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LIVRE.book Page III Jeudi, 21.

août 2008 2:31 14

Laurie Hawkes/France Brécard

Le grand livre
de l’analyse
transactionelle

© Groupe Eyrolles, 2008


ISBN : 978-2-212-54168-7
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Chapitre 1

Les signes
d’attention Comment vous sentez-vous
reconnu ?

Charlotte rentre chez elle, toute contente : elle a réussi à boucler un


gros budget dans les temps impartis, et en ne dépassant pas les
sommes allouées – exercice particulièrement difficile dans sa pro-
fession. Quand elle arrive à la maison, elle se sent légère et impa-
tiente de partager sa réussite avec Pierre. Elle le découvre,
immuable, devant son ordinateur. Le bébé a été lavé, nourri et cou-
ché par la nounou, et Pierre s’adonne à son sport préféré, surfer sur
Internet. Joyeuse, Charlotte se précipite vers Pierre pour lui raconter
son succès. Celui-ci l’écoute calmement, la félicite sans montrer
autant d’enthousiasme que le désirerait Charlotte, puis retourne à
son ordinateur. Charlotte se sent un peu déçue, elle aurait aimé plus
de chaleur. Et pourtant elle le connaît, son Pierre. Il ne faut pas trop
compter sur lui pour s’emballer et donner les signes d’attention dont
Charlotte a besoin et qu’elle attend de lui.

Dans cet exemple, nous voyons une des difficultés majeures de la


communication : Charlotte attend un signe de Pierre, et Pierre répond sans
enthousiasme à cette attente. Cette anecdote nous montre plusieurs choses :
• les signes de reconnaissance sont importants dans les échanges entre êtres
humains ;
• la façon de les demander, de les donner et de les recevoir est différente pour
chacun ;
• les besoins de chacun ne se rencontrent pas toujours.
Selon l’analyse transactionnelle (AT), le signe d’attention, appelé aussi stroke en
anglais, est l’unité de la vie sociale. Ces signes peuvent être verbaux ou non
verbaux : une parole, un sourire, un regard, un signe de tête pour montrer que nous
nous connaissons sont autant de signes de reconnaissance. Ils peuvent être positifs
ou négatifs : des compliments ou des critiques. Enfin, nous les recevons différem-
ment suivant qu’ils sont formulés de façon conditionnelle ou inconditionnelle.
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Le grand livre de l’analyse transactionnelle

1. Les différents signes de reconnaissance


En analyse transactionnelle, toute intervention qui crée une reconnaissance de
l’autre est appelée « signe de reconnaissance ». Nous faisons souvent à peine
attention à ce flot constant d’échanges avec les autres. Mais, si ces signes viennent
à manquer, nous nous sentons mal, et parfois même nous déprimons.

• Les signes conditionnels ou inconditionnels


Si les signes conditionnels renvoient à notre comportement – à ce que nous
faisons –, les signes inconditionnels renvoient à notre personne – à ce que nous
sommes –, et sont très chargés d’intensité. Quand ils sont positifs, ils nous
remplissent de chaleur et de joie, nous sommes agréablement touchés et nous
nous sentons bien. Cependant, certaines personnes refusent ces signes positifs.
Ayant été élevées dans la pénurie, elles ont du mal à accepter le positif.
Les signes inconditionnels négatifs sont difficiles à entendre. Ils nous renvoient une
image de nous-mêmes négative, et peuvent être destructeurs quand, par exemple,
ils s’adressent à un enfant qui n’a pas les moyens de relativiser ce qu’il perçoit.

a) Les signes de reconnaissance inconditionnels

1) Les signes inconditionnels positifs typiques


• Je t’aime énormément ;
• je te trouve intelligent ;
• j’apprécie ton sens de l’humour.

