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Charles Durham : est le premier intervenant, psychologue formateur. Il est d'origine américaine, il a un fils et
un petit fils dans le spectre autistique. Il a travaillé surtout avec des autistes sans déficit cognitif associé.
Charles Durham rapporte les propos d'un autiste : « D'accord le sexe c'est une chose, mais ce que je veux c'est
la tendresse, l'intimité, si je veux du sexe, je vais payer quelqu'un . »
Désir de relation
Des statistiques :
50 % exprime le besoin d'avoir une relation intime
56% n'a pas eu d'expérience de relation sexuelle
25% ne sont jamais « sorti avec quelqu'un »
Un autiste veut « une copine » mais qu'est-ce qu'il faut faire pour en avoir une ? Nous sommes assez dépourvus
parce que c'est compliqué le « comment » avoir une copine.
Les personnes autistes peuvent exprimer leur frustration voire leur dépression, elles se sentent seules car leur
difficulté avec le savoir vivre interfère avec leur création des amitiés.
Comment enseigner le savoir vivre ? Qui a appris le savoir vivre social ? Il faudrait expliquer le savoir vivre
intellectuellement. C'est pour cela que ce n'est pas évident.
La communication sociale
La difficulté à gérer les relations sociales est la cause directe de ce manque de succès relationnel.
– Comment gérer les conflits ?
– Comment est-ce qu'on aborde quelqu'un ?
– Qu'est-ce qu'il faut faire pour garder une relation ?
- Sont souvent considérées par leur entourage comme asexuées comme si leur condition les empêche d'avoir
une vie sexuelle.
- Se trouvent face à un déni de leur développement sexuel par leurs parents et leur entourage.
- Ont peu ou pas d'accès à un réseau social (Elles abordent le sujet avec qui?)
Il apparaît qu'une tierce personne est utile pour expliquer ce qu'il faut faire ou ne pas faire (réseau « d'anges
gardiens »)
Il y a souvent un déni de l'entourage concernant la maturité sexuelle de l'enfant autiste (maturité physiologique
et psychologique).
On le maintient dans l'enfance.
Les sources d'information sont peu pédagogiques et inappropriées (Internet)
- Le soucis de protéger la personne de situation d'abus peut amener l'entourage à insister sur le danger
éventuel des rencontres
- Les avertissement de ce style peuvent créer un haut niveau de peur/anxiété qui coupent le désir de la
personne à comprendre et explorer sa sexualité
« L'augmentation de la pulsion sexuelle lors de la puberté non accompagnée par une amélioration de 'savoir
faire social donne comme résultat des comportements inappropriés ».(Gabriels et al 2007)
Les adolescents et les adultes PSA manifestent davantage de comportements inappropriés que leurs pairs.
« ne pas respecter des règles sociales de l'intimité, comportements socio-sexuels inappropriés voire
masturbation dans les lieux publics. » (Stokes et Kaur)
L'intellect d'une personne autiste peut être d'un très haut niveau et les capacités sociales correspondre à un âge
de quatre ans. La personne peut ne pas savoir se limiter/devenir intrusive/téléphoner à n'importe quelle heure.
Cependant...
« Vous ne serez prêt pour avoir une relation sexuelle qu'à partir du moment
où vous savez comment avoir des amitiés couronnées de succès ».
RITA JORDAN
Si les personnes avec autisme ont des difficultés dans leurs interactions avec nous, n'avons-nous pas
également des difficultés dans nos interactions avec eux ?
La personne a peu de possibilités de faire de réel progrès si le seul objectif de l'entourage est de changer le
comportement inapproprié de la personne avec autisme.
Notre attitude doit changer, la vrai solution est d'aider la personne à trouver des environnements qui
favorisent leur interaction sociale. »
Le problème de base …
Relationconseil.free.fr (ce sont des histoires qui supposent que l'autiste sait lire !)
