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MOTS CLÉS Résumé Dans un monde où les notions d’évaluation, de bilan, de score s’imposent
Main ; pratiquement dans toutes les activités, le bilan articulaire apparaît au rééducateur
Poignet ; comme un geste courant, simple, un peu fastidieux par le nombre de ces « petites
Bilan articulaire ; articulations de la main, quel qu’en soit le nombre ». En réalité, un bilan articulaire exige
Amplitude tout d’abord une parfaite connaissance de l’anatomie articulaire mais aussi neuromuscu-
laire correspondante. Compte tenu des exigences actuelles de qualité, un bilan doit être
validé et pour cela répondre à un certain nombre de critères. Pour être utilisé par le plus
grand nombre il doit être accepté, standardisé. Cependant, profitant des progrès infor-
matiques, il est en pleine évolution, en pleine recherche, tant au niveau de la saisie des
données qu’à celui de leur traitement ou de la présentation des résultats. La multiplicité
des possibilités offre un choix précieux en face de demandes, de contextes différents. En
effet, un bilan postchirurgical n’a pas le même objectif qu’un suivi rééducatif ou une
expertise en vue de réparation du dommage corporel. Le bilan « classique » au goniomè-
tre conserve une place privilégiée, que nous lui laisserons dans ce rappel des techniques.
Classiques aussi mais hélas encore trop nombreuses pour que l’on puisse dire qu’aucune
ne se soit imposée, les fiches, numérisées ou non, visualisant, outre les résultats, les
secteurs de mobilité, et « normaux » restent pour l’instant encore le moyen le plus simple
de présenter les résultats. Cependant, les techniques de saisie directement numérisée et
de traitement informatique après avoir ouvert des perspectives nouvelles à la recherche,
semblent promises à révolutionner la pratique courante.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
KEYWORDS Abstract Currently, at the time when the concepts of evaluation, assessment, and score
Hand; are involved in almost all our activities, the measurement of the range of motion is
Wrist; considered a common procedure, easy to be performed, sometimes fastidious due to the
Measurement; number of joints involved. In fact, such assessment needs a perfect knowledge of not only
Range of motion the joint anatomy but also the neuromuscular aspects. Regarding the actual quality
requirements, this measurement must be validated, i.e. it has to meet some definite
standardized criteria as to be accepted and widely recognised. However, since some
computerisation techniques may improve its quality in terms of data input, data mana-
gement, and result presentation, this method is today largely evolving. Multiple potenti-
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : jean.delprat@free.fr (J. Delprat).
1769-6852/$ - see front matter © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi: 10.1016/j.emckns.2005.01.002
34 J. Delprat et al.
alities allow providing specific responses to specific needs, such as in contexts as different
as post-surgery evaluation, rehabilitation follow-up or expertise of bodily damage. Today
the most frequently used techniques are the goniometer and the paper record cards,
digitized or not. However, after promising results in the research field, the computerised
techniques of data input and management and digital cams are likely to become widely
used in daily clinical practice.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Introduction
Le poignet en légère extension et légère
Entité anatomique complexe, l’ensemble poignet/ inclinaison cubitale ; les doigts légèrement flé-
main constitue aussi une entité fonctionnelle, un chis au niveau des trois articulations, le degré
organe de relation, exploration ou action, avec le de flexion augmentant régulièrement de l’in-
monde extérieur. Le bilan articulaire, l’examen de dex à l’auriculaire. Le pouce en demi-
ses nombreuses articulations est un élément indis- opposition, sa métacarpophalangienne demi-
pensable pour l’évaluation globale des fonctions de fléchie, son interphalangienne très légèrement
la main et en particulier de la fonction motrice de fléchie (I. A. Kapandji).
préhension,4,10 ici hors de notre propos, mais qui en
est en fait l’aboutissement et restera toujours pré- Il ne s’agit que d’une position optimale moyenne
sent à notre esprit. qui peut être utile pour le choix d’une arthrodèse. Elle
n’est absolument pas une position d’immobilisation à
but thérapeutique. La « position de référence », que
nous verrons avec chaque article, est la position arbi-
Poignet, Main
trairement choisie comme position « zéro ».
