A a A æ Æ > < > ≤ ≥
Z z Z Â Å W w W ‹ ›
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R r R ® € C c C © ¢
T t T † ™ V v V ◊ √
Y y Y Ú Ÿ B b B ß ∫
U u U º ª N n N ~ ı
I i I î ï ? , ? ∞ ¿
O o O œ Œ . ; . … •
P p P π ∏ / : / ÷ \
¨ ^ ¨ ô Ô + = + ≠
106 ➛ Abréviations professionnelles utilisées [voir page 58 ] :
bdc = bas de casse (pour minuscules) , CAP = capitales (pour majuscules).
Grille des caractères non standard
Classica Normal Expert Le Monde Livre Classic Swash

Touches Option Option Touches Option Option


bdc CAP bdc CAP
clavier + bdc + CAP clavier + bdc + CAP

## # • Ÿ ** $ * ‚ ¥
1¨ & 1  QQ q Q ‡ Ω
22 é 2 ë „ SS s S Ò ∑
33 3 DD d D ∂ ∆
44 ’ 4 ‘ ’ FF f F fi fl
55 ( 5 { [ GG g G fi fl
66 § 6 ¶ å H
H h H Ì Î
77 è 7 JJ j J Ï Í
88 ! 8 ¡ Û KK k K È Ë
99 ç 9 Ç LL l L ¬ |
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AA a A æ Æ <> < > ≤ ≥
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OO o O œ Œ .. ; . … •
PP p P π ∏ // : / ÷ \
¨¨ ^ ¨ ô Ô ++ = + ≠
Avec le format OpenType, les caractères «experts» d’une police sont désormais inclus dans le même
fichier que celui des caractères normaux. 107
Grille « Zapf Dingbats » sur Macintosh
Mode d’emploi pour réaliser des grilles : vous réalisez une seule fois le gabarit en faisant des blocs-textes in-
dépendants (matérialisés ici par les encadrés en pointillés) : pour les têtières, pour les colonnes verticales où figu-
rent les touches clavier (ici, en couleur) et pour les caractères de la police concernée. Vous tapez chacun des ca- ➚
Touches Option Option Touches Option Option
bdc CAP bdc CAP
clavier + bdc + CAP clavier + bdc + CAP

# ✠ ✃ ❥ ➙ * ✄ ☛ ➢ ⑨
1 ✆ ✑ ♠ Q ❑ ✱ ➠ ❽
2 ✒ ➣ S ▲ ✳ ➱ ❷
3 ➈ ✓ ➇ ➈ D ❄ ✤ ❶ ➆
4 → ✔ ➔ → F ❆ ✦ ➞ ➟
5 ✈ ✕ ❛ ✻ G ❇ ✧ ➞ ➟
6 ❤ ✖ ❦ ❴ H ❈ ★ ➭ ➫
7 ✗ ➇ ➈ J ❊ ✪ ➬ ➪
8 ✁ ✘ ➁ ➳ K ❋ ✫ ➩ ➨
9 ❵ ✙ ❪ ➧ L ● ✬ ➂ ❜
0 ❰ ✐ ❿ ④ M ❍ ✭ ⑩ ➮
° ✉ ❡ ❝ ✽ % ☎ ☎ ➴ ➤
- ✍ ✿ ➑ ➐ £ ❀ ❣ ✠ ✃
A ❁ ✡ ❾ ③ < ✜ ✞ ⑦ ⑧
Z ❚ ✺ ➥ ❩ W ◗ ✷ ➜ ➝
E ❅ ✥ ➦ X ❘ ✸ ➅ ➚
R ❒ ✲ ♣ ➛ C ❃ ✣ ♦ ❢
T ▼ ✴ ♥ V ❖ ✶ ↕ ➃
Y ❙ ✹ ➲ ➙ B ❂ ✢ ❧ ❺
U ◆ ✵ ❼ ❻ N ■ ✮ ❞ ➵
I ❉ ✩ ? ✌ ✟ ⑤ ➀
O ❏ ✯ ➏ ➎ . ✛ ✎ ➉ ❥
P ❐ ✰ ❹ ❸ / ✚ ✏ ↔ ✼
¨ ✾ ① ➯ + ✝ ☞ ② ⑥

108
Grille « Symbol » sur Macintosh
ractères à sa place. Ne pas oublier de donner le même interlignage aux colonnes des touches du clavier et aux co-
lonnes des caractères de la police choisie. Pour réaliser d’autres grilles, faites des Enregistrer sous et remplacez
uniquement les caractères des deux grandes colonnes par ceux d’autres polices.

Touches Option Option Touches Option Option


bdc CAP bdc CAP
clavier + bdc + CAP clavier + bdc + CAP

# *
1 Q
2 S
3 D
4 F
5 G
6 H
7 J
8 K
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- £
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Y B
U N
I ?
O .
P /
¨ +
109
Les caractères du clavier des PC
ur PC, pour accéder aux caractères que l’on ne voit pas inscrits sur le clavier,
S il faut taper un code sur le pavé numérique tout en maintenant enfoncée la
touche « Alt » située à gauche de la barre d’espacement. Il s’agit là d’une règle appli-
cable à tous les logiciels. Cela étant, certains traitements de texte ou programmes de
mise en pages facilitent la frappe de ces caractères en proposant des raccourcis clavier.
Il faut se reporter à leurs documentations respectives pour connaître ces raccourcis.
Nous reproduisons ci-dessous un extrait de la table des caractères de Windows (dite
ANSI) correspondant aux lettres accentuées et signes spéciaux. On trouvera la table com-
plète dans l’accessoire fourni avec Windows et qui s’appelle Table de caractères . En
bas, à droite de la fenêtre de cet accessoire, s’ajche la combinaison de touches à em-
ployer pour obtenir le caractère sélectionné.
Certains de ces caractères accentués sont directement accessibles sur le clavier (é, è,
ç, à, ù), d’autres s’obtiennent en frappant d’abord l’accent puis la lettre (l’accent cir-
conflexe et le tréma se trouvent à droite de la lettre « P »). Pour les autres, le code est indis-
pensable. Pour obtenir un caractère, procédez comme suit :
Appuyez sur la touche « Alt » située à gauche de la barre d’espacement et, tout en
la maintenant enfoncée, tapez les quatre chifres de son code les uns après les autres,
puis relâchez la touche « Alt ».

PONCTUATION ET SYMBOLES
0133 … points de suspension
0145 ‘ guillemet simple ouvrant (anglais)
0146 ’ guillemet simple fermant (anglais) et apostrophe typographique
0147 “ guillemet double ouvrant (anglais)
0148 ” guillemet double fermant (anglais)
0171 « guillemet français ouvrant
0187 » guillemet français fermant
0149 • puce
0150 – tiret demi-cadratin
0151 — tiret cadratin
0160 – espace-mot insécable
0169 © symbole de copyright
0174 ® symbole de marque déposée (registered)
0188 V
0189 U
0190 W

110
MAJUSCULES ACCENTUÉES ET LIGATURÉES
0140 Œ OE ligaturés
0192 À A accent grave
0193 Á A accent aigu
0194 Â A accent circonflexe
0195 Ã A tilde
0196 Ä A tréma
0198 Æ AE ligaturés
0199 Ç C capitale cédille
0200 È E accent grave
0201 É E accent aigu
0202 Ê E accent circonflexe
0203 Ë E tréma
0204 Ì I accent grave
0205 Í I accent aigu
0206 Î I accent circonflexe
0207 Ï I tréma
0209 Ñ N tilde
0211 Ó O accent aigu
0212 Ô O accent circonflexe
0213 Õ O tilde
0214 Ö O tréma
0217 Ù U accent grave
0219 Û U accent circonflexe
0218 Ú U accent aigu
0220 Ü U tréma suite ➛

En fait, il vous sujt de connaître par cœur les quatre ou cinq cas de igure qui reviennent le plus souvent en fran-
çais: ce sont les É et È, puis dans une moindre mesure les À (préposition à quand elle vient en début de phrase),
Ç dans Ça (en début de phrase), Æ et Œ.
Les autres cas de igure sont peu utilisés en français. Ne vous encombrez pas la tête avec tous ces raccourcis cla-
vier et consultez votre exemplaire de cet ouvrage qu’il est utile de conserver à portée de main. Il a été conçu pour
vous rendre service.
Et pour ce genre d’ouvrage, son prix est volontairement peu élevé pour que chacun puisse s’en acheter un exem-
plaire qui lui servira de nombreuses années, sans être tenté de tricher en en photocopiant des passages, ce qui est
malhonnête envers son auteur qui vit des royalties de son travail. Il faut le rappeler.

