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GÉOMÉTRIQUE MATRICIELLE
NANA ENGO
3
4 Table des matières
Chapitre 5
Méthodes matricielles en optique paraxiale I - Matrices
de transfert
Sommaire
5.1 Matrice de translation, de réfraction et de réflexion
5.2 Matrices de transfert des systèmes centrés
5.3 Exercices supplémentaires
5.4 Solutions des Exercices
Dans les chapitres précédents, nous avons vu que les systèmes optiques, en général, sont
constitués d’un grand nombre de surfaces de réfraction, qui peuvent être des dioptres sphériques,
et que tout rayon peut être tracée à travers le système en utilisant les conditions de Gauss.
Afin d’obtenir la position de l’image finale à travers un tel système, on doit calculer, étape par
étape, la position de l’image à travers chaque surface et cette image se comportera comme un
objet pour la surface suivante. Une telle analyse étape par étape devient complexe lorsque le
nombre d’éléments d’un système optique augmente. Nous allons, dans ce chapitre et le suivant,
présenter un traitement de formation d’image, qui peut être appliqué aisément dans de telles
situations, et qui utilise des matrices pour décrire l’évolution de la hauteur et de l’angle d’un
rayon lumineux par les réflexions et réfractions successives à travers les diverses surfaces. C’est
ce procédé qui est utilisé dans les techniques informatiques de traçage du rayon lumineux à
travers un système optique de complexité arbitraire.
Dans cette première partie, montrons que, dans l’approximation paraxiale ou approximation
de Gauss, les changements de la hauteur et de la direction d’un rayon lumineux peuvent être
exprimés par des équations linéaires qui rendent cette approche matricielle possible (section 5.1).
En combinant les matrices qui représentent des réfractions et des réflexions individuelles, un
système optique donné peut être représenté par une matrice unique, la matrice de transfert
(section 5.2).
L’objectif du chapitre est donc d’établir les matrices élémentaires de l’optique matricielle.
1
2 5. Méthodes matricielles en optique paraxiale I - Matrices de transfert
α
On considère un rayon lumineux se propageant dans un milieu y
d’indice n. Il intercepte un plan frontal (π) à une hauteur y tandis
x0 x
que son inclinaison optique est nα par rapport à l’axe x0 x, qui est (π)
l’axe optique si le système est de révolution (voir la Figure 5.1.1).
Figure 5.1.1 – Translation
simple d’un rayon lumineux.
!
y
On caractérise alors le rayon lumineux par la matrice colonne .
nα
1 Ln
!
T (L) := . (5.1.3)
0 1
Remarque 5.1.1
N
θ1 α2
Examinons maintenant le cas d’un dioptre sphé-
rique constitué d’une surface sphérique de rayon α1 θ2
y1 φ
de courbure R (convexe R > 0 et concave R < 0), )α1 φ( x
séparant les milieux n1 et n2 , comme le montre Sur
n1 n2
la Figure 5.1.4. Au point où a lieu la réfraction,
il n’y a pas de changement de hauteur et donc
y2 = y1 = (1)y1 + (0)n1 α1 . Figure 5.1.4 – Réfraction d’un rayon lu-
mineux sur un dioptre sphérique.
la Figure 5.1.4, on a les relations
y1 y1
α2 = θ2 − φ = θ2 − et α1 = θ1 − φ = θ1 − . (5.1.7)
R R
n1 θ1 = n2 θ2 , (5.1.8)
et donc
y1 y1 y1
n2 α2 = n1 θ1 − n2 = n1 α1 + − n2
R R R (5.1.9)
1
= (n1 − n2 )y1 + n1 α1 .
R
4 5. Méthodes matricielles en optique paraxiale I - Matrices de transfert
1 0
!
R(S) := , (5.1.11)
−V 1
Remarque 5.1.2
On considère toujours la Figure 5.1.4, mais avec plutôt un dioptre sphérique convexe complè-
tement réfléchissant. Compte tenu du fait que la réflexion est caractérisée par le changement
de signe de l’indice de réfraction,
5.1. Matrice de translation, de réfraction et de réflexion 5
n1 −n2
la matrice de réflexion est obtenue en substituant dans (5.1.10), R par 2n1
R (n2 =
−n1 )
1 0
!
R(S) := , (5.1.16)
−V 1
où la vergence
2n1
. V := − (5.1.17)
R
On note que pour la réflexion, on a aussi det R(S) = 1.
1 Ln 1 0
! !
Puisque deux matrices de base T (L) = et R(S) = ont un déterminant
0 1 −V 1
égal à 1, les matrices inverses s’obtiennent par simple changement de signe de l’élément
de matrice, c’est-à-dire la distance L pour T et de la vergence V pour R :
1 − Ln
!
