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Chapitre IV Le traitement Biologique : les cultures libres

LES BOUES ACTIVEES


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La filière biologique est envisageable dès lors que :


• le rapport DCO/DBO5 est inférieur à 3, ce qui correspond à un bon indice de
biodégradabilité de l'effluent.
• le rapport carbone/azote/phosphore de l'effluent est de 100/5/1 ce qui correspond à un
bon équilibre en nutriments, permettant ainsi le développement optimal de la biomasse
épuratrice.

I. Principe de l’épuration par boues activées:

Les boues activées sont utilisées comme épuration biologique dans le traitement des eaux usées. La
boue activée, composée essentiellement de micro-organismes floculants, est mélangée avec de
l'oxygène dissous et de l'eau usée. C'est ainsi que les micro-organismes de la boue activée entrent
constamment en contact avec les polluants organiques des eaux résiduaires, ainsi qu'avec l'oxygène,
et sont maintenus en suspension.

Figure 1. Procédé des boues activées

L'aération des eaux résiduaires a lieu dans des bassins en béton qui ont une forme appropriée en
fonction du système d'aération, du mode d'introduction des eaux et de la boue activée. On appelle
ces ouvrages, des bassins d'aération ou bassins à boues activées. Afin de maintenir une biomasse
suffisante, la boue est recyclée par pompage du bassin de décantation secondaire.

I.2. Eléments d'une station à boues activées


Un procédé à boues activées visant à éliminer les matières organiques (pollution carbonée)
comprend les éléments suivants:

• bassin d'aération, dans lequel de l'air est injecté de manière à obtenir une teneur en
oxygène dissous suffisante pour l'activité biologique aérobie

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• bassin de décantation secondaire (dit aussi clarificateur). À partir de ce dernier élément,


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l'eau clarifiée est rejetée (sauf traitement tertiaire) et les boues décantées sont renvoyées en plus
grande partie vers le bassin d'aération, la partie excédentaire étant dirigée vers un circuit ou un
stockage spécifique.

Les autres applications du procédé à boues activées utilisent ce schéma de base avec des variantes.
Par exemple, dans le cas d'un procédé visant à éliminer également la pollution azotée et/ou les
phosphates, des étapes anoxiques (très faible présence d'oxygène) sont ajoutées.

1.3. LA BOUE ACTIVEE


1.3.1. Composition de la boue activée

- bactéries à raison de 6,6 milliards/mL de boue activée. Elles


représentent la biomasse la plus abondante par le nombre. On y
trouve des germes de l'environnement et pour l'essentiel des
bacilles Gram-, aérobies et mobiles. Les principaux genres
sont Pseudomonas, Aeromonas, Arthrobacter, Flavobacter, Ach
romobater et Alcaligenes.

- protozoaires à raison de 50 000/mL de boue activée. Ils se


partagent en différentes classes comme les zooflagellés
(Bodo…), les holotriches (Litonotus…), les hypotriches
(Aspidisca…) et les péritriches (vorticelles…).

- métazoaires comme les rotifères et les nématodes.

1.3.2. ACTION DES MICRO-ORGANISMES

La boue activée, composée essentiellement de micro-organismes hétérotrophes, dégradent


d’abord les matières organiques ou la pollution carbonée (DBO5).
Elimination de la matière organique
Processus biochimique :
Minéralisation de la DBO5 apportée par l'effluent : oxydation directe de la DBO5

Cette étape de minéralisation de la matière organique (oxydation du glucose en CO2 et H2O)


s'accompagne d'une assimilation d'une fraction de l'azote de Kjeldahl (à hauteur de 5 % de la valeur
de la DBO5 assimilée) et d'une production de biomasse (C5H7NO2).
- Minéralisation de la biomasse produite : oxydation indirecte de la DBO5

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Cette seconde réaction n'a cours que dans certaines conditions, en particulier quand le teneur en
DBO5 devient insuffisante par rapport à la biomasse présente. Il s'en suit une minéralisation
complète de la biomasse formée.
Cette seconde réaction n'est jamais totale et son importance dépend de la charge organique
appliquée dans le bassin d'aération. Plus la charge organique à éliminer par unité de masse de
biomasse est faible, plus cette réaction sera importante et vis versa.
En traitement des eaux on définit cette phase par les termes de " respiration endogène " ou d' "
autooxydation " de la biomasse.