111
Les caractères du clavier des PC
MINUSCULES ACCENTUÉES ET LIGATURÉES
0156 œ oe ligaturés
0224 à a accent grave
0225 á a accent aigu
0226 â a accent circonflexe
0227 ã a tilde
0228 ä a tréma
0230 æ ae ligaturés
0231 ç c cédille
0232 è e accent grave
0233 é e accent aigu
0234 ê e accent circonflexe
0235 ë e tréma
0236 ì i accent grave
0237 í i accent aigu
0238 î i accent circonflexe
0239 ï i tréma
0241 ñ n tilde
0242 ò o accent grave
0243 ó o accent aigu
0244 ô o accent circonflexe
0245 õ o tilde 0250 ú u accent aigu
0246 ö o tréma 0251 û u accent circonflexe
0249 ù u accent grave 0252 ü u tréma

Depuis Word 97, Windows propose des raccourcis au lieu de passer par le pavé nu-
mérique. Voici les plus usités :

Ctrl + ’ (apostrophe) + (a,e, 0, i, u, A, E, I, O, U) donne : á, é, í, ó, ú, Á, É, Í, Ó, Ú


Ctrl + ` (accent grave) + (a,e, 0, i, u, A, E, I, O, U) à, è, ì, ò, ù, À, È, Ì, Ò, Ù
Ctrl + ~ (tilde) + (a, n, o, A, N, O) ã, ñ, õ, Ã, Ñ, Õ
Ctrl + & (esperluette) + (a, o, A, O) æ, œ, Æ, Œ
Ctrl + , (virgule) / c, C) ç, Ç
Ctrl + / (slash) + (o, O) ø, Ø

112
Extrait du plus ancien catalogue de caractères conservé au musée Plantin-Moretus à Anvers.

Caractères utilisés ou montrés dans cet ouvrage :


Adobe Caslon, 38 Firenze, 93, 101 Peignot, 42
Adobe Garamond, 37, 100, 103 Futura, 100 Perrin, 40
Ambroise, 51 Gill Sans, 42 Poetica, 69
Anglaise de Firmin Didot, 39 Head, 54 Présence, 103
Arial, 100 Helvetica Neue, 43 Scripte-12, 69
Arnold Böcklin, 42, 69 ITC Berranger Hand, 46 Scripto, 103
Auriol, 42 ITC Garamond, 37 Simoncini Garamond, 37
Auto, 47 ITC New Baskerville, 38 Stempel Garamond, 37
Berto Original, 53 Joos Pro, 46 Symbol, 109
BluePugg, 103 Le Monde Livre * Tiepolo, 100
Broadway, 42, 92 Le Monde Livre Classic, 107 Times New Roman, 42, 93
Caroolix, 103 Le Monde Sans * Univers, 43
Classica, 107, 116, 117 Ministry Script, 53 Vista Sans **, 50, 99
Didot, 39 Mistral, 43 Wilhelm Klingspor Gotisch, 24, 69
Fedra Serif A, 48 Monoline, 69 Zapf Chancery, 69
Fette Fraktur, 24, 69, 93 Novarese, 43 Zapf Dingbats, 108
FF Tartine Script, 49 Panorama, 52 Zinzolin, 100, 103

* Le Monde Livre et Le Monde Sans sont utilisés tout au long de cet ouvrage.
** Vista Sans est utilisé pour les titres et les sous-titres.

113
Les signes de correction
orriger une simple lettre, un dossier ou un document mis en pages exige
C d’être bien compris de la personne qui va efectuer les corrections ou les
modifications demandées. Cela met en cause les relations de travail que vous
avez dans votre entreprise, ou à l’extérieur de celle-ci avec des professionnels des
arts graphiques en ce qui concerne la composition typographique sur écran.
Le Protocole des signes de correction sur épreuves (c’est le terme officiel) fait ga-
gner du temps, autant à celui qui porte les corrections qu’à celui qui les réalise-
ra. On n’indique pas les corrections entre les lignes, mais en marge de celles-ci :
c’est bien plus clair. Les corrections étant toujours manuscrites, deux choses sont
à retenir pour éviter les erreurs de compréhension :
1. les porter en écrivant le plus lisiblement possible
2. et d’une façon voyante (il faut que les corrections sautent aux yeux) et dans
une couleur autre que celle des épreuves.

Les signes les plus fréquents sont les suivants :

centrer le mot ou la ligne

modifier, changer une lettre, un signe

ajouter

supprimer

resserrer horizontalement (entre 2 lettres ou 2 mots)

resserrer verticalement (entre 2 lignes ou 2 paragraphes)

espacer horizontalement (entre 2 lettres ou 2 mots)

espacer verticalement (entre 2 lignes ou 2 paragraphes)

intervertir (2 lettres, 2 mots…)

Il est recommandé de porter les corrections en marge de droite qui est, dans
notre culture, le sens normal de l’écriture et de la lecture, mais on peut être
amené à les porter ailleurs quand on ne peut pas faire autrement. Cela dit, les
indications bien faites sont très claires, encore faut-il au préalable les porter avec
soin. J’insiste car c’est primordial. Selon les documents à corriger ou à modifier,
il faut parfois s’ingénier avec des flèches, et pourquoi pas des feutres de plusieurs
couleurs, pour renvoyer au loin (là où il y a de la place) les indications désirées,

114
le but étant que le correcteur comprenne le plus clairement possible la cor-
rection demandée. En pratique (et c’est fréquent), le demandeur des corrections,
par méconnaissance de l’existence des signes de correction, invente de son mieux
une façon de procéder ; il en résulte que l’on comprend mal ou même pas du
tout ce qu’il désire. Le travail du graphiste ou de la secrétaire est alors de lui faire
connaître le code des signes de correction. Avec de la courtoisie et un peu de tact,
on y arrive généralement bien. Mon expérience personnelle montre que la plu-
part du temps le demandeur de corrections est soulagé de savoir enfin comment
procéder. Voici les premières bonnes habitudes à acquérir :

1 Certains signes sont portés dans le texte, pour matérialiser le caractère fau-
tif avec précision. Ils sont ensuite répétés en marge et précèdent le carac-
tère qu’il y a lieu de mettre à la place :
Les cracodiles, du Nil ou d’ailleurs,…

ce qui est plus clair et plus rapide que de réécrire le mot entier, pour simplement
une seule lettre à changer. Mais s’agissant d’un mot peu courant ou d’un nom
propre, il est souvent préférable de réécrire ce mot en entier dans la marge.

On porte les corrections en marge, dans le même ordre qu’elles figurent dans la
ligne :
Les cracodiles, bu Nil ou d’ailleeurs,…

2 Quand on supprime des mots, il faut le faire avec netteté :

Les crocodiles du Nil ou d’ailleurs sont parmi les plus ter-


ribles prédateurs qui soient au monde, mais ce sont aussi des
animaux fascinants qui méritent d’être bien mieux connus.

et non de cette façon qui est ambiguë pour le correcteur, ce qui hélas courant :
Les crocodiles du Nil ou d’ailleurs sont parmi les plus ter-
ribles prédateurs qui soient au monde, mais ce sont aussi des
animaux fascinants qui méritent d’être bien mieux connus.

