-'//////////////////////#/////$// a
TALENTS
• •
IS Ire
Le tweed Harris, qui fête cette année son centenaire, a été
sauvé de la disparition par ses artisans. L'étoffe n'évoque plus
seulement le vêtement hors du temps du gentleman-farmer,
elle séduit désormais les grands couturiers. PAR SUZANNE KR,EG (TEX1El
ela fait quarante ans
que Donald fo hn M.c-
ka)' tisse les couleurs du
qui l'entoure,
matins, sauf le
dimanche, il prend place dans la
pet ite cabane veI1e proche de sa
01..1ison, sur la plage de Luskentyre.
Il s'assoit. regarde pal la fenê tre.
Puis actiOlUle les pédales de son
m~tier à tisser, Dans la région, le
claquement métallique de sa ma -
chine eSI aussi familier que le bruil
du ressac:, le cri des mouettes ou
le souffle du \Ient. Les bobines de
fil s'élèvent et s'abaissent en ca-
dence. La navette vole de droite à
gauche, revient à droite, repart à
gauche, droite, gauche. Pendan t
des h e u res ... C'est seulement
quand la nuit tombe sur l'océan,
à l'heure où sa femme Maureen
l'appelle pour le dîner, que Donald
interromp t ce manè-ge. Rangée de
mailles aprés rangée de mailles. le
sexagénaire ttsseainsi 100 mètres
de tissu par se m ai n E'. Une étoffe
brute aux tonalités de celte Tle
écossa ise, Lewis et Harris, sur la-
quel le il vit depuis sa naiss3IlCE'.
-Le tissu, c'est comme un pay-
sage., explique lt.'l ackay, sans in-
terrompre son métier à tisser. Il
suffit de jeter un œil par la fe nêtre
pourcomprendreœqu'U veul dire.
Les motifs qui apparaissent peu à
peu sont blanc crème comme le
sab le devant nous, verts comme
les prairies. brun rouge comme la
mousse et le BchE'I1, noi rs comme
les marais,. rosés comme les mon -
tagnes à la lue ur de l'aube. Mackay
affirme q ue l'insp iration lui vient
pe ndant ses ba lades sur la grand-
86 GEO VOYAGE
'un succès c IC
route. Dès qu'un rayon de so leil
fugace perce la couverture nua-
geuse. une tout au tre l urni~re
éclai re le paysage. Aussi tôt. so n
espritcréatiflnventeun autTE>Ino-
d ~ le et d'autres nuances.
Voilà donc le secret du -db mor-
la -grosse étoffe .. en gaélique, C'est
ainsi que l'on appelle le tweed
par id. On parle aussi du «Harris
1\veed", du nom de la partie méri ~
dionale des Hébrides extëriewes
dont il est originaire - le no rd sap-
pelle Lewis. Quan t au mot tweed,
il vi endrait pelIt-éue de ..twill-, qui
signifie tissu sergé, ou du fieuve
1\veed (mais celui-ci coule au sud
de J'Ecosse), On dit que ce paysage
tounnenté aurait inspiré pas mo ins
de8000 moüfsdifférentsau cours
des siècles. Ici, le tweed estinsépa-
rable de J'hommeetde lanalure. Il
tient les corps au chaud et sert de
rempart douiIJet contre le vent âpre
de l'At lantique.. Et il assure aussi
depuis longtemps le quotidjen de
plusieurs dizaine-s de tisserands.
algré le triomphe du poly-
M ester, du nylon et d'autres
matériaux synthétiques,le
t\'\Ieecl. a tenu bon. Mjcm: : depuis
quelques années, il est devenu Ull
must Le .. champagne des é toffes-,
di! Mackay. Chanelen avait rait une
petite veste cu lte dès les années
]950. Et à présent. les plus grandes
marques, de Vivienne Westwood
à Ralph Lauren en passant parCa1-
vin Klein ou Alison Macleod, ne
jurent p lus que par lui.
En Grande-Bre tagne, le tweed
Bards est une institution. A partir
de 1846, daleà laquelle Lady Dun-
•
• •
more. veuve du seigneur de Harris,
commença à convertir l'a ristocra -
tie anglaise à ce tissu qui habillait
jusqu'alors uniquemen l les pay-
sans et les pêcheurs, on se mit à
prodUire du tweed quasilnent par-
tout - dans le Pays de Galles, dans
le Yorkshire, en Irlande - g~néra­
lement de façon Industrielle. Jus ~
qu'à ce que la dénomination -Har- La fierté
ris Tweed,. soir app osée sur les des Hébrides
[Issus en 1911, il Y a tout juste un extérieures
siècle, pOlir prolé-ger la production Le tweed Harris
est tissé à la main
des Hébrides extérieures. par des habitants
De nos jours, c'est la seule étoffe de 1'il8 Lew Îs et
au monde dont la qualilé e sl pro- Harris, et des îles
tégée parune loi. Votée par le Par- Ulst et Barra. Tous
lement britannique en 1993, celle- travaillent de
façon artisartille à
ci dispose que le tweed doit être
partir de pure laine
co l or~ et filé dans les Hébrides vierge teinte et
extërieures, et tissé dans de petits filée dans la régron.
ateliers d'artisans locau.x. La laine
de mouton , elle, peut prove nir
d'ailleurs, une en torse indispen-
sab le à la tradWon pour répon -
dre â la demande... L'authentique
Harris Tweed, désormais un label
protégé, se reconnaît à son c~lè­
b re emblème, le globe imperial
surmonté d'un e croix , gage su-
prème de qualité.
Tou~ ces efforts destinés à évi-
ter les copies el les Imitations bon
ma rch~ n'o nt pas empêché le
tweed d'être à nouveau menacé
en 2006. Cerle année-là. un cer-
tain Brian Haggas déba rq ua dans
la région, Ce magnat anglaiS du
textile racheta la pl us grosse fila -
ture de l'île Située à Stomoway,la
capitale des Hébridesex tériemes,
elle écoula it alo rs 95 Ofo de la pro-
duction . Ou jour au lendemain,
Haggas décida de réd uJ re la •••
"v·
\....
. '
.'
Un artisanat
très 'Kherché
le tisseQ.nd Donald
John Mackay (en
haut) Crée les motifs
de ses tweeds en
fonction de la tona-
J.lte du paysage
environnant ou de
commandes partlcu-
llères, Celles-ci pro-
viennent du monde
entier, permettant la
survie économique
de la région. Dans
les ateli e~ de Lewis
et Harris, id;\ Shaw-
bost (en bas), on
prepare;\ la main
les fils de trame
qui seront melangés
pour oblenlr une
étoffe merltant le
label Harris Tweed.

••• très la rge palette d e dessins à
qua tre seul eme nt et de ne plus
p roduire que des vestes. Dona ld
Jo hn Mackay e n frémit encore.
"C'est co mme s'il avait voulu ré -
duire la palette des tons de notre
île à un paysage désolé et mono-
tone, couleur terre", dit-il.
U n Jour, Haggas décida carré-
ment d e s topp e r la production
pour écouler les stocks - 70 000
vestes dormaient a lors dans les
t>ntrepôts. Bmtalement, la ph.lp~rt
des 140 tisserands de l'tIe (moyenne
d'âge 60 ans) se retrouvèrent au
chômage. 2008 fut une année ter-
rible ; seulement 547 ki1 o m~rres
de tissu sortirent des ateliers. La
production la plus faible d e l'his-
toire, alors qu'en 1966 , J' année re-
cord, l'ile en avait produil7500,
L:économ le locale menaçait tout
bonnement de s'effondrer.
C'est a lors q ue les tisserands
comme Mackay déc idèrent de
prendre le ur destin en main.
Depuis quelques années, Donald
Jo h n Mackay avait commencé à
bénéficier de commandes surpre -
nantes. En 2 004, il ava it ainsi reçu
un fax e n provenance d'Asie.
C'était Nike, le célèbre fab ricant
de vêteme n ts de sport, qui voulai[
lui ach e ler 9 ki.lomè lres d e tWeEd
pour habiller sa Terminator. une
basket pour femmes fabri qUée en
série limitée. D'abord surpris. Mac-
kay avait final ement accepté, et
pour repondre à cette é n orme
commande, il s'étai t as:wdé avec
cinquante de ses confrères. MissIon
accomplie en quelq ues semaines,
pile dans les délais ! Enchanté de
cet ess.' !' Nike revi nt à la charge
un peu plus fard pour d eux autres
modèles, la Blazer et la Ah Force
One Un sacré coup de jeune pour
cette étoffe, apanage traditionnel
des aristocrates anglaiS.
e pu is, le tweed Harris [ait
D carré me n t fure ur, Le chan-
teur Justin Timberlake l'a
intégré dans sa garde -robe. Une
ent reprise lo ndo nnie nne s'e n est
servi pour c réer des sacs à dos
ergonom iques. Alfa Roméo Cl. sorti
une voiture avec des sl{>ges en
tweed en avril 2008. Au Blyth-
swood Square, premier hôtel cin q
étoiles de Glasgow ouvert ftn
2009. on le retrouve partout, sur
les abat-jour, les rideaux. les c a-
'111//,1//,'//,'#,#///,1///,1/$1'/,1/,1///,'/,1/,1,1:
TALENTS 1 Le twee(
napés, les fauteuils, les siêges et
tabourets du bar. les têtes de lits..
Pour l'automne 20 11, Schott, la
marque des blouso ns en cui r de
James Dean et Marion Brando, pré-
voit' même une édition limitée d e
perfectos en tweed Harris.
Envoyé par grands ro uleaux à
Glasgow, le noble tissu sort désor-
mais de la filature de Shawbost.
située à Lewis. Elle a été remise
en senrice en 2007. à j'In ill ative
des. tissf'm nrls et sous L1 jlT(>ssion
de plusieurs habitants de l'ile,
après l'arrèt forcé de la filature
principale de Stornoway, A pré-
sent, les machines fument, siffl ent
e t grincent sans discont inuer. lant
la demande est impo rta nte,
a laine arrive par balles de
L 300 kilos. Elle est lavée à
grande eau, pui s te inte dans
des bacs de couleurs différentes,
Les fibres moeUeuses sont ensui te
mé langé es p e ndant des heures
selon un pro céd é spéc ial. qui
donne au tl....eed Harris son carac -
tère unique. Pour obtenir un vert, la plage de
Ufaut utiliser parfois jusqu'à vingt Luskenryre, sur
et une tonalités di fférentes. En- la côte occiden·
tale de Harris,
suite, on en fait du fil qui est livré
où travaflle Donald
aux tisserands. Une foi s le tweed John Mackay,
ti ss ~, selon les instnlctlons ou leur est l'une des plus
propre inspiration , le s artisa ns le spectaculaires
renvo ient à la filature de Shawbost. d'Ecosse, avec son
Là, cha.que mètre de tissu est soi - sable blanc et sa
lumière unique.
gneusement vérifié par un inspec-
teur de 13 Harris Tweed Authority,
avant de se voir apposer son fa -
m eux label, le globe impérial. La
consécration est peut-êt re pour
cette année ; le tweed fabriqué à
Shawbost a é té sélectionn é pour
les Scotti sh Fashion Awards zou ,
Dans son cabanon vert, s u r la
plage de Luskentyre, le cliquetis d u
métier à tissera repris. Donald John
Mackay travaille avec délicatesse
sur un t issu à chevrons d'un gris
semblable aux fa la ises de grani t
qui surplombent la mer. C'est une
commande pour la célèbre marque
d e cha ussures Clarks, Il s'agit de
co nfectionner du ti ssu pour un
nouveau modèle de botte, la Desert
Boot La navette vole de droite à
gauche et de gauche à droite. dans
un mouvement ininterrompu. Do-
nald ne s'arrêtera queœ soir, quand
Maureen l'appellera pourle rune r.
Comme tous les iours. _
Trodutlloll : Ma(hleu LomlOIl
GEOVOYAGE 89
INTELLECTUELS •
L'AUTRE FOYER DES LUMIERES
Grâce au philosophe Hume et à l'économiste Adam Smith,
Edimbourg a été appelée au XVlll' siècle ·l'Athènes du Nord».
es Lwnières ne furent passeulemelll et philosophiques. la tête pensante d'un

L rrançaises, el Pa.ris n'en eut pas le

monopole. Le XVITl" sj~cle eut aussi
sa capitale à Edimbourg, qui fut. entre
1730 er 1800 , le théâtre d'un ébJoutssani
ocenlig hlenm ent .. (illuminat ion) . Ces
Lumières écossaises Dot commencé à
poindre en 1707. lorsque la dernière des
Stuarts, Anne, réunit sous son sceptre les
monarchies d'Angleterre et d'Ecosse,
confondant leurs parlements. créant une
citoyenneïé commune, rétab lissant le
libre échange entre les deu..\: pays et, sur-
tout. pemlenant aux Ecossais de com-
mercer avec les colonies. Ils y réussirent
à merveille. si bien q ue J'industrieuse
Glasgow devinr la rivale de Londres et
Edimbourg, avec son université, ses col-
lèges scientifiques, ses clubs littéraires
empire britannique en ple in essor.
La réputation de cette .. Athènes du
nord. était telle qu'elle attirait de nom -
breux étudiants venus du continent. Hs
s'y frottaient à la pensée de David Hume
(I.7U -tn61. célèbre pour la radieaüté de
son scepticisme religiem.::, ami de Voltaire
et de Rousseau. ennemi de toute concep-
tion lh éologico-mé tap hysique de
l'homme et fondateur de l'empirisme,
c'esr-à-dire d'une application de la mé-
thode expérimentale aux phénomènes
mentaux. Sa pensée, qui marqua profon-
dément Kant, s'est ensuite prolongée Jus-
que dans la phénomé nologie et la philo-
sophie analytique du début du XXt' siècle.
Signe d'un temps de forte expansion, son
disciple le plus fameux ne fut pas un phi-
losophe, mais un économiste. Professeur
de morale à Glasgow, puis contrôleur des
douanes!! Edlmbourg, AdamSmiLh (1723-
1790) voyait les colonies américaines, dix
ans avant leur in.dépendance, comme une
nation appelée à devenir .. très probable-
men l la plus grande et la plus formidable
qui soit jamais au monde-.l1fut le théO-
riden de la révolution industrielle et, dans
son livre sur la -Richesse des Nations-,
fonda la science économique moderne.