Tu n'as pas besoin d'être ami avec tout le monde et tout le monde n'a
pas besoin d'être ami avec toi
Le fait que tu as envie d'être ami avec quelqu'un ne l'oblige pas à
accepter ton amitié et si quelqu'un a envie d'être ami avec toi, tu n'es pas
obligé d'accepter non plus
La « réputation » de la personne rejetée
La personne cherche activement à avoir des amis mais est rejetée par les pairs et va générer une « réputation »
négative car elle est perçue par les autres comme :
Guindée socialement
« Bizarre »
Intrusive et importune
Quelqu'un qui monopolise la conversation
Impulsive et désinhibée
Hyper verbale
Faisant des « blagues » que personne n'apprécie
« Bête »
Etc ...
Les personnes avec autisme qui ont un bas âge de développement ont par exemple cinq ans d'âge de
développement mais leur corps a 25 ans (âge chronologique)
Si les autistes souffrent de cécité contextuelle , nous , nous faisons de la cécité cognitive quand nous oublions
qu'il y a l'âge du corps.
Une règle de base : « On ne commence pas à envisager une situation sociale sans expérimentation ».
Sans expérimentation on ne peut pas savoir quels sont les détails qui vont permettre à la personne de
reconnaître la situation pour que le jour où elle se retrouve seule, elle puisse prendre la bonne décision.
Dans la société, en tant que psychologue/sexologue, il peut être mal vu de se mêler de la sexualité de son
prochain, cela peut être perçu comme de l'intrusion.
Au nom de quoi on se mêle de l'intimité de cette personne ?
Le psychologue/sexologue est un citoyen , un agent de contrôle social.
Il s'agit d'accompagner les plus vulnérables pour leur éviter les difficultés (par ex : sans savoir elles peuvent
transgresser une loi / elles peuvent être victimes d'une personne qui ne respecte pas la loi).
Tout citoyen ayant un droit n'a cependant pas la compréhension requise. L'aide qui lui est apportée (et non
imposée) est donc nécessaire.
Si la personne ne peut comprendre ce qui lui ai proposé, si elle ne peut pas participer à la prise de décision, et
que nous ne pouvons pas obtenir un consentement éclairé de sa part, nous devrons l'obtenir de la part du
représentant légal (parents ou autre).
Il existe le libre exercice de la sexualité entre adultes consentants. C'est quoi être consentant ?
Par la communication sociale, c'est obtenir le consentement d'autrui qui va répondre à notre proposition, ou
bien il y a un aspect mutuel émis.
Parmi les personnes dans le spectre autistique, certaines n'ont pas acquis cette capacité dans leur habileté
sociale.
Dans les outils que l'on peut utiliser , il y a l'étude du développement neuro-mental.
Le fait de privilégier certaines parties du visage humain, les yeux et la direction des yeux se fait dans le
développement neuro-mental entre zéro et 9 mois.
L'attention conjointe est une compétence qui permettra à l'individu d'aller vers le groupe, vers l'autre.
Depuis 2017, dans la loi, une personne de 15 ans a la majorité sexuelle, c'est-à-dire qu'elle est considérée apte à
dire oui ou non à une expérience sexuelle. Mais les professionnels et les représentants de la personne autiste
doivent avoir les outils pour savoir si l'individu a le niveau de discernement suffisant (discerner la bonne de la
mauvaise intention).
Dès 9 mois nous sommes capables de détecter dans le visage tout type de mouvement (mouvement de
« vouloir » par exemple) ;
La prosodie, la musique vocale est également un élément très important pour comprendre l'autre.
Est-ce que dans ces images ça veut dire « chut » ou est-ce que c'est un baiser.
Faiblesse de la cohérence
Lorsque le détail l'emporte sur la vision globale
Tendance à associer un état d'excitation à un élément
ou un événement visuel bien précis mais non pertinent
« association coincidentale » (Hellemans 1996)
Pourquoi lorsqu'on s'adresse à un autiste adulte on peut lui parler comme à un enfant ?
C'est nier la possibilité de cet individu d'atteindre la majorité sexuelle.
Pour un garçon, de la part des professionnels, il peut y avoir confusion, le professionnel extrapole une hyper
masturbation sans avoir tous les éléments objectifs pour le déduire.