115
Les signes de correction

Mot à centrer SALAGON


Lignes à centrer Conservatoire du patrimoine ethnologique
de Haute-Provence

Lettre à changer Le prieuré bémédictin de Salagon conserve


Mettre en petites capitales du XIIe siècle son église à deux vaisseaux. Un
logis ordonnancé de fenêtres à meneaux lui
Lettre à ajouter a été acolé au XVe siècle.
Lettre à supprimer Deux coours caladées, des dépendances à
Mot à changer usage fermier (XVIe-XIXe siècles), aujourd’hui
Mot à ajouter aménagées en d’exposition, complètent cet
Mot à supprimer ensemble classé classé monument historique.
Exploitation agricole à l’époque agllo-romai-
Lettres à intervertir ne, le site de Salagon a christianisé été dès
Mots à intervertir l’Antiquité tardive, avec l’implantation d’un
Correction annulée cimetière chrétien et d’une basilique (entre
le Ve et le VIIe siècle). salagon témoigne ainsi
Mettre en supérieur
Mettre en grande capitale de l’occupation d’un site depuis le Ier siècle
de notre ère. Le jardin médiévaldonne à voir
Ajouter une espace les plantes uti les d’avant les grandes décou-
Supprimer l’espace vertes, rassemblées selon une composi-
Espaces à resserrer tion et une organisation en damiers dans l’es-
Mettre en italique prit des jardins de monastères.
Mettre en romain

116
Mettre en gras Le jardin des simples et de rudérales présente
Mettre en minuscules les plantes de la pharmacopée POPULAIRE
Renfoncement à supprimer des Bas-Alpins et la flore utile des lieux ha-
bités en Haute-Provence. Le jardin de sen-
À passer à la ligne suivante teurs offre ses collections de menthes, de la-
vandes, de sauges, d’armoises, d’ombellifères.
Créer un alinéa De nouveaux jardins à thèmes complétent
Supprimer l’interlignage

cet ensemble: jardin, collection de saules, po-


Mot à transposer tager, jardin écologique magique.
Faire suivre le texte
C’est sous forme d’expositions temporaires
qu’est présenté le travail de recherche, de col-

Augmenter l’interligne
lecte et de conservation effectué par le
Conservatoire du patrimoine ethnologiq
Lettres à passer
à la ligne précédente ue de la Haute-Provence.

Les diférents codes typographiques professionnels existant sur le mar-


ché (voir la bibliographie) préconisent sensiblement les mêmes règles.
Cependant, on constate quelques variantes infimes comme, par
exemple, la façon d’indiquer les changements d’attribut des mots (gras,
maigre, romain, italique, etc.) : certains préfèrent entourer les mots
concernés et d’autres les souligner. On peut tout aussi bien les surligner
avec des marqueurs de couleur. Dans la pratique chacun peut avoir ses
habitudes; le principal étant que toutes les personnes concernées se
comprennent sur la «règle du jeu» utilisée.

117
Lexique typographique
ACHEVÉ D’IMPRIMER Partie du dessin de la lettre venant Roseau taillé, utilisé pour écrire à
Mention légale figurant en dernière au-dessus de son œil. Par exemple, l’encre sur un support, depuis l’An-
page d’un livre, indiquant la date les lettres b, d, h ont des ascen- tiquité jusqu’à nos jours.
d’impression, le nom de l’impri- dantes. On dit également «hampe».
meur et le dépôt légal. On peut y CAPITALE
ajouter des informations particu- ATYPI En typographie : lettre majuscule.
lières concernant le caractère de Association typographique interna-
CAPITALE INITIALE
composition, le papier utilisé, etc. tionale (fondée en 1957).
Du latin initium, début. Première
ACRONYME BAS DE CASSE lettre en majuscule d’un mot en
Mot formé des lettres initiales ou En typographie : lettre minuscule. minuscules.
de syllabes d’autres mots et pro- CAROLINE
BELLE OUVRAGE
noncé comme un mot ordinaire.
Désigne la typographie réalisée dans Écriture définie par Albinus Flaccus
Exemple : Onu, Assedic, Urssaf…
les règles de l’art. Alcuin, l’un des collaborateur de
ANGLAISE Charlemagne, et imposée à toutes
Famille d’écritures cursives des BLANCHARD Gérard les chancelleries de la chrétienté
xviiie et xixe siècles, penchées vers (1927-1998) dans le courant du ixe siècle « pour
la droite et caractérisée par une mo- Typographe, graveur, enseignant, fils dissiper l’ignorance, faire régner
dulation ajrmée des pleins et des spirituel de Maximilien Vox, prési- l’ordre et la clarté». La Caroline, ou
déliés et par des liens entre les lettres. dent puis chancelier des Rencontres minuscule carolingienne, est l’an-
internationales de Lure. Cet huma- cêtre de nos actuelles minuscules.
ANSI niste consacra sa vie au service de la
(American National Standard Institu- typographie et lui donna droit de ci- CASSE
te). Codification informatique per- té au sein de l’université. Sa pensée, Boîte plate divisée en comparti-
mettant d’utiliser les caractères ac- ses interventions multiples et ses ments (appelés cassetins) de tailles
centués sous Windows. écrits eurent un rôle important lors inégales, contenant la totalité des
ANTIQUES du passage de la typographie tradi- caractères en plomb d’une police
Famille des caractères sans empatte - tionnelle à la typographie numé- typographique. Les lettres capitales,
ments. (Classification Thibaudeau.) rique, principalement auprès des ou majuscules, étaient rangées dans
jeunes générations. Son dernier ou- les cassetins du haut, d’où l’appel-
APOSTROPHE
vrage, Aide au choix de la typo-graphie, lation «hauts de casse», et les lettres
TYPOGRAPHIQUE
est son « testament ». minuscules dans les cassetins du bas,
Apostrophe inclinée dessinée dans
d’où l’appellation « bas de casse »
la logique graphique du dessin de BODONI Giambattista
qui a été conservée.
chaque police de caractères. En dif- (1740-1813)
férenciation de la quote informa- Célèbre imprimeur italien et créa- CÉSURE
tique verticale, qui est un non-sens teur-graveur de la famille de ca- Coupure d’un mot, d’une phrase ou
typographique. ractères qui porte son nom. Il est d’une formule en fin de ligne.
APPROCHES l’auteur du Manuale tipografico pu-
CÉSURE OPTIONNELLE
Petits intervalles verticaux venant blié pour la première fois en 1788
avec ses caractères. Ses collections En PAO, création manuelle d’un
automatiquement à gauche et à trait d’union matérialisant une cou-
droite des caractères, de façon à de poinçons et matrices sont
conservées au musée de Parme. pure en fin de ligne, qui disparaîtra
ce que chacun se positionne harmo- en cas de remaniement du texte.
nieusement avec chacun des autres BOUSTROPHÉDON
caractères de la même police. CHASSE
Signifie littéralement en grec: «imi-
AROBAS = @ Largeur du caractère typographique,
tant la marche du bœuf au labour». Se
(ou arobasse, arobace: orthographe non approches comprises.
dit d’une écriture archaïque qui
définie). Signe utilisé en informa- change de sens d’une ligne à l’autre CICÉRO
tique et plus particulièrement dans (de droite à gauche et de gauche à Mesure typographique française
les adresses sur Internet. Il sépare le droite) et inverse aussi à chaque équivalant à 12 points Didot.
terme identificateur (le nom de ligne le sens de l’écriture des lettres. Correspond au « douze ».
l’abonné) du nom du domaine. @
est la contraction de at (en anglais), CADRATIN COLOPHON
lui-même provenant de ad (en la- Espace de même valeur que celle du C’est aujourd’hui l’achevé d’impri-
tin) et qui signifie à. corps typographique utilisé. mer. Voir ce mot.
ASCENDANTE CALAME COMPOSTEUR

