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Le corps C des nombres complexes est supposé construit (voir le chapitre 7).
On rappelle que C est un corps commutatif et un R-espace vectoriel de dimension 2, de base
canonique (1, i) où i est une solution complexe de l’équation x2 + 1 = 0.
detB (−
→
v1 , −
→
v2 ) = detB (B 0 ) detB0 (→
−
v1 , −
→
v2 )
325
326 Nombres complexes et géométrie euclidienne
Démonstration. Résulte du fait que tout nombre complexe [resp. tout point de P ou tout
−
→
vecteur de P ] est uniquement déterminé par sa partie réelle et sa partie imaginaire [resp. par
ses coordonnées dans le repère R ou dans la base (−
→
e1 , −
→
e2 )].
−
→
Tout point M du plan affine P [resp. tout vecteur − →v du plan vectoriel P ] s’écrit donc de
manière unique M = ϕ (z) [resp. →−
v =− →
ϕ (z)] et peut ainsi être identifié au nombre complexe
z.
Le plan P muni de cette identification est appelé plan complexe ou plan d’Argand-Cauchy.
→
−
Si M ∈ P [resp. → −v ∈ P ] s’écrit M = ϕ (z) [resp. −→
v =→ −
ϕ (z)], on dit que z est l’affixe de M
−
→ −
→
[resp. l’affixe de v ] et M [resp. v ] le point [resp. vecteur] image de z.
−−→ −−→
On a ϕ (0) = O, le vecteur OM est le vecteur image de z et z est l’affixe de OM . Précisément
si z = x + iy, on a :
−−−−−−→ −−→
ϕ (0) ϕ (z) = OM = x− →e1 + y −
→
e2 = −
→
ϕ (z)
ce qui peut s’écrire dans P :
ϕ (z) = ϕ (0) + −
→
ϕ (z)
et s’interprète en disant que ϕ est une application affine de C dans P d’application linéaire
associée −→
ϕ (le plan vectoriel C est naturellement muni d’une structure d’espace affine).
En utilisant cette identification entre P et C, on peut donner les interprétations géométriques
suivantes où a, b, z, z 0 désignent des nombres complexes et A, B, M, M 0 leurs images respectives
dans P.
1. L’axe O = R→
x
−
e est identifié à l’ensemble des nombres réels.
1
2. L’axe Oy = R− →
e2 est identifié à l’ensemble des imaginaires purs.
−→ −→ −−→ −→ −−→ −→
3. a + b est l’affixe du vecteur OC = OA + OB et b − a l’affixe du vecteur AB = OB − OA
(résulte de la linéarité de →−
ϕ ).
¡ ¢ −−→ −−→
4. < zz 0 = < (zz 0 ) = xx0 + yy 0 = OM · OM 0 .
³−−→ −−→´
5. = (zz ) = xy − x y = det OM , OM 0 .
0 0 0
Équations complexes des droites et cercles du plan 327
Remarque 19.3 Si u, v sont deux nombres complexes avec v non nul, on a les équivalences :
µ ¶
u 1
= 2 uv est réel ⇔ (uv est réel)
v |v|
et : µ ¶
u 1
= 2 uv est imaginaire pur ⇔ (uv est imaginaire pur)
v |v|
En utilisant les propriétés 7. et 8. précédentes, on en déduit que si A, B, C, D sont des points
deux à deux distincts, alors :
µ ¶
b−a
(A, B, C sont alignés) ⇔ ((b − a) (c − a) ∈ R) ⇔ ∈R
c−a
et :
µ ¶
¡ ¡ ¢ ¢ b−a
((AB) et (CD) sont orthogonales) ⇔ (b − a) d − c ∈ iR ⇔ ∈ iR
d−c
βz + βz + γ = 0 (19.1)
où β = i (a − b) ∈ C∗ et γ est réel.
Le nombre complexe β = i (a − b) est l’affixe d’un vecteur −
→v qui est orthogonal à D. En
effet, on a :
→
− −→ ¡ ¢ ¡ ¢
v · AB = < β (b − a) = < i |b − a|2 = 0.
On peut aussi aboutir à ce résultat en utilisant une équation cartésienne de D :
ux + vy + w = 0
1 1
avec (u, v) ∈ R2 \ {(0, 0)} et w ∈ R. En écrivant que x = (z + z) et y = (z − z) pour M
2 2i
d’affixe z, cette équation devient :
u (z + z) − vi (z − z) + 2w = 0
soit :
(u − iv) z + (u + iv) z + 2w = 0
avec β = u + iv affixe du vecteur −
→v = u− →
e1 + v −
→
e2 orthogonal à D.
Réciproquement une équation du type (19.1) définit une droite. En effet, en écrivant z =
x + iy, β = u + iv, cette équation devient :
soit :
γ
ux + vy + =0
2
et c’est une droite dirigée par le vecteur d’affixe −v + iu = iβ (ou orthogonale au vecteur
d’affixe β = u + iv).