Entités anatomiques complexes Rappel anatomique
nombreuses petites articulations des os du carpe base (enroulement centrifuge). Du fait de la diver-
permettent de lier extension/flexion et inclinaison gence de leur base, les doigts convergent en flexion
latérale, donnant ainsi, selon l’attitude en flexion vers la base du pouce (Fig. 2). Le pouce « sort du lot »
ou en extension, la meilleure position de travail aux et diverge très tôt dans l’évolution, mais l’homme ne
rayons digitaux radiaux ou cubitaux. Le poignet partage pas souvent son privilège du face à face
peut aussi bien faire preuve de souplesse (escrime) pouce/doigts longs.3,20
que se consacrer à assurer une stabilité qui, en Deux courbures perpendiculaires donnent à la
solidarisant la main à l’avant-bras permet la trans- main sa stabilité,13 (Fig. 3) creusant la paume, où
mission à la main de la force exercée par le membre Wynn Parry30 place le « centre de la main ». La
supérieur (mouvements de pronosupination du courbure longitudinale amorce la flexion-
tournevis ou tenue d’une pioche par exemple). enroulement des doigts, en extension elle est peu
marquée et de façon variable selon les sujets. La
Architecture générale, la main courbure transversale est soutenue par deux ar-
L’utilisation de cinq rayons digitaux « autonomes » ches. L’une proximale, rigide, en un canal étroit au
arrive tardivement dans l’évolution. Levame17 a niveau du carpe, est complétée par les opposants
même pu dire que l’homme n’utilise en réalité le plus du premier et du deuxième doigt qui constituent
souvent qu’une main à deux ou trois doigts, rares l’arche musculaire de Littler (Fig. 4), l’autre dis-
étant les virtuoses de la pentadactylie vraie. Ces
rayons divergent à partir du massif carpien. La chaîne
digitale polyarticulaire peut s’enrouler sur elle-même
dans un mouvement de flexion qui peut débuter à la
distalité (enroulement centripète) ou au niveau de sa
Figure 5 Lorsque le poing se ferme avec force, l’arcade des têtes métacarpiennes s’accentue du fait de la flexion des deux derniers
métacarpiens au niveau de leur carpométacarpienne respective.
tale, plus large, au niveau des têtes métacarpien- de flexion-extension pour compenser l’inclinaison
nes, modifiable par la flexion de deux dernières de la glène (Fig. 8) ou lors des mouvements d’incli-
métacarpophalangiennes (MCP) (Fig. 5). L’aspect naison latérale, grâce à un glissement du semi-
dynamique de l’architecture de la main permet lunaire (Fig. 9). L’orientation doublement oblique
d’isoler une zone stable et trois zones mobiles qui du plan articulaire entraîne une attitude en légère
se regroupent en entités fonctionnelles (Fig. 6). inclinaison cubitale au repos, l’axe de l’avant-bras
passant alors par le troisième doigt. La flexion du
Unités articulaires poignet le déplace vers l’index, optimisant ainsi la
position de la main radiale.
Radiocarpienne
Elle peut être considérée comme une condylienne à Médiocarpienne (Fig. 10)
deux degrés de liberté. La surface articulaire de C’est un système articulaire complexe dont la clas-
l’extrémité inférieure du radius (Fig. 7) présente sification mécanique a été très diversement appré-
une crête mousse qui la divise en deux champs ciée, condylarthose pour certains (Kapandji, Bon-
inégaux, creusés en cuvettes, l’interne étant en nel), trochléarthrose pour Martinez et Mansat qui
continuité avec le ligament triangulaire, revêtu de insistent sur le rôle de pivot joué par le grand os qui
cartilage. Le « condyle » carpien est en fait consti- donne à cette articulation un rôle complémentaire
tué par deux éléments, le scaphoïde en dehors, le dans la flexion/extension (Fig. 11) tandis qu’il cons-
semi-lunaire et partiellement le pyramidal en de- titue un axe central. En pratique, ces mouvements
dans. Cette surface se modifie lors des mouvements
Figure 9 Lors de l’inclinaison radiale le massif carpien tourne autour d’un axe antéropostérieur passant entre le semi-lunaire et le
grand os. Le semi-lunaire se déplace en dedans. Le massif carpien vient buter par le scaphoïde contre la styloïde radiale, limitant
l’amplitude. Lors de l’inclinaison cubitale le grand os s’incline en dedans et le semi-lunaire se porte en dehors. Le massif carpien reste
centré. Par ailleurs, à un étage plus distal, l’inclinaison des doigts amplifie ce mouvement. D’où la nécessité de préciser l’axe choisi,
main métacarpienne ou troisième rayon digital. L’amplitude des mouvements d’inclinaison latérale est minimale en forte flexion, ou
forte extension, du poignet et plus ample en position de supination que dans la pronation.