−1
T (L) = = T (−L), (5.1.18a)
0 1
1 0
!
−1
R (S) = = R(−S), (5.1.18b)
V 1
• • // • • // • • // x
S 6cm C C 6cm S S 3cm C
1. Soit un système optique, placé dans l’air, dont la matrice de transfert est
!
0.7 4.4 × 10−2
M(ES) = . (5.1.19)
−10 0.8
!
yi
Quel est le Le vecteur colonne du rayon émergent correspondant au rayon incident
αi
!
20 mm
?
10−2 rad
6 5. Méthodes matricielles en optique paraxiale I - Matrices de transfert
2. Un rayon émergent tombe sur un dioptre sphérique à une hauteur de 1 cm de l’axe princi-
pal, en faisant un angle de 6° avec cet axe. Quel angle fait le rayon émergent avec l’axe ?
Commenter. On donne SC=−6 cm, no = 1 et ni = 1.5.
Bo
Bi
n0 ni
x0 x
Ao E (S1 ) (S2 ) (Sp ) S Ai
• Puisque le déterminant d’un produit de matrice est le produit des déterminants des ma-
trices tous égaux à +1 (voir Eq. (??)), on a toujours
det M(ES) = M11 M22 − M12 M21 = 1. (5.2.2)
5.2. Matrices de transfert des systèmes centrés 7
V = −M21 . (5.2.3)
– Lorsque V=0, le système est afocal : tout rayon incident parallèle à l’axe
optique émerge en restant parallèle à cet axe.
no n ni
On considère une lentille biconvexe épaisse +
où la vergence
e
V := V1 + V2 − V1 V2 , (5.2.5)
n
est appelée formule de Gullstrand.
Les plans de fronts Ao yz et Ai yz de la Figure 5.2.1 sont dits conjugués si le chemin optique
entre deux points Bo et Bi de ces plans est le même quelle que soit l’inclinaison des rayons
lumineux. Dans ce cas, Ai Bi est l’image de Ao Bo à travers le système.
0
!
Gt
M(Ao Ai ) = T (SAi )M(ES)T (Ao E) := ni , (5.2.6)
−V n0 Ga
On note que dans une matrice de conjugaison, l’élément de matrice M12 est
nulle si les points Ao etAi sont conjugués l’un de l’autre ; l’élément de ma-
trice M11 est le grandissement linéaire.
qui est relation de Lagrange-Helmholtz pour les systèmes centrés (voir la relation
(??)). C’est l’approximation linéaire de la relation d’Abbé. On note que Gt et Ga varient
en sens inverse.
• La conservation du stigmatisme suivant l’axe optique est exprimé par la relation d’Her-
schel qui, aux petits angles, s’écrit (voir la relation (??)))
• le grandissement angulaire Ga = no
ni est le rapport des indices de réfraction entrée
sur sortie.
no n1 n2 n3 np ni
E S1 S2 S3 Sp−1 S
• • • • • // • •
Ao x
Entre un objet Ao et son image Ai , on a une succession de dioptres plans illustrée par la
Figure 5.2.3. La matrice de conjugaison
M(Ao Ai ) = T (SAi )R(S)T (Sp−1 S)R(Sp−1 ) . . . T (ES1 )R(E)T (Ao E). (5.2.13)
Comme les matrices de réfraction R(Sp ) = I, matrice de conjugaison M(Ao Ai ) se réduit au
produit des matrices de translation. En posant po = EAo et pi = SAi , la matrice
1 − npoo + ne11 + . . . + nepp npii
!
M(Ao Ai ) = . (5.2.14)
0 1
1 − p1o + ne + p1i
!
M(Ao Ai ) = . (5.2.16)
0 1
• En outre,
po e pi e
− + + = 0 soit pi − p0 = SAi − EAo = − . (5.2.17)
1 n 1 n
On en déduit aisément le déplacement de l’image par rapport à l’objet a pour
expression
po e 1 1
Ao Ai = Ao E + ES + SAi = −po + e + − = e 1 − − po 1 − . (5.2.18)
no n n no
Comme no = 1, le déplacement se simplifie :
1
Ao Ai = e 1 − . (5.2.19)
n
Cette expression est conforme au déplacement (??).
• Le grandissement angulaire Ga vaut également +1, ce qui confirme que tout rayon
émerge parallèle à sa direction incidente. Le grandissement transversal JK du rayon
vaut (voir la ??)
