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QUE SAIS-JE ?

Technique
du journalisme
P H I L I P P E GAILLARD

Sixième édition refondue

50e mille
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DU MÊME AUTEUR

Précis de journalisme, t. II : Le reportage, Zurich, Institut international de


la Presse, 1966.
Cette fois l'Afrique noire (avec Jean-Pierre Roux), Paris, Cahiers de la
Fondation pour les études de défense nationale, 1976.
Le Cameroun, Paris, L'Harmattan, coll. « A la rencontre de... », 1989.
Ahmadou Ahidjo. émir républicain, Paris, Japress (sous presse).

ISBN 2 13 045021 0

Dépôt légal — 1 édition : 1971


6e édition refondue : 1992, novembre
© Presses Universitaires de France, 1971
108, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris
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PREMIÈRE PARTIE

LE JOURNALISME
CONTEMPORAIN

Chapitre 1

LE RÔLE DE LA PRESSE

La moitié des Français classent les journalistes au


premier rang des personnes qui « ont de l'influence »,
mais l'opinion presque unanime (92 %) pense que
cette influence est imméritée. D'ailleurs, les journalistes
exercent un métier de fort médiocre utilité sociale, et ils
sont trop payés, seulement précédés en cela par les
artistes, les députés et les prostituées... Ce résultat d'un
sondage réalisé par la SOFRES pour Le Nouvel Obser-
vateur' doit être lu à la lumière de sa date : septem-
bre 1990. Car le début de la dernière décennie du
XX siècle est le moment d'une crise dans les relations
entre les médias et leur public, qui mit un terme à une
ère glorieuse d'une quinzaine d'années, marquée par
l'émergence de ce qu'on appela le « journalisme d'in-
vestigation », inauguré aux Etats-Unis par l'affaire du
1. Edition du 29 novembre au 5 décembre 1990.
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Watergate et illustré en France par celle du Rainbow


Warrior.
La crise est arrivée presque subitement. Le sondage
en question a été fait après le trucage télévisuel de
Timisoara, en Roumanie, et en pleine période de pré-
paration de la guerre du Golfe, qui allait porter à son
comble la désinformation. Crise soudaine, mais pas
conjoncturelle : les circonstances n'ont été que le révé-
lateur d'un double phénomène. Les journalistes ne
maîtrisaient plus leur outil, qui avait fait des progrès
fulgurants. Ils avaient laissé la communication gangre-
ner l'information.
Ils avaient joué les apprentis sorciers. Trivialement
dit, pour la première fois dans l'histoire de la presse,
ils avaient perdu les pédales. Rien de tel ne s'était
produit à l'occasion des véritables révolutions
qu'avait connues le journalisme : l'invention de la
composition mécanique et de la rotative, qui engen-
dra la presse moderne à la fin du XIX siècle, l'avène-
ment de la radiodiffusion entre les deux guerres mon-
diales et de la télévision après la seconde. Comparée
à cela, l'évolution récente de l'informatique et des
télécommunications avait, assurément, pu paraître
prodigieuse et elle avait bouleversé bien des habi-
tudes, mais les changements rapides s'opéraient dans
la continuité. Il advint que le chef-d'œuvre des ingé-
nieurs dépassa son objectif. Le robot prit le pouvoir.

Le choc de 1991

Les médias, singulièrement la télévision, étaient par-


venus à une espèce de perfection technique. La guerre
annoncée leur donna l'occasion de déployer les nou-
veaux moyens dans leur plénitude. Ce fut comme une
apothéose : la guerre en direct pour des centaines de
millions de téléspectateurs dans le monde entier.
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Bilan : un fiasco sans précédent, à la démesure de


l'appareil mis en œuvre, « un énorme pied-de-nez à
une machine de communication qui se croyait toute-
puissante », écrivit Alain W o o d r o w Le spectacle
avait été grandiose, l'information calamiteuse. Les
téléspectateurs s'étaient trouvés dans la situation de
Fabrice del Dongo à Waterloo : ils avaient vu, ils
avaient entendu, ils avaient éprouvé des émotions
fortes, ils n'avaient rien saisi ni compris.
C'est grave, certes. 1991 restera une date dans
l'histoire des médias, et une date honteuse. La maladie
a frappé. Mais l'auscultation indique le remède. Que
s'est-il passé ? Tout simplement que les journalistes
ont abdiqué. Ceux de la télévision se sont transformés
en aiguilleurs d'images affluant de toutes les directions.
Leurs confrères de la radio et de la presse écrite se sont
laissé subjuguer par le show, ont passé des heures à
regarder les émissions de la chaîne américaine CNN, le
« robinet à images », au lieu de faire leur métier, de
chercher activement l'information et de l'analyser. La
catastrophe médiatique a rendu évident ce qu'au fond
tout le monde savait bien : l'événement brut livré aux
regards en temps réel est dépourvu de signification.
« Ce qui intéresse le citoyen, écrivit Dominique
W o l t o n ce ne sont pas les événements, mais les infor-
mations, les événements mis en forme médiatique par
le travail journalistique. » Bref, il n'y a pas d'informa-
tion sans journalistes. Encore faut-il qu'ils connaissent
les techniques pour les maîtriser et qu'ils appliquent les
règles de leur profession.
Est-ce aussi simple ? Non. Les mêmes événements
de 1990-1991 ont fait apparaître une autre épidémie,
1. Alain Woodrow, Information Manipulation, Paris, Editions du
Félin, 1991.
2. Dominique Wolton, War Game. L'information et la guerre, Paris,
Flammarion, 1991.
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due, celle-ci, au virus de la communication, répandu


