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PORTFOLIO #3

Le Mur rouge

Luis Barragan
Architecte du silence
Sombra y sol
L'idée “Barragan” n'est pas innocente. Le caractère complexe de son œuvre, reposant
à la fois sur des fondements traditionnels et des procès novateurs, suscitait émotion,
curiosité et entreprise. La notion de “fragment” s'accorde de façon efficiente à la
lecture partielle et cinétique d'une promenade dans l'œuvre permettant de renvoyer
aux fondements d'une démarche. En latin, détourner, conduire le regard ailleurs, se
dit "seducere". Il s'agit bien là de séduction. Si la neutralité suffisante de ces fragments
paraissait indubitable, il s'avérait nécessaire d'en éviter la couleur.

L'axiome de Monsieur Matisse : Lumière = Espace = Couleur aura sans nul doute
été pensé et repris par Barragan lui-même.

La couleur, pour Barragan, ne fonctionne-t-elle pas comme un exutoire ? L'ancrage


des traditions, la mémoire d'un peuple, les frasques d'une civilisation profonde, sous-
jacents dans toute son œuvre, ne passeraient-ils pas par la tauromachie ?

Cette séduction, vis-à -vis d'un monde âpre, opaque, dense et hostile, n'endosserait-
elle pas ces teintes frivoles dont se parent les toréros ? Barragan, aurait-il habillé ses
œuvres de lumière ? Ces fragments, si dépouillés soient - ils, s'exercent, sans trahir
le maître, à se vêtir de lumière : autant dire de rien !

Philippe Guillemet
Éditorial
Biographie Luis Barragan in Encyclopédia Universalis

Luis Barragan Morfin est né à Guadalajara chantés de Ferdinand Bac. À son retour
le 9 mars 1902 et décèdé à Mexico-City s'initie une période (1927-36), où il réa-
le 22 novembre 1988. Sa vie traverse le lise, dans un style éclectique hispano-mau-
siècle sans l'épouser, pour nous enchanter. resque, la Casa Luna (1929), la Casa
Cristo (1929). Elle sera suspendue en
Fils de propriétaire terrien, il passe de 1930 par le décès de son père et en
longues périodes de son enfance dans un 1932 par un voyage au cours duquel il
ranch de la région montagneuse de Ma- rencontre Ferdinand Bac, assiste à des
zamitla, état de Jalisco. Austérité des pay- conférences de Le Corbusier et découvre
sages, grands espaces, forte lumière, l'architecture vernaculaire méditérra-
omniprésence de l'eau et naissance de sa néenne. Après avoir vendu les affaires fa-
vocation de cavalier. Ici réside l'influence miliales il s'installe en 1936 à Mexico où
majeure d'un architecte autodidacte dont sous l'influence des écrits de Le Corbusier
l'œuvre sera qualifiée en 1976 par Emi- il réalise immeubles de rapport et maisons
lio Ambasz d'autobiographique et animée de ville dans le style International, puis dé-
par la nostalgie, la constante recherche cide en 1941 de n'avoir d'autres clients
Proustienne du temps perdu. Profondé- que lui-même, oriente son activité vers le
ment catholique, cet aristocrate déclassé paysagisme, l'aménagement urbain et initie
par la révolution mexicaine associe tradi- une relation avec le peintre naif Jesus
tion locale et culture universelle. Il suit "Chucho" Reyes Ferreira et le photo-
une formation d'ingénieur civil à Guada- graphe de paysages Armando Salas Por-
lajara (1920-25) et, en parallèle, tra- tugal avec lesquels il entretiendra une
vaille avec des constructeurs. Cette collaboration exemplaire.
période consacrée à apprendre à bien
bâtir est aussi marquée par la naissanceEn association avec le financier José Bus-
tamante il acquiert en 1945 à San Angel,
d'une complicité intellectuelle avec Rafaël
Urzua et Ignacio Diaz Morales. au pied du volcan Xitle, plusieurs hectares
de terrain volcanique inhospitalié qui de-
Au cours d'un voyage en Europe (1925- viendront Los jardines del Pedregal de San
27) il visite San Geminiano, l'Alhambra Angel. Métamorphoser un site vierge en
de Grenade et découvre Les jardins en- jardin pour méditer et jouir de la nature.
Portrait de Luis Barragan ©Alberto Gomez Barbosa1980
Une mission sacrée, une vision proche de positif de traitement de la lumière, et une
la conception des Perses anciens où le jar- double paternité pour les Tours Satellite
din est l'esprit de la maison. Il dicte les rè- (1957), monument de la porte nord de
gles urbaines : tracé des routes suivant les Mexico sur l'autoroute de Queretaro. La
formations de lave, places, fontaines, lot Fontaine de l'abreuvoir (1958) exprime
minimum de 500 m2, coefficient d'occu- la rencontre des Perses et des Surréalistes.
pation du sol de 10%, enceintes hautes de À l'extrêmité d'une longue avenue d'euca-
lave extraite du site percées par des clô- lyptus, un bassin, miroir d'eau, prolongé
tures de fer phosphorescent, lignes d'un écran blanc où frémissent les ombres
droites, surfaces planes, volumes pri- mouvantes des arbres.
maires. Il y construira la Casa Prieto
(1948), la Casa Galvez (1955), approu- Le Mur Rouge (1958) objet poétique à
vera la conception de quelques autres, deux faces, celle des yeux et l'autre, voilée,
puis se retire de l'opération en 1952 et qui suggère les présences du passé. Le
entreprend un voyage au Maroc. Club San Cristobal (1968) à la fois écu-
rie et maison pour la famille Folke Egers-
La réalisation de sa propre maison-ate- trom, où le vide d'une place est peuplé
lier à Tacubaya en 1947 peut être d'un arbre solitaire et d'une fontaine de
considérée comme le début de la pé- couleur éclatante. Scénographie mise en
riode de maturité. Ici, maison et jardin tension par le passage d'un homme à che-
ne font qu'un et le jardin est dédoublé. val. La Casa Gilardi (1976) à Tacubaya
Le premier, en pleine terre, accueille où se découvre, à l'extrémité d'un corri-
les arbres et les oiseaux, le second, en dor baigné de lumière jaune, la magie d'un
terrasse, le vent et les nuages. Un patio monolithe rouge incandescent qui émerge
ouvert sur le ciel, pour méditer. d'une piscine domestique. Quand Luis
Barragan reçoit le Prix Pritzker à Wash-
Mathias Goeritz, le sculpteur exilé en ington le 3 Juin 1980 son discours prend
1949 d'origine allemande exerce alors allure de Manifeste : quand, marchant le
une profonde influence philosophique sur long d'un obscur couloir de l'Alhambra,
Luis Barragan qui se traduit par une j'entrai dans le patio des Myrthes, serein,
étroite collaboration lors de la rénovation silencieux, solitaire, j'eu la sensation qu'il
de la chapelle du Couvent des capucines à contenait ce qu'un jardin parfait doit
Tlalpan (1952-55) où il réalise le vitrail contenir : rien moins que l'univers entier.
et l'autel, un triptyque doré à la feuille,
c'est-à-dire les éléments essentiels du dis- Marc Vaye 1999
FRAGMENTS
12 maquettes
Médium massif avec finitions ver-
nis polyuréthane type bureau,
plâtre, verre sablé, résine poly-
esther, bronze tirage unique à
cire perdue, patine noire.