Les héros d'un peuple irréductible

Tour à tour, ces quatre h ommes ont incarn é la résistance à l' occu pan t anglais.
Robert the Bruce (1274-1329) Charles Edouard Stuart nno-17ss)
Ce membre de la haute noblesse Exilé en Italie. ce prétendant au
fut couronn~ foi d'Ecosse en 1306. trOne d'Ecosse, sumommé Bonnie
Il p(~[a d'abord allégeance au roi (.. Seau .. ) Prince Charlie, débarqua
d'Angleterre avant de se retourner dans tes Highlands en 1745. Soutenu
contre lui En 1314.11 écrasa les trou- par plUSieurs chefs de clan, il leva
pes anglaises dans les marais de une armée qui s'empara d'Edim -
Bannockburn. Après de nombfeu· ~ bourg. Mais en avnl1746, les AnglaiS
ses batailles. le traIté d'EdlmbolJfg- ~ lui mHîgèrent une Cuisante défalte
Northampton reconnut enfin, en -<-
1328, t'Indépendance de l'Ecosse, 1 ,
~ Culoden, mettant ainsi fin à la der-
nièfe grande rébellion écossaise

>
William Wallace (tm-13051 Rob Roy MacGregor (l671-1714)
En 1297, Il rempOrla une ",ktoire Apr~s s'être fait expropner de ses
éclatante au pont de Stirling et fut terres parle duc de Montrose, par-
proclamé ... Gardien du royaume tisan de l'union de l'Ecosse aVec.
d'Ecosse'" Défait en 1298, il vécut l'Angleterre, cet éleveur des High-
en hors-la- loi et finit par être cap- lands. deVint Ulle sorte de Robin des
turé en nos.lI fut pendu, éventré et BOI5. En ms,Il rallia le clan MacGre-
décapité. Puis ses entrailles furent gor et mena de nombreux raids
brûlées et son corps découpé en contre les Anglais. Il fuI finalement
morceaux, avant d'être exposé arrêté en 1722, avant d'être par -
dans plusieurs Villes d'Angleterre. donné Cinq ans plus tard.

90 GEO VOYAGE

Un génie inscrit dans la pierre
Les bâtiments néo -cfasslques
d' Edimbourg témoignent de son élan
créateur au cours du XVIII" siècle.
Adam Smith, y préchaÎl le "'laisserfaÎre·,
la libre concurrence, la confiance dans
les mouvements spontanés de )'écono-
mie. Un Dieu bienfaisant, expll.quatt-il.
avait réglé ,'univers de telle sone que le
libre jeu des lOiS naturelles assure le bon-
heur du plus grand nombre...
A Edimbourg. philosophie, sciences.
médecine, im'entions techniques sinter-
pénétraient dans W1 même élan. James
watt 11736-18191 apporta ala machine à
vapeur des améliorations qui constituè-
rent une ~Iape décisive dans la révolution
industrielle, et l'ingénieur Mac Adam, en
IBI5 . etU l'idée de doter les routes d'un
revêl emenT Impermeabl e qui acc(oléra
d'un coup tous les uansportsdu Royatune-
Uni. La Jiru~T'3ntre ne fu t pas en reste, avec
l'invention du roman historique parWal-
rer scon (lnl -1832), et un rayon de ces
Lumières écossaises se laissa encore sai-
sIr, à la fin du XLXt" siècle, dans les romal1s
d'aventures de R.1... Stevenson, L'auteur
de .. L'Ile au trêso~ naquir â New Town,
ce moderne Edimbourg construit au
XV I II~ siècle f~ce à l'ancien. New Town,
avec ses frontons grecs. ses paniques à
colonnes, ses squares spacieux, ses lar-
ges rues, J'élégance de ses façades, sem-
blait 1'e:~:press iol1 même de ce merveîl-
{eux «Age of Scottish EnUghtenmentlO.
Cette vil le nouvelle disait la rtchessed'un
empire et justifiait. mieux que n'importe
quel discorns. l'anglop hilie de IOliS les
Européens de ce temps. _
JEAN -BAPTISTE MICHEL
ROCK'N' ROLL
LES CHOUCHOUS DE LA FRANCE
Depuis les années 1960, les groupes écossais, boudés par les
Anglais. on t trouvé ch ez nous une scène de prédilection,
es groupes de rock éCosSais n'onl
L Jamais vraiment connu d€' succl's
autre part que dans leur pays et en
France, comme s'ils partageaient avec
leurs homologues français une sorte de
complexe anglaiS. Car J'Angleterre. mère
paoiede la musique rock, n'a nul besoin
de nouveaux prétendants. Les groupes
écossais n·yont presque al1cunechance
de percer car ils y sont perçus comme
des provi.nciaux ayant un accenl Ils dol ·
vent donc chercher ailleurs, et la France
s'est bientôtpresentêecomme une terre
idêaJe à lew promoLion.
Donovan a ët~ le premier de ces am ·
bassadeurs à venir dans notre pays, au
milieu des années 1960. t:adopt.Îon fui
immédiate, et ses premières chansons
sont devenues des tubes hexagonau.\;.
Adepte d'un folk-rock mélodieux , il aida
beaucoup au lancementd'Antoine et de
Michel polnare[f. avant de partir vers
d'autres horizons 11 fallut attendre le dé-
but des années 1980 pour que renaisse
la complicité musicale franco-écossaise.
Le groupe punk Exploited, à son tour,
fu t adopté chez nous, à cause de son look
outrancier. mals aussi d e son roman·
tisme e l d'un anachronisme providentiel.
En effet, Exploited commença sa carrière
bien après l'année 1977, date clé du punk,
au moment même où la France, avec re-
tard, adoptait ce mouvement musical,
Jugé comme ringard en Angleterre, Ex-
ploîted fut chéri par les punks français,
qui le co nsidéraient comme une sorte
de grand frère rebelle.
En parfait contTepoint. car dénué de
tout esprit de révolte, Simple Mincis fut ,
dans nOlTepays.l'un des groupes les plus
populaires des années 1980, avec sa mu-
sique dite .. new·wave"', à basede synthê·
tiseurs. jîm Kerr (le chanteur) explique
par la poésie cette complicité avec le pu·
bUe françals : ..Glasgow n'est pas une très
beUe vi lle Elle est assez bmte et indus-
>
trielle. Cela a sans doute Înflué sur notre
son symhédquE'. lI correspondalt:t la tris·
tesse que nous ressentions.. Et r!était sans
doute en résonance avec un sentiment
très français. le spleen baudelairien .....
Même accueil complice ici porn Texas,
le groupe de la chanteuse Sharleen Spi-
teri, c.réé en 1985 à Glasgow. Son patTo-
nyme egt tiré du titre du film de Wîm
Wenders. ... Paris Te,'xas . . , faisa nt ainsi un
din d'œil à notre pays. D'autres forma-
tions écossaises onr joui d'un succès par·
tirulieren France, tels Jesus& MaryChain,
adeptes d'un rock hystérique, ou encore
Belle & Sebastian et son extraordinaire
beaut~ mélodique. Le nom Belle &: Se-
bastian est d'aUleurs une .private joke~
francop hile, rendant homma.ge au roman
à succ~s de C<!cIle Aubry et à la série té-
lévisée qu'il a inspirée,
Aujourd'hui. les nouvelles stars du rock
écossais perpétuent ce lien privilégié.
Certes, les musiciens du groupe Franz
Ferdinand ont conquis l'Angleterre : en
2004, leur premier album a été numéro
trois des ventes aux Royaume-Uni! N'em-
pèche: comme leurs compatriotes, ils
sont très populaires che-.l nou5.lls se sont
prodUits à guichets fermés en 2009, à
WJe. TOlùouse ou Paris. Ils ont même fait
un joli cadeau à l'une des pins emblêma·
tiques actrices parisiennes. Marion CO·
tillard.lls lui ont écrit ..The Eyes of Mars ....
la première chanson qu'elle interpréta,
en 2010, dans une pub pour Dior. _
CHRISTIAN EUDELINE
Texas est de retour 1
Fondé par Sharleen Spiteri (au pre-
mier plan), le groupe pop est en
toumée ce mois de julUet en France.
 Fiche d'identité
• Supelflcle , 78 772 km'
• Population: S.1 millions d'habi-
tants en 2010,
POLITIQUE • Capitale : Edimbourg
• Régime politique : l'Ecosse êtant
L'INDÉPENDANCE À TOUT PRIX? rune des quatre nations consti-
tutives du Royaume-Uni. elle est
I.:Ecosse rêve de retrouver sa souveraineté mais, pour cela, il admlnJsuée par Londres. Elle est
lui faudrait renoncer aux importantes subventi ons anglaises. cependam dotée d'un Parlement
régional aulonome depUIS1999
eut-on Imagine r l'Ecosse en pays Alex Salmoncl, au lendemain du scrutin . • Gouvernement:

P souverain, séparé de l'Angle terre

par une vraie frontière ? L'é leclion
du 5 mai 2011. qui a vu la victoire confor-
Mais ses concitoyens ne semblent pas de
cel avis : aux yeux de la majo rilé d'entre
eux, leur voisin du Sud, pour honni qu'il
~ Chef de l' Elat ' Ia reine Elisabeth Il
- Premier MlnlSlre: DaVid Cameron
- Premier MInistre d'Ecosse ' Alex
Salmond
table au Parlement écossais du Scottish soit. n'en reste pas moins un pourvoyeur
• Langues officielles : anglais,
Nation.l Party ISN PI . a relancé cette hy- de fonds difficilement remplaçable. Cene
gaélique éCOSsaiS, scots.
pothèse. ..Un référendum sur l'autodé- su jétion par l'argent ne date pas d' hier.
• Monnaie: Livre sterling_
termination est désormais inévitable·, En 1699 , alo rs que le petit royaume
a dédaré le Prem ier ministre nationaliste d'Ecosse était encoresouvern in, il so mbra
dans une sevêre crise fi nancière à la suite
d'une folle entreprise de colonisation de de renonce r à leur indépendance et d 'ac-
l'isthme de Pa nam a. Un quart de la ri- c ept e r un sauve tage financie r par
chesse nationale fut englouti dans le pro- l'Angleterre. CActe d'union de 1707, par
jet elquelque200û colons. surles2800 leque l la Grande -Bre tagne fut créée,
envoyés sur place, y laissèrent la vie, dé - scella ainsi le rattachement de l'Ecosse
cimés par la faim , la malaria e t les atta - à ('Angleterre et au Pays de Galles. Plu ~
ques des Espagnols. Accu lés ~ la faillite, sieurs rois. l'Eco sse rêva de reuouver sa
les Ecossais n'eurent d'au lre choix que souverai neté. AinsI. lorsque des gise -
ments de pétrole furen t découvert il y a
quarante ans en mer du Nord, e lle cru t
q ue ce tte manne pourrait la Ubé rer du
joug anglais. Son économie, fondée sur
la sIdérurgie et les industries n avales e t
minières, avait eté lamIn ée au d ébut du
XXt slêcle. Cor noir tombait à pic, Aujour-
d'hill, ces illusIo ns se son t évanouies. Le
pétrole de la mer du Nord s' am enuise et
Partisan d'un son extraction. très o n é reuse. n'est vrai ~
référendum ment rentable que lorsqu e le prix m on-
Pour le PremIer dial du baril est à des nivealLx élevés.
ministre écossais Le rêve pétrolier s'étant en partie es-
Alex Salmond,
to mpé, li a la issé la place au mirage fi-
l'heure de l'auto-
détermination nancier. Depttis les ann~s 1980 , la Roya l
est venue. BankorScoliand (RBS) avait commencé
à a ch eter des é tablissements de crédit.
des banques d 'investissemen ts et des
compagnies d 'assurances dans le m onde
e nti er, notam ment en Asie, La Bank of
Scotland avait suivi le mouvement. si bien
qu'avant l'an 2000, Edtmbourg était de-
venue la quatrième place financièred'Eu-
rope. Mais à la suite de la crise financl~re
Cor noir ne de 20 08, les deux banques se sont effon -
rapporte plus d rées, e t. fatalité, n'one dû leur salut...
Au large du port qu'aILx Anglais. La banque Uoyds TES a
d'Inverness, de plus
en plus de plate- absorbé la Bank o f Scotland e t le gouver-
formes pétrol~es ne m ent britannique est devenu l'action -
tournent au ralènti. naire majoritaire de la RBS.

92 GEO VOYAGE
 Aujourd'hui encore, l' Ecosse continue
de recevoir de Londres des transferts fi-
nanciers importants. Elle appara'it même
parfoîscomme un petit paradis alLX yeux
d e ses voisins nettement m o in s bie n lo -
tis: pour l'année budgétaire 2008-20 09
par exemple, un Ecossais moyen a béné-
fi cié d e 1500 livres (1700 e uros) de dé-
pe nses publiques de plus qu'un Anglais
moyen (source Parlemen.t britannique).
Depuis 1999, Holyrood, le Parlement
d'Edimbourg, gère dirEctement ces sub-
ventions. L'assemblée loca le a nOlam -
me nt le pouvoir de légiférer en matiè re
de santé € I d'éduca tion. Grace aux aides
qu'elle dispense, les é tudiants écossais
sont les seuls Britanniques à ne payer
aucun fraisd'inscriprio n universitaire, les
personnes âgées jouissenr d'une assis-
tan ce gratuite elles patients atteints de
ca ncer o nt accès à des médicam ent scou-
teLLx généralement hors de portée d es
Anglais. Alex Salmond. chef du gouver-
nement écossais d epuis 2007, a ostensi-
b lement maintenu le ca p de cette poli-
tique sociale gén~ reuse, alors que le reste
de la Grande -Bretagne. frappée par la
crise économ ique. emralt dans une phase
d'extreme rigueur. Visil es annuelles chez
l' ophtalmo et soins dentaires sont désor-
mais gratuits en Ecosse et les nationalis-
tes prometten t d'autres investissements
massifs d ans le secteur de la santé.