depuis les années soixante. Sous le matraquage des
conférences de presse des chefs civils et militaires amé-
ricains, simultanément en proie aux censures et aux
directives des accompagnateurs des pools de reporters
accrédités, les journalistes ont crié à la désinformation
et à la manipulation. C'était vrai. Cependant, la fausse
nouvelle ou l'information biaisée que publie un média
n'a pas pour responsable l'auteur du mensonge, qui
avait ses raisons fussent-elles critiquables, mais le jour-
naliste qui a accrédité ou laissé accréditer la contre-
vérité, puisque son métier est, justement, de chercher et
de faire connaître la vérité. Or le sida de la communi-
cation a comme entraîné une immunodéficience à
l'égard des agents pathogènes que sont les désinfor-
mateurs.
Dans un univers où tout est devenu communication,
l'information a perdu ses repères. Communication :
attention au mot, qui est ambigu. Depuis le milieu du
siècle, les théoriciens ont ressassé qu'il faut communi-
quer et pas seulement informer, le « message de
communication » étant rédigé en fonction de son desti-
nataire, à la différence d'un prétendu « message
d'information » qui s'adresserait à tout le monde et
n'atteindrait personne. Les théoriciens n'avaient pas
tort, encore qu'ils enfonçassent des portes ouvertes :
depuis les origines de la presse, chaque média sait bien
qu'il existe à l'usage de son propre public. En ce sens,
communiquer était bien l'activité du journaliste. Mais
l'antagonisme entre communication et information a
pris un tout autre sens et il est devenu très réel depuis
que « communication » a une nouvelle acception,
inventée par les personnes qui, hors des médias, en
font métier.
Le rôle de ces nouveaux communicateurs — on dit
dircom (directeur de la communication) et attachés de
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relations extérieures dans les entreprises, mais il n'y a


pas qu'eux — est de diffuser une « information » favo-
rable aux institutions et aux desseins qu'ils servent,
ainsi qu'aux puissants ou à ceux qui veulent le deve-
nir : hommes politiques, hauts fonctionnaires, chefs
d'entreprise, dirigeants de syndicat ou d'association...
Les médias ne sont pas l'unique canal qu'ils utilisent,
mais c'est le plus efficace : bien qu'ils transforment le
message d'une façon qui ne plaît pas toujours au
communicateur, ils lui confèrent une valeur ajoutée
considérable, la crédibilité.
Les informations et fausses confidences que les jour-
nalistes reçoivent des communicateurs sont précieuses
et dangereuses. Elles sont le plus souvent exactes,
généralement tronquées et enjolivées d'une langue de
bois habile ou non ; elles sont quelquefois totalement
fausses. Le journaliste, évidemment, a mission de les
vérifier et compléter. Mais il n'en a pas toujours les
moyens ni le temps ; il évalue le message en le passant
aux filtres de sa culture, de sa connaissance du sujet et
de son esprit critique. Mais ses défenses immunitaires
sont mises à rude épreuve de deux façons : par l'abon-
dance et par la connivence.
Abondance, le mot est faible. Les moyens de la
communication institutionnelle sont en croissance
exponentielle. L'hebdomadaire britannique The Eco-
nomist1 a calculé que, pour les seules entreprises, donc
sans compter les gouvernements ni les administrations,
les dépenses mondiales « hors médias », c'est-à-dire de
communication au sens large à l'exclusion de la publi-
cité, s'étaient élevées, en 1989, à 1 200 milliards de
francs français, somme supérieure de plus de moitié
aux dépenses publicitaires. Comment les communica-

1. Edition du 9 juin 1990. Cité par Yves Mamou, in C'est la faute aux
médias !, Paris, Payot, 1991.
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teurs utilisent-ils cette manne ? Ils pratiquent, répond