- L'introduction d'oxygène par aération est donc indispensable à leur action. Les micro-
organismes sont maintenus en mélange intime avec l’eau à traiter et ainsi, entrent constamment en
contact avec les polluants organiques des eaux résiduaires.
- La reproduction des micro-organismes intervient en conditions favorables, lorsque leur
croissance est importante et que les bactéries se mettent à se diviser. Les exo-polymères qu'elles
sécrètent leur permettent de s'agglomérer en flocs décantables (c’est la floculation). Les conditions
d'opération choisies sont celles qui favorisent la décantation de ces flocs. Afin de maintenir une
biomasse bactérienne suffisante, la boue est recyclée par pompage dans le bassin de décantation
secondaire (la boue extraite est recirculée vers le bassin de traitement aérobie). Une part du travail
de gestion et de dimensionnement d'un système à boues activées consiste à gérer cette biomasse.
Celle-ci peut être rendue insuffisante par une recirculation trop faible, une intoxication des
bactéries par une pollution massive, une trop forte arrivée d'eau (phénomène de rinçage), ou bien à
la mise ou remise en service, qui implique une mise en charge progressive.

Enfin, l'épuration par le procédé des boues activées est possible, parce que les bactéries sont
microscopiques, s'adaptent à la pollution, se reproduisent rapidement, et forment des flocons
qui décantent.

1.4. L’Aération
L'aération des eaux résiduaires a lieu dans les bassins, contenant les boues activées, qui ont une
forme appropriée en fonction du système d'aération, du mode d'introduction des eaux et de la boue
activée. On appelle ces bassins : bassins d'aération, bassins à boues activées ou encore bassins
d’oxydation.
L'aération peut être assurée en surface par des turbines, ou dans le fond par des procédés de
rampe de distribution de bulles d'air alimentées par un surpresseur. La durée de rétention peut
être de plusieurs heures à quelques jours.

I.5. LES PARAMETRES CARACTERISTIQUES :

Les boues activées peuvent être caractérisées par :


- I.5.1 La CHARGE MASSIQUE (Cm): Quantité journalière en Kg de DBO5 entrante dans le
réacteur biologique par Kg de MVS dans ce dernier,

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Elle caractérise l'équilibre biologique du traitement. Schématiquement, elle représente le rapport :


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Biomasse/nourriture dans le réacteur biologique (bassin d'aération).
Elle est déterminée plus spécifiquement par le rapport :
Cm = Q . [DBO5] / [MVS]BA. VBA
-1
(Kg DBO5. j entrant sur le biologique)/kg MVS (bassin d'aération)

Q : Débit entrant dans le bassin d'aération (m3.j-1)


[DBO5] : Concentration moyenne en DBO5 de l'influent à l'entrée du bassin d'aération (kg.m-3)
VBA : Volume du bassin d'aération (m3)
[MVS] BA : Concentration en (kg .m-3) en MVS des boues dans le bassin d'aération.

1.5.2. La CHARGE VOLUMIQUE (CV): peut être exprimée aussi en fonction du volume du réacteur
biologique, on parle alors de charge volumique Cv, exprimée en Kg DBO5/m3. j.
Ce paramètre permet d'estimer la capacité du réacteur biologique à priori lors de la conception des
ouvrages. Il représente le rapport :

Cv = Q . [DBO5] / VBA
. Q : Débit entrant dans le bassin d'aération (m3.j-1)
. [DBO5] : Concentration moyenne en DBO5 de l'influent à l'entrée du bassin (Kg.m-3)
. VBA : Volume du bassin d'aération (m3)
Cette notion sera aussi utilisée pour les traitements à cultures fixées, tels que lit bactérien,
biofiltre ou pour les traitements de méthanisation (digesteurs).

1.5.3. Le temps de séjour hydraulique (Ts) de l’eau dans un bassin est donnée par :

Ts = Volume du bassin / débit de l’effluent.