2) Les signes inconditionnels négatifs typiques


• Tu es méchante ;
• tu es vraiment insupportable ;
• je déteste tes grands airs.
Les signes conditionnels, eux, sont moins chargés d’intensité – qu’ils soient posi-
tifs ou négatifs. Il est agréable de savoir qu’on apprécie notre coiffure, mais cela
nous touche moins que de nous savoir aimés ! Les signes conditionnels négatifs
sont parfois difficiles à entendre, mais ils permettent, si nous les écoutons avec un
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peu de distance intérieure, de modifier des comportements problématiques, de


progresser dans notre travail, d’apprendre d’autres façons d’agir. Dans ce cas, tout
dépend de la façon dont ils nous sont présentés.

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b) Les signes de reconnaissance conditionnels

3) Les signes conditionnels positifs typiques


• j’aime ta robe ;
• j’apprécie beaucoup ton travail ;
• tu as bien compris ce dont je parle.

4) Les signes conditionnels négatifs typiques


• je déteste que tu me fasses attendre ;
• tu as fait une grosse bêtise ;
• ton rapport n’est pas assez travaillé.
Nous baignons dans un flux constant de signes de reconnaissance. À moins de vivre
très isolés, nous recevons toujours quelques signes non verbaux en quittant notre
maison le matin, en arrivant au travail, ou en allant au marché. Selon les circons-
tances, ces signes sont plus moins nombreux, plus ou moins chargés d’intensité.
Les signes verbaux sont plus explicites, plus simples à intégrer. Ils demandent, de
la part de l’émetteur, d’au moins s’impliquer un peu dans la relation. Il est plus
difficile pour le receveur de les ignorer.

• Les signes de reconnaissance verbaux et non verbaux


a) Les signes de reconnaissance verbaux

1) Les signes positifs typiques


• Quelle bonne soirée, j’ai passée, merci ;
• j’adore ta nouvelle coiffure ;
• très bien, ton intervention ce matin, auprès de l’équipe.

2) Les signes négatifs typiques


• Tu t’es encore trompé ;
• tu es vraiment mal coiffée ;
• comment as-tu pu acheter une telle horreur !
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Les signes non verbaux sont souvent plus discrets, donc plus faciles à ignorer. Un
sourire, un signe de tête, un clin d’œil nous rapproche de la personne qui nous
les envoie. Même si ces signes sont moins chargés d’intensité émotionnelle, leur
absence ou la non-réponse à l’un d’eux peuvent être vécues comme douloureuses.

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La preuve en est cette réflexion, souvent entendue dans les entreprises : « Il est
méprisant, il ne me salue pas quand on se rencontre. »

b) Les signes de reconnaissance non verbaux

1) Les signes positifs typiques


• Un sourire ;
• un petit signe de la main ;
• un clin d’œil ;
• un geste amical.

2) Les signes négatifs typiques


• Un regard qui se détourne à mon approche ;
• la grimace d’un collègue à la lecture de mon rapport ;
• des gestes insultants ;
• pas de réponse à ma demande.
Ces différents exemples montrent que, selon les signes que nous recevons, nous
pouvons nous sentir plus ou moins bien. Les signes positifs, conditionnels ou
inconditionnels, sont en général bienvenus, mais ils peuvent aussi tomber à plat :
si nous attendions un signe de reconnaissance sur notre intelligence ou notre
compétence, nous pouvons nous sentir mal compris en recevant un signe sur
notre gentillesse ou notre aspect physique.

Charlotte fait une présentation devant la direction des nouveaux


projets de la société. Cet exposé lui a demandé beaucoup de tra-
vail, et elle se sent angoissée. À la fin de la séance, un de ses col-
lègues vient la voir et lui dit combien il l’a trouvée belle pendant
qu’elle faisait sa présentation. Charlotte se sent mal à l’aise et légè-
rement agacée par cette intervention. Ce n’est pas le signe qu’elle
attendait : elle voulait être félicitée pour son travail.