Ignacio Ramonet dans Le Monde diplomatique1, « la
version moderne, "démocratique", de la censure.
Celle-ci repose sur deux figures majeures : la rétention,
forme classique, information nulle, et la saturation,
forme contemporaine de l'âge de la communication ; le
journaliste croule alors sous une avalanche de don-
nées, de dossiers, plus ou moins intéressants, qui le
mobilisent, l'occupent et, tel un leurre, le distraient de
l'essentiel. De surcroît, cela encourage sa paresse : il
n'y a plus à chercher l'information, elle vient toute
seule ».
La connivence est une affaire interpersonnelle. Il y a
peu d'information sans informateur. Le communica-
teur en est un, et bien placé. Autant que le communica-
teur a besoin du journaliste, la réciproque est vraie.
Cela crée des liens. Quand la confiance s'installe, la
désinformation caractérisée n'est guère à redouter,
mais le journaliste, souvent inconsciemment, devient
complaisant et laisse son sens critique en veilleuse.
En définitive, les deux maux — le direct télévisuel,
auquel sa fausse objectivité donne l'apparence d'une
information parfaite, et la communication, qui vise à
faire passer un message intéressé, dans les médias ou
ailleurs, sans altération — ont en commun de tendre
à éliminer le journaliste. C'est donc la restauration
du journaliste, sentinelle de la vérité, dans la pléni-
tude de sa fonction qui sauvera l'information de la
noyade au confluent du torrent d'images et du fleuve
Communication.
D'ailleurs, tout ne va pas si mal que pourrait le lais-
ser croire l'observation statique des médias au moment
du choc qui leur fut assené. Dans la durée, l'évolution
est positive. Les effets pervers des télécommunications
1. Edition de mai 1991.
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et de l'informatique mal maîtrisées ne doivent pas


cacher l'immense apport de ces appareils techniques,
auxquels il convient d'ajouter les progrès de l'imprime-
rie, à une information toujours plus universelle, plus
rapide, plus soignée et plus aisément accessible au
public.
On reviendra sur ces aspects. Les moyens techniques
ne sont évidemment pas les seuls facteurs qui ont
donné son visage au journalisme contemporain. Les
changements sociaux et politiques en sont d'autres,
plus fondamentaux. Ils ont déterminé la forme, le
contenu et le style des médias de cette fin de millénaire.
Le travail journalistique, qui avait seulement connu
des mutations lentes pendant une centaine d'années,
en a été affecté.

Les facteurs culturels,


sociaux et politiques
En quarante ans, de 1950 à 1990, alors que la
population de la France n'a augmenté que d'un tiers,
le nombre d'étudiants a décuplé. Dans le même
temps, l'équipement en récepteurs de télévision est
passé de 0,25 à 943 pour 1 000 foyers. Il avait fallu
moins de deux décennies à la télévision pour devenir
le principal moyen d'information du grand public.
L'impact de ces bouleversements sur la presse écrite
et, dans une moindre mesure, sur la radiodiffusion,
s'est traduit, bien entendu, par des variations
d'audience, mais aussi par des changements profonds,
plus encore de contenu que de forme, pour répondre
aux attentes nouvelles de lecteurs et auditeurs plus
instruits et devenus téléspectateurs.
La diffusion de la presse quotidienne a baissé en
dents de scie, mais inexorablement, à partir de la fin
des années soixante, le tirage total passant de 13
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à moins de 10 millions d'exemplaires en douze ans


(1968-1990). Les journaux régionaux sont faiblement
concurrencés par la télévision, qui n'est pas, ou pas
encore, équipée pour donner des nouvelles locales
détaillées. Ils ont assez bien résisté, ne perdant qu'un
million d'exemplaires sur huit. Ce sont donc les quoti-
diens nationaux qui ont payé un lourd tribut, perdant
quatre lecteurs sur dix au fil de ces douze années'.
L'analyse de cette donnée globale fait apparaître des
disparités significatives.
Le public populaire, captivé par la télévision, n'a
plus ni le temps ni le goût de lire des journaux.
En 1960, quatre quotidiens nationaux s'adressaient à
ce lectorat : France-Soir, Le Parisien libéré, L'Aurore
et Paris-Jour. Ils avaient, ensemble, un tirage moyen
de 2,7 millions d'exemplaires. Quinze ans plus tard,
Paris-Jour avait cessé de paraître sans profit pour ses
concurrents ; ceux-ci se maintenaient encore à 2,2 mil-
lions, puis ce fut l'effondrement. L'Aurore a disparu ;
Le Parisien s'est transformé en journal régional. Il
reste France-Soir, dont le tirage s'était approché d'un
million et demi d'exemplaires au temps de sa splen-
deur ; il en a perdu les quatre cinquièmes et il survit
difficilement.
Le public cultivé, devenu nombreux, ne se satisfait
pas du survol lacunaire de l'actualité que lui offrent les
journaux télévisés. Il écoute les journaux parlés, géné-
ralement plus complets, et les éditorialistes des grandes
chaînes de radio. Il lit des journaux et il est exigeant à
leur égard. La diffusion des quotidiens qui se partagent
ce lectorat n'a pas suivi la courbe ascendante du
niveau d'éducation, mais elle a fait mieux que résister