(x − xΩ )2 + (y − yΩ )2 = R2
|z − ω|2 = R2
(z − ω) (z − ω) = zz − ωz − ωz + |ω|2 − R2 = 0
zz − ωz − ωz + γ = 0 (19.2)
x2 + y 2 − 2ux − 2vy + γ = 0
soit :
(x − u)2 + (y − v)2 + γ − u2 − v 2 = 0
+ v 2 − γ = |ω|2 − γ (ce réel est positif), on constate qu’on a le cercle de
et en posant R2 = u2q
centre ω et de rayon |ω|2 − γ.
On a donc montré le résultat suivant.
αzz + βz + βz + γ = 0
et |z| = OM est bien indépendant du repère orthonormé choisi. On peut donc aussi définir le
module de z comme la distance de O à M où M = ϕ (z) et O = ϕ (0) , ϕ étant la bijection de
C sur P relative à un repère quelconque R.
k−
→u +− →v k = k→ −
u k + 2− →
u ·−
→v + k→ −
2 2 2
vk (19.3)
−
→
pour tous vecteurs −
→
u ,−
→v du plan euclidien P .
De cette identité, on déduit que :
³ ´
2 2 2
|z + z 0 | + |z − z 0 | = 2 |z|2 + |z 0 |
et s’interprète en disant que la somme des carrés des diagonales d’un parallélogramme est égale
à la somme des carrés des cotés. En effet, en notant M 00 le point d’affixe z + z 0 , OM M 00 M 0 est
un parallélogramme avec :
−−−−→ −−−→ −−→
– |z| = OM = M 0 M 00 puisque l’affixe de M 0 M 00 = OM 00 − OM 0 est z + z 0 − z 0 = z ;
−−−→ −−−→ −−→
– |z 0 | = OM 0 = M M 00 , puisque l’affixe de M M 00 = OM 00 − OM est z + z 0 − z = z 0 ;
– |z + z 0 | = OM 00 (une diagonale) et |z 0 − z| = M M 0 (l’autre diagonale).
Cette identité du parallélogramme est caractéristiques des normes qui se déduisent d’un
produit scalaire.
Nous reviendrons sur cette identité du parallélogramme au paragraphe sur le triangle.
Interprétation géométrique du module d’un nombre complexe 331
M M 00
O M0
l’égalité étant réalisée si, et seulement si, z et z 0 sont liés sur R (théorème 7.5), nous permet de
−
→
retrouver la même inégalité dans le plan euclidien P :
|→
−u ·−→v | ≤ k− →
u k k−
→vk
l’égalité étant réalisée si, et seulement si, les vecteurs −
→
u et →
−
v sont liés.
De cette inégalité, on déduit l’inégalité triangulaire dans C :
|z + z 0 | ≤ |z| + |z 0 |
l’égalité étant réalisée si, et seulement si, z et z 0 sont positivement liés sur R (théorème 7.6),
−
→
qui nous permet de retrouver la même inégalité dans le plan euclidien P :
k−
→
u +− →v k ≤ k− →
u k + k→
−vk
l’égalité étant réalisée si, et seulement si, les vecteurs −
→
u et →
−
v sont positivement liés.
Cette inégalité triangulaire s’interprète en disant que dans un vrai triangle ABC la longueur
d’un coté est strictement inférieure à la somme des longueurs des deux autres cotés :
°−−→° °−→ −→°
° ° ° °
°BC ° = °AC − AB ° = |z − z 0 |
°−→° °−→°
0 ° ° ° °
< |z| + |z | = °AC ° + °AB °
−→ −→
en notant z l’affixe de AC et z 0 celle de AB.
De manière plus générale, on a vu que pour toute suite finie z1 , · · · , zn de nombres complexes
non nuls avec n ≥ 2, on a : ¯ n ¯
¯X ¯ X n
¯ ¯
¯ zk ¯ ≤ |zk |
¯ ¯
k=1 k=1
l’égalité étant réalisée si, et seulement si, il existe des réels λ2 , · · · , λn tels que zk = λk z1 pour
k = 2, · · · , n (exercice 7.7). Du point° de vue °géométrique, en désignant par Mk les points
°P n −−−→° Pn °− °
° −−→°
d’affixe zk , on en déduit que l’égalité °° OM °
k° = ° OM k ° équivaut à dire que les points
k=1 k=1
O, M1 , · · · , Mn sont alignés sur la demi-droite [OM1 ) .
332 Nombres complexes et géométrie euclidienne
Eλ = {z ∈ X | f (z) = λ}
où λ décrit R.
À chaque ligne de niveau Eλ , on associe la partie Eλ de P formée des points d’affixes z ∈ Eλ .
On identifiera les ensembles Eλ et Eλ .
Précisément, on a : © ª
Eλ = M ∈ P | f ◦ ϕ−1 (M ) = λ
Par exemple pour ω ∈ C donné, les lignes de niveau de :
f : z 7→ |z − ω|
f : z 7→ |z − a| + |z − b|
f : z 7→ ||z − a| − |z − b||
En utilisant la représentation complexe des droites et cercles (théorème 19.2), on peut étudier
les lignes de niveau de la fonction :
|z − b|
f : z ∈ C \ {a} 7→
|z − a|
Pour tout réel λ, on a :
½ ¾
|z − b|
Eλ = z ∈ C \ {a} | = λ = {z ∈ C | |z − b| = λ |z − a|}
|z − a|
Pour λ < 0, cet ensemble est vide et pour λ = 0, il est réduit à {b} .