118
Sorte de règle métallique à coulisse, mois et de l’année doit figurer sur C’est la suppression de la voyelle
fermée à une extrémité, dans la- la dernière page imprimée. Ces in- finale d’un mot. Elle se matérialise
quelle le typographe compose ses dications sont communiquées à par une apostrophe.
lignes en caractères plomb qu’il va l’éditeur par l’imprimeur.
ELZÉVIRS
chercher un par un dans la casse. DESCENDANTE Nom donné à partir du milieu du
CONSONANTIQUE Partie du dessin de la lettre venant xixe siècle à la famille des caractères
Se dit d’une langue ou d’une écri- au-dessous de son œil. Par exemple, à empattements triangulaires et dé-
ture qui ne comporte que des con- les lettres p et q ont des descendan- rivés, créés à partir de Louis Perrin,
sonnes, donc sans voyelles en tant tes. On dit également « jambage ». imprimeur lyonnais. Elzévir est le
que lettres distinctes. L’hébreu et DIACRITIQUE patronyme d’une célèbre famille
l’arabe sont des langues consonan- Signe qui, adjoint à une lettre, en d’imprimeurs hollandais des xvie et
tiques. modifie la valeur ou permet de dis- xviie siècles.
COPYRIGHT tinguer deux homographes. (Classification Thibaudeau.)
Droit de propriété exclusif que dé- Les accents, la cédille, le tréma sont ESPACE FINE ou FINE
tient un auteur ou ses ayants droits, des signes diacritiques. Espace de largeur quelque peu va-
pendant une durée légale détermi- DIDONES riable en typographie numérisée et
née sur une œuvre littéraire ou Famille de caractères qui tire son équivalant environ au quart de
artistique. La propriété littéraire ap- nom de Didot et Bodoni. Ils se ca- cadratin (plomb). L’espace fine est
paraît sous la forme d’une mention ractérisent par un fort contraste utilisée pour décoller légèrement
constituée du nom du titulaire du entre les pleins et les déliés et par certains signes de ponctuation du
droit d’auteur et de l’année, précé- des empattements filiformes. mot qui les précède.
dée du signe ©. (Classification Vox-Atypi.)
ESPACE INSÉCABLE
CORPS DIDOT Espace dont la largeur reste fixe et
Hauteur totale des caractères d’une Famille de caractères à empatte- qui ne peut pas être séparée des
police, ascendantes et descendantes ments filiformes. deux lettres ou signes qu’elle relie.
comprises, plus un petit blanc en (Classification Thibaudeau.)
ESPACE JUSTIFIANTE
haut et en bas pour que les lignes DONAT Voir « espace normale ».
de texte ne se touchent pas. Se me- Au Moyen Âge, traité de grammai-
sure en points. re. Ce nom vient de Ælius Donatus, ESPACE-MOT
CUNÉIFORME grammairien latin du ive siècle. Voir « espace normale ».
Écriture dont les caractères ont la DOUZE ESPACE NORMALE
forme de coins. Les écritures cunéi- Mesure typographique française Espace réalisée sur le clavier avec la
formes sont apparues au Proche- équivalant à 12 points Didot. barre d’espacement. Cette espace est
Orient vers 2 700 avant notre ère. Correspond au « cicéro ». sécable et sa dimension peut varier
CURSIVE en fonction de la justification au-
DUCTUS tomatique sur les deux côtés. En
Se dit d’une écriture manuscrite En calligraphie : l’ordre précis des
rapide « à main levée », en difé- typographie on l’appelle également
tracés et des mouvements successifs espace justifiante et espace-mot.
renciation d’une écriture « lente, à de la main pour réaliser les difé-
main posée et appliquée ». rentes séquences du tracé complet ESPERLUETTE ou PERLUETTE
DÉMOTIQUE de chaque lettre. C’est le nom de notre caractère &,
Se dit de l’écriture cursive de ligature du e et du t. L’esperluette
ÉCRITURE HUMANISTIQUE
l’Égypte ancienne, encore plus sim- était déjà utilisée par les Romains.
Écriture manuelle soignée, issue de
plifiée que l’écriture hiératique (voir la Caroline, usitée en Italie aux xve ÉTROITISER
ce mot). C’était l’écriture courante. et xvie siècles. Le fac-similé typo- En typographie numérisée, action
DÉPÔT LÉGAL graphique de cette écriture a don- de diminuer quelque peu l’échelle
Formalité légale consistant à dépo- né les caractères à empattements horizontale d’un caractère. En bon-
ser trois exemplaires à la Biblio- comme le Garamond (Garaldes). ne typographie, cette anamorpho-
thèque nationale de France et un ÉGYPTIENNES se est à éviter.
exemplaire au ministère de l’Inté- Famille des caractères à empatte- EXPERT (PAO)
rieur. C’est l’éditeur qui efectue ces ments rectangulaires. Une police « expert » vient en com-
envois dès la sortie du livre. De plus, (Classification Thibaudeau.) plément d’une police standard. Elle
la mention «Dépôt légal» suivie du ÉLISION doit comporter les petites capitales,

119
Lexique typographique
les petits chifres, certaines ligatures ce que Hitler en proscrive l’usage (International Standard Book Num-
et parfois des lettres ornées et des au début de 1941. La cadence régu- ber). Numérotation internationale
vignettes ornementales. Aujourd’hui, lière des verticales de plus en plus normalisée réservée aux livres. Par
les polices OpenType regroupe dans étroitisées est caractéristique des exemple, l’ISBN de cet ouvrage est :
un même fichier la totalité de la dé- écritures gothiques. 978-2-911220-28-9
clinaison d’un caractère typo. 978 = ajouté depuis le 1er janvier
GRAISSE
FONTE 2007, pour augmenter la capacité
Épaisseur du dessin du caractère
Terme emprunté à la composition de numérotation du système ISBN
typographique.
plomb. Aujourd’hui, police de ca- devenu insujsant, notamment en
ractères complète, avec ses chifres, HAMPE raison de l’augmentation du nom-
sa ponctuation, ses signes divers et Partie du dessin de la lettre venant bre de publications électroniques,
ses accessoires. au-dessus de son œil. Par exemple, et pour rendre l’ISBN complète-
les lettres b, d, h ont des hampes. ment compatible avec l’EAN-13 (ou
FRACTURES On dit également « ascendante ». GENCOD) qui sert à la génération
Famille de caractères représentés des codes à barres.
par nos Gothiques, classables parmi HIÉRATIQUE 2 = édité en français.
les Manuaires. Mais les nombreux Se dit de l’écriture cursive de 911220 = notre numéro d’éditeur.
styles de Fraktur – allemands no- l’Égypte ancienne, à usage admi- 28 = le numéro d’ordre de publica-
tamment – justifiaient (classifica- nistratif et livresque, utilisant des tion. Ici, il s’agit du 28e ouvrage que
tion internationale oblige) la créa- hiéroglyphes simplifiés. L’écriture nous avons publié.
tion de ce groupe particulier. hiératique précède dans le temps 5 = c’est une clé de contrôle.
(Classification Vox-Atypi.) l’écriture démotique.
ISSN
GARALDES HIÉROGLYPHE (International Standard Serial Num-
Famille de caractères qui perpétue Chacun des signes du système ber). Numérotation normalisée,
le style noble et gracieux de la Re- d’écriture idéographique de l’Égypte réservée aux publications en série,
naissance italo-française des xvie et ancienne. Les hiéroglyphes sont ap- hebdomadaires ou mensuelles.
xviie siècles. Leur nom marie ceux parus vers 3000 avant notre ère. Le JAMBAGE
de Claude Garamont et d’Alde plus souvent gravés dans la pierre, ils Partie du dessin de la lettre venant
Manuce. Leurs graisses sont distri- étaient utilisés pour transcrire des au-dessous de son œil. Par exemple,
buées par rapport à un axe incliné. textes sacrés ou ojciels et ne pou- les lettres p et q ont des jambages.
(Classification Vox-Atypi.) vaient être compris que par une On dit également « descendante ».
élite cultivée.
GARAMOND JUSTIFICATION
Caractère typographique créé à par- HUMANES Mesure de la longueur d’une ligne
tir de 1550 par le graveur français Famille de caractères issus des ca- de texte. S’exprime généralement
Claude Garamont. ractères vénitiens de la seconde en millimètres.
moitié du xve siècle. Leurs empat- LIGATURES
GARAMONT Claude
tements sont courts et épais, les Lettres liées comme encore au-
(1499 ? – 1561). Célèbre typographe
contrastes entre pleins et déliés peu jourd’hui nos æ, œ, fi, fl, f, j,
français du xvie siècle. Il créa le su-
marqués. Leurs capitales ont la hau- k. Les lettres ligaturées étaient cou-
perbe caractère typographique qui
teur des lettres « longues du haut » ramment employées déjà chez les
porte son nom, en romain puis en
(qui comportent une ascendante). Romains puis au Moyen Âge, pour
italique. Il créa également, pour
(Classification Vox-Atypi.) gagner de la place.
François Ier, de superbes caractères
grecs, appelés les « grecs du roi ». Il INCISES LINÉALES
se fit appeler Garamondus, selon la Famille de caractères dont le dessin Famille de caractères sans empat-
mode d’alors de latiniser son nom. rappelle celui des lettres latines tements, faits de lignes uniformes
GOTHIQUE d’inscription, lesquelles ignoraient ou modulées, qui peuvent être dé-
les minuscules. Sont prioritaire- clinés dans des graisses allant du très
Bien que d’origine anglo-norman-
ment des caractères de titrage. maigre au très gras.
de au xiie siècle, cette écriture s’est
(Classification Vox-Atypi.) (Classification Vox-Atypi.) Ce sont
appelée gothique du fait qu’elle
s’est rapidement implantée dans les INCUNABLE les Antiques de Thibaudeau.
pays germaniques qui la dévelop- Livre réalisé en typographie, fabri- MANUAIRES
pèrent. L’Allemagne en a fait la gra- qué jusqu’à la fin de l’année 1500. Famille de caractères dont le tracé
phie officielle de sa langue jusqu’à ISBN évoque les écritures antérieures à la