1. Le tirage moyen des quotidiens nationaux avait atteint 5 millions


d'exemplaires à son apogée, en 1968. Il était de 2 860 000 exemplaires
en 1990.
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a u m o u v e m e n t d e s c e n d a n t . Si l ' o n f a i t a b s t r a c t i o n d e s
p é r i o d e s d e crise i n t e r n e d e c h a q u e titre, q u i se s o n t
traduites p a r une baisse de qualité sanctionnée p a r une
baisse des ventes, on observe sur trente ans (1960-
1990) que L e Figaro a m a i n t e n u sa diffusion m o y e n n e
(nombre d'exemplaires vendus) aux alentours de
400 000 exemplaires et que Le Monde, qui vendait
m o i n s d e 2 0 0 0 0 0 e x e m p l a i r e s a u d é b u t d e la p é r i o d e ,
a dépassé son concurrent à mi-parcours ; depuis, les
d e u x j o u r n a u x se t a l o n n e n t . O r d e u x q u o t i d i e n s « gé-
n é r a l i s t e s » s o n t a p p a r u s s u r le m ê m e m a r c h é — Le
Quotidien de P a r i s en 1974 et Libération, après avoir
é t é u n j o u r n a l d ' o p i n i o n , e n 1981 — , suivis d ' u n j o u r -
nal économique, venu concurrencer Les Echos sur un
« c r é n e a u » q u i s'élargissait, e n 1987 : L a Tribune de
l'Expansion1. Au total, la diffusion de ce que les
A n g l a i s a p p e l l e n t les « j o u r n a u x d e q u a l i t é » a t t e i g n a i t
620 000 exemplaires en 1960 — y compris les
35 0 0 0 e x e m p l a i r e s d e C o m b a t — , 9 1 7 0 0 0 e n 1975 et
1 115 0 0 0 e n 1990.
D ' a i l l e u r s , si les F r a n ç a i s l i s e n t r e l a t i v e m e n t p e u d e
q u o t i d i e n s , e t d e m o i n s e n m o i n s , ils s o n t b o u l i m i q u e s
d ' h e b d o m a d a i r e s . Ils o n t le c h o i x e n t r e q u a t r e g r a n d s
newsmagazines — L'Evénement du jeudi, L'Express, Le
N o u v e l O b s e r v a t e u r et L e P o i n t — , ce qui est u n i q u e a u
m o n d e . D e s cohortes de j o u r n a u x spécialisés envahis-
s e n t les k i o s q u e s . O n c r o i t t o u j o u r s q u e les j o u r n a u x d e
télévision arrivent a u point de saturation d u marché,
m a i s ils c o n t i n u e n t l e u r p r o g r e s s i o n ; l e u r d i f f u s i o n a
d o u b l é a u c o u r s d e l a d é c e n n i e 1 9 8 0 , a t t e i g n a n t 10 m i l -
lions d ' e x e m p l a i r e s e n 1991. S i g n e d e s t e m p s e n c o r e p l u s
r e m a r q u a b l e : la p r e s s e é c o n o m i q u e h e b d o m a d a i r e o u

1. Les Echos avaient une diffusion de 35 000 exemplaires en 1960,


54 000 en 1975 et 87 000 en 1990, et La Tribune, de 43 000 exemplaires
en 1990.
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nal, pour qu'il procède à une modification. Un piège est consti-


tué par les annonces en pleine page : elles ne passent pas par le
secrétariat de rédaction, qui doit pourtant s'assurer qu'elles n'en-
traîneront pas une juxtaposition malencontreuse et que leur gra-
phisme ne jurera pas avec celui de la page voisine.
Il reste à assembler les éléments rédactionnels. Dans
les quotidiens, une certaine souplesse est nécessaire
parce q u ' o n n ' a pas le temps de peaufiner ; elle est offerte
par la dimension de la page, qui permet de varier la pré-
sentation presque à l'infini. Le secrétaire de rédaction
peut même jouer sur la surface des titres, ce qui lui est
interdit dans les hebdomadaires et dans les mensuels.
D a n s les magazines, certaines ouvertures de section o u
des ensembles c o m p o r t a n t , par exemple, des cartes, des
encadrés et des montages photographiques requièrent
une présentation originale et une véritable création de
maquette. Mais la plupart des pages sont exactement
conformes au modèle. Le travail consiste d ' a b o r d à
choisir parmi plusieurs maquettes types disponibles, en
fonction, surtout, de la place relative occupée p a r l'illus-
tration. Les textes, titres, accroches, intertitres et
légendes qui sont composés sont collés à leur place.
L'emplacement de ceux qui ne sont pas encore tombés
est réservé, de même que celui des illustrations. Celles-ci
sont cadrées, soit telles qu'elles ont été livrées par le pho-
tographe o u p a r le dessinateur, soit en retenant une par-
tie seulement du document, tracée sur un calque. Elles
sont envoyées à la photogravure avec l'indication des
dimensions réelles conformes à la maquette.