L'écrasante victoi re du SNP aux der-
nières élections n'a d onc rien de s u rp re-
Ilant ~ les Ecossaissont satisfaits des choix
de le ur Premier ministre, En revanche.
ils sont e n core peu n ombreux à croire
que ses talents de gestionnaire permet-
tront d'affrnnchir le pays de st) soumission
économique à la Grande-Bretagne. Les
son drlges font ain si régulièrement état
d'une gra nde méfiance vis-à -vis de l'in-
dépenda n ce, intellectuellement sédu i-
sante, mais concrèteme nt difficile à met-
lre en œ uvre. Selon une enquête réalisée
peu après la victoire des nationalistes,
seu ls 29 0:0 des Ecossais y seraient favo-
rables (soUlce: YouGovfThe Sun) . Le nou-
veau gouverne m e nt d'Alex Salmo n d va
do nc vraisemblablement temporiser
avant de leur pose r la question officiel-
lement. Et le vieux. cou ple que l'Ecosse
forme avec l'Angleterre ri sq ue de dure.r
e n core longlem ps. _ les défe nseurs de la nature qui Juge nt
REINER LUYKEH
FOOTBALL
• I~nts de J'JRA. .. En 2008, quelques heu ·
ENNEMIS JURES
Entre les deux clubs de
Glasgow, même les m enaces
de mort font partie du jeu.
n e rencontre etUTe le Celric et les
U Rangers, c'est u n peu comme un
PSG-OM avec une guerre de reli-
gion e n plus. His to riquE'ment, le Cell.ic
est l'équ ipe des immigrants catholiques
irlandais. venus s'établir en Ecosse à la
suite de la gran de famine q ui a sévi en~
t re i845 et l848. Le club des Rangers,
lui , a é té fond é par des protestants loya-
listes. fidè les à la couronne anglaise. En
témoignent certai ns ch an ts de ses sup-
porters, comm e .. Billy Boys .. , dont un
coupletdéda re fièrement : .. Nous avons
du sang nat iona liste irlandais jusqu'aux
genoux.- Quand se dérou lent les -Otd
Firm- , les m atchs o pposant les d eux
dubs.les supporters du Celtic repondent
ÉCOLOGIE
LA GUERRE DU GOLF EST DÉCLARÉE
Un villageois irréductible
bloque le projet de green
d'un milliardaire am éricain,
ja fin de 2009 , Donald Trump a
A posé la premiè re pierre de so n
futur golf de luxe à Balmedie, près
d'Abe rdeen. Le milliardaire américain
à l'impeccable brushing blond promet-
tait la création de 1400 emplois et un
investisse men t d'un milliard de doUars
dans ce green, le dlx.ième du monde à
porter son nom . C'était compter sans
ce pro jet dangereux pour J' ffos)'st~me,
Aux cauleurs
de l'Irtande
Echarpes et
maillots verts
rappellent que Je
club du Celtic. fut
fondé par des émi-
grants irlandaIs.
par des hymnes à la gloire d es combar-
res après un Old Firm, l'e ntraîneur du
Celtic. Neil Lennon. a été roué de coups
dans une rue de la ville Plus r~cemment.
il a reçu une lettre anonyme conte nant
des ball es de revolver. Et en mai dernier.
la violence est encore montée d 'Wl cran.
Un colis piege envoyé ~ l'adresse de Neil
Lennon a été intercepté par la police au
centre de l1i poStal. La contre-a tt aque n'a
pas tardé : le 16 mal, l'an cien président
des Range rs, Donald Findlay, a reçu un
paquet bourré d·explosi.fs. ..
Pourtant les fans du Celtic et d es Ran-
gers savenl. montrer un visage plus pa -
cifi qu e. En mal 2008, l'enlrainé ur d es
Range rs, Walter Smith, a ainsi aidé, lors
d e l'enterrement du joueur légendaire
d u Ce lrlc, Tommy Burns, ~ poner so n
cercuei l. Er, un e fois n'est pas coutum e,
les s upp orte rs des deux camps, uni s
dans le chagrin et le respect ont brandi
ensemble. à bout de bras. leurs écharpes
aux couleurs rivales. _
BrRTE MÜLLER
et certains propriétaires [onciersqui ont
refusé de vendre leurs terrains. Le plus
!€ocu d'encre eux, un pécheur de saumons
du nom de Michael Forbes, est devenu
l'emblème de cette révolte. Il a refusé des
o ffres s'élevant jusqu':' 455000 livres
(518400 euros) pour son terrain, ainsi
qu'une rente an nuelle de 50 000 livres
(56940 euros). Malin , il en a même re-
vendLl une paniedeses lerresà des syrn-
palhisants, afin de complique r la tâche
à Donald l'nlmp qui m enaçait de le faire
exproprier. Le bras de fer contin ue, alors
que l'ol1verture du Trump Golf Rcson de
Balmedie reste prévue pour 2012. _
LISA HEMMERICH
GEO VOYAGE 93

ESCALES DANS LES ILES
Austères et isolées, ces terres sont les emblèm es
de la culture gaélique. Voici nos p référées.
ARRAN
Située dans l'estuaire de la Clyde, c'est
l'ile la plus facile d'accès, a. parllf des
ports d'Aldrossan ou de Claonaig. Ses
rivages bordés de plages et de falaises,
ses landes et sa chaîne de monts en fom
une ",Ecosse en miniature,. l 'ascension
du Goat Feil (860 mètres) est rune des
excurslons les plu sprlsees du pays par
beau temps. la vue du sommet s'étend
jusqu'à j'Irlande A voir, également le
cM t eau de Brodick et son Ja rdin de
plantes subtropicales, ainsi que les me-
gallthes de Mi1chrie Moor, datant de
l'~ge du bronze
LES HÉBRIDES
INTÉRIEURES
Cet ;:lIchipel s'étend [Oul prèS des côtes
de l'Ecosse, Du sud au nord, on trouve
d'abord l'îl e d'Islay, réputée pour ses
sept dlstliienes qUI prodUIsent un whisky
d la forte saveur de tourbe La réserve
naturelle du Loch GrUinart y abrne une
mullllude de rapaces t?t d'échassiers et
accueille, en hiver, des Oies venues dll
Groenland, A quelques enc.ablures, 11Ie
de Jura devoile ses lroiS moms coniques
se relie tant dans les Eaux bleues du
Loch Tarbert. Quelque 6 500 cerfs VIvent
en liben é sur les hauts plateaux qui l'en·
tourent Plus loln, l'i1e de Mull. surplom-
bée d'un ancren lIolcan, sert surtout de
base de départ pour une excursion sur
l'îlot d'Iona où furent Inhumés, entre le
VII\" et le X I~s i ècle , les premiers rOIs
d'Ecosse. De cene ~poq u e demeure
l'abbaye médiévale de saint Columba.
dont les bâtiments superbement re5+
taurés se dressent sur une prairie ver-
doyante, en bord de mer Tout au nord,
l'île de Skye, la plus grande de l'archipel,
fascine par ses sites grandioses pro pl·
ces aux ran do nn~es , comme la penin-
sule de Trouernish où les rUin es du
châ teau de Duntulm, fief du clan Mac-
Donald,veillent sur des ~perons rocheux
et de hautes falaises tombant a pic
dans les nots. Ou encore les CUillins HiIIs,
dont les arètes momagneuses s'élevant
94 GEO VOYAGE
A
lw - dessus de landes 3 mOUtons ont
Inspiré le pemtre Wlllam Turner
~~~ril~~~::
AccessIble depUIS Ille de Skye ou le port
d'Ulla pool, cet arch ipel s'étend a une
cinquantaine de kilomètres au large
des côtes nord-ouest de l'EcQsse Nom·
bre de ses habttants y parlent encore le :)
gaélique L'île pnnopale, Lewis et Harris,
pr~sente deux visages tH~S contras l ~s .
Au nord, la terr e de Lewis, plJle el aride,
alterne lochs, marais et landes tourbeu-
ses A son extrén1lte, la pOlme de BUH
of LeWIS offre un spectacle d'une vlo ·
lente beaute avec ses falaises balayees
par des vents soufflanl en tempête. Ne
pas manquer, également, les Callanish
Standing Stones, un gigantesque cercle
de pierres dressées voici cinq mille
ans (VOl' page 181. Au sud, la presQu11e
d·Hams d~volle un rel1ef {Qurmente de
monts et de vallees encaissées. Sa côte
ouest recele les plus belles plages de
sable blanc d'Ecosse, dont celles de la
bille de Luskentyre. DepUIS HarriS, on
peUl gagner l'ile voisme, Nort h Uist,
repu(€le pour ses s.ltes mégalithIques. et
ses réserves ornithologiques
LES ORCADES
Ancré- ~ 12 kilomèues au la rge de la pointe MaIS on y gagne
nord·es[ de l'Ecosse, (et archIpel attire
aussi bien les passionnés d'archéologie
que les amoureuJ: de nature. Miiinland,
l'ile centrale, préserve aInSI de nombreux
Un régal pour
les astronomes
amateurs
la 'orêt de Gallo-
W3y offre un
poste d'obser-
vation du ciel
exceptionnel: nulle
part ailleurs en
Europe, ta nuit
n'est aussi noire.
SItes néoll1hlqu€s. dont Quarre figurem
LE CIEL ÉTOILE
sur la liste du patrimoine mond ial le
DU GALLOWAV
village préh istorique de Skara Brae. la
En 2009. 10 Gallo- Iambe souterrame de Maes HOYle. les
way Forest Park,
plefres dressées de Stenness et les mé·
dans le sud+ est de
gailthe.s de Ring of Blodgar. Les Otcades
l'Ecosse. a obtenu
le label de .. dark
comptent par ailleurs SI X réserves arni·
IMologlques accueillant plus de 300 es-
sky pari<- (.parc a
pèces d·oiseaux migrateurs, CeUe de l'ï1e
ciel noir.), le pre-
de Westray abrite de nombreux maca -
mier du genre en
Europe. Dans cette
reui':. et la plus grande colonie au monde
de :stemes arctiques. A vOir égalemem,
région, la densité
de population eSI les falaIses de l'ite de Hoy, parmi les plus
si faible Que la vi· spectaculaires du pays
Sion nocturne n'y
est pas po!lu~e pal LES SHETLAND
l'exc~ de lumiéres. Réputé pOUt sa race de poneys el la laine
Ici, on ne distingue de ses mOUlons, cel archipel situé ~
plus sa main lors - 300 kilomètres au nord de l'Ecosse est
qu'on te nd son empreint d'un fort caractère scandinave
bras devant soi. Ses habitants patient (l'alneurs le norrOIS,
une langue den vée du norvégien Lile
en échange 7000 prinCipale, Mainland, concemre touS les
étoiles, toutes visi- attraits de l'archipel. On y trouve des fa -
bles.(i l'œil nu 1 laISes de grès verugmeuses transformées
www.gallowoy en réserves oTnltho logiques, comme
foresrparkcom celles dlsha Ness. au nord de l'ile. et ceHe
de l110t VOISIn de Noss Ces ré.serves sont
peuplées de 100000 oiseaux. Mainland
reCèle aussi des sites néolithiques, tel
celui de Moussa Broch, une tour défen -
sIve de l'âge du fer &aIdée pal une cola·
nie de phOQUes Une excursion s'impOSE!
ensuite cl ll1e de Unst pour admirer le
Mune.ss caslle, le chdteaule plus au nord
des îles britanniques, érig~ au XVI" siècle.
Ses ruines austeres dominemla plage
déserte de Sandwick et le phare de
Muckle Flllgga, face a la Norvège.
 EXCURSIONS AU LONG COURS
Quatre sentiers de grande randonnée siHonne nt
le pays. Et dévoilent ses sites les plus spectaculaires.
SPEYSIDE WAY
Cetle randonnée sans dunculte pani-
culière débute à Buckie, pet it porI de
pêche de la côte nord-est, et s'achè ve
cl. Aviemore, au cœur du massif des
Grampians. SOit, au talai, lOS kdomètres
et SIX Jours de marche langeant une
voie ferrée désaffectée, le sentier re -
monte la vallée de ta Sprey, réputée pour
ses nombreuses distilleries de whisky
pur malt. A partir de son cours supE-rteur,
Des maisons Il Sinue parmi des forêts de pins ~ossals
de poupée p UIS entre dans le parc national des
sur North Uist monts Calrgorms, refuge de l'umque
la pelife ile des (olonle de rennes du pays. Une vanante
Hébrides extérIeu -
res s'agrémente du tracé permet de passer par Tomin-
de charmants cot - 10UI. le plus haul Village des Highlands,
tages aux toits de perChé à 35.1 mètres d·almude
chaume. On y wwwspeysidewoyorg
vient aussi pOUt
ses plages de sable WEST HIGHLAND WAY
blanc, comme ici
celle de Malaclelt. Partant de Milngavie, dans III banlieue de
Glasgow, cet itinéraire de 150 kilomètres
COf"lduil en une semaine de marche JUs-
qu';:' Fort Williams tout en déVOilant cer-
l alns des paysages tes plus grandioses
des Highlands Filant plein nord. il fange
les rives bOisées du lCKh Lomond, puis
s·éh?ve vers la forêt de Cnanlanch, Le sen·
Il€f' paICOUrl enSuite la lande de Rannocl1.
remome la splendide vallée de Glen Coe
cern~e de monts escarpés, escalade la
passe de Devll's Sla lrcase (550 mètres
de dénivelé) avant de redescendr€' vers
Fort Williams, niche au pied du Sen Nevis.