Radiocubitale inférieure
C’est une double trochoïde inversée à une liberté
articulaire (Fig. 12). Une surface articulaire cylin-
drique sur la tête du cubitus correspondant à une
cavité en segment de cylindre sur la cavité sig-
moïde du radius. La contention est assurée par le
ligament triangulaire qui s’insère par sa base au
bord inférieur de la cavité sigmoïde du radius et par
son sommet à la base de l’apophyse styloïde cubi-
tale. Il est plus épais (4 mm) à son sommet qu’à sa
Figure 10 Médiocarpienne et rôle de pivot central du grand os. base (2 mm).
Bilan validé
Pour pouvoir prétendre à une reconnaissance uni-
verselle, toute procédure d’évaluation doit être
validée et pour cela obéir à un certain nombre de
critères, ici « fidélité » c’est-à-dire reproductible
quel que soit l’opérateur, « sensibilité » c’est-à-
dire précision, et « validité » c’est-à-dire adéqua-
tion avec son objet.
Bilan en évolution
Pour pouvoir être universellement utilisée, une
technique de bilan doit être simple et standardisée.
Cependant, la standardisation ne doit pas être un
frein à une évolution du système de pensée ou à un
progrès technique. L’enregistrement directement
numérisé et le traitement informatisé des données
sont en plein développement et ont déjà permis de
proposer des outils, des méthodes très intéressants
à de multiples points de vue, dont la prise en Figure 21 Exemple d’hyperlaxité chez un garçon de 10 ans. A.
compte de l’aspect dynamique. Complexe, passive. B. Extension active des MCP et des IPP.
42 J. Delprat et al.
Figure 22 Repères osseux et tendineux (entre parenthèses dénomination selon la « nomenclature internationale française »
lorsqu’elle est différente). A. a : long supinateur (brachioradial) ; b : grand palmaire (fléchisseur du carpe) ; c : petit palm (muscle
long palmaire) ; d : cubital antérieur (fléchisseur ulnaire du carpe) ; e : artère radiale, f : nerf médian ; g : nerf cubital ; h : scaphoïde ;
i : semi-lunaire ; j : trapèze ; k : pisiforme ; l : base du 3e métacarpien ; m : long abducteur du pouce ; n : long extenseur du pouce.
X-X’ : ligne bistyloïdienne. B. Point repère du grand os, en arrière de la base du troisième métacarpien. C. Point repère du
semi-lunaire, se recherche avec un mouvement d’extension-flexion. D. La tabatière anatomique, point repère du scaphoïde. Se palpe
en légère inclinaison cubitale. E. Repères du pisiforme (P) et de la saillie de l’os crochu (C), qui limite en dehors le canal de Guyon.
ments anormaux, laxité latérale, rotation axiale ou Du qualitatif au quantitatif. Un premier chiffrage
encore « tiroir », au niveau des métacarpophalan- par les repères anatomiques
giennes par exemple.28
Désireux d’avoir une estimation globale rapide de
À ce stade, un examen radiographique ciblé peut la mobilité des doigts, sans exiger une précision de
être jugé nécessaire (Tableau 2). quelques degrés, certains auteurs ont décrit des
Poignet et main : bilan articulaire 43
Tableau 1
Inspection et palpation
Poignet : épanchements et kystes synoviaux
Radiocarpienne Tuméfaction face dorsale, visible d’abord au bord externe, puis à la face dorsale
Carpienne Face dorsale, difficile à différencier des précédents
Radiocubitale inférieure Saillie exagérée de la tête cubitale, souvent associée à une subluxation, réductible
avec ressaut
Kystes synoviaux Apparaissent sur la face palmaire du poignet au niveau du pli transverse
Doigts longs
Métacarpophalangienne 1 épanchement articulaire : tuméfaction face dorsale, tend à combler latéralement
les vallées métacarpiennes voisines, atténuant la saillie des têtes des métacarpiens
2 ténosynovite de la gaine des fléchisseurs, palpable sur la face palmaire, à la base
de la première phalange
3 doigt à ressaut, nodule palpable, ressaut perceptible
Interphalangienne proximale 1 épanchement, en fuseau, caractéristique
2 nodules dégénératifs de Bouchard, visibles et perceptibles