À l’inverse de notre exemple, si nous attendons des mots d’amour, nous serons
déçus d’entendre des compliments sur notre efficacité !
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Dans d’autres cas, nous recevons mal les signes positifs, parce qu’ils ne corres-
pondent pas à ce que nous pensons de nous, ou parce que nous ne les croyons
pas sincères. Parfois encore, nous donnons peu de la valeur à ce que nous disent
nos amis, sous prétexte que, en tant qu’amis, ils ne sont pas objectifs ! Ce sont

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là quelques façons de filtrer les signes de reconnaissance. Nous avons chacun


notre manière de procéder, en fonction de notre culture, de notre propre image,
de ce que nous avons appris à penser de nous. Filtrer les signes positifs, c’est
dommage. Mais certaines personnes arrivent aussi à filtrer les signes négatifs. Ce
peut être une force, et parfois une faiblesse.
Nous recevons parfois des signes de reconnaissance qui ne sont pas sincères, on
les appelle des strokes en toc. Ils ont l’air authentique, mais nous sentons bien
qu’ils sont donnés mécaniquement, ou pour obtenir quelque chose de nous. Ils
nous semblent manipulateurs et sont plus dérangeants qu’agréables à entendre.
Il est plus sage de ne pas les croire.

Charlotte a une collègue, Claire, spécialiste de ce genre de manipu-


lation. Elle arrive le matin tout sourire et complimente Charlotte pour
son esprit de synthèse, et sa grande capacité à rédiger des rap-
ports intelligents, bien présentés. Puis, peu de temps après, elle lui
demande de l’aide et lui laisse faire tout le travail. Après deux ou
trois expériences de ce type, Charlotte a compris et ne se laisse
plus faire.

La confusion entre signes de reconnaissance négatifs conditionnels et signes de


reconnaissance négatifs inconditionnels est une autre difficulté. Les signes néga-
tifs conditionnels sont nécessaires dans certaines relations : apprentissage, éduca-
tion, vie professionnelle. Les signes inconditionnels négatifs sont toujours
destructeurs : ils portent sur l’essence même de la personne et l’enferment dans
le négatif.
Cependant, il arrive qu’on prenne un signe conditionnel négatif (« Tu n’as pas
bien travaillé ») pour un signe inconditionnel négatif (« Tu es nul »). Les
personnes qui font cette confusion ont des difficultés à entendre la critique, alors
qu’une critique bien formulée peut se révéler constructive.
Les signes de reconnaissance conditionnels négatifs sont indispensables pour faire
progresser une personne dans son éducation ou son apprentissage : elle doit
savoir que ce qu’elle fait n’est pas adapté. Cependant, l’impact des signes négatifs
est tel que la personne peut se décourager et s’inhiber. C’est souvent le cas des
enfants, qui prennent les signes conditionnels pour des signes inconditionnels.
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Il faudrait cinq signes de reconnaissance positifs pour compenser un signe de


reconnaissance négatif. Il est donc important, dans les situations d’apprentis-
sage, de donner aussi des signes positifs.

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En France, dans les études, dans la vie professionnelle, on privilégie souvent les
signes négatifs pour faire progresser les étudiants ou les salariés. Cette façon de
faire a des avantages : elle crée des élites solides face à la critique, sachant réagir
dans les moments difficiles. En revanche, elle présente de graves inconvénients
pour les personnalités plus fragiles, moins brillantes, qu’elle décourage et
empêche de faire des expériences qui leur seraient nécessaires – même si ces expé-
riences ne sont pas toujours couronnées de succès.

Depuis son enfance, tout le monde répète à Pierre qu’il est timide.
Pour lui, cette étiquette est plutôt négative. Aussi, devant chaque
nouvelle situation de rencontre ou d’échange, Pierre se sent-il
démuni, pas à la hauteur. Il a tendance à fuir le contact et à se réfu-
gier chez lui, devant son ordinateur par lequel il ne se sent pas jugé.

Nous verrons, dans la deuxième partie de ce livre, de quelle manière nous


sommes tributaires des signes de reconnaissance au cours de notre développe-
ment. Mais, dans cette première partie sur la communication, il est bon de souli-
gner que les signes de reconnaissance sont indispensables à notre survie, et que
nous sommes souvent prêts à beaucoup de choses pour en obtenir. Ainsi, plutôt
que d’affronter l’indifférence et l’absence de signes de reconnaissance, nous préfé-
rons parfois recevoir des signes négatifs.