A ce stade, il est exceptionnel que tout soit en ordre. Des


textes sont trop longs, d'autres trop courts. Quand la différence
est de quelques lignes, le secrétaire de rédaction procède aux
ajustements utiles en coupant une phrase ou un membre de
phrase, en ajoutant ou supprimant un alinéa... Quand le rema-
niement nécessaire est important, c'est l'affaire du desk, qui peut
le confier à l'auteur s'il est disponible. Dans un quotidien, on
n'hésite pas à tricher avec la norme en ajoutant ou supprimant
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un intertitre, en modifiant les interlignes, les interparagraphes,


les corps des titres, voire des textes, la hauteur des photos. Et
l'on dispose de brèves, petits articles de quelques lignes qui peu-
vent combler un vide, dont la publication est aléatoire.

La maquette peut alors être envoyée à l'atelier p o u r


être reproduite au montage. Si celui-ci s'effectue sur
écran, il est déjà commencé sans q u ' o n puisse dire à
quel m o m e n t on est passé de la maquette au montage.

V. — Titres, chapeaux, légendes, etc.

Les derniers foyers de résistance s'éteignent ; on ne


dit plus guère habillage, ce qui était plus élégant, on dit
titraille. Or c'est exactement l'inverse de ce que le suf-
fixe péjoratif laisse attendre ; c'est l'appareil d'éléments
verbaux, d o n t le titre est le principal, qui habillent un
article p o u r le signaler et le mettre en valeur. Qui
rédige la titraille ? Q u a n d ? C'est extrêmement varia-
ble suivant les j o u r n a u x et les circonstances. Cela peut
être l'auteur avant de remettre sa copie, s'il en a le
goût et le talent, ce qui est rare. C'est en général
l'affaire de spécialistes, qui sont normalement au desk,
parfois au secrétariat de rédaction. Et la titraille d ' u n
article ou d'une page est souvent réalisée en plusieurs
étapes, liées à l'avancement de la maquette, et même
p a r plusieurs personnes. C a r elle dépend strictement de
la mise en page.
La difficulté n'est pas seulement celle de dire le
plus possible, clairement et de façon imagée, en très
peu de mots ; c'est aussi que ces mots doivent occu-
per un n o m b r e précis de lignes et que chaque ligne
peut comporter un n o m b r e de signes compris entre
u n m a x i m u m infranchissable et un m i n i m u m qui en
est souvent très proche, qui y est même quasiment
égal s'il s'agit d ' u n titre, d ' u n chapeau ou d'une
accroche en pavé, d o n t les lignes sont pleines. On dis-
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pose d'un peu plus de latitude si la composition est


centrée ou au fer, alignée sur une seule marge ; encore
convient-il d'équilibrer les lignes de façon à éviter les
formes disgracieuses : trapézoïdale ou en escalier, par
exemple.
Titres et chapeaux peuvent être rédigés d'avance,
donc au stade de préparation de la copie, lorsque l'ar-
ticle doit être maquetté selon un modèle connu. Ils
sont complémentaires et indissociables. Ensemble, ils
donnent l'essentiel de l'information. Contrairement au
titre de livre ou de revue, qui annonce de quoi on va
parler, le titre de journal résume, le plus souvent, ce
qu'on va dire. A cette fonction première, le titre en as-
socie une autre, d'accrochage. Il s'agit d'attirer l'atten-
tion du lecteur et de l'inciter à lire l'article.
Suivant la nature de l'article et le style général du
journal, on insiste plus ou moins sur la partie informa-
tion ou sur la partie accrochage. Dans le cas de nou-
velles importantes, l'accrochage se fait par le fond
même de l'information. Mais lorsqu'il s'agit d'un
événement ou d'un sujet dont l'intérêt n'est pas évident
pour le lecteur moyen, la bonne vulgarisation
commande d'attirer l'attention, par le titre, sur un dé-
tail amusant, surprenant ou pittoresque, qui incitera à
la lecture. Bref, selon la formule de Michel Truffet, « le
connu doit se rendre insolite et l'inconnu familier »
De plus en plus imité, Libération a lancé le titre-choc qui vise,
par une expression familière, par une hyperbole ou une litote,
par une antithèse ou une périphrase, par une allitération, voire
un calembour, à faire ressortir, fût-ce de façon caricaturale, la
signification de l'événement ou un aspect de celui-ci. On pourrait
en citer d'historiques. Celui que voici est banal et, par consé-
quent, exemplaire, comparé avec un titre classique sur la même
nouvelle. Aux élections législatives de septembre 1984 au
Canada, non seulement les conservateurs reprirent la majorité
1. In Histoire et médias, cf. bibliographie.
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aux libéraux, mais ils obtinrent 211 sièges sur 282 et l'ancien par-
ti majoritaire en perdit 107. Le Monde tira sobrement la leçon du
scrutin :
Canada