1.5.4. LES BOUES : PRODUCTION, EXTRACTION ET RECIRCULATION:


a) LA PRODUCTION DE BOUES dans le traitement biologique repose sur deux phénomènes :
- L'accroissement de la biomasse épuratrice.
- L'accumulation des matières en suspension non biodégradables

ΔX= (am Le + Xmin + Xdur - Xeff ) Q - b Xt


Avec :
ΔX : boues en excès, (Kg. j-1)
Le .Q: DBO5 éliminée (Kg. j-1)
Xt = Xa .V, boues organiques dans le bassin (MVS), (Kg)
Xmin. Q: matières minérales (0,2 à 0,3 MES) en suspension apportées par l’effluent, (Kg. j-1)
X dur .Q: matières organiques en suspension difficilement biodégradables apportées par
l’effluent : de 10 à 30 % des MVS. (Kg. j-1).

La PRODUCTION DE BOUES s'établit aussi, selon la relation du MODELE AGHTM (1993) :

ΔX = Xdur + Xmin + (0,83 + 0,2 log Cm) x DBO5


Avec :

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log Cm = Logarithme décimal de la charge massique (type constructeur)


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DBO5 = Masse journalière de DBO5 à l'entrée du biologique en kg DBO5.j-1
b) EXTRACTION DES BOUES EN EXCES :
Une accumulation des boues dans le bassin d'aération conduit aux inconvénients suivants :
➢ surconsommation d'oxygène induisant soit des surconsommations d'énergie soit des risques
de sous oxygénation que l'exploitant devra combattre par des changements fréquents du
réglage de l'aération.
➢ difficultés de brassage liées à la viscosité croissante.
➢ surconcentration des boues vitesse de décantation ralentie clarification aléatoire.

VOLUME DES BOUES A EXTRAIRE (Vb) :

Vb= Production des boues / Concentratration des boues

➢ L'extraction des boues est réalisée, par écoulement gravitaire ou plus systématiquement par
pompage, d'un volume de boues liquides.
➢ Plus ces boues sont concentrées et plus le volume de boue est faible.
➢ Moins ces boues sont concentrées et plus le volume à extraire est important.

c) RECIRCULATION DES BOUES

La recirculation des boues décantées, du clarificateur vers le réacteur biologique doit remplir plusieurs
objectifs que l’on peut classer par ordre d’importance, de la façon suivante :
• EVITER : le débordement du lit de boue
• PRESERVER : la qualité des boues en évitant une stagnation prolongée des boues dans le
clarificateur,
• RAMENER : les boues encore « actives » dans le(s) réacteur(s) biologique(s) afin de le(s)
réensemencer en bactéries, en quantité suffisante, au regard de la pollution à traiter.
• FAVORISER : la préconcentration des boues décantées afin de limiter les volumes à recirculer ou à
extraire.

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Le débit de recirculation des boues R est determiné par:


Mais pour une STEP aération prolongée,
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Le le débit de recirculation est donné par des
R (m3/h) =Volume du lit de boue (m3 )/Temps de essais au laboratoire en procédant comme
séjour maxi (heure) suit :

Le taux de recirculation
il est donné aussi en fonction des concentrations de la biomasse (XBA ) dans le BA et la
concentration des boues recirculées (XBR).

R/Q= XBA / (XBR – XBA)

le plus courant entre 100 % et 150 %, pour un fonctionnement correct de la station


- la recirculation est trop forte : turbulences dans le décanteur entrainement de fines et
décantation imparfaite.
- Si la recirculation est trop faible : dénitrification ou fermentation dans le décanteur.

1.5.4. La QUANTITE D’OXYGENE est corrélée à la pollution à éliminer à partir de la relation


suivante:
O2 = a’Le Q + b’Xt

Avec O2 : Quantité d’oxygène à apporter aux boues activées (Kg O2/ j).
Le Q: Pollution journalière éliminée (Kg DBO5/ j).

1.5.5. L’AGE DES BOUES (A) : C’est la quantité de boues dans le réacteur (Xt) en Kg MVS sur la
quantité moyenne des boues en excès (XE) évacuées quotidiennement hors du réacteur.