Les plus courageux pourront faire l'as-
cension de Ce mont. pOInt cLllm1fldnt de
Ja Grande-Bretagne (1 344 mètres)
wwwwest-h,gI1Jond-woy.co.uk
SOUTHERN
UPLANDWAY
Le plus long GR d'Ecosse 1340 kik>nérres)
(1averse la partIe méndlonale du pays. Il
néceSSite treIZe Jours de marelle, entre
Portpatrick, sur la côte ouest. er Cock-
burnpath, sur fa cÔle est . Le parcours
longe d'abord les falaises de la presqu'ile
Un paysage de toundra
l'ascension de la vallée de
Glen Coe, couverte d'une végé-
tation rase, est un must de la
randonnée dans les Highlands.
de Mms. battue par les vagues de la mer
d'Irlande, avant de pénétrer dans la vaste
forel de conifères du Gall oway. De lochs
en vallées , il gagne ensuire la l ia nte
contrée des Borders, dont Wall er SCOIt
a chanté les monts '.Ierdoyams, pour
s'achever sur les nves abruptes de la mer
du No(d.. En chemlfl, on visiteta l'abbaye
de Melrose, rune des plus belles d'Ecosse.
dont les ruines gothiques forment une
dentelle de pierre parée d'une étonn<lnle
couleur ocre (()se
www.sourhernupJondwoy gov.uk

Gare aux moustiques des Highlands! GREAT GLEN WAY

oin de Nessle, fa b@te lé-
F gendaire du Loch Ness ,
Les véritables monstres qui
terroris.ent le nord-ouest de
l'Ecosse ne mesurent que
1.4 mill1mêtre de long l es
"Clilicoides Impunctatus,.. les
moustiques des Highlands
("tnldgesl> en anglaiS) for,
ment., entre Juin et septembre,
des essllims de centaines de
millions d·lndlvldus. Particu-
lièrement Irntante, leui pl-
qOre fait fuir bon nombre de
VISiteurs de la rE!gion : selon
une estimation des autont~s
ecossalses., les perres du sec-
teur touristique bées aux mld-
ges dépassefalent ainsi les
300 millions d'euros par an.
Face A ce fléau, les répulsifs
habituels. se r~ v èle n t Inutiles.
Connu dans tou te l'Ecosse,
le . Avon Skin 50 Soft-, un
cosm~nque non ÎntUalemenr
prévu 3 cet effet, s'avère tou-
tefois une arme assez effi-
cace A défaut de produit
miracle, Il convient d'observer
quelques règles Simples,
comme ne pas sortir au mo-
ment oû les midges prennem
a
leur envol , l'aube et au cré ,
puscule, ou lorsque le temps
est couve rt et humide, Ou
encore emporter un file t a
mailles sf! n ~es pour se (Ou'
vrlr la tête, en c.as d'att aque
IntempestIVe.
On peut aussi essayer de ne
pas croiser le chemin des In-
sectes, Le docteur BlackweJl
il cré!! en 2004 un Sil e Internet
(www,midgefarecilstco.uk)
qui indique, un jOur ~ l'avance,
les lieux ou ils vonl surgir Ceci
grace à des pr~'1lsions météo-
rologIques et des donnees
provenant de quinze pièges
à moustiques disséminés à
travers les Highlands. Ces In-
formations sont également
pub1i~es dans le Quotidien
.. The SCOlsman,. el diffUSées
le jeudi soir parla Scottish Tel€.'-
viSion (STV). Une dpphcation
iPhone, le "Scottish midge
forecast- fournit m~me des
pr~'1ls lons SUI sepl Jours. 51.
malgré tout. vous êtes vlcome
des midges, pas de panique '
ils ne vehiculent pas de ma -
ladies infectleuses.
Prolongeant l'Itinéraire précédent, ce GR
de 117 kllornêtJes part de Fort Williams
pOUl reJolndle Inverness (SOIt quatre à
SIXJours de marche). Dans sa majeure
pa rue, Il SUit le canal Calédonien, creusé
au XIXI Siècle et reliant trois grands lacs
des Highlands : le loch Lochy, te Loch
Dlch e[ le célèbre loch Ness, Certains de
ses tfonçons empruntem d'anciens che -
mins de halage et permettenr d'admirer
les InstallatIOns du canal, dom l'Impres-
Sionnant Escalier de Neptune, une séne
de huit êcluses qlll élèvemles bateaux a
19.5 mèt les au-dessus du niveau de la
mer. A partir de Drumnadrochlt, le Village
qUi VIt du touTisme hé au célèbre mons-
tre Nessie, Je chemin quitte la voie d'eau
pour serpenter sur des crê'tes boisees
qUI ménagent de beaux pomts de V4Je
surie Loch Ness A noter Que ce pillCOUrs
est double d·une pl5te (")Iclable sur pres-
que t oute sa longueur.
www.ÇJreOlÇJle/lway.com

GEO VOYAGE 9S
 ,
LUMIERES DE LA
TERRE D'ALBA
ans le ciel de l'Ecosse, la course

D des nuages fait sans cesse jouer

J'ombre et le soleil sur les pay-
sages. Pendant plus de quinze ans, lau-
rEnt Cocherel a lraqué ces -Instants de
lumières-, .. toujours mouvantes, cha-
que fois êmou\'a ntes.... Sur ses clichés,
les éclairages sublimen t ainsi le vert
des pr.ürles. Je gris de la pierre et les
mille nuances de b leu des lochs e t de
la mer. Le photographe naruralis le a
aussi saisi sur le vif les animaux sau-
vages qui peuplent -cet univers spon-
gIe ux et minéral .. : cerfs. phoques.
oisealLx, dauphins. .. Il a ainsi composé
un h}'m ne en images :t cette [erre
d'Alba, de son nom en gaélique, qui
est devenue sa patrie d'adoption,
~EcoSs~, lnSt./IOl$ de lu mièr~s",
d~ Laurent Cocherel, éd. cacimbo, 40 C.

1:! 'f:m:u L'.: l ~.'-;;:-----:::;;;;;;;;;;;;;~iiiiiiii-:;;;;:;:--

• Parfum • Images
d'ivresse maritimes
Ils sont quatre amis Ph o t ographe
UniS par la pasSion et mann, Philip
du smgle malt. Da ns Pl lsson nOU5
cet ouvrage fort bien embarque sur
lIIusué, Ils présentent J .-.._ son voilier pour
l'histOire du whisky nous faire dé ·
ecoss ais, les secrets de son élabora tion et couvnrune Ecossemedlte, vue du large. Dans
vingt distilleries ouvertes au public. Sans les telUes qUI accompagnent ses photos, Pa·
oublier de nous donner les clés nécessaires trick Mahé, anCien rédacteur en chef de -Pans
d une dégustation éclairée Des pages j sa- Match .. , retrace- son Il\lfe de rOute, mêlant les
vourer. bien sOr, Jvec mod~(atlon anecdotes vécues ~ la grande histOire.
.. Whisky d· Ecos!re ~. de J. et G. Chattoire, F.· X. Eymil'u - Ecosse, Cdmet de bord d'un pkheur d'Images .. , de
et L Mollrier, éd. de la F\oIndonn)(!re, 18 C. Philip Plis50n et Patrick M ah~. éd, du Ch!ne, 2S C,

o OUI , je commande le 101 de 2 coffrels . Une . Un grand . Une

reliures GEO (re;::I:..:'I=
OO:::I):..::~~_ _ __ Initiation classique féerIe
"Ce que je Un groupe Ce court
Quanttté TOlAl enE: vise dans ce d'étudiants texte est
livre, c'est bohèmes extrait de
une geogra· lè'w'e l'ancre .Prorne-
P<I1cœtoo aIX 1fllt5 ce OCt!" "'" 3,50 Ci
phle de la vers tes nade de
~~o:,~~lV.m 1 TOTAL 1........... ·. € 1 penSée. une mers du Dieppe
météorologie de l'espnr. .. Sud pour bâtir un monde aux monlagnes d'Ecosself
MON ADRESSE Kenneth White part ainsi à meilleur, d'ou une cascade publté en 1821 l'écrivain
Mme Mlle 0 M. la recherche d'une Ecosse d'avenrures. lnachevé, français Charles Nodier,
No m hors des dchéo;; à travers. ce premier toman écnt par précurseur du romantlsme.
les lieux qu'il chérit depuis R L Stevenson vero.; 1877 y décnt aveC lyrisme une
son enfance, ou encore les êtal! resté à j'etat de contrée féerique et sur-
écrivains ~cossals qUI l'am manuscrit. Michel Le BliS, naturelle, peuplée de chà -
marqué. Un portrait de fln connaISseur de cel éCrt- teaux solitaIres. de casca-
son pays natal en forme vain, en a Imagln~ l'eprlo· des rugissantes. et de IriouS
de poésie nomade gue, tout aussI savoureux de guerners farouches
C ooc DO".; tal V Ille
[ -mali _ _ _ _ _ __
[ HGECUtlR 1 -Ecosse, le Pays derrière .. u Malle en cuir ou La SOdété Lecteurs, tremblez 1
les noms", de Kenneth White. Idéale". dl' R. L Stevenso n. ..Ecosse .. , dEr Challes Nodier,
011' ~:.,) o?'~ l"I'Ci'fI\I'(f J O!S CI"'o!1~.J/tI ~ ~~ P';;os.se td. TeTTe de Brume, 12.50 C. éd. Gallimard, 21 C. éd. Magt'Ilan & Cie, 6 C.
"*' ....
ri I0Il' !ft Pll"i'l'Wts.
 L'ÉCONO MI E AU QUOTIDIEN .

LesEchos
-
Parce Que l'économie est partout.
tout !e temps et sur tous les supports:
- - --
Les Echos, l'é<;onomie au quotidien.
 S'IL EST VRAI QUE L'AMOUR DONNE DES AILES,
Pierre Tacher et Annette Bonnerue étaient folle-
ment épris. Pour échapper à leurs familles, qui re-
fusaient leur union, ils partirent au bout du monde,
ou plutôt au bout de l'empire français, à Saint -Louis
du Sénégal. C'était en 1907, Tacher avait 22 ans. Pourquoi Saint-
Louis? Parce que Pierre y avait un ami d'enfance. Il embarqua avec
le bébé qu'il avait eu de sa compagne, puis elle le rejoignit. Loin des
rigueurs de leur Bourgogne natale, ils purent enfin se marier.

ES D'U E UIE

En Saône-er-Loire, Tacher était fonctionnaire. Il entra donc au

Trésor des colonies. Mais quand on a fugUé une première fois , on
y prend goût. Adieu les impôts, il acheta une petite boutique et dé-
cida de renouer avec sa passion d'adolescence, la photo.
Tacher avait trouvé sa muse, puis son art, il ne lui manquait plus
que son sujet. Il se dévoila sous ses yeux. Scènes du marché et cé-
rémonies officielles, notables et poissonnières, gare et aéroplanes,
il photographia tout ce qui l'entourait. Entre 1908 et1925, et en près
de 360 cartes postales, il raconta la vie de Saint-Louis, capitale de
l'Afrique française, On y croisait, certes, les préjugés racistes de son
époque mais sur un mode très atténué car, par tradition locale,
c'était une ville hospitalière, où Blancs et Noirs avaient toujours vécu
ensemble, sous le même toit et bien souvent dans le même lit. Une
ville qui s'était délivrée de la bêtise coloniale,
Saint - Louis et Tacher ont en commun de s'être affranchis de leur
carcan originel. .. Mort en 1938, à 63 ans. le photographe repose au
cimetière catholique, près du pont Faidherbe, en compagnie de son
fils. Après une vie aussi heureuse qu'inattendue. JEAN· MARIE BRETAGHE

98 GEO VOYAGE
TALE. -- sénégal. - Type Ouotoll

- --
•
14-0 , - SAINT-LOUIS
- Perspective du Pont Faidherbe
4\2 . St-LOUIS fSimegali
Un gBntleffien distingue

\
P. Tacher, pIJo ' · Louis
 NAUTISME SUR LE FlEUVE SÉNÉGAL Encejourde 1912.
des quais étaient inaugurk au sud de lie centrale de Sainl-louis.
pour accroÏlre sa capacité portUaire. Une course de bateaux ac-
compagna la cerémonie. A l'extrème- droite de la photo, on voit
la gare, posée quasiment au bout du ponl , sur le continent

1 ....'·l.()l·b( .... " ••. ~.,," .I~''''· ·'n,.!, I_ ,.1.' . .. ' "'

- -
--
- - -- - -
-- -
- -
._......
- -
331. SA IN T-LOUIS /Sen';g_1I - Ln PhQa \ln jol,.lt' dl'! R.:! d" \hré.,
Transpo rt d 'unil mal80n Indlgono. JI. Qro.lc-, lit M il . br Um - ulios

LE TERMINUS DES BARAQUES DU RAIL les ouvriers

du chemin de fer. entre Dakar el Saint-Louis. s'étalent fabrique
des maisons ambulantes. qu'Ys déplaçaient le long de la voie.
Quand la ligne fut achevée. en 1885. ils n'en eurent plus l'usage
et elles firent le bonheur des pêcheurs saint-Iouisiens.

CEû VOYAGE 103

 P . Tac he r, phot. St-Loul $
[NT-LOUIS (Sénégal). - L'Avenue Dodd s il N' Dar TO lite
 UN PORTRAIT AU GOÛT DE CENDRE Me,mou "lIié
Saint-louis pour l'aéropostale, entre 1926 et 1937. Bien avant
luI. l'aérodrome local accueillait d~jà les h~ros du ( lei. Ainsi.
Albert Féquant. qui pose Id lors d'un meeting, quelques mois
avant d'être abattu par l'aviation allemande, en 1915.
1 •
• 1
•
3t.2 • SAlNT-LOUlS (SUl6Qal) r
OD iour d. ke.rm. . . .u Staod 4_ t. de8oci'" •
A l'A6.to4rome. La U.Ut.eD&Dl F6qU&D'
aL IIOD monoplan •

UNE DtVOTION BIEN TARDIVE_. Edifié. en 1827-1828.

cette cathédrale, dédiée au patron de la ville, saint louis. rem -
plissait un curieux vide religieux. Les pr~lers aniv3nts chré -
tiens.en effet, n'ava;entpas jugé utile de b~tirune égAse - priant
chez: eUI( ou dans des lieux de culte improvisés.

106 GEO VOYAGE

 ·~.
j

P. Tacber. "he
310. SAI T·LOUIS (Sénégall
L e mllt de cocagne du 14 Ju \11et
P. Tacher
•
198. St·LOUIS (Senegal ) - La
 •

l e nuiserie chez les noirs

 t 8~ S t ·l.OU IS ,S en eg''' ' _ l .e Bo rQ n ljIJ O - sbo rd t' 8
Cou rrlflt' d u I-' I~uv,. . p .. r t.nt pou r K . Y ~ 8

" ••
• l
Une marquée
par le métissage
n ce lemps- là, vers 1905.