Une scène d’autrefois : Charlotte, âgée de six ans, joue avec son
petit frère, Sébastien, pendant que toute la famille est à table. Per-
sonne ne s’occupe d’eux. Soudain, Charlotte veut absolument le
jouet de son frère, elle pince Sébastien pour qu’il le lâche. Le petit
garçon hurle. Toute la famille se retourne. Sébastien est consolé,
Charlotte réprimandée. À première vue, Charlotte n’a que ce qu’elle
mérite. Mais en réalité, ce qui se joue dans cette petite scène ordi-
naire, c’est la manière dont Charlotte obtient des signes négatifs,
plutôt que de supporter le vide de la non-attention.

2. Le manque et la dépendance
Le besoin de signes de reconnaissance peut nous amener à des stratégies plus ou
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moins conscientes pour satisfaire cette demande. On voit ainsi des personnes
âgées isolées parler à la caissière du supermarché, ou aux passants dans la rue, juste
pour remplir le vide créé par le manque. Sous la pression de ce besoin, certains
peuvent s’accrocher à des personnes (amis, collègues, conjoints) qui leur donnent

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ces signes de reconnaissance tant attendus. Et des relations qui semblent néfastes
perdurent, parce que la peur du manque de signes de reconnaissance est plus forte
que la difficulté à vivre cette relation.
Dans le manque de signes de reconnaissance, nous nous flétrissons, nous nous
isolons, nous perdons notre capacité à vivre. C’est pourquoi ce manque peut
conduire à la dépression. La dépression étant une maladie qui dresse une barrière
entre soi et les autres, les personnes dépressives entrent dans un cercle vicieux :
elles auraient besoin de plus de signes de reconnaissance pour guérir, et leur
maladie les empêche de rechercher et de trouver ces signes.
Il est frappant de voir combien nous sommes tous différents dans notre besoin de
signes de reconnaissance. Certains vont chercher des signes sur leur beauté, d’autres
sur leur intelligence, leur compétence, ou leur gentillesse ; certains, encore, sur ce
qu’ils sont en tant que personnes, et d’autres sur ce qu’ils font. Mais, au-delà de la
qualité des signes que nous recherchons, nous sommes aussi différents sur la quan-
tité de ce besoin. Une personne peut se sentir bien toute la journée, parce qu’elle a
reçu un signe positif d’un être cher – alors qu’une autre ne se sent dopée que par les
signes de reconnaissance reçus en grande quantité (par exemple, les hommes poli-
tiques en meeting, ou les artistes recevant une ovation à la fin d’un spectacle).
Il est nécessaire de prendre conscience de notre besoin de signes de reconnais-
sance, et d’apprendre à trouver la quantité et la qualité de signes de reconnais-
sance qui nous sont utiles. Pour cela, nous vous proposons un tableau dit de
l’économie des signes de reconnaissance (figure 1). Ce tableau permet de faire
l’état de votre façon de gérer les signes, positifs ou négatifs. Suivant la façon dont
vous l’aurez rempli, vous pourrez mettre en place de nouvelles stratégies pour
recevoir ce qui vous convient.

3. Le tableau de l’économie des signes


de reconnaissance
Nous voyons comment Pierre gère son rapport aux signes de reconnaissance
(figure 1). Il n’est pas à l’aise dans la zone « donner » : il ne sait pas bien donner
de signes positifs, encore moins de signes négatifs. Quand on lui en donne et qu’il
doit les accepter, il laisse plus facilement entrer les signes négatifs que les signes
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positifs. Il demande très peu de signes positifs, mais il attire – de façon modérée
– les signes négatifs. Enfin, il sait refuser les signes positifs, soit en ne les enten-
dant pas, soit en les dévalorisant. Dans la dernière colonne, nous voyons qu’il a
du mal à s’encourager et peut être extrêmement critique à son propre égard.