A = Xt /∆XE

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L'âge des boues représente le temps de séjour des boues dans les ouvrages de traitement
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biologique. Celui-ci est bien évidemment beaucoup plus long que le temps de séjour de l'eau à
traiter, du fait de la recirculation répétitive des boues décantées vers le bassin d'aération.

L'âge des boues détermine de nombreux aspects du traitement, tels que :


• taille et densité du floc biologique,
• degré de minéralisation (% MVS) de la boue biologique,
• présence de bactéries nitrifiantes,
• présence et diversité de la microfaune prédatrice de bactéries (Protozoaires, Rotifères,
Nématodes, ...).

1.5.6. INDICE DES BOUES (IB)

Ce paramètre permet d'apprécier l'aptitude de la boue à la décantation. Cet indice représente le volume
occupé par un gramme de boue, après 30 minutes de décantation dans une éprouvette transparente d'un litre.
Il dépend donc de deux éléments :
· le volume de boues décantées V30 exprimé en ml.l-1,
· la concentration en MES des boues exprimée en g.l-1

Ib (ml.g-1) = V30/[MES]

Le volume décanté V30 mesuré, doit impérativement être inférieur à 300 ml, ce qui peut nécessiter
une dilution de la boue par de l'eau épurée avant réalisation.
V30 = V30 mesuré x dilution.
L'INDICE DE MOLHMAN est aussi utilisé pour caractériser l'aptitude de la boue à la décantation. Il
est calculé également par le rapport entre le V30 (obtenu sans dilution) et la concentration (MES) :
IM = V30/ MES
Ces deux grandeurs (IM et Ib) sont comparables pour les boues peu concentrées (moins de 3
g/l). Pour des concentrations supérieures, il semble préférable d'utiliser l'indice de boue Ib.
- Des valeurs de l’indice IM élevées correspondent à une mauvaise décantabilité de la boue.
- Une boue dont la structure assure une bonne décantation a un indice IM compris entre 80 et
150.
- En dessous de 50, la boue a un aspect granuleux et risque de former des dépôts,
- au-delà de 150 à 200, la boue est en gonflement ou atteinte du bulking (maladie de la boue)
que l’on attribue à un développement exagéré de bactéries filamenteuses du type Sphaerotilus
suite généralement à un déséquilibre du milieu (cas des eaux résiduaires d’industries
agroalimentaires renfermant des substrats glucidiques facilement assimilables mais carencés en
azote et en phosphore.
- La concentration des boues recirculées maximale est liée à Ib par
- (XBR )max = 1000/Ib
2. VARIANTES DU PROCEDE DES BOUES ACTIVEES
Il existe 5 variantes dans le procédé des boues activées qui différent par les caractéristiques suivantes :

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Les coefficients am et b sont dépendants des caractéristiques de l’effluent et de la charge. Les


tableaux 4 et 5 donnent les valeurs utilisées pour des eaux usées urbaines à différentes charges de
fonctionnement des boues activées.

Elimination de la pollution carbonée/

Elimination de la pollution carbonée et azotée

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Procédé de déphosphatation biologique


C’est le procédé le plus répandu à cause des faibles quantités de boues produites, pas de coût de
réactifs chimiques et une bonne image écologique.

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Le principe de la déphosphatation biologique consiste en une suraccumulation de P dans la


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biomasse.
Si des teneurs de 2 à 3 % en P dans les boues en conditions normales et correspondent aux
besoins des bactéries, le mécanisme de suraccumulation augmente cette teneur jusqu à 10%. Il
nécessite de placer la biomasse alternativement en phase anaérobie et aérobie. On estime que la
déphosphatation biologique représente 1 à 2 % des coûts d’exploitation, alors qu’une précipitation
en représente 15 %.

Figure 2 : Schéma de la STEP avec déphosphatation biologique

Réactions biochimiques au sein d’une bactérie déphosphatante en conditions


anaérobie et aérobie

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le stockage d’énergie par une bactérie se traduit par un


appauvrissement du milieu en phosphore.
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Figure 3 : Mécanismes d’élimination des polluants

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