Lignes de niveau associées aux module 333
Remarque 19.6 Pour λ = 1, la médiatrice du segment [A, B] coupe le plan affine en deux
demi-plans respectivement définis par les inéquations complexes |z − b| < |z − a| (c’est le demi-
plan qui contient b) et |z − b| > |z − a| (c’est le demi-plan qui contient a).
Remarque 19.7 Pour λ 6= 1, on a :
1 λ2
ω =a+ (b − a) = b + (b − a)
1 − λ2 1 − λ2
et le centre Ω du cercle Eλ est sur la droite (AB) privée du segment [AB] (pour |λ| > 1, on a
1 λ2
< 0, donc Ω est sur la demi-droite ]−∞, A] , et pour |λ| < 1, on a > 0, donc Ω
1 − λ2 1 − λ2
est sur la demi-droite [B, +∞[).
334 Nombres complexes et géométrie euclidienne
et signifie que le centre Ω est le barycentre de (A, −λ2 ) et (B, 1) . On retrouve le fait que ce
centre est sur la droite (AB) .
Remarque 19.9 Pour λ 6= 1, les points de Eλ ∩ (AB) sont ceux dont l’affixe z est telle que :
½
|z − ω| = R
z = ω + t (b − a)
λ |a − b|
|z − ω| = |t| |b − a| = R =
|1 − λ2 |
et :
λ
t=±
|1 − λ2 |
Pour λ > 1, on a les deux solutions :
λ 1 λ
c=ω+ (b − a) = a + (b − a) + (b − a)
λ2 − 1 1 − λ2 λ2 − 1
λ−1 1 λ 1
=a+ 2 (b − a) = a + (b − a) = a+ b
λ −1 λ+1 λ+1 λ+1
et :
λ 1 λ
d=ω− (b − a) = a + (b − a) − (b − a)
λ2 − 1 1 − λ2 λ2 − 1
λ+1 1 λ 1
=a− 2 (b − a) = a − (b − a) = a− b
λ −1 λ−1 λ−1 λ−1
ou encore : ½
(λ + 1) c = λa + b
(λ − 1) c = λa − b
ce qui signifie que Eλ ∩ (AB) = {C, D} où C est le barycentre de (A, λ) et (B, 1) et D le
barycentre de (A, λ) et (B, −1) .
On procède de manière analogue pour 0 < λ < 1.
Eλ = {z ∈ C | |z + 3| = 2 |z|}
Exercice 19.1 Déterminer l’ensemble E des nombres complexes z tels que |z − i| = |z − iz| =
|z − 1| .
Lignes de niveau associées aux module
0
A
z1
M
2
335
−3 −2 −1 0 1 2
−1
z2
−2
−3
(figure 19.3).
Exercice 19.2
1. Montrer que pour tous nombres complexes a, b, z, on a :
¯ ¯2
2 2
¯
¯ a + b ¯¯ |b − a|2
|z − a| + |z − b| = 2 ¯z − +
2 ¯ 2
336 Nombres complexes et géométrie euclidienne
M A2 + M B 2 = λ
Solution 19.2
a+b a+b
1. En posant z = + t (ce qui revient à placer l’origine en I d’affixe , c’est-à-dire
2 2
au milieu du segment [A, B]), on a :
¯ ¯2 ¯ ¯2
¯ b − a ¯¯ ¯ b − a ¯¯
2 2 ¯
|z − a| + |z − b| = ¯t + ¯
+ ¯t −
2 ¯ 2 ¯
à ¯ ¯2 !
¯ b − a ¯
= 2 |t|2 + ¯¯ ¯
2 ¯
¯ ¯2
¯
¯ a + b ¯
¯ |b − a|2
= 2 ¯z − +
2 ¯ 2
|b − a|2
M A2 + M B 2 = 2M I 2 +
2
et l’égalité M A2 + M B 2 = λ se traduit par :
2λ − |b − a|2
M I2 =
4
Il en résulte que :
|b − a|2
– C = ∅ pour λ < ;
2
|b − a|2
– C = {I} pour λ = ;
2 q
2λ − |b − a|2 |b − a|2
– C est le cercle de centre I et de rayon pour λ > .
2 2
on peut définir les mesures d’un angle orienté de deux vecteurs non nuls − →v1 et − →
v2 .
iθ →
− −
→
Pour ce faire on écrit que z1 z2 = ρe où ρ = |z1 z2 | > 0 ( v1 et v2 sont non nuls) et θ ∈ R est
un argument de z1 z2 .
On dit alors que θ est une mesure de l’angle orienté de vecteurs (− →v1 , →
−
v2 ) , relativement au
repère orthonormé R = (O, − →
e1 , →
−
e2 ) . ³ −
0 0
−0 ´
→0 →
Si les affixes sont considérées relativement à un autre repère orthonormé R = O , e1 , e2 ,
en notant z 0 l’affixe du vecteur → −
v relativement à R0 , on a :
z10 z20 = −
→
v1 · −
→
v2 + i detB0 (−
→
v1 , →
−
v2 )
avec :
detB0 (→
− v2 ) = detB0 (B) detB (−
v1 , −
→ →
v1 , −
→
v2 ) = ± detB (−
→
v1 , −
→
v2 )
(le calcul du produit scalaire →−
v1 · →
−
v2 ne dépend pas du choix d’une base orthonormée). Dans le
cas où R définit la même orientation que R, on aura detB0 (B) = 1 et z10 z20 = z1 z2 .