Interphalangienne distale 1 rupture du tendon extenseur, doigt en maillet
2 nodules dégénératifs d’Heberden, visibles et perceptibles
Pouce
Fracture base de M1 Tuméfaction base du pouce, douleur exquise au point repère
Fracture scaphoïde Douleur exquise dans la tabatière anatomique
Lésion trapézométacarpienne Douleur lors de la rotation/flexion avec composante de pression
Rhizarthrose
Métacarpophalangienne Laxité et douleur lors des lésions des ligaments latéraux
échelles anatomiques libérées de toute contrainte tre doigts vus au paragraphe précédent. La distance
instrumentale (Fig. 23).14,15,22,23,25 La simplicité de résiduelle entre les pulpes du pouce et d’un doigt
ces méthodes n’altère en rien la valeur de leur auquel il doit s’opposer, peut bénéficier, elle aussi,
chiffrage et permet, lors d’une expertise par exem- de cette estimation simple, lors d’un bilan en cours
ple, d’avoir une idée très précise de l’amplitude de traitement par exemple. Ces mesures, globales,
articulaire ainsi mesurée. au centimètre, sont déjà orientées vers une appré-
Malheureusement, les barèmes aussi bien que les ciation fonctionnelle directe. Le pas est franchi si
publications ne connaissent que les degrés. Ne l’on remplace le centimètre par une série de petits
sont-elles pas assez utilisées pour être reconnues objets (cylindres) calibrés.
ou pas assez reconnues pour être universellement Un jeu de « cales » en bois, étalonnées de 5 en 5
utilisées ? degrés (ce qui est de l’ordre de la plus petite marge
d’erreur acceptée pour un bilan goniométrique)
« Petits instruments » : centimètre, cales, (Fig. 25) permet une évaluation intéressante de
goniomètre... l’ouverture de la première commissure par l’effet
Le premier des petits appareils de mesure utilisés, feedback, utilisable aussi en tant que traitement,
dans un examen qui reste clinique, est le centimè- et qui implique bien le patient dans l’exercice alors
tre. Il est discret, son utilisation aussi. Boyes l’uti- qu’il cherche à décoller son doigt pour accepter la
lisa dès 1971 pour évaluer la flexion des doigts taille au-dessus.
(Fig. 24). C’est un test de flexion globale, centri- Le goniomètre est dans la poche de tout prati-
pète, qui renseigne mal sur la mobilité de la méta- cien ou thérapeute des mains. Il en existe plusieurs
carpophalangienne. Van Wetter (cf. infra) utilise un types qui cherchent à mieux répondre à leur utili-
appareillage déjà plus complexe dans lequel sation sur les petites articulations. Pour les doigts,
« l’apogée » du pouce est mesurée en centimètres. les branches doivent être courtes pour ne pas gê-
La rétropulsion du pouce peut aussi être exprimée ner. La transparence des branches qui permet de
en centimètres, un décimètre remplaçant les qua- bien s’aligner sur les axes de l’avant-bras et du
Tableau 2
Mouvements anormaux
Métacarpophalangienne des doigts longs Une laxité en position fléchie peut amplifier le petit tiroir physiologique
Interphalangiennes Tout mouvement passif dépassant quelques degrés en rotation axiale ou latéra-
lité est anormal
Métacarpophalangienne du pouce Une entorse grave entraîne une laxité latérale
44 J. Delprat et al.
Figure 23 Échelles anatomiques de Kapandji. A. Pour la flexion de doigts longs. C’est le pouce qui sert d’échelle. Depuis 1, contact
d’opposition avec le pouce, à 5, flexion complète. B. Pour l’extension. Se recherche main à plat sur un plan horizontal. 5 : contact
simultané de la paume et des phalanges ; 4 : seule la pulpe de la troisième phalange repose sur la table ; 3 : seule l’extrémité du doigt
entre en contact avec la table ; 2 : seul le bord de l’ongle entre en contact avec la table ; 1 : seul le dos de l’ongle entre en contact avec
la table ; 0 : la face dorsale de toute la troisième phalange repose sur la table. C. Pour l’opposition du pouce, de 0 (nulle) à 10 (complète).