120
typographie, dans lesquelles se re- PIED DE MOUCHE = ¶ caux sont déliés et ses pleins sont
trouve le rythme des écritures C’est la lettre C majuscule pour caput horizontaux.
lentes, à main posée et appliquée. (en latin, la tête). Ce signe a d’abord
SCRIPTES
(Classification Vox-Atypi.) été utilisé pour marquer un chan-
Famille de caractères imitant les
gement du discours dans un texte
MÉCANES écritures courantes à main levée.
(aujourd’hui, notre retour à la
Famille de caractères (dont le nom Certaines, comme les « Anglaises »,
ligne), puis pour attirer l’attention
vient de mécanique) qui évoque en sont la meilleure illustration. Les
du lecteur sur un point particulier.
leur aspect parfois très géométrique scriptes peuvent réaliser une liaison
Aujourd’hui, en PAO, c’est le carac-
et l’époque industrielle de leur dé- entre leurs lettres. (Class. Vox-Atypi.)
tère invisible qui matérialise le re-
but, au xixe siècle. tour à la ligne forcé. SANS SERIF
(Classification Vox-Atypi.) Ce sont
POINÇON En anglais : caractères typographi-
les Égyptiennes de Thibaudeau.
Tige d’acier résistant, à l’extrémité ques sans empattements.
NOTES TIRONIENNES de laquelle a été gravé à l’envers un SERIF
Genre de signes abréviatifs, qui font caractère typographique. Le poin- En anglais : empattements (des ca-
penser à ceux utilisés en sténogra- çon est le premier élément de la re- ractères typographiques).
phie, inventés par Tiron qui fut production industrielle des carac-
esclave et secrétaire de Cicéron tères en plomb. THIBAUDEAU Francis
(ier siècle avant J.-C.). Typographe français (1860-1925). En
POINT DIDOT 1920-1924, il réalise la classification
ŒIL Mesure typographique française des caractères qui porte son nom.
Hauteur du dessin des lettres sans (créée par François-Ambroise Didot Celle-ci est basée sur la forme ou
ascendante ni descendante, comme vers 1780) équivalant à 0,3759 mm. l’absence des empattements des
les a, e, n, o, u, x. Pluriel : des œils. Son multiple est le douze appelé éga- lettres et compte 13 dénominations
lement cicéro. sous 4 grands groupes.
ONCIALE
Écriture calligraphique précieuse POINT PICA TYPOGRAPHIE
utilisée jusqu’au viiie siècle pour Mesure typographique anglo-saxon - 1. Composition de textes à partir de
des ouvrages particulièrement soi- ne qui correspond à la subdivision « types », c’est-à-dire de caractères
gnés. en 72 parties de l’inch (le pouce an- fondus en alliage métallique, mo-
glais). Un point Pica équivaut à biles et réutilisables.
OURS 0,351 mm. Son multiple est le pica.
Dans la presse, texte rédactionnel 2. Procédé d’impression de ces
dans lequel figurent diférentes in- QUADRATA caractères en relief, préalablement
formations légales et utilitaires Écriture calligraphique romaine, encrés, sur des feuilles de papier.
concernant la publication : l’ache- d’aspect carré comme son nom l’in- 3. Art de mettre en scène des
vé d’imprimer, le dépôt légal, dique, utilisée du ier au ive siècle caractères dans des mises en page,
l’adresse, le nom des responsables pour transcrire des textes soignés, quelle qu’en soit la finalité : im-
de diférents services (direction, ré- généralement littéraires. pression sur divers supports, écrans
daction, publicité, fabrication…), vidéo, de cinéma, etc.
RÉALES
etc. VOX Maximilien (1894-1974)
Famille de caractères qui incarne
PETITES CAPITALES l’esprit rationnel et réaliste de l’épo - Dessinateur, illustrateur, graveur,
Lettres capitales dont la hauteur que encyclopédique, c’est-à-dire du éditeur, écrivain, journaliste, histo-
correspond à l’œil du caractère ou milieu du xviiie siècle. Ils font la rien, metteur en page et typo-
est très légèrement plus grande. transition entre les Garaldes et les graphe. Il est le fondateur de l’École
Didones à venir. Leurs graisses sont de Lure (1952) qui deviendra plus
PICA distribuées par rapport à un axe ver- tard les Rencontres internationales
Mesure typographique anglo-saxon- de Lure, et le créateur de la classifi-
tical. (Classification Vox-Atypi.)
ne équivalant à 12 points Pica. cation des caractères (1954) qui por-
ROMAIN te son nom. Celle-ci sera adoptée
PICTOGRAPHIQUE Caractère typographique vertical, par l’Association typographique in-
Se dit d’une écriture dans laquelle en diférenciation d’un caractère ita- ternationale (Atypi) en 1962.
les concepts sont représentés par des lique.
images stylisées ou par des sym- XYLOGRAPHIE
boles. Les toutes premières écritures RUSTICA Impression d’illustrations ou mê-
mésopotamiennes (vers 3500 avant Écriture cursive romaine, utilisée me de textes, gravés à l’envers sur
notre ère) étaient pictographiques. du ier au ve siècle. Ses traits verti- une planche de bois.

121
Bibliographie pratique et culturelle
Les autres Codes typographiques professionnels du français :
Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale,
Éditions de l’Imprimerie nationale, Paris, 1990.
Collectif. Code typographique,
Fédération CGC de la communication, Paris, 1993.
Collectif, Abrégé du Code typographique à l’usage de la presse,
Éditions du CFPJ, Paris, 1989.
Guéry Louis, Dictionnaire des règles typographiques,
Éditions du CFPJ, Paris, 1996.
Gouriou Charles, Mémento typographique, Cercle de la Librairie, Paris, 1993.
Ramat Aurel, Le Ramat typographique,
Éditions Charles Corlet, 14110 Condé-sur-Noireau, 1994.
Cet ouvrage concerne les usages typographiques au Québec.
Collectif. Guide du typographe romand,
édité par le groupe de Lausanne de l’Association suisse des typographes (AST).
Cet ouvrage concerne les usages typographiques en Suisse romande.

Autour de notre sujet :


Baudin Fernand, L’efet Gutenberg, Éditions du Cercle de la Librairie, Paris, 1994.
Blackwell Lewis, Typo du 20e siècle, Flammarion, Paris, 1993.
Blanchard Gérard,
Aide au choix de la typo-graphie, Atelier Perrousseaux éditeur, Reillanne, 1998.
Pour une sémiologie de la typographie, Les Rencontres internationales de Lure, 1979.
La bande dessinée, éditions Marabout / université, 1969.
Les mardis de la bibliothèque de l’École Estienne :
Analyse de 13 livres précieux pour leur typographie et mise en page, sous la forme de 14 cassettes
audio, accompagnées d’un dossier de 204 pages des documents y aférents.
Les Rencontres internationales de Lure, 1993.

Catach Nina,
L’orthographe, PUF, collection « Que sais-je ? », Paris, 1995.
La ponctuation, PUF, collection « Que sais-je ? », Paris, 1996.
Dictionnaire historique de l’orthographe française, Larousse, Paris, 1995.
Chassagnard Guy, Le petit dictionnaire de la chose imprimée, Sud Éditions, Nice, 1995.
Chatelain Roger, Rencontres typographiques, Eracom-Procom, Lausanne, 2003.
Pages épreuvées et corrigées, Éditions Ouverture, Le Mont-sur-Lausanne, 2006
Collectif, dont Combier Marc, Pezet Yvette, Richaudeau François,
De la chose imprimée à Internet, Éditions Retz, Paris, 1999.