0
Cette définition d’une mesure d’angle orienté de vecteur est donc indépendante du choix
d’un repère orthonormé orienté.
On suppose donc ici que P est orienté par le choix d’un repère orthonormé R = (O, − →
e1 , −
→
e2 ) .
Tout repère orthonormé définissant la même orientation que R est dit direct.
−
→
Remarque 19.10 Le choix d’une orientation de P nous permet de définir sans ambiguïté la
mesure principale dans ]−π, π] d’un angle de vecteurs. Ce choix d’une orientation correspond
au choix d’une racine carrée i de −1 dans C.
k−
→
u +−
→
v k = k−
→
u k + 2 k−
→
u k k−
→
v k cos (θ) + k−
→
2 2 2
vk
π
Pour θ = modulo π, on retrouve le théorème de Pythagore.
2
Les vecteurs −→
v1 et −
→
v2 sont colinéaires si, et seulement si, det (→
−
v1 , −
→
v2 ) = 0, ce qui équivaut à
sin (θ) ou encore à θ = 0 modulo π, soit θ ∈ {0, π} pour la détermination principale.
338
³−→
−→ −→
−→
−→ −→ °
°
°°
°−→° °−→°
°°
°
³−→ −→´
C
−−
−
−
→ −→
→ −→
Nombres complexes et géométrie euclidienne
On en ´déduit que les points deux à deux distincts A, B, C sont alignés si, et seulement si,
AB, AC ≡ 0 modulo π. Précisément, en utilisant la détermination principale de la mesure
³−→ −→´
AB, AC ≡ 0 (2π)
AB, AC ≡ π (2π)
B
−→
−→
¡ ¢
(ou de b − a (c − a))
³−→ −→´ b−a
est une mesure de l’angle orienté θA = AB, AC et on a :
−→ −→
AB · AC
cos (θA ) = AB · AC
³−→ −→´ (19.4)
det AB, AC
sin (θ ) =
A
AB · AC
En utilisant les propriétés de l’argument, on obtient les résultat suivants.
– Si A, B, C dans P sont deux à deux distincts, alors ces points sont alignés si, et seulement
si, arg (b − a) ≡ arg (c − a) modulo π. µ ¶
b−a
En effet dire que A, B, C sont alignés équivaut à dire que arg ≡ 0 (π) et avec
µ ¶ c−a
b−a
arg ≡ arg (b − a) − arg (c − a) (2π) , on a le résultat annoncé.
c−a
– µ ¶ µ ¶
→
− −
→ z1 z2
( v2 , v1 ) ≡ arg ≡ − arg ≡ − (−→v1 , −
→
v2 ) (2π)
z2 z1
– La relation de Chasles sur les mesures d’angle :
(−
→
v1 , −
→
v2 ) + ( →
−
v2 , −
→
v3 ) ≡≡ (→
−
v1 , −
→
v3 ) (2π)
Lignes de niveau associées à l’argument 339
En effet, on a :
µ ¶ µ ¶
−
→ −
→ →
− −
→ z2 z3
( v1 , v2 ) + ( v2 , v3 ) ≡ arg + arg
z z2
µ ¶1
z3
≡ arg ≡ (→
−
v1 , −
→
v3 ) (2π)
z1
f : z ∈ C \ {ω} 7→ arg (z − ω)
où ω est un nombre complexe donné, cette fonction étant a priori à valeurs dans le groupe
R
quotient .
2πZ
Pour tout nombre réel θ, on note :
Théorème 19.5 Si θ est un nombre réel, alors l’ensemble Eθ est identifié à la demi-droite
passant par le point Ω d’affixe ω et d’angle polaire θ privée du point Ω, soit :
n −−→ o
Eθ = M ∈ P | ΩM = ρ (cos (θ) − →
e1 + sin (θ) −
→
e2 ) avec ρ > 0
(figure 19.5).
Eω
λ
Ω
Fig. 19.5 –
340 Nombres complexes et géométrie euclidienne
Démonstration. Un nombre complexe z est dans Eθ si, et seulement si, il s’écrit z = ω+ρeiθ
−−→
avec ρ > 0, ce qui se traduit dans le plan P par ΩM = ρ− →v avec ρ > 0, où → −v = cos (θ) −
→
e1 +
sin (θ) →
−
e2 est le vecteur d’affixe eiθ . L’ensemble Eθ est donc la demi droite d’origine Ω et dirigée
par −→
v.
est identifié à la droite passant par le point Ω d’affixe ω et d’angle polaire θ privée du point Ω.
où a, b sont deux nombres complexes distincts, nous fournira un critère de cocyclicité de 4 points
du plan.
On s’intéresse tout d’abord aux lignes de niveau :
½ µ ¶ ¾
z−a
Eθ = z ∈ C \ {a, b} | arg ≡ θ (π)
z−b
R
où θ est un réel donné. La fonction f est dans ce cas à valeurs dans le groupe quotient .