Washington accueille a v e c satisfaction


la v i c t o i r e d e s c o n s e r v a t e u r s

Voici comment, en des termes à la fois plus familiers et plus


forts, Libération écrivit, au fond, exactement la même chose :

RA
D
Z
M
-E
-A
RE
E Reagan
Canada: Ronald
a un petit frère
Le parti conservateur de Brian Mulroney a remporté mardi une
victoire écrasante avec 211 sièges (sur 282) aux élections
législatives évinçant les libéraux du pouvoir après 21 ans de règne.

Pourtant, si toute la presse a été influencée par ce style


moderne — et pas seulement la presse écrite : on trouve des
équivalences dans certains commentaires ou transitions lapi-
daires de présentateurs de télévision —, l'excès est pernicieux.
Car les traits d'esprit, les jeux de mots ou d'idées font appel à
un fonds de références culturelles et à une agilité mentale dont
ne sont pas dotés tous les lecteurs ou téléspectateurs. Savourés
par une minorité, les titres de ce genre sont inintelligibles pour
le grand public. Et l'on rencontre ici un défaut contre lequel les
journalistes ont toujours de la peine à se prémunir : la
tendance à écrire pour leurs confrères, pour leurs amis et pour
les gens importants, en l'occurrence à leur destiner les clins
d'œil qu'ils font semblant d'adresser à leurs lecteurs ou
auditeurs.
Soucieuse, comme il se doit, de donner le maximum d'infor-
mation dans le minimum de mots, la presse anglo-saxonne
n'hésite pas à user du style télégraphique dans les titres. Les
journaux d'expression française recourent volontiers à des
ellipses, à des raccourcis plus ou moins saisissants, mais ils tor-
turent moins la langue, en dépit des exemples contagieux four-
nis par la publicité.
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En définitive, s'il est souvent malaisé de conjuguer


information et accrochage dans le titre proprement dit,
la répartition se fait entre celui-ci et le surtitre, ainsi
que le ou les éventuels sous-titres.
Le chapeau, court texte qui suit le titre, est composé
sur la même justification (cf. le chapeau qui suit le titre
de Libération reproduit plus haut), ou bien sur une
colonne, prenant l'allure d'une introduction à l'article,
mais en caractères gras ou plus forts que ceux du texte.
Il sert à compléter le titre par des éléments d'informa-
tion ou d'explication. Ainsi, celui qui a lu titre et cha-
peau doit en avoir reçu l'information essentielle. Il l'a
acquise très rapidement et il sait s'il a envie d'en ap-
prendre plus en lisant l'article.
La légende est un élément supplémentaire d'informa-
tion, qui indique ce qui figure sur la photo. Si elle est
assez longue, on en profite pour y intégrer un moyen
d'accrochage en reliant l'illustration à un détail du
texte.

Intertitres et accroches jouent un rôle dans l'équili-


bre plastique, on l'a vu à propos de la maquette ; eux
aussi contribuent à attirer l'attention du lecteur. Ils ne
peuvent pas être rédigés avant que la maquette soit ter-
minée, parce qu'ils sont déterminés par leur emplace-
ment. L'intertitre, à la différence de celui d'un livre,
n'est pas là pour indiquer une subdivision de l'article,
mais pour relancer l'intérêt en reprenant un détail de
la partie suivante du texte, qui est de nature à réveiller
l'attention ou à piquer la curiosité. L'accroche est rare
dans les quotidiens, mais très utilisée dans les autres
périodiques. Plus longue que l'intertitre, en caractères
plus forts, elle n'a pas forcément un lien avec ce qui la
suit. Elle reproduit, textuellement ou non, un passage
fort de l'article, que ce soit sur le fond ou par la forme.
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VI. — Le bouclage
Tandis que s'élaboraient la maquette et la titraille,
les correcteurs faisaient la première relecture des arti-
cles, au fur et à mesure qu'ils tombaient, sur les pla-
cards, les épreuves des textes composés avant leur mise
en page. Quand le secrétariat de rédaction a validé les
maquettes, envoyé la dernière titraille et corrigé les
placards, le montage s'achève. Il reste seulement, en
principe, à procéder aux dernières vérifications et
retouches, en deux temps : sur la page montée et sur le
film.
La page montée est l'objet d'une deuxième relecture
de la part des correcteurs. S'il y a eu des remaniements
d'une certaine ampleur sur la maquette, il reste sou-
vent quelques ajustements à faire : une ou deux lignes
à retrancher ou à ajouter, un intertitre déplacé à
remettre en position, une ligne creuse de fin d'alinéa en
tête de colonne à remplir, un filet omis ou trop long,
ou trop court, une ligne de titre trop longue... Dans les
quotidiens, on n'a pas toujours le temps de tout relire.
Au moins faut-il vérifier que les corrections ont été
bien reportées, contrôler la titraille, les tournes de
colonne et de page, etc.
Cependant, le monde ne s'est pas arrêté de tourner. Jusqu'à la
deadline, on peut procéder à des actualisations. Les derniers
développements d'un événement en cours sont intégrés en chan-
geant un ou plusieurs paragraphes, à condition que le nombre de
lignes reste le même, et en corrigeant le titre. Si un événement
imprévu survient, on lui fera place selon son importance et le
temps qui reste. On peut substituer cette nouvelle, dans une page
encore ouverte, à un article d'actualité moins brûlante ; on peut
aussi remplacer une illustration ou un encadré par la relation
succincte de l'événement sous un gros titre et un surtitre « Der-
nière heure ». Quand on décide que « cela vaut la une », l'opéra-
tion est plus compliquée. En effet, toutes les informations qui
figurent à la première page sont importantes ; en outre, on ne
. peut pas supprimer un article qui commence à la une et tourne
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dans une page déjà bouclée. Il reste possible de supprimer