Le test doit s’effectuer en suivant tous les repères sur l’extrémité des doigts (grande course). Le passage de 0 à 10 en restant dans le plan
de la paume (petite course) n’interroge pas l’opposition. D. Pour la rétropulsion, de 1 à 4, sur les quatre doigts longs.
Poignet et main : bilan articulaire 45
Cotations
La cotation des résultats doit être standardisée.
Deux méthodes sont utilisées. La cotation de Merle
d’Aubigné, qui a été adoptée par l’American Aca-
demy of Orthopaedic Surgeons, utilise des chiffres
négatifs lorsqu’un mouvement ne permet pas d’at-
teindre la position de référence, le 0 (Fig. 29). Dans Figure 30 Exemple de recherche de la TAM d’un index.
la cotation de Muller et Buitz19 c’est la situation des Flexion = 35 + 75 + 50 = + 160°.
chiffres par rapport au 0, toujours indiqué, qui Extension = 20 - 15 - 45 = - 40°.
Poignet et main : bilan articulaire 47
Dans les suites d’une réparation des fléchisseurs Les chiffres obtenus à la fin d’un bilan articulaire
des doigts, Tubiana28 apprécie la position angulaire ne doivent pas être considérés comme une fin en
de la seule deuxième phalange par rapport au mé- valeur absolue mais rapprochés d’une normalité
tacarpien correspondant (donc MCP + IPP) et distin- statistique ou comparative avec le côté opposé,
gue cinq grades de 1, le meilleur à 5, le moins bon. chez un hyperlaxe par exemple. Rapprochés aussi
des valeurs correspondant aux secteurs les plus
Tableaux utiles, voire nécessaires à la fonction, secteurs
différents pour chaque articulation, pour chaque
La lecture des résultats présentés sous forme de
doigt. Ils doivent être intégrés à des données sta-
tableaux est fastidieuse et ne permet pas de se
tistiques et restitués sous cet éclairage. C’est un
faire une idée rapide de l’état de la main exami-
des points auquel le traitement informatique ouvre
née.
de larges possibilités.
Fiches de goniométrie
Traitement informatique des données
Elles visualisent mieux, de plus elles indiquent les Les progrès dans les domaines électronique et in-
secteurs normaux et les secteurs utiles. formatique ont permis une miniaturisation des sys-
tèmes avec accroissement des performances et ré-
La présentation sous forme de secteurs regrou-
duction des coûts. La capacité des disques
pés sur la même fiche permet de visualiser en
devenant chaque année plus importante, il n’est
même temps les amplitudes « normales », les sec-
pas impossible d’imaginer à court terme le dévelop-
teurs « utiles » sur le plan fonctionnel et les résul-
pement dans la pratique courante des plus simples
tats du bilan. Plusieurs modèles de fiches existent.
de ces méthodes de traitement, d’échange et d’ar-
chivage des données.
Notions d’évolutivité et de relativité : courbes,
statistiques Dans ce domaine nous retrouvons les trois grou-
pes rencontrés lors de la saisie. Les systèmes tradi-
Le bilan articulaire entre souvent dans le cadre tionnels adaptés, tels le DATALog® et le E-link® (ce
d’examens répétitifs pour un suivi évolutif seul dernier pour la rééducation), développés par Bio-
capable de justifier la poursuite d’une thérapeuti- metrics Ltd, utilisent une unité centrale (PC avec
que ou son interruption. L’accumulation de chiffres processeur de type Pentium 1GHz minimum) rece-
ou même de fiches, ne met pas aussi bien en vant, par l’intermédiaire d’un boîtier interface
évidence l’évolution que le report sur une courbe spécifique, les données saisies par des capteurs
« degrés/temps en semaines », sur laquelle peu- goniométriques à deux axes qui mesurent simulta-
vent aussi être notés les « événements », mise en nément les mouvements dans les deux plans, ou
place d’une orthèse, début de la mobilisation ac- dynamométriques. Le logiciel, sous Windows 2000,
tive, les limites « normales » ainsi que la « zone permet la visualisation sur l’écran et l’édition de
fonctionnelle » (Fig. 31).5 documents sous la forme de tableaux chiffrés ou de
graphes. Dans le groupe « lourd » (essentiellement
destiné à la recherche, et que pour cette raison
nous ne ferons que citer), le système VICON®,
développé depuis 1984 comporte jusqu’à six camé-
ras IR qui enregistrent la situation de marqueurs IR
en nombre illimité. Les données sont traitées, dans
un espace 3D, de 50 à 250 fois par seconde sous
Windows NT ou 2000. Le système ZEBRIS®21 est
proche du précédent mais les marqueurs sont ici
des émetteurs ultrasoniques reliés par fil à la cen-
trale. Des appareillages plus simples, plus légers
aussi en investissement, faisant appel à un matériel
standard largement distribué semblent promis à
une diffusion rapide dans les cabinets de rééduca-
tion médicaux ou kinésithérapiques. L’un des
auteurs18 a développé et utilise depuis 15 ans un
programme mis au point avec le concours de l’Uni-
versité de Bourgogne, qui est une excellente illus-
Figure 31 Notre fiche de bilans « évolutifs ». tration de cette troisième voie.
