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Tik Tok : un réseau nocif pour nos ados ?

Faut-il interdire
l'application ?
Connaissez-vous Tik Tok ? C’est un réseau social qui a un succès fulgurant auprès des 9-13
ans, une appli qui explose le record de téléchargements ces derniers mois. Ce qu’on y fait ? Des
petites vidéos en playback, des 'challenges' divers… On s’expose, on se regarde, on like. Mais
attention, danger : derrière le ludique, les dérives sont là…
 

Tik Tok, c'est un réseau social qui permet d'échanger des vidéos, de suivre des comptes... Sa
caractéristique principale est qu'il s'agit de vidéos musicales : les utilisateurs chantent en play back
sur des chansons connues ou sur des extraits sonores, explique Gilles Quoistiaux, spécialiste
Nouvelles Technologies.

L'appli cartonne chez les plus jeunes qui ont déserté Facebook, depuis que les parents ont débarqué
sur l'application. Après Snapchat, Instagram, c'est Tik Tok qui remporte leur adhésion, avec plus de
500 millions d'utilisateurs dans le monde. Au premier semestre 2018, c'était l'application la plus
téléchargée sur l'App Store. 

Aux origines de Tik Tok

A l'origine de ce réseau social, on trouve un informaticien chinois de 35 ans, Zhang Yiming, qui a


créé le groupe Bytedance, il y a 6 ans. Ce groupe a remporté un premier succès avec un agrégateur
d'actualités, sorte de pendant chinois de Google News, censuré en Chine.

Puis Tik Tok a été lancé, il y a 2 ans. Le groupe a racheté aussi en 2017 Musical-ly, une start up
américaine d'échanges de vidéo de playbacks, très similaire à Tik Tok. Les deux plateformes ont été
intégrées dans Tik Tok. 

Le groupe Bytedance est aujourd'hui une énorme machine. Après avoir cherché à


accaparer un maximum d'utilisateurs, avec succès, ils vont maintenant avoir recours à la publicité sur
la plateforme, pour la rentabiliser, comme le font Facebook, Snapchat ou Instagram.
 

Pourquoi cet attrait auprès des jeunes ?

Tik Tok, c'est de la pure création : il n'y a pas de news, pas d'articles, uniquement de la 'création'. Se
filmer en train de danser, à priori, intéresse davantage les jeunes, même si on y trouve quelques
adultes, précise Lilian, alias le youtubeur Le Roi des Rats. Il réalise des enquêtes sur les faces
sombres des réseaux sociaux. Il a infiltré Tik Tok tout récemment, avec quelques mauvaises
surprises...

Il y a relevé d'abord une course aux like et une forme de narcissisme exacerbé. Le but est vraiment de
se mettre en scène et de récolter des commentaires, des like, en imitant les personnalités connues, très
jeunes elles aussi. Plus les jeunes se mettent en avant, plus ils ont de like, ce qui entraîne une hyper-
sexualisation des contenus.

Des enfants très jeunes, de 9 ou 10 ans, y prennent la pose, alors que théoriquement, ils n'ont même
pas le droit de s'inscrire sur la plateforme...
Attention aux prédateurs !

Le Roi des Rats, au fil de ses enquêtes, constate la présence de personnes mal intentionnées sur
beaucoup de réseaux sociaux, mais c'est d'autant plus marquant sur Tik Tok qu'il s'agit de contenu
très narcissique et qu'on imite des personnalités qui, dans leurs vidéos, sont assez peu vêtues et
dansent de façon assez sexy.

Cela attire bien sûr les gens mal intentionnés. On les remarque à leurs commentaires très indélicats,
ou qui font référence au physique, même si la jeune fille a moins de 10 ans. Ce sont clairement des
prédateurs, qui encouragent les jeunes à en faire davantage, à aller plus loin et qui agrègent ce genre
de contenu au cours du temps.

Un manque de contrôle ?

Il y a forcément une modération sur Tik Tok, mais avec 500 millions d'utilisateurs, il est quasiment
impossible de tout contrôler, regrette Le Roi des Rats. Beaucoup de choses passent à travers les
mailles du filet, d'autant plus que la plateforme est très jeune et doit encore se perfectionner.

Pour Gilles Quoistiaux, ce phénomène est lié à la société en général. Tous les réseaux sociaux sont
confrontés à ces problématiques et essaient de lutter contre ce type de partages, contre le
harcèlement, contre les contenus choquants, via des algorithmes spécifiques ou des agents qui
contrôlent les contenus.

Cependant, on constate que les très jeunes se déplacent très vite d'une application à l'autre. Il est
vraiment nécessaire que les parents regardent régulièrement d'un peu plus près ce que font leurs
enfants sur ces plateformes.

Dernièrement, une jeune fille de 11 ans a été victime de cyber-harcèlement, à partir de Tik Tok. Ce
type de harcèlement, de classement de popularité, existait bien sûr bien avant les réseaux sociaux
mais on voit qu'aujourd'hui, cela peut aller très vite.

L'école n'a pas forcément eu la bonne réaction, n'a pas pris la mesure de la problématique et n'a pas
confronté les élèves qui ont envoyé les messages à leur contenu choquant, harcelant.
Une plus grande sensibilisation est nécessaire à l'échelle de l'école.

Faut-il interdire Tik Tok ?

Il ne faut pas non plus diaboliser la plateforme, qui permet par ailleurs à certains d'éveiller leur
créativité, en développant des petits projets amusants et épanouissants.

Il faut surtout éveiller les consciences des parents et des jeunes pour leur faire comprendre qu'il y a
des dangers, non seulement sur Tik Tok, mais sur toutes les plateformes et sur internet en général. En
cas de doute, il est impératif d'en parler aux parents et de ne pas garder les choses pour soi.

Les enfants ne sont pas armés pour comprendre et réagir à ce qui est ambigu ou insultant. D'où
la nécessité de garder le contact avec son enfant, de s'intéresser à ce qu'il fait et d'en discuter
avec lui.

Fabienne Pasau
le jeudi 08 juillet 2021 / https://www.rtbf.be

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