πZ
On note Eθ la partie de P correspondante, c’est l’ensemble :
n ³−−→ −−→´ o
Eθ = M ∈ P \ {A, B} | M A, M B ≡ θ (π)
Théorème 19.6 Si a, b sont deux nombres complexes distincts et θ un réel, alors l’ensemble :
½ µ ¶ ¾
z−a
Eθ = z ∈ C \ {a, b} | arg ≡ θ (π)
z−b
est identifié à :
– la droite (AB) privée des points A et B si θ est congru à 0 modulo π ;
Lignes de niveau associées à l’argument 341
M
N
A Ω
Fig. 19.6 –
a+b b−a
– au cercle de centre Ω ayant pour affixe ω = − i cotan (θ) et de rayon R =
¯ ¯ 2 2
1 ¯b − a¯
¯ ¯ privé des points A et B si θ n’est pas congru à 0 modulo π. (figure 19.6).
|sin (θ)| ¯ 2 ¯
Démonstration.
µ ¶ On a déjà vu que les points M, A, B sont alignés si, et seulement si,
z−a
arg ≡ 0 (π) , donc pour θ ≡ 0 (π) , Eθ est la droite (AB) privée des points A et B.
z−b
z−a
En désignant par α un argument de , pour z ∈ C \ {a, b} , en utilisant le lemme
z−b
précédent, on a :
µ µ ¶ ¶ µ ¶
z−a z−a z − a 2iθ
arg ≡ θ (π) ⇔ = e
z−b z−b z−b
¡ ¢ ¡ ¢ ¡ ¢
⇔ 1 − e2iθ zz + ae2iθ − b z + be2iθ − a z + ab − abe2iθ = 0
En écrivant que 1 − e2iθ = −2i sin (θ) eiθ , cette équation s’écrit :
a+b b−a
L’équation (19.5) est donc celle du cercle de centre ω = − i cotan (θ) et de rayon
2 2
|b − a|
R= .
2 |sin (θ)|
L’ensemble Eθ est donc le cercle de centre ω et de rayon R privé des points A et B.
Remarque 19.12 Les points A et B sont bien sur le cercle de centre ω et de rayon R puisque :
¯ ¯
¯b − a¯
¯
|a − ω| = |b − ω| = ¯ ¯ |1 + i cotan (θ)| = R
2 ¯
Lignes de niveau associées à l’argument 343
Remarque 19.13 Le centre du cercle Eθ , pour θ non congru à 0 modulo π, ayant une affixe de
a+b
la forme ω = +iλ0 (b − a) est sur la droite passant par le milieu de [AB] et perpendiculaire
2
à la droite (AB) , c’est-à-dire sur la médiatrice du segment [AB] .
π |b − a| a+b
En particulier, pour θ = , on a R = et ω = est l’affixe du milieu de [A, B] .
2 2 2
L’ensemble : n ³−−→ −−→´ π o
E π2 = M ∈ P \ {A, B} | M A, M B ≡ (π)
2
est donc le cercle de diamètre [A, B] privé des points A et B.
Remarque³19.14 Au´ vu du résultat obtenu, il eut été judicieux d’utiliser le repère orthonormé
→ →
− − →
−
direct R0 = O, e01 , e02 , où O est le milieu de [AB] et e01 dirige la droite (AB) (ce repère est-il,
a priori, si naturel que ça ?). Avec ce choix les affixes de A et B sont respectivement a0 et −a0
avec a0 réel non nul et le lieu géométrique :
n ³−−→ −−→´ o
Eθ = M ∈ P \ {A, B} | M A, M B ≡ θ (π)
On a alors :
µ µ ¶ ¶ µ ¶
z − a0 z − a0 z − a0 2iθ
arg ≡ θ (π) ⇔ = e
z + a0 z + a0 z + a0
¡ ¢ ¡ ¢ ¡ ¢ ¡ ¢
⇔ 1 − e2iθ zz + a0 e2iθ + 1 z − a0 e2iθ + 1 z − a02 1 − e2iθ = 0
1 + e2iθ 01 + e
2iθ
⇔ zz + a0 z − a z − a02 = 0
1 − e2iθ 1 − e2iθ
⇔ zz + ia0 cotan (θ) z − ia0 cotan (θ) z − a02 = 0
⇔ zz − ωz − ωz + γ = 0
|a0 |
on reconnaît là le cercle centré en Ω d’affixe ω et de rayon R = avec |a0 | = OA =
¯ ¯ |sin (θ)|
AB ¯¯ b − a ¯¯
=¯ .
2 2 ¯
Remarque 19.15 Quand le point M sur le cercle Eθ tend vers B, la droite (BM ) devient
tangente au cercle et cette tangente TB fait un angle géométrique θ avec la droite (AB) .