122
Doppagne Albert, Majuscules, abréviations, symboles et sigles
Éditions Duculot, Paris – Louvain-la-Neuve, 1991.
Drillon Jacques, Traité de ponctuation française, Gallimard, Paris, 1991.
Duplan Pierre,
Pour une sémiologie de la lettre, Atelier Perrousseaux éditeur, Méolans-Revel, 2007.
Polymorphisme & polysémie de l’image,
Atelier Perrousseaux éditeur, Méolans-Revel, 2007.
Dusong Jean-Luc et Siegwart Fabienne, Typographie, du plomb au numérique
Dessain et Tolra, Paris, 1996.
Frutiger Adrian,
L’Homme et ses signes, Atelier Perrousseaux éditeur, Méolans-Revel, 2002.
À bâtons rompus, Atelier Perrousseaux éditeur, Méolans-Revel, 2003.
Une vie consacrée à l’écriture typographique,
Atelier Perrousseaux éditeur, Méolans-Revel, 2004.
Gautier Damien, Typographie, guide pratique, Pyramyd ntcv, Paris, 1998.
Jubert Roxanne, graphisme, typographie, histoire, Flammarion, Paris, 2005.
Mediavilla Claude,
Calligraphie, Éditions de l’Imprimerie nationale, Paris, 1993.
Histoire de la calligraphie française, Albin Michel, Paris, 2006.
Paput Christian, Vocabulaire des arts graphiques, de la communication, de la pao, etc
TVSO Éditions, Wissous, 1997.
Paris Muriel, Petit manuel de composition typographique, Paris, 1999.
Perrousseaux Yves,
Mise en page & impression, notions élémentaires
Atelier Perrousseaux éditeur, Méolans-Revel, 2006.
Histoire de l’écriture typographique, tome I : de Gutenberg au xviie siècle.
Atelier Perrousseaux éditeur, Méolans-Revel, 2006.
Histoire de l’écriture typographique, tome II : le xviiie siècle (première partie).
Atelier Perrousseaux éditeur, Méolans-Revel, 2010.
Pflughaupt Laurent, Lettres latines, Éditions Alternatives, Paris, 2003.
Rault David, Guide pratique de choix typographique,
Atelier Perrousseaux éditeur, Reillanne, 2009.
Richaudeau François, Manuel de typographie et de mise en page,
Éditions Retz, Paris, 1989.
Seetola Geert et Pohlen Joep, La Fontaine aux lettres,
Éditions Fontana, Roermond (Pays-Bas), 1994.
Wlassikoff Michel, Histoire du graphisme en France, Les Arts décoratifs, Paris, 2005.

123
Index alphabétique
Blanchard (Gérard), 6, 118 code typographique, 9, 10, 56,
A Bodoni (Giambattista), 39, 118 90, 117
abréviation, 29, 57, 58, 81 bodoni (caractère), 29, 39 colophon, 118
académisme, 38 bold (graisse de caractères), 5 commission Jaugeon, 38
accent aigu, 72 book (graisse de caractères), 5, 33 composteur, 95, 119
accent circonflexe, 72 boustrophédon, 16, 17, 118 Conseil européen, 60
accent grave, 72 Byblos, 15 consonantique, 15, 119
accents (sur les majuscules), 70 copyright, 119
achevé d’imprimer, 118 corps (d’un caractère), 98, 99,
acronyme, 67, 118 C 100, 101, 102
adjectif de couleur, 82 cadratin, 98, 118 correction, 114
Adobe, 44 calame, 14, 118 coupure de mot, 83
AgfaType, 44 calligraphie, 68 coupure de phrase, 83
Alcuin (Albinus Flaccus), 23, 31 capitale, 19, 21, 32, 33, 68, 70, 73, coupure des formules mathé-
aleph, 15, 16 118 matiques…, 84
Alexandre (graveur), 38 capitale accentuée, 73, 111 crochets, 91
alpha, 16 capitale initiale, 33, 63, 69, 118 crochet fermant, 95
alphabet, 14, 16 capitale non accentuée, 81 crochet ouvrant, 95
alphabet araméen, 16 capitale romaine, 21 cunéiforme, 119
alphabet en acier, 30 caractère gothique, 69 cursive, 119
alphabet étrusque, 18 caractère romantique, 40 cursive romaine, 21
alphabet grec, 18, 19 caractères « destructurés », 45
alphabet phénicien, 16, 19 caractères, 104, 110, 111, 112
anamorphose, 103 caractères pour Macintosh, 104 D
Anglaise, 39, 118 caractères pour PC, 110, 111, 112 dactylographie, 9, 73
années (composition des), 77 Caroline, 23, 24, 31, 118 dadaïsme, 42
Années Folles, 42 Caslon (William), 38 dates (écriture des), 77
ANSI, 110, 118 casse, 32, 95, 118 demi (graisse de caractères), 5
antiques (caractères), 17, 40, 118 cassetin, 32, 95 demi-cadratin, 98
apostrophe, 72, 94 Catach (Nina), 24 demi-gras (graisse de caractères),
apostrophe typographique, 93, Caxton (William), 37 5, 103
105, 118 cent, 80 démotique, 14, 119
Apple Expo, 8, 73 césure de mot, 83, 118 départements (écriture des), 85
approches typo, 101, 102, 103, 118 césure de phrase, 83, 118 dépôt légal, 119
arabes (chifres), 74, 76, 57 césure des formules mathéma- descendante, 99, 119
arobas (@), 118 tiques…, 84, 118 deux-points, 89, 92, 94
art nouveau, 42 césure optionnelle, 118 diacritique, 119
ascendante, 99, 118 Champfleury, 35 didones (caractères), 43, 119
ASCII, 96 Charlemagne, 23, 31 Didot (Firmin), 39
Atypi, 118 chasse (des caractères), 101, 103, Didot (Pierre) l’aîné, 71
augustaux (caractères), 40 118 didot (caractères), 39, 119
chifon de linge, 26 DK-Type (caractère), 28
chifres alignés, 74 Dolet (Étienne), 35
B chifres arabes, 57, 74, 76 donat, 26, 27, 119
Balzac (Honoré de), 39 chifres elzéviriens, 74 double quote, 90
barre de fraction, 94 chifres grandes capitales, 74, 78 douze, 99, 119
bas de casse, 32, 33, 118 chifres minuscules, 74 ductus, 21, 119
Baskerville (John), 38 chifres petites capitales, 75, 78 Dupré (Xavier), 47
baskerville (caractère), 38 chifres romains, 75, 76
belle ouvrage, 118 chifres supérieurs, 57
bêta, 16 chifres suspendus, 74 E
beth, 15 cicéro, 99, 118 échelle, 103
Bible, 27, 28 Cicéron, 29 école primaire, 73
bible de Gutenberg, 30 classification Thibaudeau, 43 écriture anglo-saxonne, 23
black (graisse de caractères), 5 classification Vox-Atypi, 43 écriture archaïque, 23