Couvent des Capucines La nef


Couvent des Capucines Le tryptique
Couvent des Capucines Le claustra
Casa Barragan L'escalier
Casa Barragan La terrasse
Club San Cristobal Le portail
Club San Cristobal La fontaine
6 toiles canevas montées sur chassis 70 x 100 cm
"Les Colombières" Ferdinand Bac
12 Plans
Encadrements sous-verre 70 x 100 cm.
Papier acquarelle "arches" grain satiné à l'encre de Chine et crayon à papier.

Échelle 1/100 Fontaine des Amants Couvent des Capucines


Maison Barragan Rdc/1er étage/Terrasse
Maison Galvez Rdc/1er étage/Terrasse
Maison Gilardi Rdc/1er étage
Échelle 1/250 Fontaine de l'Abreuvoir Club San Cristobal
9 épreuves argentiques
Encadrements sous-verre 50 x 70 cm
Tournée & scénographies
1992 Salon International de l'Architecture Grande Halle de la Villette Paris
1993 Galerie de l'École Spéciale d'Architecture Paris
1994 Galerie de l'École Polytechnique Fédérale Lausanne Suisse
1997 Espace Elec CNIT Paris la Défense
1997 3ème Biennale Internationale d'Architecture Sao Paulo Brésil
2003 Les bâtisseurs de lumière Espace Electra Paris
2004 Forum d'Urbanisme et d'Architecture Nice
Sombra y sol
Vidéogramme 15’
Témoignages Ignacio Diaz Morales
Carlos Gonzalez Lobo Pierre Vago

Livret & DVD non édités


PORTFOLIO #3
Exposition
Luis Barragan
Architecte du silence

Commissaires Remerciements à
Philippe Guillemet & Marc Vaye Jorge Gonzalez Claveran
Ignacio Diaz Morales
Avec la collaboration de Pierre Vago
Bérenger Carron
Gabriel Estapa Folke Egerstrom
Benjamin Gonord Antonio & Christina Galvez
Francisco Gilardi
Scénographe Eucaristia Gonzalez Iturbe
Marc Vaye Efrain Gonzales Luna
Edouardo Prieto Lopez
Avec le concours de
Institut National des Beaux-Arts Enrique de Anda Alanis
Université de Guadalajara Alfonso de Maria y Campos
Université Nationale Autonome Mexico Louise Noëlle Mereles
Julio de la Pena
Bernard Menuiserie Carlos Flores Marini
Laboratoires Dupon Carlos Gonzalez Lobo
Alberto Gonzalez Pozo
Grégoire d’Amiens Maria Teresa Ocejo Casares
Didier Hubert Laura Olarte
Ihab Kalaoun Jose Reygadas Valdez
Bertrand Poirier Humberto Ricalde
Armando Salas Portugal
Première présentation 1992 Mario Schjetnan
Grandes Expositions du SIA
Grande Halle de la Villette Paris Catalina Corcuera/Casa Museo
Juan Palomar Fatlb
Sous le Haut Patronnage Victor Jimenez Munoz/Inba
de l'Ambassade du Mexique Enrique Toussaint/Fatlb
Juan Urquiaga/Inba
Avec le soutien
du Ministère de la Culture
Label du Comité National
“Cinquième centenaire pour
la rencontre des deux mondes“

Colloque
Médiateur Paul Virilio
Jorge Garcia Juarez
Guillermo Garcia Oropeza
Jorge Gonzalez Claveran
Fernando Gonzalez Gortazar
Hector Zapata Galvez
©1992/2004/2007

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