Corollaire 19.1 Soient A, B, C, D des points deux à deux distincts. Ces points sont alignés ou
c−bd−a
cocycliques si, et seulement si, est réel.
c−ad−b
344 Nombres complexes et géométrie euclidienne
Démonstration. On a :
µ ¶ µ µ ¶ ¶
c−bd−a c−bd−a
∈ R ⇔ arg ≡ 0 (π)
c−ad−b c−ad−b
µ µ ¶ µ ¶ ¶
d−b c−b
⇔ arg ≡ arg (π)
d−a c−a
On distingue alors deux cas. µ ¶
c−b
Soit A, B, C sont alignés et dans ce cas arg ≡ 0 (π) , de sorte que :
c−a
µ ¶ µ µ ¶ ¶
c−bd−a d−b
∈ R ⇔ arg ≡ 0 (π) ⇔ (A, B, C, D alignés) .
c−ad−b d−a
µ ¶
c−b
Soit A, B, C ne sont pas alignés et dans ce cas arg ≡ θ (π) avec θ non congru à 0
c−a
modulo π, de sorte que :
µ ¶ µ µ ¶ ¶
c−bd−a d−b
∈ R ⇔ arg ≡ θ (π) ⇔ (A, B, C, D cocycliques) .
c−ad−b d−a
Théorème 19.7 Soient a, b deux nombres complexes distincts et θ un nombre réel. L’ensemble :
½ µ ¶ ¾
z−a
z ∈ C \ {a, b} | arg ≡ θ (2π)
z−b
est la droite (AB) privée du segment [AB] si θ ≡ 0 modulo 2π, le segment [AB] privé de A et
B si θ ≡ π modulo 2π, ou un arc de cercle d’extrémités A, B privé de ces points (arc capable),
si θ n’est pas congru à 0 modulo π.
En utilisant l’inégalité triangulaire avec son cas d’égalité dans C, on a le résultat suivant.
Théorème 19.8 (Ptolémée) Soient A, B, C, D des points deux à deux distincts. Le quadri-
latère convexe ABCD est inscriptible dans un cercle si, et seulement si, AC · BD = AB · CD +
AD · BC (le produit des diagonales est égal à la somme des produits des cotés opposés).
AC · BD = |(c − a) (d − b)|
= |(b − a) (d − c) + (d − a) (c − b)|
≤ |(b − a) (d − c)| + |(d − a) (c − b)| = AB · CD + AD · BC
(inégalité de Ptolémée) l’égalité étant réalisée si, et seulement si, il existe un réel λ > 0 tel que :
(b − a) (d − c) = λ (d − a) (c − b)
b−ad−c
ce qui équivaut à = −λ ∈ R∗,− qui est encore équivalent à :
d−ab−c
µ ¶
b−ad−c
arg ≡ π (2π)
d−ab−c
Le triangle dans le plan complexe 345
ou à : µ ¶ µ ¶
b−a b−c
arg − arg ≡ π (2π)
d−a d−c
et entraîne : µ ¶ µ ¶
b−a b−c
arg ≡ arg (π)
d−a d−c
soit : ³−→ −−→´ ³−−→ −−→´
AB, AD ≡ CB, CD (π)
et A, B, C, D sont cocycliques.
Réciproquement si ces points sont cocycliques, on a :
µ ¶ µ ¶
b−a b−c
arg ≡ arg (π)
d−a d−c
b−ad−c ³−→ −−→´ ³−−→ −−→´
donc µ = ∈ R. Si µ > 0, alors AB, AD ≡ CB, CD (2π) et les points A, C
d−ab−c
sont dans le même demi-plan délimité par la droite (BD) , ce qui contredit le fait que ABCD
est convexe. On a donc µ < 0 et (b − a) (d − c) = λ (d − a) (c − b) avec λ > 0, ce qui entraîne
l’égalité dans l’inégalité de Ptolémée.
les mesures principales des angles orientés de vecteurs en A, B et C respectivement (figure ??).
Fig. 19.7 –
Usuellement, on note respectivement a, b, c les cotés opposés à A, B, C (à ne pas confondre
avec les abscisses).
346 Nombres complexes et géométrie euclidienne
θA + θB + θC ≡ π (2π)
Pour un vrai triangle direct [resp. indirect] les déterminations principales de ces angles sont
toutes dans ]0, π[ [resp. dans ]−π, 0[], donc la somme est dans ]0, 3π[ [resp. dans ]−3π, 0[] congrue
à π modulo 2π et en conséquence est égale à π [resp. −π].
On a donc θA + θB + θC = π pour un triangle direct et θA + θB + θC = −π pour un triangle
indirect.
Des relations (19.7) et (19.6) on déduit que :
ce qui donne :
BC AC AB
= = (19.8)
sin (θA ) sin (θB ) sin (θC )
Le triangle dans le plan complexe 347
sin (θB ) AC
tan (θB ) = =
cos (θB ) AB
on déduit que :
CB 2 = AB 2 − 2AB · AC cos (θA ) + AC 2 .
348 Nombres complexes et géométrie euclidienne
et :
c2 = a2 + b2 − 2ab cos (θC ) .
de sorte que :
³−→ −→´ ¯¯ x xC
¯
¯
det AB, AC = ¯¯ B ¯ = yA (xC − xB )
¯
−yA −yA
et :
1 AH · BC
m (T ) = |yA | |xC − xB | =
2 2
soit la formule : « base que multiplie hauteur divisé par 2 ».
Pour un triangle direct, on a :
1 ³−→ −→´ 1
m (T ) = det AB, AC = AB · AC sin (θA )
2 2
et pour un triangle indirect, on a :
1 ³−→ −→´ 1
m (T ) = − det AB, AC = − AB · AC sin (θA )
2 2
en notant θA la détermination principale de l’angle en A.