Saint~ Louis était inévlta ~
ble. Elle gardail l'enlIée
de l'Afrique de l'Ouest.
Par le train, depuis 1885.
elle menait à Dakar. Par le fleuve
S~n~gal. puis la ligne de cbemin
de [er Kayes-Niger, lancée en 1904,
elle servait d'antichambre à l'im-
mense Soudan français (l'actuel
Mali). Enfin, ave<: la métropole, elle
avait l'Atlantique en partage.
1...:1 villeexÎstait depuis deux siè-
cles et demi. En 1659. Louis Caul-
lier, un agent de la Compagnie du
Cap-Ve.rt et du Sénégal, avait dé-
couvert une île minuscule. posée
au milieu du fleuve Sénéga l, pres-
que en son embouchure. Compre-
nant le p.:"1rli qu'elle offrait, Il l'avait
im médiatement louée au roi de la
région, le Walo, contre le verse-
ment annuel d'un dédommage-
ment. Il était payé. comme le ra-
conte Abdoul Hadir Aïdam dans
-Saint- louis duS~négal,. , pam aux
éditions GrandvalLx, en argent, en
tissus et en eau-de-vie. Cette ile,
N'dar, avait alors troqué son nom
comre celui de Saint- Louis.
Les Français n'étaient pas les
seuls à la convoiter. En janvier
1693, les Anglais y firen l- une in-
cursion, avan t d'en étre chassés six
mois plus tant. Obstinés, ils revil1-
rentà l'attaque e n 1758, s'insta llant
cette fois pour vingt ans. En marge
de la guerre d'indépendance amé-
ricaine, les troupes françaises y
reprirenr pied. en 1779 ...
Cependan t. le so rt de Sainr-
Louis ne- se jouait pas réellement
dans le fracas des armes. JI se dé-
cidait plutôt dans la fraicheurpar-
fumée des maisonnées, où les si-
gnares avaient înstall~ leur pouvoir.
Ces femmes, d'une beauté légen-
daire, n'avaient nul besoin de tran-
cher les tèles POU! régner, Il leur
suffisait de les faire tourner... Des-
cendantes d'Africaines et d'aven-
turiers portugais, elles s'étaient
installées à Gorée et à Saint-Louis
à la Cln du XVIIe sli;'c1e. Là , elles
avaient bâti des maisons qu'elles
louaient aux colons, devenant
aussi. quand elles y ITouvaient lem
plaisir el" leur intérêt, leurs maî-
tresses. Bientôl, elles s'enrichirent
pa.r le trafic de lagornme arabique
et celui des esclaves. et fondèrent
\lne aristocratie mulâtre. régie par
des lois très strictes. Ainsi, pas
question pour E'lles de s'amoura-
cher d'un matelot ou d'un obscur
fonctionnaile: les signares ne
s'unissaient qu'à des hommes de
haut rang. françaiS ou anglaiS sui -
vanlles fluctuati ons des affaires
militaires. Bientôt, Pari s et même
l'Eglise française légalisèrent les
«mariages à la mode du pays .. qui
penneltaient aux envoyés de la mé-
Iropole de s'unir à ces sirènes Iro -
picales pour le Lemps de leur mis-
sion ... Les enfants nés de leur lil
jouissaient de (OUS leurs droits. en
pre mier lieu desq ue ls J'héritage
insi put croître une société
A originale, sous les auspices
du commerce, de la ga lan -
terie et du métissage. Aux huttes
des premiers temps succédèrent
d'él~gantes demeures à ~tage jau-
nes, orange, rose pâle, entourées
de balustrades de bois venes.
Ap rèS 1848 et l'abolition de l'es -
clavage. ,'influence des signares
s'estompa, mais la tradition du mé-
tissage se perpétua et la vil1econti-
nua à prospérer, sous l'impulsion
notammenl de nouveaux colons
bordelais. Le g~néral Faidherbe,
nommé gouverneur du Sénégal.
fit ériger un pont sur le petit bras
du neuve, puis un autre, nattant,
vers l'au tre rive. Une grande ville
na issait. au cœur d'un empire en
expansion. Quand il fut formalisé.
sous le nom d 'Afrique occidenlale
française. en 1895, Saint- Louis de-
vin l nal'urellement sa capitale.
En 1894 avait commencé la
construction d'un ouvrage nlétal -
lique. destiné à remplace r le pont
nottant Fierté de la cité. ce cha n-
lier témoignait aussi de son indé-
pendance: il avait été voté par le
('onseiJ de la ville. qui avait rejeté
à cette occasion un projet archi -
tecturai concurrent, soutenu par
'"......
.,"
"-
•, '" .....
, , ,
l'administration parisienne .. Le ma-
gnifique pont Faidherbe. ainsi vit
le jour en 1897. Ce trait d'union de
SU mètres. reUanr l'ile au continent,
semb lait souligner et asseoir sa
position privilégiée, au moment
Unedté,
trois quartiers même, bél~ Où' elle comm ençait
L'île posée au milleu à s·effriter. A 250 kilomè tres plus
du neu\le Sénégill au sud, Daka r prenait son e nvol. Ce
forme le (œur port ~tait d'autant plus attractif que
de Saint-louis. Saint-Louis souffra1tcfun handicap
A droite. au-delà inédit La barre de vase et de sable.
du pont Faidherbe.
s'étend le quartier
de Sor. A gauche,
derrière le petit
à J'esnlaire du fleuve, qui la proté-
geait jadis des assiégeants, interdi-
sait désormais son accès aux cargos,
pont, une mince trop venlms pour la franchir.
bande de lerre, En 1902, l'Afrique occid enrale
bordant l'Atlanti- française prit Dakar pour capitale.
que, accueille
aujourd'hui te quar- Saint-Louis resra ceUe du Sénégal.
Uer des pêcheurs. età partir de 1920, elle devint celle
de la Mauritan ie. Mais elle jetait
ses dern iers feux . Quand le che-
min de fer Dakar-Kayes fu t mis en
fonction , en 1924 , la roule des
échanges s'écarta d'elle. Le progrès
passait son chemin.
Aujourd'hui. le pont Faidherbe
est toujours là. Les beUes demeu-
res des XVIDt et XIX~ siècles aussi :
elles valent à la ville d'être claSSée
au patrimoine mondial de l' hu-
manlt~. Grâce aux efforts de pas-
sionnés. le .. Bou el Mogdact-, un
Le recueil des
photos de Tacher bateau de croisière. remonte à nou-
Un éditeur de veau le neuve"reprenant pour par-
Saint -Louis, Gilles tie l'itinéraire des navÎres de la
Le Ouzon. a réuni en grande ~poq ue. Et quelque chose
un livre rate toutes de plus profond s'est perpétué ,
les photos de Tacher. ,'orgueil qu'ont le:'i Saint-Louisiens
.. Pierre Tacher,..
éd t:Agneau carni- de vivre SUI leur ile providentielle.
vore, 128 pages. Un orgueil qui a uni, de manière
52 euros. Contact : rare sur le continent africain, des
espacedeultcents@ hommes et des femmes issus de
yahoo.com. toutes les Origines. I.-M. B.
GEO VOYAGE 111
REPORTAGE
W//#//mY//#/////..17/#//#//$/##//&

REPORTAGE Yukon 1

11' GEO VOYAGE

W$/$//#/#///#/hW#//fi"/J»'#/$/û'//I.

REPORTAGE 1Yukon

orsque j'ai rencontré Shawn Ryan et Ca thy Wood

pour la première fOis, en 2005, ils vivaient avec
leurs d eux enfant s dans un e petite cabane près
de Dawson. Tout au no rd, au bou t des rou tes
goudronnées ca nadien nes, dans le territo ire du
Yuko n. En été, c'~tait un endro it magnifique, avec J'eau
claire qui léchait les berges de la rivière KJondi ke e t le ciel
loujours lum ineux à minuit. Mais. chaque année, au début
déce mbre, le soleil frappait leur toit pour la dernière fois
et ne se montrait plus pendant six semaines. Au CŒur de
l'hiver, la température p ouvait atteindre moins 50 degrés.
Cathy craignai t parfois que ses e nfant s ne gè lent. A l'épo-
que, Shawn e l Cathy savaient dé jà qu'ils avaient trouvé de
l'or, mais ils n'en avaient pas la preuve,
Je sui s revenu les voir récemment dans leur nouvelle
maison de Whitehorse,la capitale du Yukon. Un soir, j'étais
assis avec Shawn pendan l qu'il parlait affaires au téléphone.
• Les actions é taien t à 6 cen ts chacun e l'année dernière,
maintenant elles so nt à plus d'un doll ar et les gars n'ont
toujours rien trouvé sur leur centaine de co ncessÎons .. , di-
sait-il. Les acti ons dont parla it Shawn appartenaient à une
compagnie d'exploitation minière, l'un d e ses nombreux
concurrents. Les concessions étaie nt celles accordées par
le gouverne m ent pour exploite r des carres de 4 km ' de
nature sauvage. Pour Shawn, la centaine de concessions
en questio n é tait juste pathétique. Avec Cathy, ils en pos-
sèdent plus d e 3S 000. Décrivant un seul de ses domaines,
il poursuiva it : .Nous sommes plus grands que le Luxem-
bourg et, à la fin de l'été, nous serons de la taille des Sa-
moa." Une estimation crédible de la valeur de l' or dans ses
propriétés évoque plus d'un m11liard de dollars.
AVEC LA CRISE, L'ONCE ATTEINT UN NIVEAU RECORD
Shawn est le roi de la nouvelle méevers le Yukon, la plus
importante depuis cell e, légendaire. quî marqua la rivière
Klond ike, il ya un siècle ()jre page ]20), Derrière cette
Frénésie, il ya le prix du métal sans cesse plus é levé et
derrière ce prix. jJ y a la peur. Puisque la Réserve fédérale
des Etats-Unis maintient des taux d'intérêt très bas pour
souten ir l'économi e, les accros de l'or dressen t des prévi-
s ions cauchemardesques dans lesquelles le déficit abyssal
et la m o nnaie flottante condu isent à l'effondrement du
dollar et à une inflation minellse. Quand les devises s'écrou-
Une immensité
déserte
Alaska
(fl"'lHh'ISI
,• A l'extrême nord-
ouest du canada, le
'(\3'flO" TerritoIre du Yukon
fut créé lors de la
première tuée vers
... l'Of,:' la fin du XIX'
siècle. Aujourd'hlil.
.
o SOOkm
, 1 seuls 3S 000 habi-
tants ~uplent les
480000 km'.
len t. l'or prend de la valeur : il ressemble à l'investissemenl
parfait lors de l'Apocal)'pse. lI )' a quelques semaines, l' on ce
a atteint les 1500 dollars, un niveauétomdissant. Si le mil -
liardaire Georges Sores a ptédit l'éclateme nt de la bull.
spéculative. Glenn Beck. le polémiste de Fox News, crie
que ce n'est que ledébul : attendez que les ElalS-Unissoient
en banqueroute et que les ennuis commencent vraiment..
Certains annoncent 2 000.5 000. voire 10 000 dollars l'once.
Il y a dix ans, lorsque Sh awn fit sa premi~ re découverte,
personne n'y prêta attenti on.
Shawn a passé sa vie dans les bois. A 15 ans, il piégeait
les renards. les manres et les visons près de Tim mlns,
dans J'Ontario. où son père travaillait dans une mine. Au
Canada, ce genre d'activités esi réglementé par des licen -
ces appelées .. lignes de t-rappe- et Sha\\'1l n'en détenait
aucune. Il braconnait où bon lui semblait. Un jour. il se
fît pren d re par un trappeur qui. au lieu de le p unir, lui
donna du travail. Shaw n dépeçait les animaux j ll squ ' ~
minuit puis allait à l' école sans se doucher. A 20 ans, il
fila vers l'ouest pour chasser sur sa propre ligne de trappe,
dans cet état du Yukon presque désert Mais il changea
ses plans quand îl découvrit les champignons.
Au débllt des années 1990, une sorte de ruée sm ledlam-
pignon anirailles cueilleurs itinérants le long d'un grand
circull à travers la Colombie britann ique, l'Alaska et le
Yukon. où ils cherchaien t des chanterelles. morilles et .. mat-
surakes-. Le marche était orienté vers Paris etTokyo el les
couniers avaien t établi un réseau de -comptoirs- partoul
oliles champign ons poussaient. Les cueilleurs se cham-
braient a coup d'histoire s à 1000 dollars par jour. Shawn
s'installa à Dawson. autrefois cœur ballant des gisements
d'or du Klondike, d~sormais bourgade de 2 000 habitants
perdue dans la nature et les terres à morilles.
Shawn re ncontra Cathy Wood en 1992. 11 était descendu
à \.Vhite ho rse pour le ravitaillem e nt quand il remarqua
une jeune femme en collant à paillettes qu i vendait des
paque ls de sauge dans la rue. Originaire du Nouveau Bruns-
wick. Cathy avait travaîllé dalls la banque à Toronto mals
n'avait pas aimé ça. Après avoir démissionné, elIe avait
parcouru le continem en
moto et s'étail arrêtée à
White ho rse quand ses
economiesavaient fondu
Shawn était de ces hom -
2
mes que l'on remarque.
massi f et' fort. avec ses
d1evelu.:: tressés qui tom- IL N'EST PAS TOUJOURS FACII.E D'Êl'RE SANS
baientâ la taiJIe. Et il avait
d e bOlmes nouvelles : les LE SOU À DAWSON, EN PI.EINIDVER
rives de la White River
é talent pl ei nes de mo -
rilles. Voudra it-elle venir les cueillir avec lui ?