48 J. Delprat et al.
Position de fonction
Elle est classiquement à peu près celle qui corres-
pond à l’écriture : extension (30°), légère inclinai-
son cubitale (10 à 15°), pronation (30 à 45°). Mais il
est difficile d’en faire une position universelle. Le
travail « vers soi » (s’habiller) exige une légère
flexion en pronation, l’extériorité impose au
contraire une légère extension en pronosupination
nulle.
Conditions d’examen
Pour la flexion-extension, les mensurations seront
effectuées en pronation, ce qui horizontalise la
ligne bistyloïdienne et aligne les plans du mouve-
ment avec le plan antibrachial. Le goniomètre est
placé sur la face palmaire pour l’extension, dorsale
pour la flexion. Il doit être dans l’axe avant Figure 32 Fiche du poignet (A, B, C : 3 volets : extension-
bras/troisième métacarpien. On peut être gêné par flexion, inclinaisons latérales et pronosupination).
50 J. Delprat et al.
Tableau 3
Extension Flexion Inclinaison Inclinaison Pronation Supination
cubitale radiale
Selon Wynn Parry 64° (42-80°) 75° (52-93°) 33° (20-55°) 15-20° 50-80° 80-90°
Selon Kapandji 85° 85° 45°
Figure 33 Fiche des métacarpophalangiennes des doigts longs : extension-flexion et inclinaisons latérales.
Poignet et main : bilan articulaire 51
jection » (et rétrojection) dans le plan sagittal mettre aux doigts longs de s’enrouler en flexion
(Fig. 39,40). La position zéro dans ce système, jusqu’à la paume.
selon la fédération internationale, situe le pouce
dans le plan de la paume, appliqué contre l’index. Mouvements « dans le pouce » (Fig. 43)
En position zéro, les axes des trois pièces osseuses
Duparc et de la Caffinière8 ont proposé (Fig. 41)
sont alignés. La position de fonction est en légère
un système de coordonnées polaires en situant le
flexion, ce qui facilite le travail en pince fine.
métacarpien sur un cône dont le demi-angle au
Normalement la MCP possède une extension
sommet est l’angle d’écartement entre le premier
nulle ou légèrement positive en actif, pouvant at-
et le deuxième métacarpien (M1 et M2), et en
teindre 30° passivement. La flexion est de l’ordre
définissant un angle de rotation spatiale, angle
de 30 à 40°, souvent plus limitée, mais elle peut
dièdre formé par le plan frontal et le plan passant
atteindre 90°. Les mouvements de latéralité phy-
par M2 et M1. Un petit appareillage (Fig. 42) facilite
siologiques sont très faibles en extension et unique-
la mesure de cet angle de rotation spatiale ainsi
ment en inclinaison radiale, nuls en flexion. La
que « l’apogée de Van Wetter », hauteur maximale
recherche d’une laxité latérale doit être systéma-
atteinte par l’extrémité du pouce au-dessus du plan tique, présente, elle indique une lésion du ligament
frontal de référence, mesurée par une réglette. latéral interne, faisceau principal seul ou acces-
La position de fonction de la colonne du pouce soire associé (sésamoïdes) (Fig. 44)
est en opposition, incomplète cependant pour per- L’interphalangienne ne présente que des mouve-
ments d’extension et de flexion. L’extension active
est en moyenne de 10°, elle peut atteindre 30°, et
plus passivement. La flexion est de l’ordre de 80°
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