1
On retrouve l’aire d’un triangle T rectangle en A, m (T ) = AB · AC.
2
1 π
Réciproquement si m (T ) = AB · AC, on a alors sin (θA ) = ±1, soit θA = ± (suivant que
2 2
T est direct ou non) et T est rectangle en A.
Pour un triangle direct, en utilisant la formule (19.8) , on obtient :
¯ ¯
³−→ −→´ ¯¯ x − x ¯ ¯ 1
xC − xA ¯¯ ¯¯
0 0 ¯
¯
det AB, AC = ¯¯ B A
= x x − x x − xA ¯
yB − yA yC − yA ¯ ¯¯ A B A C ¯
¯
yA yB − yA yC − yA
¯ ¯ ¯ ¯
¯ 1 1 1 ¯¯ ¯¯ xA yA 1 ¯¯
¯
= ¯¯ xA xB xC ¯¯ = ¯¯ xB yB 1 ¯¯
¯ yA yB y C ¯ ¯ xC y C 1 ¯
et en désignant par a, b, c les affixes relatives au repère R des points A, B, C, cela s’écrit aussi :
¯ ¯ ¯ a+a a−a ¯
³−→ −→´ ¯¯ xA yA 1 ¯¯ ¯¯ 2 2i
1 ¯¯
det AB, AC = ¯¯ xB yB 1 ¯¯ = ¯¯ b+b 2
b−b
2i
1 ¯¯
¯ xC yC 1 ¯ ¯ c+c c−c 1 ¯
2
¯ ¯ 2i ¯ ¯
¯ a+a a−a 1 ¯ ¯ 2a a − a 1 ¯
1 ¯¯ ¯
¯ 1 ¯¯ ¯
¯
= ¯ b + b b − b 1 ¯ = ¯ 2b b − b 1 ¯
4i ¯ 4i ¯
c+c c−c 1 ¯ 2c c − c 1 ¯
¯ ¯ ¯ ¯
¯ a a−a 1 ¯ ¯ a a 1 ¯
1 ¯ ¯ 1 ¯ ¯
= ¯¯ b b − b 1 ¯¯ = − ¯¯ b b 1 ¯¯
2i ¯ 2i ¯
c c−c 1 ¯ c c 1 ¯
et :
a a 1
1
m (T ) = ± det b b 1
4i
c c 1
le signant ± étant celui qui assure la positivité de m (T ) .
En calculant ce déterminant, on a :
a a 1 a a 1
det b b 1 = det b − a b − a 0
c c 1 c−a c−a 0
µ ¶
b−a b−a ¡ ¢
= det = (b − a) (c − a) − b − a (c − a)
c−a c−a
= 2i= ((b − a) (c − a))
et on obtient la formule :
1
m (T ) = ± = ((b − a) (c − a)) (19.9)
2
En traduisant le fait que M est sur la droite (AB) si, et seulement si, l’aire du triangle ABM
est nulle, on en déduit l’équation complexe suivante de la droite (AB) :
a a 1
(M ∈ (AB)) ⇔ det b b 1 = 0
z z 1
350 Nombres complexes et géométrie euclidienne
Ce cercle, qui est uniquement déterminé, est le cercle circonscrit au triangle T = ABC et son
centre Ω est à l’intersection des trois médiatrices de T.
Un point M est sur ce cercle circonscrit à T si, et seulement si :
µ ¶ µ ¶
a−z a−c
arg ≡ arg (π)
b−z b−c
A Ω
Lemme 19.4 Soit T = ABC un vrai triangle. Un point M est sur la hauteur issue de A de T
¡ ¢ z−a
si, et seulement si, son affixe z est telle que (z − a) c − b (ou de manière équivalente )
c−b
soit imaginaire pur.
¡ ¢
Démonstration. Si M = A, on a z = a et (z − a) c − b = 0 est bien imaginaire pur.
Sinon M est sur la hauteur issue de¡ A si,¢ et seulement si les droites (AM ) et (BC) sont
orthogonales, ce qui équivaut à (z − a) c − b imaginaire pur, qui est encore équivalent à dire
z−a
que est imaginaire pur.
c−b
Lemme 19.5 Soient a, b, c des nombres complexes deux à deux distincts. Pour tout z ∈ C, le
nombre complexe
¡ ¢ ¡ ¢
Z = (z − a) c − b + (z − b) (a − c) + (z − c) b − a
Démonstration. Résulte de :
¡ ¢ ¡ ¢ ¡ ¢
(z − c) b − a = (z − a) b − a + (a − c) b − a
¡ ¢ ¡ ¢
= (z − a) b − c + (z − a) (c − a) + (a − c) b − a
¡ ¢ ¡ ¢
= (z − a) b − c + (z − b) (c − a) + (b − a) (c − a) + (a − c) b − a
¡ ¢
= − (z − a) c − b − (z − b) (a − c) + 2i= ((b − a) (c − a))
qui s’écrit :
Z = 2i= ((b − a) (c − a))
Le fait que Z soit imaginaire pur se traduit par < (Z) = 0, soit par :
¡ ¡ ¢¢ ¡ ¡ ¢¢
< (z − a) c − b + < ((z − b) (a − c)) + < (z − c) b − a = 0
ou encore par :
−−→ −−→ −−→ −→ −−→ −→
AM · BC + BM · CA + CM · AB = 0
pour tout point M ∈ P.