Elle se laissa te nte r. Le marché des cha mpignons était
très volatile mais ils étaie nt des travailleurs acharnés et
aimalenl prendre des ri sques_Le premier défi pour un
cue illeur est d e trouver quoi ramasser : le second est de le
tra nsporter. fi peut y avoir d es tapis de m orilles dans les
sous-bois, mai s après les avoir collectés, Il faut marcher
avec 30 ou 40 kilos d e ch,amplgnons fragiles sur le dos, à
travers les marais e mbrumes de mo ustiques et les collin es
jonch ées d'arbres morts. Shawn avait la réputation d'être
un nambeur parce qu'il misait ('arge nt de sa dernière ré-
cohe pour parier sur la prochaine: organiser un système
de séchage des ch am pignons etde transport par la rivière.
recruter une équipe afin de débrou ssailler une piste pour
le passage des 4x4 " , Une saison, Cathy e t Shawn avaient
cue illi pour près de 10 000 dollars, mais ils finirent l'année
fauchés après avoir écrasé un hélicoptère d'occasion qu'ils
avaient acheté avec l'argent gagné,
C'est dur d'être sans le sou ~ Dawson. pendam l' hiver,
Cathy se fit femme de ménage et servit d'huissier de jus-
tice quand lE' juge venait en ville. Mais en février 1993, ils
n'avaien t plUS que 5 dollars e n poche, A l'agence pour l'em -
ploi. Cathy re marqua une ann once pour un job proposant
d'enlever la neige sur le toit du Dîamond Tooth Gerties, le
casino loca l. Habituelle m e nt. des ge ns du crû prenaient
le boulot pour 1 000 dollars, Cathy proposa de le faire pour
500. Ceux de la ville vinrent voirconlmen11esdéneigeurs
au rabais s'en sortaie nt. Cathy e l Shawn ne ttoye rent les
bords du toit avec des pelles, puiS Shawn sauta d essu s
comme un singe, Les vibrations e t la gravité firent le reste,
Les gen s de Dawson duren t recon naître que pour des pau-
més au bas de ('écheJle, ils avaient quelques dons.
Com m en t ces débrouillards auraient-ils pu ne pas pen-
ser à l'or? Des rOrt'Wl.essont sorties des eau.'o! près cleDawson
durant la ruee du Klondike. Des mlssealLx contenaient par-
rois des miJUonsd'ollces d'or, Mais l'êpouslOullameaubaine
fut suivie de décennies d'éChecs. Ceux des générations de
m Înems qui essayèrent de trouver le filon principal supposé
se cacher dans la masse rocheuse et s'éroder jusque dans
les Bts d es rivières. Personne ne réussit Il y a t.rès peu de
rodl.es accessibles autour de Dawson, Une couche épaisse
de tene s'entasse sur la pi erre et le sol est gelé la plupan du
temps. Après des années de cueil1ette. Shawn connaissait
la r~sislance du terrain mieux que personne. Mai s il y vit
un avantage: il y aurait m oins de concurrence,
Pou r réduire les dépenses, Cathy e l Shawn d éménagè-
ren t dans une caba ne de mineur e n rôle, sa ns ea u courante
ni électrici tl'. Shawn passa les nuits d'hiver près du poële
!l bois, à lire des vieux joumaux sur les mines, En été, lui
et son épouse rassemblèrent des pierres et les portèrent
11 Whltehorse pour les montrer a Mike Burke. un grologue
du gouvemement. Burke aimaÎt les prospecteurs. Il interro-
gea S ha\;~m, grana les roches avec un couteau, et fil e n sorte
qu'il reparte plein d'optimisme et de patience. • ••
GEO VOYAGE 117
~//////$WM/#/M//#///#//////M/&

REPORTAGE 1 Yukon
w//~/////#/////#/#//////////////////.@
REPORTAGE 1Yukon
••• Cela faisair part:ie du métier de Burke d'entretenir la
curiosHé de Shawn, Gouverner une terre exige de la peu-
pler et dans le Yukon, où 480 000 km 2 sont occupés par
35 000 résidents, convai ncre les gens de rester coûte de
l'argent. Le budget du tertitoire d~passe le milliard de dol-
lars ca nadi ens (700 millio ns d'emos) et l'une des lignes
budgéraires estconsacr~eà un progrnmmed'aide aux pros-
pecteurs. Shawn développa ses idées e t Cathy remplit les
formulaires de subve ntions. Au printemps. ils avaient un
peu d'argent à dépenser pour l'exploratio n des broussailles.
le soulèvem e nt des roches. le rem plissage de sacs pleins
d e terre pOll.rles échantillons. L'argent fila vite. Quelqu'un
croyait-il que tout cela déboucherait un jour sur une m ine
d'or ? Mêm e les prospecteurs étaient sceptiques,
LA cLé DE LA REUSSITE: DES MIWERS D'ÉCHANTIUONS
Mike Burke aida Shawn à comprendre comment fonc-
tionne le secteur minier à grande échelle. Une poignée de
compagnies - les -majors,. - exploitent les mines et contrô-
lent le marché mondial. Elles sont enregistrées dans les
grandes Bourses et s'appellent BHP Bitliton, Barrick ou
Rio Tinro. Parallèlement, des milliers de socié tés plus pe -
tites - les "'juniOrs.. - lèvent des fonds et chassen t les idées.
Les juniors som indispensables aux majors parce qu'elles
réalJsent le travail inî Hal! échantillonner le sol, creuser les
tranchées. publier des analyses géologiques promeneuses.
La publidté est la clé, parce que les junjors vendent des ac-
tions sur les marchés boursiers comme le TSX Venture Ex-
change de Torontn Chaque lueur d'eslX1ir peU[ se traduire en
actions à vendre et quand chacune vaut un doUar, une aug-
men ration de quelques pennies est un bon retour sur inves-
tissement Les juniors portent des n0l115 agressifs : Monster
Mining. Nonhem Tiger. Elles lunent pour être remarqu~es. ..
Tout au bout de ce marché opaque et volatile. il ya les
con cessions comme celles que Shav,rn marquait quand il
marchait dans les fourrés autour de Dawson. martelant le
sol pour y enfoncer des planches de bois ou des tiges d'acier
lorsque la terre ~tait trop dure. Autant de marques qui lui
donnaient le droit exclusif d'extraire les minérau,x. En fait,
la plupart du temps. les prospecteurs se rémunèrent en
vendanr auprès des juniors des oplions sur leurs conces-
sions contre des paiements annuels et des actions.
Tout au long des années 1990, Shawn et Cathy ont fait
plus d'argent avec les champignons qu'avec les conces-
sions. Ils apprenaient à prospecter, mais il y avait un pro-
blt~ m e : les gens n'éraient pas intéressés par l'or. Pour Shawn,
l'idée qu'il était vain d'en chercher par ici é tait tout sim·
plemellt shlpicle. Le mardll~' pouvait s'e n désintéresser. il
y avait de l'argent dans le sol.
Son plus proche ami. Antoine Deschenes. un grand et
mince Québécois, eut alors une idée ; "En hiver, le Yu.kon
est clair-. dit-il. La signification de l'assenion es t difficile
à co mprendre sans un petit rappel historique. L'or qui ali -
menta la ruée du Klondike était a lluvionn aire : les mineurs
le trouvaien t au fond des ruisseaux. Ce qu'Antoine Des-
chesnes imaginait, c'est qu'un peurle ceror était transponé
de la Klondike dans la riviêre Yukon. A Dawson, les eaux
du Yukon sont opaques parce qu'elles se mêlent à celles
de la White River, chargéeS de vase. Mai s. en hiver, la White
River est gelée et les ealLX du Yukon sont plus limpides.
 Un prospecteur audacieux pourrait
y plonger et trouver les richesses
reposan t au fond du lit
Shawn savait que le p lan d'An-
toine était pu re folie. En hiver, le
Yukon est couvert de deux mètres
deglaceetdeneige. Y cbercherde
l'or nécessiterait de prudentes re-
cherches. Mais Antoine Deschenes
était pris par la fièvre de l'or, celle
qui, autrefois. avait atte int nombre
de chercheurs du Klondike ruines
ou morts au cours d e leur expédi-
tion irréfléchie, Car la plupart de
cem,': qui firen t le voyage vers Daw- •
son à la fin du XIX' siècle n'en rap- PRES DE LA WHITE RIVER, DES TACHES
portèrent que souffrances, Antoine
Deschenes n'écouta pas la voix de
SCINTILLAIENT DANS LA ROCHE
la raison. Il prit des leçons de plon-
gées, acheta un réservoir, une combinaison et un masque A cette époque. Shawn et Cathy. qui avaient e u deux
bon m arché. Il creusa un trou dans la glace à coups de enfants, ne viva.ient plus dans leur abri de tôle. Ca thy en
tronçonneuse, glissa un câble pour ne pas être emporté avait eu assez: les parents et les enfants dormant dans le
par le courant et sauta. il revint les mains Vides. Le 22 fé- même lit. une seule table pour s'asseojr... Un ancien d e
vrier 2001, quand Antoine Deschenes p longea pour la troi - Dawson leU! vendit à crédit deux ca banes en bois et les
sième fois, Shawn é tait loin, en forêl Plus tard, il apprit aida à les assembler, Shawn brancha un o rdinateur dans
que les plongeurs secouristes de la Police montée cana- un coi n, chaIgea des ca rtes gouvernementales et explora
dienne avaient aperçu le corps de Deschenes, mais n'avaient le territoire comme le font les vrais géologues : à partir des
pu l'atteIndre et durent abandonner une recherche rendue données et des vues générales. Une nouvelle enquête uti-
trop dangereuse par la puissance du Yukon. Le corps d'An- lisant la résonnance magnétique venait d'être réalisée dans
toi ne Deschenes ne rut jamais renouvê. le Yukon, Elle offrait des informat ions importantes sur la
composition des roches souterraines, Shawn identifia un
site prometteur à environ 50 kilomètres de Dawson, rI ar-
penta le terrain pour marquer quelques co ncessions et
annonça à Cathy qu'il voulait réaliser un large échantillon-
nage. Leurs économies se montaientà3000 doUars cana-
diens (2140 e urosJ. C'était exactement ce que coûterait
TURIERS ÉCRIVENT LA LÉGENDE son projet. Lorsque Shawn demanda à Ca thy si elle etait
p rête à toul dépenser, elle lui répondit: . .Vas -y,» Shawn se
Alaska. Aptes. Ils leur Wmllipeg MaiS quand d it qu'eUe était aussi folle que lui.
f;tll;m franchir le., le plus gros des aven · Il baptisa ses concessions The Lucky loe. Avec l'aide d e
montagnes par I('s CUlINS .Ul1va, la plu -
cols dt' Chilkoot P;ISS parl dcs (on({'c,SIOIl5
Mike Burke, Shawn les p laça en options auprès d'une com-
ou cie WlliIe Pass etaient pri'iE''> En pagnie junior de Vancouver qui les revendit à Kennecotl,
courbes sous les char · 1898, la decollverre une autre société propriété d'une major. Quand l'envoyé
gC'i parce que la polict' d'un autre filon en de Kennecou arriva dans le Nord pour examiner les conces-
rnOl1tN! (.ln.1(1I('nnc- Al,lska mIt fin a la ruee sions, il srnprit tout le monde. Dans un p ays oû l'archétype
eXigeait qw:.' chacul1 du Klondike Elle (estOl est un gars b lanc, grand et laciturne, Ricardo PresneIJ etait
disposa! d'un ;m de d:lf1s l'histOire grâce .1,1
Cl1lcma (~La RlICC'
petit, bouillant et noir. II avait cherché des minéraux tout
ravltaillcmenl, Salt
pri'<,. d'wl<' tonne De ver~ J'or .. de Chdphnl autour du monde. Allssi volubile que capable d'écouter, il
l'autre cote. il fallait et allX C(rlts dc Jack gagna le respect des prospecteurs.
franchir t'Il bale,lu Il''> London qUI pa",<;a un Presnell e t Shawn campèrent pendant des semaines pour
r.lpidc'l du YLikon pour :111 elJt1s le Yukon mener leurs recherches sur le Lucb.."Y loe. Presnell enseigna
remor1(('r Jusqu a Depul'>. lOt Il a ces ..e à Shawn l'usage du matériel cartographique et co mm ent
D.wJ<;on qUi ,1V(,( rr('e; c1'('>lr(' ('xr1olt(> (l;me;
1,) reglon, surtout pa,
faire en sorte que les données recueillies racontent des his-
de 30 000 tubrt:lnls,
(1rvlIl! 1,1 plue; nnpor · des pctltes entrepn- toires à grande échelle. Le but n'était pasd'e>..iraire quelques
ume ville au nord dl' ,>c,> f.UllllrJlcs fowlkmt onces d'or des broussailles, mais de localiser des gisements
Sl.?d!(lc et :11'ollcsr dl' 1(' lit d("'. IIVI(>(e" assez importants pour justifier l'investissem,e nt dans •••

GEO VOYAGE 121


ll.. AVAIT P EU DE CHANCE •
DE TROUVER
UN GISEMENT. ll..EN DECOUVRIT DEUX
••• une mine. Un prospecteur moderne vend de l'espoir
sous tomlE' de jolies canes colorées et de données scienti-
fiques qu'un géologue comme Ptesnell pe ut évaluer.
Quand Kennecott acheta le Lucky JOe. Sha'\VD dépensa
l'argent en cherchant plus d'or. Il explora sysrémalique-
ment, réalisa des milliers d'échantillonnages. Au début du
siècle dernier. un géologue avait évoqué la prése nce de
quartz Irès riche en or, sur les collines prèS de la Vlhile
River. Mais personne ne l'avait trouvé el la rumeur était de-
venue légende. Marchant en amont de la rivière, ou ses don ~
nees semblaient favorables. Shawn aperçut un affleurement
de quartz. ri appela Mike Burke et ils crapahutèrent avec un
bâton de dynamite. C'était un beau jour d'aulomne et. sur
les branches des arbres,la chaleur faisait craquer la glace
dans un bruit de verre brisé. Shawn plaça la dynamite d31lS
une fente. Burke et lui s'éloignèrent dans la neige. surveillè- et précises. Il fut srupéfait de voir ce qui était là, toutcomme
rent l'explosion. Lorsqu'ils revi.went vers le rocher ouvert.
des taches d'or ~taient visibles dans la pierre.