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Pour remplir votre propre tableau (figure 2), pensez à une journée ordinaire, et
calculez approximativement le nombre de signes de reconnaissance positifs ou
négatifs que vous donnez, recevez, demandez, refusez et vous donnez à vous-
même. Notez-les de 0 à 100, et montez les colonnes en positif et en négatif.
100

90

80

70

60

positif
50
négatif

40

30

20

10

0
Donner Accepter Demander Refuser Se donner Témoin

Figure 1 – Tableau de l’économie des signes de reconnaissance de Pierre.


100

90

80

70

60

positif
50
négatif

40

30

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10

0
Donner Accepter Demander Refuser Se donner Témoin

Figure 2 – Votre tableau de l’économie des signes de reconnaissance.

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• Comment changer
Pour chaque colonne, regardez ce que vous voulez augmenter ou diminuer.

a) Donner
Pour augmenter les signes positifs, donnez-vous comme consigne de donner au
moins trois signes positifs de plus par jour et par personne que vous côtoyez. À la
fin de la journée, faites le point, et voyez comment vous avez rempli la consigne :
était-ce difficile ? Avec qui était-ce le plus facile ? Quel genre de signes avez-vous
eu du mal à donner ? Quels sont ceux que vous donnez facilement ? Voilà les
points que vous pouvez améliorer, jour après jour. Cela fonctionne comme un
apprentissage : plus on pratique, plus on progresse.
Êtes-vous de ceux qui ont du mal à donner des signes négatifs (c’est un cas plus
rare) ? Alors, exercez-vous à en donner un ou deux par jour, d’une façon appro-
priée, et pour faire progresser la personne à qui vous le donnez.
Pour diminuer les signes négatifs, chaque fois que vous êtes sur le point de faire
une critique, demandez-vous si cette critique est utile à la personne, et si cela
l’aide à s’améliorer. Si vous pensez que le signe négatif est indispensable, faites-le
de manière conditionnelle, en attirant l’attention de cette personne sur son
comportement et non sur ce qu’elle est.

b) Accepter
Accepter les signes positifs n’est pas toujours facile. Certains ont tendance à ne
pas les écouter, à les déformer, ou à se justifier. Pour les accepter, la seule
consigne est de dire merci, de les accepter en parole, et d’en garder au moins
quelque chose.
Il nous arrive aussi de refuser les signes positifs en croyant qu’ils sont faux,
uniquement parce que nous n’avons pas été habitués à recevoir ni à accepter les
signes de reconnaissance. Dans ce cas, il est intéressant de se demander pourquoi
nous refusons un signe positif, quelle croyance à notre propre sujet empêche que
nous les acceptions.
Accepter les signes négatifs est encore plus difficile. Souvent, ils peuvent nous
paraître déplacés ou injustes. Là encore, plutôt que nous défendre et nous justi-
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fier, il est intéressant d’apprendre à les écouter et à nous demander en quoi ils
possèdent un peu de vérité. Entendre les signes de reconnaissance négatifs peut
nous permettre de mieux nous connaître, et de comprendre l’image que nous
renvoyons aux autres.