124
écriture boustrophédon, 17 François Ier, 35, 37 incises (caractères), 43, 120
écriture calligraphique, 34, 68 frotton, 26 incunable, 35, 120
écriture cunéiforme, 14 Fust ( Johann), 28 insécable, 98
écriture démotique, 14 interlettrer, 101, 102
écriture des départements, 85 interlignage, 100
écriture des numéros de G intermot, 98
téléphone, 81 gamma, 16 intertitre, 92
écriture du nom des rues, 86 garaldes (caractères), 43, 120 ISBN, 120
écriture grecque, 16 garamond (caractère), 29, 37, 120 islam, 15
écriture hiératique, 14 Garamont (Claude), 37, 120 ISSN, 120
écriture hiéroglyphique, 14 Gensfleisch (Johannes), 28 italique, 34, 91
écriture humanistique, 31, 119 gothiques (caractères), 24, 69 Jalleau (Franck), 49
écriture lapidaire, 19 gothique primitive, 24 jambage, 99, 120
écriture mérovingienne, 23 gothique Textura, 28 Jenson (Nicolas), 31, 35
écriture pictographique, 14 grajti, 21 justification, 120
édit de Villers-Cotterêts, 35 graisse (des caractères), 33, 101,
église et Église, 63 103, 120
égyptiennes (caractères), 119 Grandjean, 38 L
élision, 84, 93, 119 grandjean (caractère), 38, 49 La Science pratique de l’imprimerie,
Elzévir (Daniel), 37 Granjon (Robert), 37 36
elzévirs (caractères), 40, 119 graphiste-typographe, 30 lapidaire, 120
empattement, 40, 99, 103 gras (graisse de caract.), 5, 103 latin, 19, 22
encreur (de presse typo), 31 graveur (de poinçons), 37 lettera antiqua formata, 35
enlumineur, 30 Grec, 16, 19 lettre supérieure, 57
enluminure, 27 Grèce, 16 lettres-transfert, 44
énumération, 92 grecs du roy (caractères), 37 ligature, 25, 30, 33, 111, 112, 120
espace, 61, 93, 96, 101 Grifo (Francesco), 35, 37 light (graisse de caractères), 5
espace fine, 98, 119 gris typographique, 101 linéales (caractères), 43, 120
espace insécable, 98, 119 guillemet fermant, 94, 105, 110 Linotype, 45, 70
espace justifiante, 98, 119 guillemet ouvrant, 94, 105, 110 lisibilité, 20
espace normale, 119 guillemets anglais, 89, 90, 96, 110 livre manuscrit, 30
espace sécable, 98 guillemets français, 89, 90, 110 Luce (Louis-René), 38
espace-mot, 98, 119 Gutenberg (Johannes), 28, 29,
esperluette, 25, 34, 119 30, 31
Estienne (Robert), 37 M
Eszet (ß), 25, 34 Macintosh, 44, 73, 93, 104, 105,
étroitiser, 119 H 106, 107, 108, 109
Étrusque, 19 hampe, 99, 120 maigre (graisse de caract.), 5, 103
euro (monnaie européenne), 60 haut-de-casse, 32 majuscule, 33, 70, 71, 73
expert (caractères typo), 74, 119 hauteur d’œil, 98 Malon (Jean), 21
extra-gras (graisse de caract.), 5 heavy (graisse de caractère), 5 manuaires (caractères), 43, 120
hérésie albigeoise, 30 Manuce (Alde), 33, 35
hérésie cathare, 30 Mayence, 28
F hiératique, 120 matrice (typo), 29
Fertel (Martin Dominique), 36 hiéroglyphe, 14, 18, 120 mécanes (caractères), 43, 121
fine (espace), 93, 119 Hitler, 24 Mésopotamie, 14
fonte, 120 Hollenstein (Albert), 44 medium (graisse de caractères), 5
FontShop, 44 huitième de cadratin, 98 mille, 80
force de corps, 99, 100 humanes, 43, 120 milliard, 80
fournier (caractère), 38 humanisme, 30, 31 millier, 80
Fournier, le jeune million, 80
(Pierre-Simon), 38 minuscule, 21, 33, 70, 73
fractures, 43, 120 I-J modern style, 42
Fraktur, 24 imprimerie, 31 Monotype, 44, 45, 70
franc (abréviation du), 61 Imprimerie nationale, 37, 56, 73 Morison (Stanley), 42

125
Index alphabétique
points cardinaux, 60 Sumer, 14
N points de suspension, 89, 94 surréalisme, 42
nombres ordinaux, 57 police expert, 74 symboles des mesures légales, 60
nombres pièges, 79 police standard, 74 symboles, 110
normal (graisse de caractères), 5 ponctuation française, 87
notes tironiennes, 121 Ponot (René), 7, 72
Porchez (Jean-François), 52, 128 T
presse à vis, 26 table Claudienne, 20
O ProLexis, 93, 95, 127 tablette de cire, 21
œil (d’un caractère), 100, 121 prononciation, 73 talus de tête, 99
onciale, 22, 121 protocole des signes de correc- talus de pied, 99
Open Type, 44, 74 tion sur épreuves, 114 Textura, 28
organisme internationaux, 65 Puyfoulhoux (Thierry), 52, 103 Thibaudeau (Françis), 17, 43, 121
organismes d’État multiples, 63 tiret, 87, 91, 95
organismes d’État uniques, 64 tiret cadratin, 92, 110
ours, 121 Q tiret demi-cadratin, 91, 92, 110
Quadrata, 21, 121 tiret long, 92, 95
quart de cadratin, 61, 98 Tiron, 29
P quatre-vingts, 79 titre, 92
pagination, 77 quote, 90, 93 titres d’œuvres, 68
PAO, 8, 9, 37, 56, 57, 73, 74, 77, titres de journaux, 68
100, 103 titres distinctifs, 67
papyrus, 21 R Tory (Geofroy), 35
parchemin, 27 réales, 43, 121 trait d’union, 91, 95, 96
parenthèses, 87, 91 Réforme protestante, 30, 35 tracé géométrique, 38
parenthèse fermante, 95 régions administratives Tschichold (Jan), 25
parenthèse ouvrante, 95 françaises, 86 type, 29, 101
pause faible, 87, 88, 92 règles typographiques, 9 typographie, 28, 29, 30, 35, 70,
pause forte, 87, 88 regular (graisse de caract.), 5, 33 73, 121
pause moyenne, 87, 88 Renaissance, 9, 30 typographie numérisée, 45
pause poétique, 87, 88 Rencontres internationales
PC, 73, 93, 110 de Lure, 11, 43, 44
Perrin (Louis), 40 romain (typo), 33, 34, 91, 121 UVWXZ
perrin (caractère), 49 Romain, 19, 34 ultra-gras (graisse de caractères), 5
petits chifres, 74 romains de roy (caractères), 38 valeur orthographique, 73
petit œil, 100 roman (typo), 33 virgule, 87, 88, 92, 94
petites capitales, 74, 78, 121 Rustica (caractère), 21, 121 visibilité, 20
Phénicien, 14, 15 Vox (Maximilien), 11, 43, 121
photocomposeuse, 44, 70 Walbaum (Justus Erich), 39
pica, 98, 100, 121 S walbaum (caractère), 39
pictographique, 14, 121 s final, 24, 25, 33 xylographie, 26, 121
pied de mouche, 37, 121 s long, 23, 24, 25, 33 zéro, 74
Plantin (Christophe), 37 saint(e) et Saint(e), 66
plomb, 29, 70 Schöfer (Peter), 28
plomb typographique, 29 scripte, 43, 69, 121
poinçon, 29, 121 sécable, 98
point (typo), 98, 99, 100 Sémites, 16
point d’exclamation, 88, 94 sigles, 67
point d’interrogation, 88, 94 signe abréviatif, 25
point Didot, 98, 99, 121 signe supérieur, 58
point final, 87, 90, 92 signes de correction, 114
point métrique, 100, 121 site Web, 45
point pica, 100, 121 slash, 94
point typographique, 97 Sorbonne, 35
point-virgule, 88, 92, 94 soulignement, 81

126
PRO PROLEXIS 5
LEXIS LOGICIEL PROFESSIONNEL DE CORRECTION

Un environnement de travail incomparable CORRECTION DE LA GRAMMAIRE


‡ Vitesse d’analyse exceptionnelle, 3 UR/H[LV FRQWU{OH HW FRUULJH OHV IDXWHV
jusqu’à 100 000 mots par seconde. G·DFFRUGGXVXMHWYHUEHGHVSDUWLFLSHVSDVVpV
‡ Présentation des erreurs sous forme de liste. GXJURXSHQRPLQDOGHVDGMHFWLIVGHVDFFRUGV
‡ Correction instantanée des erreurs multiples. LUUpJXOLHUVHWGHVFRQIXVLRQVIUpTXHQWHV
‡ Corrections effectuées directement dans
3UR/H[LV YpULÀH OH UpJLPH GHV SUpSRVLWLRQV
votre document.
O·XVDJH GHV DX[LOLDLUHV HW O·RUGUH GHV SURQRPV
CORRECTION DE L’ORTHOGRAPHE SHUVRQQHOVSUpYHUEDX[

- ProLexis détecte l’orthographe de plus - *UkFHDX[DQDO\VHXUVGHFRQWH[WHVHWGHIUpTXHQ-