1
JK ' Ao Ai αo = αo e 1 − . (5.2.20)
n
5.3. Exercices supplémentaires 11
Miroir du dentiste. Un dentiste vous demande de concevoir un petit miroir à placer à l’ex-
trémité d’un manche et destiné à l’observation intra buccale. Le dentiste voudrait que l’image
d’une dent soit droite et ait une taille double de celle de la dent quand le miroir est situé à
15 mm d’elle. Calculer le rayon de courbure de ce miroir et préciser sa nature.
Tige en plastique.
On place un petit objet à une distance de 16 cm à partir de l’extrémité gauche d’une longue
tige en plastique (n=1.50) avec une extrémité sphérique polie, de rayon 4 cm. L’objet se trouve
dans l’air (n=1). Une image se forme au niveau du plan de référence de sortie, une distance
x de la calotte sphérique. Déterminer la position x de l’image, le grandissement transversal et
conclure.
Dioptre plan.
Un objet Ao Bo est placé à une distance de 3 cm d’un dioptre plan de sommet S séparant deux
milieux d’indice no et ni = 32 no . Trouver la position et la nature de l’image Ai Bi dans le cas
l’objet est
1. dans le milieu no ;
2. dans le milieu ni .
S
Hauteur dans un verre d’eau. •
Calculer la hauteur e2 de l’eau (n=1.33) dans un verre eau e2
(n=1.5) à fond épais e1 = 1 cm telle que l’image définitive Ai
•
d’un objet placé contre le verre, soit située sur le dioptre verre e1
plan verre-eau. •
Ao
1. V= 1.5−1.33
−6 =−0.028 3 cm−1 =2.83 δ et la matrice de réfraction est
!
1 0
. (5.4.1)
2.83 1
2. V=− 1.5−1.33
6 =−0.028 3 cm−1 =2.83 δ et la matrice de réfraction est
!
1 0
. (5.4.2)
2.83 1
Résultat attendu.
3. V= 1.6−1.6
3 =−0.033 cm−1 =3.33 δ et la matrice de réfraction est
!
1 0
. (5.4.3)
3.33 1
−no
2. La vergence de ce dioptre est V= niSC = 0.5
−6 = − 12
1
cm−1 . En vertu de la relation (5.1.10),
! ! !
yi 1 0 yo
= , (5.4.6)
ni αi 1
12 1 no αo
soit yi = yo , autrement il n’y a pas de changement de hauteur au point où a lieu la
réfraction.
Pour ce qui est de l’angle du rayon émergent,
1 1 6
ni αi = yo + no αo = +π , (5.4.7)
12 12 180
soit,
1 2
αi = + π = 0.125 ' 7.2°. (5.4.8)
18 90
Comme le centre C est dans le milieu le moins réfringent, le dioptre sphérique est divergent
et le rayon s’éloigne de l’axe principal après la traversée du dioptre.
14 5. Méthodes matricielles en optique paraxiale I - Matrices de transfert
2. Dans une lame à faces parallèles d’épaisseur E et d’indice n séparant les milieux objet
no et image ni , V1 = V2 = 0, et donc
!
1 e
M (ES) = n . (5.4.10)
0 1
Miroir du dentiste.
La matrice de conjugaison du miroir est
! ! ! !
1 pi 1 0 1 −p0 1 − R2 pi pi + p0 R2 pi − 1
= (5.4.11)
0 1 − R2 1 0 1 − R2 R p0 + 1
2
Comme le grandissement est tel que R2 (−15 mm) + 1 = +2, alors le rayon de courbure du miroir
est R=−30 mm. Le miroir est donc concave.
Tige en plastique.
Les trois matrices du système sont
• la matrice de translation dans l’air, de l’objet à la tige plastique,
!
1 .16
T (Ao E) = 1 , (5.4.12)
0 1
Dioptre plan.
Soit Ai Bi l’image de l’objet Ao Bo à travers le dioptre plan de sommet S. En posant SAo = po
et SAi = pi , la matrice de conjugaison entre les points Ao et Ai s’écrit
avec ! ! !
pi
1 − npoo 1 0 1
T (Ao S) = , M(S) = , T (SAi ) = ni . (5.4.19)
0 1 0 1 0 1
Ainsi, !
pi
1 − npoo
M(Ao Ai ) = ni . (5.4.20)
0 1
Ao et Ai sont conjugués si
pi po pi po
− = 0 ou = . (5.4.21)
ni no ni no
1. Si l’objet est dans le milieu no (objet réel),
On vérifie que le grandissement linéaire est bien égal à +1 (élément de matrice M11 :
Ai B i no p i
Gt = = = 1. (5.4.24)
Ao B o ni p o