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c) Demander
La meilleure manière d’obtenir des signes de reconnaissance est encore de les
demander. Mais, très souvent, on se dit que cela ne se fait pas.
Faites l’expérience de demander à vos amis de vous dire quelque chose de gentil.
Ou alors, lorsque vous faites quelque chose de nouveau, osez demander à des gens
bien intentionnés ce qu’ils en pensent. Vous verrez que, très vite, vous trouverez
des personnes qui sauront vous encourager. Vous courrez aussi le risque de rece-
voir des signes négatifs. Mais si vous apprenez à mieux les gérer, vous pourrez
affronter ce risque.
En revanche, si vous avez pris conscience de votre tendance à demander des
signes négatifs, demandez-vous pourquoi. Que cherchez-vous ? Cela vous aide-
t-il ? Sinon, pouvez-vous inverser la tendance et demander plutôt des signes
positifs ?
d) Refuser
Certains signes de reconnaissance – particulièrement les signes négatifs, mais
parfois aussi les signes positifs – sont tellement douloureux à entendre que nous
les prenons tels quels, sans nous demander qui et pour quelle raison on nous les
a donnés.
Refuser, pour notre bien, les signes positifs, cela signifie ne pas laisser entrer les
signes positifs qui ne nous conviennent pas – soit parce qu’ils ne correspondent
pas à ce dont nous avons besoin, soit parce que nous les trouvons « en toc ».
Refuser les signes négatifs revient à ne pas prendre pour argent comptant toute
les critiques, et à regarder calmement ce que nous pouvons en garder. Un grain
de vérité critique fait moins mal qu’une critique à 100 %.
Il est important, par contre, de toujours refuser les signes inconditionnels néga-
tifs. Même si vous n’êtes ni gentil, ni compétent, ni sérieux à un moment de votre
vie, ce n’est qu’un comportement. Il ne s’agit pas de vous dans toute votre
complexité.

e) Se donner
Plus nous nous critiquons, plus nous sommes durs et exigeants avec nous-mêmes,
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plus nous sommes en manque de signes de reconnaissance positifs venant de


notre part, et plus nous sommes dépendants de l’extérieur pour nous en donner.
Si nous apprenons à être notre meilleur ami en nous félicitant de nos réussites,
en nous encourageant quand c’est difficile, nous deviendrons plus autonomes.

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Regardez comment, dans une journée, vous vous donnez des signes négatifs, et
sur quels sujets. Puis donnez-vous pour consigne de vous donner au moins trois
signes positifs par jour, surtout sur les sujets où vous manquez de confiance.
À l’inverse, se donner des signes négatifs peut être important pour progresser.
Mais la façon dont vous vous critiquez peut vous aider ou, au contraire, vous
décourager. Faites-vous des critiques constructives fondées sur les faits, et non sur
des aspects subjectifs.

E XERCICE
 L E PETIT TÉLÉGRAPHISTE
Cet exercice se pratique en groupe d’au moins cinq personnes.
Dans le groupe, on désigne une personne comme étant le petit
télégraphiste. Les autres écrivent chacun sur une feuille un signe
de reconnaissance (de préférence positif, conditionnel ou incondi-
tionnel) destiné à une personne du groupe. Ils notent le nom du
destinataire, et le petit télégraphiste est chargé de transmettre ces
billets. Ensuite, chaque participant lit les signes qu’il a reçus.
Il est possible de répondre, commenter ou garder le signe pour
soi. À la fin, le petit télégraphiste est récompensé par un stroke
donné par chacun des participants.

EXER CICE
 L ES CADEAUX DE N OËL
Cet exercice est à jouer en famille ou entre amis, au moment des
fêtes, mais aussi dans toutes les occasions où l’on se retrouve en
groupe.
Tous sont réunis autour de la table ou du sapin de Noël. Une pre-
mière personne s’adresse à l’un des participants, en commençant sa
phrase par : « Ce que j’aime chez toi, c’est… » Puis, celui qui a reçu
le stroke prend à son tour la parole et s’adresse à une troisième per-
sonne, en disant : « Ce que j’aime chez toi c’est… » Et ainsi de suite,
jusqu’à ce que le tour complet soit fait. On peut recommencer l’exer-
cice plusieurs fois jusqu’à épuisement des signes.
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Consigne : celui qui reçoit le signe de reconnaissance l’accepte


sans commentaire, en disant merci. Les signes donnés doivent
êtres sincères, et ressentis par celui qui les donne.

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Les signes d’attention nous sont indispensables. Notre bien-être, notre rapport à
la vie dépendent de la façon dont nous les donnons, et dont nous les recevons.
Par conséquent, nous ne devons pas rester passifs devant notre besoin de signes
de reconnaissance. Il est de notre responsabilité de faire en sorte que nos besoins
soient satisfaits – et nous avons les moyens de demander et de recevoir les signes
qui nous sont nécessaires.

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