GHÁH[LRQVGHPRWV FHV3UR/H[LVFRUULJHGHVHUUHXUVJUDPPDWLFDOHV
FRPSOH[HV FRQWH[WH GH GDWHV DQRUPDOHV RX
- ProLexis corrige toutes les fautes lexicales : VXVSHFWHVFRQWU{OHGHO·HXSKRQLH DWLO HWIUp-
FRTXLOOHV RUWKRJUDSKLTXHV PRWV FRPSRVpV HW TXHQFHGHPRWVUDUHV
ORFXWLRQV PDO RUWKRJUDSKLpV pOLVLRQV LQFRU-
rectes, ligatures orthographiques et capitales
HWKQLTXHV CORRECTION DE LA TYPOGRAPHIE
- 3UR/H[LVDSSOLTXHOHVUqJOHVGXFRGHW\SRJUD-
'LFWLRQQDLUHIUDQoDLVGHPRWVG·DSUqV
Larousse, Robert, Quillet et arbitrage avec SKLTXHHQXVDJHjO·,PSULPHULHQDWLRQDOH
*UHYLVVH'RXUQRQ7KRPDV ,OFRQWU{OHODFRPSRVLWLRQGHODSRQFWXDWLRQ
7DEOHGHFRQMXJDLVRQVGHYHUEHVjWRXVles OHVVLJQHVGLWV©DOODQWSDUSDLUHªOHVVXEVWLWX-
PRGHVHWjWRXVOHVWHPSV\FRPSULVDX[WHPSV WLRQVDXWRPDWLTXHVOHVFpVXUHVO·pFULWXUHGHV
FRPSRVpVHWjODIRUPHSURQRPLQDOH QRPEUHVGDWHVKHXUHVVLJOHVDFURQ\PHVHW
DEUpYLDWLRQV
3 RVVLELOLWp GH FUpHU XQ QRPEUH LOOLPLWp GH
,OJqUHOHVVW\OHVHWOHVFDUDFWqUHVXQLFRGHV
GLFWLRQQDLUHV SHUVRQQHOV DILQ G·DSSUHQGUH
QpRORJLVPHVPRWVIDPLOLHUVHWMDUJRQVSpFLDOLVp - ProLexis est livré avec des chartes préétablies
SRXU OH IUDQoDLV OH VXLVVH URPDQG O·DQJODLV HW
- &RUUHFWHXU HQ WHPSV UpHO HW DLGH j OD VDLVLH
O·DPpULFDLQ 3RVVLELOLWp GH PRGLÀHU OHV UqJOHV
UDSLGH SHUPHWWHQW GH VDLVLU UDSLGHPHQW HW
GHFRPSRVLWLRQG·XQVLJQHG·LQVpUHUGHVFDUDF-
VDQV IDXWH G·RUWKRJUDSKH GLVSRQLEOH GDQV OHV
WqUHV VSpFLDX[ G·DMRXWHU XQH QRXYHOOH UqJOH GH
ORJLFLHOVGHWUDLWHPHQWGHWH[WH 
SRQFWXDWLRQRXGHQRXYHDX[IRUPDWVGHGDWHRX
- $QDO\VHXU GH O·RUWKRJUDSKH DQJODLVH DYHF GHQRPEUH
FKRL[ GX OH[LTXH EULWDQQLTXH RX DPpULFDLQ HW
OLYUpDYHFQRPVSURSUHVHQRSWLRQ Pour tous renseignements, contactez Diagonal
au 04 92 38 38 10 ou à diagonal@prolexis.com
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EXEMPLES D’ERREURS DÉTECTÉES ET CORRIGÉES PAR PROLEXIS

127
Yves Perrousseaux est né en 1940 à Troyes, en Champagne. Ancien élève de Guillaume Met de Pen-
ninghen et de Jacques d’Andon (atelier qui deviendra l’ÉSAG), il fait ses débuts professionnels dans
l’édition parisienne. Début 1968, l’éditeur Robert Morel le fait venir en Haute-Provence; il devient
son chef de fabrication. Il fait la connaissance de l’imprimeur manosquin Antoine Rico, de Jean Gar-
cia, de Maximilien Vox, de Jean Giono. En 1969, il assiste pour la première fois à la session annuelle
des Rencontres internationales de Lure, dont il est toujours membre (nous sommes en 2009), et petit
à petit il devient un passionné de typographie et d’histoire de la typographie.
Plus tard, il crée l’Atelier Perrousseaux sarl qui fut longtemps spécialisé dans la communication in-
dustrielle didactique, ce qui lui valut de collaborer avec des sociétés comme IBM France, Lafarge,
Poclain, Générale Sucrière, Pinet Industrie, le groupe PPB… Parallèlement, il enseigne quelques an-
nées à la faculté des Lettres d’Aix-Marseille (Communication et sciences du langage).
De 1995 à 2003, il est devenu, de plus, éditeur d’ouvrages technico-didactiques et culturels concer-
nant la typographie, l’histoire de la typographie, la mise en pages et les sujets qui gravitent autour,
son but étant de transmettre ces connaissances prioritairement au plus grand nombre. Il a vendu
son fonds éditorial à Adverbum sarl en 2003. Depuis avril 2009, c’est David Rault qui assume la res-
ponsabilité de directeur de collection de la marque éditoriale Atelier Perrousseaux éditeur.
Actuellement à la retraite, il occupe son temps, avec un plaisir certain, à réaliser une Histoire de
l’écriture typographique, en plusieurs tomes, de Gutenberg au xxe siècle, destinée à transmettre, d’une
façon didactique, ce patrimoine culturel si mal connu, en France du moins, qui a fixé à travers les
époques, les modes et l’évolution des techniques, la pensée de l’homme dans le livre et d’une façon
plus générale dans l’imprimé (une telle démarche n’avait pas été réalisée depuis les travaux de Fran-
cis Thibaudeau au début des années 1920 [cf. Paul-Marie Grinevald]). Une étudiante lui écrivait:
«Pour la première fois de ma vie, j’ai lu et appris avec plaisir.» : la récompense.

Caractères utilisés :
Le corps de texte, en Le Monde Livre normal osf, corps 10
Les notes, en Le Monde Sans normal osf, corps 7,5
Les titres et sous-titres, en Vista Sans AltMedium, corps 40 et 15
Le caractère Le Monde est une création de Jean-François Porchez
Le caractère Vista Sans est une création de Xavier Dupré
Design de couverture: Yves Perrousseaux sur des propositions de Jean-Baptiste Levée et David Rault

Crédits des illustrations : droits réservés

neuvième édition
Achevé d’imprimer par G. Canale SpA, Borgo San Dalmazzo, Italie
Dépôt légal : février 2010

Dépôt légal – bibliothèque & archives nationales du Québec, 2009


Dépôt légal – bibliothèque & archives nationales du Canada, 2009

IMPRIMÉ EN ITALIE

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e manuel s’adresse aux personnes qui utilisent la langue française sur logi-
C ciels de mise en pages ou logiciels de traitement de texte, sur Macintosh ou
sur PC, dans un contexte professionnel ou non, et ne possèdant pas les connais-
sances typographiques en usage dans la profession.
Jadis, la dactylographie mécanique offrait très peu de possibilités d’expression
au texte tapé. En fonction de ses limites, se sont élaborées des règles particulières
qui n’ont jamais rien eu à voir avec les règles typographiques pratiquées chez
les imprimeurs, élaborées et perfectionnées au fil des siècles, dans le but de tra-
duire les particularismes du français, afin que tout le monde les comprenne et
les prononce de la même façon. Les logiciels de mise en pages et de traitement
de texte sont des programmes qui organisent le texte en mode typographique et
non plus en mode dactylographique.

La PAO est devenue un fait de société incontournable, comme le furent l’inven-


tion de la typographie vers 1450 et récemment celle d’Internet. En conséquence,
chaque personne concernée devrait maîtriser l’expression typographique de sa
langue, de même qu’elle a déjà appris à «lire, écrire et compter». C’est un enjeu
culturel.

Ce manuel se compose de trois parties:


• Un bref historique de notre écriture occidentale, des premiers alphabets phé-
niciens (vers – 1200) aux caractères contemporains numérisés. Ce qui permet de
faire le lien entre l’origine de notre écriture et l’évolution de nos caractères typo-
graphiques à travers bientôt six siècles.
• Les règles élémentaires de la composition du français sur lesquelles chacun
bute à longueur de journée. Ce manuel est le seul Code typographique existant
sur le marché qui montre non seulement ce qu’il faut faire, mais également les er-
reurs qu’il ne faut pas faire et que l’on rencontre un peu partout, la couleur d’ac-
compagnement n’ayant pas la décoration comme but premier, mais de permettre
des explications didactiques.
• Des informations pratiques, comme les grilles des polices de caractères stan-
dard ou de signes (comme le Zapf Dingbats), obtenues sur les claviers du Macin-
tosh ou des PC. Ces grilles vous permettront d’utiliser complètement les quatre
caractères générés par certaines touches de votre clavier et donc de savoir com-
poser les capitales accentuées, les guillemets «français», les vraies apostrophes
typographiques [’] et non pas verticales ['], etc. Comme de prendre connaissance
du «Protocole des signes de correction sur épreuves» autant utile en secrétariat
qu’en imprimerie.

Un lexique typographique, une bibliographie, un index alphabétique.

www.perrousseaux.com
ISBN 978–2–911220–28–9

20 €

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