Dans les detL\: ans qui suivirent la d~coLlverte sur la White d'or. ruen n'était sûr sans que l'on prOCédât à de plus amples
River, Shawn et Cathy vendirent une douzaine d'options.
Le prix de J'or grimpait inexorablement. En 2005, le métal
valait plus de 400 dollars l'once, Un an après, il dépassait
les 600 dollars. Désonnais,les juniors pouvaient lever les
fonds. Pour leur fournir les concessions, Shawn développa
sa propre technique d'exploration. Jusqu·alors.les juniors
avaient une règle intangible : elles voulaient des échan-
tillons du sol et qu'ils contiennent au moins 50 milliardiè-
mes d'or. Shawn trouvait cela trop arbitraire : ce qui est
lmponant n'est pas la terre, mais le gisement sous la terre,
ce n'est pas la quantité d'or dans un échantillon parûclùier
mais l'existence d'une anomalie dans le soL Il prouva cela
de manière très Simple; il creusa plus profondément Alors
qUE' des échantillons prélevés à une profondeur conven-
tionnelle n'Indiquaient qu'une légère présence de l'or, un
forage plus profond révélait dE's taux plus importants, ca-
pables de convaincre une fois présentés sur un graphique
Power Point. Les juniors furent intéressées.
122 GEOVOYAGE
Shawn et Cathy investirent encore.
Chaque jour, des hommes jeunes ve·
naiem les voir pour se faire embau -
cher. Durant l'été 2005, ils étaient 15
à défricher les pistes ou à prélever les
échantillons. La petite cuisine de
Shawn et Cathy é lait un vrai foutoir,
Le bureau de Cathy croulait sous les
dossiers, celui de Shawn était jonché
de récepteurs GPS. de manuels tech ·
niques et de brochures. Les dépenses
de prospection et de marquage des
concessions étaient énormes. Seule
une mine résoudrait tous les problè-
mes: la pratique veut, e n effet, que
les prospecteurs reçoivent des royal -
ties sur le montant lotaI de l'or extrait
d'une mine. Mais au point ou ils en
étaient, Shawn et Cathy avaient du
mal à en deviner une, Shawn envisagea de cesser ses re-
cherches et de convertir son équipe à la cueil1ettedescham-
pignons. Ce printemps-là, il doutait sérieusement.
LA RUMEUR DU TRËSDR SE RËPAND SUR IIrTERHET
Mais Cathy pensait différemment Lorsque Rob Mc Leod,
qui dirigeait une junior à Vancouver. reçut l'appel d'une
femme de Dawson qui possédait de multiples concessions
bardées de données géologiques et qui souhaitait obtenir un
rendez-vous pour son mari, il sut que ceUe femme n'était
pas deœs prospecteurs qui viennent dans votre bmeaua\l€C
le caillou le plus brillant qu'ils ont pu trouver et clament
qu'ils ont touché un gisement Mc Leod renconUd cathy lors
de la grande convention minière de Toronto. fi étudia les
do nnées relatives à la White River :el.les étaient minutieuses
il y a UJl siècle: 8 kilomètres sur 3 de minéraux anom13UX,
encadrés par des torrenrs qui avaîent vu défiJer les cheIcheurs
exploraUons, mais Mc Leod voulait ces concessions.
-Non, répondit Cathy, je cherche mieu.'\ ... Ce qu'elle sou-
haitait, c'était travailler avec une nouvelle junior qllj serait
exclusivement dédiée aux découvertes de Shawn. Un goo-
logue australien. Adrian Fleming, venait de monler Under-
world Resources. dont Mc Leod était administrateur. Cathy
obtint un très bon prix : la prt:'mière année, elle toucha
500000 pans d·Underworld, 4 ' l, de royalties et 106 500
eurOs en gWsed'avance En 2008, ils commencèrent à forer.
Le premier site fut décevanllJs changèrem dt> place et creu-
s~rent encore. Le tube d'acier. dont le tranchant était en
diamant, mâcha la terre. La roche étai t mouchetée d'or. Hs
accomplirent vingt et un forages cette année~là, pujs une
centaine en 2009, essayant de mesurer l'ampleur de la dé-
couverte. La rumeur oonunença à se répandre sur Internet,
les spéculateurs remarquèrent que de nouvelles compagnies
marquaiem les concessIons tout autour de celles d'Under-
world en espérant capitaliser sur J'excitation. • ••
 • • •
EXPLO ER LE PASSE POUR COMPREHORE lE PRESEHT HUMERODOUBlE m2011 H"7 5,95C

L'AFFAIRE DES
TEMPLIERS
DEPUIS QUAND
ON ENFERME
LES FOUS?

LES MAYAS
ONT-ILS PREDIT
LA FIN DU
MONDE?

Actuellement chez votre marchand de jounaux. En vente 2 mois.

1 Toll!! ~I ettêsllis Cl18fflp3. ~ IMiers. JItpOl7 C Arnold JaN J Hemill fi

-
DE E
à partir de €
sur

À ce prix, vous allez manquer de place !

3 PMl~r repoirtlOnrtabie Le masq<ltl funtra,re <1 Pœler Pwpi!tes /tissu. fT1lJJnOCtrk.as ........
dl1 TOlltal1~hutTlOfl. CI Lul$ ORTEO 1 H'.l""t r, CI ~ebroke. 1 Ht!<llIf Ir

Posters Toiles Tableaux Posters

d 'aluminium repositionnables

Des milliers d'idées déco à prix cadeau

" -
Découvrez un choix exceptionnel de produits de déco murale
parmi nos sélections et . Commandez, c'est livré ! GEO
FRAIS DE PORT

iê~
OFFERTS
~ cmonœUVrecom
Sb Colissimo · CODe PROMO : G
, 0-
••• PréS de la cabane de Cathy et
Shawn, le vrombissement du tIans·
port aérien était constant. Shawn vo-
lait avec confiance sur un empire tou-
jours plus grand. Pourtant. ce qu'il
affirmait était si inconcevable, que
même Fleming, qui avait dépensé plus
de JO mlJljons de dollars, ne put y
croire: Shawn assurait qu'il y avait
plus d'un filon. Les forages d'Under-
world avaient délà montré un dépôt
épalset concentré: 1.5 mîllion d'onces
dans une petite zone. Ce n'était pas
une longue veine, mais une bu1Ie d'OL
Et Shawn parlait même d'un second
gisement énorme. à 20 miles dt" là. WHITEHORSE EST DEVENUE LA
Pourtant, quand Fleming regarda les CAPITAI.E D'UN NOUVEL ELDORADO
données. il refusa de le suivre.
Shawn comprenait bien qu'Il étair
peu crédible : .. Au regard des statistiques, je ne suis pas sup-
posé trouver un gisement Alors deu.x. ..• rI proposa les options
de ses nouvelles concessions à une autre junior et quand ils
commell~rent à forer ils rouchèrent encore de r Of, Fleming
dut reconnaître que Shawn avait quelque chose de spécial,
Ce n'était pas une question de chance. Si Shawn. avec son
mélange personnel d'artisanat, de science et de savoir-ralle
logistique avait nouvé deu.x gisements, il n'y avait pas de
raison qu'il n'en trouve pas d'autres. Mais une compagnie
minière qui dépend des marchés ne peUl pas justifier ses
techniques exploratoires en se reposant uniquement sur Wl
prospecteur qui n'a pas poussé les éructes au-de.là du Iyc~e.
Fleming voulait s'adjoindre un scientifique, il appela Ricardo
PresneU à la rescousse. A la fin de 2009, avec une once d'or
à plus de 1000 dollars, Underworld semblait promise à de-
venir bien mieux qu'une junior classique. Entre la science
de PresneU,le réalisme de Catlly, les connexions mondiales
de Fleming et le génie methodique de Shawn, ils pouvaient
peUl -être créer quelque chose de suffisamment soUde pour
tenir le cap dans les tounnents du marché.
Ils n'en eurent pas la chance. En décembre, Fleming re-;'ut
un coup de fil de Kinross Gold -une major de Toronto - lui
disant qu'elle voulait acheter Unden....orld. Ftemjng résista,
en vain. Il proposa à ses partenaires de créer une autrecom-
pagn.ie... On se voit dans une semaine pour en discuter-,
répondit Presnell. Quelques jours plus tard. il skiait à Big
Cottonwood canyon, prés de Salt Lake City, quand un bloc
de neige se détacha et le bala)'a vers un bosquet d'arbres- [J
était mort quand les secouristes le trouvèrent
Avec la publicité qui entoura la prise de contrôle d'Un -
derworld par Kinross,la ruée vers les concessions du Yukon
commença. Le plus légère trace d'anomalie minérale à
500 kilomètres autour de la découverte de Shawn était
suffisamment excitante pour lancer une junior.
En avril dernier, Calhy Wood et Shawn Ryan rassembl~ ­
rent toutes les concessions qui n'étaient pas encore sous
contrat, pour un total de 2000 km l , et les placèrent dans
un nouveau partenariat qui inclut Ned Goodman, un inves-
tisseur légendaire de Toronto. En échange. ils reçurent près
de IS millions d'euros en liquide et actions et tous les moyens
d'explorer qu'ils désirent. La nouvelle entreprise s'appelle
Ryan Gold. Shawn estime que plus de 140 compagnies vien-
dront e". plorer le Nord cet été. Mais il a pris Les devants. Tout
l'hiver, il a délimité les concess.ions, avec l'aide d'un avion
équipé de skis, il ainstallé des dépôts de fuel dans les coins
reculës, des équipes se sont succédé chaque semaine dans
des campements d'hiver, Son but est d'effectuer 150 000
échantillons, ce qui représentent chaque jour une tonne de
(erre par jour transportée dans des sacs en héltcoptère
A DAWSON, LA MOINDRE CHAMBRE SE LOUE 420 EUROS
Pendant ce temps, Cathy se demande où ses employ~s
vont donnir. Des vagues de travailleu.rs migrants sont sur le
point de déferler à Dawson. Le loyer d'une pauvre chambre,
avec saUe de bains à l'extérieur, aneint déjà 420 euros par
mois et la saison n'a pas commencé. Dawson vivait sunout
des subsides gouvernementaux et d'un peu de tourisme.
Désonnais, même les excenUiques éc.houés ici durant les
années de vache maigre font de l'argent
Cathy se rappelle J'année 1998, celle où Da\,,'son célébra
le centenaire de la ruée vers l'or du Klondike. Tant de tou-
ristes Etaient venus dans la ville qu'il avait fallu créer un
village de tentes, près de la rivière. A l'époque, le dollar
américain Etait fort, il n'y avait pas de contrôle de passe-
ports à la frontière. les visiteurs des Erats·Unis entraient
facilement. Le monde du champignon était florissant Puis
les choses onl changé Les terroristes attaquèrent les tours
du World Trade Center, les frontières se fermèrent, le prix
du pétrole augmenta, le marché du champignon s'effon-
dra. Shawn, lui, avait jalonné les concessions de Lucky Ioe.
Le timing ne pouvait êue meilleur. Hors du lerritolre du
Yukon, la peur s'Installaj[ et le prix du prëclew.: métal com-
mençait à monter. La valeur de l'or est inversement pro-
portionnelle au bonheur. _ :AllJ n.. ...... u.... n......
GEO VOYAGE 125
 LE PAY5

\L-
 aujourd'hui mais seuJemei
a réception de factur
• Vous recevez VOIIII-.zII
chaque mols chel vou:
• Vous avez la œU:ltude (
ne rater

Je profite de l'offre spéciale été : GEO pour 1 an - 12 numéros au prix de 42€ au liE
oOUI! de.6frC en kiosque. Je ne règle rien aujourd'hui, je paierai à réception de facture.

Nom L ~, , L Nom L , .,, ,,

Pr~ nom , , l , j , , , 1
Prénom ,
'--
Adresse , , l ~
, ~ ~ , .L.J.....L.J..J .L1. 1.'- ,--'-
Adresse
--'- ---' ~ ~~ ~
, , 1. , , L , ,
-'- j ~

!HGE071 1NI ~,
, L 1 L
Code postal
,, ,, Code postal 1L_~-'---,-, J
Ville
Tél." , Date de naissance " Ville ~ •

,
E-mail, l ~ j ~ L
I J~p:uxaUSSi rl):abonner ~u 0 826 963 964 IO.ls ~'m;
@
~~u. sur .prlsmashop.geo.fr.
j j

• PriX de vente en kiosque. ··FôKultaul. Ri!<eption dl.! premier r1\.lfI1éro sous 3 scmahws elWiron. Photos 000 ccmlracluellcs. Olfre valable jusqu'au 31 /1212011 en France métropolitaine. Les Infomlation~
dessus sont indi<ipensables.u uait(>ftlenl par PRiSMA PRESSE de votle abonnement. A défaut. VOlie abonnement ne pourra être mis en place. Ces inf04' m:IlÎOns sont communlqtJél!$l des 50U$· tr:1it
pour la gestion de VOtre abonnement. PM notre Intermédiare, vous polNez êl re amenes.a receVOir des proposITIOns des p,n!el'l.1ires commercLlux du groupe PRISMA PRESSE.. SI vous ne le souhaitez
vous pouvez cocher la C,lse ti-Contre 0 Vous disposez d'un droit d'accès, de rectJr.cal lOO et d'OPPOSition pour motifs lt!gil lfTlCS au)( klforrnatlons vous concC!'nant auprès du groupe PRISMA PRESSE..
CilO -
EDITIONS

PrI. _ •• """... : 25,90 €

Prix abonnés : 24,61 €'

PrIx ••n·."" .... : 31 €

Prix abonnés: 29,45 €'

non·."""." : 19,90 €
PrI.
Prix abonnés: 18,95 €'
 •

! •
Pri...... bon. . : 27,50
€
Prix abDnnés : 26,10 €'

Comment profiter des tarifs privilégiés?

o Je regJe par cneque Cl-JOint a l'orare de GEO
o Je regle par carte oancalre 0 Visa 0 MastercarO
o Je suis déjà abonnè(e) et je profite automaliquement des tarifs pnviléqiès. t 1 1 1 Il 1 1 1 Il 1 1 1 II t 1 1 I Daleoeva~l!ê 1
o Je m'abonne et je profite immédiatement des réductions réservées aux abonnês.
