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INDUSTRIE

La féminisation de l'industrie musicale


américaine progresse au ralenti
Malgré une inflexion à la hausse significative en 2021, la proportion de
femmes présentes dans les charts américains ou nominées aux
Grammy Awards reste très minoritaire.

Philippe Astor, 13/04/2022

Source : Annenberg Inclusion Initiative


Sur les 179 artistes classés dans le BillBoard Hot 100 de fin d’année en 2020, à peine
20,2 % étaient des femmes, contre 22,5 % en 2019, rapporte l’étude annuelle du think
tank américain Annenberg Inclusion Initiative parue au mois de mars 2022, sous le
titre Inclusion in the Recording Studio?, dont c’est la 5ième édition. Cette proportion de
femmes dans le célèbre classement américain reste dans la moyenne des précédentes
années. Elle avait atteint 28,1 % en 2016, son niveau le plus élevé de la décennie, avant
de se situer à son plus bas l’année suivante (16,8 %). Elle s’est établie à 23,3 % en 2021.
L’étude de l’Annenberg Inclusion Initiative porte sur le genre et l’ethnie des artistes,
auteurs-compositeurs et producteurs des 900 chansons qui furent les plus populaires aux
Etats-Unis entre 2012 et 2020, sur la base des classements Billboard Hot 100 de chaque
fin d’année. “Nous avons également évalué les nominations aux Grammy Awards […]
dans cinq catégories, précisent les auteurs : Disque de l'année, Album de l'année,
Chanson de l'année, Meilleur nouvel artiste, et Producteur de l'année”. Les statistiques
extraites confirment, une nouvelle fois, la faible progression de l’inclusion des femmes
dans l’industrie musicale américaine au cours de la dernière décennie.

12,6 % des songwriters crédités, 2,6 % des producteurs


Sur un total de 1797 artistes-interprètes crédités dans l’échantillon des 900 chansons
populaires considéré, le ratio est de 3,6 hommes pour une femme. Les femmes ne sont
que 388 (21,6 % du total), parmi lesquelles 340 artistes solos (30 % de ce collège), 9
artistes en duo (7,1 % de ce collège), et 39 membres d’un groupe (7,3 % de ce collège).
Des statistiques à mettre en rapport avec leur proportion dans la population américaine,
qui est de 51 %.
La proportion de femmes autrices-compositrices est encore plus faible. Elles ne
représentent que 12,6 % des songwriters crédités sur la période 2012 - 2020. Moins de 1
% des chansons de l’échantillon ont été entièrement écrites par une femme. Les femmes
sont par ailleurs quasiment exclues du collège des producteurs crédités. “Sur 198
producteurs crédités en 2020, 98% étaient des hommes et 2% étaient des femmes”, relate
l’étude, qui constate un ratio de 38 hommes pour une femme dans cette catégorie, sur les
600 chansons les plus populaires des six dernières années.

Moins de 15 % des nominations aux Grammy Awards


Le même écart de genre peut être constaté dans les nominations aux Grammy Awards,
avec seulement 182 femmes nominées de 2013 à 2021 sur un total de 1359 nominations
(13,4 %). Cette proportion, qui fut bien plus forte en 2021 (28,1 %) qu’en 2013 (7,9 %), a
connu son plus bas en 2017 (6,4 %) et n’a franchi la barre des 20 % qu’en 2020. En
l’espace de neuf ans, à peine 10 % des nominés pour l'album de l'année ont été des
femmes. Une seule femme a été nominée pour le titre de producteur de l'année.
L'année 2021 représente un point culminant dans le pourcentage de femmes nominées
dans les catégories Chanson de l'année (45 %, contre une moyenne de 27,8 % sur
l’ensemble de la période 2013 - 2021) et Meilleur nouvel artiste (75 %, contre une
moyenne de 45,5 %). Le nombre de femmes nominées aux Grammys en 2021 a été
quatre fois supérieur à ce qu’il fut en 2013. Cette inflexion, pour significative qu’elle soit,
reste cependant limitée à ces deux catégories, où les femmes sont traditionellement le
plus représentées, et rien ne dit qu’elle va s’inscrire dans la durée.

Une meilleure inclusion des minorités ethniques


L’industrie musicale américaine s’avère plus avancée dans l’inclusion des minorités
ethniques. Sur les 173 artistes présents dans le Billboard Hot 100 de 2020, 59%
appartenaient à une race ou ethnie sous représentée, contre 31,2 % en 2013, et une
moyenne de 46,7 % sur la période 2012 - 2020. Leur proportion a augmenté pour la
quatrième année consécutive, de 2,9 points de pourcentage sur un an, et de 20,6 points
depuis 2012 - atteignant même son plus haut niveau en neuf ans, et dépassant largement
(+19,1 points de pourcentage) ce qu’elle est dans la population américaine (39,9 %).
Dans l'ensemble, 47,3 % des artistes masculins et 45,1 % des artistes féminins crédités
dans les Hot 100 des neuf années considérées appartenaient à des groupes raciaux ou
ethniques sous-représentés, indique l’étude de l’Annenberg Inclusion Initiative, qui
témoigne cependant d’une forte ghettoïsation des esthétiques musicales. Les artistes
blancs sont sur-représentés dans la country (95 %), le rock alternatif (93 %), la musique
électronique (70 %) ou la pop (64 %) ; et quasiment inexistants dans le hip-hop et le rap
(13 %), ou dans la soul et le r&b (7,9 %).

avec hypebot.com, uscannenberg.org

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