On s'autorise peu à parler de masturbation chez un adulte autiste mais les parents et professionnels parlent
souvent de masturbation chez les enfants. Il faut faire très attention car la précocité pubertaire n'est pas un
critère diagnostique de l'autisme. Un enfant autiste peut toucher son sexe sans qu'il soit dans l'excitation
sexuelle. Un comportement d'attouchement génital ne veut pas forcément dire excitation sexuelle . Il peut y
avoir, par exemple, infection urinaire.
Si il n'y a pas un regard bienveillant, chaleureux et permissif (sans être négligent) de manière contrôlée pour
créer les conditions d'une expérimentation de la sexualité , alors nous ne remplissons pas notre mission de
donner à chaque adolescent une éducation à la sexualité adaptée.
Attention de ne pas donner des indices qui ne sont pas complets en matière de réciprocité.
On rencontre chez nombreux autistes une pensée par association et une pensée par le détail.
Lors de la conférence, on nous a présenté une photographie d'une salle qui peut , suivant les individus
(neurotypiques) être vue comme une salle de sport ou une salle de psychomotricité.
Pour avancer cette hypothèse, nous nous basons sur quelques détails pertinents (mobilier...)
Les personnes avec autisme vont repérer que c'est une salle de sport, peut-être par la couleur des murs ou
autres . C'est peut-être pertinent puisque on ne change pas la couleur des murs toute les 5 minutes. Cependant,
ce ne sont pas des détails partagés.
On peut proposer un espace, une chambre, si la personne est mature physiologiquement et majeure
sexuellement.
On n'est pas obligé d'imposer le modèle de vie à deux à une personne autiste.
La personne avec autisme a besoin d'élargir son champ de compétence, d'élargir ses comportements.
L'extrême vulnérabilité d'une personne avec autisme c'est d'être totalement tributaire de son entourage.
Le professionnel habituel va préserver l'autisme dans son intimité. Par contre le professionnel qui remplace, si il
est non informé, va peut-être commettre un impair.
Il faut préserver l'intimité et l'intégrité morale de la personne.
Il faut évaluer avant de mettre en place une stratégie d'intervention (exemple de la « culotte sombre » pour
évaluer chez une femme si il y a excitation sexuelle ) .
Il nous faut la validation des représentants légaux pour procéder à une évaluation et l'objectif que l'on souhaite
proposer ainsi que ses modalités.
La Masturbation
Pour qualifier l'hyper-masturbation, il faut bien se situer par rapport à des études faites chez les neurotypiques
et des autistes afin de ne pas se tromper ou exagérer. S'il s'agit de pratiques en public, c'est un autre problème.
Il y a 40% des hommes qui n'arrivent pas à éjaculer par la modalité qu'ils vont utiliser.
Il peut y avoir des blessures involontaire car on peut être en présence d'individus qui ont des problèmes de
motricité, des troubles sensoriels ou de la maladresse. La personne n'a pas d'autres choix que de s'exercer des
pressions extrêmement fortes.
Est-ce que dans ce cas, - toujours avec l'accord des représentants - on va permettre d'avoir recours à du gel
lubrifiant ou à un objet qui va aider à compenser une incapacité ?
Quelquefois, ce sera trop long d'apprendre la compétence motrice à l'individu ; il sera donc plus adapté de
proposer un aménagement écologique, un environnement qui sera facilitant pour obtenir une sensation.
Mais avant de proposer quoi que ce soit, il faut évaluer, il faut avoir des données objectivables à retransmettre
aux représentants.
Séquentiel : se masturber
Si aucune évaluation a été faite, on peut se demander si la personne a vraiment le profil de compétence.
Mais quand on a les évaluations on peut aussi s'interroger sur la raison pour laquelle on ne veut pas aller plus
loin.
La pornographie est explicite, comme la documentation sexo-pédagogique mais la nuance est que la
pornographie ne cherche pas à transmettre une information pour répondre à une question mais elle cherche à
inciter ; tandis que la sexo-pédagogique cherche à expliciter.
Il existe aussi des vidéos. Ce n'est pas forcément un outil formidable car on sait maintenant que certaines
personnes atteintes d'autisme sont très vite parasitées par la vitesse du mouvement dans les vidéos.
Les autistes ont accès au sens direct et explicite. Le symbolique est difficile pour eux. Ne prenons pas des
symboles pour dire ou montrer des choses.