Cette égalité est l’égalité de Wallace.
Théorème 19.12 Soit T = ABC un vrai triangle. Les trois hauteurs de T sont concourantes.
Exercice 19.3 Soit T = ABC un vrai triangle. Montrer que l’orthocentre H de T a pour affixe
relativement au repère R = (O, →
−
e1 , −
→
e2 ) :
< ((a − b) (c − a))
h=a+i (c − b)
= ((c − b) (c − a))
µ ¶
a−b
<
c−a
=a+i µ ¶ (c − b)
c−b
=
c−a
Solution 19.3 Comme H ∈ TA ∩ TB , il existe deux réels λ1 et λ2 tels que :
h = a + iλ1 (c − b) = b + iλ2 (c − a)
ce qui entraîne :
a−b c−b
iλ2 = + iλ1
c−a c−a
354 Nombres complexes et géométrie euclidienne
H
A
et :
ab ab
h = −i = .
γ c
En fait, pour déterminer une affixe de l’orthocentre, il est plus commode de travailler dans
un repère d’origine O = Ω où Ω est le centre du cercle circonscrit au triangle.
Exercice 19.4 Montrer que si ABC est un triangle inscrit dans le cercle de centre Ω et de
rayon R > 0, alors l’affixe de son orthocentre est h = a + b + c. (Ω étant pris comme origine).
On a :
1 a−b a−b 1 a−b
= 2 = 2 =
a−b |a − b| |b − c| b−cb−c
µ ¶
1 a−c+c−b 1 a−c
= = −1
b−c b−c b−c b−c
¯ ¯ ¯ ¯
a−c b−c ¯a − c¯ ¯a − c¯
avec = puisque ¯¯ ¯ =¯¯ ¯ = 1, donc :
b−c a − c b−c ¯ b − c ¯
µ ¶
1 1 b−c 1 b−c 1
= −1 = −
a−b b−c a−c b−ca−c b−c
1 1
= −
a−c b−c
1 1 1
et + + = 0.
a−b b−c c−a
Supposons cette dernière identité réalisée. On a alors en multipliant par (a − b) (b − c) (c − a) :
(b − c) (c − a) + (a − b) (c − a) + (a − b) (b − c) = 0
et en développant, cela est équivalent à :
ab + bc + ca − a2 − b2 − c2 = 0.
En supposant cette identité vérifiée, on a :
¡ 2 ¢³ 2 ´ ¡ ¢ ³
2
´ ¡ ¢
aj + bj + c aj + bj + c = a2 + b2 + c2 + j + j ab + j 2 + j ac + j + j bc
2
avec j 2 + j = j + j = −1, ce qui donne :
¡ 2 ¢³ 2 ´
aj + bj + c aj + bj + c = 0
et j ou j est racine de az 2 + bz + c = 0.
Supposons que j soit racine de az 2 + bz + c = 0. Tenant compte de 1 + j + j 2 = 0, on a alors :
¡ ¢
0 = aj 2 + bj + c = aj 2 + bj − c j + j 2 = (b − c) j + (a − c) j 2
et (b − c) j = − (a − c) j 2 qui entraîne |b − c| = |c − a| . On peut aussi écrire :
¡ ¢
0 = aj 2 + bj + c = aj 2 − b 1 + j 2 + c = (c − b) + (a − b) j 2
et on a (c − b) = − (a − b) j 2 qui entraîne |a − b| = |c − b| . © ª
L’équivalence entre 5. et 6. se déduit du calcul suivant. Pour z ∈ j, j = {j, j 2 } :
a z2 1 a − b z2 − z 0 µ 2
¶
a − b z − z
det b z 1 = det b − c z − 1 0 = det
b−c z−1
c 1 1 c 1 1
¡ ¢
= az + b + cz 2 − a + bz 2 + cz
¡ ¢ ¡ ¢
= z az 2 + bz + c − z az 2 + bz + c
¡ ¢ ¡ ¢
= (z − z) az 2 + bz + c = 2i= (z) az 2 + bz + c .
Nous verrons un peu plus loin que la caractérisation 6. des triangles équilatéraux traduit
le fait qu’un triangle équilatéral est semblable à un triangle ayant pour sommets les points
d’affixes 1, z, z 2 avec z = j ou z = j.
Interprétation géométrique des applications z 7→ az + b, z 7→ az + b 357
Exercice 19.5 Soit α = ρeiθ un nombre complexe non nul et n un entier naturel non nul. Mon-
trer que les racines n-ièmes de α se déduisent des racines n-ième de l’unité par une similitude
√ θ
directe de centre 0, de rapport n ρ et d’angle .
n
Solution 19.5 Les racines n-ièmes de α sont les :
√ θ+2kπ √ θ 2kπ
zk = n
ρei n = n
ρei n ei n (0 ≤ k ≤ n − 1)
2kπ
où les ei n , pour k compris entre 0 et n − 1, sont les racines n-ième de l’unité.
358 Nombres complexes et géométrie euclidienne