l'annonce d'une nouvelle qui est développée dans une page inté-
rieure, ou une illustration, ou le sommaire. Dans les cas ex-
trêmes, on est amené à mettre la dernière heure à la place de l'in-
formation qui était en vedette, et à réduire celle-ci à sa plus
simple expression. Afin de permettre de tels remaniements, la une
est, pour chaque édition, la dernière page bouclée.
Le film reproduit la page montée. Le dernier
contrôle est opéré à ce stade. Il n'est plus question de
changements, ni de tout relire, mais seulement « d'évi-
ter une catastrophe ». O n vérifie surtout les illustra-
tions, qui n'étaient pas toujours en place sur l'épreuve
de page montée, et les reports des ultimes corrections.
O n peut gratter au cutter un filet trop long ou le carac-
tère final d ' u n m o t p o u r corriger une faute d'accord.
Sauf découverte d'une erreur grave ou d'une faute
dans u n titre, le film ne sera pas refait.
Les films sont assemblés p o u r préparer les plaques.
Les plaques sont calées sur la rotative. La machine
roule. Il est temps de penser à la prochaine édition.
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Conclusion

L'AVENIR

La structure des moyens d'information et l'exercice


du journalisme ont été bouleversés en moins de cin-
quante ans. Tout porte à croire que les changements
seront plus lents, en tout cas moins révolutionnaires,
dans la première moitié du xxf siècle. Les futurs déve-
loppements de l'informatique et des télécommunica-
tions continueront à faciliter l'accès des journalistes,
comme de tout un chacun, à l'information et à la
documentation, ainsi que le traitement des nouvelles
par les médias. Quant aux « nouveaux médias » dont
on préparait l'avènement dans les années quatre-vingt,
ils semblent avoir fait long feu. La télématique met
déjà de multiples banques de données à la disposition
des professionnels, et d'immenses progrès peuvent en
être attendus, mais s'il est théoriquement séduisant de
fournir à tous les consommateurs d'information un
moyen de sélectionner ce qui les intéresse, on s'est
aperçu que cela ne correspondait pas à un véritable
besoin du grand public. Ni le Minitel, même couplé à
une imprimante, ni le télécopieur, même devenu plus
rapide, ne deviendront des moyens de la « communica-
tion de masse ». Il n'y aura pas avant longtemps de
nouvelle révolution médiatique. Les vieux médias, si
l'on peut dire, poursuivront leur règne. Leur évolu-
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tion, bien entendu, ne sera pas linéaire, mais elle s'éloi-


gnera peu des axes déjà tracés.
La télévision est encore jeune. Sa croissance restera
rapide. L'ouverture des frontières par le câble et par le
satellite a inauguré une ère de concurrence universelle.
Quels que soient les progrès de l'éducation et de la mo-
bilité des personnes, une majorité des téléspectateurs
en profitera peu directement, en raison des barrières
linguistiques, mais l'émulation internationale ne peut
qu'être bénéfique pour la qualité des émissions. Paral-
lèlement, la France rattrapera son retard absolu en
matière de télévision locale, et certaines chaînes, sinon
toutes, se transformeront en networks, fournissant aux
stations les journaux que celles-ci relaieront en direct,
ainsi que des programmes tout faits et des éléments
d'émission. Une dernière transformation que l'on peut
attendre sera plus subtile mais pas moins fondamen-
tale : tirant les leçons de la secousse de 1990-1991, les
chaînes de télévision trouveront des moyens pour
mieux analyser l'information « chaude » ; à tout le
moins, les rédacteurs en chef et présentateurs appren-
dront à maîtriser les flux d'images et à limiter la place
du direct sur l'écran en sorte de se donner le temps
nécessaire à la rédaction du commentaire.
La radiodiffusion est un peu désemparée par sa
baisse d'audience, mais ses atouts spécifiques ne sont
pas en cause. Paradoxalement, alors qu'elle fut une
pionnière en matière de diffusion internationale, elle
est en régression sur ce point : personne n'écoute plus
les émissions en ondes courtes hors du Tiers Monde,
et les relais en modulation de fréquence ou par câble
ne paraissent pas sur le point de se multiplier. En
revanche, elle n'a plus grand-chose à apprendre en ce
qui concerne la décentralisation. C'est probablement
le média qui changera le moins sa façon de traiter
l'information.
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La presse écrite doit encore achever sa mutation