J'ajoute au montant de ma commande 49 € (1 an/12 11"). 1 1 1 1 Signature;
o Je ne suis pas allonné(e) et Je régie donc mes achats au prix rlOIl'abonnés.
Les 3 oer~~ Cri(lres
11guranl au vt'fSO ce vooe carle
talr) ~ se<:tJf:sef 'o«rC pai;?JTl€nt)
Nom de j'ouvrage Réléfefl(;e Qle prix unitaIre en € TOTAl eo €
... entre
Irlande ., ,. ciel et terre 1.!iI.QU_U
Bretagne en plein VOl 1.1I.!J.l!.lll1.1
Mes coordonnées: 0 M. o Mme o Mlle
U 1. 1 , 1 1 U J 1 - J J .-LLLLLl.l 1 -'
Loin wus tes ravenales 1.111.1.11.1111
L'énigme de la Diane 1.111.1.111.1.11 L"""1 1. 1 L 1 L 1 1i l 11
Wh!skies du nmooe

..-
P're.IO''1
.. 11I.lI.l!.I.lt1.1 .. ......_,,- .. , ... , , 1 1
, L.J 1 1 J l 1
o Pout 5 (de plus,ie ttÇOls un CO-Rom Qua (rel,l OAn) + 5 €]
'0=;: ,
PartiGlpl!tion lorfailllire port'emb&tJ~ jXlUr twla commande·· + 5,95 €] l 1 l 1 ._1 1 l 11 l'
o Je m',""nn. â GEO ,ujourd'hul (1 an - 12 n") , 1 1 1 , .... .L ,
_ 49€J ..,1 1 1 1
l GEOVOY3~
·'Au-œl.l oe ~ ~.1IW5 ~
- ----=-= ] """.".
•
~ (l62:S OS',!Ieo _
cr...rn\l'lla.~
~e el ~ de Idre Wi . ... ~
TOTAL GÉNÉRAI.
~..l_ _ _ __
1

~ fil fra1œ .. êbopo.titaine Ju!4J'MJ l1/œ12012. ,:rtI$ éttIf'9!tI ;llCIUS COIISUhIII' lIDO lCZ6 96J 964 A ' ~ ~~
( fT\,JI tlJ OllOlllll 1
- , J 1 1 , J ,
0MaI1Ir ~ I0.Il10"",". Îo"o;In ma;!ItU"II dl t1 ~ l.tt ~ d-œssu.I(rt~ .. k 'lfII~ ~ P!ISIM f'RESSI: III 'l(h ~AdIt!IIt. .... tI;iIfI'!lIIldi rMllIO<m in lI\&f WlcAot
n c.~ m~ ~ __ ·nuo pOO
ge.:D1 *- "'" ............ PM QOIft ~ 1WI fO'II'I'U iI1~ lI'IlIIIltt • /fItpOIf oec ~ dt! poolti"I'!tQmhiili(ltlUlfll ~ PIISMA PHESlil Sl_1If II! ~ tBS.1'IIlII ~ _ fi. _g..azm.o Yœr'*Pœ" ~'"" auIIlf...... de ,e Iii f i il IIIlI"tClOOI!
tQt l!II:IIItl ""11111&11 M iib" ...... I0Il wca, •• qm III ~ PRI$WA PIlSSE..
 ,
W#//////////////////#//////#//////#//////////////#//#,////////,0I///###,

GEO NOUVEAUTES (iiO

L' UOIIINOIUl À G!O
Plia. "'\II "',onu, •• '11101 1.01 1I1I.1, ••••• t
. . , .01> . . . . . . . . . . 1
,~<9E
[i{III·] •

DES MILLIERS D'IDÉES

POUR PARTIR EN VOYAGE
etrouvez le sel.. La section -bien

R nouveau GEO-
book, enrichi
de vingt destinations
choisir son voyage ..
vous donne toutes
les infos pratiques
et de mille nouvelles pour préparer el ap4
idées. Un voyage de précier vorre séjour ;
noces exolIque, un décalage horaire,
dépan au pied levé. formalités avant le
un \Veek~ el1d shop- départ . budget li
ping ou encore un pré-voir. meilleu re
logement de cham le, période climatique. REDACTION
choisissez, en fonc- Elle vous peuner D. rIX Ht'nn·8arbu.:sc. 9~J G<:nM'i1!)c1"C C... dcx
Sc..wbrd ' (I! 73(1s.aH..~ Fu ' 1II J7~ 66 7~ ,
tion de vos envies, ainsi de parUr dans (1"111 pnd l~ ~~mo:nl ' IIIT&' tQfTI:!orOcuJml.
le voyage qui vous les mellJeurescondi- fOmi"',*Z k- 01 73 OS • Id Jdl,lfn:uul' 'lInl ,on _ •
convient.
A la fois beau livre
tians. Découyrez de
nouvelles destina -
~ en tNf : E:.ne Mc ..:.
~endlef ~iIi, ... ;
S~"..t Bommtl

e t guide pratique. ce tions telles que le ~ ""'l1li

GEObook vous propose des escapa-
des originales e t dépaysa n tes, en
France et à traven le monde. Ouvrez-
le e t rêvez en partan t à la découverte
des 110 pays qui y sont recensé-s: en -
vie de prendre le soleil, de marcher
dans la nature, de visiter villes et mu -
sées o u de parti r à l'a\'en ture? Pour
chaque destina t ion, ce guide vous
permet de bien choisir votre voyage
en fonction de vos activités préférées
Bhoutan. le Bénin, le Vanuatu ou le
Groenland. et approfondissez vOire
connaissance sur des régions com m e
le Québec, BaJi et les îles Eoliennes
grâce ~ des zooms spécifiques. Choi -
sissez enfin votre prochaine desti-
nation grâce à un classement inédit
par lieu.x et centres d'inté rêt, i1lust rés
par plus de 300 magninques photos
signées GEQ
Une minu lieuse et très complête
Strrtla,", ' Oat,~ R~11on (li07b)
: .k"Q·~bllC B r~~tH: (6163)
:XClt~ : ConIUlC Batoupea (60(,11
Ohd:. . . Ii 1",- : r .ucal (omit 16(68)
a.h d l " ' : JUil' Y' e, DI/Qnd IfJ0!'6), l'kilt SoIILlt (,q'6)
Ooncll ~ : Ibllh.mfGlbMI\6(72).
Jean·Chm;lopII!: Scf''lInl eWSS )
........e~,.,;-rw do rioIctIon : fl'lll~l.I Chall\m (611il )
Chef .... sbdo : Dlnkl Mw:tt (6173)
."~K"'IIU dl .. pilato : M.~kn~ tlm~n (fIlil8)
Rapon5atiI ~G[O ~ et ot:OHllloft : 1\pII!, Do..uanl (6021)
SIMce pIIotoGEO : ~ltJ'le 1.iI\lI'Iklle.d\d' Ur rubnqIMlIOOiS).
" ftll.l, BI>kJO .lottIt'A!T~ ûo)('Utl'otnulMIC IHI6J). Ft> 1 ~~)lIP (E-l ' )
Ont ~ .II ",+M"" de ce ~ : AM2 ;\rm"wnl\-
Clao~li~0.:' OIJetJlIl!; ! r,!:d;tl1nno gr~rh uiIC). Chll)l!an Eu..khn.:..
Cornel .... , '( In I~nt nI. D.a\ Id (1III;ond~"" 1•.,., I{ conmtnch.
SlWInlX KrK" M uhi.:y L..ndon. r,l nrn L.:Il'O~lMIrk (cher,Je
~Iod'I» , UII't'na: le: VII I\, ~h.l n» !>l:..:uod, ReIner Lu)-k km.

(plongée. rando nnée. plages. vieilles
pierres. nature.. .). des personnes qui
vous accompagnent (enfants, seniors.
amis) et d u temps dont vous dispo-
actualisation du GEObook. grand suc·
cès depuis sa première édition.
GEObook .. 110 pays. 6000 Idées... 432
Prisma/GEO. 25,90 t. dis9onibl~ en
Soph,r Paucn.:. (car'up-lpllco). Ebot~ !.hk'n.:.Sa... ~b n .
\Ior.oro. Je.n·Bapt",.~ .\IdJcL Bin~ MUlle-, . " II~~ Spunun
Jolllnrlll Ro>mb(:ll- lohruonl ROu»t11l (rtt!J('Ifi(c r holQ).
looe S~nglk'" 1~ I .,"! dt l~dutlOft 1. Chtu;.,UI Sl~ l..>OoIa
p. éditions Stlllurnm,g,Kenlldh W,mc..O. ... WoU. SoI'·1n Zlnkl
~brûie.
FII*Idon :~I':rh.1\C Rou.~·Jb Ifo~I.Jtmmt Brut"", (tom)
MIIJ;OII.II'Ie nll:nsucl édué pu

MAGAZINE ' PR"SMA PRESSE

LIVRE-JEU
LHistoire en
s'amusant
Dans cet ouvage lu-
dlque.l'enlam va tour
~ tour combattre au
côté d'Alexandre le
Grand, parUClpel :t la formidable ex-
pédition du capitaine Cook, emplun-
tel la route de la SOIe avec Marco
Polo et découvm l'Am~lIque avec
Chllstophe Colomb. -lene en vue-
est ba~ sur un pnnClpe Original de
Jeu de I·ole. allec des IllustratIOns qUI
se déplient Chaque double-page, en
Le monde en famille 1). rur; I lcnn·B~ lbu....:. '.I:ïol~ ("oc:nrn:.,llrc:t~ C. ... du
~~ en l'ICIIII «o1k.:1,' 1" capou.1 dt: J oo:JJ)'(l € .d·".... dur&-
Dans son numéro de IUlllet, GEQ Ado
Ur 'fJ _ :t' ';U\1 poul ~1iUI1 On.n~r .. li.h. COlllm l.lnK-.llOll
Gmt>11. Sc~ tl OO J'INII:I(!.Iux lUooblOnl M~ CQChrllllnlClbon
consaCle son dOSSier:' ces famIlles qUI
partenl :J la découverte du monde, durant
SA.s..GIUIIel und .bhr CCllMlunÎQlion OmM 1 F... nc.:
c.!lI.\UrwC'·\'~ Gmt-H ,\: Cu KG
~ 60 Il PlIDIIc4oIioft: Ro:>!1 tk ll\)'
6 mOIS, 1 an ou plus Le mensuel s'mtê- Edfteuo : M mm T,2UltruUllI
resse aussi a lan, 19 ans, engagé dans OiIKtritt 1I\IrIoetii~: Dc:IJiIlIlC' Milaprn
CI'otf III fIU4It : AlIÛrcy Ooeh!~
l'armée américame pour aller faire la
(f'fou rJumdre IIIrc:ct~mcn. ~'OI'C conelpOl'ld.lnl.
gueTte en Irak Un repOrlage exceptionne l rumprarJ Ir 01'7.1 05 • k') J ch lfl, .... ..IHl1In\)Of! ncm.)
couronné pal le prestigieux priX Puliltzer Dhebft cieu!M Prhma l'lib :/\lIl'Ore DonKlnl (f6(,d)
0Irec:trice torMWldlllllffi:Mnt 'Thle"} D~ urt (''''-1'' )
GEO Ado a également mené l'enquête DIr....tJ QI Dt puWk:lte .lklphlllC { itN.t (ttJ,~11
sur ces -gamets" AIt~a Iptlll dl cIerKMI ' J:.I't t}'tIt A!1:un Thol) ~MJ4t .
f101~n«l.k I(,cdm.mcn (tfI$). SophM: IIli1tJ1l1!~1 I I).I~).
qUI gagnent leur vIe s..1t:..nr z,mmemuonn (IWIW)
en jouant aux Jeux 'Re8'~,Q*"~I~"".1arJI. 0Ifitt0 •Cilln.: Ibu"" (b-Wi1j,
~~ l'iquil,.('llclIKl(Î).I'l,J)
VIdeo. Enfm, dans ce DIIEdeI,I' ~et IllilNtIICcln( "rorob' COOl m:"J
numéro, raCleur Kad DirI ilCbullllMMltirOC cIwIl . kilt. HoIkr I~no).
tJnQuCOlJom. 1 Pljoul'IMIU , St'nnndHouIf(~m
z

Merad parte de son DirId _ _ l'IIUI Bnmo RttUn (56ifi)

relier, est une nouvelle aventure Un adolescence el de PIdI4- : ()lu" & l\')occ.
101 voyage dans l'espace et le temps UIK: d"",,100 dt' MIOde fOI Com.~. 1lIC OIoI·PaIme 9211O("/Icbl'
sa double cultule ~11pI1oI1t.~:MOIL'IMcdII MohndnJ k
-THIl! en vue 1-, franco -alg-é-flenne GmhH. c...1-lknckman...sul.Bc 161M, :;"'~J 1 Gtll enlo.Ih
rolions GEO jeunesse. 14.95 C. CI Pnmut..,.~ 201 J, 1>ep6I Jf~J Jutllt120J 1
Pour plus d1nfotmations. DlnUJlCll P,~~ · ISSSOUHQ:( Cruh011 mn:o l'IN
re,nOe.1-IJOUS sur prismashop.fr ou SlIr RfO.fr. /l:u/nl!ro de- ('l'IfI'Iml>>oor! porila,R' 0,1 16 K 901~!

130 GEOVOYAGE
 -
•
es Ions
• & nses

Notre
best seller
enfin
RÉÉDITÉ!

regarder
nous
éternuer?

SEXUALITÉ L'été est-il aphrodisiaque? PHYSIQUE Un voilier peut-il

aller plus vite que le vent? HISTOIRE Mais qui a inventé le touriste?
SCIENCE Quelle est la température maximale d'un éclair? ~

www.caminteresse.f~
 BE FRESH ""

.. ,•..
"
• •
;"",

..•.-'.
, .• "".T.
...
~, ~

•'1"
.. " . 0'; .

• :~0::/
• •
•