technique, singulièrement en France, où elle a moins
bien géré qu'ailleurs les blocages corporatistes Peut-
être ensuite assistera-t-on à la disparition de la rotative,
remplacée par une machine utilisant la même technique
que les imprimantes et photocopieuses à laser. Cepen-
dant, les journaux souffrent surtout d'une maladie éco-
nomique : la baisse de leurs ressources publicitaires,
baisse conjoncturelle en valeur absolue, au début des
années quatre-vingt-dix, mais structurelle en part de
marché. L'assainissement financier fera des victimes ; il
renforcera les groupes éditeurs les mieux gérés.
L'analyse de la situation de la presse que faisait
Jean-Louis Servan-Schreiber en 1979 reste pertinente.
Le directeur de L'Expansion énumérait quelques don-
nées éloquentes : baisses de tirage, augmentation des
prix de vente deux fois plus rapide que celle du pou-
voir d'achat, tendance des annonceurs à sélectionner
les supports lus par des cadres. Pourtant, la conclusion
qu'il en tirait — « l'avenir de la presse est dans l'éli-
tisme » — doit être nuancée. La presse spécialisée, y
compris la presse économique, a montré depuis cette
date qu'elle disposait d'un fort potentiel de développe-
ment, et elle ne l'a pas épuisé. Mais les grands quoti-
diens « de qualité » et les magazines généralistes ont
réagi avec succès en créant ou développant leurs sec-
tions spécialisées. Et rien ne prouve qu'il n'y a pas
place en France, comme ailleurs en Europe aussi bien
qu'au Japon et aux Etats-Unis, pour un grand quoti-
dien populaire. Ce qui reste incertain à moyen terme,
c'est l'arbitrage des lecteurs entre quotidiens et news-
magazines.
1. En 1991, le seul journal d'expression française dont la chaîne de
réalisation était informatisée de bout en bout était le quotidien suisse
Vingt-Quatre heures.
2. Dans L'Expansion, édition d'avril 1979.
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Il y aura toujours des journaux prospères : ceux qui


auront fait preuve d'imagination pour répondre aux be-
soins nouveaux, qui auront fait les bons choix de gestion
et qui auront recruté de bons journalistes. Qui sont les
bons journalistes à ce tournant des siècles ? Des
hommes et des femmes de grande culture, rigoureux, cu-
rieux de leur époque, spécialisés dans le domaine de l'ac-
tivité humaine qu'ils sont chargés de couvrir, maîtrisant
l'expression verbale et les techniques de l'information.
Lesdites techniques étaient le thème de ce petit
ouvrage. Cela impliquait que l'on insistât sur ce qui a
pu apparaître comme les servitudes du beau métier de
journaliste. Or les servitudes n'excluent pas la gran-
deur ; elles y contribuent. Le mérite du bon artisan de
l'information qui fait connaître et comprendre à nos
contemporains le monde dans lequel nous vivons
n'est-il pas supérieur à celui de tel ou tel de nos grands
prédécesseurs, qui consistait, au fond, à exhaler avec
talent ses humeurs du jour ?
Le talent n'est pas interdit, bien au contraire, mais les
journalistes francophones, plus que d'autres, doivent
apprendre à s'en méfier. Tel est le message que leur
adresse un Américain qui n'en manque pas et qui
connaît ceux dont il parle : « La presse française, princi-
pauté parfois drôle, souvent follement intelligente, vit à
l'aise dans le domaine de l'à-peu-près. (...) Elle préfère
parfois être brillante plutôt que cohérente, maligne que
généreuse. Elle est verbeuse et méconnaît généralement
la différence entre commentaire et analyse. » Et il
conclut : « Il faut aller soi-même au charbon, et cela
prend des heures et des heures. (...) L'excellence est
synonyme de douleur, d'application et de détermina-
tion. Le reste n'est affaire que d'énergie et de talent. »

1. John Vinocur, directeur de l' International Herald Tribune, dans


L'Expansion, édition du 18 juillet 1991.
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